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Cours d’Analyse I
Introduction 1
2 Suites numériques 22
2.1 Définitions et propriétés élémentaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
2.2 Opérations sur les suites . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
2.3 Critère de Cauchy . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
2.4 Valeurs d’adhérence - Suites extraites . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
2.5 Suites équivalentes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
2.6 Suites monotones, suites adjacentes et théorème de Cantor . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
2.6.1 Suites positives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
2.6.2 Suites monotones . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
2.6.3 Suites adjacentes, théorème de Cantor . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
2.7 Suites récurrentes linéaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
2.7.1 Suites arithmétiques, suites géométriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
6 Développements limités 88
6.1 Définition et exemples . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88
6.2 DL d’une primitive et d’une dérivée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90
6.3 Formules de Taylor . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
6.4 Développement limité des fonctions usuelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92
6.5 Opérations sur les développements limités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93
6.6 DL au voisinage de l’infini et Généralisation de la notion de DL . . . . . . . . . . . . . . . 95
6.6.1 DL au voisinage de l’infini . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95
6.6.2 Généralisation de la notion de DL . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96
6.7 Étude de courbes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96
6.8 Calculs de limites et d’équivalences . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96
6.8.1 Asymptote et position . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97
6.8.2 Tangente et position . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97
6.8.3 Extremum local . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97
Sommaire
1.1 Quelques ensembles usuels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
1.2 L’ensemble des nombres réels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
1.3 Borne supérieure et borne inférieure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1.4 Droite numérique achevée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
1.5 Topologie de R . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
1.6 Densité de Q et de R \ Q dans R . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
1.7 Racine n-ième d’un nombre réel positif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
1.8 Approximation d’un réel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
1.9 Nombres complexes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
Introduction
Pour asseoir l’analyse sur des fondements rigoureux, il a été nécessaire de mettre sur place une
construction solide des nombres réels. Jusqu’aux environs des années 1860 l’existence des nombres réels
et leurs propriétés sont admises, par exemple par Cauchy dans son cours de 1821. Mais quelques années
auparavant, en 1817 précisément, Bolzano établit qu’une partie non vide majorée de réels admet une
borne supérieure. Les travaux de Bolzano restèrent cependant peu connu jusqu’aux environs de 1865
avec les travaux de Weierstrass. Les premières constructions basées sur les suites de Cauchy sont dues à
Meray (1869) et à Cantor dont les travaux sont exposés par Heine en 1872. C’est en cette année 1872
que Dedekind publia sa construction des réels aux moyens des coupures. Les principales démonstrations
sur les nombres réels sont l’oeuvre de Dini qui publia un traité en 1878.
1. n + m = m + n (Commutativité de l’addition) ;
2. (m + n) + p = m + (n + p) = m + n + p (associativité de l’addition) ;
3. 0 + n = n + 0 = n (0 est un élément neutre pour l’addition) ;
4. m × n = n × m (Commutativité de la multiplication) ;
5. (m × n) × p = m × (n × p) (associativité de la multiplication) ;
6. 1 × n = n × 1 = n (1 est un élément neutre pour la multiplication) ;
7. m × (n + p) = m × n + m × p (distributivité de la multiplication par rapport à l’addition).
Il est facile de s’assurer que l’addition et la multiplication sont des opérations qui ont leurs résultats
dans N. On dit alors que N est stable pour l’addition et la multiplication ou que l’addition et la multipli-
cation sont des lois internes de N. Par contre le résultat d’une soustraction n’est pas toujours un entier
naturel. Ou encore, l’équation x + 1 = 0, d’inconnu x, n’admet pas de solution dans N. On crée ainsi de
nouveaux nombres : les entiers relatifs. On note Z l’ensemble des entiers relatifs,
et Z∗ = Z \ {0}. En plus des Propriétés 1.1, l’addition dans Z satisfait la propriété suivante : pour tout
élément n de Z, il existe un élément (−n) de Z tels que n + (−n) = 0.
L’ensemble Z, introduit pour pallier les carences de l’ensemble N, s’est révélé très vite insuffisant. Il
n’est, en effet, pas possible de résoudre l’équation 3x = 2, d’inconnu x, dans l’ensemble Z. Il est donc
a
encore nécessaire d’introduire un ensemble, dont les éléments sont du type , où a ∈ Z et b ∈ Z∗ .
b
Proposition 1.1. Le triplet (Q, +, ×) est un corps commutatif archimédien, c’est-à-dire qu’il vérifie les
propriétés suivantes :
1. pour tous x, y, z dans Q, (x + y) + z = x + (y + z) ;
2. pour tous x, y dans Q, x + y = y + x ;
3. pour tout x dans Q, 0 + x = x ;
4. pour tout x dans Q, il existe −x dans Q tel que x + (−x) = 0 ;
5. pour tous x, y, z dans Q, x × (y × z) = (x × y) × z ;
6. pour tous x, y dans Q, x × y = y × x ;
7. 1 6= 0 et pour tous x dans Q, 1 × x = x ;
8. pour tous x dans Q, x 6= 0, il existe x−1 ∈ Q tel que x × x−1 = 1 ;
9. pour tous x, y, z dans Q, x × (y + z) = x × y + x × z ;
10. propriété d’Archiméd : muni de la relation d’ordre totale ≤, Q satisfait la condition : quels que
soient les éléments x et y de Q tels que 0 < x < y, il existe un entier naturel n tel que n × x > y.
Précisément, cela s’écrit : pour tous x, y ∈ Q,
Définition 1.1. Une partie non vide A de Q est dite majorée s’il existe M ∈ Q tel que, pour tout x ∈ A,
x ≤ M . Si A est une partie majorée de Q, un rationnel M tel que x ≤ M quel que soit x ∈ A est appelé
un majorant de A.
Exemple 1.1. L’ensemble {x ∈ Q : x3 ≤ 2} est majoré. Les nombres 2, 3, 100 en sont des majorants.
Définition 1.2. Une partie non vide majorée A de Q admet un plus grand élément s’il existe un majorant
de A qui appartient à A.
Définition 1.3. Une partie non vide A de Q est dite minorée s’il existe m ∈ Q tel que, pour tout x ∈ A,
m ≤ x. Si A est une partie minorée de Q, un rationnel m tel que m ≥ x quel que soit x ∈ A est appelé
un minorant de A.
Définition 1.4. Une partie non vide minorée A de Q admet un plus petit élément s’il existe un minorant
de A qui appartient à A.
Définition 1.5. on dit qu’une partie non vide de Q est bornée si elle est à la fois majorée et minorée.
Définition 1.6. Soit A une partie non vide de Q. Si l’ensemble M(A) ds majorants de A possède un
plus petit élément S, on dit que S est la borne supérieure de A et on note S = supA.
Théorème 1.1 (Caractérisation de la borne supérieure). Une partie non vide majorée A de Q possède
une borne supérieure si et seulement si, il existe un nombre rationnel S qui vérifie les propriétés suivantes :
1. pour tout x dans A, x ≤ S,
2. pour tout rationnel r > 0, il existe a ∈ A tel que S < a + r.
S est alors la borne supérieure de A.
Exercice 1.5. Prouver que 5 est la borne supérieure de l’ensemble A = {x ∈ Q : x < 5}.
Exercice 1.6. Prouver que l’ensemble B = {1 − n1 , n ∈ N∗ } possède une borne supérieure que l’on
déterminera.
y
Exercice 1.7. Soit A = , x ∈ Q+ , y ∈ Q+ .
x+y
1. Prouver que A est majoré.
2. Montrer que sup A = 1.
Définition 1.7. Soit A une partie non vide de Q. Si l’ensemble J (A) ds minorants de A possède un plus
grand élément m, on dit que m est la borne inférieure de A et on note m = infA.
minorée
Théorème 1.2 (Caractérisation de la borne inférieure). Une partie non vide majorée A de Q possède une
borne inférieure si et seulement si, il existe un nombre rationnel m qui vérifie les propriétés suivantes :
1. pour tout x dans A, m ≤ x,
2. pour tout rationnel r > 0, il existe a ∈ A tel que a < m + r.
S est alors la borne inférieure de A.
Remarquons d’abord que l’ensemble Q présente des insuffisances : par exemple, en restant dans Q
C F nous savons calculer la longueur de l’hy-
poténuse du triangle rectangle ABC mais pas
?=5 ? celle du triangle rectangle DEF . Autrement dit
3 1
il n’existe pas de nombre rationnel p tel que
A 4 B D 1E p2 = 2. (1.1)
m
En effet, supposons l’existence d’un rationnel p = , où (m, n) ∈ Z × Z avec m et n premier entre eux.
n
D’après (1.1), nous avons m2 = 2n2 ; c’est-à-dire que m2 est pair et par suite m est pair. D’où m2 est
divisible par 4. C’est pourquoi l’égalité m2 = 2n2 nous permet de dire que n2 est pair et par conséquent
n aussi est pair. On aboutit alors à une contradiction.
1.1.3.3 Partie majorée n’admettant pas de borne supérieure et partie minorée n’admettant
pas de borne inférieure
2
p2 − 2
2 2 2
q = p − (p − 2) + > p2 − (p2 − 2) = 2,
2p
Considérons les suites de nombres rationnels (an )n∈N et (bn )n∈N définies par
1 1 1 1 1 1 1
an = 1 + + + ··· + et bn = 1 + + + ··· + + (1.2)
2! 3! n! 2! 3! n! n · n!
La suite (an )n est strictement croissante (évident) tandis que la suite (bn )n est strictement décroissante
2
car bn+1 − bn = − (n+1)·(n+1)! < 0. Il est également facile de voir que an < bn , pour tout n ∈ N. On notera
[an , bn ] l’ensemble {r ∈ Q : an ≤ r ≤ bn } et on l’appelera intervalle. Les intervalles [an , bn ] vérifient
la propriétés suivantes : [an+1 , bn+1 ] ⊂ [an , bn ] ⊂ [an−1 , bn−1 ] ⊂ · · · ⊂ [a1 , b1 ] ⊂ [a0 , b0 ] ; on dit qu’ils
sont emboı̂tés. Pourtant, leur intersection est vide. Supposons, en effet, qu’il existe l = pq ∈ Q tel que
l ∈ [an , bn ] our tout entier n ∈ N. Alors aq < pq < bq , c’est-à-dire que
1 1 1 p 1 1 1 1
1+ + + ··· + < < 1 + + + ··· + + .
2! 3! q! q 2! 3! q! q · q!
En multipliant par q · q!, on obtient :
1 1 1 1 1 1
q · q!(1 + + + · · · + ) < p · q! < q · q!(1 + + + · · · + ) + 1. (1.3)
2! 3! q! 2! 3! q!
1 1 1 1 1 1
Puisque les nombres q · q!(1 + + + · · · + ), p · q! et q · q!(1 + + + · · · + ) + 1 sont des entiers,
2! 3! T q! 2! 3! q!
les inégalités (1.3) sont impossibles. Donc n∈N [an , bn ] = ∅.
Exercice 1.8. En utilisant un raisonnement analogue à celui de la sous-section 1.1.3.4 que la suite (an )n
n’a pas de limite.
Ce que nous venons de voir montre que l’ensemble des nombres rationnels est un ensemble plein de
”trous” malgré qu’entre deux nombres rationnels distincts p et q (p < q) il existe toujours un troisième
p+q
(rationnel) l tel que p < l < q ; on peut par exemple prendre l = . Les défauts de Q ci-dessus évoqués
2
sont les symptômes d’une seule et même pathologie : l’incomplétude de Q. Les insuffisances de Q nous
conduisent à introduire les nombres dits ”irrationnels”. Voici quelques exemples de nombres irrationnels.
1. Le nombre π = 3, 1415 · · · défini comme étant la circonférence d’un cercle de diamètre 1.
√
2. Les racines carrées n si n est un entier naturel qui n’est pas un carré d’un autre entier naturel.
3. Le nombre e d’Euler : e = 2, 718 · · · , la base de l’exponentielle, défini comme somme infinie
+∞
1 1 1 1 1 X 1
e=1+ + + + + + ··· + + ··· = .
1! 2! 3! 4! k! k!
k=0
a
Supposons par l’absurde qu’il existe deux entiers a, b ∈ N∗ tels que e = . Alors,
b
a 1 1 1 1 1 1 1
= 1+ + + + + ··· + + + + ··· (1.4)
b 1! 2! 3! 4! b! (b + 1)! (b + 2)!
Il est claire que le terme de gauche de l’égalité (1.6) est un entier. Il en est donc de même du terme
de droite que nous notons s. Par ailleurs, pour tout k ∈ N∗ , (b + 1)(b + 2) · · · (b + k) > (b + 1)k et
on obtient l’encadrement suivant de s :
+∞
1 1 1 1 X 1
0<s< + 2
+ 3
+ · · · + n
+ · · · = .
b + 1 (b + 1) (b + 1) (b + 1) (b + 1)k
k=1
Or
+∞
X 1 1 1 1
= × 1 = b,
(b + 1)k b + 1 1 − b+1
k=1
1
donc 0 < s < ≤ 1. Ce qui contredit le fait que s ∈ N.
b
Définition 1.9. Un nombre réel est une collection de chiffres {c0 , . . . , cm } et {d1 , d2 , . . .} compris entre 0
et 9. Les chiffres ci sont en nombre fini et les chiffres dj peuvent être en nombre infini. On fait correspondre
à cette collection le nombre donné par le développement décimal
x = cm cm−1 . . . c1 c0 , d1 d2 d3 . . . dn . . . (1.7)
et la suite ne se termine pas par une infinité de 9. La définition de x est alors l’unique nombre qui satisfait
cette double inéquation pour tout k :
d1 d2 dk d1 d2 dk 1
x = cm cm−1 . . . c1 c0 + + + · · · + k ≤ x < cm cm−1 . . . c1 c0 + + + · · · + k + k (1.8)
10 102 10 10 102 10 10
Cette construction manque de rigueur et présente notamment la difficulté de donner des algorithmes
simples pour la multiplication, et même pour l’addition dans des cas tels que 0, 333 . . . + 0, 666 . . . Il existe
d’autres constructions dont
— les coupures de Dedekind, qui définissent, via la théorie des ensembles, un réel comme l’ensemble
des rationnels qui lui sont strictement inférieurs ;
— les suites de Cauchy, qui définissent, via l’analyse, un réel comme une suite de rationnels conver-
geant vers lui.
Exemple 1.3.
Démonstration. Admis
On note R l’ensemble des nombres réels et R∗ = R \ {0} l’ensemble des nombres réels non nuls. Sur
l’ensemble des nombres réels, on définit deux lois internes, une loi dite somme et notée ”+”, une autre
loi dite produit notée ”·” ; ainsi qu’une relation d’ordre notée ”≤”.
On a la propriété suivante.
Propriété 1.1. (R, +, ·, ≤) est un corps commutatif, totalement ordonné, archimédien et dont toute
partie non vide majorée admet une borne supérieure.
Proposition 1.2. La relation d’ordre est compatible avec l’addition par un réel quelconque, et avec la
multiplication entre réels positifs.
1. ∀x, y, z ∈ R, x ≤ y =⇒ x + z ≤ y + z.
2. ∀x, y, z ∈ R, x < y =⇒ x + z < y + z
3. ∀x, y ∈ R, ∀z ∈ R+ , x ≤ y =⇒ xz ≤ yz.
4. ∀x, y, z ∈ R∗+ , x < y =⇒ xz < yz.
5. ∀x, y, z ∈ R∗− , x < y =⇒ xz > yz.
6. ∀x, y ∈ R∗ , 0 < x ≤ y ⇐⇒ 0 < 1
y ≤ x1 .
7. ∀x, y ∈ R∗ , x ≤ y < 0 ⇐⇒ 1
y ≤ 1
x < 0.
8. ∀x, y ∈ R∗ , x < 0 < y ⇐⇒ 1
x < 0 < y1 .
9. ∀x, y, z, t ∈ R, x ≤ y et z ≤ t =⇒ x + z ≤ y + t.
10. ∀x, y, z, t ∈ R, x ≤ y et z < t =⇒ x + z < y + t.
11. ∀x, y ∈ R+ , ∀z, t ∈ R+ , x ≤ y et z ≤ t =⇒ xz ≤ yt.
12. ∀x, y ∈ R+ et ∀n ∈ N, on a : x ≤ y ⇐⇒ xn ≤ y n .
13. ∀x ∈ R+ et ∀n, m ∈ N, on a : x ≤ 1 et n ≤ m =⇒ xn ≥ xm .
14. ∀x ∈ R+ et ∀n, m ∈ N, on a : x ≥ 1 et n ≤ m =⇒ xn ≤ xm .
15. ∀x, y ∈ R+ et ∀n ∈ N∗ , on a :
(a) Formule du binôme de Newton
n
X
(x + y)n = {kn xk y n−k . (1.10)
k=0
n−1
!
X
n−1−k k
(b) xn − yn = (x − y) x y .
k=0
16. Inégalité de Cauchy-Schwarz : pour tout n ∈ N∗ et tous réels x1 , x2 , . . . , xn , y1 , y2 , . . . , yn , on a :
n
!2 n
! n
!
X X X
x i yi ≤ x2i yi2 . (1.11)
i=1 i=1 i
Remarque 1.1.
1. On note y ≥ x pour signifier que x ≤ y.
2. x < y ⇐⇒ x ≤ y et x 6= y.
3. x = y ⇐⇒ x ≤ y et x ≥ y.
Remarque 1.2. Il résulte de cette définition de la valeur absolue d’un nombre réel x que :
1. Pour tout x ∈ R, |x| = | − x|.
(
−x si x≤0
2. Pour tout x ∈ R, |x| =
x si x≥0
3. Pour tout x ∈ R, |x| ≥ 0 et |x| = 0 ⇐⇒ x = 0.
d : R2 −→ R
(x, y) 7−→ |x − y|
Montrer que d est une distance sur R. C’est la distance usuelle sur R.
Définition 1.13 (Élément maximal - Élément minimal). Soient A une partie non vide de R, M et
m deux réels donnés.
• On dit que M est le plus grand élément ou maximum (ou élément maximal ) de A si M ∈ A et
M est un majorant de A. On note alors M = max A ou M = max(A).
• On dit que m est le plus petit élémentou minimum (ou élément minimal ) de A si m ∈ A et m est
un minorant de A. On note alors m = min A ou m = min(A).
Remarque 1.3. Pour une partie non vide A de R on a les équivalences suivantes :
z = max(A) ⇐⇒ (z ∈ A et ∀x ∈ A, x ≤ z)
z = min(A) ⇐⇒ (z ∈ A et ∀x ∈ A, z ≤ x)
Proposition 1.4 (Unicité de l’élément maximal (resp. minimal)). Si A possède un maximum (resp.
minimum), alors il est unique.
Démonstration. Soient M1 et M2 deux réels qui sont maximums d’un même sous-ensemble A de R.
Comme M1 est un majorant de A et M2 ∈ A, alors M2 ≤ M1 . De même M2 est un majorant de A et
M1 ∈ A, alors M1 ≤ M2 . Par la propriété d’antisymétrie de la relation “≤”, on déduit que M1 = M2 .
Proposition 1.5. Tout sous-ensemble fini non vide de R possède un élément maximal (resp. minimal),
c’est-à-dire un maximum (resp. c’est-à-dire un minimum).
Démonstration. Soit A un ensemble à n éléments (avec n ∈ N∗ ). Nous allons montrer, par récurrence sur
n, que A possède un maximum.
♣ Pour n = 1, A est un singleton {a} et a est le maximum de A.
♣ Pour n > 1, supposons que le résultat est vrai jusqu’à l’ordre (n − 1) et montrons que c’est aussi
vrai à l’ordre n. On fixe un élément x de A et on considère l’ensemble B = A\{x}. Alors B est un
sous-ensemble de A (donc de R) possédant (n − 1) élément. Par conséquent, d’après l’hypothèse
de récurrence, B possède un maximum M ∈ B. Si x ≤ M alors M est aussi un maximum pour
A, sinon alors x est le maximum de A.
Exemple 1.5.
n
( )
X 1
1. L’ensemble A1 = xn = ; n∈N est majoré par 3. En effet
k!
k=0
0 1
X 1 X 1
(a) x0 = = 1 ≤ 3 et x1 = = 2 ≤ 3.
k! k!
k=0 k=0
(b) Pour tout n ≥ 2, on a :
n
X 1
xn =
k!
k=0
n
1 1 X 1
= + +
0! 1! k!
k=2
n
X 1
≤ 2+
k(k − 1)
k=2
n
X 1 1
≤ 2+ −
k−1 k
k=2
1
≤ 2+1−
n
≤ 3.
( n )
X1
2. L’ensemble A2 = ; n ∈ N n’est pas majoré. En effet, de l’inégalité ln(1 + x) ≤ x, pour
k
k=1
tout x > −1 (facile à justifier), on déduit que pour tout n ≥ 1,
n n n
X 1 X 1 X
≥ ln(1 + ) = (ln(k + 1) − ln(k)) = ln(n + 1)
k k
k=1 k=1 k=1
Théorème 1.4 (Axiome de la borne supérieure). Toute partie non vide et majorée A de R admet une
borne supérieure. Autrement dit, si A est une partie non vide et majorée de R alors sup(A) ∈ R.
