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Chapitre 2

Cinématique

2.1 Description du mouvement


La cinématique est la description analytique d’un système en mouvement. Dans ce chapitre nous
allons donc nous intéresser aux mouvements des fluides par rapport au temps, indépendamment
des causes qui les provoquent, c’est-à-dire sans prendre en compte les forces qui sont à leur source.
L’objectif est ainsi de présenter les différentes méthodes qui peuvent être utilisées pour décrire ces
mouvements.
Par la suite, on considère l’espace euclidien à trois dimensions rapporté à un repère orthonormé
R (O; ~ex , ~ey , ~ez ) et on note t le temps.

2.1.1 Grandeurs cinématiques attachées à une particule fluide


On considère une particule milieu continu telle celles introduites au début du chapitre précédent
et on suit cette particule dans son mouvement par rapport au référentiel R (O; ~ex , ~ey , ~ez , t). On
appelle point coincidant, le point fixe M dans R qui coincide avec la position de la particule à
l’instant t. Pour simplifier, on parlera de “la particule M ”.

~xo ~x

Mo M (t)

~ey

~ez O ~ex

Figure 2.1 – Positions successives d’une particule fluide

31
Position
A l’instant t = to la particule fluide occupe la position ~xo = (xo , yo , zo ). A l’instant t quelconque
−−→ −−→ ~
la particule fluide occupe la position ~x = (x, y, z). Par définition : OM o = ~xo et OM = x(t).
Le point M coincide avec la position de la particule à l’instant t et le point Mo coincide avec la
position de la particule à l’instant to .

La position, à l’instant t, de la particule fluide qui occupait la position ~xo à l’instant to , est donnée
par :
~ xo , to , t)
~x(t) = F(~ (2.1)
c’est-à-dire :

x = f (~xo , to , t) (2.2)
y = g(~xo , to , t) (2.3)
z = h(~xo , to , t) (2.4)

où l’on a utilisé la notation condensée suivante :

f (~xo , to , t) = f (xo , yo , zo , to , t) (2.5)


~ est supposée continue et continûment dérivable autant de fois qu’il est nécessaire.
La fonction F
On suppose en outre que, pour t et to fixés, cette fonction est bijective de telle sorte que :

~ −1 (~x, to , t)
~xo = F (2.6)

Vitesse
A chaque instant t on peut définir, en tout point de l’espace, un vecteur ~v qui représente la vitesse ,
à l’instant t, de la particule fluide qui occupait la position ~xo à l’instant to . Cette vitesse est donnée
par :
∂F~
~v = (~xo , to , t) (2.7)
∂t
c’est-à-dire :
∂f
u= (~xo , to , t) (2.8)
∂t
∂g
v= (~xo , to , t) (2.9)
∂t
∂h
w= (~xo , to , t) (2.10)
∂t
où l’on a noté : ~v = u ~ex + v ~ey + w ~ez .

Accélération
L’accélération , à l’instant t, de la particule fluide qui occupait la position ~xo à l’instant to , est
donnée par :
2~
~Γ = ∂ F (~xo , to , t) (2.11)
∂t2
avec les notations précédentes.

32
2.1.2 Description de Lagrange
Cette description est aussi appelée description par les trajectoires . Par définition, la trajectoire
définie par le point Mo est la courbe passant par Mo et constituée par l’ensemble des points coin-
cidants M (t) au cours du temps, le point Mo étant fixé.

~x M (t)
~xo Mo

t > to
t = to

~x M (t)
~xo Mo
Do
D

Figure 2.2 – Trajectoires de deux particules fluides différentes

La détermination des trajectoires reviendra, en pratique, à déterminer la fonction F ~ introduite


dans la relation (2.1). La connaissance de cette fonction pour ~xo , t et to donnés produit une des-
cription complète du mouvement. En effet, considérons un domaine Do de fluide à l’instant to et
une particule Mo quelconque de Do . A l’instant t, cette particule occupe la position M située dans
D et l’ensemble de toutes les particules de Do occupe le volume D. Par conséquent, la connaissance
de toutes les trajectoires donnne donc bien une description complète du mouvement.

En terme de terminologie, on appelle xo , yo , zo et t les variables de Lagrange et F ~ (c’est-à-dire


x, y et z) les inconnues de Lagrange . Une technique de visualisation des trajectoires consiste à
marquer une “particule fluide” par l’utilisation d’un traceur coloré, dans le cas d’un liquide, ou de
fumée, dans le cas d’un gaz, et ensuite de suivre l’évolution de sa position au cours du temps.

2.1.3 Description d’Euler


Dans la pratique, il est difficile d’identifier, et donc de suivre, une particule fluide en mouvement. Il
apparaı̂t donc judicieux d’introduire une description alternative pour un écoulement. La connais-
sance de la vitesse de la particule fluide qui, à un instant t, occupe la position ~x est une donnée
pertinente pour décrire le mouvement d’un fluide. En exprimant les composantes de la vitesse du
fluide (u, v, w) en fonction de la position ~x à un instant t et du temps, on construit la représentation
d’Euler du mouvement. Ceci est possible, naturellement, car F ~ est supposée bijective. A partir de
la relation (2.7) et en utilisant (2.6) :

~
∂F
~v = ~ −1 (~x, to , t), to , t) = fonction de ~x, to et t
(F (2.12)
∂t
où la dérivée par rapport au temps dans le premier membre désigne une dérivation par rapport au
t figurant en dernière position dans les arguments de F ~ . A partir de maintenant, on ne fait plus
figurer l’instant to dans les expressions car il apparaı̂t comme un paramètre arbitraire que l’on peut
prendre comme “initial” : to = 0. Cette substitution nous à donc permis d’écrire la vitesse sous la
forme :
~v = ~v (~x, t) = u(x, y, z, t) ~ex + v(x, y, z, t) ~ey + w(x, y, z, t) ~ez (2.13)

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Ainsi, pour chaque point de l’espace de coordonnées (x, y, z) et à chaque instant t, si on se donne
le vecteur vitesse ~v défini par ses composantes u(x, y, z, t), v(x, y, z, t) et w(x, y, z, t) on définit un
champ de vitesse qui est l’application qui, au point de coordonnées (x, y, z) et à chaque l’instant
t, associe le vecteur ~v . On appelle ~x et t les variables d’Euler et les composantes de la vitesse ~v
(c’est-à-dire u, v et w) les inconnues d’Euler .

