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Question 1 

: Le devoir d’alerte du commissaire aux comptes :


L’article 546 du code de commerce précise à cet égard que «le commissaire aux comptes,
si l’en existe, ou tout associé dans la société, informe le chef de l’entreprise des faits de nature
à compromettre la continuité de l’exploitation de l’entreprise». Il en résulte que le législateur
confère le mécanisme d’alerte à deux acteurs essentiels : le commissaire des comptes et les
associés.

Après le dirigeant de l’entreprise Le commissaire aux comptes constitue la personne la plus


adaptée pour déceler les difficultés, les analyser et projeter leur impact sur l’avenir de la
société, c’est le mieux placé pour avoir connaissance des problèmes qui compromettent, ou
risque de compromettre la continuité de l’exploitation de l’entreprise, c’est ce qui explique
que la loi lui confère non seulement un droit d’alerte, mais un devoir d’alerte.

Organe obligatoire dans les sociétés anonymes et dans certaines sociétés commerciales (SCA,
SARL réalisant un chiffre d’affaire annuel de plus de 50000 DH HT, le commissaire aux
comptes est chargé de s’assurer que les comptes sociaux sont sincères, réguliers et cohérents.
Cette mission fondamentale dans le processus de contrôle interne confère au commissaire aux
comptes une position essentielle très proche de l’information comptable et financière.

La loi 17/95 sur les SA interdit au commissaire aux comptes toute immixtion dans la gestion
de la société.. Il ne doit apprécier, que la régularité et la sincérité des opérations comptables et
donner un avis sur l’organisation de l’entreprise sur le plan de la gestion comptable et
financière. Les faits qui justifient une réaction du commissaire doivent être de nature à
compromettre la continuité de l’exploitation de l’entreprise.

Le commissaire aux comptes dispose d’un délai de 8 jours à compter de l’événement


justifiant l’alerte. En ce qui concerne les conditions de forme, l’alerte doit être donnée par
lettre recommandée avec accusé de réception adressé au dirigeant de l’entreprise, l’invitant à
prendre les mesures nécessaires pour redresser la situation.

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 Les faits de nature à compromettre la continuité de l’entreprise :
Les faits qui justifient une réaction du commissaire doivent être de nature à
compromettre la continuité de l’exploitation de l’entreprise.
Il peut s’agir :
- Des faits fondés sur la situation financière de l’entreprise, par exemple : une situation
nette négative, fond de roulement dégradé, abus de crédits à court terme, situation de rupture
de crédit.
- Des événements portant sur la situation patrimoniale de l’entreprise, par exemple :
constitution d’hypothèque sur l’ensemble de l’actif de l’entreprise, des ventes d’éléments de
l’actif pour financer des crédits de court terme.
- Des faits fondés sur l’exploitation elle-même, exemple : rotation trop long du stock,
pénurie de matières premières indispensables, départ des cadres sans remplacement, une sous
activité durable de l’entreprise.
- Des événements résultant de l’environnement de l’entreprise, par exemple : perte
d’un marché, d’une licence ou brevet, relation défectueuse avec un fournisseur important
- Des faits de nature juridique, par exemple : le report renouvelé d’échéance, non
paiement des dettes, difficultés avec l’administration fiscale

 Les suites de l’alerte


Les suites de l’alerte dépendent de la réaction du dirigeant et des autres organes
sociaux. Plusieurs scénarios sont envisageables:

1. Si le chef de l’entreprise arrive à prendre les mesures nécessaires au redressement


dans les 15 jours suivant le déclenchement de l’alerte, le processus s’arrête à ce niveau.

2. Si le chef de l’entreprise n’arrive pas à déclencher une sortie de crise, ou ses


pouvoirs ne sont pas assez suffisant de le faire, il est tenu de convoquer les organes de
l’administration compétents (conseil d’administration, le directoire, les commandités) à fin
qu’ils délibèrent et qu’ils puissent adoptés les mesures propres au redressement.
3. Le processus d’alerte peut déboucher sur une troisième phase celle de la
délibération de l’assemblé générale des actionnaires, dans l’hypothèse où le conseil
d’administration n’arrive pas à mettre en place des solutions de sortie de crise.

