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LA PROCÉDURE DE REDRESSEMENT JUDICIAIRE

 Les conditions d’ouverture de la procédure


“Article 575”: La procédure de redressement judiciaire s’applique à toute entreprise commerciale en
cessation de paiement ;
La cessation de paiement est établie dès lors que l’entreprise est dans l’impossibilité de faire face au
passif exigible avec son actif disponible, y compris les créances résultant des engagements pris dans le
cadre de l’accord amiable prévu à l’article 556.
“Article 576”: Le chef de l’entreprise doit demander l’ouverture d’une procédure de redressement
judiciaire au plus tard dans les trente jours qui suivent la date de la cessation de paiement de
l’entreprise.
“Article 577”: Le chef de l’entreprise dépose sa demande au greffe du tribunal. Sa demande énonce
les causes de la cessation de paiement et doit être accompagnée notamment des documents
suivants :
– les états de synthèse du dernier exercice comptable, visés par le commissaire aux comptes s’il
en existe ;
– l’énumération et l’évaluation de tous les biens mobiliers et immobiliers de l’entreprise ;
– la liste des débiteurs avec l’indication de leurs la dresses, e montant des droits de l’entreprise
et garanties à la date de cessation de paiement ;
– la liste des créanciers avec l’indication de leurs adresses, le montant de leurs créances et
garanties à la date de cessation de paiement ;
– le tableau des charges ;
– la liste des salariés, ou leurs représentants s’ils existent ;
– copie du modèle 7 du registre de commerce ;
– le bilan de l’entreprise pendant le dernier trimestre.

NB : Les documents présentés doivent être datés et visés par le chef de l’entreprise et dans le cas où
l’un des documents susmentionnés n’ai pas fourni ou ne peut l’être qu’incomplètement, le tribunal met
en demeure le chef de l’entreprise de fournir ou compléter ledit document.
• Dans tous les cas, le tribunal peut ordonner toute mesure utile pour s’assurer de la
cessation de paiement de l’entreprise, y compris le fait d’obtenir communication, nonobstant toute
disposition législative contraire, par le commissaire aux comptes, s’il en existe, les représentants des
salariés, les administrations de l’Etat et les autres personnes de droit public, les établissements de
crédit et les organismes assimilés, les organismes financiers ou toute autre partie, des renseignements
de nature à lui donner une exacte information sur la situation économique, financière et sociale de
l’entreprise.
• Lors du dépôt de la demande d’ouverture de la procédure de redressement, le président
du tribunal fixe un montant pour couvrir les frais de publicité et d’administration de la procédure,
devant être versé sans délai à la caisse du tribunal par l’entreprise.
• Lorsque l’entreprise est incapable d’effectuer ce paiement, les frais précités peuvent
être payés par le créancier ayant un intérêt dans l’ouverture de la procédure de redressement. Dans ce
cas, les frais précités sont réputés créances de l’entreprise.
• Toutefois, et hormis le cas de l’ouverture de la procédure sur demande du chef de l’entreprise,
la procédure peut être déclenchée exceptionnellement dans certains cas à l’encontre du débiteur par
des tiers, à savoir: ⁃ Par un créancier quelle que soit la nature de sa créance. (Art 578)
⁃ Par le tribunal qui peut aussi se saisir d’office ou sur requête du ministère public
ou du président du tribunal dans la limite de ses attributions en matière de prévention externe.
⁃ Dans le cas d’un commerçant (un commerçant ou un artisan qui a mis fin à son
activité ou qui est décédé. Deux conditions doivent être réunies afin que soit recevable, la
demande d'ouverture des procédures collectives. En effet, la cessation des paiements doit être
antérieure au décès ou à la retraite et le tribunal doit avoir été saisi dans un délai de un an à
compte du décès ou de la retraite (Article 579)
⁃ Dans le cas d’un associé tenu solidairement et indéfiniment du passif social dans
une société en nom collectif, dans le délai d’un an à partir de sa retraite lorsque l’état de
cessation de paiements de la société est antérieur à cette retraite. (Article 580)
II- le jugement d'ouverture des procédures de traitement des difficultés de l'entreprise
- La juridiction compétente
⁃ Le tribunal compétent pour prononcer l'ouverture des procédures de traitement des
difficultés de l'entreprise est le tribunal de commerce du principal établissement et du siège de la
société.
