POLYCOPIE DE COURS
Présentée par
Dr : DIHA Abdallah
Mécanique de la rupture
Cours et exercices
Année 2018
TABLE DES MATIERES
CHAPITRE I 1
Introduction … … … … … … … … … … … … … … … … … 1
CHAPITRE II 17
II.1.4. Description des champs des contraintes au voisinage immédiat d’une fissure 26
à l’aide du facteur d’intensité des contraintes
II.1.5. Relation entre le Fic et l’énergie de Griffith 29
II.2.2. Intégrale J 52
EXERCICES… … … … … … … … … … … … … … … … … … … … … … … .. 63
REFERENCES… … … … … … … … … … … … … … … … … … … … … … … 80
Préface
L'objet de la présente polycopie est de fournir une vision globale des phénomènes
responsables de la ruine de matériaux de structure. Ceux-ci revêtent en effet une
importance considérable puisque, peu ou prou, ils vont déterminer la durée de vie ou la
disponibilité d'un composant, d'un assemblage etpar enchainement, d'une installation
industrielle complète.
Cette polycopie est donc principalement destinée à des étudiants en master LMD ou des
ingénieurs déjà familiarisent avec la science des matériaux et qui voudraient approfondir
les phénomènes spécifiques conduisant à la rupture, tout en ayant une vision globale de
leur variété. Par cette lecture, ils pourront acquérir une connaissance fine, mais la plus
complète possible, des mécanismes de rupture, développant ainsi une capacité à prévenir
les défaillances par la connaissance des conditions qui leur donnent naissance. De plus, en
cas de rupture en service, ils pourront, par 1'examen des pièces rompues, déterminer, et
donne combattre, les causes de ruine. L‘étude fine des aspects mécaniques, lies a la
présence des défauts, a connu un développement majeur, donnant naissance a une nouvelle
discipline, la mécanique de la rupture. On se penchera successivement sur les moyens
utilises pour examiner les ruptures, les mécanismes a 1'origine des défauts dans les
structures et les concepts mécaniques permettant de quantifier les sollicitations locales
qu'ils induisent (mécanique de la rupture), avant de détailler les divers mécanismes
physiques conduisant a la rupture d'une pièce donnée : rupture théorique, rupture ductile,
clivage, déchirement. Nous utiliserons ainsi plusieurs concepts de la mécanique linéaire et
non linéaire de la rupture, tels que celle de Griffith pour calculer les énergies et ténacité
des matériaux et celle d’Irwin basé sur la détermination de la singularité de contraintes en
fond de fissure.Ce travail s’articule sur deux chapitres. Le premier sera consacré à une
présentation générale de différents types physiques de rupture : ruptures fragile et ductiles,
transition fragile ductile et fissuration. Le deuxième chapitre est divisé en deux parties,
telle que la première partie comprend la mécanique linéaire de la rupture : facteur de
concentration de contrainte, champs de contraintes et de déplacements au voisinage d’une
fissure, facteur d’intensité de contrainte, ténacité, critère d’énergie, taux de restitution
d’énergie. Alors que la deuxième partie traite l’aspect de la mécanique non linéaire de la
rupture : notion de CTOD (crack tip openingdisplacement), l’intégrale J, la courbe Js de la
résistance à la fissure et la triaxialité des contraintes en plasticité étendue. A la fin, une
série d’exercices clôturent ce manuel.
1
Mécanique de la rupture
Introduction
Les défauts sont présents dans pratiquement toutes les structures métalliques, ils
apparaissent lors de la fabrication essentiellement. A la solidification, les variations de
volume, de température et de composition, induisent des séries de défauts, les soudures
exacerbent les mêmes phénomènes. L'usinage et les traitements thermiques peuvent être
al’origine de fissurations dans l'état final des pièces.
Lorsqu’un matériau est sollicité jusqu’à rupture, les essais montrent que la contrainte de
rupture σR est une grandeur présentant de fortes fluctuations pouvant même dépasser la
décade pour certains matériaux et que le mode de ruine dépend de la nature du matériau.
Ainsi la rupture peut intervenir brutalement quasi sans déformation préalable pour les
matériaux qualifies aujourd’hui de fragiles, tandis qu’elle n’intervient qu'après une étape
de grande déformation permanente pour les matériaux qualifies aujourd’hui de ductiles.
Nous savons maintenant que les matériaux fragiles rompent brutalement au de la d’une
certaine tension, tandis que les matériaux ductiles s'écoulent plastiquement sous
cisaillement avant de rompre. Si la rupture est toujours l’´étape ultime de la ruine des
structures, elle est précédée d’une étape de plastification pour les matériaux ductiles. Cette
polycopie traitera principalement de la rupture fragile au sens macroscopique d’un
matériau, c’est `a dire une rupture intervenant sans plastification macroscopique notable,
ce qui n’exclut pas une plastification microscopique en pointe de fissure.
1
Mécanique de la rupture
I.1.Apercusur la rupture
Éviter la rupture n’est pas en soi une idée nouvelle : les concepteurs des structures de
l’Égypte des pharaons (pyramides) ou ceux de l’empire romain nous ont laissé des édifices
que l’on peut encore contempler. Les matériaux utilisés avant la révolution industrielle
étaient cependant limités pour l’essentiel au bois de construction, à la pierre ou à la brique
et au mortier. La brique et le mortier sont relativement fragiles lorsqu’ils sont utilisés en
traction. Pour ces raisons, toutes ces structures anciennes (pyramides, ponts romains…) qui
ont su résister au temps, étaient chargées en compression - en fait, toutes les structures de
l’époque précédant la révolution industrielle étaient conçues pour des chargements en
compression. L’utilisation de nouveaux matériaux ductiles (acier et autres alliages
métalliques) pour des chargements en traction conduisit cependant à quelques problèmes.
Des ruptures se produisaient parfois pour des niveaux de charges bien inférieurs à la limite
d’élasticité. La recherche en mécanique de la rupture devait donc être développée. Les
premiers essais de rupture ont été menés par Léonard de Vinci (1452-1519) bien avant la
révolution industrielle : il a montré que la résistance à la traction d’un fil de fer variait
inversement avec la longueur de ce fil. Ce résultat suggérait déjà que les défauts contenus
dans le matériau contrôlaient la résistance de celui-ci : plus le volume est important (fil de
fer long) plus la probabilité de présence de fissure est importante. Cette interprétation
qualitative fût précisée plus tard en 1920 par Griffith qui établit une relation directe entre la
taille du défaut et la contrainte de rupture.
2
Mécanique de la rupture
Généralité :
Les études faites sur les matériaux ont montré que le phénomène de la propagation de la
rupture est dû essentiellement aux défauts existants dans le matériau. Les conditions
d’exploitation jouent un rôle déterminant, en particulier : la température et la vitesse de
sollicitation.La théorie de la mécanique de la rupture est un moyen pour estimer la stabilité
des fissures qui peuvent survenir à cause des défauts. Elle permet de prévoir l’évolution de
la fissure jusqu’à la ruine de la structure.
A ce jour, basé sur les expériences, la théorie de la mécanique de la rupture n’est
nullement une science de base exhaustive et exacte, cependant, plusieurs approches ont été
proposées.
a) Analyse des contraintes au voisinage d’un trou elliptique :
C’était la première approche d’Inglis en 1913. Il a montré que la contrainte au fond du trou
elliptique d’une plaque chargée en traction σ est beaucoup plus élevée que la contrainte
dans un champ lointain (figure. I.2).
b) Approche énergétique :
Pour un solide élastique possédant une fissure S, la propagation de celle-ci
entraîne une modification de son aire. Griffith exprime la conservation de l'énergie
totale du système.
- dWelast :variation del'énergieélastique
-dWext :variation del'énergiepotentielle desforcesextérieuresoutravailde
cesforces(données) changé de signe
3
Mécanique de la rupture
G (Welast Wext )
S
Le critère de propagation de Griffith se traduit par :
G 2
soit vérifiée à tout moment, alors il n'y a pas d'accroissement d'énergie cinétique :
la rupture est contrôlée et la croissance de la fissure est stable.
4
Mécanique de la rupture
Rupture par fissuration rapide : ductile, semi-fragile, fragile ; Rupture par fissuration
progressive :
- Sous sollicitations statique : corrosion sous contrainte, fluage, ...
- Sous sollicitations cycliques : fatigue mécanique, fatigue thermique ;
- Sous sollicitations complexes : Fatigue-corrosion, fatigue-fluage, ...
I.1.3.1Rupture fragile
Figure. I.3 : Faciès de rupture d’une éprouvette de Charpy rompue à -70 °C.
La rupture suit des plans cristallographiques à travers le grain (plans de clivage). Faciès de
rupture cristallin (aspect brillant (figure. I.4)).
(a) Echelle macroscopique : La surface de rupture est perpendiculaire à la direction de
sollicitation.
(b) Échelle microscopique : Rupture des liaisons interatomiques dans une
directionperpendiculaire au plan de rupture.