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4. Si l’assemblée d’actionnaires ne réussit pas à prendre une décision permettant le
redressement de la situation, ou si les mesures prises sont insuffisantes pour résoudre les
difficultés posées de sorte que la continuité de l’exploitation demeure compromise, il y a lieu
de passer à la procédure de prévention externe.

Question 2 : La prévention externe

La prévention externe se caractérise également, comme la prévention interne, par sa nature


non contentieuse. Elle relève exclusivement des attributions du président du tribunal de
commerce.

L’intervention du président du tribunal de commerce ne se fonde pas, sur une saisine au sens
judiciaire, c’est-à-dire d’acte, de demande ou de requête, permettant au tribunal de connaître
d’un différend et de le résoudre par un jugement. Il est simplement informé de l’existence
d’une difficulté soit par le commissaire aux comptes, soit par le chef d’entreprise, soit par
le fait d’une autre procédure en cours et dont le greffe notamment lui communique un acte
ou une information

Le président informé par le commissaire aux comptes ou par une autre procédure, convoque
alors le chef d’entreprise pour l’amener à trouver une solution

Question 3 : Saisine du tribunal dans le redressement judiciaire :


Elle peut s’effectuer selon différents mode :
1. Saisine par un créancier : L’art. 563 dispose que «l’entreprise débitrice peut être assignée
par un créancier quelque soit le montant et la nature de sa créance. Le non paiement d’une
dette civil est tout aussi constitutif de cessation de paiement que le non paiement d’une dette
commerciale».

2. Saisine par le chef de l’entreprise : il s’agit d’une obligation et non pas d’une faculté,
article 561 le chef d’entreprise dispose d’un délai de 15 jours pour déposer son bilan.

3. Saisine par le ministre public : l’article 563 dispose que le tribunal peut ouvrir une
procédure à la demande du ministère publique, celui ci peut avoir connaissance
d’informations faisant état de cessation de paiement suite à une enquête de police (ce qui est
très rare en pratique).

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4. La saisine d’office : le droit reconnu au tribunal de se saisir d’office est traditionnel en
matière des procédures collectives, mais il est tout à fait exceptionnel dans le droit commun
des procédures judiciaires. En pratique ça pourrait être le cas suite à une assignation
inaboutie par les créanciers, soit parce qu’elle était irrégulière sur la forme mais fondée
sur le fond soit suite au désistement des créanciers.

Question 4 : Organe du jugement d’ouverture de la procédure collective:

A-Organe judiciaire
Deux intervenants privilégiés: le juge-commissaire et le tribunal de commerce
1. Le juge commissaire

a. Statut du juge-commissaire
Le juge commissaire est un organe pivot de la procédure nommé par le jugement
d’ouverture parmi les juges consulaires sous réserve d’incompatibilités (liens de parenté
jusqu’au 4ème degré), il reste en fonction du début à la fin de la procédure. Le but d’introduire
cette institution judiciaire spécifique en plus de l’intervention du tribunal consiste dans la
volonté de faire suivre et d’accélérer la procédure par un organe quasi permanent. Il statue par
ordonnances déposées au greffe susceptible des recours devant le tribunal et il peut s’adresser
au ministère public pour un droit de communication. Il faut noter que lourdeur de la tache des
juges commissaires est due à l’engorgement de tribunaux de commerce et de la limitation de
leurs moyens.

b. Fonctions du juge-commissaire

Il intervient selon quatre niveaux :

■ Attributions vis-à-vis du personnel de la procédure


- Surveiller l’activité du personnel de la procédure et essayer d’établir un point
d’équilibre;
- Nommer le représentant des créanciers;
- Proposer la révocation du syndic et du créancier contrôleur. (Exception au
principe du parallélisme des pouvoirs);