On peut récapituler l’ensemble de ces définitions dans le tableau suivant :

Description de Lagrange Description d’Euler

Variables xo , yo , zo , t x, y, z, t

x = x(xo , yo , zo , t) u = u(x, y, z, t)
Inconnues y = y(xo , yo , zo , t) v = v(x, y, z, t)
z = z(xo , yo , zo , t) w = w(x, y, z, t)

Remarque : En mécanique, on utilise ces deux descriptions. En règle générale, la description


lagrangienne est surtout utilisée en mécanique des solides et plus particulièrement en mécanique
des solides rigides. En mécanique des fluides, c’est la description eulérienne qui est le plus souvent
utilisée. On peut passer simplement de la description de Lagrange à la description d’Euler comme
nous l’avons déjà vu. Le passage de la description d’Euler à la description de Lagrange est également
possible. Cela revient à intégrer les trois équations différentielles obtenues en utilisant le fait que la
vitesse est la dérivée par rapport au temps de la position. On fait alors apparaı̂tre trois constantes
d’intégration qui peuvent être interprétées comme les trois composantes de la position à un instant
arbitraire to .

2.1.4 Définitions de quelques propriétés des écoulements


Ecoulement Plan
On appelle écoulement plan dans le plan parallèle au plan (O; ~ex ; ~ey ) un écoulement dont le champ
de vitesse est de la forme :
~v = u(x, y, t) ~ex + v(x, y, t) ~ey (2.14)

Ecoulement stationnaire
On appelle écoulement stationnaire (ou encore permanent), un écoulement dont la vitesse, ex-
primée en variables d’Euler, ne dépend pas explicitement du temps t. Cette vitesse est
donc de la forme :
~v = u(x, y, z) ~ex + v(x, y, z) ~ey + w(x, y, z) ~ez (2.15)
Naturellement, un écoulement qui n’est pas stationnaire est instationnaire.

Ecoulement irrotationnel
On appelle écoulement irrotationnel, un écoulement dont le rotationnel de la vitesse est nul :
~ v ) = ~0
rot(~ (2.16)

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Ecoulement incompressible
On appelle écoulement incompressible, un écoulement dont la divergence de la vitesse est nulle :

div(~v ) = 0 (2.17)

Attention : Le calcul du rotationnel et de la divergence doivent être faits à partir de la vitesse


exprimée en fonction des variables d’Euler, c’est-à-dire de la position de la particule fluide à un
instant t quelconque.

2.1.5 Lignes de courant


Dans ce paragraphe, on considère un écoulement donné par sa description eulérienne.

Définition
Par définition, à un instant t fixé, les lignes de courant sont les courbes tangentes en chacun de
leurs points au vecteur vitesse de l’écoulement en ce point. Il s’en suit que, lorsque le vecteur vitesse
~v (~x, t)
~v (~x, t)

Figure 2.3 – Ligne de courant

varie au cours du temps (écoulement instationnaire), les lignes de courant sont différentes à chaque
instant.

~ = dx ~ex + dy ~ey + dz ~ez le vecteur tangent à une courbe C au point ~x à un instant t fixé.
Soit dl
Soit ~v = u~ex + v~ey + w~ez le vecteur vitesse en ce point et à cet instant. Le vecteur ~v est tangent à
~ = ~0. Par conséquent :
la courbe au point ~x si : ~v ∧ dl

v dz − w dy = 0 (2.18)
w dx − u dz = 0 (2.19)
u dy − v dx = 0 (2.20)

A un instant t fixé, les lignes de courant sont donc données par les deux équations :
dx dy dz
= = (2.21)
u v w
Remarques :
• Attention ! Dans le cas général, il ne faut pas confondre ligne de courant et trajectoires.
On souligne que pour construire une ligne de courant, on considère des particules différentes
au même instant t alors qu’une trajectoire est constituée de la succession des positions d’une
même particule à des instants différents.

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• Dans le cas d’un écoulement stationnaire les lignes de courant ne dépendent plus du temps
et sont ainsi confondues avec les trajectoires. En effet, dans le cas d’un écoulement station-
naire, les les lignes de courants sont fixes au cours du temps car la vitesse ne dépend pas du
temps.
dx dy dz
= = Lignes de courant (2.22)
u(x, y, z) v(x, y, z) w(x, y, z)
dx dy dz
= = = dt trajectoires (2.23)
u(x, y, z) v(x, y, z) w(x, y, z)

Les deux premières égalités sont indentiques pour les lignes de courant et les trajectoires
qui sont donc confondues. On a juste, en plus, une loi horaire pour les trajetoires (car la
postion dépend du temps ... sinon le fluide serait au repos, la vitesse serait nulle et tout ceci
n’aurait aucun sens).

Tube de courant
On appelle tube de courant à l’instant t la surface constituée par l’ensemble des lignes de courant
à l’instant t s’appuyant sur une courbe fermée.
lignes de courant

Figure 2.4 – Tube de courant

Ligne d’émission
On appelle ligne d’émission d’un point P de position ~xp à l’instant t1 l’ensemble des positions à
l’instant t1 des particules qui, à un instant t antérieur ou postérieur à t1 , sont passées ou passeront
en P .

La ligne d’émission du point P à l’instant t1 est donc donnée par :


~ xp , t, t1 )
~x = F(~ (2.24)

Propriété : Dans le cas d’un écoulement stationnaire, les lignes de courant, les trajectoires et les
lignes d’émissions sont confondues.

2.1.6 Notion de circulation


~ (vx , vy , vz ) un champ de vecteur, on définit la circulation Γ du vecteur le long d’une ligne
Soit V
orientée quelconque C reliant deux points X1 et X2 par l’intégrale :
Z
Γ = ~v · d~s (2.25)
C

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trajectoires

M1 (t1 )

M2 (t1 )
M1 (to )

P
M2 (to )

ligne d’émission

Figure 2.5 – Ligne d’émission

avec d~s = ~τ ds où ~τ est le vecteur tangent à l’arc de courbe orienté C et s désigne l’abscisse curviligne
le long de C. L’arc C est donc décrit, de manière paramétrique par :

x = x(s) (2.26)
y = y(s) (2.27)

On note s1 et s2 les abscisses curvilignes des points X1 et X2 respectivement.

d~l
C
~ ~ex
V X2
d~l
dy
dx

~ey
X1

Figure 2.6 – Notion de circulation

On a, naturellement ~τ ds = dx ~ex + dy ~ey + dz ~ez et l’on déduit ainsi l’expression suivante pour la
circulation : Z s2
dx dy dz
Z
Γ= (u +v + w ) ds = (udx + vdy + wdz) (2.28)
s1 ds ds ds C

2.2 Dérivée particulaire


Une dérivée particulaire, on parle aussi de dérivée convective est la dérivée par rapport au temps
d’une grandeur définie sur un ensemble de particules fluides que l’on suit dans leur mouvement.

2.2.1 Dérivation d’une fonction


On considère une particule fluide que l’on suit dans son mouvement : à l’instant to elle occupait la
position ~xo et à l’instant t elle occupe la position ~x. Soit θ une grandeur attachée à cette particule

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fluide. Cette grandeur peut être sa vitesse, sa position, sa température ... On peut exprimer cette
grandeur θ à l’aide des variables de Lagrange : on écrira alors θ (l) (~xo , t), mais aussi à l’aide des
variables d’Euler : on écrira alors θ (e) (~x, t). L’objectif de ce paragraphe est de calculer la dérivée
temporelle de θ lorsque l’on suit la particule fluide dans son mouvement, c’est-à-dire, pour une
valeur de ~xo donnée.