5
Mécanique de la rupture
(c) Échelle microscopique : Une rupture transgranulaire, la fissure suit des plans et
directions cristallographiques dans chaque grain.
(b)
(a) (c)
Figure. I.5 : Types de rupture fragile Figure. I.6 : Types de rupture fragile
transgranulaire (à clivage) : Rivières transgranulaire (à clivage): Languettes
6
Mécanique de la rupture
- par jonction de deux plans de clivage voisins, et convergent vers la direction du sens de
propagation de la fissure.
Lors d’un franchissement d’un joint de grain, soit les rivières se multiplient, soit il y aura
un réamorçage dans le grain voisin et ceci selon la désorientation de la fissure qui est
fonction de la taille du grain.
La rupture à basse température se fait par clivage et elle ne peut survenir que si la limite
d’élasticité est atteinte. La rupture fragile transgranulaire se manifeste surtout dans les
structures de cristauxCubiques centrés (C.C.) tels que les aciers à carbone et les cristaux ;
Hexagonaux compacts (H.C.) tels que le Zinc et le Magnésium. Les structures de cristaux
cubiques à faces centrées (C.F.C.) tels que le cuivre, aluminium.Sont peu sujettes au
clivage. A plus basses températures, dans les structures de cristaux C.C. ou H.C.,
l’agitation thermique qui facilite le mouvement des dislocations est moindre, ce qui bloque
les dislocations et augmente la limite d’élasticité (augmentation de la résistance intrinsèque
du matériau). La zone plastique devient très petite en taille et par suite le déchirement
ductile devient un clivage
Les atomes se séparent les uns des autres à une contrainte de E/15.
La zone plastique est très limitée. Le profil idéal montre que la contrainte théorique au
voisinage de la fissure tende vers l’infini. Pratiquement, les défauts métallurgiques et
l’apparition de la zone plastique limite cette contrainte à une valeur élevée mais finie
(figure. I.7).
Caractérisée par une décohésion intergranulaire ; La rupture suit les joints des grains.
Mécanismes :
7
Mécanique de la rupture
Caractéristiques :
La rupture présente deux aspects à l’échelle microscopique (figureI.8) :
- Aspect lisse, si la rupture suit les joints des grains) avec déformation plastique réduite
- Aspect de cupules).
La rupture suit les facettes du grain par détérioration du joint de grain. La rupture
intergranulaire se manifeste sous deux formes :
- Rupture fragile à basses températures quand les éléments d’impuretés ségrégés au joint
du grain diminuent l’énergie de cohésion de ces joints ;
- Rupture intergranulaire par fluage aux températures moyennes et élevées (≥ 1/3 T
fusion). Les défauts qui conduisent à ce type de rupture sont initialement des cavités puis
leurs multiplications ou décohésion (points triple).
8
Mécanique de la rupture
Figure I.9 : Formes de rupture d’aluminium pur (a) rupture cisaillée, (b) et (c) rupture de
forme respectivement cuvette et cône.
Deux approches sont utilisées pour le dimensionnement des structures (figure I.10). La
première, la plus classique, repose sur la limité d’élasticité du matériau σE, alors que la
seconde s’appuie sur le concept de ténacité KCissu de la mécanique linéaire de la rupture
(MLR). Dans le premier cas, les structures sont dimensionnées pour que les contraintes
appliquées σ restent inférieures à la limité d’élasticité (σ <σE).
Un coefficient de sécurité est en général introduit pour prévenir tout risque de rupture
fragile (σ < ασE avec α < 1). Cette approche, qui est entièrement décrite par les deux
variables σ et σE, fait donc abstraction de l’existence d’éventuels défauts sous forme de
microfissures par exemple.
L’approche basée sur la mécanique linéaire de la rupture est en revanche à trois variables :
la contrainte appliquée σ, la ténacité KC(qui remplace la limité d’élasticité) et une nouvelle
variable attachée cette fois-ci à la taille du défaut. Pour cette même approche, deux études
alternatives sont possibles : l’une utilise un critère d’énergie et l’autre le concept
d’intensité des contraintes critique. Ces deux études sont, sous certaines conditions,
équivalentes. Dans les deux prochaines sections, nous présentons brièvement ces deux
études alternatives pour ensuite, en préciser les hypothèses et en exposer les calculs.
9
Mécanique de la rupture
Contrainte Limite
appliquée d’élasticité
appliquée
a)
Contrainte
appliquée
Taille du Ténacité
défaut
b)
L’approche énergétique est basée sur le postulat suivant : l’extension d’une fissure qui
conduit à la rupture se produit lorsque l’énergie fournie est suffisante pour vaincre la
résistance du matériau. Cette résistance se compose de l’énergie de création de surface, de
l’énergie de plastification de l’extrémité de la fissure, et éventuellement d’autres types
d’énergies dissipatives associées à la propagation d’une fissure.
Griffith fut le premier à proposer un critère d’énergie pour la rupture des matériaux
fragiles, critère ensuite étendu aux matériaux ductiles par d’autres auteurs (dont Irwin et
Orowan).
10
Mécanique de la rupture
a 2
Gc 2(s p ) G c I.1
E
La fissure se propagera si :
a 2
G c
E
L’énergie de Griffith notée G(qu’on appelle aussi taux de restitution d’énergie) est définie
en liaison avec la variation d’énergie par unité de surface fissurée, associée à la
propagation d’une fissure dans un matériau linéaire élastique. La rupture se produit lorsque
G atteint une valeur critique GC. Cette valeur est en fait une mesure de la ténacité du
matériau. Pour une fissure de longueur 2a(figure I.11) dans une plaque de dimensions
infinies (c’est à dire lorsque la longueur de fissure est très petite par rapport aux
dimensions de la plaque dans la plan de chargement) constituée d’un matériau de module
d’Young E et soumise à une contrainte nominale de traction σ∞, l’énergie de Griffith Gpar
unité de surface fissurée est donnée par :
2
a ¥
Gc
E I.2
La rupture se produit lorsque la contrainte appliquée σ ∞, devenue trop grande, atteint une
certaine valeur σR. Par conséquent, si GCdésigne la valeur critique de l’énergie obtenue
pour la contrainte appliquée σR, la relation précédente donne la formule :
a 2R
Gc
E I.3
11
Mécanique de la rupture
Notons que pour une valeur fixée de GC, la contrainte à rupture σRvarie avec ; 1/√𝑎 de
même, si les valeurs GCet σ∞ sont fixées, la longueur de défaut critique aCà laquelle la
rupture se produit, est donnée par :
EG c
ac
2
¥
La figure I.12, illustre bien la différence entre l’approche classique qui fait abstraction de
l’existence d’une fissure (le critère de rupture est σ∞ = σE) et l’approche par la MLR qui
prend en compte la présence de la fissure (σ∞ proportionnelle à 1/√𝑎
La zone de non rupture située sous les deux courbes représentant les approches précédentes
qui montre chacune des deux zones limitées par la longueur de défaut a0 , correspond à une
approche particulière. L’énergie de Griffith G est la force motrice dans un matériau dont la
résistance à la rupture est donnée par GC. Ce qui peut être mis en analogie avec l’approche
basée sur la limite d’élasticité où la contrainte joue le rôle de force motrice dans un
matériau dont la résistance à la déformation plastique est donnée par la limite d’élasticité
σ E.
Cette analogie illustre aussi le concept de similitude. La limite d’élasticité d’un matériau,
mesurée à partir d’essais sur des éprouvettes de laboratoire, est indépendante de la taille
des éprouvettes et peut donc être utilisée pour des structures de tailles différentes dès lors
que le matériau est raisonnablement homogène. Ce principe de similitude est l’une des
hypothèses fondamentales de la mécanique de la rupture : la ténacité d’un matériau
(mesurée par GC) est indépendante de la taille et de la géométrie de la structure fissurée.
Cette hypothèse de similitude reste valable tant que le comportement du matériau demeure
linéaire élastique. Hypothèse de similitude reste valable tant que le comportement du
matériau demeure linéaire élastique.
12
Mécanique de la rupture
Le bilan des contraintes qui s’exercent au voisinage de l’extrémité d’une fissure va jouer
un rôle de premier plan quand à la propagation de cette dernière.
En théorie, les fissures sont planes et se propagent dans leur plan,il est ainsi possible de
montrer que l’état général de propagation se limite à la superposition de trois modes (figure
I.13):
mode I (mode par ouverture) : les surfaces de la fissures se déplacent dans des
directions opposées et perpendiculairement au plan de fissure
13
Mécanique de la rupture
KI 3
σ yy cos 1 sin sin I.4
2π r 2 2 2
KI
τ xx cos sin cos
2π r 2 2 2
ƒ ij
KI
σij I.5
2π r
Pour différentes configurations de chargement, des formules de calcul du FIC KI, que l’on
peut trouver dans les manuels spécialisés, ont été élaborées. Dans le cas décrit par la figure
I.2, il est connue que :
K I σ πa I.6
En comparant les formules I.1 et I.6, il apparaît que :
2 2
KI K
G et G c Ic I.7
E E
Dans l’approche basée sur le concept de FIC de la MLR, la rupture se produit lorsque le
FIC (KI) atteint la valeur critique KIC- cette valeur correspond en fait à la ténacité du
matériau. Dans cette approche, le coefficient KIest la force motrice dans un matériau dont
14
Mécanique de la rupture
la résistance à la rupture est caractérisée par la ténacité KIC. Le principe de similitude est
supposé vérifié comme dans le cas de l’approche énergétique. Via les relations I.7, les
deux démarches sont équivalentes pour un matériau dont le comportement est linéaire
élastique.
