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ISMANS
Institut Supérieur des Matériaux Le Mans, France
et Mécaniques Avancés
Jean-Marie Berthelot
Mécanique des
Matériaux et Structures
Composites
ISMANS
Institut Supérieur des Matériaux Le Mans, France
et Mécanique Avancés
Avant-propos
Avant-propos V
Chapitre 5 Contraintes 91
5.1 État des contraintes dans un solide . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
5.1.1 Tenseur des contraintes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
5.1.2 Force exercée en un point sur un élément de surface . . . . . . . . . . . . . . . . 92
5.2 Propriétés du tenseur des contraintes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93
5.2.1 Signification physique des composantes du tenseur . . . . . . . . . . . . . . . . . 93
5.2.2 Composantes normale et tangentielle du vecteur contrainte . . . . . . . . . . . 94
5.2.3 Directions principales. Contraintes principales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95
5.2.4 Changement de base . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96
5.3 États particuliers de contraintes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97
5.3.1 Tenseur sphérique et déviateur des contraintes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97
5.3.2 Compression ou tension sphérique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97
5.3.3 Traction ou compression simple dans une direction . . . . . . . . . . . . . . . . . 97
5.3.4 Cisaillement simple . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98
5.3.5 État de contraintes planes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100
5.3.6 État de contraintes quelconque . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101
5.4 Notation matricielle de l'ingénieur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101
5.4.1 Introduction de la notation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101
5.4.2 Changement de base . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102
Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103
Index 641
Partie I
Généralités
sur les Matériaux Composites
1.1.1 Définition
Dans un sens large, le mot “composite” signifie “constitué de deux ou plusieurs
parties différentes”. En fait, l'appellation matériau composite ou composite est
utilisée dans un sens beaucoup plus restrictif, qui sera précisé tout au long de ce
chapitre. Nous en donnons pour l'instant la définition générale suivante. Un
matériau composite est constitué de l'assemblage de deux matériaux de natures
différentes, se complétant et permettant d'aboutir à un matériau dont l'ensemble
des performances est supérieur à celui des composants pris séparément. Des
exemples de matériaux composites pris au sens large sont donnés au tableau 1.1.
1. Composites à matrice
organique
Papier, carton Résine/charges/fibres cellulo- Imprimerie, emballage, etc.
siques
Panneaux de particules Résine/copeaux de bois Menuiserie
Panneaux de fibres Résine/fibres de bois Bâtiment
Toiles enduites Résines souples/tissus Sports, bâtiment
Matériaux d'étanchéité Elastomères/bitume/textiles Toiture, terrasse, etc.
Pneumatiques Caoutchouc/toile/acier Automobile
Stratifiés Résine/charges/fibres de verre, Domaines multiples
de carbone, etc.
Plastiques renforcés Résines/microsphères
2. Composites à matrice
minérale
Béton Ciment/sable/granulats Génie civil
Composite carbone- Carbone/fibres de carbone Aviation, espace, sports,
carbone bio-médecine, etc.
Composite céramique Céramique/fibres céramiques Pièces thermo-mécaniques
3. Composites à matrice
métallique Aluminium/fibres de bore Espace
Aluminium/fibres de carbone
4. Sandwiches
Peaux Métaux, stratifiés, etc.
Domaines multiples
Ames Mousses, nids d'abeilles, balsa,
plastiques renforcés, etc.
matrice
renfort
etc. L'arrangement des fibres, leur orientation permettent de moduler à la carte les
propriétés mécaniques des matériaux composites, pour obtenir des matériaux
allant de matériaux fortement anisotropes à des matériaux isotropes dans un plan.
Le concepteur possède donc là un type de matériau dont il peut modifier et
moduler à volonté les comportements mécanique et physique en jouant sur :
— la nature des constituants,
— la proportion des constituants,
— l'orientation des fibres,
suivant le cahier des charges imposées.
L'importance des matériaux composites à fibres justifie une étude exhaustive
de leurs comportements mécaniques. En conséquence, le présent ouvrage sera
essentiellement consacré par la suite à l'étude de ce type de matériaux.
Les matériaux composites à matrice organique ne peuvent être utilisés que dans
le domaine des températures ne dépassant pas 200 à 300 °C, alors que les
matériaux composites à matrices métallique ou minérale sont utilisés au-delà :
jusqu'à 600 °C pour une matrice métallique, jusqu'à 1000 °C pour une matrice
céramique.
F
FIGURE 1.2. Poutre chargée en traction.
EI
F 48 f Kf , (1.7)
l3
où f est la flèche de la poutre, I le moment d'inertie de sa section droite et l la
distance entre appuis. Le coefficient K est la rigidité de la poutre sollicitée en
flexion. Dans le cas d'une poutre cylindrique de rayon r,
— le moment est donné par I r4,
4
— la masse s'écrit m r 2l.
Il en résulte que, dans le cas de deux matériaux 1 et 2, le rapport des rigidités
s'écrit :
2 5
K1 E1 12 m1 l2
. (1.8)
K 2 E2 22 m2 l1
Il apparaît donc ici que le meilleur matériau est celui qui possède la valeur E 2
la plus élevée.
Des raisonnements analogues peuvent être repris pour diverses formes de
structures : plaques, coques, structures complexes. La conclusion est toujours de
même nature : à masse et encombrement identiques, les constructions les plus
rigides sont celles qui possèdent la masse volumique la plus faible. De même, la
comparaison des résistances à la rupture conduit à des conclusions semblables sur
les contraintes à la rupture. Ainsi, il est devenu usuel de comparer les
performances mécaniques des matériaux en considérant les valeurs spécifiques
(rapportées à la masse volumique) du module et de la contrainte à la rupture.