Fonction exprimée en variables de Lagrange


d
Soit θ (l) (~xo , t) une fonction des variables de Lagrange. On note l’opérateur de dérivation parti-
dt
culaire. Comme on l’a déjà dit, la dérivation particulaire est une dérivation lorsque l’on suit une
particule fluide dans son mouvement ; c’est-à-dire une dérivation par rapport au temps à ~xo fixé.
Elle s’écrit donc naturellement, dans le cas d’une fonction des variables de Lagrange, comme la
dérivée partielle de la fonction par rapport au temps :

dθ (l) ∂θ (l)
(~xo , t) = (~xo , t) (2.29)
dt ∂t

Fonction exprimée en variables d’Euler


Soit θ (e) (~x, t) une fonction des variables d’Euler. Il ne faut pas perdre de vue que ~x est une fonction
qui dépend de ~xo . En effet :
~ (~xo , to , t), t) = θ (l) (~xo , t)
θ (e) (~x, t) = θ (e) (F (2.30)

La dérivation particulaire s’écrit donc :

dθ (e) ∂θ (l)
(~x, t) = (~xo , t)
dt ∂t
∂θ (e) ∂θ (e) ∂f ∂θ (e) ∂g ∂θ (e) ∂h
= (~x, t) + (~x, t) (~xo , t) + (~x, t) (~xo , t) + (~x, t) (~xo , t) (2.31)
∂t ∂x ∂t ∂y ∂t ∂z ∂t

et donc, en utilisant les relations (2.8), (2.9) et (2.10) et en les reportant dans l’expression précédente
(2.31), on obtient :

dθ (e) ∂θ (e) ∂θ (e) ∂θ (e) ∂θ (e)


(~x, t) = (~x, t) + u(~x, t) (~x, t) + v(~x, t) (~x, t) + w(~x, t) (~x, t) (2.32)
dt ∂t ∂x ∂y ∂z
Cet opérateur peut aussi se mettre sous la forme suivante :

dθ (e) ∂θ (e) −−→  


(~x, t) = (~x, t) + ~v (~x, t) · grad θ (e) (~x, t) (2.33)
dt ∂t
Le terme en gradient qui apparaı̂t au second membre de cette expression est appelé terme convectif
d’où le nom de dérivée convective aussi utilisé pour désigner la dérivée particulaire.

Cas particulier de l’accélération


Compte-tenu de la définition (2.11), et si on exprime la vitesse ~v en fonction des variables d’Euler,
~v = ~v (~x, t), l’accélération du fluide s’écrit :

~Γ = d~v = ∂~v + ~v · −−→


grad~v (2.34)
dt ∂t

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c’est-à-dire :
du ∂u ∂u ∂u ∂u


 Γx = = +u +v +w


 dt ∂t ∂x ∂y ∂z
~Γ =
 dv ∂v ∂v ∂v ∂v
Γy = = +u +v +w
 dt ∂t ∂x ∂y ∂z
dw ∂w ∂w ∂w ∂w


 Γz = = +u +v +w


dt ∂t ∂x ∂y ∂z

2.2.2 Lemmes fondamentaux


Nous aurons, par la suite, à travailler avec des intégrales multiples. Aussi nous admettons les deux
lemmes suivants qui auront d’importantes applications dans la suite du cours.

Lemme 1 : formule de la divergence (Green - Ostrogradsky)


Soit un champ vectoriel ~c(~x, t) et un domaine D délimité par une surface fermée S :
Z Z Z Z Z
~c · ~n dS = div(~c)dV (2.35)
S D

où ~n est le vecteur normal unitaire extérieur à D. Par conséquent le flux à travers une surface
fermée S du champ vectoriel ~c(~x, t) n’est rien d’autre que l’intégrale sur tout le volume délimité
par S de la divergence de ~c(~x, t). Cette formule peut se généraliser sous la forme suivante pour un
champ de tenseur d’ordre 3 dont les composantes sont notées par tijk :

∂tjkl
Z Z Z Z Z
tjkl ni dS = dV (2.36)
S D ∂xi

Lemme 2
Soit f (~x, t) une fonction définie et continue sur un domaine D de R3 . Alors si :
Z Z Z
f (~x, t) dV = 0 ∀ D ∈ R3 (2.37)
D

on a f (~x, t) = 0 dans D.

2.2.3 Dérivation d’une intégrale


Cette fois-ci, notre but est de calculer la dérivée temporelle d’intégrales sur des domaines fluides
en mouvement (voir 2.7). On parle alors de dérivation particulaire d’intégrales de volumes. La diffi-
culté de ce calcul réside dans le mouvement du domaine fluide qui fait que les bornes d’intégration
varient avec le temps. On utilisera le résultat suivant :

Soit c(~x, t) une fonction de classe C 1 sur un domaine D(t) fluide de R3 que l’on suit dans son
mouvement. On note : Z Z Z
K(t) = c(~x, t) dV (2.38)
D(t)

On suppose que la frontière S(t) de D(t) est de classe C 1 par morceaux. Le champ de vitesse du
fluide en variables d’Euler est ~v (~x, t) ; on suppose que la fonction ~v (~x, t) est C 1 . On a alors :
 
dK ∂c
Z Z Z Z Z
(t) = (~x, t) dV + c(~x, t) ~v (~x, t) · ~n dS (2.39)
dt D(t) ∂t S(t)

39
~n

D(t′ )
D(t)
S(t)

Figure 2.7 – Domaine en mouvement

ou encore, en utilisant le théorème de la divergence :


 
dK ∂c
Z Z Z
(t) = (~x, t) + div {c(~x, t) ~v (~x, t)} dV (2.40)
dt D(t) ∂t
Une démonstration rigoureuse de ces résultats peut être obtenue dans l’ouvrage de P. Germain
et P. Müller [2]. Nous nous contenterons ici d’une simple justification de ce résultat. Considérons
un domaine matériel en mouvement et soient t et t′ deux instants proches. La particule fluide qui
coincide avec le point M (t) de S(t) se déplace au cours du temps et coincide avec le point M (t′ )
de S(t′ ) à l’instant t′ (cf. figure 2.8).