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- Statuer sur les contestations formulées à l’encontre des décisions du syndic, du
représentant du créancier et du liquidateur.
■ Attributions vis-à-vis des créanciers
Le juge-commissaire statue comme juridiction de premier degré sur l’admission des
créances, donc il joue un rôle décisif du point de vue du débiteur et des créanciers. Sa décision
est successible de recours devant le tribunal de commerce.
■ Attributions au niveau de la gestion de l’entreprise
Il autorise les actes qui dépassent le périmètre d’action du syndic sans aller jusqu’à
requérir l’intervention du tribunal. Ex: constitution d’hypothèque par le syndic ou le débiteur
■ Attributions au niveau de la liquidation
- Arbitrer entre les différentes offres d’achat en fonction des solutions présentées par
les cessionnaires vis-à-vis de l’emploi;
- Décider de la forme de la cession: vente aux enchères publiques ou de gré à gré

2. Le tribunal
a. prédominance du tribunal
Le juge-commissaire n’est qu’un délégué du tribunal ce qui justifie l’intervention de
celui-ci. Ces deux acteurs interviennent à des niveaux différenciés, pas de chevauchement. Le
tribunal a la prééminence à travers la direction générale de la procédure pour centraliser de la
procédure afin d’éviter la multiplication des compétences juridictionnelle

En ce qui concerne la compétence territoriale: Selon l’Article 566 : est compétent le


tribunal du lieu du principal établissement ou du lieu du siège social. Exception possible à ce
principe (arrêt du tribunal de Marrakech).

b. Compétences : attributions de direction


- Ouverture des procédures collectives
- Fixation de la date de cessation de paiement
- Nomination des organes de la procédure
- Détermination des pouvoirs du syndic et du chef d’entreprise (sauf cas de la
liquidation)
- Remplacement des organes de la procédure
- Arrêté du plan de redressement
- Autorisation des licenciements.

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Le tribunal est une instance d’appel pour les ordonnances rendues par le juge
commissaire, il peut se substituer à ce dernier en cas de carence et en conséquence la
suspension sa délégation de compétence.

B-Organes non judiciaires 


Deux intervenants : le syndic et les créanciers contrôleurs

 Le syndic
1. Profil technique
Dans le silence de la loi sur ses compétences professionnelles, le syndic est nommé
parmi les greffiers ou les tiers (experts comptables pour les opérations de redressement), la
seule exigence est relative à l’incompatibilité (cas des sociétés opérant dans des domaines
particuliers réglementation spéciale).
En France, on ne parle pas du syndic, mais d’un administrateur judiciaire chargé de
redressement et d’un mandataire de hautes qualifications (bac+5+stage de 6 ans) pour la
liquidation judiciaire àmarché structuré. Cette carence de la loi Marocaine peut générer un
risque pour le redressement. A noter que pour les procédures collectives qui concernent les
établissements financière (banques), c’est le ministre de finance qui nomme le syndic.
2. compétences

Acteur de terrain des procédures collectives, le syndic assure concrètement les


opérations de redressement ou de la liquidation judicaire :
- Dans le redressement, ses pouvoirs varient en fonction de la formule retenue par le
tribunal: simple surveillance, assistance ou représentation
- Dans la liquidation, ses pouvoirs sont très étendus : il apure le passif, réalise l’actif,
gère l’entreprise jusqu’à sa cession, préparation du plan de cession.

 Les créanciers contrôleurs


1. Nomination
Les créanciers contrôleurs sont nommés par le juge commissaire parmi les créanciers
demandeurs (trois au maximum), généralement ceux qui détiennent les créances importantes.
Ils sont désignés dans le redressement et la liquidation, personne physique ou morale, et

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peuvent se faire représenter par un avocat. La révocation des créanciers contrôleurs se fait par
le tribunal sur proposition du syndic ou du juge commissaireàgarantie d’indépendance.

2. fonctions

Ils ont pour fonctions la surveillance et l’assistance du syndic, et ils veillent au


respect des intérêts des créanciers et leur rendent compte de leurs missions à chaque étape de
la procédure. Cette mission des créanciers contrôleurs est accomplie gratuitement.

Question 4 : La notion de la cessation de paiement

Selon les dispositions du code de commerce La cessation des paiements vise l situation d'une
entreprise en difficulté qui se trouve dans « … l'impossibilité de faire face au passif exigible
avec son actif disponible ».

