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28 Avril 1988
Vol 243 : Compression explosive et défaillance de la structure à 24 000 pieds de Hilo
à Honolulu, Hawaï
90 passagers et 5 membres d'équipage.
Un agent de bord a balayé une surcharge, 65 blessés (8 sérieusement).
descente et atterrissage d'urgence à l'aéroport de Kahului (île de Maui).
Décollement significatif et fatigue défaillance de l'assemblage par recouvrement et
séparation du lobe supérieur du fuselage.
Problèmes postérieurs en matière de sécurité et conception technique (fissuration par
fatigue à sites multiples).
I.1.Apercusur la rupture
Éviter la rupture n’est pas en soi une idée nouvelle : les concepteurs des structures de l’Égypte
des pharaons (pyramides) ou ceux de l’empire romain nous ont laissé des édifices que l’on
peut encore contempler. Les matériaux utilisés avant la révolution industrielle étaient
cependant limités pour l’essentiel au bois de construction, à la pierre ou à la brique et au
mortier. La brique et le mortier sont relativement fragiles lorsqu’ils sont utilisés en traction.
Pour ces raisons, toutes ces structures anciennes (pyramides, ponts romains…) qui ont su
résister au temps, étaient chargées en compression - en fait, toutes les structures de l’époque
précédant la révolution industrielle étaient conçues pour des chargements en compression.
L’utilisation de nouveaux matériaux ductiles (acier et autres alliages métalliques) pour des
chargements en traction conduisit cependant à quelques problèmes. Des ruptures se
produisaient parfois pour des niveaux de charges bien inférieurs à la limite d’élasticité. La
recherche en mécanique de la rupture devait donc être développée. Les premiers essais de
rupture ont été menés par Léonard de Vinci (1452-1519) bien avant la révolution industrielle :
il a montré que la résistance à la traction d’un fil de fer variait inversement avec la longueur
de ce fil. Ce résultat suggérait déjà que les défauts contenus dans le matériau contrôlaient la
résistance de celui-ci : plus le volume est important (fil de fer long) plus la probabilité de
présence de fissure est importante. Cette interprétation qualitative fût précisée plus tard en
1920 par Griffith qui établit une relation directe entre la taille du défaut et la contrainte de
rupture.
Généralité :
Les études faites sur les matériaux ont montré que le phénomène de la propagation de la
rupture est dû essentiellement aux défauts existants dans le matériau. Les conditions
d’exploitation jouent un rôle déterminant, en particulier : la température et la vitesse de
sollicitation.La théorie de la mécanique de la rupture est un moyen pour estimer la stabilité
des fissures qui peuvent survenir à cause des défauts. Elle permet de prévoir l’évolution de la
fissure jusqu’à la ruine de la structure.
A ce jour, basé sur les expériences, la théorie de la mécanique de la rupture n’est nullement
une science de base exhaustive et exacte, cependant, plusieurs approches ont été proposées.
a) Analyse des contraintes au voisinage d’un trou elliptique :
C’était la première approche d’Inglis en 1913. Il a montré que la contrainte au fond du trou
elliptique d’une plaque chargée en traction σ est beaucoup plus élevée que la contrainte dans
un champ lointain (figure. I.2).
2γ
Dès que G est supérieur à 2γ, une partie de l'énergie disponible sert précisément à rompre les
liaisons : c'est l'énergie de séparation. L'excès d'énergie (G-2γ)dsest transformé en énergie
cinétique, qui pourrait à son tour, s'il n'y avait pas d'autreapport d'énergie extérieure, se
dissiper dans la séparation de surface nouvelle. Ceprocessus peut mener à la propagation
instable.Si les sollicitations extérieures sont telles que l'égalité
soit vérifiée à tout moment, alors il n'y a pas d'accroissement d'énergie cinétique :
la rupture est contrôlée et la croissance de la fissure est stable.
Rupture par fissuration rapide : ductile, semi-fragile, fragile ; Rupture par fissuration
progressive :
- Sous sollicitations statique : corrosion sous contrainte, fluage, ...
- Sous sollicitations cycliques : fatigue mécanique, fatigue thermique ;
- Sous sollicitations complexes : Fatigue-corrosion, fatigue-fluage, ...
I.1.3.1Rupture fragile
Figure. I.3 : Faciès de rupture d’une éprouvette de Charpy rompue à -70 °C.