S(t′ )

~n

M (t′ )
D(t) II
M (t) III

I D(t′ )

S(t)

Figure 2.8 – Domaine en mouvement à deux instants proches

Les instants t et t′ étant très proches, on peut considérer que la trajectoire de la particule fluide est
−−−−−−−→
quasi-rectiligne et que son déplacement est : M (t)M (t′ ) = (t′ − t) ~v (~x, t). Par conséquent, on peut
écrire :
dK K(t′ ) − K(t)
(t) = lim
dt t′ →t (t′ − t)
( "Z Z Z #)
1
Z Z Z
= lim c(~x, t′ ) dV − c(~x, t) dV
t′ →t (t′ − t) D(t )
′ D(t)
 Z Z Z 
1
Z Z Z Z Z Z
′ ′

= lim c(~
x , t ) dV + c(~x , t ) − c(~
x , t) dV − c(~
x , t) dV
t′ →t (t′ − t) III
 II Z Z Z I
c(~x, t′ ) − c(~x, t) 1
Z Z Z
= lim dV + lim c(~x, t′ ) dV
t′ →t II (t′ − t)) t′ →t (t′ − t) III

1
Z Z Z
− c(~x, t) dV (2.41)
(t′ − t) I

40
Nous pouvons calculer, d’une part, la première intégrale de l’égalité précédente :
c(~x, t′ ) − c(~x, t) ∂c
Z Z Z Z Z Z
lim ′
dV = (~x, t) dV (2.42)
t →t

II (t − t)) D(t) ∂t

D(t′ ) ∩ D(t) = D(t).



en considérant que lim II = lim
t →t
′ ′t →t
D’autre part, concernant l’intégrale sur III, nous pouvons écrire, en utilisant la figure (2.9), que :

~n

dS
~v (~x, t)

III

S(t′ )
S(t)II−III

Figure 2.9 – Domaine en mouvement à deux instants proches

dV = (t′ − t) ~v (~x, t) · ~n dS (2.43)

Sur la figure (2.9), S(t)II−III désigne la portion de S(t) séparant les régions II et III. Ceci nous
permet de transformer l’intégrale sur le volume III en une intégrale de surface sur la portion de
S(t) séparant les régions II et III.

~n

dS
−~v

S(t′ ) S(t)I−II

Figure 2.10 – Domaine en mouvement à deux instants proches

De la même manière, concernant l’intégrale sur I, nous écrivons en utilisant la figure (2.10) :

dV = −(t′ − t) ~v (~x, t) · ~n dS (2.44)

Sur la figure (2.10) S(t)I−II désigne la portion de S(t) séparant les régions I et II. Dans ce cas,
nous transformons l’intégrale de volume sur I en une intégrale de surface sur la portion de S(t)

41
séparant les régions I et II.

On a alors :
 
1 1
Z Z Z Z Z Z

lim c(~x, t ) dV − ′ c(~x, t) dV
t′ →t (t′ − t) III (t − t) I
"Z Z Z Z #
= lim c(~x, t′ ) ~v (~x, t) · ~ndS + c(~x, t)~v (~x, t) · ~ndS
′t →t S(t)II−III S(t)I−II
Z Z
= c(~x, t) ~v (~x, t) · ~ndS (2.45)
S(t)

D’où la relation (2.40) annoncée, en assemblant ces différents résultats.

2.3 Bilan de masse


2.3.1 Masse volumique et masse
Masse volumique
Comme nous l’avons vu dans le chapitre précédent, si l’on considère un petit volume δV d’un fluide
donné centré en un point M et que l’on note δm la masse de ce volume élémentaire, la masse
volumique du fluide contenu dans δV en M est alors définie par :
δm
ρ(M ) = lim (2.46)
δV→0 δV

On rappelle qu’un fluide dont la masse volumique est constante est appelé fluide incompressible.

Masse
Soit Do un domaine fluide que l’on suit dans son mouvement et soit D(t) une partie de celui-ci.
Soit ρ la masse volumique du fluide compris dans le domaine fluide D(t) que l’on suit également
au cours de son mouvement. La masse m de ce domaine fluide est donnée par la relation suivante :
Z Z Z
m= ρ dV (2.47)
D(t)

2.3.2 Débit
Soit S un morceau de surface orienté par le vecteur normal unitaire ~n et supposée au repos. Le
débit massique qm est la quantité :
Z Z
qm = ρ~v · ~ndS (2.48)
S

Il s’agit de la masse de fluide qui traverse la surface S, orientée par le vecteur normal unitaire ~n,
par unité de temps. On dit aussi que qm est le flux du vecteur ρ ~v à travers la surface S, orientée
par le vecteur normal unitaire ~n. De la même manière, on peut définir le débit volumique qv :
Z Z
qv = ~v · ~ndS (2.49)
S

42
~n

~v (~x, t)

Figure 2.11 – Flux à travers une surface

qui représente le volume de fluide qui traverse la surface S, orientée par le vecteur normal unitaire
~n, par unité de temps. On dit aussi que qm est le flux du vecteur vitesse ~v à travers la surface S,
orientée par le vecteur normal unitaire ~n.

Si S est mouvement avec la vitesse w,~ les définitions précédentes de qm et qv restent valables à
condition de remplacer la vitesse ~v par la vitesse relative ~vr = ~v − w.
~

2.3.3 Conservation de la masse


Principe de conservation de la masse :
Soit un domaine fluide D(t) de R3 que l’on suit dans son mouvement. En l’absence de processus
permettant la création ou la destruction de matière, la masse de D(t) est constante. On a donc :
dm d
Z Z Z
= ρ dV = 0 (2.50)
dt dt D(t)

En utilisant la formule de dérivation particulaire d’une intégrale, il vient :


∂ρ
Z Z Z Z Z
dV + ρ ~v · ~n dS = 0 (2.51)
D(t) ∂t S(t)

où encore, en utilisant le lemme 1 introduit dans le chapitre précédent :


 
∂ρ
Z Z Z
+ div {ρ ~v } dV = 0 (2.52)
D(t) ∂t

Ces deux formes de la loi de conservation de la masse concernent le domaine D(t) dans sa globalité.
On les désignera donc comme des formes globales de la conservation de la masse.
∂ρ
Remarque : Dans le cas d’un écoulement stationnaire, on a naturellement = 0 et la première
∂t
égalité (2.51) se réduit ainsi à : Z Z
ρ ~v · ~n dS = 0 (2.53)
S(t)

qui traduit la conservation du débit massique à travers S. Si, en plus, le fluide est incompressible
(masse volumique uniforme) on a :
Z Z
~v · ~n dS = 0 (2.54)
S(t)

qui traduit la conservation du débit volumique à travers S.