Théorème 1.5 (Axiome de la borne inférieure). Toute partie A non vide et minorée de R admet une
borne inférieure. De plus on a :
inf(A) = − sup(−A). (1.12)
où l’ensemble −A est défini par : −A = {−a, a ∈ A}. Autrement dit, si A est une partie non vide
et minorée de R alors inf(A) ∈ R.
Théorème 1.6 (Caractérisation des bornes supérieure et inférieure). Soit A une partie non vide de R.
• Si A est majorée alors l’ensemble de ses majorants admet un plus petit élément appelé borne
supérieure ou supremum de A. Il est caractérisé par la propriété suivante appelée propriété
de la borne supérieure :
γ est un majorant de A
γ = supA ⇐⇒ (1.13)
∀ > 0, ∃x ∈ A tel que γ − < x ≤ γ.
• Si A est minorée alors l’ensemble de ses minorants admet un plus grand élément appelé borne
inférieure ou infimum de A. Il est caractérisé par la propriété suivante appelée propriété de
la borne inférieure :
ρ est un minorant de A
ρ = inf A ⇐⇒ (1.14)
∀ > 0, ∃x ∈ A tel que ρ ≤ x < ρ + .
Remarque 1.4.
♣ La deuxième assertion dans l’accolade (1.13) est une réécriture de ”aucun nombre strictement
inférieur à γ = sup(A) ne majore A”. Autrement dit γ = sup(A) est le plus petit des majorants
de A.
γ = sup(A) ⇐⇒ (∀z ∈ R, z < α =⇒ ∃x ∈ A tel que z < x ≤ α) (1.15)
♣ De même la deuxième assertion dans l’accolade (1.14) est un réécriture de ”aucun nombre
strictement supérieur à ρ = inf(A) ne minore A”. Autrement dit ρ = inf(A) est le plus
grand des minorants de A.
Remarque 1.5.
1. Si A est une partie bornée de R, alors sup A et inf A sont des éléments de A.
2. Si max A existe, alors sup A existe et on a max A = sup A.
3. Si min A existe, alors inf A existe et on a min A = inf A.
1.5 Topologie de R
1.5.1 Intervalle, voisinage, ensemble ouvert et fermé
Définition 1.15. On appelle intervalle de R, toute partie I de R qui contient tout élément compris entre
deux quelconques de ses éléments. Précisément, un ensemble non vide I est un intervalle de R si :
(x ∈ I, y ∈ I et x ≤ z ≤ y) =⇒ z ∈ I.
Exercice 1.9.
1. Soient a et b deux nombres réels tels que a < b. Montrer que [a, b] = {x ∈ R : a ≤ x ≤ b} est un
intervalle de R : c’est un intervalle fermé borné d’extrémités a et b.
2. Soient a et b deux éléments de R. Montrer que ]a, b[= {x ∈ R : a < x < b} est un intervalle de R :
on dit que ]a, b[ est un intervalle ouvert d’extrémités a et b.
3. Soient a ∈ R et b ∈ R. Montrer que [a, b[= {x ∈ R : a ≤ x < b} est un intervalle de R : on dit que
[a, b[ est un intervalle semi-ouvert à droite d’extrémités a et b.
4. Soient a ∈ R et b ∈ R. Montrer que ]a, b] = {x ∈ R : a < x ≤ b} est un intervalle de R : on dit que
]a, b] est un intervalle semi-ouvert à gauche d’extrémités a et b.
Exercice 1.10. Soient a et b deux nombres rationnels tels que a < b. L’ensemble I = {x ∈ Q : a ≤ x ≤ b}
est-il un intervalle de R ?
Définition 1.16. Soit x0 ∈ R. Un voisinage de x0 est une partie V de R contenant un intervalle ouvert
contenant x.
Théorème 1.7. Soient x ∈ R et V une partie de R. Les assertions suivantes sont équivalentes :
i) V est un voisinage de x ;
ii) il existe un nombre ε > 0 tel que V (x, ε) =]x − ε, x + ε[⊂ V ;
iii) il existe un entier n > 0 tel que V (x, n1 ) ⊂ V .
Démonstration. A prouver !
Remarque 1.7. Ouvert n’est pas le contraire de fermé. En guise d’exemple, dans R, X = [0, 1[ n’est ni
ouvert ni fermé.
Théorème 1.8.
— Une intersection finie d’ouverts est un ouvert.
— Une union d’ouverts est un ouvert.
— R est ouvert.
— R est fermé.
— Une union finie de fermés est un fermé.
— Une intersection de fermés est fermé.
Définition 1.19. Soit X une partie de R. On dit que x0 ∈ R est un point adhérent à X, si tout voisinage
de x0 de rencontre X ; autrement dit : ∀ V ∈ V(x0 ), V ∩ X 6= ∅.
L’ensemble des points adhérents à X ⊂ R est appelé l’adhérence (ou la fermeture ou la clôture) de X
et est noté X.
Exemple 1.8.
— Pour X ⊂ R ; chaque point de X est évidemment un point adhérent à X.
— Soit a et b deux nombres réels tels que a < b. Les points a et b sont adhérents à ]a, b[. En effet,
si ]α, β[ est un intervalle ouvert qui contient a, posons c = min(α, b). L’intervalle ]a, c[ est non
vide et est inclus dans ]α, β[∩]a, b[. Ceci prouve que a est adhérent à ]a, b[. On montre de la même
manière que b est un point adhérent à ]a, b[. Il suit donc que ]a, b[ = [a, b].
— Si X =]0, 1[∪{2}, 3 n’est pas adhérent à X.
Théorème 1.9.
— Si l’ensemble X de R est fermé alors, tout point adhérent à X appartient à X et réciproquement.
— L’adhérence d’une partie X de R est le plus petit fermé contenant X.
— L’interieur d’une partie X de R est le plus grand ouvert contenu dans X.
Définition 1.20. Soit X une partie de R. On dit que x0 ∈ R est un point d’accumulation de X si pour
tout voisinage V de x0 , (V \ {x0 }) ∩ X 6= ∅.
L’ensemble des points d’accumulation de X est appelé ensemble dérivé de X et est noté X 0 .
Exemple 1.9.
a) X =]0, 1[, 1 est un point d’accumulation de X.
b) X =]0, 1[∪{2}, 2 n’est pas un point d’accumulation de X.
Remarque 1.8. Un point d’accumulation est un point adhérent, la réciproque est fausse.
Exercice 1.11. Soit A une partie non vide de R et x0 un réel. Montrer que x0 est un point d’accumulation
de A si et seulement si tout voisinage de x0 contient une infinité de points de A.
Remarque 1.9. Seuls les ensembles de nombres réels contenant une infinité d’éléments peuvent avoir des
points d’accumulation. Toutefois, un ensemble infini (non borné) peut ne pas avoir de point d’accumula-
tion dans R. L’ensemble N des nombres entiers naturels en est un exemple.
Exercice 1.12. Montrer que si un point x de R, adhérent à une partie X de R n’est pas point d’accu-
mulation de X, il appartient nécessairement à X.
Définition 1.21. Un point x ∈ R, adhérent à une partie X de R sans être point d’accumulation de X
est dit point isolé de X.
1 1 1
Exemple 1.10. On considère l’ensemble X = {−4, −2, 1, , , . . . , , n ∈ N∗ }. Le point −2 est un point
2 3 n
isolé de X.
Exemple 1.11.
1) X =]0, 1[, : X 0 = [0, 1]
2) X = {1, 2}, : X 0 = ∅.
Proposition 1.6. Si X1 et X2 sont deux parties de R, nous avons les relations suivantes :
— X 1 = X1 ∪ X10 ,
— (X1 ∪ X2 )0 = X10 ∪ X20 ,
— X1 ∪ X2 = X 1 ∪ X 2 ,
— (X1 ∩ X2 )0 ⊂ X10 ∩ X20 ,
— X1 ∩ X2 ⊂ X 1 ∩ X 2 .
Définition 1.25. Soit A une partie non vide de R. On dit que A est dense dans R si A rencontre tout
intervalle ouvert ]a, b[, avec a < b. Autrement dit A est dense dans R lorsque pour tous a et b réels, on
a : (a < b) =⇒ (∃x ∈ A, a < x < b).
Par contraposée A est une partie non dense dans R s’il existe au moins deux réels x et y tels que
x < y et ∀a ∈ A, x ≥ a ou y ≤ a.
Proposition 1.7.
• Q est dense dans R.
• R\Q est dense dans R.
Démonstration.
1
• Soient a et b deux nombres réels tels que a < b, on pose x = > 0. Soit q un entier strictement
b−a
supérieur à x (un tel entier existe d’après le théorème d’Archimède) et soit p le plus petit entier
strictement supérieur à aq (p existe d’après le théorème d’Archimède). On a donc : p − 1 ≤ aq < p
p 1 p p 1 1 p
et − ≤ a < (puisque q > 0). D’où, a < ≤ a + < a + = b, et ∈ Q.
q q q q q x q
a b
• De même en considérant les réels A = √ et B = √ , il existe un rationnel r tel que A < r < B,
√ 2 2
c’est-à-dire a < r 2 < b.
√ √
(a) Si r 6= 0 alors r 2 est un irrationnel et on a : a < r 2 < b.
(b) Si r = 0 on prend l’intervalle ] √a2 , 0[ qui est inclus dans l’intervalle ] √a2 , √b2 [ ; ] √a2 , 0[ contient
√ √
un rationnel r1 6= 0. Dans ce cas on a r1 2 ∈ R\Q et a < r1 2 < b.
Une conséquence de cette proposition est le résultat suivant.
Corollaire 1.1. Dans tout intervalle de R, différent d’un singleton, il y a une infinité de nombres
rationnels (et de nombres irrationnels).
Proposition 1.8. Tout intervalle de R, différent d’un singleton, et R lui même sont non dénombrables.
Dès lors ils contiennent une infinité non dénombrable de nombres irrationnels.
Théorème 1.10 (Axiome de Cantor). Soit In = [an , bn ] une suite décroissante d’intervalles fermés (c’est-
à-dire In+1 ⊂ In pour tout n ∈ N, on dit aussi que les intervalles In sont emboı̂tés). Alors l’intersection
\ \
In = [an , bn ] = {x ∈ R : x ∈ In , ∀n ∈ N} est un intervalle non vide.
n∈N n∈N
On connaı̂t également l’axiome de Cantor sous le nom de la propriété des intervalles emboı̂tés.
Démonstration. L’ensemble {an , n ∈ N} est majoré par b0 ; il possède donc une borne supérieure s.
L’ensemble {bn , n ∈ N } est minoré par a0 ; il possède donc une borne inférieure i. Pour tout n ∈ N, on
T
a : an ≤ s ≤ i ≤ bn . Il en résulte que l’ensemble n∈N [an , bn ] contient l’intervalle [s, i], et est donc non
vide.
Remarque 1.10. Si on avait seulement considéré des intervalles In de R tels que In+1 ⊂ In , l’intersection
\
In pourrait être vide. Pour s’en convaincre, faire l’exercice suivant.
n∈N
1
Exercice 1.13. On pose, pour tout n ∈ N∗ , In =]0, [ et Jn = [n, +∞[. Trouver l’ensemble A des réels
n
x tels que x ∈ In , pour tout n ≥ 1. Trouver l’ensemble B des réels x tels que x ∈ Jn , pour tout n ≥ 1.
√ 1 √ 1
Exercice 1.14. Pour tout n ∈ N∗ , on pose In = {x ∈ Q : 2 − ≤ x ≤ 2 + }. Peut-on appliquer à
n n \
la famille (In )n∈N∗ l’axiome de Cantor ? Justifier votre réponse. Expliciter l’ensemble In .
n∈N
Exercice 1.15. Soient (an )n∈N et (bn )n∈N deux familles de nombres rationnels tels que an < an+1 <
\
bn+1 < bn . On pose An = {x ∈ Q : an ≤ x ≤ bn }. Que peut-on dire de l’ensemble de [an , bn ] ? Justifier
n∈N
votre réponse.
Exercice 1.16. Soit (]an , bn [)n∈N une famille d’intervalles ouverts et bornés de R. Expliquer pourquoi
\
on peut avoir ]an , bn [= ∅.
n∈N
Théorème 1.11 (de Bolzano-Weierstrass). Toute partie infinie et bornée B de R admet un point
d’accumulation
Démonstration. Soient x > 0 fixé et A = {a ∈ R∗+ : an ≤ x}. On va montrer que A est non vide et admet
une borne supérieure.
— Si x < 1 alors x ∈ A, car xn ≤ x < 1, par conséquent A est non vide.
— Si x ≥ 1 alors on a : 1n ≤ x ≤ xn , donc 1 ∈ A et par conséquent A est non vide.
— Si z ∈ A alors z n ≤ x, ce qui implique que z ≤ x. Donc A est majoré par x.
On déduit alors que A est une partie non vide et majorée de R, donc il existe y ∈ R tel que y = sup(A).
Nous allons montrer que y n = x.
• Supposons par l’absurde que y n < x et posons ε = x − y n > 0. On va chercher h ∈]0, 1[ tel que
(y + h) ∈ A. On a :
n(n − 1) n−2 2
(y + h)n = y n + ny n−1 h + y h + · · · + hn
2
n(n − 1) n−2
= y n + h[ny n−1 + y h + · · · + hn−1 ]
2
n(n − 1) n−2
≤ y n + h[ny n−1 + y + · · · + 1] = y n + h[(y + 1)n − y n ]
2
ε
On choisit h ∈]0, 1[ tel que h < et ainsi on a :
(y + 1)n − y n
Ainsi
y n − tn ≤ y n − (y − h)n ≤ y n − x
et par conséquent x < tn , d’où on conclut que t 6∈ A. En d’autres termes (y − h) est un majorant
de A et y − h < y. Ce qui est en contradiction avec le fait que y soit le plus petit des majorants
de A.
On conclut alors que y n = x et y est unique.
Remarque 1.11.
1. Soit n ∈ N∗ tel que n est pair. Alors pour tout y ∈ R∗+ on a : y n = (−y)n > 0.
(a) Ainsi pour x ∈ R∗+ et pour n ∈ N∗ pair, l’équation y n = x admet deux solutions dans R :
√ √
y1 = n x et y2 = − n x.
(b) Par contre pour x ∈ R∗− et pour n ∈ 2N∗ , l’équation y n = x n’admet pas de solution dans R.
2. Pour n ∈ N impair on a : pour tout y ∈ R∗ , (−y)n = −y n > 0. Ainsi pour x ∈ R et n ∈ N impair,
p
l’équation y n = x admet une solution unique dans R : y = signe(x) n |x|.
D’où 10−p E(x·10p ) ≤ x < 10−p E(x·10p )+10−p . Ainsi, 10−p E(x·10p ) est un nombre décimal approchant
x à 10−p près par défaut et 10−p E(x · 10p ) + 10−p est un nombre décimal approchant x à 10−p près par
excès.
Exemple 1.13. Donner une approximation de π à 100 près, à 10−1 près, à 10−2 près et à 10−3 près.
pour tous (a, b), (a0 , b0 ) ∈ R2 . Les éléments de C sont appelés nombres complexes. On admet le
Théorème 1.13. C est un corps commutatif et l’application x 7→ (x, 0) est un homomorphisme injectif
du corps R dans le corps C.
1
Définition 1.26. On appelle module du nombre complexe z = x + iy le nombre positif |z| = (x2 + y 2 ) 2 .
Il est claire que si z est un réel, son module se confond avec sa valeur absolue.
Définition 1.27. On appelle argument d’un nombre complexe z = x + iy la classe modulo 2π des
x y
nombres réels θ qui vérifient cos θ = et sin θ = . On note arg z l’un quelconque des éléments de
|z| |z|
cette classe.
Définition 1.28. On appelle conjugé d’un nombre complexe z = x + iy, le nombre complexe z̄ = x − iy.
Les inégalités de Schwarz et de Minkowski s’étendent aux nombres complexes sous la forme
n 2 n
! n
!
X X X
ai b̄i ≤ |ai |2 |bi |2 (1.21)
i=1 i=1 i=1
n
!1 n
!1 n
!1
X 2 X 2 X 2
Ces inégalités sont des égalités si on a bi = λāi (ou ai = λb̄i ), où λ est un réel.
Suites numériques
Sommaire
2.1 Définitions et propriétés élémentaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
2.2 Opérations sur les suites . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
2.3 Critère de Cauchy . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
2.4 Valeurs d’adhérence - Suites extraites . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
2.5 Suites équivalentes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
2.6 Suites monotones, suites adjacentes et théorème de Cantor . . . . . . . . . . 29
2.7 Suites récurrentes linéaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
2.8 Suites récurrentes générales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
2.9 Limites infinies - Formes indéterminées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
Définition 2.3. Une suite (un ) de K est dite bornée s’il existe un réel M tel que |un | ≤ M , pour tout
n ∈ N.
Remarque 2.1. Pour qu’une suite soit bornée, il suffit qu’elle le soit à partir d’un certain rang i.e. qu’il
exsite n0 ∈ N tel que |un | ≤ M , pour tout n ≥ n0 . En effet, dans ce cas la suite (un ) est alors bornée par
le nombre M 0 = sup(|u0 |, . . . , |un−1 |, M ).
Définition 2.4. On dit qu’une suite (un ) de K est convergente (dans K) s’il existe un élément ` ∈ K tel
que :
∀ε > 0, ∃ nε ∈ N / ∀ n ≥ nε , |un − `| < ε. (2.1)
Théorème 2.1. Si une suite (un ) de K est convergente, il existe un unique ` ∈ K qui satisfait (2.1).
Démonstration. Remarquons d’abord que si un élément x ∈ K est tel que |x| < ε, pour tout ε > 0, alors
x = 0. Maintenant, supposons qu’il existe deux éléments ` et `0 de K satisfaisant (2.1), alors pour tout
ε ε
ε > 0, il existe n0 ∈ N tel que |un − `| < , pour tout n ≥ n0 ; et il existe n1 ∈ N tel que |un − `0 | < ,
2 2
pour tout n ≥ n1 . Soit m = max(n0 , n1 ) et soit n ∈ N tel que n ≥ m. On a :
ε ε
|` − `0 | = |un − ` − un + `0 | ≤ |un − `| + |un − `0 | < + = ε.
2 2
On a ainsi établi que |` − `0 | < ε, pour tout ε > 0. Ce qui implique que ` − `0 = 0, c’est-à-dire ` = `0 .
Le Théorème 2.1, nous permet, lorsqu’une suite (un ) est convergente, de dire que l’unique nombre `
qui satisfait la propriété (2.1) est la limite de la suite (un ) et nous poserons ` = lim un . On dira
n→+∞
aussi que la suite (un ) converge ou tend vers ` et on notera parfois un → `.
Définition 2.5. On dit qu’une suite de K est divergente si elle est non convergente dans K.
Exemple 2.2. Toute suite stationnaire (en particulier toute suite constante) est convergente.
Exemple 2.3. Pour tout n ∈ N, posons un = q n avec |q| < 1. Soit ε > 0. Existe-t-il nε ∈ N tel que pour
tout n > nε , |q n | < ε ?
— Si q = 0, d’évidence on peut prendre nε = 1.
ln ε
— Si q 6= 0, alors |q|n < ε est équivalent à n ln |q| < ln ε, i.e. n > (puisque ln |q| < 0). On peut
ln |q|
ln ε
prendre nε = max E + 1; 0 , où E(x) désigne la partie entière du réel x.
ln |q|
1
Une autre méthode consiste à poser |q| = 1+h , avec h > 0 et d’utiliser la formule du binôme pour
n 1
montrer que |q| < nh .
Proposition 2.1. Une suite (un ) de nombres complexes converge vers ` ∈ C si et seulement si les suites
réelles (Re(un )) et (Im(un )) convergent respectivement vers Re(`) et Im(`).
Démonstration. Soit (un ) une suite convergente de K. Notons ` sa limite. Il existe un entier n0 tel que,
pour tout n ≥ n0 , |un − `| < 1. Quel que soit n ≥ n0 , on a : |un | ≤ |`| + 1. Soit s le plus grand élément
de l’ensemble (fini) {|u0 |, . . . , |un0 |}. Pour tout n ∈ N, on a : |un | ≤ max(s, |`| + 1).
Démonstration. Soit M > 0 tel que |vn | ≤ M pour tout n ∈ N. Pour tout ε > 0, il existe nε ∈ N tel que
ε
pour tout n ≥ nε , |un | = |un − 0| < . D’où |un vn − 0| = |un vn | = |un ||vn | < ε, pour tout n ≥ nε .
M
ein
Exemple 2.4. un = .
n2
1 1 |`0 − vn |
− 0 =
vn ` |`0 vn |
2 0
≤ |` − vn |.
|`0 |2
|`0 |2 ε
Puisque lim vn = `0 , il existe un entier n5 tel que, pour tout n ≥ n5 , |vn − `0 | < . Soit
n→+∞ 2
1 1 2 |`0 |2 ε
N = max(n4 , n5 ). Pour tout n ≥ N , on a : − 0 < = ε.
vn ` |`0 |2 2
6. Posons wn = 1
d’après l’assertion 5, la suite (wn ) converge vers `00 =
vn ,
1
`0 . Maintenant, l’assertion
un `
3 implique la suite = (un wn ) converge vers ``00 = 0 .
vn `
Nous allons maintenant prendre les limites dans K = (R ou C).