(b)
(a) (c)
Caractérisée par une décohésion intergranulaire ; La rupture suit les joints des grains.
Mécanismes :
Elle survient par accumulation d’impuretés ou d’inclusions (présence de seconde phase au
joint du grain ou ségrégation d’un élément chimique), qui sont à l’origine d’une fragilité
introduite, par exemple la fragilité au revenu.
Caractéristiques :
La rupture présente deux aspects à l’échelle microscopique (figureI.8) :
- Aspect lisse, si la rupture suit les joints des grains) avec déformation plastique réduite
- Aspect de cupules).
La rupture suit les facettes du grain par détérioration du joint de grain. La rupture
intergranulaire se manifeste sous deux formes :
- Rupture fragile à basses températures quand les éléments d’impuretés ségrégés au joint du
grain diminuent l’énergie de cohésion de ces joints ;
- Rupture intergranulaire par fluage aux températures moyennes et élevées (≥ 1/3 T fusion).
Les défauts qui conduisent à ce type de rupture sont initialement des cavités puis leurs
multiplications ou décohésion (points triple).
Figure I.9 : Formes de rupture d’aluminium pur (a) rupture cisaillée, (b) et (c) rupture de
forme respectivement cuvette et cône.
Deux approches sont utilisées pour le dimensionnement des structures (figure I.10). La
première, la plus classique, repose sur la limité d’élasticité du matériau σ E, alors que la
seconde s’appuie sur le concept de ténacité KCissu de la mécanique linéaire de la rupture
(MLR). Dans le premier cas, les structures sont dimensionnées pour que les contraintes
appliquées σ restent inférieures à la limité d’élasticité (σ <σE).
Un coefficient de sécurité est en général introduit pour prévenir tout risque de rupture fragile
(σ < ασE avec α < 1). Cette approche, qui est entièrement décrite par les deux variables σ et
σE, fait donc abstraction de l’existence d’éventuels défauts sous forme de microfissures par
exemple.
L’approche basée sur la mécanique linéaire de la rupture est en revanche à trois variables : la
contrainte appliquée σ, la ténacité KC(qui remplace la limité d’élasticité) et une nouvelle
variable attachée cette fois-ci à la taille du défaut. Pour cette même approche, deux études
alternatives sont possibles : l’une utilise un critère d’énergie et l’autre le concept d’intensité
des contraintes critique. Ces deux études sont, sous certaines conditions, équivalentes. Dans
les deux prochaines sections, nous présentons brièvement ces deux études alternatives pour
ensuite, en préciser les hypothèses et en exposer les calculs.
Contrainte Limite
appliquée d’élasticité
appliquée
a)
Contrainte
appliquée
Taille du Ténacité
défaut
b)
L’approche énergétique est basée sur le postulat suivant : l’extension d’une fissure qui
conduit à la rupture se produit lorsque l’énergie fournie est suffisante pour vaincre la
résistance du matériau. Cette résistance se compose de l’énergie de création de surface, de
l’énergie de plastification de l’extrémité de la fissure, et éventuellement d’autres types
d’énergies dissipatives associées à la propagation d’une fissure.
Griffith fut le premier à proposer un critère d’énergie pour la rupture des matériaux fragiles,
critère ensuite étendu aux matériaux ductiles par d’autres auteurs (dont Irwin et Orowan).
