Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
K HALID BOUIHAT
2023-2024
1 Nombres réels 1
1 Corps ordonnés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
1.1 Propriétés algébriques de corp R . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
2 Propriétés de R . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
2.1 Addition et multiplication . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
2.2 Ordre sur R . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
3 Majorant, minorant, maximum, minimum . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
3.1 Majorant, minorant, d’une partie de R . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
3.2 Borne supérieure, borne inférieure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
3.3 Opérations sur les bornes supérieures . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
3.4 Intervalles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
4 Caractérisation des bornes inférieures et supérieures . . . . . . . . . . . . . . . 12
4.1 Propriété d’Archimède . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
4.2 Partie entitère d’un nombre réel : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
5 Densité d’une partie de R . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
5 Développements limités 79
1 Formules de Taylor . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80
1.1 Formule de Taylor avec reste intégral . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80
1.2 Formule de Taylor avec reste f (n+1) (c) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
1.3 Formule de Taylor-Young . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83
1.4 Résumé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84
2 Développements limités au voisinage d’un point . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
2.1 Définition et existence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
2.2 Unicité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86
2.3 DL des fonctions usuelles à l’origine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
2.4 DL des fonctions en un point quelconque . . . . . . . . . . . . . . . . . 89
3 Opérations sur les développements limités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89
3.1 Somme et produit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89
3.2 Composition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
3.3 Division . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92
3.4 Intégration . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93
4 Applications des développements limités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94
4.1 Calculs de limites . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94
4.2 Position d’une courbe par rapport à sa tangente . . . . . . . . . . . . . 94
4.3 Développement limité en +∞ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96
6 Intégrale 99
1 L’intégrale de Riemann . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100
1.1 Intégrale d’une fonction en escalier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101
1.2 Fonction intégrable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102
1.3 Premières propriétés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104
1.4 Les fonctions continues sont intégrables . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104
1.5 Les preuves . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105
2 Propriétés de l’intégrale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106
2.1 Relation de Chasles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106
2.2 Positivité de l’intégrale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106
2.3 Linéarité de l’intégrale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107
2.4 Une preuve . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 108
3 Primitive d’une fonction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109
3.1 Définition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109
3.2 Primitives des fonctions usuelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 110
3.3 Relation primitive-intégrale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111
4 Intégration par parties - Changement de variable . . . . . . . . . . . . . . . . . 114
TABLE DES MATIÈRES
1
Nombres réels
1 Corps ordonnés
Définition 1.1
Un corps ordonné est un quadruplet (R, +, ×, É) avec :
1. Le triplet (R, +, ×) est un corps :
• ∀a, b, c ∈ R, a É b ⇒ a + c É b + c
• ∀a, b ∈ R, 0 É a et 0 É b ⇒ 0 É ab
Propriétés 1. Pour x ∈ R, 0 × x = x × 0 = 0.
2. Pour x ∈ R, −x = −1 × x.
Démonstration. 1. En effet,
0 × x = (0 + 0) × x
= 0×x +0×x
D’où :
0 = 0×x −0×x
= 0×x +0×x −0×x
= 0×x
1
2 Nombres réels
2. En effet,
x + (−1) × x = 1 × x + (−1) × x
= (1 + (−1)) × x
= 0×x
= 0
D’où −x = (−1) × x.
1. 0N x = 0R
2. ∀k ∈ N, (k + 1) x = kx + x, c’est-à -dire si n ∈ N∗ , nx = |x + x +
{z· · · + x}
n fois
Démonstration. • En effet,
x y + (−x) y = (x + (−x)) y
= 0y
= 0
¡ ¢ ¡ ¢ ¡ ¡ ¢¢
Donc (−x) y = −x y . De même, x y + x −y = x y + −y = 0x
•
¡ ¢ ¡ ¡ ¢¢
(−x) −y = − x −y
¡ ¢
= −− xy
= xy
2 Propriétés de R
2.1 Addition et multiplication
Ce sont les propriétés que vous avez toujours pratiquées. Pour a, b, c ∈ R on a :
Chap.1 Nombres réels K. BOUIHAT 3
a +b = b +a a ×b = b ×a
0+a = a 1 × a = a si a 6= 0
a + b = 0 ⇐⇒ a = −b ab = 1 ⇐⇒ a = b1
(a + b) + c = a + (b + c) (a × b) × c = a × (b × c)
a × (b + c) = a × b + a × c
a × b = 0 ⇐⇒ (a = 0 ou b = 0)
Propriété
(R, +, ×) est un corps commutatif .