Définition 2.6. On dit qu’une suite de nombres réels tend vers +∞ (resp. −∞) si pour tout λ ∈ R, il
existe nλ ∈ N tel que pour tout n ≥ nλ on ait un > λ (resp. un < λ).
Définition 2.7. Dans C nous dirons que la suite (zn ) converge vers ∞ (le point à l’infini) si la suite suite
(|zn |) des modules des un converge vers +∞.
Démonstration. Si (un ) est une suite de Cauchy d’éléments de K, il existe n1 > 0 tel que pour tout
n ≥ n1 , |un − un1 | < 1. Comme |un | − |un1 | ≤ |un − un1 |, on a |un | − |un1 | < 1, pour tout n ≥ n1 ;
c’est-à-dire −1 + |un1 | < |un | < |un1 | + 1. Ce qui implique que |un | ≤ 1 + |un1 | = M , i.e. que (un ) est
bornée à partir de n1 . D’après la Remarque 2.1 précédente, elle est bornée.
Théorème 2.4. Dans K pour qu’une suite (un ) soit convergente il faut et il suffit qu’elle soit de Cauchy.
Démonstration. Soit (un ) une suite de K convergente vers ` ∈ K. Pour tout ε > 0 donné, il existe nε > 0
ε ε ε
tel que pour tout n ≥ nε , |un −`| < . Donc pour tous n ≥ nε et p ≥ nε on a : |un −`| < et |up −`| < .
2 2 2
Par suite
ε ε
|un − up | = |un − ` − up + `| ≤ |un − `| + |up − `| < + = ε.
2 2
Réciproquement soit (un ) une suite de Cauchy. L’ensemble B = {un , n ∈ N} de ses valeurs est borné. Il
y a deux cas possibles.
1. Si B est une partie infinie de K, alors comme B est borné, il admet, d’après le théorème de Bolzano-
Weierstrass (valable aussi pour C), un point d’accumulation `. Soit un réel ε > 0. Puisque (un ) est
ε
de Cauchy, il existe n0 ∈ N tel que, pour tous n ≥ n0 , m ≥ n0 , |un − um | < . Comme l’ensemble
2
ε ε
des entiers n tels que |un − `| < est infini, il existe un entier n1 ≥ n0 tel que |un1 − `| < . Pour
2 2
tout entier n ≥ n1 , on a alors : |un − `| ≤ |un − un1 | + |un1 − `| < ε. Puisque ε est quelconque, on
a : lim un = `.
n→+∞
2. Si maintenant B est une partie finie {a1 , . . . , ap } de K. Si B est un singleton {a}, lim un = a.
n→+∞
Sinon soit ε = min{|ai − aj |, 1 ≤ i < j ≤ p}. Comme (un ) est de Cauchy, il existe n0 ∈ N tel
ε
que, pour tous n ≥ n0 et m ≥ n0 , |un − um | < . Soient donc n ≥ n0 et m ≥ n0 . Si un était
2
ε
différent de um , on aurait |un − um | ≥ ε, ce qui contredit le fait que |un − um | < . Ainsi pour
2
tout n ≥ n0 , un = un0 . On en déduit que la suite (un ) est stationnaire : elle est donc convergente
et lim = un0 .
n→+∞
n
X 1
Exemple 2.5. Montrons que la suite (un ) définie par un = est divergente. Pour tout n ≥ 1, on
k
k=1
1 1 1 1 1 1 1
a u2n − un = + ··· + . Comme ≥ ≥ ··· ≥ , on a u2n − un ≥ + ··· + ;
n+1 2n n+1 n+2 2n |2n {z 2n}
n fois
1 1
c’est-à-dire que u2n − un ≥ . Ainsi, si par exemple ε = , pour tout n0 ∈ N∗ , il existe n ≥ n0 tels que
2 2
u2n − un ≥ ε. Donc la suite (un ) n’est pas de Cauchy : elle n’est pas convergente d’après le Théorème 2.4.
Exemple 2.6.
1. La suite (un ) donnée par un = (−1)n admet −1 et +1 pour valeurs d’adhérence.
1
2. La suite (un ) donnée par un = in + n+1 admet −1, 1, i et −i pour valeurs d’adhérence.
Remarque 2.2. Si une suite (un ) converge vers ` ∈ K, alors ` est une valeur d’adhérence de (un ). Est-ce
alors l’unique valeur d’adhérence ?
Définition 2.10. Soit (un ) une suite d’élément de K. On appelle suite extraite (ou sous-suite) de (un )
toute suite (vn ) de la forme vn = uϕ(n) où ϕ : N → N est application strictement croissante.
Si nous posons ϕ(k) = nk , alors nous noterons (unk ) la suite (uϕ(n) ). L’application ϕ est en fait une
suite strictement croissante de nombres entiers naturels.
Exemple 2.7. Soit un = (−1)n . Les suites (vn ) et (zn ) définies par : vn = u2n = 1 et zn = u2n+1 = −1
sont deux suites extraites de la suite (un ).
Proposition 2.4. Toute sous-suite d’une suite convergente est convergente vers la même limite.
Démonstration. Soit (un ) une suite de K convergente vers une limite ` et soit (unk ) une sous-suite de
(un ). Pour tout ε > 0, il existe n0 ∈ N tel que pour tout n ≥ n0 , |un − `| < ε. Puisque lim nk = +∞,
k→+∞
il existe k1 ∈ N tel que pour tout k ≥ k1 on ait nk ≥ n0 et par suite |unk − `| < ε.
Proposition 2.5. Pour qu’un élément x ∈ K soit une valeur d’adhérence d’une suite (un ) il faut et il
suffit qu’il existe une sous-suite (unk ) de (un ) qui converge vers x dans K.
Théorème 2.5. Une suite (un ) d’éléments de K est convergente si et seulement si toutes ses sous-suites
sont convergentes et ont la même limite.
Démonstration. Puisqu’une suite (un ) est une suite extraite d’elle-même, il est évident que si toutes ses
sous-suites convergent vers la même limite `, alors (un ) converge vers `. Réciproquement supposons que
la suite (un ) soit convergente vers une limite `, alors la Proposition 2.4 affirme que toute sous-suite de
(un ) converge vers `.
Remarque 2.3. Pour montrer qu’une suite numérique (un ) est divergente, il suffit d’exhiber deux sous-
suites de (un ) qui admettent des limites différentes.
Théorème 2.6 (de Bolzano-Weierstrass (deuxième version)). De toute suite bornée d’éléments de K on
peut extraire une suite convergente.
Démonstration.
1. Commençons d’abord par établir le résultat pour les suites réelles. Soit donc (un ) une suite réelle
bornée.
(a) Si l’ensemble A = {un , n ∈ N} des valeurs de la suite est infini, alors il possède un point
d’accumulation d’après le théorème de Bolzano-Weierstrass vu au Chapitre 1 (Théorème 1.11).
Soit a un point d’accumulation de A. Il existe un entier n1 tel que |un1 − a| < 1. Comme
1
l’ensemble des entiers n tels que |un − a| < est infini, il existe un entier n2 > n1 tel que
2
1
|un2 − a| < . On peut ainsi construire une suite strictement croissante (nk ) d’entiers tels que
2
1
|unk − a| < ; on a alors lim unk = a.
k k→+∞
(b) Si A est un ensemble fini {a1 , . . . , am }, il existe un élément a de A et une infinité d’entiers n
tels que un = a. On peut donc construire une suite strictement croissante (nk )k∈N d’entiers
telle que unk = a, d’où lim unk = a.
k→+∞
2. Supposons à présent que (zn ) est une suite bornée de nombres complexes. Comme |Re(zn )| ≤ |zn |,
la suite réelle (Re(zn )) est bornée ; on peut donc en extraire une suite (Re(zϕ(n) )) convergente. Mais
alors, la suite (Im(zϕ(n) )) est bornée et on peut en extraire une suite (Im(zφ◦ϕ(n) )) qui converge.
Dès lors, (Re(zφ◦ϕ(n) )) est une sous-suite de (Re(zϕ(n) )) et est donc convergente. Ainsi, les deux
suites (Re(zφ◦ψ(n) )) et (Im(zφ◦ψ(n) )) sont convergentes ; d’où le résultat.
Nous allons étendre à R la notion de valeur d’adhérence en disant qu’une suite (un ) de nombres réels
admet +∞ (resp. −∞) pour valeur d’adhérence si elle non majorée (resp. non minorée).
n+i 1
Exemple 2.9. La suite (vn ) définie par vn = 2
est équivalente à la suite (un ) donnée par un = .
n n
i 1
En effet, vn = λn un , avec λn = 1 + , un = et on a bien lim λn = 1.
n n n→+∞
Soient (un ) et (vn ) deux suites équivalentes de K. Si pour n assez grand on a un 6= 0, alors l’équivalence
vn
de deux suites est équivalente au fait que lim = 1. Cette relation est une relation d’équivalence sur
n→+∞ un
l’ensemble des suites de K. En particulier, la symétrie de cette relation vient du fait que si (λn ) tend 1,
1
la suite ( ) est définie pour n assez grand et tend vers 1.
λn
Proposition 2.6.
1. Si une suite (un ) est convergente, toute suite (vn ) équivalente à (un ) est convergente et a même
limite que (un ).
2. Réciproquement, si (un ) et (vn ) sont deux suites de K convergeant vers la même limite finie, et si
cette limite est non nulle, alors les suites (un ) et (vn ) sont équivalentes.
Définition 2.12. Si (un ) et (vn ) sont deux suites réelles équivalentes qui tendent vers 0, on dit qu’elles
sont deux infiniment petits équivalents.
1 n+1
Exemple 2.10. un = et vn = sont deux infiniment petits équivalents.
n n2
Définition 2.13. Si (un ) et (vn ) sont deux suites équivalentes qui tendent vers ±∞, on dit qu’elles sont
des infiniment grands équivalents.
n2
Exemple 2.11. un = −n et vn = − sont deux infiniment grands équivalents.
n+1
Proposition 2.7. Soient (un ), (vn ), (an ) et (bn ) quatre suites de K telles que un ∼ an et vn ∼ bn . Alors,
1. (un vn ) est convergente si et seulement si (an bn ) est convergente et, le cas échéant, on a l’égalité
lim un vn = lim an bn ;
n→+∞ n→+∞
un an
2. en cas d’existence, est convergente si et seulement si est convergente et, le cas
vn bn
un an
échéant, on a : lim = lim .
n→+∞ vn n→+∞ bn
Remarque 2.4. Ce résultat ne s’applique pas aux limites de sommes ou de différence de suites. Par
exemple, les suites un = n et vn = n − 1 sont équivalentes mais leur différence ne tendent pas vers 0 !
Définition 2.14. On dit qu’une suite numérique (un ) est périodique s’il existe un entier p ≥ 1 tel que
un+p = un pour tout n ∈ N. On dit le cas échéant que la suite est p-périodique et que p est une période
de la suite.
Exemple 2.12.
1. La suite (un ) définie par un = (−1)n est 2-périodique.
√
2. On rappelle qu’une des racines cubiques complexes de 1 est j = − 1+i2 3
. La suite (vn ) définien
par vn = (−j)n est 6-périodique.
Exercice 2.4. Trouver une condition nécessaire et suffisante pour qu’une suite périodique soit conver-
gente.
vn = o(un ). (2.3)
2. On dit que (vn ) est asymptotiquement dominée (ou bornée) par (un ) ou que (vn ) est un ”grand
O” de (un ) s’il existe une constante A telle que |vn | ≤ A|un |, pour n assez grand. On note alors
vn = O(un ). (2.4)
Dans le cas de deux suites complexes, on étend la définition précédente comme suit.
Définition 2.16. Soient (un ) et (vn ) deux suites complexes. On dit que :
1. (vn ) est asymptotiquement négligeable devant (un ) ou (vn ) est un ”petit o” de (un ) si |vn | =
o(|un |) ;
2. (vn ) est asymptotiquement dominée (ou bornée) par (un ) ou (vn ) est un ”grand O” de (un ) si
|vn | = O(|un |).
Exemple 2.13.
1+ein
1. Si α > 0, ln n = o(nα ) ; pour tout β ∈ R, nβ = o(en ) ; n2
= o( ni ).
2. n2 + ln n = O(n2 ) ; sin n1 = O( n1 ) ;
Démonstration. Soit (un ) une suite réelle convergente telle que un ≥ 0, pour tout n ∈ N et soit ` sa
limite. Si on avait ` < 0, il existerait un entier p ∈ N tel que pour tout n ≥ p on ait |un − `| < −`. Ce qui
impliquerait que 2` < un < 0. Ce qui est une contradiction avec l’hypothèse un ≥ 0, pour tout n ∈ N.
Proposition 2.9. Soient (un ) et (vn ) deux suites réelles convergentes et vérifiant un ≤ vn ne serait-ce
qu’à partir d’un certain rang, alors lim un ≤ lim vn .
n→+∞ n→+∞
Démonstration. Soient (un ) et (vn ) deux suites réelles convergentes respectivement vers ` et `0 ; et vérifiant
un ≤ vn , pour tout entier n superieur ou égal à un certain rang n0 . Pour tout n ≥ n0 , posons wn =
vn − un ≥ 0. D’après le Théorème 2.3, la suite (wn ) est convergente et lim wn = `0 − `. D’autre part,
n→+∞
la Proposition 2.8 implique lim wn ≥ 0 ; c’est-à-dire que ` ≤ `0 .
n→+∞
Remarque 2.5. D’une manière générale, lorsqu’on passe aux limites, les inégalités stictes deviennent des
inégalités larges :
(un < vn ) ⇒ ( lim un ≤ lim vn ).
n→+∞ n→+∞
1 1 1 1
Par exemple, pour n > 1, n2
< n mais lim 2 = lim = 0.
n→+∞ n n→+∞ n
Proposition 2.10. Soit (un ) et (vn ) deux suites de nombres réels tendant vers une même limite `. Si
une suite (zn ) vérifie pour n assez grand les inégalités un 6 zn 6 vn , alors lim zn = `.
n→+∞
Démonstration. Sans nuire à la généralité on peut supposer les inégalités un 6 zn 6 vn pour tout n ∈ N.
1. Si ` ∈ R alors pour tout ε > 0, il existe n1 ∈ N tel que quel que soit n ≥ n1 , |un − `| < ε et il
existe n2 ∈ N tel que quel que soit n ≥ n2 , |vn − `| < ε. Par conséquent pour n0 = max(n1 , n2 ) on
a : pour tout n ≥ n0 , ` − ε < un 6 zn 6 vn < ` + ε.
2. Si ` = ±∞, on peut se fixer les idées en prenant ` = +∞. Dans ce cas, pour tout λ ∈ R, il existe
nλ ∈ N tel que pour tout n ≥ nλ , un > λ. Par suite, pour tout n ≥ nλ on a λ < un 6 zn .
1 1 1
zn = √ +√ + ··· + √ .
n2 + 1 n2 + 2 n2 + n
Puisque pour n ∈ N∗ fixé √n12 +1 ≥ √n12 +k et √n12 +n ≤ √n12 +k pour tout k = 1, . . . , n, on a les inégalités
n n n n
suivantes : √ ≤ zn ≤ √ , pour tout n ∈ N∗ . Or lim √ = lim √ = 1, donc
2
n +n 2
n +1 n→+∞ 2
n + n n→+∞ n + 1 2
lim zn = 1.
n→+∞
Démonstration.
a) Soit (un ) une suite croissante i.e. un ≤ un+1 , pour tout n ∈ N. Si elle est majorée, il existe M ∈ R
tel que un ≤ M pour tout n ∈ N. Ce qui revient à dire que X = {un , n ∈ N} est majorée par
M . S’il en est ainsi X admet une borne supérieure finie dans R, soit x = sup X. Par suite pour
tout ε > 0, il existe p ∈ N (i.e. up ∈ X) tel que x − ε < up ≤ x. Or pour tout n ≥ p on a :
x − ε < up ≤ un ≤ x et donc 0 ≤ x − un ≤ ε i.e. lim un = x.
n→+∞
b) Si (un ) est non majorée, alors pour tout λ ∈ R, il existe p ∈ N tel que up > λ (sinon λ serait un
majorant de la suite) et pour tout n ≥ p on a : un ≥ up > λ ; d’où lim un = +∞.
n→+∞
c) et d) La transformation t −→ −t donne c) et d).
Définition 2.18. On dit qu’une suite réelle admet +∞ (resp. −∞) comme valeur d’adhérence si elle est
non majorée (respectivement non minorée).
Théorème 2.8. Deux suites réelles (un ) et (vn ) adjacentes convergent vers la même limite. De plus on
a : un ≤ un+1 ≤ vn+1 ≤ vn , pour tout n ∈ N.
Démonstration. Observons d’abord que la condition (ii) entraı̂ne que si (un ) est convergente, (vn ) l’est
aussi et les deux suites ont alors la même limite. Posant wn = vn − un , on a : wn+1 − wn = (vn+1 − vn ) −
(un+1 − un ). Les inégalités vn+1 − vn ≤ 0 et un+1 − un ≥ 0 impliquent wn+1 − wn ≤ 0. Donc la suite
(wn ) est décroissante. Comme (wn ) tend vers 0, d’après le Théorème 2.7, lim wn = inf n wn = 0, d’où
n→+∞
wn ≥ 0. Il en résulte que un ≤ vn pour tout n ∈ N ; d’où un ≤ un+1 ≤ vn+1 ≤ vn ≤ v0 pour tout n ∈ N.
Ainsi la suite (un ) est croissante et majorée ; elle est donc convergente.
Théorème 2.9 (de Cantor). Soit In = [un , vn ] une suite décroissante d’intervalles fermés In de R (c’est-
á-dire In+1 ⊂ In , ∀n ∈ N) et dont la longueur vn − un tend vers 0. Alors ces intervalles ont un unique
point commun ` qui est la limite commune des suites (un ) et (vn ).
n
X 1
Exercice 2.5. On considère la suite (un ) définie par un = (−1)k−1 .
k
k=1
1. Montrer que les sous-suites (u2n ) et (u2n+1 ) sont adjacentes. En déduire que la suite (un ) admet
une limite que l’on notera s. (On ne demande pas de calculer la limite).
1
2. Montrer que |s − un | ≤ .
n+1
Théorème 2.10. Soit A une partie de R. Les assertions suivantes sont équivalentes :
1. A est dense dans R ;
2. pour tout réel a, il existe une suite (un ) de points de A qui converge vers a.
un+1 = un + r, ∀n ∈ N. (2.5)
Définition 2.21. Soit q ∈ K. On appelle suite géométrique de raison q toute suite (vn ) vérifiant :
Exercice 2.6. Dans K, soient (un ) une suite arithmétique de raison r et (vn ) une suite géométrique de
n
X Xn
0
raison q. On pose Sn = uk et Sn = vk . Montrer que
k=0 k=0
1. un = u0 + nr, pour tout n ∈ N ;
n(n + 1)
2. Sn = (n + 1)u0 + r, pour tout n ∈ N ;
2
3. vn = v0 q n , pour tout n ∈ N ;
1 − q n+1
4. si q 6= 1, Sn0 = v0 , pour tout n ∈ N.
1−q
Soit (un ) une suite récurrente affine du premier ordre à coefficients constants. Calculons un en fonction
de n.
1. Si a = 1, (un ) est une suite arithmétique de raison b, donc un = u0 + nb.
2. Si a 6= 1, soient λ ∈ K et (vn ) la suite définie par vn = un + λ. On a : ∀n ∈ N,
Soient a et b deux éléments de K. Notons Ea,b = {(un ) ⊂ K/∀n ∈ N, un+2 = aun+1 + bun }.
Remarque 2.6. L’ensemble Ea,b est un K-espace vectoriel de dimension 2.
Soit (un ) un élément de Ea,b . Calculons un en fonction de n. Regardons si Ea,b contient des suites
géométriques. Soit r ∈ K ; la suite géométrique (rn ) est dans Ea,b si et seulement si pour tout n ∈ N,
rn+2 = arn+1 + brn , c’est-à-dire : r2 − ar − b = 0. On a la
— Si ∆ < 0 l’équation admet deux solutions complexes conjuguées r et r̄. Il existe alors λ dans K tel
que : ∀n ∈ N,
un = λrn + λrn . (2.12)
Exemple 2.16 (Suites de Fibonocci). Étudions la suite (φn ) dite de Fibonacci et définie par :
(
φ0 = 0, φ1 = 1,
φn+2 = φn+1 + φn , ∀n ∈ N.
√ √
1+ 5 1− 5
r2
L’équation caractéristique − r − 1 = 0 admet deux solutions réelles et ; il existe donc
2 2
λ1 , λ2 ∈ R tel que : ∀n ∈ N,
√ !n √ !n
1+ 5 1− 5
φn = λ1 + λ2 .
2 2
√ ! √ !