La détection de cette situation nécessite d'abord l'appréciation isolée du « passif exigible » de


l'entreprise, d'une part, et de son « actif disponible », d'autre part.
La comparaison de ces deux valeurs permet de déterminer si l'entreprise est en mesure de
« faire face » à son « passif exigible », c'est-à-dire si elle peut rétablir une situation comptable
et financière équilibrée. Dans la négative, l'état de cessation des paiements est identifié.

Il est important de distinguer l'état de cessation des paiements d'autres difficultés


rencontrées par l'entreprise, à savoir les « difficultés que l'entreprise ne peut pas surmonter
seule », l'insolvabilité, la situation irrémédiablement compromise, la gêne momentanée et la
poursuite d'une exploitation déficitaire. Chacune de ces situations est juridiquement définie
d’une manière différemment.

Question 5 : Le mandat ad hoc ou spécial ou mandataire adhoc

Le mandat ad hoc est le stade le plus en amont des procédures préventives des difficultés des
entreprises. La société a tout intérêt à y recourir dès qu’elle prévoit des difficultés financières
à terme, pour trouver une solution avant qu'il ne soit trop tard.

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La société pense au mandat ad hoc pour chercher une solution à un problème autre que
purement financier, par exemple un litige avec un fournisseur, un contentieux, un problème
social.
NB : Pour solliciter un mandat ad hoc, la société ne doit pas être en cessation de paiements.

En quoi consiste la procédure ?


Le mandat ad hoc est un mécanisme par lequel la société demande au tribunal de commerce
de nommer à ses côtés une personne indépendante, extérieure à l'entreprise, qui va l’aider à
analyser sa situation, ses difficultés, et à élaborer des solutions de redressement. Cette
personne, appelée mandataire ad hoc, vous assistera pour parvenir à la conclusion d'un accord
amiable.

 Déroulement du mandat adhoc


La société établi une demande écrite auprès du président du tribunal de commerce, en
exposant la situation, les difficultés, les solutions envisagées. Dès réception de votre
demande, le président, après avoir vérifié que la n'est pas en cessation de paiements, étudie
son dossier et vous reçoit en entretien.

S'il accepte votre requête, le président du tribunal de commerce prendra rapidement une
ordonnance nommant le mandataire ad hoc et fixant l'étendue de sa mission, la durée de celle-
ci (généralement d'une période de trois mois, renouvelable plusieurs fois), ainsi que sa
rémunération.

 Le mandat ad hoc se caractérise par plusieurs avantages


 D’abord par sa souplesse (assistance du mandataire ad hoc tout au long de la
procédure) sa fin est décidée par le président du tribunal du commerce après avoir été
informé par le chef d’entreprise.

 Le deuxième point fort de cette solution est sa confidentialité.

 Enfin, le mandat ad hoc offre de réelles chances de succès. Le plus souvent, la mission
est confiée à un administrateur judiciaire, spécialiste de ce type de procédure et du
redressement d'entreprises en difficulté.

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Question 6 : déclaration et vérification des créances

1-Déclaration des créances


Tous les créanciers dont la créance est établie avant le jugement de redressement doivent
déclarer leur créance quelque que soit leur nature (2 ou 4 mois à compter de la publication du
jugement et la même durée à compter du jour ou ils sont avertis personnellement pour les
créanciers titulaires de sûretés publiées). Il en est de même pour les créances dont les
montants n'ont pas été fixées ou lorsqu'il s'agit de la rectification d'une erreur matérielle sur le
montant de la créance après l'expiration du délai réservé aux déclarations des créances. La
méconnaissance de cette règle donne lieu à la forclusion c'est-à-dire à la perte de leurs droits
sauf en cas de défaillance du syndic ou d'une maladie grave du créancier. Il en est ainsi
lorsqu'un créancier titulaire d'une sûreté publiée n'est pas avisé de l'ouverture de la procédure
par le syndic dans les délais légaux.

2- La vérification des créances

Elle est faite par le syndic en présence du chef d'entreprise et les contrôleurs. Si une créance
est contestée par le débiteur, le syndic avise le créancier concerné par lettre recommandée
avec accusé de réception. Cette lettre doit préciser l'objet de la contestation et le montant de la
créance afin d'inviter le créancier à donner ses explications. Le défaut de réponse dans un
délai de 30 jours interdit toute contestation ultérieure.

