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Les difficultés d’entreprises en droit

marocain
13 janvier 2021/par Mohamed Benjelloun

Les procédures collectives correspondent aux mesures prises pour prévenir les difficultés
d’entreprises.

Image par Andrew Khoroshavin de Pixabay 

En effet, lorsqu’une entreprise fait face à des évènements qui menacent la continuité de son
exploitation, certaines mesures légales sont à prendre. Avant qu’elle ne soit en cessation de
paiement, le législateur marocain a mis en place des procédures pour cette situation. Ces
procédures ressortent du code de commerce.

Ces procédures, dont l’objectif est de prévenir les difficultés d’entreprises, sont nommées les
procédures collectives. Ce sont toutes les procédures décidées par un juge. Elles visent à
redresser ou à liquider une entreprise qui rencontre des difficultés d’ordre économique. Les
mesures de prévention de difficultés d’entreprises sont des mesures judiciaires qui ont pour
objectif de garantir la poursuite de l’activité. En outre, elles ont pour objectif de maintenir
l’emploi, tout en respectant les droits des créanciers.

Il existe trois formes de procédures en fonction du degré des difficultés d’entreprises


rencontrées à savoir :

 D’abord, la procédure de sauvegarde,


 Ensuite, le redressement judiciaire et
 Enfin, la liquidation judiciaire.

Difficultés d’entreprises : La procédure de sauvegarde


C’est un recourt de droit ouvert aux entreprises rencontrant des difficultés financières. Elle
concerne les entreprises qui ne sont pas encore en état de cessation de paiement. Cette
procédure intervient pour protéger les entreprises en difficulté en suspendant le paiement de
dettes à l’ouverture de la procédure. 

Elle a pour objet de permettre à l’entreprise de surmonter ses difficultés afin de :

 Premièrement, garantir la poursuite de son activité,


 Egalement, maintenir l’emploi
 Et enfin, apurer le passif de l’entreprise.

Qui sont concernés et qui peut faire la demande d’ouverture de la procédure ?

La procédure de sauvegarde concerne :

– Les commerçants personnes physiques


– Les sociétés commerciales dont la S.A ou la SARL

Elle peut être ouverte sur demande du chef d’entreprise.

Comment se déroule la procédure de sauvegarde ?

Le chef d’entreprise fait une demande d’ouverture de procédure de sauvegarde. Il dépose sa


demande au secrétariat du greffe du tribunal compétent. Dans cette demande, il doit
mentionner la nature des difficultés susceptibles de compromettre la continuité de
l’exploitation de l’entreprise. La demande doit comporter tout document montrant clairement
la nature des difficultés d’entreprises. Le chef d’entreprise doit accompagner sa demande d’un
plan de sauvegarde.

Le tribunal statue sur l’ouverture de la procédure de sauvegarde 15 jours après la demande.

Avec le concours du chef d’entreprise, le syndic analyse la situation et établi un rapport


détaillé. Dans ce rapport, il précise la situation financière, économique et sociale de
l’entreprise. Il le propose ensuite au tribunal. Le tribunal décide soit de l’approbation du
projet de sauvegarde ou sa modification. Il peut aussi ordonner le redressement de l’entreprise
en difficulté ou sa liquidation judiciaire.

 Difficultés d’entreprises – Le redressement judiciaire


Lorsqu’une entreprise fait face à de grandes difficultés financières, il se peut qu’elle soit en
état de cessation des paiements. La cessation est l’incapacité de faire face à son passif
exigible. Ceci signifie que ses dettes dépassent son actif disponible.

Qui peut demander l’ouverture de cette procédure ?

La procédure de redressement judiciaire s’applique à toute entreprise commerciale qui se


trouve en cas de cessation de paiement.

Pour l’ouverture de cette procédure, certaines personnes peuvent faire la demande à savoir :

– Le chef d’entreprise

– Un créancier

– Le tribunal de son propre chef, ou sur requête du ministère public ou du président du


tribunal.

Comment se déroule la procédure de redressement judiciaire

Lorsque le débiteur fait la demande d’ouverture de redressement, le tribunal après examen de


la situation rend un jugement. Le jugement prononce l’ouverture d’une procédure pour le
redressement judiciaire.

Afin qu’un intéressé demande l’ouverture d’une procédure de redressement, il doit compléter
une déclaration de cessation des paiements. Ensuite, la déposer auprès du tribunal. Après
ouverture de la procédure de redressement prononcée par le tribunal, l’activité de l’entreprise
se poursuit dans un cadre protecteur.

