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Annick de BEAUREGARD – Tous droits réservés

L’ENTREPRISE EN DIFFICULTE

Ière partie La prévention des difficultés et le traitement amiable des


difficultés des entreprises
La prévention consiste à éviter que les difficultés des entreprises deviennent si graves qu’elles ne
permettent plus d’échapper au traitement judiciaire et à l’ouverture de la procédure collective.
Différents dispositifs existent tels que l’information comptable, les procédures d’alerte, la procédure
de conciliation, etc…

Le but de la prévention est de détecter au plus vite les difficultés et de mettre à la disposition du
débiteur des instruments contractuels pour les résoudre. La prévention = le meilleur moyen de lutter
contre la défaillance ; elle n’est pas faite d’un dispositif unique, mais de plusieurs mesures tendant à
prévoir, détecter et éviter les difficultés.

CHAPITRE 1 LES MOYENS DE LA PREVENTION

La prévention consiste à éviter que les difficultés des entreprises deviennent si graves qu’elles ne
permettent plus d’échapper au traitement judiciaire et à l’ouverture de la procédure collective.

Section 1 – La prévention par l’information comptable

L’utilisation de l’info comptable est essentielle car elle permet de prendre rapidement conscience des
difficultés de l’entreprise. Les doc sont le bilan, le compte de résultat et l’annexe.
En cela, ces infos participent de la prévention des difficultés de l’entreprise. Pour que ces
renseignements soient utiles dans la perspective de la prévention, ils doivent pouvoir être fournis
rapidement, être lisibles et fiables.

Section 2 – Les procédures d’alerte

§1) Règles communes aux procédures d’alerte


Sont visés toute sté commerciale, groupement économique ou entreprise individuelle, commerciale
ou artisanale.
Sont exclus les entreprises agricoles, les professionnels indépendants et les personnes morales de droit
privé autres que celles strictement visées.
Finalité de la procédure d’alerte : informer le chef d’entreprise et les organismes sociaux,
éventuellement de tout fait de nature à compromettre la continuité de l’exploitation et ce, afin que le
chef d’entreprise puisse prendre les mesures nécessaires avant qu’il ne soit trop tard.
Il s’agit aussi de faire prendre conscience aux organes sociaux des difficultés rencontrées par
l’entreprise et de la nécessité de prendre les mesures nécessaires pour les surmonter.
Le droit d’alerte repose essentiellement sur le CAC et sur le CSE et sur le président du tribunal.

§2) Alerte par le président du tribunal  moyen majeur de la prévention


Selon le Code de commerce, le psdt du tribunal de commerce peut déclencher l’alerte « lorsqu’il
résulte de tout acte, document ou procédure qu’une sté commerciale, un GIE ou une entreprise
individuelle, commerciale ou artisanale connaît des difficultés de nature à compromettre la continuité
de l’exploitation ».

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Cette procédure peut être déclenchée à partir des informations dont le psdt a directement
connaissance à partir des divers registres d’inscription du greffe.
Le président convoque le dirigeant à une entretien afin d’envisager des mesures pour redresser la
situation.
Le psdt pourra ensuite transmettre, le cas échéant, au Procureur de la République les infos aux fins de
saisine du tribunal pour l’ouverture d’une procédure collective.

§3) Alerte par le CAC


Lorsque le CAC relève « tout fait de nature à compromettre la continuité de l’exploitation », il doit
déclencher la procédure d’alerte sous peine de voir sa responsabilité engagée sauf si les dirigeants ont
engagé une procédure de sauvegarde ou de conciliation.
Il peut s’agir de faits fondés sur la situation financière de l’entreprise et tirés des cptes financiers. Par
ex : situation nette négative, détérioration du fonds de roulement, impossibilité de renouveler à
l’échéance les crédits indispensables, redressement fiscal majeur, perte d’un marché important.
Quoiqu’il en soit, les éléments retenus doivent être suffisamment graves et probables ; ils ne peuvent
être appréciés isolément, ils doivent converger dans une vision globale.
L’ordonnance du 15/09/2021 a renforcé le pouvoir d’alerte du CAC : s’i considère qu’il y a urgence à
adopter des mesures et que le dirigeant s’y refuse ou prend des mesures lui semblant insuffisantes, il
peut saisir le président du tribunal compétent.