 La proposition du syndic
Dans un délai de 6 mois à compter du jugement d’ouverture de la procédure, le syndic établit
la liste des créanciers après avoir sollicité les observations du chef de l'entreprise au fur et à
mesure avec ses propositions d'admission, de rejet ou de renvoi au Tribunal. Il transmet la
liste au juge commissaire. Les propositions du syndic ne peuvent faire l'objet d'aucun recours,
ni auprès du juge commissaire, ni toute autre instance.

 La décision du juge commissaire


Suite aux propositions du syndic, le juge commissaire décide de l'admission ou le rejet de la
créance. Il peut également constater si l'instance est en cours notamment en cas d'une action
en nullité contre une créance admise par le syndic, le juge commissaire n'est pas lié à sa

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proposition et il peut ne pas retenir cette créance et de déclarer la constatation de l'existence
d'une instance en cours.

Question 7 : La Forclusion

A défaut de déclaration dans les délais prescrits, le créancier et forclos, c.à.d. qu’il ne sera pas
admis à la participation à l’apurement du passif. Le créancier est donc évincé des répartitions
éventuelles. Cependant, le créancier peut être relevé de sa forclusion par le juge commissaire
dan le cas où il établie une preuve d’impunité (créance fiscale à la suite d’un contrôle fiscale
opéré après l’ouverture, maladie grave induisant une perte de connaissance, le créancier a été
empêché, incapable de désigner un avocat pour le représenter).

L’action en relevé de forclusion peut être exercée dans un délai d’un an à compter de la
date d’ouverture des procédures collectives. Le juge vérifiera non pas le bien fondé de la
créance, mais le motif invoqué par le créancier demandeur pour justifier son extériorité au
défaut de déclaration. Les créances qui n’étaient pas déclarées et qui ne donnent pas lieu à un
relevé de forclusion sont éteintes. L’action à la forclusion se prescrit elle-même par un an à
compter du jugement d’ouverture.

Question8 :Plan de continuation :

Le tribunal décide de la continuation de l'entreprise lorsqu'il existe des possibilités sérieuses


de redressement et de règlement du passif.

Les possibilités de redressement doivent être appréciées de manière prioritaire: la référence au


règlement du passif, la réalisation des bénéfices, les compétences des dirigeants. Il en résulte
que le jugement doit prendre en considération tous ces aspects pour assurer le redressement de
l'entreprise.

A- La durée du plan de l'entreprise


Le tribunal décide de la continuation sur rapport du syndic et après avoir entendu le chef de
l'entreprise, les contrôleurs et les délégués du personnel.

La durée du plan est fixée par le tribunal sans excéder dix ans.

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B- Le contenu du plan de l'entreprise

En général le plan de continuation comporte trois volets:


Le règlement du passif: le plan doit prévoir les modalités d'apurement du passif et organiser le
financement de l'entreprise pendant la période du plan. Dans ce cas le règlement prévu par le
plan de continuation distingue trois catégories de créanciers.
1- Créances nées antérieurement au jugement d'ouverture.
2- Créances nées entre le jugement de redressement judiciaire et le jugement du plan de
continuation et de cession
3- Créances née après le jugement qui fixe le plan de continuation et de cession.

- le plan impose des délais de paiement uniformes. Ces délais peuvent excéder la durée du
plan et le premier paiement doit intervenir dans le délai d'un an.
- Le remplacement des dirigeants: Le plan peut ainsi imposer certaines contraintes aux
dirigeants. En effet, la présence de dirigeants médiocres, maladroits ou malhonnêtes empêche
le redressement judiciaire,
- La modification des statuts: Le plan prévoit également la modification des statuts de la
personne morale. Le changement le plus fréquemment envisagé est une augmentation de
capital.

Question 9 : Le plan de cession


La cession de l'entreprise a pour objet la transmission à un tiers qui en paye le prix et prend
des engagements en vue de son redressement. La cession de l'entreprise peut être totale ou
partielle, dans ce cas elle comprend tous les biens affectés à l'activité du commerçant.