15
Mécanique de la rupture
-La mécanique dynamique de la rupture (MDR), linéaire ou non linéaire, pour les métaux
sollicités à grandes vitesses de déformation dans ces conditions, le comportement peut
aussi être viscoplastique.
- La mécanique viscoélastique de la rupture (MVER), essentiellement pour les polymères
sollicités à des températures au dessous de la température de transition vitreuse.
- La mécanique viscoplastique de la rupture (MVPR) pour les polymères au dessus de la
température de transition ou encore les métaux et les céramiques sollicités à haute
température.
Remarques
1/ Si le temps n’agit pas en MLR et en MEPR, il intervient explicitement en MDR, MVER
et MVPR.
2/ La MEPR, la MDR, la MVER et la MVPR sont souvent regroupées dans le domaine
élargi de la mécanique non linéaire de la rupture (MLNR). Considérons à présent, une
plaque fissurée chargée jusqu’à rupture. La figure I.16 schématise la variation de la
contrainte à rupture en fonction de la ténacité du matériau.
16
Mécanique de la rupture
- Pour les matériaux à faible ténacité où la contrainte à rupture varie linéairement avec le K
IC(relation I.6), la rupture fragile est le principal mécanisme qui gouverne la ruine de la
structure. C’est la MLR qui décrit donc le mieux ce genre de comportement. - Pour les
matériaux à très haute ténacité, la MLR n’est plus valable puisque les propriétés
d’écoulement du matériau gouvernent le mécanisme de rupture. Une simple analyse de
chargement limite permet alors de dimensionner les structures. - Pour les matériaux à
ténacité intermédiaire, la MNLR est souvent appliquée.
Figure II.1 : (a) Clivage dans un acier doux ruptures transgranulaire (clivage) et (b)
intergranulaire (décohésion) dans un acier doux a gros grains.
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Mécanique de la rupture
L’approche atomique consiste à étudier une rupture par clivage en considérant les forces
des liaisons atomiques ; la figure II.2 présente schématiquement ce type de rupture fragile
qui se développe en mode d’ouverture, ou mode I selon la classification de la MLR.
Le clivage opère par rupture des liaisons inter atomiques dans une direction
perpendiculaire au plan de rupture. Il se produit préférentiellement le long de plans
atomiques bien définis qui dépendent des matériaux. Par exemple, les matériaux cubiques
centrés clivent selon les plans (100) alors que les cubiques faces centrées clivent
difficilement
Pour calculer la contrainte de liaison atomique, il est nécessaire d’introduire la distance
inter atomique r , puis de considérer la relation entre le déplacement des atomes, autour de
leur position d’équilibre r0 , et la force appliquée. Cette force est la somme d’une
composante d’attraction (en 1/ r 2) et d’une composante de répulsion (en −1 /r 9). La
contrainte de liaison est donc de la forme :
2 9
r0 r0
σA II.1
r r
Par la suite, nous entendons par contrainte théorique de clivage la valeur maximale,
notée σc, de la fonctionσ (r) dont la courbe est représentée sur la figure II.3.Afin de mieux
comparer les valeurs théorique et expérimentale de la contrainte de rupture par clivage,
nous allons donner une approximation de la valeur théorique par deux méthodes
différentes.
Première méthode
La déformation étant donnée par ε =log r /rO, le module d’Young E s’écrit :
𝑑𝜎 𝑑𝜎
E = 𝑑𝜖 ) = 𝑟0 𝑑𝑟 ) II.2
𝑟∎𝑟0 𝑟∎𝑟0
18
Mécanique de la rupture
D’autre part, on appelle énergie de cohésion par unité de surface, la quantité notée W, et
définie par :
(aire hachurée – figure II.4), soit :
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Mécanique de la rupture
α 1
W 4 r0 σ c
π
Or lors de la rupture, deux surfaces sont créées : on décide donc de poser W = 2γS.
OùγSest appelée l’énergie de création de surface.Ce qui nous permet d’écrire la nouvelle
formule :
α 1
γs 2 r σ II.8
π 0 c
La comparaison des égalités II.6 et II.8 permet d’éliminer le coefficient α et d’obtenir
𝜎
L’expression γs= 𝑐 𝑟0 𝜎𝑐 , soit :
𝐸
Eγs
σc II.9
r0
Comme l’énergie de création de surface dans les matériaux métalliques est reliée au
module d’Young par une relation empirique de la forme γS≈ Eb/ k où b ≈ rO est appelé
vecteur de Burgers et k est une constante comprise entre 16 et 100, nous obtenons un
encadrement de la contrainte théorique de clivage
𝐸 𝐸
≤ 𝜎𝑐 ≤ II.10
10 4
20
Mécanique de la rupture
Figure II.5 : Répartition des contraintes autour d’un trou dans une plaque
21
Mécanique de la rupture
Figure II.7 Plaque uniformément chargée percée d’un trou elliptique de rayon à fond
d’entaille ρ
• Les conditions limites aux bords de la plaque, c'est-à-dire à l’infini compte tenu de la
taille importante de la plaque comparée à celle du trou elliptique, sont données par :
x y et xy 0 II.12
22
Mécanique de la rupture
max a
Kt 2 II.13
min b
Le rayon ρ à fond d’une entaille elliptique de grand axe a et de petit axe bs’exprimant par
ρ b2/a, le facteur Ktpeut aussi s’écrire :
Kt 2 II.14
b
Pour un trou circulaire, le facteur Kt vaut 2 et il tend vers l’infini lorsque b a ou
lorsque ρ tend vers 0, ce qui suggère que les contraintes sont infinies à l’extrémité
d’une fissure dans un matériau élastique.
Les conditions limites aux extrémités d’un trou elliptique, c'est-à-dire pour α=α0,
sont comme dans le cas précédent (plaque uniformément chargée).
Figure III.8 Plaque chargée en traction simple, percée d’un trou elliptique de rayon à fond
d’entaille ρ
Les solutions pour cette configuration de chargement ont été proposées par Stevenson
en 1945.
a
1 2
max
II.15
b
et le facteur de concentration des contraintes est alors donné par :
K t 1 2 II.16
a
23
Mécanique de la rupture
Pour un trou circulaire, le facteur Ktvaut 3 et lorsque l’entaille tend vers la fissure
(b << a ou 0), les contraintes sont infinies.
24
Mécanique de la rupture
U
précédente devient : G 2 s
A II.20
Comme d’après la relation I.1 G= л (σR)2a/E, la contrainte à ruptureσRest donnée
via II.20 par :
2E s
R II.21
a
On retrouve ainsi une expression du type II.16 avec β= 2/π.
Pour bien comprendre la signification de l’énergie de Griffith G (encore appelée taux de
restitution d’énergie), on va examiner la propagation (dans une éprouvette d’épaisseur
unité) dans les deux cas classiques suivants :
• Propagation à déplacement x imposé (figure II.10b)
• Propagation à force F imposée (figure II.10c)
2 2
1 2 x x C
Wélast CF Wélast a II.22
2 2C 2C a
On constate ainsi que l'énergie élastique emmagasinée décroît.
U
Comme ∆Wext =0=∆U+Wélast⇒ ∆U=-Wélast et G lim , soit :
a0 a
25
Mécanique de la rupture
2 2
C F C
x
G 2 II.23
2C a x 2 a x
x x C
∆F=0 ⇒ 0, soit
C x C
Fx 2 C
W ext F.x .C F a
C a F
2 C
U Wext Wélast F a , et l’énergie de Griffith s’écrit alors :
a F
2 C
GF II.24
a F
Les relations II.23 et II.24 avaient été obtenues sous l’hypothèse que l’épaisseur
« e » est égale à l’unité. En l’absence de cette condition, il convient de modifier les
relations comme suit :
2
F C
G II.25
2e a x ou F
II.1.4. Description des champs des contraintes au voisinage immediat d’une fisure à
l’aide du facteur d’intensité des contraintes
26
Mécanique de la rupture
m
K
fij m r g ijm
2
ij II.24
2r m0
Où les coordonnées (r, θ) sont repérées par rapport à l’extrémité de la fissure (figure
II.12). La fonction adimensionnelle fijdépend du mode de sollicitation, l’autre fonction
adimensionnelle gijdépend à la fois du mode de sollicitation, de l’état de contrainte et
de la géométrie du corps fissuré.