§4) Alerte par les associés  pseudo alerte


Les associés non-gérants des SARL et les actionnaires des SA détenant au moins 5 % du capital
social ont la faculté, 2 fois par exercice, de poser aux dirigeants des questions sur tout fait de nature à
compromettre la continuité de l’exploitation. Le dirigeant a 1 mois pour répondre et copie de sa
réponse est communiquée au CAC. A défaut de réponse, il y a place à engagement de la responsabilité
des dirigeants et c’est au CAC d’entrer en action.
Même procédure dans la SARL, mais le problème, c’est qu’il n’y a pas forcément de CAC.
Quant aux associés des stés de personnes, ils peuvent interroger par écrit les gérants de leur sté
sur la gestion sociale (SNC et SCS).

§5) Alerte par le CSE


Partant du constat que les difficultés de l’entreprise auront inévitablement des répercussions sur les
salariés, le législateur a décidé d’associer les IRP à la recherche de solutions. La nature de l’entreprise
est indifférente.
L’alerte est déclenchée par une question posée par le CSE au chef d’entreprise. La question est inscrite
à l’ordre du jour de la prochaine réunion

CHAPITRE 2 LE TRAITEMENT CONVENTIONNEL DES DIFFICULTES DE L’ENTREPRISE

Il résulte d’une négociation qui va être effectuée


✓ Soit par la technique du mandat ad hoc ;
✓ Soit par la procédure de conciliation anciennement appelée le règlement amiable.

Section 1 - Le mandat ad hoc

Se caractérise par sa confidentialité.


Un débiteur exposé à des difficultés peut demander en justice la désignation d’un mandataire ad hoc.

§1) Conditions de mise en œuvre


La procédure est ouverte à :
-Toute entreprise artisanale ou commerciale ;

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-Toute personne morale de droit privé ;


-Toute personne physique exerçant une activité professionnelle indépendante y compris une
profession libérale soumise à un statut législatif ou réglementaire.
Les agriculteurs sont exclus mais ils ont une procédure spécifique.
Le débiteur expose au psdt les difficultés et les mesures de redressement envisagées. Il s’agit d’une
procédure ne requérant aucune condition particulière qui s’applique à :
-L’entreprise en difficulté ;
-L’entreprise qui peut même être en état de CP depuis moins de 45 jours.
A noter que, seul, le débiteur peut demander l’ouverture de cette procédure.

§2) La désignation du mandataire ad hoc


Le débiteur présente une requête au psdt du tribunal ; il peut y soumettre le nom d’un mandataire ad
hoc.
Le psdt nomme un mandataire dont il fixe la durée de la mission et la mission : assistance lors d’un
conflit, passif bancaire, surveillance de l’application d’un protocole d’accord, suggestion d’une
restructuration… A noter que le mandataire ad hoc n’est mandataire ni du débiteur, ni du créancier
mais bien du psdt du tribunal.
Il doit rendre compte de sa mission au moyen d’un rapport destiné au psdt ; il doit l’alerter dès qu’il
constate la cessation des paiements. Il informe le chef d’entreprise de ses constatations et conclusions
sur les difficultés de l’entreprise.
Il informe, le cas échéant, le psdt du tribunal de toute fraude commise par l’entreprise ou l’un de ses
partenaires, de tout évènement nouveau qui pourrait => une modification de sa mission -l’état de CP,
par exemple.
Le mandat ad hoc n’entraîne pas l’arrêt des poursuites individuelles et n’implique aucune intrusion
dans la gestion de l’entreprise ; voici qqs exemples de mission du mandataire ad hoc : se rapprocher
rapidement de l’actionnariat majoritaire, faire voter une augmentation de capital, négocier des délais
de paiement avec les créanciers ou les fournisseurs…
Le mandat ad hoc présente un caractère contractuel : rien ne peut être imposé aux créanciers. Ainsi,
seul un accord entre les parties peut conduire à une suspension des poursuites.

Section 2 - La conciliation

Se caractérise aussi par la confidentialité.


La conciliation repose sur un accord entre le débiteur et ses créanciers.

§1) Champ d’application


-Commerçants, artisans : personnes physiques,
-Personnes physiques exerçant une activité professionnelle indépendante, y compris une profession
libérale soumise à un statut législatif ou réglementaire.
-Personnes morales de droit privé.
Le débiteur doit être en activité.

§2) Situation économique exigée du débiteur


 Procédure ouverte aux entreprises éprouvant « une difficulté juridique, économique ou
financière, avérée ou prévisible et ne se trouvant pas en cessation de paiements depuis plus de 45
jours ».
La notion de difficulté prévisible intègre la notion de besoins ne pouvant être couverts par un
financement ; la prévisibilité des difficultés peut ressortir d’éléments factuels que le psdt du tribunal
appréciera au cas par cas.