1+ 5 1− 5
Comme φ0 = 0 et φ1 = 1, on a : λ1 + λ2 = 0 et λ1 + λ2 = 1. Ce qui donne
2 2
1
λ1 = −λ2 = √ . D’où, pour tout n ∈ N,
5
" √ !n √ !n #
1 1+ 5 1− 5
φn = √ − .
5 2 2
Exemple 2.17. Calculons un sachant que u0 = 1, u1 = i et un+2 = 4un+1 − 4un . L’équation ca-
ractéristique r2 − 4r + 4 = 0 admet une solution double r0 = 2, il existe donc λ1 , λ2 ∈ C tels que
un = λ1 2n + λ2 n2n−1 ,
un = 2n + 2n−1 (i − 2)n.
1
Comme u0 = 0 et u1 = 1, on a A = 0 et B = √ , d’où : ∀n ∈ N,
3
2n
2nπ
un = √ sin .
3 3
— Si (un ) est croissante et non majorée, alors elle est divergente et lim un = +∞.
n→+∞
(b) u0 ≥ u1 : on montre par récurrence que la suite (un ) est décroissante.
— Si (un ) est décroissante et minorée, alors elle est convergente.
— Si (un ) est décroissante et non minorée, alors elle est divergente et lim un = −∞.
n→+∞
3. Si f est décroissante, on introduit deux suites auxilliaires (an ) et (bn ) données par an = u2n et
bn = u2n+1 . On montre que
Par ailleurs, f ◦ f est croissante, on peut donc étudier le sens de variation de (an ) et (bn ) et leur
convergence comme ci-dessus.
— Si (an ) et (bn ) convergent vers la même limite `, alors la suite (un ) converge aussi vers `.
— Si (an ) et (bn ) convergent vers des limites différentes, alors la suite (un ) est divergente.
— Si (an ) ou (bn ) est divergente, alors la suite (un ) est divergente.
Exemple 2.19.
1. Soient un = n et vn = n1 . On a : lim un = +∞, lim vn = 0 et lim un vn = 1.
n→+∞ n→+∞ n→+∞
1
2. Soient un = n2 et vn = n. On a : lim un = +∞, lim vn = 0 et lim un vn = +∞.
n→+∞ n→+∞ n→+∞
(−1)n
3. Soient un = n et vn = n. On a : lim un = 0, lim vn = +∞ mais (un vn ) n’a pas de limite.
n→+∞ n→+∞
Remarque 2.7. La leçon qui ressort des exemples précédents est qu’on ne peut rien dire de la limite
de la suite (un vn ) si lim un = +∞ et lim vn = 0. On ne peut, non plus rien dire la limite de la
n→+∞ n→+∞
suite (un + vn ) si lim un = +∞ et lim vn = −∞. On dit alors qu’on est en présence de formes
n→+∞ n→+∞
indéterminées.
Théorème 2.12 (de O. Stolz). Soit (vn )n une suite de réels strictement croissante (ne serait-ce qu’à
partir d’un
certain rang) tendant vers +∞ et soit (un )n une suite de réels donnée. Alors l’existence de
−un−1
limite de uvnn −vn−1
entraı̂ne celle de uvnn et, le cas échéant, on a :
un − un−1 un
lim = lim = ` ∈ R. (2.15)
n→+∞ vn − vn−1 n→+∞ vn
Démonstration. Sans nuire à la généralité nous allons supposer la stricte croissance de (vn )n à partir des
premiers termes.
un − un−1
1. Supposons l’existence de lim = `.
n→+∞ vn − vn−1
u − u ε
n n−1
(a) Si ` ∈ R, nous avons : ∀ε > 0, ∃nε ∈ N / ∀n > nε , − ` < i.e.
vn − vn−1 2
ε un − un−1 ε
`− < <`+
2 vn − vn−1 2
ε un−1 − un−2 ε
`− < <`+
2 vn−1 − vn−2 2
..
.
..
.
ε u − u ε
nε +1 n ε
`− <
<`+
2 vnε +1 − vnε 2
Ce que l’on peut encore écrire :
ε ε
(vn − vn−1 )(` − ) < un − un−1 < (` + )(vn − vn−1 )
2 2
ε ε
(vn−1 − vn−2 )(l − ) < un−1 − un−2 < (` + )(vn−1 − vn−2 )
2 2
..
.
..
.
ε ε
(vnε +1 − vnε )(` − ) < unε +1 − unε < (` − )(vnε +1 − vε )
2 2
En faisant la somme membre à membre on obtient
ε ε
(` − )(vn − vnε ) < un − vnε < (` + )(vn − vnε );
2 2
c’est-à-dire que : ∀n > nε , uvnn −unε ε
−vnε − ` < 2 . Nous avons l’égalité facilement vérifiable :
un un − `vnε h vn ih un − unε i
−`= ε + 1− ε −` . (2.16)
vn vn vn vn − vnε
un u − `v u − u
n nε n nε
−` ≤ ε + −` .
vn vn vn − vn ε
unε −`vnε
Puisque unε − `vnε est fini et lim vn = +∞, alors lim vn = 0. Ce qui implique
n→+∞ n→+∞
|unε − `vnε | ε
qu’il existe n1 ∈ N tel que pour n > n1 , < . D’autre part, pour tout n > nε ,
vnε 2
un − unε ε un un
− ` < . Si n2 = sup(nε , n1 ), alors : ∀n > n2 , − ` < ε. Par suite, lim = `.
vn − vnε 2 vn n→+∞ vn
un − un−1
(b) Supposons maintenant ` = lim = +∞, par exemple : ∃ n0 ∈ N / ∀n ≥ n0 ,
n→+∞ vn − vn−1
En faisant, la somme membre à membre, on obtient un − un0 > vn − vn0 ; c’est-à-dire que
un > (un0 − vn0 ) + vn ; d’où lim un = +∞. Maintenant, (2.17) implique que la suite (un )
n→+∞
vn
est strictement croissante à partir du rang n0 et donc on peut appliquer (a) à . Puisque
un
vn − vn−1 vn
lim = 0+ (fini) donc lim = +∞.
n→+∞ un − un−1 n→+∞ un
Pour clore ce chapitre, traduisons la convergence d’une suite avec le langage des voisinages.
Proposition 2.11. Pour qu’une suite (un ) converge vers ` dans R (resp. dans R) il faut et il suffit que
pour tout voisinage V` de ` il existe un entier nV` tel que pour tout n ≥ nV` , un ∈ V` .
Sommaire
3.1 Limites de fonctions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
3.2 Comparaisons locales de fonctions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
3.3 Fonctions continues . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
On rappelle qu’une fonction réelle sur un ensemble X non vide est une application de X dans R. Une
f
fonction sera souvent notée f : X → R ou X 7−→ R. Nous ne considérons ici que les fonctions numériques
définies sur des parties de R, mais les limites sont définies dans R. On rappelle que X̄ désigne l’adhérence
de X dans R.
Proposition 3.1. Soit f : A → R une fonction définie sur une partie non vide A de R. Si f admet une
limite en un point a ∈ A, cette limite est unique.
La Proposition 3.1 permet lorsque, pour une fonction f : A → R, un réelle ` verifie la propriété de la
Définition 3.1 de dire que ` est la limite de f lorsque x tend vers a ∈ Ā. On écrit alors
Définition 3.2. Soit f une fonction réelle définie sur une partie non vide A de R et soit a ∈ Ā. On dit
que f tend vers +∞ lorsque x tend vers a si elle vérifie la propriété suivante : pour tout réel b, il existe
un voisinage Ua du point a tel que
f Ua ∩ A \ {a} ⊂]b, +∞[.
Définition 3.3. Soit f une fonction réelle définie sur une partie non vide A de R et soit a ∈ Ā. On dit
que f tend vers +∞ lorsque x tend vers a si elle vérifie la propriété suivante : pour tout réel b, il existe
un voisinage Ua du point a tel que
f Ua ∩ A \ {a} ⊂] − ∞, b[.
Critères usuels. Soit f : A → R une fonction définie sur une partie non vide de R.
1. Limite finie en un point fini. Soient a ∈ Ā et ` ∈ R,
( )
n o
f (x) −−−→ ` ⇔ ∀ε > 0, ∃δ > 0 / x ∈ A et |x − a| < δ ⇒ |f (x) − `| < ε .
x→a
( )
n o
f (x) −−−→ −∞ ⇔ ∀λ ∈ R, ∃δ > 0 / x ∈ A et |x − a| < δ ⇒ f (x) < λ .
x→a
( )
f (x) −−−−→ ` ⇔ ∀ε > 0, ∃α ∈ R/ x ∈ A et x < α ⇒ |f (x) − `| < ε .
x→−∞
( )
f (x) −−−−→ −∞ ⇔ ∀λ ∈ R, ∃α ∈ R/ x ∈ A et x > α ⇒ f (x) < λ .
x→+∞
( )
f (x) −−−−→ +∞ ⇔ ∀λ ∈ R, ∃α ∈ R/ x ∈ A et x < α ⇒ f (x) > λ .
x→−∞
( )
f (x) −−−−→ −∞ ⇔ ∀λ ∈ R, ∃α ∈ R/ x ∈ A et x < α ⇒ f (x) < λ .
x→−∞
2. On dit que f admet une limite à droite en a s’il existe un nombre réel ` tel que :
∀ε > 0, ∃δ > 0 / x ∈ A et 0 < x − a < δ ⇒ |f (x) − `| < ε .
Remarque 3.1. Si une fonction f : A → R admet une limite à droite (respectivement une limite à gauche)
en un point a, cette limite est alors unique.
Notations.
1. Si f admet ` comme limite à droite en a, on note
|x|
Exemple 3.1. Pour la fonction f : R∗ → R, x 7→ on a lim = 1 et lim = −1.
x x→0+ x→0−
Théorème 3.1. Soit I un intervalle ouvert non vide de R et soit a ∈ I. Une fonction f : I \ {b} → R
admet une limite en a si et seulement si elle admet une limite à droite en a et une limite à gauche a et
ces deux limites sont égales.
Remarque 3.2. On peut regarder la limite de f lorsque x tend vers +∞ [resp.−∞] comme une limite à
droite [resp. à gauche] lorsque cette limite existe.
La Proposition suivante montre qu’il est possible d’utiliser les suites pour étudier l’existence de la limite
d’une fonction en un point.
Proposition 3.2. Soit f : A → R une fonction définie sur une partie non vide A de R. Soit a un point
adhérent à A. La fonction f admet une limite ` lorsque x tend vers a si et seulement si pour toute suite
(un ) de points de A \ {a} tendant vers a, la suite (f (un )) tend vers `.
et
|f (xn ) − `| > ε0 . (3.2)
De (3.1) on obtient lim xn = a et (3.2) signifie que ` ne peut pas être égale à lim f (xn ). Ce qui
n→+∞ n→+∞
contredit le fait que ` = lim f (xn ).
n→+∞
⇒) Supposons que : ∀ε > 0, ∃δ > 0 /∀x ∈ A, (0 < |x − a| < δ) ⇒ (|f (x) − `| < ε). Montrons que
pour toute suite (xn )n d’éléments de A avec lim xn = a on a lim f (xn ) = `. Soit donc ε > 0, un
n→+∞ n→+∞
réel positif quelconque fixé et δ = δ(ε) choisi tel que pour tout x ∈ A vérifiant 0 ≤ |x − a| < δ on ait
|f (x) − `| < ε. Pour toute suite (xn )n tendant vers a il existe un entier n tel que pour tout n > nε ,
|xn − a| < δ. C’est pourquoi, pour tout n > nε on a : |f (xn ) − `| < ε i.e. lim f (xn ) = `.
n→+∞
En se référant à la Proposition 3.2 nous avons les résultats suivants tirés des propositions obtenues
des suites.
Proposition 3.3. Soit f : A → R une fonction définie sur une partie A de R. Si f admet une limite
(finie) en un point a adhérent à A, alors il existe un intervalle ouvert I contenant a et un réel M > 0
tel que pour tout x ∈ (I ∩ A) \ {a}, |f (x)| ≤ M .
Proposition 3.4. Soit f : A → R une fonction définie sur une partie A de R. Si f admet une limite
l 6= 0 en un point a adhérent à A, il existe alors un intervalle ouvert I contenant a tel que pour tout
x ∈ (I ∩ A) \ {a}, f (x) 6= 0.
Théorème 3.2.
a) Soit f une fonction définie et croissante sur une partie A de R ; * alors f admet une limite à
gauche (finie ou égale à +∞) en tout point a ∈ Ā où cette limite peut être définie ; si a ∈ A, cette
limite est finie et vérifie lim f (x) ≤ f (a).
x→a−
b) De même si f est une fonction décroissante sur une partie A de R, alors f admet une limite à
droite (finie ou égale à −∞) en tout point a ∈ Ā où cette limite peut être définie ; si a ∈ A, cette
limite est finie et vérifie lim f (x) ≥ f (a).
x→a+
c) En particulier si A est non majoré, f (x) a une limite (finie ou égale à +∞) quand x → +∞ ; et
si A est non moniré, f admet une limite (finie ou égale à −∞) quand x → −∞.
Exemple 3.2. La fonction partie entière E : x 7−→ E(x) est croissante sur R et pour tout a ∈ R, on a
lim E(x) ≤ E(a) = lim E(x).
x→a− x→a+
x
−3 −2 −1 0 1 2 3
−1
−2
Exemple 3.3.
a) x → sin x, x0 = 0
1. 1 sont des infiniment petits aux voisinages des points considérés
b) x → , x0 = ±∞
x
)
a) x → sin
x 2
x
, x0 = 0
2. sont des infiniment grands au voisinage des points considérés.
b) x → −x2 , x0 = ±∞
Exemple 3.4.
1 1 1 1
1. =O 2
puisque ≤ 2 si |x| ≤ 1.
x 0 x x x
1 1 1 1
2. 2 = O puisque 2 ≤ 1 × pour |x| ≥ 1.
x ±∞ x x |x|
1
3. f (x) = x et g(x) = x(2 + sin ) sont des infiniments petits de même ordre au voisinage de 0. En
x
effet, d’une part : lim f (x) = lim g(x) = 0 ; et d’autre part,
x→0 x→0
f (x) 1 1
= 1 ≤ ≤1
g(x) 2 + sin x 2 − sin x1
g(x) 1 1
= 2 + sin ≤ 2 + sin ≤ 3,
f (x) x x
Définition 3.8. Soient f et g deux fonctions définies sur une partie non vide A de R et x0 ∈ R un point
adhérent de A. On dit que f est infiniment petit (ou négligeable) par rapport à g ou que f est un ”petit
o” de g s’il existe un voisinage V de x0 et une fonction ε telle que pour tout x ∈ (A ∩ V ) \ {x0 } on a :
f (x) = ε(x)g(x) avec lim ε(x) = 0. Dans ce cas on écrit : f = o(g) ou f (x) = o(g(x)).
x→x0 x0 x0
x2 x2
x
1
Exemple 3.5. =o et aussi =o .
sin x 0 sin x sin x 0 sin x
1
Exemple 3.6. (1 + x4 )x2 ∼ x2 au voisinage de 0 avec ϕ(x) = .
1 + x4
f (x)
Nous remarquons que si f ∼ f1 et g ∼ g1 alors l’existence de lim entraı̂ne l’existence de
x0 x0 x→x0 g(x)
f1 (x) f (x) f1 (x)
lim ; et de plus on a l’égalité lim = lim .
x→x0 g1 (x) x→x0 g(x) x→x0 g1 (x)
Notons avant de clore ce paragraphe que dans le calcul des limites on rencontre assez souvent les
0 ∞
formes , , 0 · ∞, +∞ − ∞, 00 , ∞0 , 1∞ appelées formes indertiminées (F.I.). Selon les situations
0 ∞
concrétes en présence, ces cas peuvent avoir tous les comportements possibles au point x0 . Déterminer la
limite éventuelle associée à de telles formes est ce qu’on appelle lever l’indétermination.
{f continue au point a} ⇔ {∀ Vf (a) ∈ V(f (a)), ∃Ua ∈ V(a) / f (Ua ∩ A) ⊂ Vf (a) }; (3.3)
{f continue au point a} ⇔ {∀ ε > 0, ∀x ∈ A, (|x − a| < δ) ⇒ (|f (x) − f (a)| < ε)}. (3.4)
La condition (3.3) est aussitôt vérifié s’il existe un voisinage Ua tel que Ua ∩ A = {a} i.e. si a est un
point isolé. D’où toute fonction f définie sur une partie A ⊂ Z est continue.
Si f n’est pas continue en un point a0 , on dit que f est discontinue au point a0 ou que a0 est un point
de discontinuité de f .
Remarque 3.3. La continuité est une propriété locale. Par exemple, pour prouver qu’une fonction f
définie sur une partie A de R est continue en un point a de A, il suffit de trouver un intervalle ouvert I
contenant a vérifiant la propriété suivante : il existe une constante M > 0 tel que pour tout x de I ∩ A,
|f (x) − f (a)| ≤ M |x − a|. En effet si J est un intervalle de centre f (a) et de longueur ε, pour que f (x)
ε ε
appartienne à J, il suffit alors que x ∈ A et x ∈]a − M ,a + M [∩I.
Remarque 3.4.
1. Si f est une fonction continue en un point a de son domaine de définition A, il existe un voisinage
V de a dans R et un réel M > 0 tels que, pour tout x de A ∩ V , |f (x)| ≤ M .
2. Si f est continue en a et si f (a) > 0, il existe alors un intervalle ouvert I contenant a tel que
f (x) > 0 pour tout x ∈ I ∩ A.
Théorème 3.3. Soit f : A → R une fonction définie sur une partie A de R et soit a un point intérieur
à A. Alors f est continue en a si et seulement elle est continue à droite et continue à gauche en a.
Soit f : A → R est une fonction définie sur une partie non vide A de R et soit a ∈ Ā (fini) tels que
lim f (x) = b ∈ R. La fonction f est discontinue en a dans les deux cas suivants :
x→a
— a∈ / A,
— a ∈ A mais f (a) 6= b.
On peut par contre construire une fonction f˜ assez proche de f continue au point a comme suit :
— dans le cas où a ∈
/ A, (
f (x) si x ∈ A
f˜(x) = (3.5)
b si x = a
— dans le cas où a ∈ A, (
f (x) si x ∈ A \ {a}
f˜(x) = (3.6)
b si x=a
Définition 3.12. La fonction f˜ continue au point a définie par (3.5) ou par (3.6), selon le cas, est appelée
le prolongement de f par continuité au point a.
Théorème 3.4. Soit f une fonction définie et continue sur un intervalle fermé et borné [a, b] ⊂ R. Alors
f est bornée sur [a, b] et y atteint sa borne supérieure M et sa borne inférieure m.
Démonstration. Soit f une fonction définie et continue sur un intervalle fermé et borné [a, b] ⊂ R.
1. Si f n’était pas bornée sur [a, b], il existerait pour chaque n ∈ N un point xn ∈ [a, b] vérifiant
|f (xn )| ≥ n. De la suite (xn ) le Théorème de Bolzano-Weierstrass permettrait d’extraire une suite
convergente (xnk ) et le point x = lim xnk appartiendrait à [a, b] (puisque [a, b] est fermé). Mais
k→+∞
ceci entraı̂nerait une contradiction puisque la suite (f (xnk )) qui est non bornée, devrait converger
vers f (x). Donc f est bornée.
2. Puisque f est bornée, les bornes M = sup f et m = inf f sont finies. Si f ne prenait pas la valeur
[a,b] [a,b]
1
M , la fonction x 7→ serait définie et par conséquent continue sur tout [a, b]. D’après la
M − f (x)
partie 1) de la démonstration, cette fonction serait donc bornée et il existerait un nombre α tel
1 1 1
que ≤ α i.e. |M − f (x)| ≥ , pour tout x ∈ [a, b]. On aurait donc M − f (x) ≥ i.e.
M − f (x) α α
1
f (x) ≤ M − , quel que soit x ∈ [a, b] et M ne serait pas la borne supérieure de f . On établit de
α
même que f prend la valeur de m au moins en un point de [a, b].
Remarque 3.5. Le Théorème tombe en défaut pour une fonction continue sur un intervalle non fermé ou
non borné. L’application ] − π2 , π2 [→ R, x 7→ tan x est une bonne illustration.
x
− π2 0 π
2
−1
−2
−3
−4
Théorème 3.5 (Théorème des valeurs intermédiaires). Soit f une fonction numérique continue sur
un intervalle quelconque (ouvert, fermé, semi-ouvert, borné ou non) I de R ; et soient M = sup f et
I
m = inf f les bornes de f sur I. Alors f prend toute valeur entre m et M .
I
Démonstration. Si m = M (cas où f est constante) le théorème est trivial. Supposons donc m 6= M et soit
γ un nombre arbitraire tel que m < γ < M . Les propriétés des bornes supérieure et inférieure entraı̂nent
l’existence des points a, b ∈ I tels que m ≤ f (a) < f (b) ≤ M . Pour fixer les idées nous supposerons a < b.
y
M
f (b)
f (x0 ) = γ
f (a)
x
O a xn c0 b
L’ensemble C = {x ∈ [a, b] / f (x) ≤ γ} est non vide (puisqu’il contient a) et est majoré par b. Il admet
donc une borne supérieure finie c0 . Pour chaque n ∈ N∗ , les propriétés de cette borne supérieure entraı̂ne
l’existence d’un élément xn ∈ C vérifiant c0 − n1 < xn ≤ c0 . Par conséquent lim xn = c0 et donc
n→+∞
lim f (xn ) = f (c0 ) ; et l’inégalité f (xn ) ≤ γ (vraie par construction pour tout n ∈ N∗ entraı̂ne par
n→+∞
passage à la limite que
f (c0 ) ≤ γ. (3.7)
D’autre part, puisque c0 est la borne supérieure de C, on a f (x) ≥ γ pour tout x ∈]c0 , b] (car x > c0 ).