Figure II.12 : Définition des axes (x, y) et des coordonnées (r, θ) au voisinage de
l’extrémité d’une fissure
Au voisinage immédiat de l’extrémité de la fissure, les contraintes présentent une
singularité en 1 /r (c’est à dire lorsque r → 0, le produit rσijtend vers une
constante). Comme les termes d’ordre plus élevé r m/ 2(avec m≥2) de la relation II.24
sont négligeables devant 1 /r, la zone la plus critique est bien le voisinage immédiat
de l’extrémité de la fissure. Pour ces raisons, seuls les termes en 1 /r sont considérés.
On dit que les champs de contraintes asymptotiques sont de la forme :
K II.26
ij fij
2r
Dans l’approche de Westergaard (annexe A), ces champs asymptotiques sont décrits et
exprimés à l’aide des facteurs d’intensité des contraintes KI,KII, ou KIII (selon le mode
de sollicitation considéré - mode I, II ou III : figure II.13) :
27
Mécanique de la rupture
KI 3
xx cos 1 sin sin
2r 2 2 2
KI 3
yy cos 1 sin sin II.27
Mode I 2r 2 2 2
KI 3
xy cos sin cos
2r 2 2 2
K II 3
xx sin 2 cos cos
2r 2 2 2
K II 3
Mode II yy sin cos cos II.28
2r 2 2 2
K II 3
xy cos 1 sin sin
2r 2 2 2
K III
13 2r
sin
2
Mode III II.29
23 K III cos
2r 2
Remarque : Lorsque la structure fissurée est simultanément sollicitée dans les trois
modes, le principe de superposition en élasticité linéaire donne :
total
ij ij
I II
ij II.30
Considérons dans un premier temps une structure sollicitée dans le mode I seulement.
Lorsque θ = 0, c’est à dire lorsqu’on se place dans le plan de la fissure, les contraintes
au voisinage immédiat et en aval de l’extrémité de la fissure, sont décrites, via les
relations II.26, par :
KI
xx yy II.31
2r
Le plan (x, y) de la fissure est donc principal pour le mode I. La figure II-14 donne la
représentation graphique de la fonction de r⇒σij(r) à θ = 0.
28
Mécanique de la rupture
29
Mécanique de la rupture
Comme la fissure a pour longueur initiale a et se propage sur une distance ∆a , son
extrémité se déplace de la position A(x =a) à la position A'(x = a+∆a).Dans cette situation,
le champ de contrainte en aval de l'extrémité de la fissure (θ =0) est donnée par :
KI
σ y r, 0 II.37
2πr
alors que le champ des déplacements des lèvres en amont de l'extrémité de la fissure (θ
=π)s'écrit selon les cas :
λ* λ en déformations planes
2r λ 2μ
*
u y r, π
KI
avec * 2λμ II.38
2μ π λ* μ λ λ 2μ en contra intes planes
Où
ν* ν en déformations planes
2r *
u y r, π
KI
1 ν avec * ν II.39
μ π ν en contra intes planes
1 ν
I
Pour calculer l’intégrale (I), on effectue le changement de variables suivant :
a dX x a X
X dx 2 a et II.41
x a X x a a X 1
L'intégrale (I) devient alors
∞ 𝑑𝑋
𝐼 = ∆𝑎 ∫1 √𝑋 − 1 (− 𝑋 2 )II.42
Posant :
30
Mécanique de la rupture
dX
X 1 d
X 1
2 X 1
I a dX
II.43
d dX 1 X 1 1 2 X 1
X
2
X
D’où finalement :
u K 1
2 *
G I lim a0 GI I II.44
a 2
et G I 1 2
En déformations planes * KI II.45
E
K
2
En contraintes planes : * et G I I II.46
1 E
Remarque : Naturellement, des calculs analogues peuvent être effectués en modes II et III
pour une fissure de longueur a se propageant sur une distance ∆a.
mode II : Les champs des contraintes en aval et des déplacements en amont de l'extrémité
d’une fissure sollicitée en mode II, s’écrivent
xy r, 0
K II
II.47
2r
u x r,
K II
2r
1 * II.48
Ces expressions étant les mêmes que pour le mode I, les calculs précédents conduisent à :
1 2 en déformations planes
2
K II
G II
1 *
2
K II E
G II II.49
2
2
K II
en contraintes planes
G II E
3- Mode III
Cette fois-ci, les champs des contraintes en aval et des déplacements en amont de
l'extrémité de la fissure s’écrivent :
yz r, 0
K III
II.50
2r
2r
u 3 r,
K III II.51
31
Mécanique de la rupture
Si bien qu’il est possible d’établir que l’énergie de Griffith en mode III est :
2
K III
G III II.52
2
4- Cas général :
Dans le cas général, c’est-à-dire lorsque les trois modes de sollicitation coexistent, l'énergie
de Griffith s'écrit :
1 * K 2I K 2II K III
1 2
G G I G II G III soit G II.53a
2
Endéformations planes : G
1
E
1 2 K 2I K II2 1 K III
2
II.53b
En contraintes planes :
G
1
E
K I K II 1 K III
2 2 2
II.53c
K I K I K I ...
total A B C
KI II.54
Mais,
K total K I K II K III II.55
32
Mécanique de la rupture
Figure II.18 : Fissure sollicitée en mode I dû à une traction puis à une flexion
Les FIC KI sont connus pour les chargements de traction et de flexion (voir manuels
spécialisés). Et comme ces deux chargements conduisent à des sollicitations de la fissure
en mode I, la solution est :
KI
traction
KI
total flexion
KI II.56
Il est parfois aussi possible d’imaginer un chargement donné dont la solution est inconnue,
comme somme de chargements qui auraient en revanche l’avantage d’admettre des
solutions connues. Le principe de superposition permet alors d’obtenir par combinaison
linéaire la solution du problème. Pour illustrer nos propos, nous allons examiner le cas
particulier de la figure II.19 : pour déterminer le facteur KIcorrespondant au chargement de
la figure II.19a, nous considérons les chargements II.19b (son FIC est connu) et II.19c (son
FIC est nul puisque la fissure reste fermée et que l’intensité des contraintes ne peut donc
être transmise), si bien que :
a b c c a b
K I K I K I avec K I 0 K I K I II.57
Figure II.19 : Détermination du FIC KIpour une fissure dont les lèvres sont soumises
à une tractionσ0
Cet exemple illustre le résultat plus général suivant : les contraintes de traction appliquées
sur la frontière d’un solide fissuré (cas de la figure II.19b) peuvent être déplacées sur les
lèvres de la fissure (figure II.19a) sans que cela change le FIC. La figure II.20 représente
33
Mécanique de la rupture
un solide non fissuré soumis à un chargement de traction σ∞ (x) qui se traduit par une
répartition des contraintes σ(x) sur le plan A-B. Supposons maintenant que ce solide se
fissure le long du plan A-B. Maintenir ce corps sous la contrainte σ∞( x) revient, via le
principe de superposition, à enlever le chargement σ∞( x) pour le remplacer par le
chargement σ(x) aux lèvres de la fissure. Le FIC KIest alors inchangé :
a b c b c
K I K I K I K I puisque K I 0
Remarque : Le chargement σ (x) qui apparaît sur la figure II.21 est celui qui s’appliquait
sur le plan A-B lorsque la structure n’était pas fissurée (voir figure II.20).
Figure II.20 : Solide non fissuré soumis au chargement σ∞( x) conduisant à une répartition
σ (x) sur le plan A-B.
34
Mécanique de la rupture
z
Z z II.58
z a
2 2
Pour simplifier les calculs, nous munissons l’espace d’un repère dans lequel le plan de la
fissure admet y = 0 comme équation cartésienne. Le FIC KIà l’extrémité x = a, est alors
35
Mécanique de la rupture
Figure II.23 : Lignes de forces dans une éprouvette fissurée de grandes dimensions et de
dimensions finies
Figure II.24 : Fissures de longueur 2a, distantes de 2L dans une éprouvette infinie.
𝜎∞ 𝜎∞ sin 𝑥 ∗
a*=πa/2L et x* = πx/2L, on a Z(z) = = √sin2 II.61
√1−sin2 𝑎∗ / sin2 𝑥 ∗ 𝑥 ∗ −sin2 𝑎∗
Soit
𝜎∞ √sin 𝑎∗ 1 1 𝜎∞ √sin 𝑎∗
Z(x) ≈ ≈ II.62
𝑥→𝑎 √sin 𝑥 ∗ −sin 𝑎∗ √2 √2 √(𝑥 ∗ −𝑎∗ ) 𝑐𝑜𝑠𝑎∗
𝜋𝑎
KI= 𝜎 ∞ √2𝐿√𝑡𝑔 2𝐿 II.63
36
Mécanique de la rupture
Plus tard, toujours pour le même chargement, des calculs par éléments finis ont permis une
détermination plus précise de la solution :
𝜋𝑎 −1/2 𝑎 2 𝑎 4
KI=𝜎 ∞ √𝜋𝑎 [𝑐𝑜𝑠 2𝐿 ] [1 − 0,025 (𝐿 ) + 0,06 (𝐿 ) ] (2*)II.65
Où le polynôme en a/L est un terme d’ajustement numérique issu des méthodes de calcul
par éléments finis.