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§3) La demande d’ouverture de la conciliation et la décision


 Requête motivée (+ doc) adressée au psdt du tribunal de commerce pour les commerçants ou
artisans et dans les autres cas, au psdt du TJ (personnes morales de droit privé non commerçantes,
professionnels libéraux). La demande appartient au seul débiteur.
Le psdt doit répondre dans le mois de la demande, son silence à l’expiration du délai valant refus.
Il peut ouvrir la procédure ou, s’il constate qu’il y a cessation des paiements depuis plus de 45 jours,
refuser et renvoyer l’affaire devant le tribunal qui prononcera d’office le RJ ou la LJ. Le tribunal peut
charger un expert d’établir un rapport sur la situation économique, sociale et financière de l’entreprise.
Dès réception de la demande, le psdt fait convoquer le débiteur pour recueillir ses explications,
informe le MP de la demande puis, le cas échéant, ouvre la procédure de conciliation et nomme un
conciliateur.
Le débiteur peut choisir le conciliateur qu’il soumet à la désignation du psdt du tribunal.
A noter que le conciliateur n’a pas à être mandataire de justice => choix libre mais le législateur a posé
un certain nombre d’incompatibilités pour assurer l’indépendance de celui-ci.
La loi fixe la durée de la mission du conciliateur à 4 mois (prorogeable d’1 mois à la demande du
conciliateur) ainsi que sa mission en l’enfermant dans un cadre précis.

§4) La négociation de l’accord de conciliation


Le conciliateur a pour mission de trouver un accord avec les créanciers qui sont appelés à faire des
sacrifices comme accorder des délais de paiement ou des remises de dettes : favoriser le règlement de
la situation financière du débiteur par la conclusion d’un accord amiable entre le débiteur et ses
principaux créanciers. Ainsi l’accord peut contenir
✓ Des remises sur le principal de la dette de la part des créanciers sociaux et fiscaux après
consultation ;
✓ En matière fiscale, la remise ne peut concerner que des impôts directs ;
✓ Abandon de sûretés ou cession de rang ;
✓ Délais pouvant être consentis.
La règle de l’arrêt des poursuites individuelles et des voies d’exécution n’existe pas ici.

§5) Les issues possibles

A - L’échec de la conciliation
Si le conciliateur ne parvient pas à obtenir l’accord des créanciers, le tribunal notifie sa décision au
débiteur ; le rapport doit être adressé en copie par le conciliateur au débiteur, déposé au greffe avec
copie au proc de la République. Le tribunal notifie sa décision au débiteur.
Deux hypothèses sont à envisager :
✓ Le débiteur n’est pas en état de CP :
Il peut demander son placement sous sauvegarde dans le but d’obtenir très rapidement un plan de
sauvegarde. Qui plus est, si, pendant le cours de la procédure de conciliation, il a préparé un projet de
plan susceptible de recueillir un accord rapide de la part de ses créanciers, il peut demander l’ouverture
d’une procédure de sauvegarde accélérée.
✓ Le débiteur est en état de CP :
Le psdt du tribunal met fin à la mission du conciliateur, transmet la décision au MP pour que ce dernier
saisisse le tribunal aux fins d’ouverture d’un redressement judiciaire ou d’une liquidation judiciaire.

B – Le constat ou l’homologation de l’accord


Le débiteur choisit de faire homologuer ou non l’accord de conciliation. En pratique, il sera incité à le
faire par ses partenaires contractuels, en particulier les établissements de crédit qui ont en effet besoin
de sécuriser l’accord.

