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2017 – 2018
Licence de Sciences, Technologies, Santé
1M001 – Analyse et algèbre pour les sciences
Laurent Koelblen
1 Nombres réels 9
1.1 Entiers naturels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1.1.1 Définitions, notations et opérations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1.1.2 Ordre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
1.1.3 Divisibilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
1.2 Entiers relatifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
1.2.1 Définitions, notations et opérations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
1.2.2 Ordre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
1.2.3 Divisibilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
1.3 Fractions rationnelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
1.3.1 Définitions, notations et opérations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
1.3.2 Ordre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
1.3.3 Écriture en base b et ordre lexicographique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
1.4 Nombres réels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
1.4.1 Exemple . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
1.4.2 Définition des nombres réels par leur écriture en base b . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
1.4.3 Coupures de Q`˚ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
1.4.4 Définition des nombres réels à partir des coupures de Q`˚ . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
1.4.5 Ordre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
1.4.6 Racine n-ième d’un nombre réel et puissance fractionnaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
5 Polynômes 93
5.1 Définition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93
5.2 Division euclidienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97
5.3 Racines . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98
5.3.1 Généralités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98
5.3.2 Racines des polynômes à coefficients complexes — Théorème de d’Alembert . . . . . . . . 98
5.4 Polynômes irréductibles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99
5.4.1 Généralités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99
5.4.2 Polynômes irréductibles à coefficients complexes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99
5.4.3 Polynômes irréductibles à coefficients réels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99
5.5 Factorisation des polynômes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100
5.5.1 Factorisation des polynômes à coefficients complexes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100
5.5.2 Factorisation des polynômes à coefficients réels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100
5.6 Annexe : preuve du théorème de d’Alembert . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101
Programme et objectifs
Ce document couvre le programme de l’unité d’enseignement 1M001, Analyse et algèbre pour les sciences, décrit
ici sommairement :
— nombres réels, propriété de la borne supérieure,
— limites de suites et limites de fonctions,
— fonctions continues,
— fonctions dérivables,
— fonctions usuelles,
— équations différentielles linéaires du 1er ordre,
— nombres complexes et exponentielle complexe,
— polynômes et racines,
— développements limités, formules de Taylor,
— fonctions réciproques et nouvelles fonctions usuelles,
— R2 , R3 , produit scalaire, déterminant et produit vectoriel.
C’est un programme très dense qui a deux objectifs. Le premier est d’apporter, à tous les étudiants, des notions
qui leur seront utiles dans d’autres disciplines scientifiques. Le second est de faire découvrir, aux étudiants
désireux de s’engager dans des études de mathématiques, les méthodes propres aux mathématiques telles qu’elles
sont étudiées à l’université.
Niveaux de difficulté
Certaines parties de ce documents sont donc assez avancées, et d’autres vont même bien au-delà de ce qu’on
attend d’un étudiant en première année d’études scientifiques à l’université.
Pour permettre au lecteur de se repérer par rapport aux deux objectifs donnés ci-dessus, des logos figurent dans
la marge qui indiquent le degré d’élaboration des notions, ou de difficulté dans les démonstrations.
Les logos suivants sont utilisés pour les définitions et les énoncés (lemmes, propositions, théorèmes, etc.) :
calcul élémentaire
raisonnement complexe / niveau de difficulté à maı̂triser pour obtenir une bonne note
Nombres réels
Avertissement
L’intégralité de ce chapitre n’est pas à strictement parler au programme de ce cours. On a jugé qu’il serait
intéressant de revoir ici des notions élémentaires sur les nombres entiers, rationnels ou réels mais également,
pour certains étudiants, de voir comment le mathématicien s’y prend pour donner aux nombres réels un cadre
strictement formel.
On repart donc de zéro (et un peu plus) en donnant une définition des nombres entiers naturels, des
opérations sur ces nombres et leurs propriétés. Les nombres naturels doivent leur nom au fait qu’ils servent à
compter, et la définition mathématique essaie de repartir de cet usage, mais la formulation reste délicate : la
limite entre ce qui est intuitif et ce qui est mathématique n’est pas facile à cerner en première lecture.
On introduit ensuite les nombres entiers relatifs et les fractions rationnelles. Ils sont assez faciles à définir,
et les difficultés se concentrent plus sur leur manipulation et sur l’écriture décimale, ou l’écriture en base b.
Le chapitre culmine avec l’introduction des nombres réels. On en donne deux définitions (mais on ne cherchera
pas à montrer qu’elles sont équivalentes). La première définition s’appuie sur l’usage qui consiste à donner une
écriture décimale des nombres. Cette écriture est en réalité plus difficile à maı̂triser et à manipuler qu’il n’y
paraı̂t au premier abord. La deuxième définition s’appuie sur la notion de coupure. C’est une notion nouvelle et
abstraite, mais elle permet de donner une définition des nombres réels exempte d’ambiguı̈té. Ces deux définitions
seront utilisées pour donner une démonstration du premier théorème du prochain chapitre : le théorème de la
borne supérieure. (L’étudiant pourra choisir d’admettre ce théorème. La démonstration n’est pas essentielle
dans la suite cours.)
Sommaire
1.1 Entiers naturels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1.1.1 Définitions, notations et opérations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1.1.2 Ordre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
1.1.3 Divisibilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
1.2 Entiers relatifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
1.2.1 Définitions, notations et opérations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
1.2.2 Ordre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
1.2.3 Divisibilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
1.3 Fractions rationnelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
1.3.1 Définitions, notations et opérations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
1.3.2 Ordre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
1.3.3 Écriture en base b et ordre lexicographique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
1.4 Nombres réels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
1.4.1 Exemple . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
1.4.2 Définition des nombres réels par leur écriture en base b . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
1.4.3 Coupures de Q`˚ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
1.4.4 Définition des nombres réels à partir des coupures de Q`˚ . . . . . . . . . . . . . . . . 29
1.4.5 Ordre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
1.4.6 Racine n-ième d’un nombre réel et puissance fractionnaire . . . . . . . . . . . . . . . . 30
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9
On donnera au fur et à mesure de l’avancement du cours les usages qu’on peut faire de cette représentation.
Définition 1.1 Soit s : N Ñ N˚ l’application qui a tout entier associe son successeur. (Tout nombre non nul
est le successeur d’exactement un nombre.) On définit l’addition, la multiplication et la puissance sur N comme
suit :
$
& pour tout m P N : m ` 0 “ m
(i) pour tout m P N : m ˆ 0 “ 0
pour tout m P N˚ : m0 “ 1
%
$
& pour tout pm, nq P N2 : m ` spnq “ spm ` nq
(ii) pour tout pm, nq P N2 : m ˆ spnq “ pm ˆ nq ` m
pour tout pm, nq P N˚ ˆ N : mspnq “ pmn q ˆ m
%
Ce qui est équivalent à dresser les tables de ces opérations, en procédant comme suit : la propriété (i) permet
de remplir la première colonne (pour laquelle n “ 0 dans les tables ci-dessous) et la propriété (ii) permet de
remplir les autres colonnes successivement :
On dit que :
— m ` n est la somme de m et n,
— m ˆ n est le produit de m et n (on le note également m ¨ n ou tout simplement mn),
— mn est la puissance n-ième de m.
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9
3`2
et la multiplication par un changement d’échelle (la longueur mn est mesurée par la longueur m répétée n fois) :
ˆ3
`2 `2 `2
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9
2ˆ3
Remarque 1.2
(1) Les parenthèses dans l’expression pmˆnq`m indiquent qu’on effectue d’abord l’opération de multiplication
m ˆ n puis qu’on additionne le résultat de cette opération avec m. Il en va de même dans l’expression
pmn q ˆ m.
(2) Toutefois, l’usage veut que, dans une expression où l’addition, la multiplication et la puissance inter-
viennent, on effectue en premier les opérations de puissance, puis celles de multiplication et enfin celles
d’addition. Ainsi on peut écrire m ˆ n ` m, à la place de pm ˆ nq ` m et mn ˆ m à la place de pmn q ˆ m.
(3) Comme sp0q “ 1, la définition de l’addition montre que m ` 1 n’est rien d’autre que spmq. On écrira donc
m ` 1 en lieu et place de spmq. On peut alors reformuler la définition de l’addition ainsi : pour tout m P N :
m ` 0 “ m et pour tout pm, nq P N2 : m ` pn ` 1q “ pm ` nq ` 1.
(4) On convient également que 0n “ 0 pour tout n P N˚ , mais l’usage est de ne pas donner de valeur à 00 .
Théorème et Définition 1.3 L’addition et la multiplication vérifient sur N les propriétés suivantes :
(NeA) pour tout n P N : n ` 0 “ 0 ` n “ n ; on dit que 0 est élément neutre pour l’addition ;
(CoA) pour tout pm, nq P N2 : m ` n “ n ` m ; on dit que l’addition est commutative ;
(AsA) pour tout pm, n, pq P N3 : pm ` nq ` p “ m ` pn ` pq ; on dit que l’addition est associative ;
(NeM) pour tout n P N : n ¨ 1 “ 1 ¨ n “ n ; on dit que 1 est élément neutre pour la multiplication ;
(AbM) pour tout n P N : n ¨ 0 “ 0 ¨ n “ 0 ; on dit que 0 est un élément absorbant pour la multiplication ;
(CoM) pour tout pm, nq P N2 : m ¨ n “ n ¨ m ; on dit que la multiplication est commutative ;
(AsM) pour tout pm, n, pq P N3 : pm ¨ nq ¨ p “ m ¨ pn ¨ pq ; on dit que la multiplication est associative ;
(DiMA) pour tout pm, n, pq P N3 : pm ` nq ¨ p “ pm ¨ pq ` pn ¨ pq et m ¨ pn ` pq “ pm ¨ nq ` pm ¨ pq ; on dit que
la multiplication est distributive par rapport à l’addition ;
(Int) pour tout pm, nq P N2 : m ¨ n “ 0 si et seulement si m “ 0 ou n “ 0.
Remarque 1.4 L’addition et la multiplication étant associative, on peut désormais omettre l’usage des pa-
renthèses dans les expressions pm ` nq ` p et m ` pn ` pq et écrire m ` n ` p, et faire de même pour le produit
m ` m ` ¨ ¨ ¨ ` m et mn “ looooooooomooooooooon
m ˆ n ˆ p. Cela permet d’écrire, si n P N˚ : m ˆ n “ looooooooomooooooooon m ˆ m ˆ ¨ ¨ ¨ ˆ m.
n fois n fois
Lemme 1.6
(a) Pour tout pm, n, pq P N2 ˆ N, on a m “ n si et seulement si m ` p “ n ` p.
