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Chapitre I (suite) : La rupture des matériaux - classification et

faciès

I. Introduction :
La rupture d’une pièce mécanique peut s’interpréter avant tout comme une
identification de la continuité de la pièce. Dans ce cas l’application de la mécanique des
milieux continus se heurte à une singularité du à la présence de fissure dans la pièce.
La mécanique de la rupture n’est autre que l’application de la mécanique des milieux
continus et de la loi de comportement du matériau à un corps dont des conditions aux limites
relatives à la présence géométrique de la fissure sont introduites.

II. Aperçu historique sur la rupture


Eviter la rupture n’est pas en soi une idée nouvelle, les concepteurs des structures de
l’Egypte des pharaons ou ceux de l’empire romain sous ont laissé des édifices que l’on peut
encore contempler ce qui prouve bien qu’ils avaient le souci d’éviter la ruine des structures.
Les matériaux utilisés avant la révolution industrielle étaient cependant limités pour
l’essentiel au bois de construction, à la pierre ou à la brique et au mortier. La brique et le
mortier sont relativement fragiles lorsqu’on les utilise en traction ; les structures anciennes qui
ont résisté au temps, étaient changées en compression, (pyramides, pont romains). Il a fallu
attendre la révolution industrielle au début du 19e siècle, avec l’utilisation de l’acier sont les
propriétés mécaniques permettaient de concevoir des structures pouvant résister à des charges
de traction.
Les premiers essais de rupture ont été menés par Léonard de Vinci bien avant la
révolution industrielle, qui a montré que la résistance à la traction de fils de fer variaient
inversement avec leur longueur. Ces résultats suggéraient que les défauts contenus dans le
matériau contrôlaient sa résistance, plus le volume est important (fil de fer long) plus la
probabilité de présence de fissure par exemple est importante.
Cette interprétation qualitative fût précisée plus tard en 1920 par Griffith qui établit
une relation directe entre la taille du défaut et la contrainte de rupture. S’appuyant sur les
travaux de Inglis, Griffith appliqua l’analyse des contraintes autour d’un trou elliptique à la
propagation instable de fissure, il formula ainsi à partir du premier principe de la
thermodynamique, une théorie de la rupture. Cette théorie prédit correctement la relation entre
la contrainte de rupture et la taille du défaut dans les matériaux fragiles. Dans les matériaux
ductiles et notamment les alliages métalliques, l’avancée d’un défaut s’accompagne d’une

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importante dissipation d’énergie due à la plastification qui se développe à l’extrémité d’une
fissure et la théorie de Griffith qui ne considère que l’énergie de création de surface ne peut en
rendre compte. Ila fallu attendre les travaux d’Irwin en 1948 qui proposa une modification de
la théorie de Griffith en incluant justement dans le bilan énergétique, l’énergie due à la
plastification, pour que l’approche de Griffith soit applicable aux matériaux ductiles. Il
développa ensuite en 1956 le concept de taux de restitution d’énergie à partir toujours de la
théorie de Griffith mais sous une forme facilement exploitable par les concepteurs de
structure. En 1957, s’appuyant sur les travaux de Westergaard qui analyse les charges de
déplacement et de contrainte élastiques près de l’extrémité d’une fissure sous chargement
donné, Irwin montra que les déplacements et les contrainte au voisinage de l’extrémité d’une
fissure peuvent être décrits à l’aide d’un paramètre unique qui était relié au taux de restitution
d’énergie, ce paramètre est le facteur d’intensité de contraintes (FIC).
Depuis, le développement de la mécanique de la rupture s’étend aux problèmes non
linéaires matériellement et géométriquement, aux problèmes de bifurcation des fissures en
modes mixtes et plus récemment à la propagation des fissures sous charges dynamique, à la
rupture de laminés et composites, au techniques numérique de résolution et à l’état de l’art
relatif au dimensionnement de diverses structures complexes.
III. Généralités sur les ruptures :
III. 1. Faciès macroscopiques de rupture :
A l’échelle macroscopique, les surfaces de ruptures sont loin d’avoir des formes
simples, on peut cependant considérer deux mode principaux de rupture : la rupture plate et
la rupture inclinée. Ces deux modes sont représentés sur la