1°) L’accord constaté

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-L’accord qui n’est pas homologué, sera simplement constaté par le psdt du tribunal, lequel sera
seulement saisi au moyen d’une requête conjointe du débiteur et des créanciers signataires. Il =>
l’impossibilité pour les créanciers signataires de poursuivre le débiteur dans d’autres termes que ceux
convenus. C’est un contrat synallagmatique qu’il faut respecter. L’intervention du juge a pour effet
de donner force exécutoire à l’accord et la déclaration d’absence d’état de cessation des paiements
par le débiteur est jointe à l’accord.
Contrairement à l’accord homologué, l’accord simplement constaté ne produit pas d’effet à l’égard
des tiers, et spécialement à l’égard des créanciers qui ne l’ont pas signé.
2°) L’accord homologué
Le débiteur peut demander au tribunal l’homologation de l’accord, mais 3 conditions doivent être
réunies :
✓ Le débiteur ne doit pas être en état de cessation de paiements ou l’accord conclu doit y mettre
fin ;
✓ Les termes de l’accord doivent être de nature à assurer la pérennité de l’activité de
l’entreprise ; ainsi, la conciliation ne doit pas permettre au débiteur d’effacer une partie
substantielle de ses dettes pour pouvoir ensuite céder dans de bonnes conditions les actions
de la sté, revalorisées par l’extinction des dettes ;
✓ Les intérêts des créanciers non parties à l’accord doivent être sauvegardés : il s’agit là des
petits créanciers ou encore des créanciers réfractaires.
On constate ici que le tribunal peut homologuer l’accord même si tous les principaux créanciers ne
l’ont pas signé.
« Le tribunal statue sur l’homologation après avoir entendu ou dûment appelés en chambre du conseil
le débiteur, les créanciers parties à l’accord, les RP, le conciliateur et le MP. Il peut entendre toute
autre personne dont l’audition lui paraît utile ».
La décision d’homologation est déposée au greffe du tribunal qui l’a homologué. Le jugement
produisant des effets importants (notamment sur les créanciers) fait l’objet d’une publicité au BODACC
et dans un JAL.
La décision qui refuse l’homologation est susceptible d’appel de la part du MP, des parties à l’accord ;
les tiers peuvent faire une tierce opposition dans les 10 jours de la publication du jugement au
BODACC.

3°) Les effets de l’homologation


Malgré son homologation, l’accord de conciliation demeure de nature contractuelle. Pendant la durée
de son exécution, l’accord homologué interrompt ou interdit toute action en justice et arrête ou
interdit toute poursuite individuelle tant sur les meubles que sur les immeubles du débiteur dans le
but d’obtenir le paiement des créances qui en font l’objet.
Qu’en est-il des créanciers non-signataires ? Ils ne sont pas tenus par l’accord  application du
principe de l’effet relatif des contrats. Toutefois, ils pourront se voir imposer par le psdt les mesures
de l’art 1345 du C. civ. càd les délais de grâce, s’ils poursuivent ou mettent en demeure le débiteur
pendant l’exécution de l’accord.
L’effet le plus remarquable est l’instauration d’un privilège dit de la conciliation appelé aussi privilège
de la new money  privilège détenu par les personnes qui, dans le cadre de la conciliation, ont apporté
au débiteur un nouvel apport en trésorerie, un bien ou un service afin d’assurer la poursuite de
l’activité. Ce privilège pourra être mis en œuvre en cas d’ouverture d’une sauvegarde, d’un RJ ou d’une
LJ.
Autres effets :
L’homologation de l’accord => levée de l’interdiction d’émettre des chèques.
Elle interdit la remontée avant son intervention de la date de CP dans le cas de l’ouverture ultérieure
d’une procédure de RJ ou de LJ.

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IIème partie le traitement judiciaire des difficultés des entreprises


Lorsque les mesures de prévention ou de traitement conventionnel s’avèrent insuffisantes, les
difficultés d’entreprises peuvent être traitées de façon judiciaire dans le cadre de ce qui est
dénommé en pratique « une procédure collective de paiement », par commodité de langage, alors
même que l’objectif prioritaire ne réside pas dans le paiement des créanciers.
Au sein des diverses procédures de traitement judiciaire des difficultés des entreprises, certaines
sont orientées vers le sauvetage des entreprises (sauvegarde, RJ), d’autres concernent les entreprises
dont le sauvetage ne peut plus être envisagé : la LJ, le rétablissement professionnel.

Ch 1er Les procédures orientées vers le sauvetage de l’entreprise

Section 1 Les conditions de fond

Sous-section 1 - La qualité du débiteur

§1) Le débiteur : personne physique


4 catégories de personnes sont visées :
-La personne exerçant une activité commerciale : commerçant, auto-entrepreneur, associés en nom
collectif,
-La personne exerçant une activité artisanale,
-L’agriculteur = « personne qui cultive, élève ou transforme un bien provenant de l’agriculture selon
le Code rural ».
-Le professionnel indépendant y compris professionnel libéral et même le professionnel exerçant une
profession libérale soumise à un statut législatif ou réglementaire (avocat, notaire, médecin…).