Irwin a proposé de regrouper sous un même terme les énergies de surface gs et de déformation
plastique
I.1
La fissure se propagera si :
L’énergie de Griffith notée G(qu’on appelle aussi taux de restitution d’énergie) est définie en
liaison avec la variation d’énergie par unité de surface fissurée, associée à la propagation
d’une fissure dans un matériau linéaire élastique. La rupture se produit lorsque G atteint une
valeur critique GC. Cette valeur est en fait une mesure de la ténacité du matériau. Pour une
fissure de longueur 2a(figure I.11) dans une plaque de dimensions infinies (c’est à dire
lorsque la longueur de fissure est très petite par rapport aux dimensions de la plaque dans la
plan de chargement) constituée d’un matériau de module d’Young E et soumise à une
contrainte nominale de traction σ∞, l’énergie de Griffith Gpar unité de surface fissurée est
donnée par :
I.2
La rupture se produit lorsque la contrainte appliquée σ ∞, devenue trop grande, atteint une
certaine valeur σR. Par conséquent, si GCdésigne la valeur critique de l’énergie obtenue pour la
contrainte appliquée σR, la relation précédente donne la formule :
I.3
Notons que pour une valeur fixée de GC, la contrainte à rupture σRvarie avec ; 1/√ a de même,
si les valeurs GCet σ∞ sont fixées, la longueur de défaut critique aCà laquelle la rupture se
produit, est donnée par :
La figure I.12, illustre bien la différence entre l’approche classique qui fait abstraction de
l’existence d’une fissure (le critère de rupture est σ ∞ = σE) et l’approche par la MLR qui prend
en compte la présence de la fissure (σ∞ proportionnelle à 1/√ a
La zone de non rupture située sous les deux courbes représentant les approches précédentes
qui montre chacune des deux zones limitées par la longueur de défaut a0 , correspond à une
approche particulière. L’énergie de Griffith G est la force motrice dans un matériau dont la
résistance à la rupture est donnée par GC. Ce qui peut être mis en analogie avec l’approche
basée sur la limite d’élasticité où la contrainte joue le rôle de force motrice dans un matériau
dont la résistance à la déformation plastique est donnée par la limite d’élasticité σE.
Cette analogie illustre aussi le concept de similitude. La limite d’élasticité d’un matériau,
mesurée à partir d’essais sur des éprouvettes de laboratoire, est indépendante de la taille des
éprouvettes et peut donc être utilisée pour des structures de tailles différentes dès lors que le
matériau est raisonnablement homogène. Ce principe de similitude est l’une des hypothèses
fondamentales de la mécanique de la rupture : la ténacité d’un matériau (mesurée par GC) est
indépendante de la taille et de la géométrie de la structure fissurée. Cette hypothèse de
similitude reste valable tant que le comportement du matériau demeure linéaire élastique.
Hypothèse de similitude reste valable tant que le comportement du matériau demeure linéaire
élastique.
mode I (mode par ouverture) : les surfaces de la fissures se déplacent dans des
directions opposées et perpendiculairement au plan de fissure
I.4
I.5
I.6
En comparant les formules I.1 et I.6, il apparaît que :
et I.7
Dans l’approche basée sur le concept de FIC de la MLR, la rupture se produit lorsque le FIC
(KI) atteint la valeur critique KIC- cette valeur correspond en fait à la ténacité du matériau.
Dans cette approche, le coefficient KIest la force motrice dans un matériau dont la résistance à
la rupture est caractérisée par la ténacité KIC. Le principe de similitude est supposé vérifié
comme dans le cas de l’approche énergétique. Via les relations I.7, les deux démarches sont
équivalentes pour un matériau dont le comportement est linéaire élastique.
I.8
Où C et m sont des constantes du matériau, et ∆K l’amplitude du facteur d’intensité des
contraintes. Parce que les structures contiennent inévitablement des défauts de type fissure,
défauts en général inhérents aux procédés même de fabrication des composants, leurs
dimensions sont choisies de sorte que ces défauts ne puissent atteindre la taille critique
conduisant à la rupture brutale : il s’agit du concept de tolérance au dommage. La MLR
fournit les outils nécessaires pour déterminer cette taille critique (relation I.3) et suivre la
propagation de la fissure (relation I.8). L’évolution au cours du temps (figure I.15) de la taille
d’un défaut (de type fissure de fatigue ou de corrosion sous tension) illustre bien le concept de
tolérance au dommage.
En pratique, la longueur de fissure initiale a0 correspond à la limite de détection des moyens
de contrôle non destructif, et la longueur critique est déterminée à partir du chargement
appliqué et de la ténacité du matériau. Quant au coefficient de sécurité, il est choisi de sorte
que la longueur admissible du défaut reste inférieure à la longueur critique. La durée de vie de
la structure est alors déterminée en calculant le temps nécessaire pour que la longueur de
défaut passe de a0 à la longueur admissible.
-La mécanique dynamique de la rupture (MDR), linéaire ou non linéaire, pour les métaux
sollicités à grandes vitesses de déformation dans ces conditions, le comportement peut aussi
être viscoplastique.
- La mécanique viscoélastique de la rupture (MVER), essentiellement pour les polymères
sollicités à des températures au dessous de la température de transition vitreuse.
La mécanique viscoplastique de la rupture (MVPR) pour les polymères au dessus de la
température de transition ou encore les métaux et les céramiques sollicités à haute