Donc la limite à droite de f en c0 , qui est f (c0 ), vérifie
f (c0 ) ≥ γ. (3.8)
Remarque 3.7. Ce procédé utilisé nous permet d’avoir la plus grande racine de l’équation f (x) = γ.
Corollaire 3.1. L’image d’un intervalle de R par une fonction continue, est un intervalle de R.
En effet puisque ]m, M [⊂ f (I) ⊂ [m, M ] alors f (I) est une des 4 possibilités : [m, M ], ]m, M [, [m, M [,
]m, M ]. Le théorème suivant précise le résultat lorsque I est fermé borné.
Théorème 3.6. L’image d’un intervalle fermé borné de R par une fonction continue est un intervalle
fermé et borné.
Corollaire 3.2. Soit f une fonction continue sur un intervalle I ⊂ R, s’il existe deux points a et b de I
tel que f (a)f (b) < 0, alors l’équation f (x) = 0 admet au moins une solution entre a et b.
Corollaire 3.3. Soit f une fonction continue sur un intervalle I ⊂ R. Si f ne prend pas la valeur 0,
alors f garde un signe constant sur I.
où sgn(t) désigne le signe de t. Pour se fixer les idées nous supposerons x < y < z :
• • • I
x y z
Posons
— Ix = {r ∈ I : r > x} Ix
— Iz = {r ∈ I : r < z} Az
f (r) − f (x) f (z) − f (r)
— et gx : Ix → R, gx (r) = ; hz : Iz → R, hz (r) = .
r−x z−r
Du fait que Ix et Iz sont des intervalles et que gx (r) 6= 0, quel que soit r ∈ Ix et hz (r) 6= 0, pour tout
r ∈ Iz , alors sgn(gx ) et sgn(hz ) sont constants sur Ix et Iz respectivement. Donc gx (y)gx (z) > 0
f (y) − f (x) f (z) − f (x) f (z) − f (x) f (z) − f (y)
et hz (x)hz (y) > 0, c’est-à-dire que > 0 et > 0.
y−x z−x z−x z−y
b) Montrons maintenant que si f est monotone et f (I) est un intervalle, alors f est continue. Suppo-
sons que x0 ∈ I soit un point de discontinuité de f . D’après les propriétés des fonctions monotones,
les limites lim f (x) et lim f (x) existent et lim f (x) 6= f (x0 ) ou lim f (x) 6= f (x0 ). Pour se
x→x−
0 x→x+
0 x→x−
0 x→x+
0
fixer les idées nous allons supposer f croissante et lim f (x) 6= f (x0 ) et donc f (x0 ) < lim f (x).
x→x+
0 x→x−
0
Par suite x0 6= sup I et pour x > x0 , on a : f (x) ≥ lim f (x). D’autre part, pour x < x0 ,
x→x+
0
f (x) ≤ f (x0 ). Alors f (I) ne contient aucun point de l’intervalle ]f (x0 ), lim f (x)[. i.e.
x→x+
0
y0
f (x0+ )
f (x0 )
x
O x0
A
D’où donc, f (I)∩]f (x0 ), lim f (x)[= ∅. Puisque f (x0 ) ∈ f (I) est il existe y0 ≥ lim f (x) et
x→x+
0 x→x+
0
yo ∈ f (I) alors f (I) n’est pas un intervalle ce qui est une contradiction ; d’où f est continue sur I.
Proposition 3.9. Si f est une bijection continue d’un intervalle I sur un intervalle J, sa réciproque
f −1 est continue sur J.
Démonstration. En effet, d’après la partie a) de la Proposition 3.8, nous avons sur I une fonction f
continue et strictement monotone et par suite sa fonction réciproque f −1 est strictement monotone
sur f (I) = J qui est un intervalle de R. Montrons la stricte monotonie de f −1 . Soient y1 < y2 deux
éléments de J. Pour se fixer les idées nous supposons la fonction f strictement croissante, cela donne
f (x1 ) = y1 < y2 = f (x2 ) pour un seul x1 ∈ I et un seul x2 ∈ I et donc x1 = f −1 (y1 ) et x2 = f −1 (y2 ).
Nous avons donc une seule des 3 possibilités ; ou bien x1 < x2 ou bien x1 = x2 ou bien x1 > x2 . Si
x1 = x2 ou si x1 > x2 on aurait en vertu de la stricte croissante de f que y1 = f (x1 ) = f (x2 ) ou
y1 = f (x1 ) > f (x2 ) = y2 ce qui serait en contradiction avec l’hypothése de départ y1 < y2 et par
conséquent x1 < x2 . D’autre part I = f −1 (J) est un intervalle. Ainsi, f −1 est monotone et I = f −1 (I)
est un intervalle donc f −1 continue sur J.
Démonstration. Pour fixer les idées, supposons f strictement croissante. D’après le Théorème des valeurs
intermédiaires f (A) est un intervalle d’extrémités α et β. Il est évident que α ∈ f (I) (resp. β ∈ f (I)) est
équivalent à a ∈ A (resp. b ∈ A), i.e. I et f (I) sont de même nature.
Faire un schéma
Démonstration. En effet pour tout x ∈ V \{x0 } posons y = f (x) ; alors h(x) = g(y). Puisque lim g(y) = b,
y→a
pour tout ε > 0, il existe δ > 0 tel que : (0 < |y − a| < δ) ⇒ (|g(y) − b| < ε). Par suite (0 < |f (x) − a| <
δ) ⇒ (|h(x) − b| < ε). Mais puisque lim f (x) = a et que quel que soit x ∈ V \ {x0 } on a f (x) 6= a (voir
x→x0
définition de W ), alors on peut associer au nombre δ > 0, un nombre α > 0 tel que 0 < |x − x0 | < α
implique que 0 < |f (x) − a| < δ et par suite |h(x) − b| < ε.
Proposition 3.12. Si f est une fonction continue au point x0 et g une fonction continue au point
y0 = f (x0 ), alors la fonction h = g ◦ f est continue en x0 .
Démonstration. Soit z0 = h(x0 ) = g[f (x0 )] = g(y0 ) et Vz0 un voisinage quelconque de z0 , alors h−1 (Vz0 ) =
f −1 (g −1 (Vz0 )). Puisque g est continue en y0 , alors g −1 (Vz0 ) est un voisinage de y0 et la continuité de f
en x0 entraı̂ne que f −1 (g −1 (Vz0 )) est un voisinage de x0 .
∀ ε > 0, ∃ δ > 0 / ∀ (x, y) ∈ A2 , (|x − y| < δ) ⇒ (|f (x) − f (y)| < ε). (3.9)
Remarque 3.9.
a) δ = δ(ε) dépend seulement de ε et pas du point.
b) Une fonction uniformément continue est nécessairement continue. En effet, si δ étant le nombre
associé à ε dans (3.9) et si x0 est un point fixé de A, alors pour tout x ∈ A tel que |x − x0 | < δ,
|f (x) − f (x0 )| < ε.
Exemple 3.9.
1
a) La fonction f : x → |x| 2 est uniformément continue sur A = R. En effet soit ε > 0 et δ = ε2 . Pour
1 1 2
tout (x, y) ∈ R2 vérifiant |y − x| < δ = ε2 , on a |f (x) − f (y)|2 = |x| 2 − |y| 2 . Or
1 1
2 1 1
1 1
|x| 2 − |y| 2 ≤ |x| 2 + |y| 2 |x| 2 − |y| 2 = |x| − |y| ≤ |x − y| < ε2
1 1 p
donc |x| 2 − |y| 2 ≤ |x − y| < ε.
1
b) La fonction f :]0, 1[→ R définie par f (x) = est continue sur A, mais non uniformément. En
x
effet, pour tout x > 0 et tout δ > 0 tels que 0 < x + δ < 1, on a :
1 1 δ
0 < f (x) − f (x + δ) = − =
x x+δ x(x + δ)
δ δ δ
et donc f (x) − f (x + δ) > . Or > ε ⇔ x < , il suit alors que pour
x(1 + δ) x(1 + δ) ε(1 + δ)
δ
tous ε et δ des nombres positif fixés quelconques on peut toujours trouver x < tel que
ε(1 + δ)
f (x) − f (x + δ) > ε ; donc f est non uniformément continue sur A.
1 1
c) Soit f : A = R+ → R, x 7→ sin x1 . Considérons les points x0 = π et x00 = 3 . Prenons
2 + 2πn 2 π + 2πn
ε = 1, alors pour tout δ > 0 on a : pour n assez grand, |x0 − x00 | < δ et
π
3
|f (x0 ) − f (x00 )| = sin + 2πn − sin π + 2πn = 1 + 1 = 2 > 1.
2 2
Théorème 3.7 (de Heine). Toute fonction continue sur un compact [a, b] y est uniformément continue.
Démonstration. Soit un réel ε > 0. Supposons que pour tout n ∈ N∗ , il existe deux points xn et yn de
1
[a, b] tels que |xn − yn | < et |f (xn ) − f (yn )| ≥ ε. D’après le théorème de Bolzano-Weierstrass, on
n
1
peut extraire de la suite (xn ) une suite (xnk ) convergente. Notons ` sa limite. Puisque |xnk − ynk | < ,
nk
la suite (ynk ) tend aussi vers `. Maintenant puisque f est continue en `, les suites (f (xnk )) et (f (ynk ))
ε
tendent vers vers f (`). Par conséquent il existe K ∈ N tel que pour tout k ≥ K, |f (xnk ) − f (`)| < et
2
ε
|f (ynk ) − f (`)| < . On en déduit l’inégalité |f (xnk ) − f (ynk )| < ε pour tout k ≥ K, ce qui contredit
2
l’hypothèse.
Définition 3.16. On dit qu’une fonction f : I → R définie sur un intervalle I de R est lipschitzienne s’il
existe un réel k > 0 tel que : ∀x, y ∈ I, |f (x) − f (y)| ≤ k|x − y|.
Exercice 3.4. Soit f : I → R une fonction lipschitzienne. Montrer que f est uniformément continue.
Sommaire
4.1 Fonction dérivable - Notion de dérivée - Interprétation géométrique . . . . 53
4.2 Opérations algébriques sur les fonctions dérivables . . . . . . . . . . . . . . . 56
4.3 Théorème sur les valeurs moyennes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
4.4 Application l’étude des variations des fonctions numériques . . . . . . . . . . 59
4.5 Dérivées successives et différentielle d’une fonction . . . . . . . . . . . . . . . 60
4.6 Fonctions convexes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
4.7 Formules de Taylor . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
Introduction
La notion de dérivée d’une fonction en un point, issue du taux d’accroissement par passage à la
limite lorsque l’accroissement sur la variable tend vers 0, donne une indication sur le comportement de
f (x) − f (a) lorsque x est prés de a. La notion de fonction dérivée permet ensuite d’étudier les variations
locales et globales des fonctions d’une variable réelle, de déterminer des extrema.
Définition 4.2.
1. Soit f une fonction dont le domaine de définition contient [x0 , x1 ] avec x1 > x0 . On dit que f est
dérivable à droite en x0 si f (x)−f
x−x0
(x0 )
admet une limite à droite en x0 . Le cas échéant, cette limite
est appelée le nombre dérivé à droite de f en x0 et on la noté fd0 (x0 ).
2. Soit f une fonction dont le domaine de définition contient [x1 , x0 ] avec x0 > x1 . On dit que f est
dérivable à gauche en x0 si f (x)−f
x−x0
(x0 )
admet une limite à gauche en x0 . Le cas échéant, cette limite
est appelée le nombre dérivé à gauche de f en x0 et on la noté fd0 (x0 ).
Théorème 4.1. Une fonction f : I → R, définie sur un intervalle I de R, est dérivable au point x0
intérieur à I si et seulement si les limites fd0 (x0 ) et fg0 (x0 ) existent et sont égales.
Exemple 4.1. Pour la fonction f : x 7→ |x|, on a l’existence de fd0 (0) et de fg0 (0) mais pas celle de f 0 (0).
Remarque 4.1. Par dérivabilité d’une fonction f sur un compact [a, b] de R, on entend l’existence de fd0 (a)
0
et de fg (b) en plus de celle de f 0 (x) pour tout x ∈]a, b[.
Théorème 4.2. Si une fonction f est dérivable en un point x0 alors f est continue en ce point.
f (x) − f (x0 )
Démonstration. Par définition, f 0 (x0 ) est la limite, au point x0 du rapport . Pour tout ε > 0,
x − x0
il existe δ > 0 tel que (0 ≤ |x−x0 | < δ) ⇒ (| f (x)−f x−x0
(x0 )
−f 0 (x0 )| < ε). Or, l’inégalité | f (x)−f
x−x0
(x0 )
−f 0 (x0 )| < ε
entraı̂ne que | f (x)−f
x−x0
(x0 )
| < ε+k avec k = |f 0 (x0 )|. Donc l’inégalité |x−x0 | < δ entraı̂ne que |f (x)−f (x0 )| ≤
(k + ε)|x − x0 |. Ce qui implique que lim f (x) = f (x0 ).
x→x0
Étendons le précédent résultat. Si on suppose maintenant que f admet une dérivée à droite (resp. à
gauche) en x0 . On démontre, comme précédemment, que lim f (x) = f (x0 ) (resp. lim f (x) → f (x0 )).
x→x+
0 x→x−
0
En d’autre termes, l’existence de fd0 (x0 ) entraı̂ne celle de lim f (x) et la continuité de f à droite en x0 ;
x→x+
0
de même l’existence de fg0 (x0 ) implique celle de lim f (x) et la continuité de f à gauche en x0 . Mais
x→x− 0
l’existence d’une seule des limites fd0 (x0 ) ou 0
fg (x0 ) n’implique pas la continuité de f au point x0 . Pour
(
1, si x ≥ 0,
s’en convaincre, on peut vérifier que la fonction f : x 7→ admet une dérivée à droite en
0, si x < 0
tout point de R, mais n’est pas continue à l’origine.
y
1
x
−5 −4 −3 −2 −1 0 1 2 3 4 5
Remarque 4.2. Si une fonction f : I → R est dérivable en x0 ∈ I, le nombre dérivé f 0 (x0 ) vérifie : pour
tout ε > 0, il existe δ > 0 tel que pour tout x ∈ I avec |x − x0 | ≤ δ,
On dit que f est différentiable en x0 . La fonction affine a : x 7→ f (x0 ) + f 0 (x0 )(x − x0 ) donne une
approximation de f dans l’intervalle ]x0 − δ, x0 + δ[ avec une erreur inférieur ou égale à ε relativement à
la variation |x − x0 |.
y
9
1
x
−2 −1 0 1 2 3 4 5
Proposition 4.1 (Dérivée d’une combinaison linéaire). Soient f et g deux fonctions réelles définies sur
I et dérivables au point x0 ∈ I. Pour tout (α, b) ∈ R2 , la fonction h = αf + bg est dérivable au point x0
et on a :
h0 (x0 ) = (αf + bg)0 (x0 ) = αf 0 (x0 ) + bg 0 (x0 ). (4.2)
Proposition 4.2 (Dérivée d’un produit). Soient f, g : I → R deux fonctions dérivables au point x0 ∈ I.
Alors le produit h = f g est dérivable au point x0 , et on a
Démonstration. On a :
h(x) − h(x0 ) f (x)g(x) − f (x0 )g(x0 )
=
x − x0 x − x0
g(x) − g(x0 ) f (x) − f (x0 )
= f (x) + g(x0 )
x − x0 x − x0
g(x)−g(x0 )
Compte tenu de la dérivabilité de f et g en x0 et de la continuité de f en x0 , on a : lim x−x0 = g 0 (x0 ),
x→x0
f (x)−f (x0 ) h(x)−h(x0 )
lim x−x0 = f 0 (x0 ) et lim f (x) = f (x0 ). Par suite, lim x−x0 = f (x0 )g 0 (x0 ) + f 0 (x0 )g(x0 ).
x→x0 x→x0 x→x0
Proposition 4.3 (dérivée d’un rapport). Soit f, g : I → R deux fonctions dérivables en x0 ∈ I avec
g(x0 ) 6= 0. Alors,
1 1
1. la fonction h = : x 7→ , définie sur un voisinage de x0 , est dérivable au point x0 et on a
g g(x)
g 0 (x0 )
h0 (x0 ) = − ; (4.6)
g 2 (x0 )
f f (x)
2. la fonction : x 7→ , définie sur un voisinage de x0 , est dérivable au point x0 et on a
g g(x)
0
f f 0 (x0 )g(x0 ) − f (x0 )g 0 (x0 )
(x0 ) = . (4.7)
g (g(x0 ))2
Démonstration. Comme g(x0 ) 6= 0 et g est continue en x0 , il existe un voisinage V de x0 tel que pour
tout x ∈ V ∩ I, g(x) 6= 0. Soit donc x ∈ V . On a :
1 1
g(x) − g(x0 ) g(x0 ) − g(x) 1
= .
x − x0 x − x0 g(x0 )g(x)
h(y) − h(y0 ) x − x0
=
y − y0 f (x) − (x0 )
x − xo
et, puisque f est injective, la fonction ϕ : x 7→ est définie pour x 6= x0 . On a lim ϕ(x) =
f (x) − f (x0 ) x→x0
1
f 0 (x0 ) et nous savons d’autre part que h est continue. Le théorème des applications continues montre que
h(y) − h(y0 ) 1 1
lim = ϕ[h(y)] = 0 = 0 .
y→y0 y − y0 f [h(y0 )] f (x0 )
y∈J\{y0 }
Démonstration. Plaçons nous par exemple dans le cas d’un maximum. Soit δ > 0 tel que pour tout
t ∈]t0 − δ, t0 + δ[⊂ I, f (t) ≤ f (t0 ). Alors pour tout t ∈]t0 − δ, t0 [, f (t)−f
t−t0
(t0 )
≥ 0 et par suite en passant à la
0 f (t)−f (t0 )
limite on obtient f (t0 ) ≥ 0. Maintenant, pour t ∈]t0 , t0 + δ[, t−t0 ≤ 0 ; d ’où f 0 (t0 ) ≤ 0. Le résultat
est dès lors clair.
Théorème 4.6 (Théorème des accroissements finis généralisés ou Théorème généralisé de la valeur
moyenne). Soient f et g deux fonctions réelles continues sur [a, b] ⊂ R et dérivables sur ]a, b[. Alors il
existe c ∈]a, b[ tel que :
[f (b) − f (a)]g 0 (c) = [g(b) − g(a)]f 0 (c). (4.9)
Démonstration. Posons h(t) = [f (b) − f (a)]g(t) − [g(b) − g(a)]f (t), t ∈ [a, b]. La fonction h est continue
sur [a, b] et dérivable sur ]a, b[ et h(a) = f (b)g(a) − f (a)g(b) = h(b). Nous allons vérifier qu’il existe
c ∈]a, b[ tel que h0 (c) = 0.
— Si h = cte alors h0 (c) = 0, pour tout c ∈]a, b[.
— Si h 6= cte alors puisque h atteint ses bornes il existe t0 ∈]a, b[ tel que h(t0 ) = sup h ou bien il
[a,b]
existe t1 ∈]a, b[ tel que h(t) = inf h et par suite h0 (t0 ) = 0 ou h0 (t1 ) = 0 d’après le théorème de
[a,b]
Fermat. On peut dès lors prendre t0 = c ou t1 = c.
Corollaire 4.1 (Formule des accroissements finis ou théorème sur la valeur moyenne). Soit f une fonction
numérique continue sur [a, b] ⊂ R et dérivable sur ]a, b[. Alors il existe c ∈]a, b[ tel que
Donnons une autre écriture de (4.10) comme suit : a < c < b ⇔ 0 < ( c−a c−a
b−a ) < 1. Posons b−a = θ, i.e.
c − a = θ(b − a) avec θ ∈]0, 1[. Si nous posons b = a + h alors la formule (4.10) prend la forme
Corollaire 4.2 (Théorème de Rolle). Soit f une fonction continue sur [a, b] et dérivable sur ]a, b[ telle
que f (a) = f (b). Alors il existe c ∈]a, b[ tel que f 0 (c) = 0.
Corollaire 4.3. Soit f : I → R une fonction continue sur un intervalle I de R et dérivable sur l’intérieur
˚
I de I. Si f 0 (x) 6= 0 pour tout x ∈ I, f est alors injective.
. .f(a)=f(b) .
a b
.
.
Corollaire 4.4 (Inégalité des accroissements finis). Soit f : [a, b] → R une fonction continue sur [a, b]
et dérivable sur ]a, b[. On suppose qu’il existe M ≥ 0 tel que |f 0 (x)| ≤ M pour tout x ∈]a, b[. On a alors
|f (b) − f (a)| ≤ M (b − a).