1.4.1 Introduction
Un des facteurs les plus importants qui déterminent les caractéristiques méca-
niques d'un matériau composite est la proportion relative de matrice et de renfort.
Cette proportion peut être exprimée soit en fraction volumique (ou fraction en
volume), soit en fraction massique (ou fraction en masse). Les fractions massiques
sont plus faciles à mesurer lors de l'élaboration des matériaux. Par contre, les
fractions volumiques interviennent directement dans les modèles théoriques
1.4 Fractions volumiques et massiques 11
TABLEAU 1.2. Caractéristiques spécifiques des matériaux usuels, élaborés sous forme
massive.
c f Vf m 1 Vf . (1.19)
De même, en partant du volume total du composite :
vc vf v m ,
nous obtenons :
pc pf pm
. (1.21)
c f m
D'où l'expression de la masse volumique en fonction des fractions massiques :
1
c . (1.22)
Pf Pm
f m
Les relations entre fractions massiques et fractions volumiques peuvent mainte-
nant être établies, en partant des relations de définition :
pf f vf f
Pf Vf , (1.23)
pc cvc c
et
m
Pm Vm , (1.24)
c
la masse volumique du matériau composite étant déterminée par la relation (1.19).
Les relations inverses s'obtiennent de la même manière, soit :
c
Vf Pf , (1.25)
f
c
Vm Pm , (1.26)
m
où la masse volumique du matériau composite est déterminée cette fois par
l'expression (1.22).
Les expressions précédentes entre fractions volumiques et fractions massiques
peuvent être étendues au cas d'un nombre quelconque de constituants. Les expres-
sions générales s'écrivent pour n constituants :
i
Pi Vi , (1.27)
c
avec
n
c iVi , (1.28)
i 1
et
c
Vi Pi , (1.29)
i
avec
14 Chapitre 1 Généralités sur les matériaux composites
1
c . (1.30)
i 1 i
n Pi
EXERCICES
1.3 Une structure en composite doit être réalisée en un composite contenant une
proportion Vf en volume de fibres. La structure à réaliser a un volume vc. Calculer
les masses de fibres et de matrice nécessaires.
Application : Vf = 50%, vc = 0,01 m3. Calculer les masses dans le cas des
composites considérés dans l'exercice 1.2.
CHAPITRE 2
2.1 INTRODUCTION
Un matériau composite (pris au sens adopté dans cet ouvrage) est constitué
d'une matrice et d'un renfort, constitué de fibres.
La matrice est elle-même composée d'une résine (polyester, époxyde, etc.) et
de charges dont le but est d'améliorer les caractéristiques de la résine tout en
diminuant le coût de production. D'un point de vue mécanique, l'ensemble résine-
charges se comporte comme un matériau homogène, et le composite est considéré
comme constitué d'une matrice et d'un renfort.
Le renfort apporte au matériau composite ses performances mécaniques
élevées, alors que la matrice a pour rôle de transmettre aux fibres les sollicitations
mécaniques extérieures et de protéger les fibres vis-à-vis des agressions exté-
rieures.
Le type d'association matrice-renfort dépend des contraintes imposées au con-
cepteur : caractéristiques mécaniques élevées, tenue en température, coût, résis-
tance à la corrosion, etc.
L'objet de ce chapitre est de dégager une synthèse générale mais non
exhaustive des divers constituants. Cette synthèse est abordée avec l'œil d'un
mécanicien. Pour une étude plus approfondie, le lecteur pourra se reporter à divers
ouvrages [1 à 5].
Compte tenu de ces contraintes, les résines utilisées sont des polymères,
modifiés par différents adjuvants et additifs : agents de démoulage, stabilisants,
pigments, etc. Les résines sont livrées en solution, sous forme de polymères non
réticulés en suspension dans des solvants qui empêchent le pontage entre les
macromolécules prépolymérisées. Sous l'action de la chaleur, des liaisons se
développent entre les chaînes du prépolymère pour constituer un polymère
réticulé suivant une structure tridimensionnelle. Deux grandes familles de résines
polymères existent : les résines thermoplastiques et les résines thermo-
durcissables. Ces deux types de résine possèdent la faculté de pouvoir être moulés
ou mis en forme, pour donner soit un produit fini, soit un produit semi-fini dont la
forme peut être modifiée.
Les résines thermoplastiques, dont la fabrication atteint de loin le plus gros
tonnage du fait d'un faible coût, possèdent la propriété de pouvoir être mises en
forme plusieurs fois par chauffages et refroidissements successifs. Ces résines
peuvent donc être récupérées et facilement recyclées.
Par contre, les résines thermodurcissables ne peuvent être mises en forme
qu'une seule fois. En effet, après polymérisation par apport de chaleur en présence
d'un catalyseur, ces résines conduisent à une structure géométrique qui ne peut
être détruite que par un apport important d'énergie thermique. Ainsi, les résines
thermodurcissables possèdent des propriétés mécaniques et surtout thermo-
mécaniques plus élevées que les résines thermoplastiques.
Du fait de ces caractéristiques plus élevées, les résines thermodurcissables sont
les plus employées actuellement dans la mise en œuvre des matériaux composites.
Cependant, l'amélioration des caractéristiques des résines thermoplastiques
conduit à une utilisation qui ne cesse de croître.
Deux autres classes de résines à usages spécifiques sont également utilisées, ce
sont :
— les résines thermoplastiques qui peuvent résister en service continu à des
températures de l'ordre de 200 °C et plus,
— les élastomères dont le renforcement par différentes fibres conduit à
diverses applications dans le domaine de l'automobile.