Remarques
1/ Ces deux dernières expressions du FIC sont de la forme :
𝑎
KI =𝜎 ∞ √𝜋𝑎 f(𝐿 )II.66
37
Mécanique de la rupture
ténacité et est notée KC. Elle caractérise la capacité d’un matériau à résister à la
propagation d’une fissure.
Les formules II.64, II.65 et II.66 qui permettent d’attacher les quantités KCet GCselon le
mode de sollicitation s’étendent dans le contexte général de sollicitations simultanées dans
les trois modes par :
𝐾𝐼2 + 𝐾𝐼𝐼
2 2
𝐾𝐼𝐼𝐼
𝐶 𝐶 𝐶
Gc= + II.67
𝐸′ 2μ
𝐸′ = 𝐸 𝑒𝑛 𝑐𝑜𝑛𝑡𝑟𝑎𝑖𝑛𝑡𝑒 𝑝𝑙𝑎𝑛𝑒
Avec{ ′ 𝐸
𝐸 = (1−𝑣 2 )
𝑒𝑛 𝑑é𝑓𝑜𝑟𝑚𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑝𝑙𝑎𝑛𝑒
En ce sens, on dit que GCest aussi une mesure de la ténacité KC. En pratique, c’est souvent
la valeur critique KICqui est retenue pour caractériser un matériau puisque le mode le plus
endommageant est le mode d’ouverture. Le rôle de la ténacitéKICen MLR est analogue à
celui de la limite d’élasticité σEen mécanique classique.KICdépend comme σEde la
température d’essai et de la vitesse de déformation, mais aussi de l’épaisseur du matériau
testé.
Les évolutions caractéristiques de KIC, qui ont été obtenues à partir d’essais normalisés,
sont représentées schématiquement sur la figure II.26.
L’épaisseur influe sur l’état de contrainte. Dans les éprouvettes d’essais de faible épaisseur
(plaques), chargées en mode I dans leur plan, l’état de contraintes planes est prédominant
et la valeur critique du FIC est élevée, notamment dans les matériaux ductiles. Lorsque
l’épaisseur augmente, on observe une transition vers un état de déformations planes, le FIC
38
Mécanique de la rupture
critique diminue et n’évolue plus au-delà d’une certaine épaisseur - c’est cette valeur
minimale stabilisée du KICqui définit la ténacité du matériau.
Les mesures de ténacité sont faites sur des éprouvettes normalisées pré fissurées en fatigue.
Les normes ASTM (American Society for Testing and Materials) d’essais préconisent,
pour une bonne mesure de la valeur stabilisée du KIC :
𝐾𝐼 2
a, e, (L-a)≥ 2,5 ( 𝜎 𝐶 ) II.68
𝐸
Remarque :
Le vieillissement des matériaux influe, comme la vitesse de déformation, sur la ténacité : à
mesure que les matériaux vieillissent, le domaine fragile s’étend aux dépens du domaine
ductile avec translation de la zone de transition vers les températures plus grandes. Pour
cette raison, certains vieux ponts de structure métallique sont fermés en périodes de gel,
puisqu’ils deviennent alors très fragiles (un peu comme le verre) et menacent à tout
moment de rompre.
39
Mécanique de la rupture
{
Où la quantité ∆Wséppeut devenir négligeable devant ∆Wplasten cas de forte ductilité.
L’extension ∆a de la fissure se produit donc lorsque l’énergie de Griffith atteint la valeur :
Gc= 2(γs+γp) avec 2γpl'énergie spécifique de plastification
Comme l’extension de fissure n’est pas forcément stable, on convient, pour étudier la
stabilité, de poser pour une épaisseur unité de la structure :
∆𝑈 = 𝑅∆𝑎 II.71
Où R est la force de résistance à l’accroissement de la fissure, encore plus simplement
appelé, la force de résistance à la rupture. Il s’ensuit que la quantité R est, comme l’énergie
de Griffith, homogène à une énergie par unité de surface ou à une force par unité
d’épaisseur. Le tracé des variations de R en fonction de la longueur de fissure est appelé la
courbe R. A présent, considérons une fissure de longueur initiale 2a0 sur une plaque de
grandes
dimensions, soumise à une contrainte σ ∞. A σ∞ fixée, l’énergie de
Griffithvarieproportionnellement à la longueur de fissure puisque (relations I.1 et I.2)
𝜋𝑎(𝜎∞ )2 𝜋𝑎𝜎𝑅 2
:Gc= , et Gc= à la rupture. La figure II.27 présente schématiquement l’allure
𝐸 𝐸
40
Mécanique de la rupture
41
Mécanique de la rupture
42
Mécanique de la rupture
a) Approche d’Irwin
Dans le plan d’une fissure et en aval de l’extrémité de celle-ci, la contrainte normale σy
est donnée, par exemple dans le cas d’une sollicitation en mode I (relation I.4 avec
θ= 0), par :
KI
y II.32
2r
Irwin considère, en première approximation, que la frontière entre zones élastique et
plastique correspond au lieu des points où les contraintes atteignent la limite d’élasticité
du matériau. Pour la détermination du rayon rEpour lequel cette frontière coupe le plan
d’une fissure en contraintes planes, il pose σy= σE où σEest la limite d’élasticité en
traction simple ; ce qui conduit à :
2
1 KI
rE II.33
2 E
43
Mécanique de la rupture
Sur cette figure, le FIC Keffnormalisé par σEπaest reporté en fonction de la contrainte
normalisée σ∞ /σE. Tant que σ∞ <0.5σE,les corrections apportées restent
proches. Par contre, dès que la contrainte appliquée σ∞ >0.5σE, les corrections sont
significatives : la correction de Dugdale-Barenblatt devient excessive alors que celles
d’Irwin et de Burdekin & Stone sont équivalentes jusqu’à σ∞=0.7σE.
44
Mécanique de la rupture
La figure II.28b est une illustration d’un scénario plus proche de la réalité. La fissure
initialement inclinée, a tendance à se propager dans le plan de plus grande sollicitation :
elle revient donc en mode I. En d’autres termes, la fissure suit le chemin de propagation de
moindre résistance (ou le chemin de propagation de plus forte intensité des contraintes) –
elle ne reste donc pas nécessairement dans son plan initial.
Si le matériau est isotrope et homogène, la fissure se propage de sorte que son énergie G
soit maximale. Dans la section suivante, nous exprimons, dans le cas d’une sollicitation
mixte, l’énergie G en fonction de la direction de propagation. Pour alléger la rédaction,
nous nous restreignons à l’étude d’une fissure sollicitée en modes I et II. Bien entendu, le
raisonnement peut être étendu au cas plus général de coexistence des trois modes.
Supposons une propagation infinitésimale d’une fissure initialement inclinée d’un angle β
par rapport à la direction de chargement, selon le chemin indiqué sur la figure II.29a. En se
plaçant dans le plan de la fissure, on a en début de propagation, la situation représentée sur
la figure II.29b.
a) b)
3 ∝ 1 3∝
𝐶11 = 4 𝑐𝑜𝑠 2 + 4 𝑐𝑜𝑠 2
3 ∝ 3 3∝
𝐶12 = − 4 𝑠𝑖𝑛 2 − 4 𝑠𝑖𝑛 2
1 ∝ 1 3∝ 𝐾𝐼2 (∝) + 𝐾𝐼𝐼2 (∝)II.79
𝐶21 = 4 𝑠𝑖𝑛 2 + 4 𝑠𝑖𝑛 2
1 ∝ 3 3∝
{ 𝐶22 = 4 𝑐𝑜𝑠 2 + 4 𝑐𝑜𝑠 2
Les maxima de G(α) pour une valeur de β fixée correspondent aux points où kIest optimal.
Ainsi, le maximum de l’énergie de Griffith est donné par :
𝐾𝐼2 (∝∗ )
Gmax= II.81
𝐸
Où α* est l’angle pour lequel les valeurs de l’énergie G et de k I sont maximales et kII.est
nul. Dans un matériau homogène, une fissure initialement inclinée d’un angle β se
propagera selon une direction formant un angle α* avec le plan initial de la fissure.
b) Mode I équivalent
47
Mécanique de la rupture
Pour les ruptures fragiles, un troisième critère de la mécanique linéaire de la rupture peut
être utilisé. Il s'agit de l'écartement critique de fissure δc. Ce critère est basé sur le fait que
l'ouverture ou écartement des lèvres de la fissure δ sous chargement atteint à rupture une
valeur critiqueδ = δc
La grandeur δ représente le déplacement mutuel de deux points définis de façon
conventionnelle sur les bords opposés de la fissure et prés de sa pointe. La grandeur δc ou
écartement critique de fissure est considérée comme une caractéristique de résistance à la
rupture du matériau.