⁃ Ce même tribunal demeure compétent pour toutes les actions se rapportant à
l'administration de la procédure ou celle dont la solution requiert l'application de la législation relative
aux droits des difficultés de l'entreprise. Le tribunal statue sur la procédure après avoir entendu ou
dûment appelé le chef d'entreprise en chambre de conseil.
⁃ Il peut également entendre toute personne dont l'audition lui parait utile sans qu'elle
puisse invoquer le secret professionnel.
⁃ Il peut aussi requérir l'avis de toute personne qualifiée; il statue au plus tard dans les
15 jours de sa saisine en prononçant le redressement judiciaire si la situation de l'entreprise n'est pas
irrémédiablement compromise, ou la liquidation judiciaire dans le cas où la situation de l'entreprise
s'avère irrémédiablement compromise.
B- Le jugement d'ouverture :
a: Le contenu du jugement:
Le jugement d'ouverture d'une procédure de traitement des difficultés de l'entreprise fixe la date de
cessation de paiement et désigne les organes chargés de l'exécution de la procédure.
1- La fixation de la date de cessation de paiement:
La date de cessation de paiement doit être fixée dans le jugement d'ouverture, à défaut de fixation, elle
est réputée avoir lieu à la date du jugement. (La date ne peut être antérieure à plus de 18 mois de la
date du prononcé du jugement)
2- La désignation des organes de la procédure:
Le jugement d'ouverture désigne un juge commissaire parmi les magistrats du tribunal. Par
ailleurs, le tribunal nomme un syndic dont la fonction est exercée par le greffier. Toutefois, le
tribunal peut confier cette mission à un tiers. Enfin, le tribunal procède à la désignation de
contrôleurs parmi les créanciers et à la demande de ces derniers.
b- La publication du jugement d'ouverture:
L'état de redressement ou de liquidation judiciaire constaté par la décision du tribunal va
s'imposer à tous, et il est donc nécessaire de faire connaître aux tiers, la nouvelle situation juridique
du débiteur, d'autant plus que le jugement prend effet à partir de sa date.
Par ailleurs, ce jugement aura des incidences aussi bien à l'égard du débiteur qu'à l'égard des
créanciers. L'ensemble de ces considérations explique la quadruplication qu'à été prévue par le
législateur dans ce domaine.
En 1er lieu : le jugement d'ouverture doit être mentionné sans délai au registre de commerce.
En 2nd lieu : dans un délai de 8 jours de la date du jugement, un avis de la décision est publié dans un
journal d'annonces légales et au Bulletin Officiel. Cet avis invite les créanciers à déclarer leur créance
au syndic désigné.
En 3ème lieu : l'avis du jugement doit être affiche au panneau réservé à cet effet au tribunal.
En dernier lieu : dans le même délai de 8 jours, le jugement est notifié à l'entreprise par les soins du
greffier.
c: Les organes de la procédure de traitement des difficultés de l'entreprise
1: Le tribunal
Le tribunal qui rend le jugement d'ouverture détient le pouvoir d'administration et de direction de
la procédure. A cet effet, il dispose d'une compétence élargie pour connaître de toute les contestations
découlant des procédures de redressements et de liquidations judiciaires, comme l'extension des
procédures à une entreprise du fait de la confusion du patrimoine, ou aux dirigeants de l'entreprise
lorsque les conditions sont réunies.
2 : Le juge commissaire (L.C)
Il est désigné parmi les magistrats du tribunal par le jugement d'ouverture, son rôle est de
veiller au déroulement rapide de la procédure et à la protection des intérêts en présence ».
Afin d'accomplir son rôle, le juge commissaire reçoit des infos de diverses sources à savoir, le
syndic, les contrôleurs, les créanciers, et le procureur du roi.
-Pouvoirs
Le juge commissaire dispose des pouvoirs suivants :
⁃ Il contrôle l'action du syndic.