1. Les résines phénoliques sont les plus anciennes des résines thermodur-
cissables dont la plus connue est la bakélite. Les caractéristiques de ces résines
sont les suivantes :
Masse volumique 1 200 kg/m3
Module d'élasticité en flexion 3 GPa
Contrainte à la rupture en traction 40 MPa
Allongement à la rupture en traction 2,5 %
Contrainte à la rupture en flexion 90 MPa
Résistance à la compression 250 MPa
Température de fléchissement sous charge 120 °C
Parmi les avantages, nous citerons :
— une excellente stabilité dimensionnelle,
— une bonne tenue à la chaleur et au fluage,
— une bonne résistance aux agents chimiques,
— un faible retrait,
— de bonnes caractéristiques mécaniques,
— un faible coût.
Parmi les inconvénients, nous noterons :
— une mise en œuvre sous pression, donc à faibles cadences,
— les couleurs foncées des résines,
— une non adaptation à des utilisations alimentaires.
Les résines phénoliques seront donc utilisées dans le cas de pièces nécessitant une
tenue élevée en température ou une bonne résistance aux agents chimiques.
2. Les caractéristiques des résines aminoplastes sont voisines de celles des
résines phénoliques. Aux avantages de ces résines, il faut ajouter :
— la possibilité d'utilisations alimentaires,
— la possibilité de colorer les résines.
3. Les résines furaniques sont assez peu utilisées en France à cause de leur
coût, trois fois plus élevé que les résines polyesters. Parmi leurs avantages :
— un durcissement plus rapide que les résines phénoliques,
— une grande inertie vis-à-vis des agents chimiques corrosifs.
Cette dernière caractéristique conduit à utiliser les résines furaniques dans le
cas de matériaux devant résister aux produits chimiques : citernes, tuyaux, bacs,
etc.
Polypropylène Polyamide
Masse volumique (kg/m3) 900 1 140
Contrainte à la rupture (MPa) 20−35 60−85
Module d'élasticité (GPa) 1,1−1,4 1,2−2,5
Température de fléchissement
sous charge (°C) 50−60 65−100
Les divers thermoplastiques peuvent être renforcés par des fibres et font partie
alors des matériaux composites. Cependant, dans le domaine des composites, les
résines thermoplastiques ont un développement limité, du fait de la nécessité de
faire appel à des transformations à hautes températures de produits solides.
leur utilisation pratique, ces fibres sont réunies en fils ou en mèches de différentes
formes. La nomenclature générale des diverses formes linéiques est encore mal
déterminée, et généralement dérivée de celle utilisée pour les fibres de verre.
La fibre unitaire est généralement appelée filament élémentaire ou mono-
filament. Les monofilaments sont ensuite réunis en fils ou mèches. Les fils
continus ou discontinus sont caractérisés par leur masse linéique ou titre. Cette
masse linéique est une mesure de la finesse des fils, et elle dépend du diamètre et
du nombre de monofilaments. L'unité de masse linéique est le tex, masse d'un fil
de longueur égale à 1 000 m. Soit :
1 tex = 1 g/km.
En fait, on devrait plutôt écrire :
1 tex = 10-6 kg/m.
conformément au système S.I. d'unités. La première définition est toutefois mieux
adaptée à l’usage pratique.
trame
chaîne
Les tissus diffèrent par le type de fils utilisés (fils simples, mèches, etc.), donc
par la masse linéique des fils, et par le mode d'entrecroisement (ou armure) des
fils de chaîne et des fils de trame. La figure 2.2 illustre les armures classiques
utilisées : toile ou taffetas, sergé, satin, armure croisée, armure unidirectionnelle.
Taffetas
Dans l’armure taffetas (figure 2.2), les fils de chaîne et de trame s'entrecroisent
alternativement, conduisant à un tissu très plat, stable, mais peu déformable. Cette
armure confère au tissu des propriétés mécaniques sensiblement identiques dans
les deux directions chaîne et trame (pour des fils de tissage identiques). Toutefois,
l’armure taffetas conduit à un haut degré de courbure des fibres qui induit une
diminution des performances mécaniques des composites.
Sergé
Pou l’armure sergé, le nombre de fils chaîne et de fils trame qui s’entrecroisent
peut varier. Dans un sergé 2 1, les fils trame passent sur un fil chaîne et sous
deux fils chaînes, et dans un sergé 2 2, les fils trame passent sur deux fils chaîne
et sous deux fils chaîne. Ce type d’entrecroisement conduit à un motif répétitif du
tissu (Figure 2.16) sous forme de nervures diagonales. L’armure sergé offre
l'avantage d'être à la fois souple et dense. Le tissu sergé permet ainsi un
glissement entre les fils chaîne et trame et s’adapte bien à des moulages de formes
complexes.
Satin
L’armure satin est assez semblable à celle du sergé, mais le nombre de fils
chaîne et de fils trame qui passent les uns sur les autres avant de s’entrecroiser est
plus élevé. Chaque tissu satin est caractérisé par un nombre, usuellement 4 ou 8,
indiquant que les fils chaîne passent sur 4 ou 8 fils trame. Il en résulte un tissu
avec une face qui contient plus de fils chaîne et une autre face plus de fils trame.
L’armure satin est bien adaptée au moulage de formes complexes.
2.4 Les fibres et tissus 27
FIGURE 2.2. Les principaux types d'armures utilisées pour le tissage des tissus.
armure croisée (non tissée) armure unidirectionnelle
Tissu croisé sans entrecroisement
Dans un tissu croisé, deux nappes de fils sont superposées sans entrecroisement
des fils, et réunies par une chaîne et une trame de fils fins, n'intervenant
pratiquement pas sur les performances mécaniques du tissu. L'absence d'entre-
croisement supprime les effets de cisaillement et donne un tissu très performant
mais coûteux.