Le plan de cession se différencie du plan de continuation dans la mesure ou dans le premier


cas le débiteur lui-même qui assure la continuité. Dans le second cas, la charge de l'entreprise
est transférée à un tiers.

Cette cession a pour but d'assurer le maintien d'activités susceptibles d'exploitation autonome
de tout ou partie des emplois qui y son attachés et d'apurer le passif.

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A- Les conditions de fond de la cession
Parmi les conditions de fond de la cession:
1-La cession totale ou partielle doit avoir un caractère global. Par conséquent, elle doit porter
non sur des biens isolés mais sur des ensembles fonctionnels, c'est-à-dire des branches
d'activités complètes et autonomes (chaînes de productions, usine), permettant la continuité de
l'entreprise.

2- A la différence de la continuation, la cession ne porte que sur les actifs. Par conséquent, le
repreneur fait démarrer son affaire dès lors sans passif.

3- L'entreprise doit logiquement être susceptible de cession. En ce sens, la cession doit


permettre le redressement définitif de l'entreprise et veiller à la préservation des emplois..

D'autres conditions de fond :


il s'agit de l'impossibilité pour le débiteur de continuer l'exploitation.
La cession de l'entreprise se fait sans l'accord de ses propriétaires par conséquent, toute
entreprise mise en redressement judiciaire serait une entreprise à vendre.
B- Les conditions de forme de la cession

La cession est une opération à la fois volontaire et judiciaire. Le législateur a posé des règles
procédurales à respecter pour apprécier la pertinence de celle-ci. Il convient d'étudier la
procédure à respecter pour déposer une offre valide au greffe du tribunal de commerce et les
voies de recours.

1- Premier volet :

 L'auteur de l’offre:
Aux termes des dispositions du Code de commerce « Dès l'ouverture de la procédure, les tiers
à l'entreprise sont admis à soumettre au syndic des offres tendant au maintien de l'entreprise ».
Au sens général, est un tiers toute personne étrangère par rapport au débiteur personne
physique et morale soumise à la procédure de redressement judiciaire.

 Les caractères de l'offre:

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Toute décision judiciaire de cession de l'entreprise intervient sur le fondement d'une offre qui
doit être simple et non conditionnelle. Il convient de préciser qu'elle doit comporter plusieurs
mentions obligatoires:
1- La nécessité d'un écrit,
2- Les indications obligatoires : l'offre concernée doit comporter plusieurs indications, nous
retenons les plus importantes:
- Le prix de la cession et de ses modalités de règlement
- La date de la réalisation de la cession
- Le niveau et les perspectives de l'emploi
- Les garanties souscrites en vue d'assurer l'exécution de l'offre
3- Le dépôt des offres au g:reffe : La remise de l'offre est soumise à un certain délai, le délai
de la communication des offres dans 15 jours au minimum avant le déroulement de
l'audience au cours de laquelle le tribunal l'examinera.
La modification de l'offre: l'offre ne peut être modifiée ou retirée après la date du dépôt du
rapport du syndic, mais le tribunal peut accepter une modification de l’offre si celle-ci
présente une amélioration incontestable.

2- Second volet:
Le plan de cession est déterminé sur décision du tribunal, il est donc normal de rechercher
dans quelles conditions et sous quelles formes, il pourrait être attaqué (n'importe quel
intéressé par déclaration au greffe du tribunal commercial dans un délai de 10 jours à
compter de la notification de la décision).

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Quéstion10 : La période d’observation
 
A. Durée
 
Le jugement d’ouverture de redressement ouvre une période d’observation d’une durée de 4
mois renouvelable une fois (le délai est le même quelle que soit la taille de l’entreprise),
pendant laquelle l’activité est poursuivie.
 
Cette période est interrompue, soit pour arrêter le plan de redressement lorsque celui-ci est
prêt, soit pour prononcer la liquidation judiciaire lorsqu’ aucune autre solution n’est
envisagée.
 

B. Finalité
 
Cette période est mise à profit pour étudier les perspectives de redressement avec l’assistance
d’un syndic et en présence du représentant des créanciers (les contrôleurs).
 