Ensuite il y a une période d’observation qui permet de faire un bilan de la situation


économique. Son objectif est d’analyser l’origine, la nature, et l’ampleur des difficultés. Elle
vise à étudier les différentes possibilités de redressement de l’entreprise.

Cette procédure peut avoir 4 issues à savoir :

 Premièrement, implémenter un plan de redressement qui a pour finalité que la société


puisse poursuivre son activité. Une poursuite permet de sauvegarder les intérêts des
créanciers et idéalement maintenir les emplois. Cependant, il est possible qu’il soit
nécessaire de supprimer des postes, ou d’exiger le départ du dirigeant de l’entreprise.
 Ensuite, La fin du redressement judiciaire en cas de disparition des difficultés de
l’entreprise. En effet, lorsque l’entreprise dispose des sommes suffisantes pour
désintéresser les créanciers et s’acquitter des frais de procédure.
 La cession partielle ou totale de l’entreprise 
 La prononciation de la liquidation judiciaire si, durant la phase d’observation, la
situation de l’entreprise dégénère. Ceci signifie que les conditions de la liquidation
sont réunies. Le tribunal peut prononcer la conversation de la procédure de
redressement judiciaire en liquidation judiciaire.

Difficultés d’entreprises – La liquidation judiciaire


La procédure de liquidation concerne les entreprises dont la situation est irrémédiablement
compromise.

C’est la procédure qui intervient lorsque le redressement judiciaire a échoué. Elle a pour
objectif de mettre fin définitivement à l’activité de l’entreprise en difficulté tout en
désintéressant les créanciers. 

Qui sont concernés et qui peut faire la demande d’ouverture ?

La procédure de liquidation a vocation à concerner les entreprises qui :

– Sont en état de cessation de paiements

– Sont dans l’impossibilité manifeste de se redresser

– Elles s’adressent exclusivement aux petites entreprises

Le tribunal prononce l’ouverture de la procédure lorsqu’il lui apparaît que la situation de


l’entreprise est irrémédiablement compromise. Cette ouverture se fait soit, d’office ou à la
demande du chef de l’entreprise, d’un créancier ou du ministère public.

Déroulement de la procédure de liquidation judiciaire


Les organes de cette procédure de gestion de difficultés d’entreprises sont le syndic et le juge-
commissaire. 

Dès que le tribunal ouvre la procédure, le chef d’entreprise se dessaisi de l’administration. Il


se dessaisi également de la disposition de ses biens. Le tribunal nomme un syndic pour
administrer l’entreprise.

Comment se déroule la liquidation

Ici, on commence par la réalisation de l’actif qui se passe ainsi :

 D’abord, la vente d’immeuble aura lieu suivant les formes prescrites en matière de
saisie immobilière. Par dérogation, le juge commissaire a la possibilité de fixer le prix
et les conditions de la vente;
 Ensuite, les unités de production qui composent l’actif mobilier peuvent faire l’objet :
o Soit, d’une cession globale,

o Ou alors d’une cession par parties

Il est à noter que pour les biens meubles le juge commissaire a le choix. Il peut ordonner leur
vente soit, aux enchères publiques ou alors, de gré à gré.

Par ailleurs, pour favoriser la transparence, la vente des immeubles se fait toujours aux
enchères publiques.

Il y a deux modes de réalisation de l’actif :

Premier mode : la cession en activité

Selon ce mode c’est une activité ou l’activité de l’entreprise qu’on cède principalement.

Second mode : la cession en parties

Selon ce mode, ce sont les actifs isolés qu’on cède et ici tous les salariés sont licenciés.

Ensuite il y a l’apurement du passif. Le jugement qui ouvre ou prononce la liquidation


judiciaire entraîne la déchéance du terme. Ceci signifie que les créances qui n’étaient pas
arrivées à échéance deviennent exigibles.

La procédure de liquidation peut se terminer de deux manières : 

 Soit, on rembourse tous les créanciers. Si l’entreprise a encore de l’argent on parle de


boni de liquidation, que les associés peuvent se distribuer. 
 Ou alors, elle peut se clôturer pour insuffisance d’actif. En effet, ceci signifie que
l’entreprise n’a plus assez d’argent pour rembourser tous ses créanciers. 

Dans ce deuxième cas, le dirigeant engage sa responsabilité si l’insuffisance d’actif émane


d’une faute de gestion.
En conclusion, ces procédures visent à protéger et à prévenir la faillite et à mieux gérer les
difficultés d’entreprises.

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