1
2
3 1
4
FIGURE 2.5. Tissage 4D.
Nous ne considérerons par la suite que les fibres de verre de type E et de type
R, dont les compositions sont reportées au tableau 2.2. Il est à noter la très faible
proportion ou l'absence d'oxydes alcalins à la différence des verres d'usage
courant. Ce fait conduit à des températures de transformation élevées, avec des
conséquences techniques et économiques.
alumine
magnésie
silice
chaux oxide de bore
four
verre en
fusion
filière
monofilament
ensimage
fil de base
de 5 à 15 µm).
Les monofilaments sont ensuite rassemblés sans torsion pour constituer un fil
de base (appelé fil silionne), qui est enroulé sur une bobine ou sous forme de
pelote. Ces fils de base sont les plus utilisés comme renforts verre dans les maté-
riaux composites.
Des fibres de verre discontinues peuvent également être élaborées et assem-
blées suivant un assemblage appelé verranne. Les fils verranne se distinguent des
fils continus par un aspect pelucheux.
TABLEAU 2.3. Caractéristiques mécaniques des verres types E et R, mesurées sur fila-
ments à la sortie de la filière.
TABLEAU 2.4. Contraintes à la rupture mesurées sur monofilaments et fils de base (en
MPa).
Verre E Verre R
Monofilament prélevé à la sortie de la filière 3 400 4 400
Monofilament prélevé sur fil silionne
industriel 2 000−2 400 3 600
Fil silionne industriel comportant un grand
nombre de filaments 1 200−1 550 1 700−2 000
TABLEAU 2.5. Caractéristiques à la rupture d'un fil silionne industriel, déduites des
caractéristiques mesurées sur un composite unidirectionnel résine époxyde/fil de verre.
Verre E Verre R
FIGURE 2.7. Différentes présentations des stratifils : 1. Pelotes – 2. Bobines (sur tubes)
(Documentation Vetrotex).
2.5 Les principales fibres 35
FIGURE 2.10. Présentation commerciale d'un mat à fils coupés (Documentation Vetrotex).
FIGURE 2.11. Vue de détail d'un mat à fils coupés (Documentation Vetrotex).
38 Chapitre 2 Les éléments constituants d'un matériau composite
FIGURE 2.13. Vue de détail d'un mat à fils continus (Documentation Vetrotex).
2.5 Les principales fibres 39
FIGURE 2.14. Exemples de trois tissus, armure toile, réalisés à partir de stratifils de
masses linéiques différente : 2 400, 1 200 et 320 tex (Documentation Vetrotex).
FIGURE 2.18. Complexe mat-tissu stratifil unidirectionnel, avec liage chimique (Docu-
mentation Vetrotex).
2.5 Les principales fibres 41
couche 3
couche 2
3.35 Å
couche 1
1.42 Å
gaz inerte
GRAPHITATION
HNO3
fibres HS
oxygène HNO3
gaz inerte
fibres acryliques
CN CN CN CN
CH CH CH CH
CH2 CH2 CH CH CH
CN CN
CH CH
CH CH CH C C
1,100 °C C C C
O O O + H20 + 4HCN
C C C
CH CH CH C C
CH CH
CN CN
Les fibres obtenues après cette phase ont de bonnes caractéristiques mécaniques et
peuvent être utilisées après traitement de surface (figure 2.20). Les fibres sont
alors dénommées fibres HR (haute résistance) ou fibres HT (haute ténacité).
La graphitation. La phase de graphitation est utilisée lorsque l'on souhaite
obtenir des fibres à module d'Young élevé. Cette phase consiste à effectuer à la
suite de la carbonisation, une pyrolyse des fibres, en atmosphère inerte, jusqu'à
2 600 °C ou à des températures supérieures. La graphitation provoque une
réorientation des réseaux hexagonaux de carbone suivant l'axe des fibres, ce qui
aboutit à une augmentation du module d'Young. Toutefois, simultanément à cette
réorientation, des défauts se créent dans la structure, entraînant une diminution de
la contrainte à la rupture. Suivant le taux de graphitation, on obtient des fibres
HM (fibres à haut module) ou des fibres THM (à très haut module).
Le traitement de surface. – La dernière phase de l'élaboration consiste en un
traitement de surface, par oxydation ménagée en milieu acide (nitrique ou sulfu-
rique). Cette phase a pour objet d'accroître la rugosité des filaments ainsi que la
nature des liaisons chimiques, afin d'améliorer la liaison fibre-résine.
44 Chapitre 2 Les éléments constituants d'un matériau composite
TABLEAU 2.6. Caractéristiques des fibres de carbone, comparées à celles des fibres de
verre E.
Module spécifique
Ef / (MNm/kg) 28 130 210 310 140
N N C C
n
L'élaboration des fibres aramides est effectuée par synthèse à basse
température (–10 °C), puis par filage en solution. Les fibres sont ensuite étirées et
traitées thermiquement pour augmenter leur module d'élasticité.
46 Chapitre 2 Les éléments constituants d'un matériau composite
2.5.3.2 Caractéristiques
Les caractéristiques mécaniques des fibres aramides sont reportées dans le
tableau 2.7 pour des monofilaments. Sur fils multifilaments, les caractéristiques
sont généralement plus faibles. Le tableau montre une contrainte spécifique à la
rupture élevée, du même ordre de grandeur que les fibres de carbone haute
résistance HR (tableau 2.6), toutefois avec un prix de revient 4 à 6 fois
moindre. Néanmoins, leur utilisation est limitée par diverses faiblesses des maté-
riaux composites à fibres aramides :
— résistances faibles à la compression, à la flexion, au flambement;
— sensibilité au cisaillement interlaminaire.