A noter que seule, une personne en activité peut faire l’objet d’une procédure de sauvegarde ; en
revanche, le professionnel qui a cessé son activité peut faire l’objet d’une procédure de RJ.

§2) Le débiteur : personne morale


= toutes les personnes morales de droit privé à l’exception des syndicats de copropriété.
Exclusion des groupements dépourvus de la personnalité juridique.
A noter que la procédure de sauvegarde ne pourra être ouverte à l’encontre d’une personne morale
dissoute.

Sous-section 2 - La situation financière de l’entreprise

§1) Ouverture de la procédure de sauvegarde


Le débiteur doit justifier de difficultés qu’il ne peut surmonter seul.
 Ne doit pas être en état de CP.

§2) Ouverture de la procédure de RJ


Le débiteur doit être en état de CP et la preuve lui incombe : existence d’impayés, incidents de
paiement, interdiction bancaire, protêts faute de paiement, inscription de sûretés… Le Code de
commerce définit l’état de CP (cf. infra).

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DEFINITION LEGALE DE L’ETAT DE CESSATION DES PAIEMENTS


Impossibilité de faire face au passif exigible à l’aide de l’actif disponible.
Actif disponible = actif immédiatement liquide => sont exclus les biens immobilisés.

Passif exigible = dettes échues, exigées.


Le passif exigible doit être comparé à l’actif disponible ; seul un déséquilibre en faveur du
premier permet de caractériser l’état de cessation des paiements.
L’état de cessation des paiements se distingue de l’insolvabilité (=insuffisance des actifs pour
couvrir le passif).

La fixation de la date de CP revêt une importance toute particulière :


Le tribunal, dans le jugement d’ouverture, précise la date de CP retenue ; à défaut de fixation, la date
retenue est celle du jugement d’ouverture. Elle est fixée provisoirement. Elle peut en effet, par un
jugement subséquent (= jugement de report de la date de CP) être remontée une ou plusieurs fois sur
demande de l’administrateur, du mandataire judiciaire (en LJ), ou du MP. Elle ne peut être remontée
plus de 18 mois avant le jugement d’ouverture.
La période qui s’étend entre le jugement d’ouverture et la date de CP s’appelle la période suspecte.

Section 2 - Les conditions de forme

Sous - section 1 – La saisine de la juridiction

§1) Procédure de sauvegarde


A l’initiative exclusive du débiteur puisque c’est une procédure volontariste.

§2) Procédure de RJ

A – Saisine du tribunal
- Par le débiteur (appelée communément le dépôt de bilan) = requête de déclaration de CP ;
délivrance d’un pouvoir possible. C’est la norme.
La déclaration de CP est en effet une obligation légale : lorsque le débiteur est en état de CP,
l’ouverture de sa procédure de RJ doit être demandée au plus tard dans les 45 jours qui suivent la CP,
à moins que, dans ce délai, il n’ait demandé l’ouverture d’une conciliation. La déclaration au-delà du
délai expose le débiteur à une mesure d’interdiction de gérer.
- Par le créancier (assignation et non requête) quelle que soit la nature de sa créance (civile ou
commerciale, privilégiée ou chirographaire). La preuve de l’état de CP de son débiteur lui
incombe.
La créance doit être certaine, liquide et exigible.
Cependant, s’il s’agit d’une exploitation agricole, avant de solliciter l’ouverture d’un RJ, le
créancier doit d’abord demander au psdt du TJ la désignation d’un conciliateur.
- Par le ministère public (proc de la République et parquet général)
= requête indiquant les faits de nature à motiver la demande et le psdt fera ensuite convoquer
le débiteur par le greffier.
- Par la CA
La CA qui infirme ou annule un jugement un jugement statuant sur l’ouverture d’un RJ ou d’une
LJ peut d’office soit ouvrir la procédure de RJ, soit ouvrir la LJ.

B- La juridiction compétente
- Compétence matérielle :
Tribunal de commerce → débiteur exerçant une activité commerciale ou artisanale.
TJ → dans les autres cas.

