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EXERCICE 1 : TENUE D’UNE GOUTTIÈRE

Exercice 1 : Tenue d’une gouttière


Un massif constitué d’un matériau élastique occupe la région Ω : (x1 ≥ 0, −h ≤ x3 ≤ h) de l’espace et est entaillé d’une
gouttière semi-cylindrique de frontière ∂ΩG , dont la section droite dans le plan (x3 = 0) est le demi-cercle BCD de centre
O et de rayon R (Figure). L’intérieur de la gouttière est remplie par un fluide parfait pesant. On suppose que le massif est
en équilibre et que le tenseur des contraintes est donné en chacun de ses points dans le repère des coordonnées cylindriques
(0, er , eθ , e3 ) par :
cos θ
σrr (r, θ, z) = K , σzz (r, θ, z) = νσrr ,
r
p
les autres composantes étant nulles et où r = x21 + x22 , K et ν étant des constantes données, avec K < 0 et 0 < ν < 0.5.

1. Montrer que le tenseur des contraintes est donné dans la base des coordonnées cartésiennes par :

x31 x1 x2 x2 x2 x1
σ =K 4
e1 ⊗ e1 + K 4 2 e2 ⊗ e2 + K 1 4 (e1 ⊗ e2 + e2 ⊗ e1 ) + Kν 2 e3 ⊗ e3 .
r r r r

Pour effectuer simplement le changement de base sur le tenseur des contraintes, il est intéressant d’exploiter l’écriture avec
le produit tensoriel de deux vecteurs :
σ (r, θ, z) = σrr er ⊗ er + σzz ez ⊗ ez .

Compte tenu des expressions suivantes des vecteurs de base er et ez du système de coordonnées cylindriques en fonction des
vecteurs de base du système de coordonnées cartésiennes

er = cos θe1 + sin θe2 , ez = e3

le tenseur des contraintes peut être alors mis sous la forme

σ = σrr cos2 θ e1 ⊗ e1 + σrr cos θ sin θ(e1 ⊗ e2 + e2 ⊗ e1 ) + σrr sin2 θ e2 ⊗ e2 + σrr e3 ⊗ e3

ce qui conduit à l’expression suivante du tenseur des contraintes dans la base cartésiennne

x31 x2 x2
 
K K 14 0
 r4 r 
x21 x2 x1 x22
 
σ =
K 4 K 4 0 

 r r x1 
0 0 νK 2
r (e1 ,e2 ,e3 )

soit encore
x31 x21 x2
 
K (x21 + x22 )2 K
(x1 + x22 )2
2 0 
2
x1 x2
 
σ (x1 , x2 , x3 ) = K x1 x2 K 2 22 2
 
 (x2 + x2 )2 0 
1 2 (x1 + x2 ) 
 x1 
0 0 νK 2
x1 + x22 (e1 ,e2 ,e3 )

2. Quelle est la densité d’efforts volumiques dans le massif ?

La pièce étant supposée à l’équilibre, on a en tout point de la pièce

div σ + ρf = 0,

ρ désignant la masse volumique au point x.


Soit encore en notation indicielle, pour tout i = 1, 2, 3 et en tout point de la pièce

σij,j + ρfi = 0

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EXERCICE 1 : TENUE D’UNE GOUTTIÈRE

avec sommation sur l’indice j répété. On a donc, comme σi3 = 0 pour i = 1, 2,

ρf1 = −σ11,1 − σ12,2


3x21 (x41 + x42 + 2x21 x22 ) − (4x31 + 4x1 x22 )x31 x21 (x41 + x42 + 2x21 x22 ) − x21 x2 (4x32 + 4x21 x2 )
= −K 4 4 2 2 − K
(x1 + x2 + 2x1 x2 )2 (x41 + x42 + 2x21 x22 )2
3x6 + 3x21 x42 + 6x41 x22 − 4x61 − 4x22 x41 + x61 + x21 x42 + 2x41 x22 − 4x21 x42 − 4x41 x22
= −K 1
(x41 + x42 + 2x21 x22 )2
= 0,

ρf2 = −σ21,1 − σ22,2


2x1 x2 (x21 + x22 )2 − x21 x2 (4x31 + 4x1 x22 ) 2x1 x2 (x21 + x22 )2 − x1 x22 (4x2 x21 + 4x32 )
= −K 2 2 −K
(x1 + x2 ) 4 (x21 + x22 )4
K
2x1 x2 (x21 + x22 )2 − x21 x2 (4x31 + 4x1 x22 ) + 2x1 x2 (x21 + x22 )2 − x1 x22 (4x2 x21 + 4x32 )
 
=− 2 2 4
(x1 + x2 )
=0

et
ρf3 = −σ33,3 = 0.
De sorte que les efforts volumiques sont ici négligés.