(b) Pour tout pm, n, pq P N2 ˆ N˚ , on a m “ n si et seulement si mp “ np.
(c) Pour tout pm, n, pq P N2 ˆ N˚ , on a m “ n si et seulement si mp “ np .
Définition 1.7 On définit la soustraction et la division et l’extraction de racine sur N comme suit :
— si pm, nq P N2 et s’il existe un nombre p P N tel que m “ p ` n, on dit alors que p est la différence de m
et de n et on écrit p “ m ´ n.
— si pm, nq P N ˆ N˚ et s’il existe un nombre p P N tel que m “ pn, on dit alors que p est le quotient de m
m
par n et on écrit p “ .
n
— si pm, nq P N ˆ N˚ et?s’il existe un nombre p P N tel que m “ pn , on dit alors que p est la racine n-ième
de m et on écrit p “ n m.
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9
5´2 3`2
m
et pour la division, le quotient p “ indique quel est la longueur p qui, répétée n fois, permet de mesurer la
n
longueur m :
ˆ3
`2 `2 `2
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9
6 2ˆ3
3
Proposition 1.8
(a) Soit pm, r, n, sq P N4 ; on suppose qu’on peut soustraire n de m et s de r, alors m´n “ r ´s si et seulement
si m ` s “ r ` n.
m r
(b) Soit pm, r, n, sq P N2 ˆ pN˚ q2 ; on suppose qu’on peut diviser m par n et r par s, alors “ si et
n s
seulement si ms “ rn.
2
(c) Soit pm, r, n,
?sq P N ? ˆ pN˚ q2 ; on suppose qu’on peut extraire la racine n-ième de m et la racine s-ième
de r, alors m “ r si et seulement si ms “ rn .
n s
1.1.2 Ordre
Définition 1.9 Soit pm, nq P N2 . S’il existe p P N tel que n “ m ` p, on dit que m est inférieur ou égal à n
et on écrit : m ď n (ou n ě m).
0 m n
Proposition et Définition 1.10 La relation ! ď " vérifie sur N les propriétés suivantes :
(Re) pour tout m P N : m ď m ; on dit que ! ď " est réflexive ;
(ASy) pour tout pm, nq P N2 : si m ď n et n ď m alors m “ n ; on dit que ! ď " est antisymétrique ;
(Tr) pour tout pm, n, pq P N3 : si m ď n et si n ď p alors m ď p ; on dit que ! ď " est transitive.
Définition 1.11 On appelle relation d’ordre une relation qui, comme la relation ! ď ", est réflexive, anti-
symétrique et transitive.
Proposition et Définition 1.12 La relation ! ď " vérifie de plus sur N les propriétés suivantes :
(To) pour tout pm, nq P N2 : m ď n ou n ď m ; on dit que ! ď " est une relation d’ordre totale sur N ;
(CpA) pour tout pm, n, pq P N3 : m ď n si et seulement si m ` p ď n ` p ; on dit que ! ď " est compatible
avec l’addition ;
(CpM) pour tout pm, n, pq P N2 ˆ N˚ : m ď n si et seulement si mp ď np ; on dit que ! ď " est compatible
avec la multiplication.
Définition 1.14 Soit pm, nq P N2 . Si m ď n et m “ n, on dit que m est strictement inférieur à n et on écrit :
m ă n (ou n ą m).
Proposition 1.15
(a) Pour tout pm, nq P N2 : m ă n si et seulement s’il existe p P N˚ tel que n “ m ` p.
(b) Pour tout pm, nq P N2 : m ă n si et seulement si m ` 1 ď n.
(c) La relation ! ă " est transitive et antisymétrique, mais elle n’est pas réflexive. (Ce n’est donc pas une
relation d’ordre au sens défini ci-dessus.)
(d) La relation ! ă " est compatible avec l’addition, la multiplication.
1.1.3 Divisibilité
Définition 1.17 Soit pm, nq P pN˚ q2 . S’il existe q P N˚ tel que n “ mq, on dit que ! n est multiple de m ",
ou que ! m est un diviseur de n ", ou encore que ! m divise n ", et on écrit : ! m | n ". Si m n’est pas un
diviseur de n, on écrit ! m - n ".
Si m | n, alors, sur l’axe des entiers naturels, le segment r0, ns peut-être subdivisé en plusieurs segments de
longueur m.
ˆq
`m `m `m `m
0 m 2m n “ mq
Exemple 1.18
(1) Tout nombre entier naturel ě 2 possède au moins deux diviseurs dans N : 1 et lui même.
(2) Les diviseurs de 60 dans N sont 1, 2, 3, 4, 5, 6, 10, 12, 15, 20, 30, 60.
(3) 7 - 60.
Proposition 1.19 La relation ! | " est une relation d’ordre sur N˚ . (Ce n’est pas une relation d’ordre totale ;
on dit que c’est une relation d’ordre partielle.)
Définition 1.20 On dit qu’un nombre entier naturel non nul p est premier s’il a exactement deux diviseurs
dans N : 1 et lui même (ce qui sous-entend que p “ 1).
Exemple 1.21 Les nombres premiers compris entre 1 et 100 sont : 2, 3, 5, 7, 11, 13, 17, 19, 23, 29, 31, 37,
41, 43, 47, 53, 59, 61, 67, 71, 73, 79, 83, 89, 97.
Définition 1.22 On dit que deux nombres entiers naturels non nuls sont premiers entre eux s’ils ont un
unique diviseur en commun dans N, à savoir 1.
Exemple 1.23
(1) 8 et 15 sont premiers entre eux car les diviseurs de 8 sont 1, 2, 4 et 8 et les diviseurs de 15 sont 1, 3, 5 et 15.
(2) 6 et 15 ne sont pas premiers entre eux car 3 est un diviseur commun de 6 et de 15.
(3) Si p est un nombre premier et si n P N˚ et si p - n alors p et n sont premiers entre eux.
Définition 1.24 On appelle pgcd de deux nombres entiers naturels m et n non nuls le plus grand nombre
entier naturel d tel que d | m et d | n. Ce nombre est noté pgcdpm, nq ou m^ n.
Lemme 1.25 Soit pm, nq P pN˚ q2 , d “ pgcdpm, nq et a et b tels que m “ ad et n “ bd. Alors a et b sont
premiers entre eux
Preuve : En effet, soit k un diviseur commun de a et b. Il existe alors des entiers naturels non nuls u et v tels
que a “ uk et b “ vk. On a alors m “ ukd et n “ vkd ce qui montre que kd est un diviseur commun de m et n.
Or d est le plus grand diviseur commun de m et n, d’où k “ 1.
Preuve : On montre tout d’abord l’existence de pq, rq vérifiant les propriétés voulues.
On considère l’ensemble E des nombres entiers n tels que bn ď a. Cet ensemble est non vide car 0 ˆ n “ 0 ď a
donc 0 P E. De plus, comme N est archimédien, il existe un entier N tel que a ă bN et on a alors pour tout
N 1 ě N : a ă bN 1 . Cela montre que E est un ensemble fini (inclus dans t0, 1, . . . , N ´ 1u) ; il possède donc un
plus grand élément qu’on note q. On a alors : bq ď a car q P E, et bpq ` 1q ą a car q ` 1 R E. On pose r “ a ´ bq
et on a bien : a “ bq ` r et 0 ď r ă b.
On montre maintenant l’unicité de pq, rq : on suppose qu’on a a “ bq ` r avec 0 ď r ă b et a “ bq 1 ` r1 avec
0 ď r1 ă b.
Si q ă q 1 , on a alors r1 ă r, sinon r ď r1 et alors a “ bq ` r ă bq 1 ` r1 “ a ce qui est absurde. De l’égalité
bq ` r “ bq 1 ` r1 on déduit donc l’égalité : bpq 1 ´ qq “ r ´ r1 . Mais alors, on a : bpq 1 ´ qq ě b, car q 1 ´ q ě 1,
d’une part, et r1 ´ r ă b, car 0 ď r ă r1 ă b d’autre part, ce qui est impossible.
On en déduit que q ă q 1 est impossible, et on montre de la même manière que q 1 ă q est également impossible,
ce qui montre que q “ q 1 , et il en découle que r “ r1 .
ˆ3
`5 `5 `5 `2
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20
5ˆ3 5ˆ3`2
´5 ´4 ´3 ´2 ´1 0 1 2 3 4 5
´6 ´5 ´4 ´3 ´2 ´1 0 1 2 3 4 5 6
´3
On peut convenir que la multiplication par un nombre positif soit représentée par une flèche orientée dans le
même sens que le terme multiplié :
ˆ3 ˆ3
´2 ´2 ´2 `2 `2 `2
´6 ´5 ´4 ´3 ´2 ´1 0 1 2 3 4 5 6
p´2q ˆ 3 2ˆ3
et que la multiplication par un nombre négatif soit représentée par une flèche orientée dans le sens contraire du
terme multiplié :
ˆp´3q ˆp´3q
`2 `2 `2 ´2 ´2 ´2
´6 ´5 ´4 ´3 ´2 ´1 0 1 2 3 4 5 6
2 ˆ p´3q p´2q ˆ p´3q
Remarque 1.30 Les définitions qui précèdent, notamment les règles des signes dans la multiplication, sont
posées de telle sorte que les propriétés de l’addition et de la multiplication sur N soient également vraies sur Z,
d’où l’énoncé suivant.
Théorème et Définition 1.31 L’addition et la multiplication vérifient sur Z (comme sur N) les propriétés
suivantes (cf. Théorème 1.3) :
(NeA) 0 est élément neutre pour l’addition ;
(CoA) l’addition est commutative ;
(AsA) l’addition est associative ;
(NeM) 1 est élément neutre pour la multiplication ;
(AbM) 0 est élément absorbant pour la multiplication ;
(CoM) la multiplication est commutative ;
(AsM) la multiplication est associative ;
(DiMA) la multiplication est distributive par rapport à l’addition ;
(Int) Z est intègre ;
auxquelles s’ajoute :
(Opp) pour tout m P Z il existe n P Z tel que n ` m “ 0 ; on dit que tout entier relatif a un opposé ; on
note ´m l’opposé de m et on a : ´p´mq “ m pour tout m P Z.