Ces faiblesses sont généralement attribuées à une mauvaise adhérence fibre-
matrice. Pour y remédier, des ensimages adaptés sont développés. Des composites
hybrides (verre-Kevlar, carbone-Kevlar) sont également utilisés.
Les fibres de bore et les fibres bore-carbure de silicium sont disponibles sous
forme :
— de fils continus constitués de monofilaments parallèles,
— de rubans préimprégnés pour enroulement filamentaire,
— de tissus unidirectionnels.
Ces fibres associées avec des résines époxydes, avec lesquelles l'adhérence est
très bonne, ou avec d'autres résines thermoplastiques ou thermodurcissables, sont
utilisées dans les domaines des sports et des loisirs.
Borosilico-
Alumino-
Alumine aluminate
Caractéristiques silicate
Al2O3 Al2O3,SiO2,
Al2O3,SiO2
B2O3
Masse volumique (kg/m3) 3 400− 3 100− 2 700−
3 950 3 200 3 100
Module d'Young Ef (GPa) 300−390 190−250 150−200
Module spécifique Ef / (MNm/kg) 90−100 60−80 55−65
Contrainte à la rupture fu (MPa) 1 500− 2 100− 1 700−
2 000 2 200 1 800
Contrainte spécifique fu / (kNm/kg) 440−500 685 580−630
3.1 INTRODUCTION
matrice matériau
composite
renfort
moule
rouleau
résine
matériau
composite
stratifil
coupé
et
stratifil résine moule
membrane (élastomère)
contre-
moule
renfort
résine
pompe à vide
contre-moule
moule
contre- contre-
moule résine moule résine
chauffé
renfort renfort
moule
moule
chauffé
Le moulage est effectué à basse pression (< 5 bars) sans chauffage du moule,
en utilisant l'exothermie de polymérisation de la résine. L'énergie calorifique
accumulée par le moulage des pièces est alors suffisante pour maintenir le moule
à des températures de 50 à 70 °C, en fonctionnement permanent.
Moule et contre-moule sont enduits d'agent de démoulage et de gel-coat. Puis
le renfort et la matrice sont déposés sur le moule. L'ensemble moule/contre-moule
est fermé, puis pressé. Le temps de polymérisation est lié au type de résine, au
catalyseur et à la température atteinte par le moule en régime continu de
production.
Ce procédé de moulage est adapté à la fabrication de pièces de moyennes séries
(4 à 12 pièces par heure). L'investissement (matériel et moule) est moins
important que le procédé de compression à chaud. La presse basse pression est
simplifiée. Les moules peuvent être réalisés par le transformateur en matériaux
composites. Les pièces possèdent un bel aspect de surface sur chaque face. La
productivité est inférieure au moulage à la presse à chaud.
moule
mat préimprégné contre-moule
chauffé
chauffé
renfort
film de
démoulage
résine
étuve
coupe
rouleaux de
film de calandrage
démoulage
coupe
rouleaux de
film de calandrage
démoulage
3. Une phase de polymérisation, effectuée dans une étuve (60 à 150 °C) en
forme de tunnel, dont la longueur est fonction de la température et de la
résine (15 à 50 m de long).
4. Une phase de refroidissement et découpage.
Dans le cas de la fabrication de plaques planes (figure 3.7), la mise en forme
est simplement réalisée par une mise à l'épaisseur de la plaque, par pressage entre
des rouleaux de calandrage.
Dans le cas de panneaux ondulés, la mise en forme intervient au cours de la
polymérisation (figure 3.8), par l'intermédiaire de rouleaux mobiles.
Le procédé de moulage en continu peut être entièrement automatisé, et permet
alors d'élaborer des plaques ou panneaux en continu. Il nécessite toutefois un
investissement très important en matériel.
renfort
fibre filière
four
résine
moule
résine
renfort
3.2.7.1 Principe
Le renfort (fil continu, ruban, etc.) imprégné de résine catalysée est enroulé
avec une légère tension, sur un mandrin cylindrique ou de révolution en rotation.
Ce type de moulage est bien adapté aux surfaces cylindriques et sphériques, et
permet une conception avancée des pièces. Les stratifiés obtenus peuvent
comporter des proportions élevées de renfort (jusqu'à 80 % en volume),
permettant donc d'obtenir de hautes caractéristiques mécaniques. L'investissement
en matériel est très important.
Suivant les mouvements relatifs du mandrin et du système d'approvisionne-
ment en renfort, divers types d'enroulements (et par conséquent de stratifications)
sont obtenus. On distingue : l'enroulement circonférentiel, l'enroulement
hélicoïdal, l'enroulement polaire.
tissu
unidirectionnel
mandrin
résine renfort
2. Enroulement continu
L'enroulement continu (figure 3.13) permet la fabrication industrielle de tubes
et tuyaux hautes performances de divers diamètres et grandes longueurs.
mandrin
bobines de
stratifil
guide-fils
résine
four de polymérisation
renfort
renfort
imprégné
mandrin
3.2.7.5 Mandrins
Les mandrins pour l'enroulement filamentaire doivent permettre le démoulage.
Ils peuvent être :
— en métal, en bois, etc., monobloc ou en plusieurs éléments démontables;
— en matériau à bas point de fusion ;
— en matériau soluble : par exemple grains de sable agglomérés dans un liant
soluble dans l'eau ;
— en élastomère gonflable.