Etablissement d’un bilan économique et social
 
Un rapport est établi par le syndic ; il présente, à partir des informations collectées, un bilan
de la situation comptable, financière, sociale de l’entreprise et précise l’origine, la nature et
l’importance de ses difficultés

Elaboration d’un plan de redressement

Le syndic prépare le projet de plan qui concerne trois domaines :


 
o domaine financier : le projet détermine les modalités de règlement du
passif( délais, remises de dettes), fait état des ventes d’éléments d’actifs
envisageables, des offres de rachat faites par les tiers et indique les garanties
éventuelles souscrites par toute personne pour en assurer l’exécution ;

o domaine économique : compte tenu des perspectives de redressement et des


moyens de financement trouvés, le projet envisage les structures et l’activité de
l’entreprise pour l’avenir ;

o domaine social : le projet expose les perspectives d’emploi et les problèmes


sociaux recensés dans l’hypothèse de la poursuite de l’activité.
 
Au cours de cette période, les poursuites des créanciers sont arrêtées, mais aucune décision
irréversible n’est prise. Toutes les éventualités demeurent possibles (continuation, cession ou
liquidation).

C. Issue de la période d’observation


 
A l’issue de la période d’observation, le jugement de redressement judiciaire aboutit soit à
un plan de continuation de l’entreprise avec un remboursement des dettes étalé dans le
temps, soit à un plan de cession avec la vente de l’entreprise à un repreneur.

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Question 11 : Suspension provisoire des poursuites dans le règlement
amiable :

Si le président du tribunal estime qu'une suspension provisoire des poursuites serait de nature
à faciliter la conclusion de l'accord, le conciliateur peut saisir le président du tribunal. Après
avoir recueilli l'avis des principaux créanciers, ce dernier peut rendre une ordonnance la
prononçant pour une durée n'excédant pas le terme de la mission du conciliateur.
 
 Cette ordonnance suspend ou interdit toute action en justice de la part de tous les
créanciers dont la créance a son origine antérieurement à ladite décision et tendant :
   1° A la condamnation du débiteur au paiement d'une somme d'argent ;
   2° A la résolution d'un contrat pour défaut de paiement d'une somme d'argent.

 Cette ordonnance   arrête ou interdit également toute voie d'exécution de la part de ces
créanciers tant sur les meubles que sur les immeubles.

 Les délais impartis à peine de déchéance ou de résolution des droits sont, en


conséquence, suspendus.

   Sauf autorisation du président du tribunal, l'ordonnance qui prononce la suspension


provisoire des poursuites interdit au débiteur, à peine de nullité, de payer, en tout ou
partie, une créance quelconque née antérieurement à cette décision, ou de désintéresser
les cautions qui acquitteraient des créances nées antérieurement, ainsi que de faire un
acte de disposition étranger à la gestion normale de l'entreprise ou de consentir une
hypothèque ou un nantissement. Cette interdiction de payer ne s'applique pas aux
créances résultant du contrat de travail.

Question12 : Arrêt des poursuites individuelles dans le jugement


d’ouverture

Le jugement d’ouverture suspend ou interdit toute action en justice de la part de tous les
créanciers dont la créance est antérieure audit jugement et tendant à la condamnation de
l'entreprise débitrice au paiement d'une somme d'argent ou à la résolution d'un contrat pour
défaut de paiement.

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Les instances en cours sont suspendues jusqu'à ce que le créancier déclare sa créance au
syndic, soit au maximum deux mois à compter de la publication du jugement d'ouverture au
bulletin officiel pour les créanciers domiciliés au Maroc, soit quatre mois pour les créanciers
domiciliés à l'étranger. Après cette durée, les créanciers reprennent de plein droit la possibilité
d'ester en justice contre le syndic et non pas contre les représentants de l'entreprise.

Question 13 : La procédure de conciliation

La conciliation est une des deux procédures préventives (avec le mandat ad hoc) qui sont à la
disposition des entreprises qui connaissent des difficultés de nature à compromettre la
continuité de leur exploitation. Ce sont des procédures de règlement amiable des difficultés
des entreprises.

La conciliation permet au dirigeant d'entreprise de négocier ses dettes sous l'égide d'un
conciliateur désigné par le président du Tribunal de Commerce. Cette procédure est
contractuelle et confidentielle.