Définition 1.32 On appelle anneau commutatif unitaire intègre tout ensemble muni de deux opérations,
! ` " et ! ˆ ", vérifiant les dix propriétés ci-dessus.
Définition 1.35 On définit la soustraction, la division et l’extraction de racine sur Z comme suit :
— pour tout pm, nq P N2 : m ´ n “ m ` p´nq ;
m
— pour tout pm, nq P Z ˆ Z˚ , s’il existe p P Z tel que m “ pn, on écrit p “ ;
n ?
— pour tout pm, nq P Z ˆ N , s’il existe p P Z du même signe que m et tel que m “ pn , on écrit p “ n m.
˚
ˇ ˇ
Proposition 1.36 (inégalité triangulaire) On a, pour tout pm, nq P Z2 : ˇ |m| ´ |n| ˇ ď |m ` n| ď |m| ` |n|.
1.2.2 Ordre
On définit une relation d’ordre totale sur Z de la manière suivante :
Définition 1.37 Soit pm, nq P Z2 . Si n ´ m P Z` , on dit que m est inférieur ou égal à n et on écrit : m ď n.
Proposition et Définition 1.38 La relation ! ď " est compatible sur Z avec l’addition et la multiplication
dans le sens où elle vérifie les propriétés suivantes :
(CpA) pour tout pm, n, pq P Z3 : m ď n si et seulement si m ` p ď n ` p ;
(CpM`) pour tout pm, n, pq P Z2 ˆ Z`˚ : m ď n si et seulement si mp ď np.
(CpM´) pour tout pm, n, pq P Z2 ˆ Z´˚ : m ď n si et seulement si mp ě np.
Théorème et Définition 1.39 On dit que Z est archimédien dans le sens où :
(Arch) pour tout pm, nq P Z , il existe p P N˚ tel que |m| ă p|n|.
˚
1.2.3 Divisibilité
La plupart des propriétés de divisibilité des entiers naturels d’étendent aux entiers relatifs, à condition de
modifier un peu les définitions et les énoncés. En voici quelques uns.
Définition 1.40 Soit pm, nq P pZ˚ q2 . S’il existe q P Z˚ tel que n “ mq, on dit que ! n est multiple de m ", ou
que ! m est un diviseur de n ", ou encore que ! m divise n ", et on écrit : ! m | n ". Si m n’est pas un diviseur
de n, on écrit ! m - n ".
Définition 1.41 On dit que deux nombres entiers relatifs non nuls sont premiers entre eux s’ils ont un unique
diviseur en commun dans N, à savoir 1.
Définition 1.42 On appelle pgcd de deux nombres entiers relatifs m et n non nuls le plus grand nombre
entier naturel d tel que d | m et d | n. Ce nombre est noté pgcdpm, nq ou m^ n.
Définition 1.44 Soient pm, n, pq P Z2 ˆ Z˚ . S’il existe k P Z tel que n ´ m “ kp, on dit que m et n sont
congrus modulo p et on écrit n ” m rps. Deux nombres sont congrus modulo p si et seulement si leurs restes,
dans la division euclidienne par p, sont égaux.
Exemple 1.45
— 17 “ 5 ¨ 3 ` 2 est la division euclidienne de 17 par 5.
ˆ3
`5 `5 `5 `2
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20
5ˆ3 5ˆ3`2
´5 ´5 ´5 `2
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20
p´5qˆp´3q p´5qˆp´3q`2
´5 ´5 ´5 ´5
´20 ´19 ´18 ´17 ´16 ´15 ´14 ´13 ´12 ´11 ´10 ´9 ´8 ´7 ´6 ´5 ´4 ´3 ´2 1 0
p´5qˆ4 p´5qˆ4`3
`3
`5 `5 `5 `5
´20 ´19 ´18 ´17 ´16 ´15 ´14 ´13 ´12 ´11 ´10 ´9 ´8 ´7 ´6 ´5 ´4 ´3 ´2 1 0
5ˆp´4q 5ˆp´4q`3
`3
a a a1
Définition 1.47 Si P Q`˚ (avec a P N et b P N˚ ), si d “ pgcdpa, bq et si a “ da1 et b “ db1 alors “ 1 et
b b b
a1 a a1 a
1 1
pgcdpa , b q “ 1. On dit que la fraction 1 est la forme réduite de . (Et ´ 1 est la forme réduite de ´ P Q´˚ .)
b b b b
a c
Définition 1.48 Soient x “ P Q et y “ P Q. On définit la somme et le produit de x et y par :
b d
a c ad ` bc
— x`y “ ` “ ,
b d bd
a c ac
— xy “ ¨ “ .
b d bd
Remarque 1.49
a a1 c c1 ad ` bc
(1) Pour que ces opérations soient bien définies, il faut vérifier que si “ 1 et “ 1 alors : “
b b d d bd
a1 d1 ` b1 c1 ac a1 c1
et “ , et en effet pad ` bcqpb1 d1 q “ pbdqpa1 d1 ` b1 c1 q et pacqpb1 d1 q “ pbdqpa1 c1 q car la
b1 d1 bd b1 d1
multiplication des entiers est commutative, et ab1 “ ba1 et cd1 “ dc1 .
a c a`c a c ac
(2) On constate également que ` “ et que ¨ “ ce qui montre que l’addition et la multiplication
1 1 1 1 1 1
des fractions rationnelles coı̈ncide avec celles des entiers naturels.
4
Exemple 1.50 Ces définitions aboutissent, par exemple, à la représentation de la fraction vue comme
3
1
multiple entier de ou comme fraction entière de 4 :
3
ˆ4
1 1 1 1
` ` ` `
3 3 3 3
1 2 4 5 7 8 10 11
0 1 2 3 4
3 3 3 3 3 3 3 3
4 4 4
` ` `
3 3 3
ˆ3
Théorème et Définition 1.51 Les opérations d’addition et de multiplication vérifient sur Q (comme sur Z)
les propriétés suivantes (cf. Théorème 1.31) :
(NeA) 0 est élément neutre pour l’addition ;
(CoA) l’addition est commutative ;
(AsA) l’addition est associative ;
(NeM) 1 est élément neutre pour la multiplication ;
(AbM) 0 est élément absorbant pour la multiplication ;
(CoM) la multiplication est commutative ;
(AsM) la multiplication est associative ;
(DiMA) la multiplication est distributive par rapport à l’addition ;
(Opp) tout élément possède un opposé ;
auxquelles s’ajoute :
a c a c
(Inv) pour tout P Q`˚ il existe P Q`˚ tel que ¨ “ 1 (il suffit de prendre c “ b et d “ a) ; on
b d b d
1
dit que toute fraction rationnelle non nulle est inversible ; cela entraine que Q est intègre ; on note
x
1 b 1 ˚
l’inverse de x, c.-à-d. : a “ , et on a 1 “ x pour tout x P Q .
b a x
Définition 1.52 On appelle corps commutatif tout ensemble muni de deux opérations, ! ` " et ! ˆ ",
vérifiant les dix propriétés ci-dessus.
Remarque 1.54 Avec cette définition, l’inverse de x n’est autre que x´1 .
Définition 1.56 On définit la soustraction, la division et l’extraction de racine sur Q comme suit :
— pour tout px, yq P Q ˆ Q : x ´ y “ ˆ x˙` p´yq ; a
x 1 ad
— pour tout px, yq P Q ˆ Q˚ : “ ˆ x, c.-à-d. cb “ ;
y y d bc
?
— pour tout x P Q et n P N˚ , s’il existe y P Q du même signe que x et tel que x “ y n , on écrit y “ n x.
ˇ ˇ
Proposition 1.57 (inégalité triangulaire) On a, pour tout px, yq P Q2 : ˇ |x| ´ |y| ˇ ď |x ` y| ď |x| ` |y|.
a
(3) et pour ă 0, on a la représentation suivante :
b
` rb
a
`a˘
q“E b b q`1 ´2 ´1 0
1.3.2 Ordre
On définit sur Q une relation d’ordre totale, compatible avec l’addition et la multiplication, de la même façon
que sur Z (cf. §1.2.2).
Théorème 1.61 Q est archimédien : pour tout px, yq P Q˚ , il existe p P N˚ tel que |x| ă p|y|
alors x “ 0,A8 ˆ 102 en base 16 (10 est bien l’écriture de 16 en base 16) mais il est plus courant d’écrire
tout simplement x “ A8.
1
0,33 3 0,34
1
0,16 6 0,17
1
(6) Soit x “ ; on a 7 ˆ 142857 “ 999999
7
n fois 142857 pn´1q fois 142857
hkkkkkkkkkkkkkkkikkkkkkkkkkkkkkkj hkkkkkkkkkkikkkkkkkkkkj
142857142 . . . 857142857 1 142857142 . . . 857142858
donc ď ă ;
1000000000 . . . 000000000
looooooooooooooomooooooooooooooon 7 1000000000 . . . 000000000
looooooooooooooomooooooooooooooon
6n fois 0 6n fois 0
1
on écrit “ 0,142857142857142857 . . .
7
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1
1
0,14 7 0,15
Remarque 1.65 Ces exemples conduisent à une difficulté dans la manipulation des nombres donnés par leur
1 1
écriture en base b. En effet, de l’égalité “ 0,33333 . . . on voudrait déduire que 1 “ 3 ˆ “ 3 ˆ 0,33333 . . . mais
3 3
le résultat de cette dernière opération ne peut être que 0,99999 . . . En réalité 0,99999 . . . n’est l’écriture en base
pn`1q fois 9 pn`1q fois 9
hkkkkkikkkkkj hkkkkkikkkkkj
a 999 . . . 999 a 999 . . . 999 `1
10 d’aucune fraction rationnelle, car si est tel que, pour tout n P N : ď ă “ 1,
b 1000 . . . 000
looooomooooon b 1000 . . . 000
looooomooooon
pn`1q fois 0 pn`1q fois 0
b´a 1
alors, pour tout n P N : 0 ă ď n`1 , ce qui est impossible.
b 10
Cet exemple illustre donc une difficulté plus générale : il n’est pas aisé de définir la somme et le produit de
nombres non entiers donnés par leur écriture en base b.