Définition 2.2
Une relation d’ordre R sur un ensemble E est totale si pour tout x, y ∈ E on a
xR y ou yRx. On dit aussi que (E , R) est un ensemble totalement ordonné.
Propriété
La relation É sur R est une relation d’ordre, et de plus, elle est totale.
x É y ⇐⇒ y − x ∈ R+
¡ ¢
x < y ⇐⇒ x É y et x 6= y .
4 Nombres réels
Les opérations de R sont compatibles avec la relation d’ordre É au sens suivant, pour des
réels a, b, c, d :
(a É b et c É d ) =⇒ a + c É b + d
(a É b et c Ê 0) =⇒ a × c É b × c
(a É b et c É 0) =⇒ a × c Ê b × c.
Exercice 2.1
Comment définir max(a, b, c), max(a 1 , a 2 , . . . , a n ) ? Et min(a, b) ?
Inégalité de Bernoulli
Proposition 2.1
Pour k ∈ R+ et n ∈ N,
(1 + k)n Ê 1 + nk
D’où le résultat.
Définition 2.3
Pour un nombre réel x, on définit la valeur absolue de x par :
(
x si x Ê 0
|x| =
−x si x < 0
Chap.1 Nombres réels K. BOUIHAT 5
y
y = |x|
0 1 x
Sur la droite numérique, |x − y| représente la distance entre les réels x et y ; en particulier |x|
représente la distance entre les réels x et 0.
|x| |x − y|
| | |
0 x y
De plus on a :
• |x − a| < r ⇐⇒ a − r < x < a + r .
• Ou encore, comme on le verra bientôt, |x − a| < r ⇐⇒ x ∈]a − r, a + r [.
i h
|
//////////////
a −r a a +r
Remarque.
|x + y| = |x| + |y| si et seulement si x et y sont de même signe.
En effet :
6 Nombres réels
• [⇐] « Facile ! »
¯ ¯ ¯ ¯
• [⇒] Supposons que ¯x + y ¯ = |x| + ¯ y ¯.
(
|x| = x
⇒ x, y ∈ R+
¡¯ ¯ ¢
(|x| − x) + ¯ y ¯ − y = 0 ⇒ ¯ ¯
| {z } | {z } ¯y ¯ = y
Ê0 Ê0
(
|x| = −x
⇒ x, y ∈ R−
¡¯ ¯ ¢
(|x| + x) + ¯ y ¯ + y = 0 ⇒ ¯ ¯
| {z } | {z } ¯ y ¯ = −y
Ê0 Ê0
¯ ¯ ¯ ¯
Démonstration. – Si x Ê 0 et y Ê 0, alors¯ ¯ x y Ê 0 donc ¯x y ¯ = x y = |x| ¯ y ¯.
¯ ¯
– Si x É 0 et y Ê 0, alors x y É 0 donc ¯¯x y ¯¯ = −x y = |x| ¯ y ¯¡. ¢ ¯ ¯
– Si x É 0 et y É 0, alors x y Ê 0 donc ¯x y ¯ = x y = (−x) × −y = |x| ¯ y ¯.
|x|n = ¯x n ¯
¯ ¯
2. Pour x ∈ R \ {0}, ¯ ¯
¯1¯
¯ ¯= 1
¯ x ¯ |x|
Définition 3.1 – On dit que A est majorée s’il existe M ∈ R tel que :∀a ∈ A, M Ê a. Un tel
réel M est appelé un majorant de A. On dit aussi que A est majorée par M ou encore
que M majore A .
– On dit que A est minorée s’il existe m ∈ R tel que :∀a ∈ A, a Ê m. Un tel réel m est
appelé un minorant de A. On dit aussi que A est minorée par m ou encore que m
minore A .
– On dit que A est bornée si elle est à la fois majorée et minorée, i.e si : ∃K ∈ R+ , ∀a ∈ A,
|a| É K
Remarque. Il ne peut exister qu’un seul plus grand élément d’un ensemble qui en admet. En effet,
si a 2 et a 1 sont deux plus grands éléments, alors a 1 É a 2 et a 1 Ê a 2 donc a 1 = a 2 .
Remarque.
– Si A possède un maximum, elle est majorée. La réciproque est cependant fausse : si E = R et A =
[0, 1[ est majorée mais ne possède pas de maximum.