3. Quels sont les efforts extérieurs surfaciques agissant sur le contour cylindrique ABCDE et sur les faces
x3 = ±h ?

Les surfaces x3 = −h et x3 = h ont pour normales extérieures unitaires espectivement −e3 et e3 .


Les densités surfaciques d’efforts exercées par l’extérieur sur ces surfaces sont données par le vecteur contrainte et ont donc
pour expressions
F −h = σ (−e3 ) = −νK x1 e3 ,

r2 (1)
F = σ e = νK x1 e .
h 3 3
r2
Il s’agit donc d’effort normaux à ces surfaces (le vecteur contrainte tangentiel est nul).
Les surfaces définies par x1 = 0, |x2 | > R et |x3 | < h ont pour normale unitaire extérieure n = −e1 , d’où
x31
 
 −K r4 
 
0
2
F = σ (−e1 ) = 
 x x
1 2  = 0 .
  
(2)
−K 4 
r 0
0
car les points de ces surfaces vérifient x1 = 0. Ces surfaces sont donc libres d’efforts.
Enfin, la surface de la gouttière BCD a pour normale unitaire extérieure (sortante du domaine) n = −er , d’où
cos θ
F g = σ (−er ) = −K e . (3)
R r
Cette surface est donc soumise à un effort normal (porté par er ) et constant.
cos θ
Il s’agit d’un effort de pression : F g = −p n avec p = K qui est négatif car K est négatif, R > 0 et comme θ ∈]−π/2, π/2[
R
cos θ > 0.

4. Interpréter physiquement la constante K.

Les efforts exercés sur la partie BCD de la gouttière sont, d’après la question précédente, des efforts de pression.
De tels efforts peuvent être induits par la preśence d’un fluide pesant au repos à l’intérieur de la gouttière jusqu’à la surface
x1 = 0.
Le tenseur des contraintes dans le fluide est sphérique et a pour expression σ = −pf I , où pf est la pression dans le fluide.
En écrivant l’équation d’équilibre local (au repos) dans le fluide pesant, on obtient :

div σ + ρf g e1 = 0,

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EXERCICE 1 : TENUE D’UNE GOUTTIÈRE

où ρf est la masse volumique du fluide supposé homogène.


Après projection sur les trois axes (e1 , e2 , e3 ) , on montre que la pression pf dépend uniquement de la variable x1 , soit pf (x1 )
et vaut pf (x1 ) = ρf g x1 + C, où C est une constante d’intégration. Si l’on exprime que cette pression est nulle en x1 = 0
(surface libre, pression atmosphérique négligée), on obtient pf (x1 ) = ρf g x1 .
La densité surfacique d’effort F g/l exercée par la gouttière sur le fluide a alors pour expression

F g/l = σ n = −pf n

avec n la normale extérieure unitaire au fluide, soit n = er . De sorte que


x x2 
1
F g/l = −ρf g x1 e = −ρf g x1 er .
e1 +
R R 2
La densité surfacique d’effort exercée par le fluide sur la gouttière F l/g a alors pour expression

F l/g = −F g/l = ρf g R cos θer

En rapprochant cette expression de celle notée précédemment F g (densité surfacique d’effort exercée sur la gouttière), on en
déduit
cos θ
F g = F l/g = −K e = ρf g R cos θ er ,
R r
d’où
K = −ρf g R2 .

On retrouve bien une grandeur négative pour la constante K et on peut vérifier l’homogénéité du résultat : [K] = N/m.

5. Calculer les éléments de réduction en O des torseurs des efforts extérieurs agissant respectivement sur la
frontière ∂ΩG de la gouttière et sur les régions des faces x3 = ±h définies par R < r < αR , avec α > 1.

La résultante des efforts exercés sur la surface BCD de la gouttière, on a


ZZ Z π/2 Z h
cos θ
R= F g dS = −K e R dθ dx3 .
S −π/2 −h R r

Le vecteur er étant défini par la relation


er = cos θe1 + sin θe2 ,

on obtient Z π/2 Z π/2


R = −2Kh cos2 θe1 dθ − 2Kh cos θ sin θe2 dθ = −K h π e1 .
−π/2 −π/2

Le moment au point O des efforts exercés sur la surface BCD de la gouttière est donné par la relation
ZZ
M (O) = OM ∧ F g dS,
S

le point M étant un point quelconque sur la surface de la gouttière défini par les coordonnées cylindriques (R, θ, z).
On a donc Z π/2 Z h   Z π/2 Z h
cos θ
M (O) = (Rer + zez ) ∧ −K e R dθ dz = K cos θ eθ z dθ dz = 0.
−π/2 −h R r −π/2 −h

L’effort exercé sur la surface BCD est donc un glisseur d’axe e1 et d’intensité −K h π .