3.2.7.6 Applications
Les applications de l'enroulement filamentaire ont été dégagées dans les
paragraphes précédents. D'une manière générale, ce processus de mise en œuvre
est utilisé pour fabriquer des pièces ayant une symétrie de révolution : tuyaux,
tubes, réservoirs, bouteilles de gaz, enveloppes cylindriques, etc. Des pièces de
grandes dimensions peuvent être réalisées : conteneurs, silos, etc. Les dimensions
des pièces sont limitées par le type de machine utilisée. L'intérêt de l'enroulement
filamentaire réside également dans la possibilité d'une automatisation assistée par
ordinateur.
Le procédé d'enroulement filamentaire est également applicable à des pièces
sans symétrie de révolution : pales d'hélicoptères et de turbines, réservoirs à
sections rectangulaires, etc.
3.3.1 Introduction
La mise en œuvre de demi-produits (préimprégnés, compounds) fait appel aux
mêmes techniques que le moulage (paragraphe 3.2) à partir de fils ou tissus, dont
l'imprégnation par la résine est effectuée au moment de la mise en œuvre. Nous en
avons séparé la présentation, compte tenu du caractère propre de ces demi-
produits : facilité de manipulation, possibilité d'automatisation avancée des
procédés de mise en œuvre à partir de ces produits, etc. Il est ainsi concevable de
penser que l'utilisation et le développement de préimprégnés et compounds de
divers types, associés à une conception assistée par ordinateur et à une
robotisation, permettront de pénétrer de plus en plus les marchés industriels :
construction automobile, construction navale, armement, etc.
3.3.2 Préimprégnés
3.3.2.1 Principe
Les préimprégnés (en anglais : les “prepregs” de pre-impregnated) sont des
3.3 Utilisation de demi-produits 63
produits vendus sous forme de stratifils, rubans, tissus, etc., imprégnés de résine
généralement dissoute dans un solvant.
Les résines peuvent être phénoliques, des polyesters, des résines époxydes, des
polyimides, etc. Le pourcentage en volume de fibres est élevé (50 à 80 %) de
manière à obtenir des composites à hautes performances mécaniques.
Le stratifil imprégné ou “stratipreg” (désignation de Vetrotex-Saint Gobain
dans le cas de fibres de verre) est principalement destiné à l'enroulement fila-
mentaire. Les tissus imprégnés sont généralement minces (de l'ordre de 1/10 mm),
et par conséquent de faible masse surfacique : 100 à 300 g/m2. Toutefois, pour les
besoins de la construction navale, certains préimprégnés épais ont été mis au point
pour simplifier la mise en œuvre.
3.3.2.2 Élaboration
La fabrication des préimprégnés se fait sur une machine verticale ou hori-
zontale, suivant le schéma de principe de la figure 3.15. Le fil ou tissu est déroulé
à vitesse lente (1 à 10 m/min), et passe dans un bac contenant une résine
d'imprégnation diluée dans un solvant. À la sortie, des racleurs et des rouleaux
essoreurs éliminent l'excès de résine. En effet, nous avons indiqué qu'un des
intérêts des préimprégnés est d'être à faible proportion de résine. Le fil ou tissu
imprégné passe ensuite dans un four, où la plus grande partie du solvant s'évapore,
et où s'amorce un début de polymérisation. A la sortie du four, le préimprégné est
refroidi par ventilation, de manière à stopper la polymérisation qui doit rester
inachevée. Le tissu est ensuite :
— soit enroulé entre deux feuilles de polyéthylène pour être livré en rouleau,
— soit coupé et empilé entre deux feuilles de polyéthylène pour être livré en
plaques.
film de
polyéthylène
four
essorage
tissu
racleur rouleau de
air froid préimprégné
résine
et solvant
moule
chauffé
préimprégné
contre-moule
chauffé
résine polyester-fibres de verre, placés entre deux films de polyéthylène. Ils sont
parfois considérés comme des préimprégnés, leur utilisation les différencie
toutefois nettement. Parmi ces compounds, les plus utilisés sont :
— les SMC : Sheet Moulding Compounds,
— les HMC : High Moulding Compounds.
Divers autres types de compounds existent et sont développés pour chaque
utilisation spécifique. Un des intérêts des compounds polyesters réside dans un
temps de polymérisation très court (quelques minutes), d'où la possibilité de les
utiliser dans des productions de grandes séries.
3.3.3.2 Principe
Le SMC est un composé de moulage lamifié (“sheet” signifie “feuille”),
comportant une proportion de fibres assez faible (30 % en masse), et une forte
proportion de charges (50 % en masse) dans la résine. Les fibres peuvent être
(figure 3.17) :
— soit des fibres coupées (généralement 25 à 50 mm), réparties au hasard
dans le plan de la feuille (SMC-R) ;
— soit des fibres coupées unidirectionnelles (SMC-D) ;
— soit des fibres continues unidirectionnelles (SMC-C).
Il existe également des SMC mixtes : par exemple SMC-D/R (fibres coupées
unidirectionnelles et réparties au hasard), SMC-C/R (fibres continues unidi-
rectionnelles et fibres coupées réparties au hasard).
Les fibres peuvent être de diverses natures : verre, carbone, Kevlar, ou mixtes.
En diminuant la proportion des charges dans la résine, il est possible d'augmenter
la proportion de fibres de 30 à 50 % en masse. Le compound est alors appelé
HMC et possède des caractéristiques mécaniques élevées.