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A noter que le décret du 30 décembre 2005 complété par le décret du 20 février 2006 sélectionne les
tribunaux appelés à connaître des procédures collectives ; depuis le 1er mars 2016, certains tribunaux
de commerce ont connaissance des procédures collectives intéressant des personnes remplissant les
conditions suivantes :
- Soit un effectif d’au moins 250 salariés et CA HT d’au moins 20 millions d’euros,
- Soit un CA HT d’au moins 40 millions d’euros,
- Soit société détenant ou contrôle une autre société dès lors que le nombre des salariés des
sociétés concernées > ou égal à 250 et que le montant du CA des sociétés = au moins 20
millions d’euros.
- Soit une société détient ou contrôle une autre société, dès lors que le montant net du CA de
l’ensemble de ces sociétés s’élève à 40 millions d’€ au moins.
Dérogation prévue aux règles de compétence territoriale sur décision de la CA ou de la Cour de
cassation.
- Compétence territoriale :
Personnes physiques → Ressort de l’adresse ;
Personnes morales → Ressort du siège social.

C – Le jugement d’ouverture
Le jugement d’ouverture fait l’objet de plusieurs publicités et mentions à des registres. Celle au
BODACC est la plus importante, car elle fait courir certains délais tels que celui imparti aux créanciers
pour déclarer leurs créances.

Sous - section 2 – Le jugement d’ouverture et les recours


Il met en place les organes de la procédure et prévoit des mesures de préservation des actifs de
l’entreprise.

§1) La mise en place des organes de la procédure


Le pouvoir de nomination des organes appartient au tribunal
Le mandataire judiciaire → obligatoirement désigné dans toute procédure de RJ ou sauvegarde. Il a la
même mission dans les 2 procédures.
Ses missions :
1. La défense de l’intérêt collectif des créanciers  monopole de défense de l’intérêt
collectif des créanciers. Aussi, il est interdit aux créanciers d’agir individuellement à
l’encontre des tiers qui se seraient rendus responsables de l’aggravation du passif du
débiteur ; toutefois, si le préjudice est individuel, seul le créancier concerné peut agir.
Le législateur apporte un tempérament à ce principe en permettant aux contrôleurs
d’agir au lieu et place du mandataire judiciaire défaillant pour assurer la défense de
l’intérêt collectif des créanciers.
2. La vérification des créances ; il est le destinataire des déclarations de créances,
3. La consultation des créanciers : dans le cadre de l’élaboration du plan de sauvegarde
ou de redressement, il consulte les créanciers antérieurs au jugement sur les délais et
remises qu’ils entendent consentir au débiteur.
4. Si un plan de cession est arrêté en RJ, c’est lui qui reçoit le prix de cession.
L’administrateur judiciaire→ obligatoirement nommé si l’entreprise emploie au moins 20 salariés ou
réalise un CA HT d’au moins 3 millions d’euros. Si, en cours de PO, des perspectives de cession de
l’entreprise se font sentir, un AJ doit être désigné.
Pour les dossiers importants, plusieurs AJ sont nommés.
La mission de l’AJ est définie par le tribunal qui le nomme. Par ex : en sauvegarde : surveillance de la
gestion du débiteur, assistance pour tous les actes de gestion ou certains d’entre eux.
L’expert
L’AJ peut demander la désignation d’un ou plusieurs experts (experts en diagnostic d’entreprises).

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La désignation est facultative en sauvegarde.


L’expert fournit à l’AJ ou, selon les cas, au débiteur, les éléments utiles à l’établissement du bilan
économique et social.
Les organes de défense des droits des salariés
1. Les IRP : sont convoquées aux différentes étapes de la procédure et doivent désigner
un représentant pour l’exercice de leur droit d’appel.
2. Le représentant des salariés : il exerce les fonctions accordées aux IRP en l’absence de
CSE. Il assiste les salariés pour l’établissement de leurs créances salariales.
Le juge-commissaire
Qui est-il ? Un magistrat désigné parmi les magistrats composant la juridiction d’ouverture de la
procédure. Il prend ses fonctions le jour de l’ouverture de la procédure. Il est nommé dans le jugement
d’ouverture ; il ne doit pas être parent ou allié jusqu’au 4ème degré inclusivement du chef d’entreprise
ou des dirigeants.
Selon le Code de com., « il est chargé de veiller au déroulement rapide de la procédure et à la
protection des intérêts en présence ».
Il est tenu informé par l’AJ, le mandataire judiciaire ou le liquidateur du déroulement de la procédure.
Quels sont ses pouvoirs ?
Pouvoirs importants en matière de mesures conservatoires, pouvoirs de contrôle des organes de la
procédure ; il nomme les contrôleurs*, délivre aux organes de la procédure des autorisations.
Il est saisi par voie de requête et ses décisions sont prises par le biais d’ordonnances.
Le JC a interdiction de participer à la formation de jugement ou au délibéré quelle qu’en soit
la cause.
*Les contrôleurs sont désignés parmi les créanciers (5 maxi, obligatoire seulement si ceux-ci en font la
demande. Rôle d’assistance du MJ et du JC dans sa mission de surveillance de l’administration de
l’entreprise.
Le ministère public  véritable organe de la procédure collective.
Il partage certains de ses pouvoirs avec le tribunal dans certains cas comme la demande de
subordination du plan de redressement à l’éviction des dirigeants, à l’incessibilité de leurs parts ou
actions.
Il peut demander dans le cadre de la procédure de RJ ou de LJ
- La cessation d’activité et la conversion en LJ,
- Le déclenchement des sanctions contre le débiteur.