L'avantage du critère δc sur les autres est sa possibilité d'extension dans le domaine des
ruptures quasi fragiles et ductiles. Dans le cadre de la mécanique linéaire de rupture, il
existe une relation entre les paramètres KI, GI et 𝛿 :
𝛿 =∝ 𝐾𝐼2 /E𝑅0.2 =∝ (1 − 𝜈 2 )𝐺𝐼 /𝑅0.2II.84
48
Mécanique de la rupture
a) b)
Figure II.31 : Comparaison de l’ouverture d’une fissure élastique (a) et
d’une fissure dont l’extrémité s’émousse (b).
49
Mécanique de la rupture
Si l'on charge statiquement une éprouvette de mesure de K1C, on observe unécartement des
lèvres à fond de fissure. On relie cet écartement au déplacement v perpendiculaire au plan
de la fissure (figure II.32) dont la valeur est :
1
𝐾𝐼 𝑟 2 𝜃 𝜃
𝑣= [ ] sin 2 [𝑘 + 1 − 2𝑐𝑜𝑠 2 2] II.85
2𝜇 2𝜋
3−v E
On prend 𝑘 = 1+v pour des contraintes planes, et nous rappelons que μ = 2(1+v) , nous
obtenons :
4K2I
CTOD = II.89
πEσe
Solution de Dugdale
Utilisant la solution de Dugdale, Kanninen (Kanninen 1984) avait montré que
l'ouverture de fissure le long de la fissure donne que :
2 𝜎𝑒 √𝑐 2 −𝑎2 +√𝑐 2 −𝑥 2 𝑥 𝑥√𝑐 2 −𝑎2 +𝑎√𝑐 2 −𝑥 2
𝑣(𝑥) = 𝜋 {log |√𝑐 2 | + 𝑎 log | |}II.90
𝐸 −𝑎2 +√𝑐 2 −𝑥 2 𝑥√𝑐 2 −𝑎2 −𝑎√𝑐 2 −𝑥 2
Pour 0 ≤ x ≤ 𝑐 , avec x= a
50
Mécanique de la rupture
4 𝑎𝜎𝑒 𝑐
𝑣(𝑎) = log 𝑎II.91
𝜋 𝐸
Nous obtenons :
8 aσe π σ 8 aσe 1 π σ 2 1 π σ 4
CTOD = 2v = log [sec 2 σ ]II.93CTOD = [2 ( 2 σ ) + 12 ( 2 σ ) + ⋯ ]II.94
π E e π E e e
K2 π2 σ2
CTOD = Eσ [1 + 24 σ2 + ⋯ ]II.95
e e
𝜎
Notons que la valeur de 𝜎 est très petite, donc CTOD peut être exprimée par :
𝑒
K2 𝐺
CTOD = = 𝜎𝐶 II.96
Eσe 𝑒
Cette expression montre que la valeur de 𝛿 ne pourra être déterminée que si on connaît la
valeur de r (donc la position du centre de rotation). Plusieurs auteurs ont fait diverses
propositions : exemple 2,2 < r < 6,7 quand 𝜹 passe de 0,1 à 0,4 mm.
51
Mécanique de la rupture
52
Mécanique de la rupture
Où JIc est une ténacité du matériau, qui caractérise la croissance stable de fissure, mais
aussi ledémarrage de la rupture instantanée
u
J W e.dy T i i ds
C x II.101
Avec :
- 𝐶un contour fermé entourant la pointe de la fissure (figure II-34) ;
𝜀
- We la densité d’énergie de déformation élastique égale à we =∫0 𝜎𝑑𝜀 ;
- Tile vecteur contrainte appliqué sur dS égale à 𝜎𝑖𝑗 𝑛𝑗 , 𝑛𝑗 étant les normales au contour
𝐶;
- 𝑛𝑖 le déplacement associé à 𝑇𝑖
L’intégrale J,présente d’importantes propriétés :
- elle caractérise l’influence du chargement appliqué sur la pointe de fissure
étudiée,
- elle est égale à la variation d’énergie potentielle de la structure lors d’une avancée
Le calcul de l’intégrale J (ou de Rice) sera utilisé pour déterminer le facteur d’intensité de
contrainte. En élasticité, J est égale à l’énergie de propagation d’une fissure définie par
Griffith et notée G : pour un solide élastique, G correspond à l’énergie spécifique de
création de surfacelibre. L’énergie G est reliée au facteur d’intensité de contrainte K par la
relation suivante:
𝐾2
J = G = 𝐸𝐼′ II.102E’= E en contraintes planes
53
Mécanique de la rupture
𝐸
E’= 1−𝜈2 en déformation planes
Lorsque la structure étudiée n’est pas entièrement plastifiée, autrement lorsqu’on n’est pas
enplastification étendue, l’intégrale J est théoriquement indépendante du contour. Cette
invariancede J \vis-à-vis de 𝑐 permet de choisir un contour éloigné de la pointe de la
fissure. Ceci évite lesimprécisions liées aux erreurs importantes qui affectent généralement
le calcul des champsmécaniques singuliers au voisinage de la pointe de fissure.
54
Mécanique de la rupture
uy
J
ds II.105
c
55
Mécanique de la rupture
ρ ρ
J = 2σe ∫0 duy (X) = σe ∫0 dδ = σe δ = σe .CTOD II.106
56
Mécanique de la rupture
K I K II 1 K III
2 2 2
J '
el
'
II.107
E E E
Avec :
E contraintes planes
E ' E
1 2 en déformations planes
Cette expression montre que l'intégrale de Rice comme le facteur d'intensité de contraintes
permet de caractériser au moyen d'un seul scalaire la sévérité d'un chargement sur une
structure élastique fissurée soumise à un mode d'ouverture éventuellement complexe.
L'élasticité linéaire est une approche trés performante lorsque les chargementsappliqués
sont faibles comparés au seuil plastique du matériau étudié. Dans le cas d'unesingularité de
contraintes provoquée par une fissure l'approche élastique conduit à un niveaude
contraintes infini en pointe de fissure. On ne se situe donc pas dans le domaine de validité
de l'approche élastique.
Il existe une zone entourant la pointe de la fissure où le matériau est entièrement
plastifié. Cette zone n'oppose pratiquement aucune résistance aux efforts dans la structure
dans l'hypothèse de plasticité parfaite. La figure II.38représente schématiquement la zone
plastique en pointe de fissure.
57
Mécanique de la rupture
ry
Φ II.108
a
La prise en compte de la plasticité de pointe de fissure reviendra à remplacer la
longueur a de la fissure par : a(1+Φ) dans le calcul de KI ou de Jel.
Irwin propose un calcul plus fin, toujours en mode I et dans l'hypothèse de contraintes
planes, prenant en compte un rééquilibrage des efforts. La figure II.40 représente la
distribution des contraintes dans la direction orthogonale à la fissure avant écrêtage à
σ puisaprés écrêtage sur une longueur 2ry. Pour rééquilibrer les efforts, les aires
hachurées doiventêtre égales.
58
Mécanique de la rupture
2
ry 1
II.110
a 2 0
Irwin complète sa solution en développant une approche plus approximative
endéformations planes, il obtient alors:
2
1
Φ= II.112
0
avecβ = 2 en contraintes planes
etβ = 6 en déformations planes
Cette correction n'est applicable qu'aux faibles niveaux de chargement. Il est doncillusoire
de l'appliquer au-delà de la plasticité généralisée, d'autres corrections intervenant à ce
niveau, comme nous le verrons par la suite. Nous serons amenés à utiliser la correction de
plasticité empirique suivante:
1 / 0
2
Φ= II.113
2 1 / 0 2
59
Mécanique de la rupture
pour une structure donnée.Kumar et Shih font l'hypothèse de radialité des chargements.
Les contraintes à unerésistance c de la pointe de fissure sont proportionnelles au
chargement appliqué :
p
II.114
n, p 0
1 n 1 P/ P 0
2
II.117
n 1 1 P/ P 0 2
2 en contraintes planes
6 en déformations planes
D'après ce que l'on trouve dans la littérature, il existe plusieurs méthodes de caractérisation
de la résistance à la rupture. Cependant, on peut regrouper ces méthodes selon deux
60
Mécanique de la rupture
61
Mécanique de la rupture
T h II.120
eq
Oùσh et σeqsont exprimées dans les directions principales par :
1
h m
3 1 2 3
II.121
1
1
eq
2 2 2 2
1 2 1 3 3 2 II.122
2
Dans le cas des essais biaxiaux sur les éprouvettes papillons, les contraintes σ1et σ2 sont
calculées par les relations suivantes :
xx yy 1
1 yy 4 xy II.123
2
2
xx
2 2
xx yy 1
1 yy 4 xy II.124
2
2
xx
2 2
Où σxx, σyyetσxysont les contraintes locales au centre des éprouvettes papillons
62
Mécanique de la rupture
EXERCICES
Exercice 1
Dans les installations industrielles, on inspecte des tôles de fortes épaisseurs afin de
détecter d’éventuelles fissures susceptibles de provoquer une rupture brutale en service.