3.3.3.3 Élaboration
Le principe d'élaboration des compounds est donné à la figure 3.18 pour les
SMC-R et à la figure 3.19 pour les SMC-D/R. La résine sous forme de pâte est
66 Chapitre 3 Mise en œuvre et architecture des matériaux composites
stratifil
film de
démoulage
résine
rouleau de
SMC
rouleaux de
film de calandrage
démoulage
stratifil
renfort
continu film de
résine démoulage
rouleau de
SMC
rouleaux de
calandrage
film de
démoulage
véhiculée sur une feuille de polyéthylène. Les fibres sont déposées sur la résine,
puis recouvertes par une deuxième feuille de polyéthylène. L'ensemble passe dans
un système de compactage, pour être ensuite enroulé.
La polymérisation de la résine est retardée par adjonction d'oxyde de
magnésium. Le compound se présente alors sous forme de feuilles molles et
poisseuses.
3.3 Utilisation de demi-produits 67
moule
chauffé
préimprégné
contre-moule
chauffé
3.4.1 Introduction
L'ensemble des procédés de mise en œuvre montre la prépondérance d'une
conception des pièces en matériaux composites :
— par surface: plaques, coques,
— par stratification de couches successives.
3.4 Architecture des matériaux composites 69
Ce concept justifie l'importance qui sera donnée par la suite à l'étude des
matériaux composites considérés sous la forme de plaques ou de coques,
constituées de couches différentes (ou non). Les coques peuvent être modélisées
comme un ensemble de plaques, et leur étude déduite de l'étude des plaques.
L'objet de ce paragraphe est de dégager l'architecture générale des matériaux
composites.
3.4.2 Stratifiés
Les stratifiés sont constitués (figure 3.22) de couches successives (appelées
parfois plis) de renforts (fils, stratifils, mats, tissus, etc.) imprégnés de résines.
Nous examinons les divers types de stratifiés.
couches
stratifié
stratifié
45°
y
90°
90° x
30°
désignation: 30 / 902 / 45 / 0 / 45
Stratifié Désignation
0°
30 °
– 30 ° [ ± 45 / 30 / 0 ]
– 45 °
45 °
30 °
– 60 °
– 60 ° [ 45 / 0 / – 602 / 30 ]
0°
45 °
0°
– 45 °
– 45 ° [ 452 / – 452 / 0 ]
45 °
45 °
0°
– 45 ° [ ± ± 45 / 0 ]
45 °
45 ° ou [ 45 / – 452 / 452 / – 45 / 0 ]
– 45 °
– 45 °
45 °
72 Chapitre 3 Mise en œuvre et architecture des matériaux composites
Stratifiés symétriques
Un stratifié est symétrique si son plan moyen est plan de symétrie. Sa dési-
gnation ne nécessite alors que la moitié des couches successives.
Si le stratifié a un nombre pair de couches, la désignation débute sur une face
pour finir au plan de symétrie. Un indice S indique que le stratifié est symétrique.
Par exemple :
90 °
45 °
45 ° [ 90 / 452 / 0 ]S
0°
0°
45 °
45 °
90 °
Si le stratifié comporte un nombre impair de couches, la désignation est
semblable à la précédente, la couche centrale étant surlignée. Par exemple :
90 °
45 °
45 ° [ 90 / 452 / 0 ]S
0°
45 °
45 °
90 °
Séquences
La répétition de séquences peut être indiquée par un indice indiquant le
nombre de fois où une séquence est successivement répétée. Par exemple :
0°
45 °
90 ° [ (0 / 45 / 90)2 ]S
0°
45 ° ou [ 0 / 45 / 90 ]2S
90 °
90 °
45 °
0°
90 °
45 °
0°
3.4 Architecture des matériaux composites 73
0°
45 °
90 °
0° [(30 / 60)3 (90 / 45 / 0)2]
45 °
90 °
60 °
30 °
60 °
30 °
60 °
30 °
Stratifiés hybrides
Les stratifiés hybrides sont constitués de couches successives comportant des
fibres de natures différentes. Il sera alors nécessaire de les mentionner dans la
désignation. Par exemple, pour des stratifiés avec la même résine :
0° V
45 ° C
– 45 ° C
90 ° C [ 0V / ± 45C / 90C]S
90 ° C
– 45 ° C
45 ° C
0° V
0° K
0° K
45 ° V
90 ° V [ 02C / (45 / 90 )SV / 02K ]
45 ° V
0° C
0° C
avec V : verre, C : carbone, K : Kevlar
74 Chapitre 3 Mise en œuvre et architecture des matériaux composites
mat
unidirectionnel
stratifiés
âme en
mousse
âme en
balsa
sens du
fil
du balsa
stratifié
nid d’abeilles
âme ondulée
stratifié
comportement analyse à l’échelle
du stratifié des constituants
d’une couche
F3
F2
F1
F1 F2 F3
STRUCTURE charges imposées
conditions de déplacement
imposées sur la frontière
Processus d’étude
Éléments sur
la Mécanique des Matériaux
Éléments Mathématiques
L'état des déformations et l'état des contraintes en un point d'un solide soumis à
un chargement mécanique sont définis à partir de matrices carrées 3 3. Nous
rappelons dans ce chapitre quelques éléments relatifs aux concepts utilisés.
2
e3
e2
(S)
e1
(R)
2
e3
e 2
e2
2
e1
e1
1
1 de la direction 3.
FIGURE 4.2. Rotation autour
4.2.1 Introduction
La notion de tenseur est nécessaire pour établir les relations entre effets
physiques et causes dans les milieux anisotropes. Dans de tels milieux, une cause
appliquée suivant une direction produit en général un effet orienté dans une autre
direction. Les phénomènes physiques sont alors décrits par des tenseurs.
Les grandeurs, qui ne dépendent pas de la direction de mesure et qui sont
mesurées par un seul nombre, sont représentées par des scalaires, ou tenseurs
d'ordre zéro. Les vecteurs sont des tenseurs d'ordre un, qui représentent des
grandeurs caractérisées par un nombre et une direction. Les grandeurs physiques
plus complexes sont représentées par des tenseurs d'ordre supérieur à un.