Preuve de l’existence de l’écriture en base b : soit b P N tel que b ě 2 et soit x P Q`˚ ; on va prouver
l’énoncé suivant, qui est une version modifiée de l’énoncé du théoreme 1.62 : il existe une famille d’entiers relatifs
j0 , j1 , . . . , jn , . . . et une famille d’entiers naturels c0 , c1 , . . . , cn , . . . (de même longueur, finie ou infinie) telle que :
(i) j0 ą j1 ą ¨ ¨ ¨ ą jn ą ¨ ¨ ¨
(ii) pour tout i : 1 ď ci ă b,
(iii) pour tout n ě 0 : c0 bj0 ` c1 bj1 ` ¨ ¨ ¨ ` cn bjn ď x ă c0 bj0 ` c1 bj1 ` ¨ ¨ ¨ ` pcn ` 1qbjn .
On obtient alors l’existence de k et de la famille d0 , d1 , . . . , dn , . . . tels qu’énoncé dans le théorème 1.62 en
prenant k “ j0 ` 1, di “ cn s’il existe n tel que i “ j0 ` 1 ´ jn , et di “ 0 sinon.
On pose x0 “ x et on procède comme suit :
(1) Il existe m P N tel que bm ą x0 ; en effet comme b ě 2, on a, pour tout m P N : bm`1 ą bm c.-à-d.
bm`1 ě bm ` 1 ; on en déduit alors que bm ě m pour tout m P N ; mais Q est archimédien, donc il existe
m P N tel que m ą x0 et on a alors bm ą x0 .
(2) De même il existe n P N tel que bn ą x´1 0 c.-à-d. b
´n
ă x0 .
(3) Il existe donc un entier j0 P Z tel que ´n ď j0 ď m et bj0 ď x0 ă bj0 `1 ; on pose alors c0 “ Epx0 b´j0 q et
on a 1 ď c0 ă b et c0 bj0 ď x0 ă pc0 ` 1qbj0 .
(4) On pose ensuite x1 “ x0 ´ c0 bj0 P Q` . Si x1 “ 0 alors x0 “ c0 bj0 et la preuve est terminée. Sinon x1 P Q`˚
et on reprend les étapes qui précèdent, en considérant x1 à la place de x0 , pour définir j1 et c1 . On a alors
j1 ă j0 car x1 ă bj0 . De plus c1 bj1 ď x1 ă pc1 ` 1qbj1 d’où c0 bj0 ` c1 bj1 ď x0 ă c0 bj0 ` pc1 ` 1qbj1 .
(5) Et ainsi de suite. . .
(6) Les familles j0 , j1 , . . . , jn , . . . et c0 , c1 , . . . , cn , . . . sont finies si et seulement s’il existe n P N tel que x “
c0 bj0 ` c1 bj1 ` ¨ ¨ ¨ ` cn bjn et infinies sinon.
Preuve de l’unicité de l’écriture en base b : l’unicité découle de la condition (iii) du théorème 1.62. En
effet, si on a deux familles d1 , d2 , . . . , dn , . . . et c1 , c2 , . . . , cn , . . ., et deux entiers relatifs k et j, tels que d1 “ 0
et c1 “ 0 et pour tout n P N˚ :
— pd1 b´1 ` d2 b´2 ` ¨ ¨ ¨ ` dn b´n q ˆ bk ď x ă pd1 b´1 ` d2 b´2 ` ¨ ¨ ¨ ` dn b´n q ˆ bk ` bk´n
— et pc1 b´1 ` c2 b´2 ` ¨ ¨ ¨ ` cn b´n q ˆ bj ď x ă pc1 b´1 ` c2 b´2 ` ¨ ¨ ¨ ` cn b´n q ˆ bj ` bj´n
alors, prenant n “ 1, on a :
— d1 bk´1 ď x ă pd1 ` 1qbk´1 or 1 ď d1 ă b donc bk´1 ď x ă bk
— et c1 bj´1 ď x ă pc1 ` 1qbj´1 or 1 ď c1 ă b donc bj´1 ď x ă bj
d’où j “ k.
On suppose alors que les familles d1 , d2 , . . . , dn , . . . et c1 , c2 , . . . , cn , . . . diffèrent, et on considère le plus petit
n P N˚ tel que dn “ cn , et on supposera sans perte de généralité que dn ă cn donc que dn ` 1 ď cn . On a alors
x ă pd1 b´1 ` d2 b´2 ` ¨ ¨ ¨ ` dn b´n q ˆ bk ` bk´n ď pc1 b´1 ` c2 b´2 ` ¨ ¨ ¨ ` cn b´n q ˆ bk ď x, ce qui est absurde,
d’où l’unicité.
Preuve de la périodicité (à partir d’un certain rang) de l’écriture en base b : soit x P Q`˚ et k tel
que bk´1 ď x ă bk ; on pose x0 “ xb´k si bien que b´1 ď x0 ă 1. Il suffit de montrer que l’écriture en base b de
x0 est périodique.
a0
(1) On considère pa0 , cq P pN˚ q2 tel que x0 “ ; on a 0 ď a0 ă c car 0 ď x0 ă 1 ;
ˆ ˙ c
a0 b
on pose d1 “ Epx0 bq “ E ; on a alors d1 ď x0 b ă d1 ` 1 d’où d1 b´1 ď x0 ă pd1 ` 1qb´1 ;
c
d1 est donc le premier terme de l’écriture en base b de x0 .
a1
(2) On pose alors a1 “ ba0 ´ d1 c et x1 “ “ bx0 ´ d1 ; on a 0 ď a1 ă c et 0 ď x1 ă 1 ;
ˆ ˙ c
a1 b
on pose d2 “ Epx1 bq “ E ; on a alors d2 ď x1 b ă d2 ` 1 d’où d2 b´1 ď x1 ă pd2 ` 1qb´1 donc
c
d1 b´1 ` d2 b´2 ď x0 ă d1 b´1 pd2 ` 1qb´2 ;
d´2 est donc le second terme de l’écriture en base b de x0 .
(3) On obtient de la même manière, par récurrence,
ˆ ˙ tous les termes de l’écriture en base b de x0 , en posant,
ai b
pour i ě 1 : ai “ bai´1 ´ di c et di`1 “ E .
c
(4) On a 0 ď ai ă c pour tout i P N, donc il existe N P N et p P N tels que aN ´1`p “ aN ´1 , mais alors
les formules de récurrences montrent successivement que dN `p “ dN , aN `p “ aN , dN `1`p “ dN `1 ,
aN `1`p “ aN `1 , etc., d’où dn`p “ dn pour tout n ě N .
(Pour mémoire, l’ordre lexicographique est l’ordre utilisé pour classer les mots dans un dictionnaire.)
1.4.1 Exemple
Exemple 1.68
m
(1) Il n’existe pas de fraction rationnelle x P Q`˚ telle que x2 “ 2. En effet, si x “ , avec pgcdpm, nq “ 1
n
m2
est tel que x2 “ “ 2, alors m2 “ 2n2 donc m est pair et n est impair. On pose alors m “ 2p d’où
n2
p2pq2 “ 4p2 “ 2n2 donc n2 “ 2p2 ce qui montre que n est pair. C’est absurde.
(2) Toutefois, il existe des fractions rationnelles xi (pour i P N˚ ) telles que x2i soit aussi proche de 2 que voulu.
ai
En effet, prenons xi “ où les entiers naturel ai et bi sont définis comme suit :
bi
— a1 “ 1 et b1 “ 1,
— pour tout i P N˚ : ai`1 “ ai ` 2bi et bi`1 “ ai ` bi .
On a ainsi pour les premières valeurs :
i 1 2 3 4 5 6
1 3 7 17 41 99
xi
1 2 5 12 29 70
1 9 49 289 1681 9801
x2i
1 4 25 144 841 4900
1 1 1 1 1 1
x2i ´ 2 ´ ´ ´
1 4 25 144 841 4900
εi
On devine, à partir de ces premières valeurs, que, pour tout i P N˚ , x2i ´ 2 “ (autrement dit : a2i ´ 2b2i “ εi )
b2i
où εi “ 1 si i est pair et εi “ ´1 si i est impair, c.-à-d. εi “ p´1qi . On le montre comme suit, par récurrence :
— première étape (initialisation) : on vérifie le résultat pour i “ 1 : on a a1 “ 1 et b1 “ 1 donc a21 ´2b21 “ ´1 ;
— seconde étape (hérédité) : on suppose le résultat vrai au rang i, c.-à-d. : a2i ´ 2b2i “ εi “ p´1qi , et on le
montre au rang i ` 1 : on a a2i`1 ´ 2b2i`1 “ pai ` 2bi q2 ´ 2pai ` bi q2 “ pa2i ` 4ai bi ` 4b2i q ´ 2pa2i ` 2ai bi ` b2i q “
´a2i ` 2b2i “ ´εi “ p´1qi`1 .
— troisième étape (conclusion) : le résultat est vrai pour tout i P N˚ .
Comme bi peut être arbitrairement grand (on a bi`1 ą bi , donc bi ě i) ceci montre que x2i ´ 2 peut être
´ˇ ˇ 1 1¯
arbitrairement petit ˇx2i ´ 2ˇ “ 2 ď 2 .
bi i
1 2
x1 “ x21 x2 x22
x3 x4 x23 x24
x5 (indiscernable de x4 ) x25 (indiscernable de 2)
On souhaite donc introduire un nouvel ensemble de nombres (on les appellera les nombres réels) dans lequel il
existe, entre autres, un nombre x tel que x2 “ 2, et l’exemple qui précède nous indique comment définir de tels
nombres : ils peuvent être approchés d’aussi près que voulu par des nombres rationnels (mais il n’y a pas une
façon unique d’approcher un nombre réel par des nombres rationnels).
On va donner deux constructions : la première construction s’appuie sur l’écriture en base b (l’écriture décimale
par exemple) ; cette définition est intuitive mais ambiguë ; la deuxième construction va plus directement au but
en s’appuyant sur l’idée qu’un nombre réel x doit diviser l’ensemble des fractions rationnelles Q en deux parties :
les fractions rationnelles inférieures à x et les fractions rationnelles supérieures à x. Un nombre réel est ainsi
défini par ce qu’on appelle une coupure dans l’ensemble Q, c.-à-d. la division de Q en deux parties.
Exemple 1.72 On peut construire, décimale après décimale en base 10, un nombre réel strictement positif x,
tel que x2 “ 2. On procède ainsi :
— on a 12 ă 2 ă 22 ; le nombre cherché s’écrit donc 1, . . .