⁃ Il joue un rôle décisif dans la procédure des admissions des créanciers.
⁃ Il dispose du pouvoir de demander le remplacement du syndic.
⁃ Il arrête l'état des créances et décide s'il y'a lieu ou non de procéder à leur
vérification.
- Il désigne enfin un à trois contrôleurs parmi les créanciers qui lui font la demande.
Par ailleurs, le juge commissaire dispose du pouvoir d'ordonner ou d'autoriser un certain nombre
d'actes qui dépassent la compétence du syndic. Aussi en cas de cession de l'entreprise, le juge
commissaire peut demander des explications complémentaires sur l'effort fait par un candidat à
l'acquisition.
Les décisions du juge commissaire sont prises sous forme d'ordonnances. Ces ordonnances sont
exécutoires par provision et immédiatement déposées au greffe.
3 : le syndic
- Statuts
⁃ La fonction du syndic peut être assurée par le greffe ou le cas échéant par un tiers.
⁃ le syndic a pour seule qualité pour agir au nom et dans l'intérêt des créanciers sous réserve des
droits reconnus aux contrôleurs.
-Pouvoirs
⁃le syndic prend toute mesure pour informer et consulter les créanciers.
⁃A l’égard du débiteur, le rôle du syndic varie suivant la nature de la procédure :
C'est ainsi que dans le cadre de redressement judiciaire, et lorsqu'il y'a continuation de la
procédure, le rôle du syndic est fixé par le jugement qui le désigne. Sa mission peut consister soit
dans la surveillance des opérations de gestion, soit dans l'assistance du chef de l'entreprise pour
les actes de gestion ou seulement certains d'entre eux, soit dans le fait d'assurer seul entièrement
ou en partie la gestion de l'entreprise.
+ Le tribunal peut à tout moment modifier la mission du syndic, d'office ou à sa demande.
4 : les contrôleurs
- Statuts :
+ Le juge commissaire désigne 1 ou 3 contrôleurs, personne physique ou morale. En général ces
contrôleurs sont désignés parmi les créanciers importants et sur leur demande, afin de mieux
surveiller leurs intérêts.
+ Dans la désignation des contrôleurs, le juge commissaire veille à ce que l'un d'entre eux soit
choisi parmi les créanciers titulaires de sureté et qu'un autre soit parmi les créanciers
chirographaires.
-Pouvoirs
+ La mission des contrôleurs consiste dans l'assistance du syndic dans ses fonctions et le juge
commissaire dans ses attributions de surveillance et d'administration de l'entreprise.
+ Les contrôleurs ont le droit de prendre connaissance de tous les documents transmis au syndic. Ils
rendent compte aux autres créanciers de l'accomplissement de leur mission à chaque étape de la
procédure. Ils peuvent être invoqués par le tribunal sur opposition du syndic ou du juge
commissaire.

III : Le plan de redressement


A- Préparation du plan
1 : Projet de plan
+ Le jugement de redressement judiciaire ouvre une période d'attente qui permet au syndic de
dresser dans un rapport le bilan financier, économique et social de l'entreprise avec le concours
du débiteur et l'assistance éventuelle d'un ou plusieurs experts. Ce bilan doit préciser l'origine,
l'importance et la nature des difficultés de l'entreprise. Au vu de ce bilan, le syndic propose au
juge commissaire un projet de plan de redressement tendant, soit à la continuation de
l'entreprise, soit à sa cession. La durée limite assignée au syndic pour faire ces propositions est
de quatre mois à compter de la date du Jugement d'ouverture de la procédure. Ce délai est
renouvelable une fois à la demande du syndic.
+ Au total, le syndic a donc huit mois pour proposer un plan de redressement au juge-
commissaire.
1/Contenu du projet de plan.
+ Le projet doit pouvoir déterminer les perspectives de redressement. C'est en fonction des
possibilités et des modalités d'activités, de l'état du marché et des moyens de financement
disponibles qu'il pourra se prononcer. L'analyse financière de la situation doit révéler si
l'entreprise est capable de financer correctement le maintien et le développement de ses éléments
d'actif productif. L'analyse économique doit permettre d'apprécier la situation commerciale de
l'entreprise : valeur de ses produits ou services sur le marché, situation de la concurrence, etc.