La seconde égalité (2.52) devant être vérifiée pour tout domaine D(t), le lemme 2 introduit dans le

43
chapitre consacré à la statique permet de montrer que la conservation de la masse peut se mettre
sous la forme suivante :
∂ρ
+ div {ρ ~v } = 0 (2.55)
∂t
que l’on appelle forme locale ou encore équation de continuité. L’expression de cette loi de bilan
locale peut être modifiée. En effet, on peut montrer que :
−−→
div {ρ ~v } = ρ div(~v ) + ~v · grad ρ (2.56)

et donc que :
∂ρ −−→
+ ~v · grad ρ + ρ div(~v ) = 0 (2.57)
∂t
soit, en introduisant la dérivée particulaire d’une fonction :

+ ρ div(~v ) = 0 (2.58)
dt
Cas particuliers :

• Ecoulement stationnaire : la conservation de la masse se réduit à :

div {ρ ~v } = 0 (2.59)

• Fluide incompressible (ρ = constante) : la conservation de la masse se réduit à :

div {~v } = 0 (2.60)

D’une manière plus générale, on appelle écoulements incompressibles les écoulement


dont la vitesse vérifie la propriété (2.60). Attention, un fluide incompressible est toujours en
écoulement incompressible, mais la réciproque est fausse : il existe des écoulements incom-
pressibles de fluides compressibles.
Remarque : Incompressibilité et interprétation physique de la divergence de la vitesse.
Considérons une particule fluide de volume δV dont la masse δm = ρ δV se conserve. En utilisant
la loi locale de conservation de la masse (2.58), on peut montrer simplement que :

1 d
div(~v ) = (δV) (2.61)
δV dt
La quantité div(~v ) peut donc s’interpréter comme un taux de variation local (c’est-à-dire au point
considéré) du volume de la particule fluide. Ceci permet de justifier la définition de l’écoulement
incompressible (2.17) donnée plus haut et rappelée ci-dessus.

Une autre manière de voir ceci est de raisonner avec les relations globales. En effet, notons V(t) le
volume du domaine fluide D(t) que l’on suit dans son mouvement. Par définition :
Z Z Z
V(t) = dV (2.62)
D(t)

Utilisons maintenant la formule de dérivation d’une intégrale de volume :


d d
Z Z Z Z Z
V(t) = dV = ~v · ~n dS (2.63)
dt dt D(t) S(t)

44
Avec la formule de la divergence :
d
Z Z Z
V(t) = div ~v dV (2.64)
dt D(t)

Si div ~v = 0 alors V est constant au cours du temps. Ceci justifie l’introduction de la notion
d’écoulement incompressible (ou encore isovolume ) qui est une définition cinématique de l’incom-
pressibilité. Cette notion est d’une nature différente de celle de fluide incompressible (i.e. ρ constant)
qui est, en fait, une hypothèse sur la nature intrinsèque du fluide en dehors de toute considération
sur les conditions d’écoulement. La relation ρ = cste est une loi d’état au même titre que la loi de
Mariotte des gaz parfait ou de la loi de Van der Waals.

2.4 Ecoulements particuliers


2.4.1 Ecoulements plans stationnaires et irrotationnels
Généralités sur les écoulements irrotationnels
D’une maniére concrète, vous démontrerez dans la suite de votre cursus universitaire que le mou-
vement d’une particule milieu continu fluide apparaı̂t comme la superposition :
• d’une translation,
1 ~
• d’une rotation caractérisée par le vecteur tourbillon : ~ω = rot(~v ),
2
~~
• d’une déformation caractérisée par un tenseur (le tenseur des taux de déformation D).
Par conséquent, un écoulement irrotationnel est un écoulement pour lequel les particules milieu
continu ne sont pas en rotation : leur mouvement n’est donc que le fruit d’une translation et d’une
déformation. Il est donc important de noter qu’un écoulement irrotationnel n’est pas un
écoulement “qui ne tourne pas”. Ceci peut-être vu, de manière assez simple, sur deux exemples.
On commence par introduire les coordonnées cylindriques (voir figure 2.12) et on se donne les deux
~ey

~eθ
~er
~ez
y
M
r

θ
O x ~ex

Figure 2.12 – Coordonnées cylindriques

β
champs de vitesse suivants : ~v1 = α r ~eθ et ~v2 = ~eθ où α et β sont des constantes non nulles.
r
Ces deux champs de vitesse caractérisent des écoulements stationnaires. Pour chaque écoulement
ainsi défini, les lignes de courant sont, de manière évidente compte-tenu de leur définition donnée
précédément, des cercles concentriques centrés à l’origine du repère. Si, de plus, on note :

~v = vr (r, θ, z)~er + vθ (r, θ, z)~eθ + vz (r, θ, z)~ez (2.65)

45
alors le rotationnel en coordonnées cylindrique est donné par :
     
~ v ) = 1 ∂vz − ∂vθ ~er + ∂vr − ∂vz ~eθ + 1 ∂ (rvθ ) − 1 ∂vr ~ez
rot(~ (2.66)
r ∂θ ∂z ∂z ∂r r ∂r r ∂θ

~ v1 ) = 2 α ~ez 6= ~0 et rot(~
On obtient alors : rot(~ ~ v2 ) = ~0.

Propriétés
Compte-tenu des définitions introduites dans ce qui précède, le champ de vitesse d’un écoulement
plan et stationnaire est, en coordonnées cartésiennes, de la forme :

~v = u(x, y) ~ex + v(x, y) ~ey (2.67)

~ v ) = ~0. On peut alors


L’écoulement étant irrotationnel, cela signifie qu’il vérifie la propriété : rot(~
2
toujours définir une fonction ϕ, de classe C , appelée potentiel des vitesse , telle que :
−−→
~v = grad ϕ (2.68)
−→ −−→
puisque rot (grad) = ~0. En effet, soit f une fonction de deux variables de classe C 2 . On a :

−−→ ∂f ∂f
grad(f ) = ~ex + ~ey (2.69)
∂x ∂y
Et donc, dans le cas bidimensionnel :
 
−→ −−→ ∂ ∂f ∂ ∂f
rot (grad) = − ~ez = ~0 (2.70)
∂y ∂x ∂x ∂y

L’écoulement est alors dit écoulement potentiel . La relation vectorielle (2.68) peut se traduire sous
la forme de deux relations scalaires :
∂ϕ
u(x, y) = (x, y) (2.71)
∂x
∂ϕ
v(x, y) = (x, y) (2.72)
∂y

Propriétés
Il est intéressant de mentionner les deux propriétés suivantes :
• On peut montrer que :
s2 X2 X2 X2
∂ϕ ∂ϕ
Z Z Z Z
Γ= ~ =
~v · ds (udx + vdy) = ( dx + dy) = dϕ = ϕ (X2 ) − ϕ (X1 )
s1 X1 X1 ∂x ∂y X1
(2.73)
avec d~s = dx~ex + dy~ey + dz~ez
• Si on suppose en plus que l’écoulement est incompressible (div(~v ) = 0) on peut alors montrer
que ϕ est une fonction harmonique i.e. ∆ϕ = 0 (à faire en exercice).

46
Lignes équipotentielles
Les courbes équipotentielles sont les courbes ϕ = β où β est une constante. Ces courbes ont la
particularité d’être, en tout point, orthogonales aux lignes de courant. En effet :

~ = ∂ϕ dx + ∂ϕ dy = dϕ
~v · dl (2.74)
∂x ∂y
Or, le long d’une équipotentielle, par définition, ϕ est constante et donc dϕ = 0. Le long d’une telle
~ = 0. Les équipotentielles sont donc orthogonales à la vitesse en tout point
ligne, on a donc : ~v · dl
et donc, par voie de conséquence, aux lignes de courant.