Corollaire 4.5. Soit f une fonction continue sur un intervalle ouvert I de R. Soit x0 un point de I.
Si f est dérivable sur I \ {x0 } et f 0 admet une limite finie ` en x0 , f est alors dérivable en x0 et on a
f 0 (x0 ) = `.
Théorème 4.7 (Régle de l’Hopital). Soient −∞ ≤ a < b ≤ +∞, f et g deux fonctions numériques
f 0 (x)
réelles continues dans ]a, b[ et vérifiant g 0 (x) 6= 0 sur ]a, b[ et lim 0 = A ∈ R̄.
x→a g (x)
— Si lim f (x) = 0 et lim g(x) = 0
x→a x→a
— ou si lim g(x) = +∞,
x→a
f (x)
alors, lim 0 = A.
x→a g (x)
Remarque 4.3. Une telle proposition reste vraie si x → b ou bien g(x) → −∞.
Démonstration. ”Que les conditions sont nécessaires” résulte de la définition de la dérivée. Pour montrer
qu’elles sont suffisantes, considéront deux points quelconques u, v de I. La fonction f étant continue sur
[u, v] et dérvable sur ]u, v[, il existe un point c ∈]u, v[ tel que f (v) − f (u) = (v − u)f 0 (c). Si donc f 0 (t) ≥ 0
pour tout t ∈ ˚ I, on a f 0 (c) ≥ 0 et par suite f (v) ≥ f (u) ; si f 0 (t) ≤ 0 pour tout t ∈ ˚ I, on a f 0 (c) ≤ 0 et
par conséquent f (v) ≤ f (u), enfin si f 0 (t) = 0 pour tout t ∈ ˚ I on a f 0 (c) = 0 et alors f (v) = f (u).
Si dans la démonstration qui précède, on suppose f 0 (x) > 0 [resp. f 0 (x) < 0] sur ˚
I, on a f (v) > f (u)
[resp. f (v) < f (u)]. Nous pouvons compléter par la
Proposition 4.5. Pour qu’une fonction dérivable sur un intervalle de R soit strictement croissante (resp.
strictement décroissante) il suffit que sa dérivée soit strictement positive (resp. strictement négative).
Remarque 4.4. Cette condition n’est pas nécessaire. En effet, l’application t 7→ t3 montre que la dérivée
d’une fonction strictement croissante peut s’annuler.
Théorème 4.8 (Existence de fonctions réciproques). Soit f : I → R une fonction continue sur un
intervalle I de R et dérivable sur l’intérieur ˚
I de I. Si f 0 (x) 6= 0 pour tout x ∈ ˚
I, alors f réalise alors
−1
une bijection de I sur un intervalle J de même type que I. De plus la fonction f est dérivable sur J et
1
on a, pour tout y0 ∈ J, (f −1 )0 (y0 ) = 0 −1 . D’autre part, f et f −1 ont le même type de monotonie.
f (f (y0 ))
Démonstration. Posons J = f (I). Comme f est continue, J est un intervalle d’après le Corollaire 3.1 du
Chapitre 3. Supposons f 0 (x) 6= 0 pour tout x de ˚ I. D’arpès le Corollaire 4.3, f est injective et réalise
donc une bijection de I sur J = f (I). La monotonie de f entraı̂ne que J est un intervalle de même type
que I ; de plus la fonction f −1 : J → I est continue d’après le la Proposition 3.9 du Chapitre 3. Soient y0
et y deux points de J. Posons x = f −1 (y). Comme f −1 est continue, si y tend vers y0 , alors x tend vers
f −1 (y0 ). Puisque f 0 (f −1 (y0 )) 6= 0, le Théorème 4.4 achève la preuve.
3. Soit p ∈ N∗ , on dit que f est de classe C p sur I si, la derivée f (p) (x) existe en tout point de I et si
l’application x 7→ f (p) (x) est continue sur I. On écrit alors f ∈ C p (I). Si f est de classe C p alors
f est de classe C k pour 0 ≤ k ≤ p. Par fonction de classe C 0 on entendra une fonction continue.
4. Par extension, on dit que f est de classe C ∞ si f admet des dérivées de tous les ordres (ces dérivées
étant alors automatiquement continues).
Exemple 4.3.
1. Toute fonction polynômiale est de classe C ∞ .
2. Toute fonction rationnelle est de classe C ∞ sur son domaine de définition.
Soient f et g deux fonctions dérivable au moins jusqu’à l’ordre n en un point x0 . Alors la fonction
produit f · g est dérivable à l’ordre n en x0 et on a la formule suivante dite de Leibniz :
n
X
(n)
(f · g) (x0 ) = {in f (n−i) (x0 )g (i) (x0 ). (4.12)
i=0
Exemple 4.4. Calculons la dérivée d’ordre n ∈ N de la fonction f définie par f (x) = (3x2 + 2x − 2)e4x .
On peut encore dire que f : I → R est convexe si pour tous x, y ∈ I et tout λ ∈ [0, 1], on a
f λx + (1 − λ)y ≤ λf (x) + (1 − λ)f (y). (4.14)
A
f(x)
f(y) B
x y
Exemple 4.5.
1. Toute fonction affine est convexe.
2. La fonction x 7→ x2 est convexe.
Définition 4.5. Soient I un intervalle de R et f une fonction de I dans R. On appelle taux de variation
de f en un point a ∈ I la fonction notée ∆a f défnie sur I \ {a} par x 7→ ∆a f (x) = f (x)−f
x−a
(a)
.
Proposition 4.6. Une f : I → R, définie sur un intervalle I de R, est convexe sur I si et seulement si
pour tout a ∈ I, la fonction ∆a f est croissante sur I \ {a}.
Démonstration.
⇒) Supposons f convexe sur I et prenons a un point arbitraire de I.
a−y y−x
— Si x < y < a, alors nous posons λ = a−x et donc 1 − λ = . On a alors λ ∈ [0, 1] et
a−x
f (y) = f (a + y − a) = f a + λ(x − a) = f [(1 − λ)a + λx] ≤ (1 − λ)f (a) + λf (x),
f [(1 − λ)x + λy] = f [(1 − µ)y + µx] ≤ (1 − µ)f (y) + µf (x) = (1 − λ)f (x) + λf (y).
Proposition 4.7. Soit f une fonction convexe sur un intervalle I de R. Alors, f est continue en tout
point a intérieur à I et fg0 (a) et fd0 (a) existent et vérifient fg0 (a) ≤ fd0 (a).
Démonstration. Soit a ∈ ˚ I. L’existence des limites en question et l’inégalité fg0 (a) ≤ fd0 (a) sont une
conséquence de la croissance de ∆a f et des propriétés des fonctions croissantes. D’autre part, en passant
f (x) − f (a)
à la limite lorsque x tend vers a, on a : lim [f (x) − f (a)] = lim (x − a) = 0 × fg0 (a) = 0. De
x→a− x→a− x−a
même, lim [f (x) − f (a)] = 0. D’où f continue en a.
x→a+
Remarque 4.7. Ce résultat ci-dessus n’est pas vrai si a n’est pas intérieur. Prenons I = [0, 1] et f (0) = 1
et f (x) = 0 si x 6= 0. La fonction f est convexe sur [0, 1] mais n’est pas continue en 0.
Proposition 4.8. Soit f une fonction convexe sur un intervalle I de R. Si a et b sont deux points de I
tels que a < b, et fd0 (a) et fg0 (b) existent (c’est le cas si a et b sont intérieurs) alors,
f (b) − f (a)
fd0 (a) ≤ ≤ fg0 (b). (4.15)
b−a
f (a) − f (x) f (b) − f (x)
Démonstration. Si a < x < b, avec a, b ∈ ˚ I, on a : ≤ . En faisant tendre x vers
a−x b−x
a et b on obtient fd0 (a) ≤ f (b)−f
b−a
(a)
≤ fg0 (b).
Proposition 4.9. Pour qu’une fonction f , continue sur un intervalle ouvert I soit convexe il faut et il
suffit qu’elle admette sur I une dérivée à droite (respectivement à gauche) croissante.
Proposition 4.10. Pour qu’une fonction f , définie sur un intervalle ouvert I et admettant sur I une
dérivée seconde, soit convexe, il faut et il suffit que l’on ait f 00 (x) ≥ 0, pour tout x ∈ I. Le graphe de f
est alors située au dessus de ses tangentes.
Proposition 4.11 (Caractérisation des fonctions convexes dérivables). Soit f une fonction définie sur
un intervalle I de R, dérivable en chaque point de I. Alors, les assertions suivantes sont équivalentes :
1. f est convexe sur I ;
2. pour tous x, y ∈ I on a : f (y) ≥ f (x) + f 0 (x)(y − x) ;
3. f 0 est croissante sur I.
Définition 4.6. Une fonction f : I → R est dite concave si la fonction −f est convexe sur I.
D’autre part, on dit que le graphe d’une fonction convexe [respectivement concave] tourne sa concavité
vers le haut [respectivement vers le bas]. Le sens de la concavité donne une information utile lorsqu’on
construit des graphes de fonctions numériques. Si la fonction étudiée f est de classe C 2 , le sens de la
concavité est fourni par le signe de f 00 (x). On dit que le point (x, f (x)) est un point d’inflexion du graphe
de f si on a f 00 (x) = 0 et si f 00 (t) change de signe lorsque t traverse la valeur x.
Théorème 4.9 (Formule de Taylor-Lagrange). Soient n ∈ N∗ et f une fonction réelle de classe C n sur
un intervalle I de R et admettant une dérivée d’ordre n + 1 en tout point t ∈ ˚ I. Pour tous points a et b
de I tels que a < b, il existe un point c ∈]a, b[ tel qu’on ait la formule suivante dite de Taylor-Lagrange :
n
X f (k) (a) f (n+1) (c)
f (b) = (b − a)k + (b − a)n . (4.16)
k! (n + 1)!
k=0
Remarque 4.8. Pour n = 1 on a la formule des accroissements finis. En général ce théorème montre que
la fonction f peut être approchée par un polynôme de dégré n. L’égalité (4.16) permet d’évaluer l’écart
d’erreur si l’on connaı̂t une valeur majorante de |f (n+1) (t)| sur ]a, b[.
et soit g la fonction
g(t) = f (t) − Pn (t) − M0 (t − a)n+1 ; a ≤ t ≤ b. (4.19)
Nous devons prouver qu’il existe c ∈]a, b[ tel que (n+1)!M0 = f (n+1) (c). Mais (4.17) et (4.19) entraı̂nent :
pour tout t ∈]a, b[. Ainsi donc, la démonstration sera achevée si l’on vérifie que g (n+1) (c) = 0 pour un
(k)
certain c entre a et b. Puisque Pn (a) = f (k) (a) pour k = 0, . . . , n on a alors g(a) = g 0 (a) = · · · =
g (n) (a) = 0, d’après (4.19). On a aussi g(b) = 0 d’aprèes le choix de M0 (voir (4.18)). Le théorème des
accroissements finis nous donne l’existence de c1 ∈]a, b[ tel que g 0 (c1 ) = 0, et puisque g 0 (a) = 0 alors il
existe c2 ∈]a, c1 [ tel que g 00 (c2 ) = 0. Aprés n + 1 opérations nous aboutissons à l’existence d’un certain
cn+1 ∈]a, cn [ tel que g (n+1) (cn+1 ) = 0. Il suffit donc de prendre c = cn+1 ∈]a, b[.
Dans (4.21) la formule obtenue dans le cas particulier où a = 0 est dite formule de Mac-Laurin :
n
X f (k) (0) tn+1
f (t) = tk + f (n+1) (θt); 0<θ<1 (4.22)
k! (n + 1)!
k=0
— l’étude de la position de la courbe représentative d’une fonction au voisinage d’un point par rapport
à sa tangente en ce point.
Théorème 4.10 (Formule de Taylor-Young). Soit f : I → R une fonction définie sur un intervalle I
de R. Soit a un point de I. On suppose que f est dérivable jusqu’à l’ordre n en a, c’est-à-dire que f 0 (a),
f 00 (a),..., f (n) (a) existent. Alors on a la formule suivante dite de Taylor-Young :
n
X f (k) (a)
f (t) = (t − a)k + (t − a)n ϕ(t − a), (4.23)
k!
k=0
On a g(a) = 0, g 0 (a) = 0, g 00 (a) = 0,. . ., g (n−1) (a) = 0. L’hypothèse de récurrence implique alors :
n−1
X g (k) (a)
g(x) = g(a) − (x − a)k + (x − a)n−1 ϕ(x − a)
k!
k=1
= (x − a)n−1 ε(x − a),
Si h est un nombre réel tel que a + h ∈ I et si on pose x = a + h, la formule de Taylor-Young s’écrit sous
la forme :
n
X f (k) (a)
f (x + h) = + hn ϕ(h), (4.24)
k!
k=0
Exemple 4.6. f (x) = sin(x) et g(x) = cos(x). En remarquant que cos(α) = sin(α + π2 ) nous pouvons
montrer par recurrence que pour tout n ∈ N,
π π
(sin(x))(n) = sin(x + n. ) et (cos(x))(n) = cos(x + n. ).
2 2
Il suit alors que
(
π 0 si p = 2k
f (p) (0) = sin(p. ) = k ∈ N.
2 (−1)k si p = 2k + 1
(
(p) π 0 si p = 2k + 1
g (0) = cos(p. ) = k ∈ N.
2 (−1)k si p = 2k
Dès lors,
x3 x5 x2n+1
sin(x) = x − + + · · · + (−1)n + o(x2n+2 ).
3! 5! (2n + 1)!
x2 x4 x2n
cos(x) = 1 − + + · · · + (−1)n + o(x2n+1 ).
2! 4! (2n)!
Sommaire
5.1 Intégrales des fonctions en escalier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
5.2 Fonctions intégrables au sens de Riemann . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70
5.3 Construction et définition de l’intégrale d’une fonction intégrable . . . . . . 74
5.4 Propriétés générales de l’intégrale de Riemann . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
5.5 Calcul de l’intégrale d’une fonction continue - Primitivation . . . . . . . . . 77
5.6 Sur quelques primitives et procédés pratiques de base . . . . . . . . . . . . . 82
5.7 Formules de la moyenne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83
5.8 Sommes de Riemann . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86
La théorie de l’intégration est née de la nécessité de calculer les aires et les volumes. Elle est liée à
la notion de mesure et part du principe que l’intégration d’une fonction constante sur un ensemble est
égale au produit de cette constante par la mesure de l’ensemble.
Dans ce chapitre, nous traitons des intégrales des fonctions définies sur R à valeurs réelles. L’ordre
sur R confère à l’intégrale des propriétés particulières et permet d’établir un lien entre les opérations de
dérivation et d’intégration. Dans R, le calcul des intégrales se ramène à la recherche de primitives.
Une subdivision de [a, b] sera notée σ = (x0 = a, x1 , x2 , . . . , xn = b). Une telle subdivision détermine
n intervalles [xi−1 , xi ] (i = 1, 2, . . . , n).
— Les intervalles [xi−1 , xi ] sont appelés intervalles de la subdivision.
— On appelé pas de la subdivision le nombre p = max (xi − xi−1 ).
1<i≤n
A chaque subdivision σ de [a, b], nous associerons l’ensemble S(σ) constitué par les points de la suite σ.
Inversement, à chaque ensemble finie S de points de [a, b] contenant a et b, nous associerons la subdivision
σ obtenue en rangeant ces points dans l’ordre naturel de R. Cette correspondance bijective entre ensembles
et subdivisions nous permet de définir un ordre partiel sur l’ensemble des subdivisions de [a, b].
Définition 5.2. Soient σ et σ 0 deux subdivisions de [a, b]. On dit que σ 0 est plus fine que σ (ou consécutive
à σ) si les ensembles S(σ) et S(σ 0 ) respectivement associé à σ et σ 0 vérifient S(σ) ⊂ S(σ 0 ).
On obtient donc une subdivision plus fine que σ en lui ajoutant de nouveaux points. Par ailleurs,
étant donnés deux subdivisions quelconques σ et σ 0 de [a, b], la réunion de σ et de σ 0 est la subdivision
σ 00 = σ ∪ σ 0 dont l’ensemble associé est la réunion des ensembles associés à σ et σ 0 . Bien sûr, σ ∪ σ 0 est
plus fine que chacune des subdivisions σ et σ 0 .
Remarque 5.1. Une telle fonction ne prend qu’un nombre fini de valeurs : ses valeurs f (xi ) aux (n + 1)
points de la subdivision, et les valeurs constantes qu’elle prend sur les intervalles ]xi−1 , xi [. Donc une
fonction en escalier sur un intervalle de R est nécessairement bornée.
Définition 5.4. Soit f une fonction en escalier sur [a, b]. Nous dirons qu’une subdivision σ de [a, b] est
associé à f , si la fonction est constante à l’intérieur de chaque intervalle de σ.
Si σ est une subdivision associée à f , alors toute subdivision plus fine que σ est encore associée à f .
Il existe donc une infinité de subdivisions associées à f ; la moins fine de toutes est formée des points a,
b et des points de discontinuité de f appartenant à ]a, b[.
où fi désigne la valeur constante de f sur l’intervalle ouvert ]xi−1 , xi [. Alors I(f, σ) ne dépend que de f
et non de la subdivision associée à f .
Démonstration. Prouvons que si σ et σ 0 sont deux subdivisions associées à f , alors I(f, σ) = I(f, σ 0 ).
Considérons d’abord le cas particulier où la subdivision σ 0 est plus fine que σ = (x0 , x1 , . . . , xn ). La
subdivision σ 0 s’obtient alors en ajoutant des points à σ ; ce qui revient à subdiviser chacun des intervalles
[xi−1 , xi ]. Désignons par xi,k , (k = 0, 1 . . . , αi ) les points de la subdivision σ 0 appartenant à [xi−1 , xi ] et
rangés dans l’ordre naturel ; ce qui éxige que xi,0 = xi−1 et xi,αi = xi . La valeur prise par f dans chaque
Xαi
intervalle ]xi,k−1 , xi,k [ est fi . On a alors l’égalité (xi,k − xi,k−1 ) = xi,αi − xi,0 = xi − xi−1 et donc
k=1
n αi n
!
X X X
0
I(f, σ ) = (xi,k − xi,k−1 ) fi = (xi − xi−1 )fi = I(f, σ).
i=1 k=1 i=1
D’une manière général, soient σ et σ 0 deux subdivisions quelconques associées à f et soit σ 00 leur
réunion. La subdivision σ 00 étant plus fine que σ et σ 0 , la première partie de la démonstration nous donne
les relations : I(f, σ) = I(f, σ 00 ) = I(f, σ 0 ).
Le Théorème 5.1 permet donc d’écrire I(f, σ) = I(f ), puisque cette quantité ne dépend pas de σ.
Définition 5.5. Soit f une fonction en escalier sur [a, b]. On appelle intégrale de f sur [a, b] le nombre
Rb
réel noté a f (x)dx et défini par
Z b n
X
f (x)dx = I(f ) = (xi − xi−1 )fi . (5.2)
a i=1
où (x0 = a, x1 , . . . , xn = b) est une subdivision associée à f et fi la valeur constante de f sur ]xi−1 , xi [.
Remarque 5.2. On notera que l’intégrale de f ne dépend que des valeurs prises par f à l’intérieur des
intervalles de la subdivision et non des valeurs prises par f aux points de la subdivision.
Exemple 5.1.
Rb
1. Si f (x) = 1, pour tout x ∈ [a, b], on a a f (x)dx = b − a.
2. Si f est nulle sauf en un nombre fini de points de [a, b], alors son intégrale est nulle.
Exercice 5.1. Donner deux exercices d’application (un à faire sur place et un à la sagacité de l’étudiant)
Démonstration. Ce résultat est évident si on choisit une subdivision associée à f contenant le point c (ce
qui est toujours possible, en ajoutant au besoin le point c).
Proposition 5.2 (Liéarité). Soient f et g sont deux fonctions en escalier sur [a, b], alors quels que soient
λ, µ ∈ R, la fonction λf + µg est en escalier sur [a, b] et on a :
Z b Z b Z b
λf (x) + µg(x) dx = λ f (x)dx + µ g(x)dx. (5.4)
a a a
Démonstration. Désignons par σ et σ 0 deux subdivisions [a, b] respectivement associées aux fonctions
f, g. La réunion σ 00 de ces subdivisions est associée à la fois à f et g, donc à λf + µg. Le résultat est
maintenant évident.
Proposition 5.3 (Croissance). L’integrale d’une fonction positive en escalier sur [a, b] est positive. En
conséquence, si f et g sont deux fonctions en escalier sur [a, b] vérifiant f (x) ≤ g(x), pour tout x ∈ [a, b],
on a : Z b Z b
f (x)dx ≤ g(x)dx. (5.5)
a a
Démonstration. Cela résulte immédiatement de la définition de l’intégrale car dans la formule (5.2), les
coefficients (xi − xi−1 ) sont tous positifs.
Proposition 5.4 (Majoration). Soit f une fonction en escalier sur [a, b] alors la fonction x 7→ |f (x)|
est en escalier sur [a, b] et on a :
Z b Z b
f (x)dx ≤ f (x) dx. (5.6)
a a
Rb
De plus a kdx = k(b − a), d’où l’inégalité (5.7).