+ Le projet doit, en outre, définir les modalités de règlement du passif et les garanties éventuelles que
le chef d'entreprise doit souscrire pour en assurer l'exécution. Les propositions présentées pour le
règlement des dettes sont, au fur et à mesure de leur élaboration et sous la surveillance du juge
commissaire, communiquées par le syndic (ou le débiteur) aux contrôleurs.
+ Enfin, le projet expose et justifie le niveau et les perspectives d'emploi ainsi que les conditions
sociales envisagées pour la poursuite de l'activité. S'il prévoit des licenciements pour motif
économique, il devra préciser les actions à entreprendre en vue de faciliter le reclassement et
l'indemnisation des salariés dont l'emploi est menacé.
2/Informations et consultations préparatoires:
+ Outre les mesures exceptionnelles pour l'information du tribunal, le législateur organise une large
circulation des renseignements pendant la phase d'élaboration du bilan financier, économique et social
et du projet de plan.
+ Le syndic reçoit des commissaires aux comptes et de l'administration tout document et toute
information pour l'accomplissement de sa mission et de celle des experts
+ Il reçoit le rapport d'expertise qui a été établi pour le règlement amiable si la procédure de
redressement succède à celle du règlement amiable
+ Il entend toute personne susceptible de l'informer sur la situation et les perspectives de
redressement de l'entreprise, les modalités de règlement du passif, et les conditions sociales de la
poursuite de l'activité
+ Il rend compte de l'avancement de ses travaux au juge-commissaire.
3-Offre de reprise:
D'une certaine façon, l'entreprise défaillante est à vendre dès le déclenchement du redressement
judiciaire. Le législateur donne ainsi la possibilité à des tiers à l'entreprise de faire des offres pour
maintenir l'activité de l'entreprise. Ainsi la loi prévoit cette intervention des tiers dès l'ouverture
de la procédure. Les offres doivent être soumises au syndic immédiatement selon l'une des
modalités susceptibles d'être envisagées par le plan : continuation de l'entreprise, cession ou
liquidation judiciaire. Les offres sont annexées au rapport du syndic, qui en fait l'analyse.
4-Consultation des créanciers:
Les propositions pour le règlement des dettes comportent habituellement des délais et des remises.
Elles sont communiquées aux contrôleurs par le syndic, sous la surveillance du juge-
commissaire.
+ Le syndic communique ces propositions aux créanciers ayant déclaré leur créance et recueille
l'accord de chacun," individuellement ou collectivement". Le législateur a fait allusion à l'existence
d'un intérêt collectif des créanciers pour permettre à ceux-ci de trouver le moyen de confronter leurs
intentions, et d'arrêter une position commune.
+ Les délais et les remises qui peuvent être acceptés par les créanciers n'ont de valeur que dans la
perspective d'un plan de continuation de l'entreprise. En effet, la loi n'impose la consultation des
créanciers qu'en vue d'un plan continuation.
5- Reconstitution du capital:
Lorsque le syndic envisage de proposer un plan de continuation au tribunal impliquant une
modification du capital, il demande au conseil d'administration, au directoire ou aux gérants, selon le
cas, de convoquer une assemblée générale extraordinaire ou l'assemblée des associés.
+ Si, du fait des pertes constatées dans les documents comptables, les capitaux propres sont inférieurs
au quart du capital social, l'assemblée est d'abord appelée à reconstituer les capitaux propres à
concurrence du montant proposé par le syndic qui ne peut être inférieur au quart du capital social. =
« L'hypothèse envisagée ici est celle de l'article 357 de la loi sur la société anonyme, mais la seule
solution possible est l'augmentation du capital, susceptible de procurer à l'entreprise les capitaux frais
dont elle a besoin. »
+ L'assemblée peut également être appelée à décider la réduction et l'augmentation du capital en
faveur d'une ou plusieurs personnes qui s'engagent à exécuter le plan.