Formule de Green-Riemann
Dans le plan, en supposant u et v continûment différentiables et en considérant un domaine plan
D de contour C, C 1 par morceaux, on a la relation suivante :
Z Z  
∂v ∂u
Z Z
− dxdy = [u dx + v dy] = ~v · ~τ dl (2.75)
D ∂x ∂y C C

2.4.2 Ecoulements plans stationnaires et incompressibles


Compte-tenu des définitions introduites dans ce qui précède, le champ de vitesse de l’écoulement
est de la forme :
~v = u(x, y) ~ex + v(x, y) ~ey (2.76)
Il vérifie, en outre, la propriété :
∂u ∂v
div(~v ) = 0 ⇐⇒ + =0 (2.77)
∂x ∂y
Cette équation exprime que udy − vdx est une différentielle totale exacte et que, par suite, il existe
une fonction ψ, appelée fonction de courant telle que :

dψ = udy − vdx (2.78)

On peut donc écrire :


∂ψ
u(x, y) = (x, y) (2.79)
∂y
∂ψ
v(x, y) = − (x, y) (2.80)
∂x
On peut présenter ce résultat d’une manière un peu différente, en utilisant la propriété suivante :
−→ ~ un vecteur dont les composantes Ax , Ay et Az sont des fonctions de
div (rot) = 0. En effet, Soit A
2
classe C , on a :
     
−→ ~ ∂Ay ∂Ax ∂Az ∂Ay ∂Ax ∂Az
rot(A) = − ~ez + − ~ex + − ~ey (2.81)
∂x ∂y ∂y ∂z ∂z ∂x
et donc : −→
~
 ∂ 2 Az ∂ 2 Ay ∂ 2 Ax ∂ 2 Az ∂ 2 Ay ∂ 2 Ax
div rot(A) = − + − + − =0 (2.82)
∂y∂x ∂z∂x ∂y∂z ∂x∂y ∂x∂z ∂z∂y
Dans le cas qui nous intéresse, parmis tous les choix possibles, le choix A ~ = ψ(x, y) ~ez convient et
on a alors :
−→ ~ ∂ψ ∂ψ
~v = u ~ex + v~ey = rot(A) = ~ex − ~ey (2.83)
∂y ∂x

47
On déduit alors par identification les relations (2.79) et (2.80).

Remarque : Nous venons de voir que pour un écoulement plan, stationnaire et incompressible,
il existe une fonction de courant ψ. Il est parfois possible de définir une telle fonction pour un
écoulement qui ne vérifie pas ces trois propriétés. Cela peut être le cas, en particulier, pour un
écoulement instationnaire.

Propriété 1 : les lignes de courant sont données par les courbes ψ = constante. En effet, par
définition, les lignes de courant ont pour équations :
dx dy
= (2.84)
u v
C’est-à-dire :
u dy − v dx = 0 ⇐⇒ dψ = 0 ⇐⇒ ψ = cste (2.85)
Propriété 2 : le débit volmique à travers la surface Σ engendrée par un mouvement de translation
parallèle à ~ez et d’amplitude unité, d’un arc orienté de A vers B, est donné par :

qm = ψ(B) − ψ(A) (2.86)


B

Σ ~n

Figure 2.13 – Flux à travers une surface

Considérons la figure (2.13) où ~τ et ~n sont, respectivement, les vecteurs unitaires tangents et
normaux à l’arc. On a donc :
dy dx
~n = ~ex − ~ey (2.87)
dl dl
et donc :
Z Z Z B Z B Z B
qm = ~v · ~n dS = 1 × ~v · ~n dl = (udy − vdx) = dψ = ψ(B) − ψ(A) (2.88)
Σ A A A

Propriété 3 : Si on suppose, en outre, que l’écoulement est irrotationnel, on peut montrer très
simplement que ψ est une fonction harmonique : ∆ ψ = 0.

Propriété 4 : Comme nous l’avons déjà vu, les lignes de courant est les lignes équipotentielles
sont orthogonales. En utilisant la fonction de courant, on peut introduire une autre manière pour
−−→
démontrer ce résultat. Les lignes équipotentielles sont les courbes ϕ = cste, le vecteur gradϕ est
−−→
donc orthogonal à la ligne équipotentielle. De la même manière gradψ est orthogonal aux lignes de
courant. D’autre part :
   
−−→ −−→ ∂ϕ ∂ϕ ∂ψ ∂ψ ∂ϕ ∂ψ ∂ϕ ∂ψ
gradϕ · gradψ = ~ex + ~ey · ~ex + ~ey = + = −u v + v u = 0 (2.89)
∂x ∂y ∂x ∂y ∂x ∂x ∂y ∂y

d’où le résultat annoncé.

48
2.5 Exemples d’écoulements
2.5.1 Ecoulement rectiligne uniforme
On se place en coordonnées cartésiennes et on étudie le mouvement d’un fluide dans le repère R
introduit au début du chapitre. On note :
~v (x, y, z) = u(x, y, z) ~ex + v(x, y, z) ~ey + w(x, y, z) ~ez (2.90)
On considère un écoulement dont la vitesse est uniforme et parallèle à l’axe (O, ~ex ). On a donc un
champ de vitesse de la forme :
u(x, y, z) = U (2.91)
v(x, y, z) = 0 (2.92)
w(x, y, z) = 0 (2.93)
où U est une constante. La description précédente est la description d’Euler du mouvement du
fluide. On peut en déduire de manière immédiate que l’écoulement est plan et stationnaire. En
utilisant les formules données dans les paragraphes précédents, on démontre que la divergence et le
rotationnel de la vitesse sont nuls. L’écoulement est donc incompressible et irrotationnel. Concer-
nant les lignes de courant, nous avons vu que ce sont les courbes tangentes à la vitesse en tout
point ; par conséquent, compte-tenu de la forme du champ de vitesse, ce sont des droites parallè les
à l’axe (O, ~ex ).

Nous venons de voir que l’écoulement est plan, stationnaire et incompressible. Il existe donc une
fonction de courant ψ telle que :
∂ψ ∂ψ
u = et v = − (2.94)
∂y ∂x
La fonction de courant est donc définie, dans le cas présent, par le système différentiel suivant :
∂ψ
= U (2.95)
∂y
∂ψ
= 0 (2.96)
∂x
De la première égalité on déduit que la fonction de courant est de la forme : ψ(x, y) = U y + f (x).
En reportant ceci dans la seconde égalité on obtient : f ′ (x) = 0 puis, par suite, f (x) = α où α
est une constante. Par conséquent ψ(x, y) = U y + α et la fonction de courant est définie à une
constante près. Les lignes de courant sont données par les courbes ψ = cste. On retrouve bien des
droites parallèles à (O, ~ex ).