Remarque 5.3. De cette définition il résulte que toute fonction Riemann-intégrable sur [a, b] est nécessairement
bornée sur [a, b].
Démonstration. Pour fixer les idées, supposons f croissante sur [a, b] et considérons une subdivision de
[a, b] de la forme (a, a+p, . . . , a+np), l’entier n ∈ N∗ étant quelconque et le nombre p défini par a+np = b,
k(b−a)
soit p = b−a n . Les points de la subdivision sont alors xk = a + n . Nous définissons deux fonctions g
et h en escalier sur [a, b] en posant, pour tout x ∈ [xk , xk+1 [= [a + kp, a + (k + 1)p[, k = 0, 1, . . . , n − 1,
D’où
b
b−a
Z
[E(x) − e(x)]dx = p[f (a + nh) − f (a)] = [f (b) − f (a)]
a n
b−a
et pour tout ε > 0, il est possible de choisir n assez grand de sorte à avoir n [f (b) − f (a)] ≤ ε.
Définition 5.7. On dit qu’une fonction f : [a, b] → R est monotone par morceaux s’il existe une
subdivision σ = (x0 , ..., xn ) de [a, b] telle que la restriction de f à chaque intervalle ]xi−1 , xi [ soit monotone.
Exercice 5.2. Prouver que si f : [a, b] → R est une fonction monotone par morceaux et bornée, elle est
alors intégrable au sens de Riemann.
Démonstration. L’intervalle [a, b] étant compact, la fonction f est uniformément continue sur cet inter-
valle : ∀ε ≥ 0, ∃ηε > 0 / ∀x, y ∈ [a, b], (|y − x| < ηε ) =⇒ (|f (y) − f (x)| < ε. Soit donc ε > 0. Considérons
alors une subdivision de [a, b], soit (a = x0 , x1 , . . . , xn = b), de pas inférieur à ηε ; par exemple la subdi-
vision régulière (a, a + p, . . . , a + np), l’entier n étant choisi assez grand pour que le nombre p = b−an soit
inférieur à ηε . Nous obtenons deux fonctions g et h en escalier sur [a, b] en posant
— e(xi ) = E(xi ) = f (xi ) pour tout i = 0, . . . , n,
ε ε
— e(x) = f (xi ) − et E(x) = f (xi ) + pour tout x ∈]xi−1 , xi [, 1 ≤ i ≤ n.
2(b − a) 2(b − a)
On a donc, pour tout x ∈ [a, b], e(x) ≤ f (x) ≤ E(x) (Justifier comment on utilise la continuité uniforme
pour montrer ces inégalités. En effet, si x ∈]xi1 , xi [, f (xi ) − ε < f (x) < f (xi ) + ε . On pourra diviser par
un multiple de b − a) et
Z b Z b
ε
[E(x) − e(x)]dx = = ε.
a a (b − a)
Définition 5.8. On dit qu’une fonction f : [a, b] → R est continue par morceaux s’il existe une subdivision
σ = (x0 , ..., xn ) de [a, b] telle que, pour tout i = 1, . . . , n, il existe une fonction hi : [xi−1 , xi ] → R continue
dont la restriction à l’intervalle ]xi − 1, xi [ coı̈ncide avec celle de f .
Exercice 5.3. Prouver que si f : [a, b] → R est continue par morceaux, elle est alors intégrable au sens
de Riemann.
Définition 5.9. Une fonction f : [a, b] → R est dite réglée si pour tout ε > 0, il existe une fonction en
escalier ϕ : [a, b] → R telle que pour tout x ∈ [a, b], |f (x) − ϕ(x)| < ε.
b
2ε(b − a)
Z
[E(x) − e(x)] dx = < ε.
a 3(b − a)
Proposition 5.7. Une fonction f : [a, b] → R est Riemann intégrable si et seulement s’il existe deux
suites ϕn et θn de fonctions en escalier de [a, b] → R telles que :
1. pour tout x ∈ [a, b] et tout n ∈ N, |f (x) − ϕn (x)| ≤ θn (x) ;
Z b
2. lim θn (x) dx = 0.
n→+∞ a
Démonstration. En effet, si f est intégrable sur [a, b], il existe pour chaque n ∈ N un couple (ϕn , hn ) de
fonctions en escalier :
on obtient
−θn (x) + ϕn (x) f (x) θn (x) + ϕn (x)
≤ ≤ ,
2 2 2
gn (x) ≤ l(x) ≤ hn (x)
| {z } | {z }
en escalier en escalier
Z b Z b
[hn (x) − gn (x)] dx = θn (x) dx ≤ ε pour n assez grand.
a a
Comme cas particulier de fonctions réglées on peut citer les fonctions continues comme le précise la
Démonstration. En effet, le nombre ε > 0 étant donné, la continuité uniforme de f sur [a, b] entraı̂ne
l’existence d’un réel η > 0 tel que pour tout (x, y) ∈ [a, b]2 vérifiant |y − x| < η, alors |f (y) − f (x)| < ε.
Soit σ0 = (x0 = a, x1 , . . . , xn = b) une subdivision de [a, b] telle que h = sup (xi − xi−1 ) ≤ η. Définissons
1≤i≤n
ϕ : [a, b] → R par ϕ(xi ) = f (xi ) et ϕ(x) = f (xi ) pour x ∈]xi−1 , xi [, 0 ≤ i ≤ n. D’après cette subdivision
on a : pour tout x ∈, [a, b],
(
0 si x = xi
|f (x) − ϕ(x)| =
|f (x) − f (xi )| < ε si x ∈]xi−1 , xi [ pour un certain i.
On notera aussi la
Proposition 5.9. Pour qu’une fonction f : [a, b] → R soit réglée il faut et il suffit qu’elle admette une
limite à droite en tout point de [a, b[ et une limite à gauche en tout point de ]a, b].
Il suit alors le
Corollaire 5.1. Toute fonction numérique monotone sur un compact [a, b] est réglée.
Lemme 5.1. Soit f : [a, b] → R, bornée sur [a, b] et Riemann intégrable sur tout compact [α, β] et continu
dans l’intervalle ouvert ]a, b[, alors f est Riemann intégrable sur [a, b].
b−a
Démonstration. Soit M = sup |f | et 0 < ε < . Choisissons les nombres α et β tels que :
[a,b] 6M
ε ε
a<α<a+ et b − < β < b. (5.12)
3M 3M
La fonction f étant intégrable sur [α, β], il existe deux fonctions ϕ et θ en escalier sur [α, β] telles que :
Rβ ε
quelque soit x ∈ [α, β], |f (x) − ϕ(x)| ≤ θ(x) et α θ(x) dx < . Prolongeons les fonctions ϕ et θ à
3
tout [a, b] en posant ϕ̃(x) = 0 et θ̃(x) = M si x ∈ [a, α[ ou si x ∈]β, b]. On a pour tout x ∈ [a, b],
Rb
|f (x) − ϕ̃(x)| ≤ θ̃(x) et a θ̃(x) dx < 3ε + M (α − a) + M (b − β) < 3ε + 3ε + 3ε = ε en vertu de (5.12). D’où
f est Riemann intégrable sur [a, b].
Corollaire 5.2. Si f : [a, b] → R est une fonction bornée et continue sur l’ouvert ]a, b[, alors f est
Riemann-intégrable sur le compact [a, b].
Démonstration. En effet pour tous α, β ∈ R tels que a < α < β < b, la fonction f est continue sur [α, β]
donc intégrable sur cet intervalle. Le Lemme 5.1 permet de conclure.
Plus généralement, on a le
Théorème 5.3. Pour qu’une fonction f : [a, b] → R soit Riemann-intégrable sur [a, b], il suffit qu’elle
soit bornée et que l’ensemble de ses points de discontinuité soit fini.
Démonstration. En effet désignons par x1 , x2 , . . . , xn les points de discontinuité de f dans l’ordre croissant
et posons x0 = a et xn+1 = b. D’après le Corollaire 5.2, f est intégrable sur chacun des intervalles [xi−1 , xi ],
1 ≤ i ≤ n + 1, donc intégrable sur [a, b].
Cette fonction est intégrable car bornée et elle admet l’origine pour seul point de discontinuité, cependant
elle n’est pas réglée puisque f n’admet pas de limite à gauche ni de limite à droite en 0.
Soit f la fonction définie sur le compact [0, 1] par f (x) = 0 si x ∈ Q et f (x) = 1 si x ∈ / Q. Désignons
par (e, E) un couple de fonctions en escalier sur [0, 1] vérifiant e(x) ≤ f (x) ≤ E(x) pour tout x ∈ [0, 1]
et soit σ = (x0 = a < x1 < · · · < xn = b) une subdivision de [0, 1], associé à la fois à e et E. Chaque
intervalle de ]xi−1 , xi [ de σ contient des valeurs rationnelles et des valeurs irrationnelles. A l’intérieur de
R1
tout intervalle de σ on a donc e(x) ≤ 0 et E(x) ≥ 1 ; d’où 0 [E(x) − e(x)]dx ≥ 1. La fonction f est donc
non intégrable.
est minoré par tout élément de A− (f ) et possède une borne inférieure finie. Soient I− (f ) = sup A− (f ) et
I+ (f ) = inf A+ (f ). On a alors :
u ≤ I− (f ) ≤ I+ (f ) ≤ v, (5.13)
pour tout u ∈ A− (f ) et tout v ∈ A+ (f ). Soit alors ε > 0 arbitrairement donné. Si f est intégrable, il
Rb Rb
existe un élément u = a e(x)dx de A− (f ) et un élément v = a E(x)dx de A+ (f ) vérifiant v − u < ε.
On a donc I− (f ) = I+ (f ). Réciproquement, si on a I− (f ) = I+ (f ), les propriétés des bornes supérieures
et inférieures entraı̂nent pour ε donné, l’existence d’un élément u ∈ A− (f ) et d’un élément v ∈ A+ (f )
vérifiant u > I− (f ) − 2ε et v < I+ (f ) + 2ε ; d’où v − u < ε, ce qui montre que f est Riemann-intégrable.
Nous avons ainsi le résultat suivant.
Théorème 5.4. Pour qu’une fonction bornée f : [a, b] → R soit Riemann-intégrable il faut et suffit que
l’on ait I− (f ) = I+ (f ).
Remarque 5.4. Si f est en escalier, les ensembles E+ (f ) et E− (f ) ont en commun l’élément f , on a alors :
Rb
I− (f ) = I+ (f ) = a f (x)dx. La fonction f est donc intégrable et son intégrale est égale au nombre
I− (f ) = I+ (f ).
On peut donc donner la
Définition 5.10. L’intégrale d’une fonction Riemann-intégrable f sur [a, b] est le nombre I− (f ) = I+ (f ).
Rb
On la note a f (x)dx.
Figure 5.1 – Interprétation de l’intégrale d’une Figure 5.2 – Interprétation de l’intégrale d’une
fonction en escalier fonction
Définition 5.11. Soit D un ensemble plan (Figure 5.2) défini par a ≤ x ≤ b et 0 ≤ y ≤ f (x), où f
Rb
désigne une fonction positive intégrable sur [a, b]. L’aire de D est le nombre a f (x)dx.
Proposition 5.10 (Positivité). Si f est une fonction positive et intégrable sur [a, b], son intégrale est
positive ou nulle.
Proposition 5.11 (additivité par rapport aux intervalles). Soit f un efonction définie sur un intervalle
[a, b] de R et soit c ∈ [a, b] ; f est intégrable sur [a, b] si et seulement si f est intégrable sur chacun des
intervalles [a, c] et [c, b]. Le cas échéant, on a :
Z b Z c Z b
f (x)dx = f (x)dx + f (x)dx. (5.14)
a a c
Proposition 5.12 (Linéarité). Soient f et g deux fonctions intégrables sur [a, b], alors pour tous réels
λ et µ, la fonction λf + µg est intégrable sur [a, b] et on a :
Z b Z b Z b
(λf + µg)(x)dx = λ f (x)dx + µ g(x)dx. (5.15)
a a a
Proposition 5.13 (Croissance). Soient f et g deux fonctions intégrables sur [a, b] vérifiant, pour tout
x ∈ [a, b], f (x) ≤ g(x). Alors,
Z b Z b
f (x)dx ≤ g(x)dx. (5.16)
a a
Remarque 5.5 (Importante). Si f et g sont deux fonctions numériques intégrables sur [a, b] et si leurs
valeurs ne diffèrent qu’en un nombre fini de points de [a, b] alors leurs intégrales sont égales. En effet,
leur différence f − g est une fonction en escalier nulle sauf en un nombre fini de points, son intégrale est
donc nulle. Cet exemple montre que l’inégalité (5.16) peut se réduire en égalité sans que l’on ait f = g.
Le théorème suivant montre cependant que ce n’est pas possible si les fonctions f et g sont continues.
Théorème 5.5. L’intégrale d’une fonction f continue et positive sur [a, b] ne peut être nulle que si f est
partout nulle.
Démonstration. Si f n’est pas la fonction nulle, il existe un point x0 de [a, b] tel que f (x0 ) > 0. La
continuité de f au point x0 entraı̂ne l’existence d’un intervalle [α, β] contenant le point x0 et contenu
dans [a, b] sur lequel on a f (x) ≥ 21 f (x0 ) ; d’où
b β β
β−α
Z Z Z
1
f (x)dx ≥ f (x)dx ≥ f (x0 )dx ≥ f (x0 ) > 0.
a α α 2 2
Proposition 5.14. Si f est une fonction intégrable sur [a, b] alors sa valeur absolue est intégrable sur
[a, b] et on a :
Z b Z b
f (x)dx ≤ |f (x)|dx. (5.17)
a a
Remarque 5.6. Soient f et g sont deux fonctions intégrables sur [a, b]. Alors, les fonctions sup(f, g) : x 7→
sup(f (x), g(x)) et inf(f, g) : x 7→ inf(f (x), g(x)) sont intégrables. Cela résulte de :
1 1
sup(f (x), g(x)) = [f (x) + g(x) + |f (x) − g(x)|] et inf(f (x), g(x)) = [f (x) + g(x) − |f (x) − g(x)|].
2 2
Théorème 5.6. Si f et g sont deux fonctions intégrables sur [a, b], leur produit f g est intégrable sur
[a, b] et en plus on a :
Z b 2 Z b Z b
2 2
f (x)g(x)dx ≤ |f (x)| dx |g(x)| dx (Inégalité de Schwarz) (5.18)
a a a
Z b 12 Z b 12 Z b 12
2 2 2
|f (x) + g(x)| dx ≤ |f (x)| dx + |g(x)| dx (Inégalité de Minkowski) (5.19)
a a a
Exercice 5.4. Prouver le Théorème 5.6
Démonstration. Soit k = sup|f (x)|. Par définition du nombre k, pour tout x ∈ [a, b], |f (x)| ≤ k. Mainte-
Rv
nant, pour tout (u, v) ∈ [a, b]2 , |F (v) − F (u)| = | u f (x)dx| ≤ k|v − u| ; d’où le résultat.
Rt
Théorème 5.7. Soit f une fonction Riemann intégrable sur [a, b]. Alors la fonction F : t 7→ a f (x)dx
admet lim f (u) pour dérivée à droite (resp. lim f (u) pour dérivée à gauche) en tout point t où cette
u→t+ u→t−
limite existe.
Démonstration. Supposons que la limite ` = lim f (u) existe. Pour tout ε > 0, il existe un nombre h > 0
u→t+
tel que si t < u ≤ t + h alors |f (u) − `| ≤ ε. Pour tout u ∈ [t, t + h] on a alors :
Z u
[f (x) − `]dx ≤ ε(u − t). (5.21)
t
En effet |f (x) − `| ≤ ε est vérifiée pour tout x ∈ [t, u], sauf peut-être au point x = t ; mais on ne modifie
Ru
pas la valeur de t f (x)dx en modifiant la valeur f au seul point t et en supposant que l’on a f (t) = `),
F (u)−F (t)
(5.21) équivaut à |F (u)−F (t)−(u−t)`| ≤ ε(u−t) ; soit pour u ∈]t, t+h], u−t −` ≤ ε. Puisque ε est
F (u)−F (t)
arbitraire, cela montre que lim u−t = `, c’est-à-dire que Fd0 (t) = ` = lim f (u). On démontrerait
u→t+ u→t+
de même que Fg0 (t) = lim f (u) lorsque f (t) existe.
u→t−
Rt
Corollaire 5.3. Si f est intégrable sur [a, b], la fonction F : t 7→ a f (x)dx admet f (t) pour dérivée en
tout point t de [a, b] où f est continue.
Définition 5.12. Soit f une fonction définie sur un intervalle I de R. On appelle primitive de f toute
fonction F : I → R vérifiant pour tout t ∈ I, F 0 (t) = f (t).
Il découle de la Définition 5.12 que la différence de deux primitives de f est constante sur I.
Rt
Théorème 5.8. Soit f : [a, b] → R une fonction continue. Alors la fonction F : t 7→ a f (x)dx est une
primitive de f sur [a, b]. De plus, si G est une primitive quelconque de f sur [a, b], on a :
Z b
f (x)dx = G(b) − G(a). (5.22)
a
Démonstration. La première partie de ce théorème est une conséquence immédiate du Corollaire 5.3
et la deuxiéme partie résulte du fait que la différence G − F est une constante sur [a, b]. On a donc :
G(b) − F (b) = G(a) − F (a), soit G(b) − G(a) = F (b) − F (a), c’est-à-dire (5.22).
Théorème 5.9. Toute fonction continue définie sur un intervalle quelconque de R admet une primitive.
Démonstration. Si I = [a, b] i.e I est compact alors le théorème n’est qu’une conséquence du théorème
Rt
précédent. Si I 6= [a, b], soit c un point quelconque de I. L’intégrale indéfinie F : t → c f (x)dx est une
primitive de f sur I.
La relation (5.22) fournit le moyen le plus élémentaire pour calculer une intégrale ; elle est donc
b
extrêmement importante et utile. Par convention, nous noterons G(x) la variation d’une fonction G
a
entre les points a et b, soit
b
G(x) = G(b) − G(a). (5.23)
a
R
D’autre part, si f désigne une fonction continue sur I (intervalle de R), on note f (x)dx toute primitive
de f sur I. La relation f (x)dx = G(x) + C te signifie simplement que G est une primitive de f , et
R
entraı̂ne (5.22).
Exemple 5.3.
1. Pour tout a ∈ R∗ , eax dx = a1 eax + C te .
R
α+1
2. Pour tout α ≥ 0 et tout a ∈ R, (x − a)α dx = (x−a) + C te .
R
α+1
R dx
3. Pour tout a ∈ R, x−a = log |x − a| + C te .
R dx 1 x te
4. Pour tout m 6= 0, x2 +m 2 = m arctan m + C .
Remarque 5.7. Pour trouver les fonctions primitives de fractions rationnelles on procédera (si nécessaire)
à la décomposition de cette fraction en éléments simples.
Démonstration. ϕ([a, b]) est un compact car c’est l’image d’un compact par une fonction continue. D’après
R ϕ(t) Rt
les hypothèses, les fonctions F : t 7→ ϕ(a) f (x)dx et G : t 7→ a f (ϕ(x))ϕ0 (x)dx sont toutes deux définies
sur [a, b]. Les fonctions f ◦ ϕ et ϕ0 étant continues, on a G0 (t) = f [ϕ(t)]ϕ0 (t), pour tout t ∈ [a, b]. D’autre
Ru
part F est de la forme F = H ◦ ϕ, où H est la fonction définie sur ϕ([a, b]) par H(u) = ϕ(a) f (x)dx et on
a H 0 (u) = f (u), pour tout u ∈ ϕ([a, b]). D’où l’existence de F 0 (t) = H 0 [ϕ(t)]ϕ0 (t) = f [ϕ(t)]ϕ0 (t) = G0 (t),
pour tout t ∈ [a, b]. Les fonctions F et G ont donc même dérivée sur [a, b], et puisque F et G s’annulent
au point a, on a : F (t) − G(t) = F (a) − G(a) = 0.
Remarque 5.8. On notera qu’il n’est pas nécessaire que ϕ soit une bijection. Par contre, il faut s’assurer
que la fonction f est bien définie et continue sur tout ϕ([a, b]) (intervalle qui n’admet pas nécessairement
ϕ(a) et ϕ(b) pour extrémités).
Exemple 5.4.
R b dx dx
1. Soit à déterminer a x log x . On fait le changement de variable : t = log x ⇒ x = dt.
Z b Z log b
dx dt
— Si b > a > 1, = = log(log b) − log(log a).
a x log x log a t
Z b
dx
— Si 0 < a < b < 1, = log | log b| − log | log a|.
a x log x
Z 1
a log x
2. Soit à calculer I = 2
dx, 0 < a < 1. Nous ne connaissons pas de primitive de la fonction
a 1+x
log x 1 dx dt
x 7→ . Mais le changement x = nous donne =− . Dès lors,
1 + x2 t 1 + x2 1 + t2
1
Z a Z
log t a log t
I= dt = − dt = −I.