+ Ainsi, Si dans la société anonyme, les anciens actionnaires ne veulent pas ou ne peuvent pas
participer à l'augmentation du capital, ils sont appelés à renoncer à leur droit préférentiel de
souscription au profit des étrangers qui acceptent d'apporter les capitaux nécessaires. A défaut,
la société est exposée à une cession ou à une liquidation.
6- Elimination de l'influence des dirigeants:
Le tribunal peut exiger le remplacement d'un ou plusieurs dirigeants sociaux qui veulent par exemple
entraver la nouvelle politique de l’entreprise et subordonner l'adoption du plan de redressement à un
remplaçant si la nécessité de la survie de l’entreprise l’exige.
B- Gestion de l'entreprise
1- la gestion par le débiteur: La gestion de l'entreprise en redressement comporte des restrictions aux
pouvoirs du débiteur et des règles concernant la continuation de l'activité sociale. Ses pouvoirs
dépendent de la mission conférée au syndic. + Le débiteur peut assurer la gestion de l'entreprise
sous la surveillance du syndic Ce dernier (le syndic) peut cependant être chargé d'assister le
débiteur pour tous les actes concernant la gestion ou certains d'entre eux ou d'assurer seul,
entièrement ou en partie de la gestion de l'entreprise + et peut faire fonctionner sous sa
signature les comptes bancaires ou postaux dont le débiteur est titulaire.
2-Interdiction du paiement des dettes antérieures au jugement d'ouverture:
Il est interdit au débiteur comme au syndic de payer en tout ou partie aucune créance née
antérieurement au jugement d'ouverture de la procédure === Car un tel acte ne pourrait
qu'entraver le redressement espéré, et porterait atteinte à l'égalité entre les créanciers.
+ L'interdiction concerne toutes les créances, qu'elles aient ou non leur origine dans l'exploitation
de l'entreprise, qu'elles soient chirographaires ou garanties par une sûreté. Toutefois, Le juge
commissaire peut autoriser le débiteur ou le syndic, selon le cas, à payer une créance antérieure au
jugement, pour retirer une chose remise en gage, lorsque ce retrait est justifié par la poursuite de
l'activité de l'entreprise.
B -Continuation de l'activité
Le code de commerce pose le principe que l'activité de l'entreprise est poursuivie après le
prononcé du jugement de redressement judiciaire. Cependant, à tout moment le tribunal peut
ordonner la cessation de cette activité et prononcer la liquidation judiciaire. Le tribunal statue sur la
demande motivée du syndic, d'un contrôleur, du chef de l'entreprise ou d'office et, dans tous les cas,
sur rapport du juge-commissaire Dans cette phase de la procédure, les dirigeants demeurent en
fonction s'ils ne sont pas frappés d'une interdiction de gérer ou d'administrer.
+ La continuation de l'activité suppose la conclusion de nouveaux contrats dans le cadre des
pouvoirs respectifs du débiteur et du syndic et souvent le maintien des contrats en cours
d'exécution. Toutefois, les droits des créanciers antérieurs sont limités. Les créances produites
sont vérifiées et les créanciers sont consultés sur les perspectives de règlement du passif, en
prévision d'un plan de continuation.
+ Par ailleurs, il faut laisser à l'entreprise le répit nécessaire pour l'établissement d'un bilan et
l'élaboration d'un plan de redressement. La suspension alors s'applique à tous les créanciers dont la
créance a son origine antérieurement au jugement d'ouverture de la procédure. Toutes les
créances sont concernées, qu'elles soient chirographaires ou privilégiées, y compris celle du
Trésor.
1/ Approbation et mise en œuvre du plan:
+ Après avoir appelé le débiteur, les contrôleurs et les délégués du personnel, le tribunal décide au
vu du rapport du syndic et arrête un plan de redressement orienté vers la continuation ou la
cession de l'entreprise ou prononce la liquidation.
La continuation et la cession de l'entreprise sont deux méthodes qui permettent le maintien de
l'activité et de l'emploi et l'apurement du passif. La continuation de l'entreprise peut être facilitée
par la cession de certaines branches d'activité et une restructuration approfondie qui s'accompagne d'un
règlement échelonné des créances. Le prix de la cession est alors réparti entre les créanciers.