Les résultantes des efforts exercés sur les surfaces en x3 = ±h délimitées par R < r < αR , avec α > 1 ont pour expressions
 Z π/2 Z αR Z π/2 Z αR
 x1
R−h =
 −νK 2 ez r dr dθ = −νKez cos θ dr dθ = −2νKR(α − 1)e3 ,

−π/2 R r −π/2 R
Z π/2 Z αR
 x1
R h =

 νK 2 ez r dr dθ = 2νKR(α − 1)ez .
−π/2 R r

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EXERCICE 1 : TENUE D’UNE GOUTTIÈRE

Le moment en O de la densité surfacique F −h en O a pour expression


Z π/2 Z αR Z π/2 Z αR
 x1 
M−h (O) = (rer − he3 ) ∧ −νK 2 e3 r dr dθ = νK eθ cos θr dr dθ. (4)
−π/2 R r −π/2 R

Le vecteur eθ étant donné par la relation


eθ = − sin θe1 + cos θe2 , (5)
on obtient
Z π/2 Z π/2
1 1 1
M−h (O) = − νKR2 (α2 − 1) sin θe1 cos θ dθ + νKR2 (α2 − 1) e2 cos2 θ dθ = πνKR2 (α2 − 1)e2 (6)
2 −π/2 2 −π/2 4
1
et Mh (O) = − πνKR2 (α2 − 1)e2 .
4

6. Tracer les cercles de Mohr en un point du massif. En quels points la contrainte tangentielle atteint-elle
son maximum et quelles sont les directions normales correspondantes ?
Dans le repère de coordonnées cylindriques, le tenseur des contraintes est déjà diagonal. Les contraintes principales et les
directions associées sont donc données directement par les relations suivantes (en les classant selon les notations du cours
σI < σII < σIII compte tenu de K < 0 et 0 < ν < 1/2.)
cos θ
 
σ =K ,
 I eI = er ,

 
 r 
cos θ et eII = ez ,
σII = νK ,

 r 



σIII = 0,
 eIII = eθ .

La représentation de Mohr est présenté à la figure ci-contre dans


le plan (σN , ||σT ||) (attention lire sur la figure σN et non ||σN || ).
La contrainte tangentielle maximale a pour expression en un point
quelconque de la pièce
1 cos θ
||σT || = (σIII − σI ) = −K .
2 2r
La contrainte tangentielle est maximale aux points correspondants à
θ = 0 et en r = R (r minimal), d’où

K
||σT ||max = − .
2R

Il s’agit donc des points situés sur la ligne de fond de la gouttière


passant par le point C et pour tout −h < z < h.

Les directions n normales aux plans de cisaillement maximaux correspondent aux bissectrices des vecteurs propres associés
aux valeurs propres extrêmes (eI et eIII ), soit donc
√ √ √ √
2 2 2 2
n= ( eI + eIII ) = ( er + eθ ) et n = ( eI − eIII ) = ( er − eθ )
2 2 2 2

De sorte qu’aux points θ = 0 et r = R correspondants au cisaillement maximal, ces directions n deviennent


√ √
2 2
n= ( e1 + e2 ) et n = ( e1 − e2 )
2 2
car pour θ = 0, er = e1 et eθ = e2 .

7. Sachant que le matériau reste élastique tant que le critère de Tresca est satisfait, c’est à dire tant que la
contrainte tangentielle maximale reste inférieure à σS /2 en tout point, où σS désigne la limite en traction
simple du matériau, quelle est la valeur limite de K supportable par le matériau ? Interpréter physiquement
le sens de ce critère.

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EXERCICE 1 : TENUE D’UNE GOUTTIÈRE

Le matériau reste élastique tant que la contrainte tangentielle maximale reste inférieure à σS /2 en tout point de la pièce et
donc comme le maximum de la contrainte tangentielle maximale est atteint en cos θ = 1 et r = R tant que :
K 1
||σT ||max = − ≤ σS .
2R 2
Soit donc
−K < σS R
et donc compte tenu de l’interprétation faite de la constante K
σS
−K = ρf g R2 < σS R ou encore ρf < ρ∗f =
Rg

La masse volumique du fluide pesant dans la gouttière ne doit pas dépasser la valeur ρ∗f (masse volumique limite du fluide
pesant supportable par la pièce).
Ou encore le rayon R de la gouttière ne doit pas dépasser la valeur R∗ , rayon maximal de la gouttière susceptible de tenir
la pression d’un fluide de masse volumique ρf
σS
R < R∗ = .
ρf g
La fragilité de la pièce s’initie donc le long de la ligne de fond de la gouttière dès que ρf atteint la valeur limite ρ∗f et les plans
de cisaillement maximum (qui correspondent aux plans d’initiation de la fragilité) sont les plans bissecteurs des vecteurs e1
et e2 .

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