§2) Les mesures de préservation des actifs


Selon le Code de com., « Dès son entrée en fonction, l’AJ est tenu de requérir du chef d’entreprise ou,
selon les cas, de faire lui-même tous les actes nécessaires à la conservation des droits de l’entreprise
contre les débiteurs de celle-ci et à la préservation des capacités de production ».
=> Dès l’ouverture de la procédure, il est procédé à un inventaire ; à noter que cette démarche est
très importante pour le propriétaire astreint à revendiquer un bien meuble puisqu’il établit son
existence à la date du jugement d’ouverture.
Procédure de sauvegarde : il peut être fait par le débiteur mais certifié par un expert-comptable.
‘’ ‘’ RJ : toujours réalisé par un professionnel.

Sous - section 3 – Les effets attachés au jugement d’ouverture

-Il est doté d’une particulière efficacité : il est opposable à tous, et qui plus est, il rétroagit à 0 h de sa
date.
=> Tous les actes accomplis le jour du jugement d’ouverture sont réputés intervenus après le jugement
d’ouverture.
Une personne déjà placée en sauvegarde, en RJ ou en LJ ne peut, avant la clôture de cette procédure,
être à nouveau déclarée en sauvegarde, RJ ou LJ (en raison du principe de l’unicité du patrimoine).

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Exception : l’EIRL : les effets de la procédure collective sont circonscrits au passif et à l’actif relatifs à
l’entreprise puisque cet entrepreneur a 2 patrimoines : celui affecté à l’entreprise et celui non affecté.
On parle d’attraction de compétence du tribunal de la faillite càd que ce dernier est compétent pour
connaître de toutes les actions nées de la faillite.
Dans les procédures collectives, les voies de recours présentent un caractère très restrictif tant par les
cas d’ouverture que par la brièveté des délais.
 Volonté du législateur d’aller vite.

Section 3 - La période d’observation et la poursuite de l’activité


Afin de pouvoir adopter une solution de sauvetage, il est indispensable de connaître exactement la
situation de l’entreprise ; c’est la « raison d’être » de la PO = période de poursuite d’activité
encadrée.

Sous - section 1 – La période d’observation


Son but = analyser les chances de sauvegarde ou de redressement de la sté et de dresser un plan.

§ 1) La durée
= durée initiale maximum de 6 mois, renouvelable 1 fois pour la même durée / demande de l’AJ, du
MJ ou du MP. Prolongation encore de 6 mois mais seulement / demande du MP. Un nouveau délai
de PO peut être admis par la cour d’appel en cas d’infirmation du jugement d’ouverture et de renvoi
de l’affaire devant le tribunal.
Dans la procédure de sauvegarde, la PO se poursuit de plein droit jusqu’au terme fixé par le tribunal
dans le jugement d’ouverture.

En RJ, le tribunal, au plus tard 2 mois après l’ouverture décide, au vu d’un rapport de l’AJ ou, à défaut,
par le débiteur, s’il faut poursuivre la PO, si le débiteur dispose des capacités de financement de la PO.
La PO peut prendre fin à tout moment et le tribunal prononce une procédure de RJ ou de LJ.

§2) Les issues de la PO sans solution


A – Sauvegarde : 2 hypothèses
- La disparition des difficultés : la charge de la preuve (disparition des difficultés incombe au
débiteur => il sort de la procédure et redevient maître de ses droits.
- Le défaut d’adoption d’un plan dans les délais légaux de la PO : la saisine du tribunal par le MP,
les mandataires de justice, tout créancier. Ici, les difficultés ne sont pas résorbées…
B – Fin prématurée du redressement
= hypothèse où le débiteur dispose de sommes suffisantes pour payer ses dettes échues et les frais de
la procédure collective.