Démonstration. 0 appartient à [0, 1[ et le minore, donc en est le plus petit élément. Pour
montrer que [0, 1[ n’a pas de plus grand élément, il nous suffit de montrer qu’aucun élément
de [0, 1[ ne majore [0, 1[ . Or pour tout x ∈ [0, 1[ : x < x+1 x+1
2 et pourtant : 2 ∈ [0, 1[.
Théorème 3.1 1. Toute partie non vide de N possède un plus petit élément.
2. Toute partie non vide majorée de N possède un plus grand élément.
est vraie pour tout n entier . Tout d’abord, on remarque que 0 ∉ A, sinon il serait son
plus petit élément, ce qui montre P (0). Soit n un entier, et supposons que P (n) soit
8 Nombres réels
vrai. Si n + 1 était élément de A, par l’hypothèse de récurrence il serait son plus petit
élément. Par conséquent, on a n +1 ∉ A, ce qui montre P (n +1). On en déduit donc que
N= A
\ \[ [ \ [
A=A {0, · · ·, n} = (A {0, · · ·, n} = ; = ;.
n∈N n∈N n∈N
L’égalité N =
S
n∈N {0, · · ·, n} découle du fait que pour tout entier n, on a n ∈ {0, ..., n}.
Or nous allons montrer par récurence que A est minorée par n pour tout n ∈ N. Il en
découlera comme voulu que A est vide.
Initialisation : A est minorée par 0 car toute partie de N l’est.
Hérédité : Soit n ∈ N. Supposons A minorée par n. Comme par hypothèse A ne poos-
sède pas de plus petit élément, forcément : n ∉ N, et du coup : a > n pour tout a ∈ A.
Mais ceci revient à dire, parce que nous travaillons avec entiers, que : a Ê n + 1 pour
tout a ∈ A. En d’autre termes, A est minorée par n + 1.
2. Soit A une partie non vide majorée de N. Soit B l’ensemble des majorants de A. B 6= ;
car A est majorée. Donc B admet un plus petit élément, disons m. Montrons que m ∈
A. Supposons que m ∉ A. Comme m est un majorant de A, on a donc ∀x ∈ A, x < m.
Cela impose que m Ê 1 (sinon on aurait x ∈ A, x > 0, ce qui est impossible car A 6= ;), et
que ∀x ∈ A, x É m −1. Donc m −1 est un majorant de A. Or, m est le plus petit élément
de B . On a donc une contradiction. Donc m ∈ A et m majore A. Donc m est le plus
grand élément de A. (On utilise le fait que pour tout x ∈ N, l’ensemble des y ∈ N tels
que x < y admet un plus petit élément qui n’est autre que x + 1.)
Définition 3.3 – S’il existe, le plus petit majorant de A est appelé la borne supérieure de
A et se note sup A.
– S’il existe, le plus grand minorant de A est appelé la borne inférieure de A et se note
inf A.
Remarque.
– La différence essentielle entre plus grand élément et borne supérieure, c’est que la borne supé-
rieure, quand elle existe, n’appartient pas forcément à l’ensemble considéré.
– La borne supérieure n’existe pas toujours, mais quand elle existe, elle est unique en tant que plus
petit élément.
Piége ! Il peut exister des parties non vides, majorées mais©sans borne supérieure. Prenons
un exemple : soit E = Q muni de l’ordre naturel É. Soit A = r ∈ Q+ |r É 2 , A est une partie
2
ª
2 − (x + ε)2 Ê d − ε (2x + 1)
d d
¸ · µ ¶
On choisit de plus ε ∈ 0, , par exemple ε = min 1, . A ce moment là , on
2x + 1 2 (2x + 1)
note que
2 − (x + ε)2 > 0 ⇒ (x + ε) ∈ A
⇒ (x + ε) É sup A
⇒ εÉ0
d x d
¸ · µ ¶
Prenons de plus ε ∈ 0, , par exemple ε = min , . Alors (x − ε)2 > 2 donc y ∈ A ⇒
2x 2 4x
y < x − ε donc x − ε majore A. Ainsi,
sup A É x − ε ⇒ x É x − ε
⇔ εÉ0
Théorème 3.2 – Si A possède un plus grand (resp. petit) élément, alors A possède une
borne supérieure (resp. inférieure) et : sup(A) = max(A) (resp. inf(A) = min(A).