Les conciliateurs sont souvent des administrateurs judiciaires qui justifient d'une expérience
reconnue en matière de redressement d'entreprises et de négociations avec les créanciers
(banques, organismes fiscaux et sociaux, principaux fournisseurs).

Le chef d'entreprise peut proposer le nom d'un conciliateur. Il peut aussi récuser le
professionnel désigné. Lors de la désignation du mandataire, le coût de son intervention est
déterminé en accord avec le chef d'entreprise.

La durée de la procédure de conciliation est de 3mois, renouvelable pour un mois à la


demande exclusive du conciliateur.

Comme dans le mandat ad hoc, l'objectif de la procédure de conciliation est le suivant :


trouver un accord entre l'entreprise et ses principaux créanciers pour lui permettre de
surmonter ses difficultés, tout en prenant en compte l'intérêt des créanciers. La solution se
trouve donc dans une négociation dans le cadre d'un échelonnement des dettes.

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Le dirigeant adresse ou remet sa requête aux fins d'ouverture d'une procédure de conciliation
au président du tribunal de commerce. Elle doit être datée, signée, accompagnée des pièces
nécessaires, et transmise au greffe du tribunal de commerce. Après examen du dossier, le
président du tribunal ou le juge délégué fait convoquer par le greffier le dirigeant à un
entretien pour y recueillir ses explications.

Question 14 : Rôle du président du tribunal en matière de la prévention des


difficultés de l’entreprise

Selon les dispositions du code de commerce et dans le cadre de la prévention interne, S’il a
été constaté que malgré les décisions prises par l’assemblée générale ou faute d’une
délibération de la dite assemblée générale, la continuité de l’exploitation demeure
compromise, le président du tribunal en est informé par le commissaire aux comptes ou par le
chef d’entreprise.

Le président du tribunal convoque le chef de l’entreprise pour essayer de trouver une solution
pour maintenir la continuité de l’exploitation de l’entreprise.

Le président du tribunal peut, obtenir communication, par le commissaire aux comptes, les
administrations, les organismes publics ou le représentant du personnel ou par toute autre
personne, des renseignements de nature à lui donner une exacte information sur la situation
économique et financière du débiteur.

-Dans le cadre de la prévention externe, l’intervention du président du tribunal de


commerce ne se fonde pas, sur une saisine au sens judiciaire, c’est-à-dire d’acte, de demande
ou de requête, permettant au tribunal de connaître d’un différend et de le résoudre par un
jugement. Il est simplement informé de l’existence d’une difficulté soit par le commissaire
aux comptes, soit par le chef d’entreprise, soit par le fait d’une autre procédure en cours
et dont le greffe notamment lui communique un acte ou une information

Le président informé par le commissaire aux comptes ou par une autre procédure, convoque
alors le chef d’entreprise pour l’amener à trouver une solution.

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-Dans le cadre du règlement amiable, s’il apparaît que les difficultés de l’entreprise sont
susceptibles d’être résolues grâce à L’intervention d’un tiers à même de réduire les
oppositions éventuelles des partenaires habituels de l’entreprise, le président du tribunal le
désigne en qualité de mandataire spécial ; il lui assigne une mission et un délai pour
l’accomplir.

S’il apparaît que les propositions du chef de l’entreprise sont de nature à favoriser le
redressement de l’entreprise, le président du tribunal ouvre le règlement amiable. Il désigne
un conciliateur pour une période n’excédant pas trois mois mais qui peut être prorogée d’un
mois au plus à la demande de ce dernier. Le président du tribunal détermine la mission du
conciliateur, dont l’objet est de favoriser le fonctionnement de l’entreprise et de rechercher la
conclusion d’un accord avec les créanciers.il lui communique les renseignements dont il
dispose.
Le conciliateur s’il estime qu’une suspension provisoire des poursuites serait de nature à
faciliter la conclusion de l’accord, il peut saisir le président du tribunal. Après avoir recueilli
l’avis des principaux créanciers, ce dernier peut rendre une ordonnance fixant la suspension
pour une durée n’excédant pas le terme de la mission du conciliateur.

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