L’écoulement est plan, stationnaire et irrotationnel ; il est donc potentiel : il existe une fonction ϕ
−−→
appelée potentiel des vitesses telle que : ~v = gradϕ. On a donc :
∂ϕ
= U (2.97)
∂x
∂ϕ
= 0 (2.98)
∂y
Ce système différentiel se résout du manière analogue au précédent et on obtient alors : ϕ(x, y) =
U x+β où β est une constante. Les courbes équipotentielles sont données par ϕ = cste et on obtient
ainsi des droites parallèles à l’axe (O, ~ey ). Ces équipotentielles sont bien orthogonales aux lignes de
courant.

49
2.5.2 Source et puits
On se place cette fois-ci dans le système de coordonnées cylindriques introduit dans le paragraphe
précédent (cf figure 2.12). Une source ou un puits sont décrits, en représentation eulérienne, par :

K Uo
vr = (2.99)
r
vθ = 0 (2.100)
vz = 0 (2.101)

avec r ≥ 0 et θ ∈ [0, 2π] et où K est une constante dont le signe permet de définir si l’écoulement
est une source (centrifuge) ou un puits (centripète). Comme dans le cas précédent, on dire de façon
immédiate que cet écoulement est plan et stationnaire. On vérifie ensuite l’incompressibilité. En
coordonnées cylindriques, la divergence de la vitesse est donnée par :

1 ∂(r vr ) 1 ∂vθ ∂vz


div(~v ) = + + =0 (2.102)
r ∂r r ∂θ ∂z
compte-tenu des valeurs des composantes de la vitesse. L’écoulement est donc incompressible. On
calcule ensuite le rotationnel de la vitesse :
     
−→ 1 ∂vz ∂vθ ∂vz ∂vr 1 ∂(r vθ ) 1 ∂vr
rot ~v = − ~er + − ~eθ + − ~ez = ~0 (2.103)
r ∂θ ∂z ∂r ∂z r ∂r r ∂θ

L’écoulement est donc irrotationnel. Avec les propriétés précédentes, il existe une fonction de cou-
rant ψ définie par :
1 ∂ψ
= vr = K Uo (2.104)
r ∂θ
∂ψ
− = vθ = 0 (2.105)
∂r
De la seconde équation, on déduit naturellement que la fonction de courant ne dépend que de θ et
la première équation donne alors :
ψ(θ) = K Uo θ + α (2.106)
où α est une constante. Les lignes de courant sont les courbes ψ = cste et sont donc les courbes
θ=cste. Il s’agit donc de rayons, i.e. de droites se coupant à l’origine. Si K est positif les lignes de
courant sont parcourues en s’écartant de l’origine et l’écoulement est donc une source. Inversement,
si K est strictement négatif, l’écoulement est un puit.
−−→
Il existe également une fonction potentiel des vitesses, définie par grad ϕ = ~v , c’est-à-dire :
∂ϕ K Uo
= vr = (2.107)
∂r r
1 ∂ϕ
= vθ = 0 (2.108)
r ∂θ
La fonction ϕ apparaı̂t alors comme une fonction de r seul et ainsi : ϕ(r) = K Uo ln(r) + β où β
est une constante. Les lignes équipotentielles sont donc données par ϕ=cste et se réduisent donc
à r=cste. Ce sont des cercles concentriques centrés à l’origine. Dans le cas d’une source, lignes de
courant et courbes équipotentielles sont représentées dans la figure 2.14.

50
Lignes de courant

Lignes équipotentielles

Figure 2.14 – Source (K > 0)

On peut calculer, enfin, le débit à travers un cylindre dont la base est un cercle de rayon R centré
à l’origine et dont la hauteur est H :
Z Z Z 2π Z H
qv = ~v · ~ndS = ~v · ~er R dθ dz = 2 π K Uo H (2.109)
Cylindre 0 0

qv
De ceci, on déduit l’expression suivante de la vitesse : ~v = ~er.
2π r

2.5.3 Doublet
Considérons l’ensemble d’une source de débit qv et d’un puits de débit opposé situés en des points
symétriques sur l’axe (O, ~ex ) de part et d’autre de l’axe (O, ~ey ). Lorsque l’on fait tendre la distance
entre ces deux “singularités” vers 0, on obtient un doublet décrit par :

U R2
vr = cos(θ) (2.110)
r2
U R2
vθ = sin(θ) (2.111)
r2
vz = 0 (2.112)

et sur lequel on peut faire une étude analogue à la précédente. Cette étude conduit aux lignes de
courant représentées sur la figure 2.15. Leur orientation se fait, simplement, en examinant le vecteur
vitesse en des points particuliers ; on constate, par exemple, que la composante orthoradiale de la
vitesse est positive pour θ = π/2 si U est positive : vθ (r, π/2) = U R2 /r 2 > 0 si U > 0.

2.5.4 Vortex
Un vortex de circualtion Γ est décrit par :

vr = 0 (2.113)
Γ
vθ = (2.114)
2π r
vz = 0 (2.115)

51
~ey

~ex

Figure 2.15 – Lignes de courants d’un doublet (U > 0)

La encore, il est possible de faire une une étude analogue aux précédentes. De manière évidente,
les lignes de courant pour un tel écoulement sont des cercles concentriques centrés à l’origine.

Remarque : De nombreux écoulement peuvent être construits en superposants les écoulements


“élémentaires” précédents.

2.6 Notion de potentiel complexe


2.6.1 Définitions et propriétés
On considére un écoulement plan (dans le plan (O; ~ex , ~ey ) ), stationnaire, incompressible et ir-
rotationnel. On a vu dans les paragraphes précédents, que sous ces hypothèses, il est possible
d’introduire une fonction de courant ψ(x, y) et un potentiel des vitesses ϕ(x, y). On se place main-
tenant dans le plan complexe C et on note z la variable complexe. Nous avons donc les définitions
usuelles suivantes :
z = x + iy (2.116)
avec i2 = −1. On note z̄ le complexe conjugué de z :

z̄ = x − iy (2.117)

Remarque : on peut aussi utiliser les coordonnées polaires dans


p le plan réel pour exprimer z. On
a naturellement x = r cos θ, y = r sin θ et ainsi : r =| z |= x2 + y 2 et θ = arg(z) = arctan( xy ).
Dans ces conditions, on peut écrire que :

z = r cos θ + i r sin θ = r ei θ (2.118)

et, de manière évidente :


z̄ = r cos θ − i r sin θ = r e−i θ (2.119)
Définition d’un potentiel complexe : on pose, par définition :

f (x, y) = ϕ(x, y) + iψ(x, y) (2.120)