Exemple 3.1
Non majoré, l’intervalle R+ ne possède pas de borne supérieure. En revanche, par ce
que 0 en est le plus petit élément, 0 en est aussi la borne inférieure.
10 Nombres réels
Théorème 3.3
On suppose que A et B possèdent chacune une borne supérieure.
1. Si A ⊂ B alors : sup(A) É sup(B ).
S
2. L’ensemble A B possède une borne supérieure et :
S
sup(A B ) = max{sup(A), sup(B )}.
3. L’ensemble A + B = {a + b|a ∈ A etb ∈ B } possède une borne supérieure et :
sup(A + B ) = sup(A) + sup(B ).
4. Pour tout λ > 0 , l’ensemble λA = {λa|a ∈ A} possède une borne supérieure et :
sup(λA) = λ sup(A).
On dispose d’un résultat analogue pour les borne inférieures.
Théorème 3.4 – Toute partie non vide majorée de R admet une borne supérieure.
– Toute partie non vide minorée de R admet une borne inférieure.
Démonstration. Soit A une partie non vide minorée de R et B l’ensemble des minorants de
A. Alors B 6= ∅ et ∀ (a, b) ∈ A × B , b É a donc B est non vide et majorée. Soit β = sup(B ).
Montrons que β minore A.
Chap.1 Nombres réels K. BOUIHAT 11
Soit a ∈ A, alors a majore B . β est le plus petit majorant de B donc β É a donc β est un
minorant de A.
Si x est un minorant de A, x ∈ B donc x É sup(B ) donc β est bien le plus grand minorant de
A.
3.4 Intervalles
On rajoute à R deux objets externes +∞ et −∞ tels que ∀x ∈ R , −∞ < x < +∞.
Définition 3.4
On appelle intervalle de R tout ensemble d’un des types suivants avec a, b ∈ R :
1. [a, b] = {x ∈ R|a É x É b}
2. [a, b[ = {x ∈ R|a É x < b}
3. ]a, b] = {x ∈ R|a < x É b}
4. ]a, b[ = {x ∈ R|a < x < b}
5. [a, +∞[ = {x ∈ R|a É x}
6. ]a, +∞[ = {x ∈ R|a < x}
7. ]−∞, a] = {x ∈ R|a Ê x}
8. ]−∞, a[ = {x ∈ R|a > x}
9. R = ]−∞, +∞[
(1) , (2) , (3) , (4) sont des intervalles bornés et (5) , (6) , (7) , (8) , (9) des intervalles non bornés.
Propriétés
|x − a| É ε ⇔ x ∈ [a − ε, a + ε]
et de plus
|x − a| < ε ⇔ x ∈ ]a − ε, a + ε[
a +b b−a
Si a < b, alors ]a, b[ = ]c − ε, c + ε[ avec c = et ε = . De plus, [a, b] = [c − ε, c + ε]
2 2
12 Nombres réels
Proposition 4.1
Soit A ⊂ R tel que A 6= ∅ et ω ∈ R. Alors :
1. A est majorée et
(
∀a ∈ A, a É ω
sup(A) = ω ⇔
∀ε > 0, ∃a ∈ A/a ∈]ω − ε, ω]
2. A est minorée et
(
∀a ∈ A, a Ê ω
inf(A) = ω ⇔
∀ε > 0, ∃a ∈ A/a ∈ [ω, ω + ε[
Démonstration du (1)
⇒ – sup(A) majore A donc ∀a ∈ A, a É ω.
– Soit ε > 0, alors ω − ε < ω donc ∃a ∈ A/a > ω − ε.
– ω est un majorant de A alors A est majorée.
– Soit α un majorant de A. Alors on ne peut avoir α < ω car si α < ω, alors en posant
ε = ω − α, ε > 0 on a ∃a ∈ A/ω − ε < a donc α ne serait pas un majorant de A. Ainsi,
α Ê ω.
∀x ∈ R ∃n ∈ N n > x
« Pour tout réel x, il existe un entier naturel n strictement plus grand que x. »
Caractère archimédien de R
Proposition 4.2
Pour tout x ∈ R, ∀ε > 0, il existe un entier naturel n tel que nε > x.