Si le matériau a une fissure de 1mm.
a) Calculer la ténacité du matériau
b) Comparer la valeur trouvée avec le facteur d’intensité critique puis déduire une
conclusion
c) Calculer la taille critique de la fissure
On donne :
Re = 480 MPa, facteur de correction géométrique α = 1.12 ; σ = Re,
KIC = 53 MPa.√m
Solution 1:
K . a
3
K=1.2x480x .1x10 30.3 MPa m
Cette valeur est bien plus basse que la ténacité KIC= 53 MPa.√mdu matériau et par
conséquentla rupture, si elle a lieu, sera plutôt du type "déformation plastique
généralisée"...Donc le matériau se déforme progressivement avant de rompre...
2 2
1 K IC 1 53 3
aC 2.7x10 m 2.7 mm
R e 1.2x480
Exercice 2
Une large plaque a une fissure débouchante soumise à une contrainte de traction de 100
MPa, et d’une ténacité de KIC = 50 MPa m1/2.
a) Déterminer la taille critique de la fissure, on suppose que le matériau a un
comportement linéaire élastique
b) Calculer l’Energiecritique de ce matériau sachant que son module d’Young
E = 207000 MPa
63
Mécanique de la rupture
Solution 2:
À la rupture K IC K I a c , donc
50MPa m 100MPa a c
a c 0.0796m 79.6 mm
La longueur totale de la fissure est de 2ac= 159 mm
2
K IC 50MPa m
GC 0.0121MPa mm 12.1kPa m = 12.1kJ/m2
E 207000MPa
Exercice 3
Solution 3 :
a) En utilisant le concept de la mécanique élastique linéaire de la rupture (MELR)
0.025 3/2
K IC max a 200 39.6MN.m
2
1 max 2
K IC max a rp max a 1
2 y
2
0.025 1 200
K IC 200 1
2 2 400
3/2
K IC 42MN.m
64
Mécanique de la rupture
Exercice 4 :
Un réservoir travaillant sou pression fabriquée à base d’une plaque en acier, qui peut-être :
a- Un acier marging (18 % nickel) avec σy= 1900 MN/m2 et KIC= 82 MN.m-3/2 ;
b- Un acier à moyenne résistance avec σy= 1000 MN/m2 et KIC = 50 MN.m-3/2.
- Lequel de ces deux aciers présente la meilleure tolérance au défaut ?
- Comparer leurs ténacités si on suppose qu’ils ont la même tolérance aux défauts.
Le coefficient de sécurité est s = 2.
Solution 4 :
K IC a
y
2
1 K IC
ac , d
d 2
2
1 82
ac 0.0024m 2.4mm, soit une longueur critique 4.2mm
950
b) La longueur de la fissure critique pour l’acier à moyenne résistance :
2
1 50
ac 0.0038m 3.18mm, soit une longueur critique 6.36mm.
500
On constate que l’acier à moyenne résistance présente la meilleure tolérance aux défauts.
Exercice 5
Une plaque d’acier (KIC=150 MPa.(m)1/2 ; σe =1500 MPa) est supposée contenir une
fissuredébouchante semi-élliptique de longueur apparente 3 cm et de profondeur de 0.5 cm.
Quelle est dans ce cas la contrainte causant la rupture de la plaque.
Schant que :
Prendre 𝚽=1
65
Mécanique de la rupture
Solution 5 :
La valeur maximale de KI est obtenue à l’extrémitédu petit axe c.a.d(a=0.5 cm) et vaut
a K IC 150
K I 1.12 1068MPa
a .0.005
1.12 1.12
1
rup 1068MPa
Exercice 6
Un barreau en acier (σe = 1790 MPa, KIC = 90 MPa(m)1/2 ) de sectioncarré 120x120 mm2
est soumis à une force de traction F = 12 MN. Le barreau une fissure d’angle en quart de
cercle de rayon a=1cm. Si on évalue le facteur d’intensité de contraintes à partir de celui de
la fissure semi-circulaire débouchante, le facteur de corrosion sur la surface libre (1,12)
étant appliqué deux fois pour tenir compte des deux surfaces perpendiculaires
Solution 6 :
Le facteur d’intensité de contrainte peut être évalué à partir de celui de la fissure semi-
circulaire débouchante, le facteur de corrosion sur la surface libre (1,12) peut être appliqué
deux fois pour tenir compte des deux surfaces perpendiculaires.
66
Mécanique de la rupture
F 12
833.33 MPa
S 0.12x0.12
a
Donc : K I 1.12 x2
2
117.95 MPa m
K I 117.95 K I c 90 MPa m
on voit bien que K I K I c ,
Donc le barreau se rompra sous la charge appliquée.
Exercice 7
Une plaque épaisse de dimension (W = 200 mm) présente deux fissures critiques de côtés
de longueur a = 10 mm chaque une. Supposons qu'elle est sollicitée à une contrainte de
traction de 650 MPa.
a) Déterminer le facteur d'intensité de contrainte.
b) Quelle serait le défaut qu'on peut tolérer (critique) pour une plaque de fissure centrale et
qui a la même valeur du facteur d'intensité de contrainte et sollicitée à la même contrainte
précédente.
On donne l’intensité de contrainte pour une plaque de deux fissures de cotés :
Solution 7 :
1/2
W a 0.2W a
K a tan sin
a W a W
a) K I 16.65MPa m
2
1 KI
b) a c 11.97mm
67
Mécanique de la rupture
Exercice 8
On réalise des essais de rupture sur deux plaques de ce matériau contenant une fissure
centrale :
- la première de largeur W = 500 mm contient une fissure de longueur 2a = 75mm
- la seconde de largeur W = 50 mm contient une fissure de longueur 2a = 25 mm.
Solution 8 :
1)
K IC 100
1max 291 MPa
1 a C 1 1x .37.5
K IC 100
2 max 427.7 MPa
2 a C2 1.18 x .12.5
2)
5K 2IC 5x K IC 5x100
W , e1 316.22 MPa
e
2
W1 500
5x K IC 5x100
e2 1000 MPa
W2 50
3)
a1. 1max a 2. 2 max
2 2
r P1 15.6 mm , r P2 1.6 mm
e1 e2
2 2
68
Mécanique de la rupture
Exercice 9
a
t m 1 2
0, 5
t 103, 5 1 2 2174 MPa
5x10 3
a
t m 1 2
0, 5
t 103, 5 1 2 2174 MPa
5x10 3
Exercice 10
Une large vitre en verre est soumise à une contrainte de traction de 40 MPa. L’énergie de
surface du verre est de 0.3J/m2 et son module d’élasticité E= 69GPa. Déterminer la
longueur de la surface fissurée (surface perpendiculaire à la contrainte) qui pourra causer la
rupture.
Solution 10 :
2 E
c
a c
2 E 2x0, 3 69x10
9
ac 8, 2x10 6 m 0, 0082 mm 8, 2 m
c x40x10
2 6 2
Exercice 11
Les calculs basés sur la force de cohésion suggèrent que la contrainte de traction du verre
est de 10GPa. Tandis que la valeur de la contrainte de traction trouvée expérimentalement
est seulement de 1.5 % de cette valeur. Griffith suppose que cette valeur est faible à cause
de la présence des fissures dans le verre.
Calculer la longueur de la fissure, de direction perpendiculaire à la contrainte de traction.
69
Mécanique de la rupture
Solution 11 :
2 E 2x 70x10 x0, 5
9
ac 2 9, 9x10 7
c x 0,15x10
9 2
2a c 2x10 6 m
Exercice 12
Une plaque en acier a une contrainte de traction de 1900 MPa. Calculer la valeur du
pourcentage de réduction de contrainte causée par la fissure dans cette plaque qui est de
longueur 2a = 3 mm (surface perpendiculaire à la contrainte)
On donne :
E = 200 GPa, l'énergie surfaciqueγs= 2 J/m2, l'énergie plastique γp = 2×104 J/m2
Solution 12 :
Gc 2 s p
a 2
Gc
E
G cxE 40004x200
600, 54 MPa
.a .1, 5
c 600, 54
reduction % 31, 6 %
t 1900
Exercice 13
Deux poutres en bois sont assemblées à l'aide d'un adhésif époxy comme indiqué dans la
figure ci-dessous. L'adhésif a été agité avant l'application, entraînant de l'air des bulles qui,
sous pression dans la formation de l'articulation, se déforment en disques de diamètre 2a =
2 mm. Si le faisceau a les dimensions indiquées, Et l'époxy a une ténacité de fracture de
0,5 MN m-3/2.
Calculez la charge maximale F que le faisceau peut supporter.