— on a 1,42 “ 1,96 ă 2 ă 2,25 “ 1,52 ; le nombre cherché s’écrit donc 1,4 . . .
— on a 1,412 “ 1,9881 ă 2 ă 2,0164 “ 1,422 ; le nombre cherché s’écrit donc 1,41 . . .
— on a 1,4142 “ 1,999396 ă 2 ă 2,002225 “ 1,4152 ; le nombre cherché s’écrit donc 1,414 . . .
— etc.
On obtient ainsi x “ 1,414213562373095 . . . On ne peut toutefois pas en donner une écriture complète. On
sait juste que si on connait les n premières décimales de x, c.-à-d. un nombre xn “ d1 ,d2 d3 . . . dn´1 dn tel que
x2n ď 2 ă pxn ` 0,00 . . . 01q2 alors la décimale dn`1 est le plus grand chiffre tel que pd1 ,d2 d3 . . . dn dn`1 q2 ď 2.
looomooon
n fois 0
1
Théorème 1.73 Soient x P R et n P N˚ , il existe α P Q et β P Q tels que α ă x ă β et β ´ α ă .
n
Preuve : Soit n P N˚ :
1 1
(1) si x “ 0, il suffit de prendre α “ ´ et β “ .
3n 3n
`ř`8 ´i ˘ k 1
(2) si x “ i“1 di b b P R`˚ , on considère N P N˚ tel que bk´N ă ;
`ř N ˘ `ř N ˘ 3n
´i ´N k ´i ´N k
on pose α “ i“1 di b ´b b et β “ i“1 di b ` 2b b ;
1 ` N ˘ ` N ˘
on a alors β ´ α “ 3bk´N ă et α ă ´i k
` b´N bk ă β.
ř ř ´i
i“1 di b b ďxď i“1 di b
n
1
(3) si x P R´˚ , on choisit γ P Q`˚ et δ P Q`˚ tels que γ ă ´x ă δ et δ ´ γ ă et on a le résultat attendu
n
en posant α “ ´δ et β “ ´γ.
Définition 1.74
(a) On appelle coupure de Q`˚ , notée pA, Bq, la donnée de deux parties A et B de Q`˚ telles que :
(i) A et B sont non vides,
(ii) pour tout a P A et tout b P B on a : a ă b (et donc A et B sont disjoints),
(iii) pour tout a P A et pour tout a1 P Q`˚ tel que a1 ă a on a a1 P A,
(iv) pour tout b P B et pour tout b1 P Q`˚ tel que b1 ą b on a b1 P B,
1
(v) pour tout n P N˚ il existe a P A et b P B tels que b ´ a ă ,
n
(vi) A n’a pas d’élément maximal (c.-à-d. : il n’y a pas d’élément de A plus grand que tous les autres),
(vii) B n’a pas d’élément minimal (c.-à-d. : il n’y a pas d’élément de B plus petit que tous les autres).
(b) On identifie toute fraction rationnelle x P Q`˚ à la coupure pA, Bq où A est l’ensemble des fractions
rationnelles a P Q`˚ telles que a ă x, et B est l’ensemble des fractions rationnelles b P Q`˚ telles que
b ą x. Dans ce cas, on écrit pA, Bq “ x.
(Cette définition des coupures diffère de la définition ! standard ", notamment sur les propriétés de B. On
peut aussi, pour construire l’ensemble des réels, considérer des coupures de Q plutôt que de Q`˚ , mais alors la
définition de la multiplication pose des difficultés qu’on a préféré éviter.)
Remarque 1.75
(1) Soient pA, Bq une coupure et x P Q`˚ tels que x R A et x R B. D’après les propriétés (iii) et (iv) on a
x ą a pour tout a P A, et x ă b pour tout b P B. Soit alors y P Q`˚ tel que y ă x et n P N˚ tel que
1
y ` ă x (il suffit de prendre n ą px ´ yq´1 ). D’après la propriété (v) il existe a P A et b P B tels que
n
1 1 1
b ´ a ă , mais alors y ă x ´ ă b ´ ă a donc y P A, ce qui montre que A est l’ensemble des fractions
n n n
rationnelles a P Q`˚ telles que a ă x. On montre de même que B est l’ensemble des fractions rationnelles
b P Q`˚ telles que b ą x. Conclusion : pA, Bq “ x.
(2) On déduit de la remarque qui précède qu’il y a deux types de coupures :
— les coupures pA, Bq “ x avec x P Q`˚ pour lesquelles : A Y B “ Q`˚ ztxu.
— les autres coupures pA, Bq pour lesquelles : A Y B “ Q`˚ .
(3) On en déduit aussi que si pA, Bq est une coupure, si a R B et si a1 ă a, alors a P A, et de même, si b R A
et si b1 ą b alors b1 P B.
(4) On en déduit encore que si pA, Bq et pC, Dq sont deux coupures alors pA, Bq “ pC, Dq si l’une des conditions
suivantes est réalisée :
— C Ă A et D Ă B ;
— C “ A;
— D “ B.
Définition 1.76 Soient E et F deux parties de Q`˚ . On définit la somme et le produit de E et F par :
— E ` F “ tx ` y, x P E et y P F u
— et E ¨ F “ txy, x P E et y P F u.
Proposition et Définition 1.77 Soient pA, Bq et pC, Dq deux coupures de Q`˚ . On définit la somme et le
produit de pA, Bq et pC, Dq par :
— pA, Bq ` pC, Dq “ pA ` C, B ` Dq
— et pA, Bq ¨ pC, Dq “ pA ¨ C, B ¨ Dq.
Alors :
(a) la somme et le produit de deux coupures de Q`˚ sont des coupures de Q`˚ ;
(b) si pA, Bq “ x et pC, Dq “ y avec x P Q`˚ et y P Q`˚ , alors pA, Bq ` pC, Dq “ x ` y et pA, Bq ¨ pC, Dq “ xy.
(Autrement dit, les opérations sur les coupures de Q`˚ coı̈ncident avec les opérations sur les fractions
rationnelles strictement positives.)
(iii) Soit u “ ac P U avec a P A et c P C, et soit u1 P Q`˚ tel que u1 ă u. On pose k “ u1 ¨ u´1 P Q`˚ , et
a1 “ ka P Q`˚ . On a k ă 1 donc a1 ă a et donc a1 P A. Mais a1 c “ kac “ ku “ u1 donc u1 P U .
(iv) De même, soit v “ bd P V avec b P B et d P D, et soit v 1 P Q`˚ tel que v 1 ą v. On pose
k “ v 1 ¨ v ´1 P Q`˚ , et b1 “ kb P Q`˚ . On a k ą 1 donc b1 ą b et donc b1 P B. Mais b1 d “ kbd “ kv “ v 1
donc v 1 P V .
(v) On fixe un entier k P N˚ tel que k P B X D. (Il suffit de prendre k P N˚ tel que k ą β ` δ où β P B
et δ P D.) On a alors a ă k et c ă k pour tout a P A et tout c P C.
1 1
Soit n P N˚ . Il existe pa, bq P A ˆ B tel que b ´ a ă et pc, dq P C ˆ D tel que d ´ c ă .
2npk ` 1q 2nk
On considère
ˆ alors
˙ u “ ac P U et v “ bd P V et on a v ´ u “ bd ´ ac “ pb ´ aqd ` apd ´ cq ă
1 1 1 1
pb ´ aq c ` ` apd ´ cq ď pb ´ aqpk ` 1q ` kpd ´ cq ă ¨ pk ` 1q ` k ¨ “ .
2nk 2npk ` 1q 2nk n
(vi) Soit u “ ac P U . Il existe a1 P A tel que a1 ą a car A n’a pas d’élément maximal. De même Il existe
c1 P C tel que c1 ą c car C n’a pas d’élément maximal. On considère alors u1 “ a1 c1 P U et on a
u1 “ a1 c1 ą ac “ u. Conclusion : U n’a pas d’élément maximal.
(vii) De même, soit v “ bd P V . Il existe b1 P B tel que b1 ă b car B n’a pas d’élément minimal. De même
Il existe d1 P D tel que d1 ă d car D n’a pas d’élément minimal. On considère alors v 1 “ b1 d1 P U et
on a v 1 “ b1 d1 ă bd “ v. Conclusion : V n’a pas d’élément minimal.
Preuve du point (b) : il suffit de remarquer que si pA, Bq “ x et pC, Dq “ y, avec x P Q`˚ et y P Q`˚ , et si
a P A, b P B, c P C et d P D, alors a ` c ă x ` y ă b ` d, ce qui montre que x ` y R A ` C et x ` y R B ` D
d’où, d’après la remarque 1.75 : pA ` C, B ` Dq “ x ` y. On procède de même pour le produit.
Théorème 1.78 Les opérations d’addition et de multiplication vérifient, sur les coupures de Q`˚ , les pro-
priétés suivantes (héritées de Q`˚ ) :
(CoA) l’addition est commutative ;
(AsA) l’addition est associative ;
(NeM) 1 est élément neutre pour la multiplication ;
(CoM) la multiplication est commutative ;
(AsM) la multiplication est associative ;
(DiMA) la multiplication est distributive par rapport à l’addition ;
(Inv) tout élément est inversible.
Exercice 1.79 Soit pA, Bq une coupure de Q`˚ et soient C “ tx´1 , x P Bu et D “ tx´1 , x P Au. Montrer
que pC, Dq est une coupure de Q`˚ et que pC, Dq est l’inverse de pA, Bq.
Exemple 1.80 Soit A l’ensemble des fractions rationnelles a P Q`˚ telles que a2 ă 2 et B l’ensemble des
fractions rationnelles b P Q`˚ telles que b2 ą 2. pA, Bq est une coupure de Q`˚ .
Soit alors pU, V q “ pA, Bq2 “ pA, Bq ¨ pA, Bq. Si u “ a1 a2 P U avec a1 P A et a2 P A, alors u2 “ a21 a22 ă 4
donc u ă 2. De même, si v “ b1 b2 P V avec b1 P B et b2 P B, alors v 2 “ b21 b22 ą 4 donc v ą 2. Conclusion : U
est l’ensemble des fractions rationnelles strictement inférieures à 2 et V est l’ensemble des fractions rationnelles
strictement supérieures à 2, donc pU, V q “ 2 d’où pA, Bq2 “ 2.