Sous -section 2 – La poursuite de l’activité

§1) La répartition des tâches

A - Entre l’AJ et le débiteur  l’administration contrôlée.


En l’absence d’AJ, le débiteur reste maître de ses droits.
L’AJ, quant à lui, a des pouvoirs propres et des pouvoirs variables :
- Pouvoirs propres
Ceux-ci lui sont toujours confiés :
▪ Elaboration du bilan économique et social,
▪ Pouvoir d’opter sur la continuation des contrats en cours,
▪ Fonctionnement des cptes bancaires du débiteur (en cas d’interdiction bancaire de
celui-ci).

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En sauvegarde, l’élaboration du projet de plan appartient au débiteur avec l’assistance de l’AJ


mais le débiteur garde son pouvoir de gestion.
En RJ, le pouvoir d’élaborer le projet de plan appartient à l’AJ.
- Pouvoirs variables
En sauvegarde
▪ Une mission de surveillance de la gestion = contrôle a posteriori.
▪ Une mission d’assistance dans la gestion.
En RJ, l’AJ peut se voir confier
- Une mission d’assistance dans la gestion,
- Une mission d’administration => le débiteur est dessaisi comme s’il était en LJ.
NB. La mission de l’AJ, que ce soit en sauvegarde ou en RJ, peut toujours être modifiée par le tribunal.

B - Les pouvoirs du débiteur


Il conserve ses droits propres, ses droits extrapatrimoniaux.
Qu’en est-il des actes de gestion courante ? Il ne peut les effectuer que si le cocontractant est de
bonne foi (laquelle est présumée).
Le non-respect de la répartition des pouvoirs => l’inopposabilité de l’acte à la procédure collective.

C - Les actes interdits et ceux soumis à l’habilitation du JC


La gravité de certains actes pour l’entreprise justifie leur interdiction tant pour l’AJ que pour le
débiteur ; le législateur a prévu des habilitations judiciaires (du juge-commissaire = requête présentée
par le débiteur en sauvegarde, par l’AJ en RJ).
➔ Domaine des habilitations judiciaires :
Actes de disposition étrangers à la gestion courante : ventes.
Le JC peut autoriser le débiteur ou l’AJ à payer une créance antérieure au jugement dans des conditions
bien spécifiques ; par exemple pour retirer une chose gagée, pour lever l’option d’un crédit-bail.
A noter que l’acte passé sans autorisation du JC est nul (nullité absolue) et le débiteur est passible
d’un emprisonnement de 2 ans et d’une amende de 30 000 €. Même peine pour un paiement interdit.

§2) Les contrats de l’entreprise et les créanciers finançant la PO


L’option entre continuation et résiliation : L’AJ « a la faculté d’exiger l’exécution des contrats en
cours ». Les clauses de résiliation de plein droit pour survenance d’une procédure de sauvegarde ou
de RJ sont réputées non écrites (C.f. Art L. 622-13 du C. com.). Idem pour les clauses augmentant les
obligations ou diminuant les droits du débiteur du fait de l’ouverture de sa procédure collective.
Il n’appartient pas au cocontractant de décider du sort du contrat en cours ; la décision relève de
l’administrateur : le choix de continuer un contrat en cours ou d’y mettre fin lui revient ou revient au
débiteur si son entreprise n’atteint pas les seuils (c.f. supra). Dans cette dernière hypothèse, il doit
obtenir l’avis préalable et conforme du MJ nommé dans le jugement d’ouverture.
Toutefois, Le cocontractant peut adresser une mise en demeure à l’AJ de continuer le contrat et, faute
de réponse dans le mois de la demande, le contrat est résilié de plein droit, mais seulement après que
le JC ait constaté cette résiliation.
Tous les contrats sont concernés : contrat de bail, de franchise, de crédit-bail d’assurance
Exceptions : les contrats d’édition, de production audiovisuelle et les contrats de travail.
Les créances régulièrement nées après le jugement d’ouverture sont payées à leur échéance ; à
défaut, elles bénéficient d’un privilège les rendant prioritaires sur toutes les créances assorties ou non
de sûretés, à l’exception de celles garanties par un superprivilège, les frais de justice et le privilège de
l’argent frais.
Cas de la rupture du contrat de travail :
La procédure de sauvegarde ne contient pas de règles particulières => application du droit commun.

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Procédure de RJ  aménagement des règles du licenciement pour motif économique :si


licenciements pendant la PO du RJ, ils doivent être autorisés par le JC (doivent être urgents,
inévitables et

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