D'une manière générale, un tenseur peut être défini comme établissant une
application linéaire entre deux tenseurs d'ordres inférieurs. En particulier, un
tenseur de rang deux, défini sur l'espace vectoriel 3 , est un opérateur linéaire
qui fait correspondre à tout vecteur X de l'espace vectoriel 3 un vecteur Y de
3 . Ce tenseur est représenté dans la base e par un tableau d'éléments Tkl
appelé tableau des composantes du tenseur dans la base e . Ce tableau est
84 Chapitre 4 Éléments mathématiques
constitué de 9 nombres (k, l = 1, 2, 3). Dans la base e' , ce même tenseur est re-
présenté par un tableau d'éléments reliés aux précédents par l'expression :
Tij aik a jlTkl , i, j, k , l 1, 2, 3, (4.9)
où les termes aik et ajl sont les éléments de la matrice de changement de base. La
relation précédente utilise la convention de sommation, dans laquelle une
répétition d'indice implique une sommation. La relation (4.9) est équivalente à :
Tij ai1a j1T11 ai1a j 2T12 ai 3 a j 3T33 , i, j 1, 2, 3. (4.10)
L'expression (4.9) peut être prise comme relation de définition d'un tenseur de
rang deux : tableau se transformant dans un changement de base suivant la
relation (4.9).
Il y a en fait identité entre les composantes des tenseurs de rang deux et les
éléments des matrices carrées. Dans le cas où l'espace vectoriel de référence est
l'espace 3 , nous écrirons donc les éléments des tenseurs de rang 2 sous la forme
matricielle :
T11 T12 T13
T T21 T22 T23 . (4.11)
T31 T32 T33
T A t T A . (4.14)
T I u 0 , (4.15)
Tij ij u j 0 , (4.16)
Cette équation possède généralement trois racines distinctes : (1) , (2) , (3) ,
appelées valeurs propres ou valeurs principales. À chaque valeur propre ( k )
correspond un vecteur propre u ( k ) dont les composantes satisfont aux trois
équations non indépendantes :
Tij u (jk ) ( k )ui( k ) . (4.19)
Dans le cas de tenseurs symétriques, nous avons les deux propriétés fonda-
mentales : 1) les valeurs propres sont réelles ; 2) les directions principales sont
orthogonales. Dans la base des vecteurs propres supposés de plus normés
ui(k ) ik , la relation (4.19) s'écrit alors :
Tij jk ( k ) ik , (4.20)
soit :
Tij ( j ) ij , (4.21)
où Tij sont les nouvelles composantes dans la base des vecteurs propres. Le
tableau Tij est donc diagonal :
(1) 0 0
Tij 0 (2) 0 . (4.22)
0 0 (3)
Dans la base principale, les éléments d'un tenseur de rang 2 s'écrivent suivant une
matrice diagonale.
A Aij , A A 1 Aij
A11
1
A22 A33 A23
2
,
A22
1
A11 A33 A13
2
,
A11 A22 A12 ,
1 1
A33 2
A12 A13 A23 A12 A33 , (4.23)
1 1
A13 A12 A23 A13 A22 ,
A23 A12 A13 A23 A11 ,
det A A11 A22 A33 2 A12 A13 A23 A11 A23
2
A22 A13
2
A33 A12
2
.
CHAPITRE 5
Contraintes
21 12 , 31 13 , 32 23 .
Solide
t1
t t2 , (5.4)
t3
— la matrice des composantes du vecteur normale n dans la base (e1 , e2 , e3 ) :
n1
n n2 , (5.5)
n3
suivant :
t1 11 12 13 n1
t
2 12 22 23 n2 . (5.6)
t3 13 23 33 n3
D'où les composantes du vecteur t dans la base (e1 , e2 , e3 ) :
t1 11n1 12 n2 13n3 ,
t2 12 n1 22 n2 23n3 , (5.7)
t3 13n1 23n2 33n3 ,
n
M
dS
n ej
M
FIGURE 5.3. Élément de surface normal à la direction e j de l'un des axes de référence.
90 Chapitre 5 Contraintes
3
31e3 13e3
21e2 12e2
2
M
11e1
1
FIGURE 5.4. Composantes du vecteur contrainte sur une surface de direction normale.
3 z
33 zz
23 yz
13 xz
23 yz
13 xy
22 yy
1 (a) x (b)
FIGURE 5.5. Composantes des vecteurs contraintes: (a) dans un système d'axes (1,2,3);
(b) dans un système d'axes (x, y, z).
5.2 Propriétés du tenseur des contraintes 91
t
tt tn
n
Les trois composantes (1) , (2) , (3) sont les contraintes principales.
Si le tenseur des contraintes est exprimé dans une base non principale, les con-
traintes principales sont les racines de l'équation :
det ij ij 0 , (5.18)
où ij 1 si i = j, et ij 0 si i ≠ j, (i, j = 1, 2, 3).
Dans le cas où la surface au point M est normale à une direction principale
(i )
e , on trouve sans difficulté :
tni (i ) ,
(5.19)
tti 0, i 1, 2, 3.
Pour une direction principale, la contrainte de cisaillement est nulle. Les direc-
tions principales sont donc telles que ( M )n soit colinéaire à n .
(M ) S (M ) D (M ) . (5.22)
où les composantes sont exprimées dans la base principale e (1) , e (2) , e (3) .
e (3)
u
dS
θ
M e (2)
θ
e (1)
n
FIGURE 5.7. Élément de surface orthogonal au plan principal.