Toutefois, il n’existe pas de fraction rationnelle x P Q`˚ telle que pA, Bq “ x, sinon on aurait x2 “ 2
(cf. exemple 1.68).
On définit sur les coupures de Q`˚ une relation d’ordre totale ! ď " de la façon suivante.
Définition 1.81 Soient pA, Bq et pC, Dq deux coupures de Q`˚ . Si A Ă C (ou de manière équivalente si
D Ă B) on dit que pA, Bq est inférieure ou égale à pC, Dq et on écrit pA, Bq ď pC, Dq. Si pA, Bq ď pC, Dq et
pA, Bq “ pC, Dq on dit que pA, Bq est strictement inférieure à pC, Dq et on écrit pA, Bq ă pC, Dq
Proposition et Définition 1.82 Soient pA, Bq et pC, Dq deux coupures de Q`˚ . Alors pA, Bq ă pC, Dq
si et seulement s’il existe une coupure pE, F q de Q`˚ telle que pC, Dq “ pA, Bq ` pE, F q. On note alors
pE, F q “ pC, Dq ´ pA, Bq.
Preuve : Si pC, Dq “ pA, Bq ` pE, F q, on montre sans difficulté que A Ă C. En effet, si a P A et e P E alors
a ă a ` e P C donc a P C.
La réciproque est plus délicate : si pA, Bq ă pC, Dq, on pose :
— E “ tc ´ b, b P B, c P C et b ă cu
— et F “ td ´ a, d P D, a P A et a ă du.
On va montrer que pE, F q est une coupure de Q`˚ puis que pA, Bq ` pE, F q “ pC, Dq.
(i) Pour montrer que E est non vide, on doit prouver l’existence d’au moins un couple pb, cq d’éléments de B
et C, tel que b ă c. On procède comme ceci : comme A Ă C et A “ C, il existe c0 P CzA. On a alors
a ă c0 pour tout a P A. De plus, comme C n’a pas d’élément maximal, il existe aussi c P C tel que
1 1
c ą c0 . On considère alors n P N˚ tel que ă c ´ c0 , et a P A et b P B tels que b ´ a ă . Alors
n n
1 1
b ă a ` ă c0 ` ă c.
n n
F est non vide car si a P A et d P D, alors a P C donc a ă d.
(ii) Soient e “ c ´ b P E et f “ d ´ a P F , avec a P A, b P B, c P C, d P D. On a alors a ă b et c ă d donc
f ´ e “ pd ´ aq ´ pc ´ bq “ pd ´ cq ` pb ´ aq ą 0 donc e ă f .
(iii) Soit e “ c ´ b P E, avec b P B et c P C, et soit e1 P Q`˚ tel que e1 ă e. Soit alors b1 “ b ` pe ´ e1 q. On a
b1 ą b donc b1 P B et e1 “ c ´ b1 donc e1 P E.
(iv) Soit f “ d ´ a P F , avec a P A et d P D, et soit f 1 P Q`˚ tel que f 1 ą f ; Soit alors d1 “ d ` pf 1 ´ f q ; On
a d1 ą d donc d1 P D et f 1 “ d1 ´ a donc f 1 P F .
(v) On fixe b0 P B et c0 P C tels que b0 ă c0 . Soit alors n P N˚ et a P A, b P B, c P C et d P D tels que
1 1 1
b´a ă et d ´ c ă . Si b ą b0 alors b0 ´ a ă b ´ a ă donc, quitte à remplacer b par b0 , on
2n 2n n
1
peut supposer b ď b0 . De même si c ă c0 alors d ´ c0 ă d ´ c ă donc, quitte à remplacer c par c0 , on
n
peut supposer c ě c0 . On a donc b ă c et on peut considérer e “ c ´ b P E et f “ d ´ a P F , et on a
1
f ´ e “ pd ´ cq ` pb ´ aq ă .
n
(vi) Soit e “ c ´ b P E avec b P B, c P C et b ă c. C n’a pas d’élément maximal donc il existe c1 P C tel que
c1 ą c et alors e1 “ c1 ´ b P E et e1 ą e, ce qui montre que E n’a pas d’élément maximal.
(vii) Soit f “ d ´ a P F avec a P A, d P D. D n’a pas d’élément minimal donc il existe d1 P D tel que d1 ă d et
alors f 1 “ d1 ´ a P F et f 1 ă f , ce qui montre que F n’a pas d’élément minimal.
Enfin, soit a P A et e “ c ´ b P E avec b P B, c P C et b ă c ; alors a ` e “ a ` c ´ b “ c ´ pb ´ aq ă c donc
a ` e P C ; de même soit b P B et f “ d ´ a P F avec a P A et d P D ; alors b ` f “ b ` d ´ a “ d ` pb ´ aq ą d
donc b ` f P D. La somme de pA, Bq et pE, F q étant une coupure, ce ne peut donc être que pC, Dq.
1
Théorème 1.84 Soient x P R et n P N˚ , il existe α P Q et β P Q tels que α ă x ă β et β ´ α ă .
n
Preuve : Soit n P N˚ :
1 1
(1) si x “ 0, il suffit de prendre α “ ´ et β “ .
3n 3n
1
(2) si x P R`˚ , alors x est une coupure pAx , Bx q et on sait qu’il existe α P Ax et β P Bx tels que β ´ α ă ;
n
(3) si x P R´˚ , alors x “ ´x1 où x1 est une coupure pAx1 , Bx1 q et on sait qu’il existe α1 P Ax1 et β 1 P Bx1 tels
1
que β 1 ´ α1 ă ; on prend alors α “ ´β 1 et β “ ´α1 .
n
Définition 1.85 On définit sur R l’addition et la multiplication de la façon suivante (on se reportera à la
section précédente pour les opérations sur les coupures) :
— pour tout x P R : 0 ` x “ x ` 0 “ x et 0 ¨ x “ x ¨ 0 “ 0,
— pour tout couple px, yq de coupures de Q`˚ : p`xq ` p`yq “ `px ` yq et p´xq$ ` p´yq “ ´px ` yq,
&`py ´ xq si x ă y,
— pour tout couple px, yq de coupures de Q`˚ : p´xq ` p`yq “ p`yq ` p´xq “ 0 si x “ y,
´px ´ yq si y ă x,
%
— pour tout couple px, yq de coupures de Q`˚ : p`xq ¨ p`yq “ p´xq ¨ p´yq “ `pxyq et p´xq ¨ p`yq “ ´pxyq.
1.4.5 Ordre
On définit sur R une relation d’ordre totale, compatible avec l’addition et la multiplication, de la même façon
que sur Z et Q (cf. §1.2.2).
Théorème 1.89 R est archimédien : pour tout px, yq P R˚ , il existe p P N˚ tel que |x| ă p|y|
Preuve : on développe le terme de droite : pv ´ uqpv n´1 ` v n´2 u ` ¨ ¨ ¨ ` vun´2 ` un´1 q “ pv n ` v n´1 u ` ¨ ¨ ¨ `
v 2 un´2 ` vun´1 q ´ pv n´1 u ` v n´2 u2 ` ¨ ¨ ¨ ` vun´1 ` un q ; après simplification, il reste v n ´ un .
Preuve : on considère Ay , l’ensemble des fractions rationnelles a P Q`˚ telles que an ă x, et By , l’ensemble
des fractions rationnelles b P Q`˚ telles que bn ą x. pAy , By q est une coupure qui définit un nombre réel y et
on a y n “ x, ce qui prouve l’existence de y. De plus, s’il existe z P R`˚ tel que z n “ x, alors z n “ y n , c.-à-d.
z n ´ y n “ 0, mais z n ´ y n “ pz ´ yqpz n´1 ` z n´2 y ` ¨ ¨ ¨ ` zy n´2 ` y n´1 q, or z n´1 ` z n´2 y ` ¨ ¨ ¨ ` zy n´2 ` y n´1 “ 0
donc z ´ y “ 0 c.-à-d. z “ y, ce qui prouve l’unicité de y.
?
n ?
Dans les deux cas, y est appelé racine n-ième de x et notée x. (Pour n “ 2 on écrit simplement x.)
De plus :
n? n?
(c) Soient n P N˚ un nombre pair, x1 P R` et x2 P R` ; alors x1 ă x2 si et seulement si x1 ă x2 .
?
n ?
n
(d) Soient n P N˚ un nombre impair, x1 P R et x2 P R ; alors x1 ă x2 si et seulement si x1 ă x2 .
Preuve : (i) si x “ 0 alors y “ 0 est le seul réel tel que y n “ x ; (ii) de plus si n est impair et si x “ ´x1
n
avec x1 P R`˚ et si y 1 “ x1 avec y 1 P R`˚ , alors y “ ´y 1 est le seul nombre réel tel que y n “ x. Enfin (iii) si
?
n ?
n
y1 “ x1 et y2 “ x2 alors x2 ´ x1 “ py2 ´ y1 qpy2n´1 ` y2n´2 y1 ` ¨ ¨ ¨ ` y2 y1n´2 ` y1n´1 q mais si x1 “ x2 alors
y1 “ y2 et y2n´1 ` y2n´2 y1 ` ¨ ¨ ¨ ` y2 y1n´2 ` y1n´1 ą 0 donc x2 ´ x1 est du même signe que y2 ´ y1 . De plus
(iv) si n est impair alors y1 est du même signe que x1 , et de même y2 est du même signe que x2 ; s’ils sont de
signe opposé, le résultat est donc immédiat, sinon on procède comme pour le cas précédent en remarquant que
y2n´1 ` y2n´2 y1 ` ¨ ¨ ¨ ` y2 y1n´2 ` y1n´1 ą 0 même si y1 ă 0 et y2 ă 0 car n est impair (et donc n ´ 1 est pair).
Proposition 1.93
b? ?
m n mn
(a) On a pour tout pm, nq P pN˚ q2 et tout x P R` : x“ x.
(Le résultat s’étend à x P R si m et n sont impairs.)
? n?
n ?
n
(b) On a pour tout n P N˚ et tout px, yq P pR` q2 : x ¨ y “ xy.
(Le résultat s’étend à px, yq P R2 si n est impair.)
Preuve :
b?
m n ?
n ?
mn
(a) Soit z “ x. On a z m “ x donc z mn “ pz m qn “ x et donc z “ x.
?
n ?
n n n n n ?