Sachant que : σ = Mf.V/I0 , I0= bh3/12 et V= h/2
70
Mécanique de la rupture
Solution 13 :
K I a
K 0, 5
= 8, 92 MPa
a 3
.1x10
M f M f .V
I0 I0
V
F Mf
M f .L F
2 L
148666, 66 Nmm
3
0,1
3 3
10
I0
M f . 8, 92.
V 6
148666, 66
F 2x 3
2973, 33N
1x10
Exercice 14
Lors d’un essai de détermination de la ténacité, on trouve KQ = 55 MPa√m. La limite
d’élasticitédu matériau étant égale à 690 MPa et l’épaisseur de l’éprouvette étant de 12,7
mm.
a) Indiquer si l’essai est valide.
b) Donner la valeur maximale de la ténacité qui peut être mesurée avec une telle
éprouvette.
Solution 14 :
K Q2 3 55
2
a) Bmin 2, 5 2 10 x2, 5 15, 38mm
e 690
Bmin >12, 7 donc l ' essai n ' est pas valide
3
2 2
R exB 950 x12, 7x10
b) K Q 67, 71 MPa m
2, 5 2, 5
71
Mécanique de la rupture
Exercice 15
Une éprouvette en alliage AlCu4Mg1 de traction de typeB (CT) 50 mm de largeur, 12.5
mm d'épaisseur, soumis à une force critique de FQ = 9,05 kN. La valeur de la fissure a =
25 mm sa contrainte élastique est de 390 MPa.
a) Calculer le facteur d’intensité de contrainte apparent du matériau
b) Déduire la largeur minimale Bmin de l’éprouvette
c) Que ce vous pouvez conclure ?
Solution 15 :
3
9050x 10 x10, 61
FQ a
1) K Q f , KQ 34, 35 MPa m
B W W 12, 5 50
2 2
KQ 3 34, 5
2) B min 2, 5. 2, 5x10 19, 4 mm
e 390
3) B 12, 5 <19, 4 , cela signifie que K IC > K Q
Exercice 16
72
Mécanique de la rupture
Solution 16 :
Exercice 17 :
Une plaque de perplexe rectangulaire de 600 mm par 300 mm par 6 mm d'épaisseur est
décrite en deux carrés égaux par un couteau, laissant une coupe uniforme de profondeur de
0,3 mm. Quel est le moment de flexion nécessaire pour briser la plaque si la perplexe a un
travail à une fracture de 500 J / m2 ? Notez que E = 2.5 GPa pour perplexe.
Solution 17 :
9
G C.E 500x2.5x10
f 36.4 MPa
.a x0.0003
b t a
3
f .I
Mf , I
t a / 2 12
6 3
36.4x10 x0.3x0.0057
M 59.2 N.m
12x0.00285
Exercice 18
Si la contrainte de rupture d'une grande tôle d'acier maraging, qui contient une fissure
centrale de 40 mm, est de 480 MPa, calculez la contrainte de rupture d'une feuille similaire
contenant une fissure de 100 mm.
73
Mécanique de la rupture
Solution 18 :
G C.E 3
f , K .a 480 x20x10 120.32 MPa m
.a
K 120.32
f 304 MPa
x a 2 3
x50x10
Exercice 19
Une poutre en porte-à-faux fissurée est déviée de 8 mm sous une charge de 10kN. À la
même charge, la déviation est augmentée de 1 mm en raison d'une extension de la fissure
de 0,5 mm. Calculez le facteur d'intensité de contrainte initiale. Supposons E = 200 GPa,
épaisseur de la section = 0,5 m
Solution 19 :
2
P c
GC ,
2.B a
8
Complaisance initiale mm / N
10000
9
Complaisance finale mm / N
10000
2
4
c 10
G x 1 2x10 4 N / m
1
,
a 5000 2x0.5 5000
2
K 4 9
G K G.E 2x10 x200x10 63.2 MPa m
E
74
Mécanique de la rupture
Exercice 1
a
K I 1.12
1.07
Exercice 2
Calculer la ténacité d’un matériau pour lequel on effectue un essai sur une plaque delargeur
W = 500 mm, d’épaisseur B = 19 mm, contenant une fissure centrale de longueur 2a =
50mm.
a) Est-on en état de déformation plane ?
b) Quel est le type de rupture observé ? rupture brutale, plastification généralisée ?
c) Quelle est la dimension de la zone plastifiée au moment de la rupture ?
AN : charge à rupture 1360 kN, limite d’élasticité : 480 MPa
2 2 3
a a a
K a , avec 1 0.256 1.152 12.2
w w w
Exercice 3
75
Mécanique de la rupture
Exercice 4
Trois fissures sont détectées dans une structure par l’ultrason. La première d’une
longueur de 16 mm dans une région de contrainte de 100 MPa avec une fonction de forme
(f = 1,2)
La deuxième d’une longueur de 9 mm sous une contrainte de 150 MPa, avec f= 1.1 et la
troisième est d’une longueur de 25 mm dans une région de contrainte de 70 MPa et
(f = 1,3).
Quelle est la plus dangereuse fissure dans cette structure ?
Déduire l’énergie de griffith correspondant à cette fissure, sachant que E = 207 Gpa
Exercice 5
ν= 0.28.
Exercice 6
On considère deux matériaux, dont les caractéristiques mécaniques sont les suivantes :
- un alliage d'aluminium 2024-T3 : de limite d'élasticité Re = 490 MPa et de ténacité
K1C = 110 MNm-3/2
- un acier de limite d'élasticité Re = 1700 MPa et de ténacité K1C= 60 MNm-3/2.
On veut tester deux éprouvettes constituées respectivement de chacun de ces matériaux ;
on utilise des plaques à entaille centrale, contenant une fissure de longueur initiale
2a = 2 mm.
1) Déterminer la contrainte critique conduisant à la rupture brutale pour ces matériaux.
2) Commentez les résultats obtenus : selon vous, quel type de rupture obtiendra-t-on pour
chacundes matériaux ? Quel matériau suggéreriez-vous d'utiliser et pourquoi ?
76
Mécanique de la rupture
Exercice 7
Une plaque de verre de 2 m par 200 mm par 2 mm contient une fissure centrale parallèle au
côté de 200 mm. La plaque est fixée à une extrémité et chargée en tension de l’autre avec
une masse de 500 kg. Quelle est la longueur maximale admissible de la fissure avant la
rupture ? Supposons l'état de contrainte plane et les valeurs de propriété matérielle
suivantes : E = 60 GPa, l'énergie de surface est de 0,5 J / m2.
Exercice 8
Exercice 9
La contrainte de rupture d’une plaque en acier, dont elle contienne une fissure centrale de
longueur 40 mm est de 480 MPa.
Calculer la contrainte de rupture de ce même matériau, contenant une fissure d’une
longueur de 100 mm.
Exercice 10
77
Mécanique de la rupture
Quelle est la contrainte maximale appliquée au niveau du fond d’une fissure intérieure de
longueur 3,8.10-2 mm, avec un rayon de courbature de 1,9.10-4 mm, sachant que la
contrainte de traction nominale est de 140 MPa ?
Exercice 12
Pour les matériaux ayant une ténacité modérée (par exemple des alliages d'aluminium),
KIc peut être déterminé à partir de J Ic. Exprimer l'épaisseur minimale requise pour l'essai
JIc (Bj) en termes d'épaisseur minimale requise pour le test KIc(Bk).
Tels que :
Le module d’ YoungE = 70 000 MPa, la résistance élastique σe= 345 MPa
La résistance à la rupture σr = 500 MPa
78
Mécanique de la rupture
Exercice 13
La valeur de l'intégrale J est indépendante du chemin exact suivi par la pointe de fissure
dans le sens antihoraire, en commençant parle plus bas et se terminant sur la fissure du
flanc supérieure (figure ci-dessous).
a) Qu'est-ce que J pour un contour fermé, c'est-à-dire n’entourant pas la singularité de
pointe de fissure?
b) Indiquez ce qui ne va pas dans le raisonnement du texte suivant :
Le long du contour fermé ABPA représenté sur la figure, l'intégrale J est nulle. Le long des
flancs AP et BP J est égal à zéro aussi. Par conséquent, J doit être nul le long du contour
entourant fissure, A B.
Exercice 14
Un test JIc est réalisé sur de l'acier avec les propriétés suivantes:
E = 207 GPa ;σys = 360 MPa en σuts = 560 MPa ;ν = 0,28.A cet effet, uneéprouvette de
flexion à 3 points est utilisée ayant les dimensions suivantes :
W = 50 mm ; B = 20 mm ; a = 30 mm.
La charge augmente linéairement avec le déplacement. Au début de l'extension de la
fissure, la charge est de 25 kN, tandis que le déplacement est de 4 mm.
a) Quelle valeur suit pour JIc, si cela est défini comme J au début de l'extension de la
fissure?
b) Quelle est la valeur correspondante pour KIc?
c) Quelle épaisseur doit avoir l'échantillon pour une détermination KIc valide ?
79
Mécanique de la rupture
REFERENCES
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