Démonstration. – N n’est pas majorée dans R. En effet, si N est majorée alors appelons ω =
sup(N) donc ∃n ∈ N/ω − 1 < n d’où ω < n + 1, ce qui est impossible car (n + 1) ∈ N.
x
– Soit ε > 0 et x ∈ R, alors ne majore pas N : ∃n ∈ N tel que :
ε
x
< n ⇔ x < nε
ε
Chap.1 Nombres réels K. BOUIHAT 13
Proposition 4.3
Soit x ∈ R, il existe un unique entier relatif, la partie entière notée E (x), tel que :
y = E (x)
E (2, 853) = 2
0 1 2, 853 x
Pour la démonstration de la proposition 4.3 il y a deux choses à établir : d’abord qu’un tel
entier E (x) existe et ensuite qu’il est unique.
Démonstration.
Existence. Supposons x Ê ª0, par la propriété d’Archimède, il existe n ∈ N tel que n > x. L’en-
semble K = k ∈ N | k É x est donc fini (car pour tout k dans K , on a 0 É k < n). Il admet
©
donc un plus grand élément k max = max K . On a alors k max É x car k max ∈ K , et k max + 1 > x
car k max + 1 ∉ K . Donc k max É x < k max + 1 et on prend donc E (x) = k max .
Unicité. Si k et ` sont deux entiers relatifs vérifiant k É x < k + 1 et ` É x < ` + 1, on a donc
k É x < ` + 1, donc par transitivité k < ` + 1. En échangeant les réles de ` et k, on a aussi ` <
k + 1. On en conclut que ` − 1 < k < ` + 1, mais il n’y a qu’un seul entier compris strictement
entre ` − 1 et ` + 1, c’est `. Ainsi k = `.
Le cas x < 0 est similaire.
Exemple 4.1
p 1
Encadrons 10 et (1, 1) 12 par deux entiers
p consécutifs.
p
– Nous savons 32 = 9 < 10 donc 3 = 32 p < 10p(la fonction racine carrée p est crois-
2 2
¡p ¢ 4 = 16 > 10 donc 4 = 4 > 10. Conclusion : 3 < 10 < 4 ce qui
sante). De même
implique E 10 = 3.
– On procède sur le même principe. 112 < (1, 10) < 212 donc en passant à la racine 12-
1 1 ¢
1
¡
ième (c’est-à-dire à la puissance 12 ) on obtient : 1 < 1, 1 12 < 2 et donc E 1, 1) 12 = 1.
14 Nombres réels
Partie fractionnaire
Définition 4.1
On définit la partie fractionnaire d’un réel par
Propriétés
Démonstration. En effet,
Démonstration. En effet,
Frac (x + 1) = x + 1 − E (x + 1) (1.1)
= x + 1 − (E (x) + 1) (1.2)
= x − E (x) (1.3)
= Frac (x) (1.4)
Définition 5.1
On dit que A est dense dans R si pour tous x, y ∈ R x < y, l’intervalle ]x, y[ contient un
élément de A.
En d’autre termes, A est dense dans R si tout intervalle ouvert borné no vide de R contient
un élément de A ; Intuitivement, une partie dense dans R est donc une partie qui est partout
sans être forcément tout.
Chap.1 Nombres réels K. BOUIHAT 15
Démonstration. Soient a, b ∈ R pour lesquels : a < b. Nous voulons montrer que l’intervalle
]a, b[ contient à la fois un rationnel et un irationnel.
p
• Rationnels : On cherche p ∈ Z et q ∈ N∗ pour lesquels : a < q < b. Si l’on veut être sûr que
p
l’intervalle ]a, b[ contient un tel rationnel q
, il est naturel d’exiger que sa longueur b − a
soit strictement supérieure à l’écart q1 entre deux tels nombres. En d’autre termes, il est
1
raisonnable d’exiger l’inégalité : q > b−a .
1
Choisissons donc de poser : q = [ b−a ] + 1, de telle sorte que : q ∈ N∗ et 1 < q(b − a). Posons
ensuite : p = [q a] + 1. Aussitôt : p ∈ Z et q a < p É q a + 1 < q a + q(b − a) = qb, donc comme
p
voulu : a < q < b.
• Irrationnels : D’après le point précédent, l’intervalle ] pa , pb [ contient au moins un ration-
2 2
nel r et l’intervalle ] pa , r [ en contient lui même un r 0 . L’un au moins de ces deux rationnels
2 p p
est non
p nul, par exemple pr . Aussitôt
p : r 2 ∈]a, b[. Or r 2 est irrationnel car s’il était ration-
p 1
nel, 2r = q c’est à dire 2 = r × 2 le serait aussi par produit ce qui est faux.