(b) Soit u “ x, v “ y et w “ uv. On a w “ puvq “ u v “ xy donc w “ xy.
a
Définition 1.94 Soient x P R`˚ et r “ P Q˚ avec a P Z˚ , b P N˚ et a et b premiers entre eux. On pose
? b
a b
xr “ x b “ xa . (La définition s’étend à x “ 0 si a ą 0 et à x P R´˚ si b est impair. On pose également x0 “ 1
si x P R˚ .)
a ?
b
Remarque 1.95 Si r “ alors xr “ xa même si a “ 0 ou si a et b ne sont pas premier entre eux. C’est
b
évident si a “ 0 car alors r “ 0 et xr “ xa “ 1 ; sinon, si d “ pgcdpa, bq et a “ da1 et b “ db1 , alors a1 et b1 sont
?
b1 ` ˘b ´`? b1 a1 ˘b1 d
¯ ` 1 ˘d ?b
premier entre eux, donc xr “ xa1 ; de plus xr “ x “ xa “ xa donc xr “ xa .
Preuve :
a c ad bc ad ` bc ?
bd
?
bd
?
bd
(a) Soient r “ et s “ ; alors r “ ,s“ et r`s “ donc xr ¨xs “ xad ¨ xbc “ xad ¨ xbc “
? b d bd bd bd
bd ad`bc
x “ xr`s .
a b
a b
a b
a b
a
(b) Soit r “ ; alors xr ¨ y r “ xa ¨ y a “ xa ¨ y a “ pxyqa “ pxyqr .
b
Sommaire
2.1 Théorème de la borne supérieure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
2.2 Intervalles et voisinages . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
2.3 Suites et fonctions à valeurs réelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
2.4 Limites de suites à valeurs réelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
2.4.1 Définition et exemples . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
2.4.2 Résultats généraux sur les limites de suites . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
2.4.3 Suites croissantes majorées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
2.4.4 Suites adjacentes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
2.4.5 Théorème de Bolzano-Weierstrass . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
2.5 Limites de fonctions à valeurs réelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
2.5.1 Définition et exemples . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
2.5.2 Résultats généraux sur les limites de fonctions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
2.6 Fonctions continues . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
2.6.1 Définition et propriétés générales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
2.6.2 Théorème des valeurs intermédiaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
2.6.3 Théorème des bornes atteintes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
2.7 Applications . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
2.7.1 Fonction exponentielle (définie par une limite) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
2.7.2 Puissance réelle d’un nombre réel (définie par une borne supérieure) . . . . . . . . . . 58
2.8 Annexe : preuves du théorème de la borne supérieure . . . . . . . . . . . . . . . . 59
Définition 2.3 Soient E un ensemble totalement ordonné et A une partie non vide de E.
(a) Soit M P E. On dit que M est un majorant de A si pour tout x P A : x ď M . Si A admet un majorant,
on dit que A est majorée.
(b) Soit m P E. On dit que m est un minorant de A si pour tout x P A : m ď x. Si A admet un minorant, on
dit que A est minorée.
(c) Si A admet un majorant et un minorant, on dit que A est bornée.
Remarque 2.4
(1) Si M est un majorant de A et si M 1 ě M alors M 1 est également un majorant de A.
(2) Si m est un minorant de A et si m1 ď m alors m1 est également un minorant de A.
Définition 2.6 Soient E un ensemble totalement ordonné et A une partie non vide de E.
(a) Soit M P E. On dit que M est le plus grand élément de A si M P A est si M est un majorant de A.
(b) Soit m P E. On dit que m est le plus petit élément de A si m P A est si m est un minorant de A.
Le plus grand élément de A, s’il existe, s’appelle aussi élément maximal de A, et le plus petit élément de A,
élément minimal de A.
Remarque 2.7 Une partie non vide d’un ensemble totalement ordonné ne peut avoir au plus qu’un élément
maximal et qu’un élément minimal.
Définition 2.9 Soient E est ensemble totalement ordonné et A une partie non vide de E.
(a) Soit S P E. On dit que S est la borne supérieure de A si S est le plus petit des majorants de A.
(b) Soit I P E. On dit que I est la borne inférieure de A si I est le plus grand des minorants de A.
Remarque 2.10 Une partie non vide d’un ensemble totalement ordonné ne peut avoir au plus qu’une borne
supérieure et qu’une borne inférieure.
Exemple 2.11
(1) La borne inférieure de A1 “ R`˚ est 0.
(2) La borne inférieure de A2 “ R` est également 0.
(3) A3 “ R´˚ et A4 “ R´ n’ont pas de borne inférieure, car ils ne sont pas minorés.
(4) La borne supérieure de A3 “ R´˚ est 0.
(5) La borne supérieure de A4 “ R´ est également 0.
(6) A1 “ R`˚ et A2 “ R` n’ont pas de borne supérieure, car ils ne sont pas majorés.
Remarque 2.12
(1) Si A a un élément maximal, alors cet élément est aussi la borne supérieure de A.
(2) Si A a un élément minimal, alors cet élément est aussi la borne inférieure de A.
On en vient en a deux exemples qui illustrent l’intérêt porté aux nombres réels. Ces exemples sont complétés
par le théorème de la borne supérieure énoncé ensuite.
Exemple 2.13 On considère E “ Q, A l’ensemble des fractions rationnelles a P Q`˚ telles que a2 ă 2 et B
l’ensemble des fractions rationnelles b P Q`˚ telles que b2 ą 2 (cf. exemple 1.80) :
— A est non vide (car 1 P A) et est majoré par 2 (si a P A alors a2 ă 2 ď 4 donc a ď 2).
— B est non vide (car 2 P B) et est minoré par 1 (si b P B alors b2 ą 2 ě 1 donc b ě 1).
1 2 ´ a2 1
— A n’a pas d’élément maximal : si a P A et si n P N˚ est tel que ă et ă a
˙2 n 3a n
2 ´ a2
ˆ ˆ ˙
1 2 2a 1 2 1 1 1
alors a ` “a ` ` 2 “a ` 2a ` ă a2 ` ˆ 3a “ 2 donc a ` P A.
n n n n n 3a n
1 b2 ´ 2
— De même, B n’a pas d’élément minimal : si b P B et si n P N˚ est tel que ă
˙2 n 2b
2
ˆ
1 2b 1 1 b ´ 2 1
alors b ´ “ b2 ´ ` 2 ą b2 ´ ˆ 2b ą b2 ´ ˆ 2b “ 2 donc b ´ P B.
n n n n 2b n
— L’ensemble des majorants de A (dans Q) est l’ensemble des fractions rationnelles b P Q`˚ telles que b2 ě 2.
Mais comme il n’existe pas de fraction rationnelle b telle que b2 “ 2 (voir exemple 1.80), l’ensemble des
majorants de A (dans Q) n’est autre que B, ce qui montre que A n’a pas de borne supérieure (dans Q)
puisque B n’a pas d’élément minimal.
— De même, l’ensemble des minorants de B (dans Q) n’est autre que A. ce qui montre que B n’a pas de
borne inférieure (dans Q) puisque A n’a pas d’élément maximal.
Exemple 2.14 On considère maintenant l’exemple analogue au précédant, dans R. Soit donc E “ R, A
l’ensemble des réels a P R`˚ telles que a2 ă 2 et B l’ensemble des réels b P R`˚ telles que b2 ą 2.
Comme précédemment, on montre que A est non vide et n’a pas d’élément maximal, et que B est non vide et
n’a pas d’élément minimal.
` 2
Mais ici, l’ensemble des majorants? de A n’est pas réduit à B, car il existe x P R 2tel que x “ 2 (cf.? exemple
1.80). On note? ce nombre réel 2. De plus, si M est un majorant de A, alors M ě 2 donc M ě 2, ce qui
montre que 2 est le plus petit des majorants de A et que c’est donc la borne supérieure de A.
?
De même, 2 est la borne inférieure de B.
Théorème 2.15 Toute partie non vide et majorée de R a une borne supérieure.
(De même, toute partie non vide et minorée de R a une borne inférieure.)
Ce théorème est admis. Deux preuves sont en annexes, l’une basée sur la définition des nombres réels par leur
écriture en base b, l’autre sur la définition des nombres réels par les coupures.
Proposition 2.17 Il y a 9 types d’intervalle. Ils sont répertoriés dans le tableau ci-dessous :
I est majoré ;
on pose b “ sup I
I a un élément maximal I n’a pas d’élément I n’est pas majoré
(qui est b) maximal
I a un élé- I “ tx P R ; a ď x ď bu I “ tx P R ; a ď x ă bu I “ tx P R ; a ď xu
ment minimal
I est minoré ; (qui est a) on note I “ ra, bs (a ď b) on note I “ ra, br (a ă b) on note I “ ra, `8r
on pose I n’a pas
a “ inf I I “ tx P R ; a ă x ď bu I “ tx P R ; a ă x ă bu I “ tx P R ; a ă xu
d’élément
minimal on note I “ sa, bs (a ă b) on note I “ sa, br (a ă b) on note I “ sa, `8r
I “ tx P R ; x ď bu I “ tx P R ; x ă bu I“R
I n’est pas minoré
on note I “ s´8, bs on note I “ s´8, br on note I “ s´8, `8r
Lorsque I est borné, la notation indique chacune des bornes (inférieure et supérieure) et l’orientation des crochets
indique si chacune des bornes appartient ou pas à I. Lorsque I n’est pas majoré, on remplace l’extrémité
supérieure par ! `8r " on indique ainsi que l’intervalle contient des nombres arbitrairement grands. Lorsque I
n’est pas minoré, on remplace l’extrémité inférieure par ! s´8 " on indique ainsi que l’intervalle contient des
nombres arbitrairement grands (de signe négatif).
Exemple 2.18
(1) L’intervalle s0, `8r n’est autre que R`˚ et l’intervalle r0, `8r n’est autre que R` .
(2) De même s´8, 0r “ R´˚ et s´8, 0s “ R´ .
Exemple 2.20
(1) Si a “ b, l’intervalle ra, bs n’a qu’un élément. C’est une partie fermée, d’intérieur vide.
(2) L’intérieur des intervalles ra, bs, ra, br, sa, bs et sa, br (avec a ă b) est l’intervalle sa, br.
(3) L’adhérence des intervalles ra, bs, ra, br, sa, bs et sa, br (avec a ă b) est l’intervalle ra, bs.
(4) L’ensemble vide (noté H) et R sont à la fois ouverts et fermés.