52
y

r
θ
x

Figure 2.16 – Coordonnées polaires

La fonction f est appelée potentiel complexe de l’écoulement. Une propriété importante de cette
fonction est que l’on peut écrire que f (x, y) = f (z). En effet, en utilisant les définitions (2.116) et
(2.117), on peut écrire :
1
x = (z + z̄) (2.121)
2
1 i
y = (z − z̄) = (z̄ − z) (2.122)
2i 2
On fait alors, dans f , le changement de variables (x, y) → (z, z̄). Ceci nous permet d’écrire f
comme une fonction des variables z et z̄ : f (z, z̄). Compte-tenu de ce changement de variables, la
différentielle de f peut s’écrire de deux manières différentes suivant que l’on considère f comme
une fonction de x et de y ou de z et z̄ :
∂f ∂f
df = dx + dy (2.123)
∂x ∂y
∂f ∂f
df = dz + dz̄ (2.124)
∂z ∂ z̄
(2.125)
Afin de pouvoir comparer ces deux expressions nous reportons les relations (2.121) et (2.122) dans
(2.123). On peut alors écrire :
1 ∂f i ∂f
df = (dz + dz̄) + (dz̄ − dz) (2.126)
2 ∂x 2 ∂y
   
1 ∂f ∂f 1 ∂f ∂f
= −i dz + +i dz̄ (2.127)
2 ∂x ∂y 2 ∂x ∂y
Une comparaison entre (2.127) et (2.124) conduit immédiatement à :
 
∂f 1 ∂f ∂f
= −i (2.128)
∂z 2 ∂x ∂y
 
∂f 1 ∂f ∂f
= +i (2.129)
∂ z̄ 2 ∂x ∂y
Grâce à la définition de f on peut alors écrire :
       
∂f 1 ∂ϕ ∂ψ i ∂ϕ ∂ψ 1 ∂ϕ ∂ψ i ∂ψ ∂ϕ
= +i − +i = + + − (2.130)
∂z 2 ∂x ∂x 2 ∂y ∂y 2 ∂x ∂y 2 ∂x ∂y
       
∂f 1 ∂ϕ ∂ψ i ∂ϕ ∂ψ 1 ∂ϕ ∂ψ i ∂ψ ∂ϕ
= +i + +i = − + + (2.131)
∂ z̄ 2 ∂x ∂x 2 ∂y ∂y 2 ∂x ∂y 2 ∂x ∂y

53
Enfin, en utilisant les relations (2.71), (2.72), (2.79) et (2.80), on en déduit que :
∂f 1 i
= (u + u) + (−v − v) = u − i v (2.132)
∂z 2 2
∂f 1 i
= (u − u) + (−v + v) = 0 (2.133)
∂ z̄ 2 2
Remarque : on peut écrire que f est une fonction de z uniquement si :
∂ϕ ∂ψ ∂ψ ∂ϕ
= et =− (2.134)
∂x ∂y ∂x ∂y
Il s’agit de la condition de Cauchy-Riemann pour qu’une fonction f = ϕ + iψ soit analytique. On
peut donc déduire de ceci que toute fonction complexe analytique f décrit un écoulement plan
tel que la partie réelle de f (Re(f )) soit le potentiel de l’écoulement et la partie imaginaire de f
(Im(f )) soit la fonction de courant de l’écoulement.

Définition de la vitesse complexe : on introduit la vitesse complexe w en posant :


df
w= = u − iv (2.135)
dz
Il est important de noter que, dans l’expression précédente, ce sont les composantes cartésiennes
de la vitesses (c’est-à-dire ses projections dans la base (~ex , ~ey ) ) qui interviennent, même si celles-ci
peuvent être parfois exprimées en coordonnées polaires.

2.6.2 Exemple de potentiel complexe


On considère la fonction complexe f (z) suivante :
−k
f (z) = (2.136)
2π z
où k est une constante réelle positive. On peut, à partir de cette fonction et comme nous l’avons
vu dans le paragraphe précédent, déterminer la fonction de courant ψ et le potentiel des vitesses ϕ
en séparant les parties réelle et imaginaire de f . Pour cela, on pose z = r eiθ . On a ainsi :
f (z) = f (r, θ) = ϕ(r, θ) + i ψ(r, θ)
−k −k −iθ −k
= iθ
= e = (cos θ − i sin θ) (2.137)
2π re 2π r 2π r
Par identification, on obtient alors :
−k
ϕ(r, θ) = cos θ (2.138)
2π r
k
ψ(r, θ) = sin θ (2.139)
2π r
On peut aussi déduire les composantes de la vitesse de trois façons différentes :
−−→
✄ en utilisant le potentiel des vitesses ϕ : ~v = gradϕ. Ceci revient à écrire, en projettant :
∂ϕ k
vr = = cos θ (2.140)
∂r 2 π r2
1 ∂ϕ k
vθ = = sin θ (2.141)
r ∂θ 2 π r2
k
et donc ~v = (cos θ ~er + sin θ ~eθ ). On reconnaı̂t le champ de vitesse d’un doublet donné
2 π r2
dans le paragraphe précédent (équations (2.110) à (2.112) avec k = 2 π U R2 ).

54
✄ en utilisant la fonction de courant ψ. Le résultat obtenu est, naturellement, identique au
précédent.

✄ en utilisant la vitesse complexe. On a alors :


df k
w = u − iv = = (2.142)
dz 2 π z2
On sépare alors la partie réelle et la partie imaginaire de w en posant z = r ei θ (ou z = x+iy,
au choix). On a alors :
   
k −2 i θ k k
w= e = cos(2 θ) − i sin(2 θ) (2.143)
2 π r2 2 π r2 2 π r2

On obtient alors la projection suivante de la vitesse dans la base cartésienne :


k
~v = [cos(2 θ) ~ex + sin(2 θ) ~ey ] (2.144)
2 π r2

On peut maintenant tracer les lignes de courant. Pour cela, on commence par exprimer la fonction
de courant et le potentiel des vitesses en fonction de x et de y. On peut naturellement procéder par
simple changement de variables dans les expressions précédentes ... mais on peut aussi directement
procéder à partir du potentiel complexe f (z) en posant z = x + iy et en séparant partie réelle et
partie imaginaire :

−k −k z̄ −k(x − iy) −k(x − iy)


f (z) = = = = (2.145)
2π z 2 π z z̄ 2 π (x + iy)(x − iy) 2 π (x2 + y 2 )

On obtient ainsi :
   
−k x ky
f (z) = + i = ϕ(x, y) + i ψ(x, y) (2.146)
2 π (x2 + y 2 ) 2 π (x2 + y 2 )

Les lignes de courant sont les courbes “ψ = constante” et ont donc pour équation :
ky
=α (2.147)
2 π (x2 + y 2 )

où α est une constante. Après quelques manipulations, cette équation s’écrit :

x2 + (y − R)2 = R2 (2.148)

k
où l’on a posé R = . Les lignes de courant sont donc des cercles de rayon |R| centrés en x = 0
4πα
et y = R. La fonction f (z) donnée représente donc un doublet (cf. figure 2.15)

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