Le plan désigne les personnes tenues de son exécution et mentionne l'ensemble des
engagements qui ont été souscrits par elles envers le débiteur ou le syndic et qui sont nécessaires
au redressement de l'entreprise. Il s'agit notamment du lancement de l'entreprise, du règlement du
passif né antérieurement au jugement d'ouverture ainsi que, le cas échéant, des garanties fournies pour
en assurer l'exécution.
Les personnes qui exécutent le plan, même à titre d'associés, ne peuvent pas se voir opposer des
charges autres que les engagements qu'elles ont souscrits au cours de sa préparation. Ces
personnes sont, soit le débiteur au cas de continuation d'entreprise qui est ainsi maintenu à la tête
de son entreprise, soit le repreneur dont les offres d'acquisition sont acceptées par le tribunal au
cas de cession.
Paragraphe 1: Continuation de l'entreprise
Le tribunal décide la continuation de l’entreprise lorsqu'il existe des possibilités sérieuses de
redressement et de règlement du passif. + Le tribunal apprécie les « possibilités sérieuses de
redressement» en tenant compte principalement de l'importance des pertes accumulées, des
résultats de la gestion pendant la première phase de cette procédure, des comptes prévisionnels
établis pour l'avenir.
Si le débiteur est une personne morale, elle doit régler son passif antérieur au jugement
déclaratif dans les conditions arrêtées par le tribunal, sous la menace de cession ou de liquidation.
a- Modification de l'entreprise
La cession d'entreprise a pour but d'assurer le maintien d'activités susceptibles d'exploitation
autonome, de tout ou partie des emplois qui y sont attachés et d'apurer le passif. Comme il a été
indiqué précédemment, le tribunal peut ordonner à la fois la continuation de l'entreprise et une cession
partielle de certains éléments d'actifs. La cession partielle est soumise aux mêmes règles que la cession
totale, sous réserve des différences qui seront soulignées au des cours développements qui suivent.
b-Modalités de cession
1-Offre d'acquisition.
Il a été indiqué précédemment que des offres de reprise de l'entreprise en difficulté peuvent être
déposées dès le jugement qui ouvre la procédure de redressement judiciaire.
+ Les offres doivent être reçues par le syndic dans le délai fixé par celui-ci et qu'il a porté à la
connaissance des contrôleurs.
Toute offre doit indiquer :
1° les prévisions d'activité de financement;
2° le prix de cession et ses modalités de règlement;
3° la date de réalisation de la cession;
4° le niveau et les perspectives d'emploi justifiés par l'activité considérée,
5° les garanties souscrites en vue d'assurer l'exécution de l'offre,
6° les prévisions de vente d'actifs au cours des deux années suivant la cession.
Le juge commissaire peut demander des indications Complémentaires. Le syndic donne au
tribunal tout élément permettant de vérifier le caractère sérieux de l'offre.
c - Décision du tribunal.
Il appartient au tribunal de déterminer l'objet de la cession, qui peut être l'entreprise envisage
globalement, ou un ensemble d'éléments d'exploitation qui forment une branche complète et autonome
d'activité. L'entreprise ne se confond pas avec le fonds de commerce, et la cession d'une
entreprise peut comprendre des éléments qui n'entrent pas dans la composition du fonds de
commerce : ainsi des contrats nécessaires au maintien de l'activité.
+ Entre plusieurs candidats, le tribunal retient l'offre qui permet dans les meilleures conditions
d'assurer le plus durablement l'emploi attaché à l'ensemble cédé et le paiement des créanciers.
d-Cession judiciaire de certains contrats.
Le tribunal détermine les contrats de crédit-bail, de location ou de fournitures qui sont nécessaires au
maintien de l'activité de l'entreprise, au vu des observations (mais non avec le consentement) des
cocontractants du débiteur transmises par le syndic. Le Jugement qui arrête le plan emporte cession de
ces contrats.