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La rupture plate correspond à une surface de rupture perpendiculaire à la direction de la
contrainte principale maximale. On la trouve généralement dans des ruptures se produisant avec
une déformation plastique faible (c’est le cas par exemple des ruptures fragiles des aciers
présentant une transition ductile – fragile). Quand le plan de rupture est incliné, la rupture
s’accompagne généralement d’une forte déformation plastique.
Dans la plupart des cas, la rupture est une combinaison des deux types élémentaires
précédents (Fig. I. 1 c, d, e)
III. 2. Modes de rupture :
Considérons un état initial dans lequel une fissure plane est soumise à un système de
forces, supposons de plus que la propagation de cette fissure se fasse dans son plan, l’état le
plus général de propagation peut être ramené à la combinaison de trois modes principaux,
notés I, II, et III (figure I. 2)

a) b) c)
Fig. II. 2 : Modes de rupture
a) Mode I
b) Mode II
c) Mode III

 mode I (mode d’ouverture) : les surfaces de la fissure se déplacent perpendiculairement


l’une à l’autre (Fig. I. 2. a)
 mode II (cisaillement dans le plan) : les surfaces se déplacent dans le même plan et dans
une direction perpendiculaire au front de la fissure (Fig. I. 2. b)
 mode III (cisaillement antiplan) : les surfaces de la fissure se déplacent dans le même plan
et dans une direction parallèle au front de la fissure (Fig. I. 2. c)
Il faut signaler que les ruptures dangereuses sont généralement des ruptures de mode I.
C’est la raison pour laquelle la plupart des études de la mécanique de la rupture ont porté sur
ce mode.
IV. Classification des différents types de ruptures :
Le but de la microfractographie est d'analyser les faciès de rupture et de relier leur
morphologie aux causes et aux mécanismes de rupture. Il faut d'abord tenter de classer ces
faciès. Certains cassures ont un aspect caractéristique : c'est le cas des ruptures par clivage,

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des ruptures ductiles et des ruptures se propageant aux interfaces séparant soit les grains d'une
même phase, soit des phases de nature différente. Ces différents types peuvent se côtoyer u
sur une même cassure; ils sont liés au mode de propagation de la rupture et aisément
différenciés à l'aide du microscope électronique.
Les ruptures par fatigue présentent aussi parfois des traits caractéristiques qui
permettent de les identifier. Ceci nous conduit à la classification suivante, liée à des faciès
typiques :
 Ruptures intra – cristallines : fragiles
- Rupture par Clivage suivant un plan cristallographique.
- Rupture de matériaux très fragiles : - faciès à lignes de Wallner.
- rupture fragiles de certains composée inter-
métalliques.
- Rupture de faciès ductile
- Rupture par fatigue
 Ruptures inter – granulaires :
- Ruptures intergraniulaires liées à la présence de précipités aux joints de grains.
- Ruptures intergranulaires fragiles survenant sans que le constituant étranger
responsables de la fragilité soit visible sur les joints de grain aux grandissements
les plus élevés.
- Ruptures intergranulaires à chaud.
Certains phénomènes tels que la corrosion sous contraintes et la fragilisation par
l'hydrogène, conduisent – du moins dans certains types d'acier à haute résistance – à
des ruptures dont le faciès fragile est très comparable à celui des ruptures obtenues au
cours d'essais mécaniques classiques : dans ces conditions, l'identification des faciès
ne permet pas de déterminer les causes de la rupture. La microfractographie n'est dans
ce cas qu'un des éléments du diagnostic, elle permet d'éliminer certaines hypothèses.
1°) Clivage :
Le clivage est un mode de rupture dont le mécanisme principal est la séparation des
plans atomiques pratiquement sans déformation. Particulièrement fréquent dans les cristaux
ioniques. Il peut être observé dans les métaux, en particulier dans le cas des faibles symétries
cristallines comme les cubiques centrés ou hexagonaux. Ce mode de rupture étant en
compétition avec la déformation plastique, il est facilité par une faible température, lorsque
les mécanismes de déformation sont moins activés.

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Le tableau suivant donne les indices cristallographiques des plans de clivage observés
expérimentalement :
Structure Plan de clivage Quelques matériaux correspondants
Cubique Centré 100 Aciers ferritiques, Mo, W, Ta…
Cubique à faces Centrées 111 Très rarement observé
Hexagonal 0001 Be, Mg, Zn, Ti, graphite….
Diamant 111 C diamant, Si, Ge
NaCl 100 NaCl, LiF, MgO, AgCl……
ZnS 110 ZnS, BeO…….
CaF2 111 CaF2, UO2, ThO2………

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