1 1 + t2 a 1 + t2
a
5.5.3 Cas où l’intervalle d’intégration est symétrique par rapport à l’origine
Soit f une fonction intégrable sur [−a, a]. Par un raisonnement direct, on démontre que la fonction
x 7→ f (−x) est intégrable sur [−a, a] et qu’elle vérifie :
Z a Z −a Z 0
f (−x)dx = − f (x)dx = f (x)dx. (5.25)
0 0 −a
Cela revient à faire le changement x → −x, sans supposer f continue. On en déduit la formule :
Z a Z a
f (x)dx = [f (x) + f (−x)]dx. (5.26)
−a 0
et si f est impaire, on a Z a
f (x)dx = 0. (5.28)
−a
Exemple 5.5.
xdx
1. Si nous posons u = arctan(x), v = x, alors vdu = 1+x2
et
Z Z
x
arctan(x)dx = x arctan(x) − dx
1 + x2
1
= x arctan(x) − log(1 + x2 ) + C te
2
2. On pose u = log x, v = x ; alors vdu = dx et
Z Z
log xdx = x log |x| − dx = x log |x| − x + C te .
Soit pour n ≥ 1.
Z π
2
In+1 = n sinn−1 (x) cos2 (x)dx
0
Z π
2
= n (sinn−1 (x) − sinn+1 (x))dx
0
= n(In−1 − In+1 ).
π
n π
R π
2
D’où, In+1 = In−1 . Partant de I0 = 2 et I1 = 2
0 sin(x)dx = − cos = 1, on a selon la parité de
n+1 0
n:
1 × 2 × 3 × · · · × (2p − 1) π
I2p = (5.33)
2 × 4 × 6 × · · · × 2p 2
2 × 4 × 6 × · · · × 2p
I2p+1 = . (5.34)
1 × 2 × 3 × 5 × 7 × · · · × (2p + 1)
Du fait que 0 ≤ sin(x) ≤ 1 pour tout x ∈ [0, π2 ], alors la suite (In ) est positive et décroissante ; on a donc
pour tout n ∈ N :
In+1 In+1 n
1≥ > =
In In−1 n+1
donc la suite ( In+1
In ) → 1 ; d’oú
I2p+1 (2 × 4 × 6 × · · · × 2p)2 2
1 = lim = lim 2
×
p→∞ I2 p p→∞ [1 × 3 × 5 × 7 × · · · × (2p − 1)] (2p + 1) × π
soit,
1 √ 1 × 3 × 5 × · · · × (2p − 1)
√ = lim p × (formule de Wallis) (5.35)
π p→∞ 2 × ×4 × 6 × · · · × 2p
xα+1 1
xα dx = + C te dx = log |x| + C te
R R
α+1 (α 6= −1) ; x
1
dx = log | tan x2 | + C te tan x dx = − log | cos x| + C te
R R
sin x ;
1
dx = log | tan( π4 + x2 )| + C te cot x dx = log | sin x| + C te
R R
cos x ;
1 1
dx = tan x + C te dx = − cot x + C te
R R
cos2 x
; sin2 x
1 1
× log | x−a te 1 1
× arctan xa + C te
R R
x2 −a2
dx = 2a x+a | + C ; x2 +a2
dx = a
5.6.2 Linéarisation
Z Z Z
0 0 0 0
sin(ax + b) × cos(a x + b ) dx; cos(ax + b) × cos(a x + b ) dx; sin(ax + b) × sin(a0 x + b0 ) dx. Ce
procédé s’applique de proche en proche s’il s’agit d’un produit de sinus ou de cosinus dont le nombre
surpasse deux : Z
sinp x × cosp x dx, (5.38)
1 − cos 2x
sin2 x = (5.39)
2
2 1 + cos 2x
cos x = (5.40)
2
et ensuite linéariser.
R
— R(sin x, cos x) dx oú R est une fonction rationnelle de sin x et cos x.
On peut poser t = tan x2
2t 1 − t2 2dt
sin x = ; cos x = ; dx = .
1 + t2 1 + t2 1 + t2
Z b Z b Z b
m g(x) dx ≤ f (x)g(x)dx ≤ M g(x) dx. (5.41)
a a a
L’égalité (5.42) est appelée formule généralisée (ou première formule) de la moyenne.
Démonstration. Les inégalités (5.41) résultent du fait que mg(x) ≤ f (x)g(x) ≤ M g(x), pour tout x dans
[a, b]. De plus,
Rb Rb
— si a g(x) dx = 0 alors (5.41) entraı̂ne a f (x)g(x) dx = 0 et (5.42) est vraie quelque soit c ∈ [a, b] ;
Rb
— si a g(x) dx 6= 0, alors
Rb
f (x)g(x) dx
m ≤ aR b =λ≤M
a g(x) dx
La continuité de f (Théorème des valeurs intermédiaires pour f continue) entraı̂ne l’existence d’un
Rb Rb
c ∈ [a, b] tel que f (c) = λ c’est-à-dire a f (x)g(x) dx = f (c) a g(x) dx.
— Si g ≡ 1 sur [a, b], alors la formule de la moyenne :
Z b
f (x) dx = f (c)(b − a), c ∈ [a, b]. (5.43)
a
Proposition 5.16. Soient f et g deux fonctions numériques définies sur [a, b]. On suppose que :
1. la fonction g est intégrable sur [a, b] ;
2. la fonction f est positive et décroissante sur [a,b].
Il existe alors un point c ∈ [a, b] tel qu’on ait la formule suivante dite 2eme formule de la moyenne :
Z b Z c
f (x)g(x) dx = lim f (x) g(x) dx. (5.44)
a x→a+ a
Rt
Démonstration. Soit G : [a, b] → R, t 7→ a g(x)dx. Désignons par m et M respectivement inf G et sup G.
[a,b] [a,b]
Puisque la fonction G est continue sur [a, b] et f (a+ ) := lim f (x) > 0, l’existence d’un nombre c vérifiant
x→a+
(5.44) équivaut à la double inégalité :
Z b
mf (a+ ) ≤ f (x)g(x)dx ≤ M f (a+ ). (5.45)
a
• Supposons f en escalier sur [a, b] et soit σ=(x0 , . . . , xn ) une subdivision de [a, b] telle que f = λi
sur ]xi−1 , xi [, 1 ≤ i ≤ n. Alors,
Z b n Z
X xi+1
f (x)g(x)dx = f (x)g(x)dx
a i=1 xi
Xn Z xi
= λi g(x)dx
i=1 xi−1
n
X Z xi Z xi−1
= λi g(x)dx − g(x)dx
i=1 a a
Xn Z xi Z x0
= λi Gi − Gi−1 avec Gi = g(x)dx ⇒ G0 = g(x)dx = 0
i=1 a a
Xn n
X
= λ i Gi − λi Gi−1
i=1 i=0
n−1
X n−1
X
= λ i G i + λ n Gn − λi+1 Gi
i=0 i=0
n−1
X
= (λi − λi+1 ) Gi + λn Gn .
i=0
La fonction f étant décroissante on a pour tout x ∈ [a, b], en (x) ≤ f (x) ≤ En (x). Ce qui entraı̂ne
Z b Z b n Z
X xk
|en (x) − f (x)| dx ≤ (En (x) − en (x))dx = |En (x) − en (x)| dx,
a a k=1 xk−1
où xk = a + k b−a
n .
b n
b−a b−a b−a
Z X
|en (x) − f (x)| dx ≤ f a + (k − 1) −f a+k
a n n n
k=1
(n−1 X n )
b−a X b−a b−a
≤ f a+k − f a+k
n n n
k=0 k=1
b−a
≤ [f (a) − f (b)] .
n
Corollaire 5.4. Soient f et g deux fonctions numériques définies sur [a, b]. On suppose que :
1. la fonction g est intégrable sur [a, b] ;
2. la fonction f est positive et croissante sur [a,b].
Alors il existe un élément c ∈ [a, b] tel que
Z b Z b
f (x)g(x)dx = f (b− ) g(x)dx. (5.47)
a c
Corollaire 5.5 (Formule de O.Bonnet). Soient f et g deux fonctions numériques définies sur [a, b]. On
suppose que :
1. la fonction g est intégrable sur [a, b] ;
2. la fonction f est monotone sur [a,b].
Alors il existe c ∈ [a, b] tel que
Z b Z c Z b
f (x)g(x)dx = f (a+ ) g(x)dx + f (b− ) g(x)dx. (5.48)
a a c
On a le
Théorème 5.13. Soit f : [a, b] → R une fonction continue. Les sommes de Riemann relatives à f
Z b
convergent toutes vers f (x)dx lorsque le pas de la subdivision tend vers 0, c’est-à-dire : pour tout
a
ε > 0, il existe α > 0 tel que pour toute subdivision σ de [a, b], de pas inférieur à α, et pour toute famille
(ak )1≤k≤n telle que ak ∈ [xk−1 , xk ], on ait
Z b n
X
f (x)dx − (xk − xk−1 )f (ak ) ≤ ε. (5.50)
a k=1
Démonstration. Soit ε > 0. Puisque f est continue sur [a, b], elle est uniformément continue sur [a, b]. Il
existe donc α > 0 tel que :
0 2 0 0 ε
∀(x, x ) ∈ [a, b] , (|x − x | ≤ α) =⇒ |f (x) − f (x )| ≤ .
b−a
Soit σ une subdivision de [a, b] de pas inférieur à α, on a pour tout x ∈ [xk−1 , xk ], |x − ak | ≤ α, donc :
ε
pour tout x ∈ [xk−1 , xk ], |f (x) − f (ak )| ≤ . On a dès lors,
b−a
Z xk Z xk
f (x)dx − (xk − xk−1 )f (ak ) = [f (x) − f (ak )]dx
xk−1 xk−1
Z xk
≤ |f (x) − f (ak )|dx
Zxk−1
xk
ε
≤ dx
xk−1 b−a
ε
≤ (xk − xk−1 ) . (5.51)
b−a
On en déduit :
Z b n
X n Z
X xk
f (x)dx − (xk−1 − xk )f (ak ) = (f (x) − f (ak ))dx ≤ ε.
a k=1 k=1 xk−1
b−a k(b−a)
En particulier, si on prend une subdivision régulière de pas et ak = a + n , on obtient le
n
Corollaire 5.6. Soit f : [a, b] → R une fonction continue. On a :
n Z b
b−aX k(b − a)
lim f a+ = f (x)dx. (5.52)
n→+∞ n n a
k=0
Développements limités
Sommaire
6.1 Définition et exemples . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88
6.2 DL d’une primitive et d’une dérivée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90
6.3 Formules de Taylor . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
6.4 Développement limité des fonctions usuelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92
6.5 Opérations sur les développements limités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93
6.6 DL au voisinage de l’infini et Généralisation de la notion de DL . . . . . . . 95
6.7 Étude de courbes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96
6.8 Calculs de limites et d’équivalences . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96
Introduction
Il est bien connu que les fonctions les plus faciles à manipuler sont les polynômes. Nous formalisons
donc dans ce chapitre un moyen d’approximer des fonctions par des polynômes.
On peut aussi dire, de façon équivalente, que f admet en x0 un développement limité d’ordre n en x0
s’il existe un polynôme pn de degré inférieur ou égal à n et une fonction ε définie sur V de limite nulle
en x0 tel que pour tout x ∈ V ,
Posons :
[Pn − Qn ](x) = a0 + a1 (x − x0 ) + · · · + ap (x − x0 )p + · · · + an (x − x0 )n
On en déduit successivement en vertu de (6.6) pour p = 1, 2, . . . , n que :
soit Pn = Qn .
Remarque 6.1. Une fonction prise au hasard n’admet pas néccessairement de développement limité. Par
exemple la fonction (
x2 log x si x > 0
x→
0 si x = 0
est continue et dérivable á l’origine, mais n’admet pas de développement limité d’ordre > 1 en ce point
(justifier cette affirmation).
Soit p le plus petit entier naturel tel que ap 6= 0, s’il existe. Alors f (x) ∼x0 ap (x − x0 )p .
Proposition 6.2. Supposons que f admette pour développement limité d’ordre n au voisinage de x0 :
f (x) = a0 +a1 (x−x0 )+· · ·+an (x−x0 )n +o[(x−x0 )n ]. Alors,pour tout p ≤ n, f admet pour développement
limité d’ordre p au voisinage de a : f (x) = a0 + a1 (x − x0 ) + · · · + an (x − x0 )p + o[(x − x0 )p ].
Proposition 6.3. Soit f une fonction admettant un développement limité à l’ordre n au voisinage de 0.
1. Si f est paire, alors les coefficients de rang impair du DL sont nuls.
2. Si f est impaire, alors les coefficients de rang pair du DL sont nuls.
Par contre, l’existence au voisinage de x0 d’un développement limité d’ordre n > 1 n’entraı̂ne pas
l’existence de f (n) (x0 ), ni même l’existence d’autres dériées que f 0 (x0 ). L’exemple suivant en est une
illustration.
Théorème 6.3 (DL d’une primitive). Soit f une fonction définie sur un intervalle I admettant une
primitive F sur I. Soit x0 ∈ I. On suppose que f admet un DLn (x0 ) :
n
X
f (x) = ak (x − x0 )k + o[(x − x0 )n ].
k=0
Théorème 6.4. Soit f une fonction dérivable sur un intervalle I. Soit x0 ∈ I. On suppose que f admet
un DLn (x0 ) :
Xn
f (x) = ak (x − x0 )k + o[(x − x0 )n ].
k=0
Remarque 6.2. Il est absolument nécessaire de savoir que f 0 admet un DLn−1 (x0 ) car une fonction peut
admettre un DL d’ordre n sans que sa dérivée admette un DL d’ordre n − 1. Un exemple est fournit
par la fonction f définie par f (x) = x + x3 sin x12 si x 6= 0 et f (0) = 0. On peut montrer que f admet
un DL2 (0) qui s’écrit f (x) = x + o(x2 ). Mais f 0 n’admet pas de DL d’ordre 1 en 0 puisqu’elle n’est pas
continue en 0.
Corollaire 6.1 (Dérivée d’un DL). Soit f une fonction de classe C n+1 sur un internvalle I. Soit x0 ∈ I.
Alors f et f 0 admettent des DL d’ordres respectifs n + 1 et n au voisinage de x0 et le DL de f 0 s’obtient
en dérivant terme à terme le DL de f .
La formule de Taylor-Young fournit un développement limité d’ordre n pour toute fonction f telle
que f (n) (x0 ) existe. Elle n’a qu’un caractère local. Elle ne pourra donc être utile que pour résoudre des
problèmes locaux. Par exemple, on peut s’en servir dans :
— la détermination de limites ;
— l’étude de la position de la courbe représentative d’une fonction au voisinage d’un point par rapport
à sa tangente en ce point.
Par contre, la formule suivante dite de Taylor-Lagrange fournit une évaluation globale d’une fonction sur
un intervalle ainsi qu’une forme du reste.
Théorème 6.6 (Formule de Taylor-Lagrange). Soient n ∈ N∗ et f une fonction réelle de classe C n sur
un intervalle I de R et admettant une dérivée d’ordre n + 1 en tout point t intérieur à I. Pour tous
points a et b de I tels que a < b, il existe un point c ∈]a, b[ tel qu’on ait la formule suivante dite de
Taylor-Lagrange :
n
X f (k) (a) f (n+1) (c)
f (b) = (b − a)k + (b − a)n+1 . (6.13)
k! (n + 1)!
k=0
Théorème 6.7 (Formule de Taylor avec reste intégrale). Soit n ∈ N. Si f est une fonction à valeurs
réelles définie et de classe C n+1 sur un intervalle compact [a, b] non réduit à un point, alors pour tout
x ∈ [a, b], on a :
n Z x (n+1)
X f (k) (a) k f (t)
f (x) = (x − a) + (x − t)n dt (6.14)
k! a n!
k=0
Remarque 6.3. Terminons cette section en signalant que si une fonction admet un DL d’ordre n en un
point x0 :
n
X
f (x) = a0 + a1 (x − x0 ) + · · · + an (x − x0 )n + o[(x − x0 )n ] = ak (x − x0 )k + o[(x − x0 )n ];
k=0
”Grand O” met en avant que le reste est dominé par (x − x0 )n+1 tandis que ”petit o” met en avant que
le reste est petit par rapport (x − x0 )n . Précisément,
— O[(x − x0 )n+1 ] peut être remplacé par (x − x0 )n+1 η(x − x0 ), où η est une fonction bornée ;
— o[(x − x0 )n ] peut être remplacé par (x − x0 )n ε(x − x0 ) avec lim ε(x − x0 ) = 0.
x→x0
On peut passer de l’une des écritures à l’autre via la relation ε(x − x0 ) = (x − x0 )η(x − x0 ).
(g) ∀α ∈ R,
n k−1
!
X xk Y
(1 + x)α = 1 + (α − i) + o(xn ) (6.15)
k!
k=1 i=0
α(α − 1)x2 α(α − 1)(α − 2)x3
= 1 + αx + + + ···+
2 6n
α(α − 1)(α − 2) · · · (α − n + 1)x
+ + o(xn ). (6.16)
n!
2. Fonctions circulaires et circulaires réciproques
n
X x2k+1
(a) sin x = (−1)k + o(x2n+1 ) ;
(2k + 1)!
k=0
n
X x2k
(b) cos x = (−1)k + o(x2n ) ;
(2k)!
k=0
n
X x2k+1
(c) arctan x = (−1)k + o(x2n+1 ) ordre 2n + 1 ;
2k + 1
k=o
n
X 1.3.5 . . . (2k − 1) x2k+1
(d) arcsin x = x + + o(x2n+1 ) ordre 2n + 1 ;
2.4.6 . . . (2k) 2k + 1
k=1
n
X 1.3.5 . . . (2k − 1) x2k+1
π π
(e) arccos x = − arcsin x = − x − + o(x2n+1 ) ordre 2n + 1.
2 2 2.4.6 . . . (2k) 2k + 1
k=1
3. Fonctions hyperboliques et hyperboliques réciproques
n
X x2k+1
(a) sinh x = + o(x2n+1 ) ;
(2k + 1)!
k=0
n
X x2k
(b) cosh x = + o(x2n ) ;
(2k)!
k=0
n
X x2k+1
(c) Argth x = + o(x2n+1 ) ;
2k + 1
k=0
n
X 1.3.5 . . . (2k − 1) x2k+1
(d) Argsh x = (−1)k + o(x2n+1 ).
2.4.6 . . . (2k) 2k + 1
k=1
Remarque 6.4. On n’effectue que des combinaisons linéaires et des produits de DL de même ordre.
Si deux DL sont d’ordres différents, leur combinaison linéaire ou leur produit donne un DL d’ordre le
minimimum des deux ordres. En pratique, on tronque les deux DL au minimum des deux ordres avant
d’effectuer leur combinaison linéaire ou avant de faire leur produit.
Au lieu d’appliquer le Théorème 6.8 de façon mécanique, il est souvant plus rapide et plus sûr de
procéder par étape et d’utiliser les lemmes suivant.
Lemme 6.3. Si, au voisinage de x0 , on a f (x) = O[(x − x0 )p ] et g(x) = O[(x − x0 )q ] alors f (x)g(x) =
O[(x − x0 )p+q ] et le produit f g a même DL d’ordre n que le produit du DL d’ordre n − q de f par le DL
d’ordre n − p de g.
Or, x log(1 + x) = O(x2 ) et le Lemme 6.3 nous permet de développer exp(u) à l’ordre 2 et log(1 + x) à
l’ordre 3 :
u2
— exp u = 1 + u + + O(u3 ) ;
2
x3 x4
— x log(1 + x) = x2 − + + O(x5 ).
2 3
Il vient alors que
1
(1 + x)x = 1 + x log(1 + x) + x2 log2 (1 + x) + O(u3 ).
2
Par ailleurs, x2 log2 (1 + x) = x4 + O(x5 ), donc toute simplification faite on obtient :
x3 5 4
(1 + x)x = 1 + x2 − + x + O(x5 ).
2 6
f
Remarque 6.5. Pour calculer le DL d’un rapport , on peut :
g
1 1 1 1
— déterminer le DL de l’inverse en utiliser une composition par : =α , où u est une
g 1±x g 1±u
fonction de limite nulle au point considéré ;
1
— déterminer le DL du produit f × .
g
D’où,
2 3 1
f (x) = 1 − + 2 + o .
x x x2
Exemple 6.8. La fonction f donnée par f (x) = cot x n’admet pas de DL au voisinage de 0 puisse que
lim cot x = ∞ mais
x→0
x cos x
x cot x =
sin x
x2 x4
x[1 − + + o(x4 )]
= 2! 4!
x3 x5
x− + + o(x5 )
3! 5!
x2 x4
1− + + o(x4 )
= 2! 4!
x2 x4
1− + + o(x4 )
3! 5! " #
x2 x4 4 2
2 4
2
x x x x
= 1− + + o(x4 ) × 1 + − + − + o(x4 )
2! 4! 2! 5! 2! 5!
x x4
= 1− − + o(x4 ).
3 45
Il suit alors que
1 x x3
cot x = − − + o(x3 ).
x 3 45
f (x) = a0 + a1 (x − x0 ) + a2 (x − x0 )2 + o[(x − x0 )2 ].