Le législateur considère ainsi que les contrats jugés nécessaires au fonctionnement de l'entreprise font
partie intégrante de celle-ci et sont transmis en même temps que l'entreprise, avec toutes leurs
conséquences actives et passives. Ces contrats doivent être exécutés aux conditions en vigueur au jour
de l'ouverture de la procédure nonobstant toute clause contraire. Pour assurer la poursuite de l'activité,
le tribunal peut imposer des délais de paiement au cessionnaire de l'entreprise.
Devant les sacrifices dont il est menacé, le cocontractant dispose de moyens pour défendre ses intérêts.
Tout d'abord il peut, au cours de l'élaboration du plan, présenter ses observations au syndic qui les
transmet au tribunal ; ensuite, le tribunal ne peut se prononcer sur la cession d'un contrat qu'après avoir
convoqué le cocontractant à l'audience, par lettre recommandée avec accusé de réception.
4 - Réalisation des opérations:
En exécution du plan arrêté par le tribunal, le syndic passe tous les actes nécessaires à la réalisation de
la cession. Dans l'attente de l'accomplissement de ces actes, il peut, sous sa responsabilité, confier au
cessionnaire la gestion de l'entreprise.
– La procédure de la liquidation judiciaire
NB : La procédure de liquidation concerne les entreprises dont la situation est irrémédiablement
compromise.
C’est la procédure qui intervient lorsque le redressement judiciaire a échoué. Elle a pour
objectif de mettre fin définitivement à l’activité de l’entreprise en difficulté tout en
désintéressant les créanciers.
1- Qui sont concernés et qui peut faire la demande d’ouverture ?
La procédure de liquidation a vocation à concerner les entreprises qui:
– Sont en état de cessation de paiements
– Sont dans l’impossibilité manifeste de se redresser.
– Elles s’adressent exclusivement aux petites entreprises.
Le tribunal prononce l’ouverture de la procédure lorsqu’il lui apparaît que la situation de l’entreprise
est irrémédiablement compromise. Cette ouverture se fait soit, d’office ou à la demande du chef de
l’entreprise, d’un créancier ou du ministère public.

2- Le déroulement de la procédure de liquidation judiciaire


Les organes de cette procédure de gestion de difficultés d’entreprises sont le syndic qui prend en
charge l’administration de l’entreprise à la place du débiteur dessaisi et le juge-commissaire.
- Les effets à l’égard de l’entreprise : Dès que le tribunal ouvre la procédure, et conformément à
l’article 619 du Code de Commerce, le chef d’entreprise se dessaisi de l’administration. Il se dessaisi
également de la disposition de ses biens. Le tribunal nomme un syndic pour administrer l’entreprise.
- En principe, l’activité de l’Entreprise doit être arrêtée dès que le tribunal prononce la
liquidation. La solution est logique puisque le juge qui prononce le jugement d’ouverture de
liquidation judiciaire ne le fait que par conviction et après constatation de la situation désespérée de
l’Entreprise.
De plus, le législateur Marocain prévoie la dissolution de l’Entreprise en cas de cession totale de ses
biens. Cette dissolution n’aura pas lieu tant que les biens de l’entreprise ne sont pas cédés en totalité.
La solution qui aura lieu donc est la continuation de l’exploitation comme le confère l’article 620 du
Code de Commerce. Cette solution s’explique par l’évocation de l’intérêt général.

- Les effets à l’égard des créanciers : Le jugement d’ouverture porte des effets sur divers droits des
créanciers de l’entreprise débitrice. De ce fait, le jugement d’ouverture suspend ou interdit toutes
actions en justice de la part de tous créanciers dont la créance est née antérieurement au
jugement d’ouverture. La raison par laquelle le législateur a prévu cette disposition est d’assurer une
certaine égalité entre les créanciers concernant le recouvrement de leurs créances.
Il apparaît de la lecture du paragraphe premier de l’article 686 du Code de Commerce qu’à partir de
la date du jugement d’ouverture de la procédure de liquidation judiciaire, les créanciers dont la
créance, établie ou non par un titre, a son origine antérieurement au jugement d’ouverture, doivent
déclarer, sous peine de forclusion (‫)سقوط الحق‬, leurs créances au syndic, dans un délai de deux mois à
compter de la publication au Bulletin Officiel du jugement d’ouverture de la procédure de la
liquidation judiciaire. Ce délai peut être augmenté de deux mois pour les créanciers domiciliés hors du
Maroc.
- Pour les créanciers titulaires d’une sûreté ayant fait l’objet de publication ou d’un contrat de
crédit-bail, ce délai devrait commencer à compter de la notification qui leur est faite par le syndic. Le
défaut de déclaration dans les délais impartis implique que les créanciers ne sont pas admis dans la
répartition des dividendes, à moins que le juge-commissaire ne les relève de leurs forclusions s’ils
établissent que leur défaillance n’est pas due à leurs faits. (Comme la maladie du créancier au moment
de l’ouverture de la procédure ou encore le défaut de mention de la créance par le débiteur dans la liste
des créances remise au syndic après l’ouverture de la procédure)
Comment se déroule la liquidation?
Ici, on commence par la réalisation de l’actif qui se passe ainsi :
• D’abord, la vente d’immeuble aura lieu suivant les formes prescrites en matière de saisie
immobilière. Par dérogation, le juge commissaire a la possibilité de fixer le prix et les conditions de
la vente;
• Ensuite, les unités de production qui composent l’actif mobilier peuvent faire l’objet:
• Soit, d’une cession globale,
• Ou alors d’une cession par parties
- Le syndic suscite des offres d’acquisition et fixe le délai pendant lequel elles sont reçues. Toute
personne intéressée peut lui soumettre son offre. Toute offre doit être écrite et comprendre les
indications prévues aux 1 à 5 de l’article 604 du C.C. - L’offre est ensuite déposée au greffe du
tribunal où tout intéressé peut en prendre connaissance. Ensuite, elle est communiquée au juge-
commissaire qui choisit l’offre qui lui paraît la plus sérieuse et qui permet dans les meilleures
conditions d’assurer durablement l’emploi et le paiement des créanciers.
Il est à noter que pour les biens meubles le juge commissaire a le choix. Il peut ordonner leur vente
soit, aux enchères publiques ou alors, de gré à gré.
Par ailleurs, pour favoriser la transparence, la vente des immeubles se fait toujours aux enchères
publiques.
Il y a deux modes de réalisation de l’actif:
Premier mode : la cession en activité
Selon ce mode c’est une activité ou l’activité de l’entreprise qu’on cède principalement.
Second mode : la cession en parties
Selon ce mode, ce sont les actifs isolés qu’on cède et ici tous les salariés sont licenciés.
Ensuite il y a l’apurement du passif.
La procédure de liquidation peut se terminer de deux manières :
• Soit, on rembourse tous les créanciers. Si l’entreprise a encore de l’argent on parle de boni de
liquidation, que les associés peuvent se distribuer.
• Ou alors, elle peut se clôturer pour insuffisance d’actif. En effet, ceci signifie que l’entreprise n’a
plus assez d’argent pour rembourser tous ses créanciers. Dans ce deuxième cas, le dirigeant engage sa
responsabilité si l’insuffisance d’actif émane d’une faute de gestion.
Conclusion:
En conclusion, les opérations de rachat et de liquidation des entreprises au Maroc sont régies par un
cadre juridique et réglementaire visant à assurer transparence et légalité. Le processus de rachat
implique des évaluations minutieuses, des négociations complexes, et parfois des approbations
réglementaires. La liquidation, quant à elle, requiert une gestion rigoureuse des actifs et des passifs
conformément aux dispositions légales.
Il est essentiel pour les parties impliquées dans ces transactions de se conformer aux lois et régulations
en vigueur au Maroc, de mener des due diligences approfondies et de solliciter des conseils juridiques
et financiers pour garantir le succès et la légalité de ces opérations. L'évolution future de la
règlementation pourrait également influencer la manière dont ces transactions sont structurées et
exécutées, soulignant l'importance de rester informés, en tant que financiers des développements
réglementaires dans le domaine des affaires au Maroc.

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