(5) Les intervalles sa, br (avec a ă b), sa, `8r et s´8, br sont ouverts.
(6) Les intervalles ra, bs (avec a ď b), ra, `8r et s´8, bs sont fermés.
(7) Les intervalles ra, br et sa, bs (avec a ă b) ne sont ni ouverts ni fermés. (On dit qu’ils sont semi-ouverts ou
semi-fermés, mais attention ! Cette terminologie ne s’emploie qu’à propos d’intervalles.)
Exemple 2.22
2
(1) f1 : N Ñ N définie par f1 pnq “ n
? est une application de N dans N.
(2) f2 : N Ñ R définie par f2 pnq “ n est une application de N dans R.
(3) f3 : R Ñ R définie par f3 pxq “ x2 est une application de R dans R.
(4) f4 : R Ñ Z définie par f4 pxq “ Epxq (la partie entière de x) est une application de R dans Z.
(5) f5 : R Ñ Z définie par f5 pxq “ Epx2 q est une application de R dans Z ; on a f5 “ f4 ˝ f3 .
Définition 2.23 Une suite pun qnPN à valeurs réelles est une application de N dans R, c.-à-d. la donnée, pour
chaque nombre entier n, d’un nombre réel noté un . Le nombre réel un s’appelle le terme général de la suite.
On peut aussi considérer des suites tronquées, définies pour des valeurs de n à partir d’un certain rang N ; une
telle suite est notée pun qněN . L’ensemble des points de R2 de coordonnées pn, un q avec n P N (ou n ě N selon
le cas) s’appelle le graphe de la suite de terme général un .
Exemple 2.24
?
(1) La suite de terme général un “ n est définie pour tout n P N.
p´1qn
(2) La suite de terme général un “ est définie pour n ě 1.
n
? b
b
un “ n b
b
b
b
b
p´1qn
b
b
un “
1 b
b
1 n
b
b
b
n b
b
b
b
b
b
b
b n
1 10 1b 10
Définition
` ˘ 2.25 Soient pun qnPN une suite à valeur réelles et ϕ : N Ñ N strictement croissante. La suite
uϕppq pPN est appelée sous-suite (ou suite extraite) de pun qnPN .
Remarque 2.26 On dit que ϕ : N Ñ N est strictement croissante si, pour tout p P N, on a : ϕpp`1q ě ϕppq`1.
Il en résulte que ϕppq ě p pour tout p P N.
p´1qn
Exemple 2.27 Soit un “ définie pour n ě 1.
n
p´1q2p 1
(1) La suite de terme général u2p “ “ , définie pour p ě 1, est la sous-suite des termes positifs de
2p 2p
la suite pun qnPN .
p´1q2p`1 ´1
(2) La suite de terme général u2p`1 “ “ , définie pour p ě 0, est la sous-suite des termes
2p ` 1 2p ` 1
négatifs de la suite pun qnPN .
u2p
1 b
b
r
r
b
r
b
r
b
r n
1r 10
u2p`1
Définition 2.28 Une fonction f de R dans R (notée f : R Ñ R) est la donnée d’un sous-ensemble Df de R,
d’une part, et, pour tout x P Df , d’un nombre réel noté f pxq, d’autre part. (C’est donc une application de Df
dans R.) On demande de plus que Df soit une réunion d’intervalles
` d’intérieurs
˘ non vides. C’est le domaine de
2
définition de f . L’ensemble des points de R de coordonnées x, f pxq avec x P Df s’appelle le graphe de f .
y “ x0 y “ x1 y “ x2 y “ x3
1 1 1 1
x x x x
1 1 1 1
y “x`1 x3
y “x´
1 1 1 3
x x x
1 1 1
y “ x2 ` 2x ´ 1
Exemple 2.30
1
(1) La fonction f : R Ñ R définie par f pxq “ a pour domaine de définition Df “ R˚ “ s´8, 0r Y s0, `8r.
?x
(2) La fonction g : R Ñ R définie par gpxq “ x a pour domaine de définition Dg “ R` “ r0, `8r.
?
3
(3) La fonction h : R Ñ R définie par hpxq “ x a pour domaine de définition Dh “ R “ s´8, `8r.
y y y
? ?
1 y“ x y“
3
x
y“
1 x 1 1
x x x
1 1 1
Définition 2.31
(a) On dit qu’une suite à valeur réelles pun qnPN est croissante (resp. décroissante) si pour tout n P N on a
un ď un`1 (resp. un ě un`1 ).
(b) On dit qu’une suite à valeur réelles pun qnPN est strictement croissante (resp. strictement décroissante) si
pour tout n P N on a un ă un`1 (resp. un ą un`1 ).
(c) On dit qu’une fonction f à valeur réelles, définie sur un intervalle I, est croissante sur I (resp. décroissante
sur I) si pour tout px1 , x2 q P I 2 tel que x1 ď x2 on a f px1 q ď f px2 q (resp. f px1 q ě f px2 q).
(d) On dit qu’une fonction f à valeur réelles, définie sur un intervalle I, est strictement croissante sur I (resp.
strictement décroissante sur I) si pour tout px1 , x2 q P I 2 tel que x1 ă x2 on a f px1 q ă f px2 q (resp.
f px1 q ą f px2 q).
Exemple 2.32
1
(1) La suite de terme général un “ est strictement décroissante.
n
?
(2) La suite de terme général vn “ bn est strictement croissante.
` ˘
(3) La suite de terme général wn “ n n ` p´1qn est croissante mais pas strictement croissante.
a
(En effet, on a pour tout p P N : w2p “ 2pp2p ` 1q “ w2p`1 ă w2p`2 .)
? b
b
b b
1 vn “ n b
b
b
b
b b
b b b
un “ b
b
1 b n 1 b
b b `
wn “ n n ` p´1qn
˘
b b
b b
b
b b b 1
b b
n
b b b b b
n b b
n
1 10 1 10 1 10
y y y
La fonction Epxq est constante sur chaque intervalle rn, n ` 1r, avec n P Z, où elle prend la valeur n. On a
ainsi marqué d’un point l’extrémité gauche de chaque ligne, pour indiquer qu’elle fait partie du graphe, et d’un
crochet ouvert l’extrémité droite de chaque ligne, pour indiquer qu’elle ne fait pas partie du graphe.
Définition 2.33
(a) On dit qu’une suite à valeur réelles pun qnPN est majorée (resp. minorée) s’il existe M P R (resp. m P R)
tel que pour tout n P N on ait un ď M (resp. un ě m).
(b) On dit qu’une suite à valeur réelles pun qnPN est bornée si elle est majorée et minorée.
(c) On dit qu’une fonction f à valeur réelles, définie sur un intervalle I, est majorée sur I (resp. minorée
sur I) s’il existe M P R (resp. m P R) tel que pour tout x P I on ait f pxq ď M (resp. f pxq ě m).
(d) On dit qu’une fonction f à valeur réelles, définie sur un intervalle I, est bornée sur I si elle est majorée et
minorée sur I.
Exemple 2.34
1
(1) La suite de terme général un “ (pour n ě 1) est bornée (majorée par 1 et minorée par 0).
n
?
(2) La suite de terme général vn “ n est minorée par 0 mais n’est pas majorée.
? b
b
1 vn “ n b
b
b
b
b
un “ b
b
1
n b
1 b
b
b
b b b
n b b b b b b
n b
1 10 1 10
(3) La fonction f pxq “ x2 est minorée par 0 sur R mais n’est pas majorée.
1
(4) La fonction hpxq “ , définie sur R˚ , est minorée par 0 sur R`˚ et majorée par 0 sur R´˚ .
x
1
(5) La fonction gpxq “ 2 est bornée sur R (majorée par 1 et minorée par 0).
x `1
y y y
1 1
y “ x2 y“ y“
1 1 x 1
x2 ` 1
x x x
1 1 1
Définition 2.35 Soit pun qnPN une suite à valeurs réelles et ` P R. On dit que la suite pun qnPN a pour limite
`, et on écrit lim un “ ` si, pour tout ε ą 0, il existe N P N tel que pour tout n ě N on a |un ´ `| ă ε.
nÑ`8
Si une suite admet une limite dans R, on dit aussi qu’elle est convergente. Sinon, on dit qu’elle est divergente.
Remarque 2.36
(1) Dire que ! un est proche de ` " est donc traduit par la formule ! |un ´ `| ă ε ", où ε est un nombre réel
strictement positif fixé au départ (et qui peut prendre toutes les valeurs possibles), et ! n est grand " est
traduit par la formule ! n ě N " où N est un entier qui dépend de ε.
(2) L’ordre des termes, tels qu’ils apparaissent dans l’énoncé, est fondamental :
— on fixe en premier un nombre réel strictement positif ε (qui peut prendre toutes les valeurs possibles) ;
— de ce nombre ε dépend un nombre entier N ;
— on a alors, pour tout n ě N : |un ´ `| ă ε.
(3) La définition peut s’écrire à l’aide des symboles ! @ ", dont la signification est ! pour tout ", et D, dont la
signification est ! il existe " :
@ε ą 0 : DN P N : @n ě N : |un ´ `| ă ε
Les symboles de ponctuations et les formules de liaison (! tel que " et ! on a ") ont été remplacés par
un unique symbole de ponctuation ! : ". Cela ne pose pas de problème de compréhension. Avec un peu
d’exercice, la formule qui précède se lit directement :
pour tout ε ą 0, il existe N P N tel que pour tout n ě N on a |un ´ `| ă ε.
Remarque 2.37
(1) On peut être amené à préciser qu’une suite de terme général un a pour limite un nombre réel `, tout en
étant supérieure à ` à partir d’un certain rang. On écrit alors lim un “ `` . Cela signifie :
nÑ8
@ε ą 0 : DN P N : @n ě N : ` ď un ă ` ` ε
(2) De la même manière, si la suite de terme général un a pour limite un nombre réel `, tout en étant inférieure
à ` à partir d’un certain rang, on écrit lim un “ `´ . Cela signifie :
nÑ8
@ε ą 0 : DN P N : @n ě N : ` ´ ε ă un ď `
Parmi les suites divergentes, on distingue celles qui tendent vers l’infini. On dira qu’une suite à valeurs réelles
pun qnPN tend vers l’infini, si lorsque n est grand, un est grand lui aussi, ce qui est explicité par la définition
suivante :
Lemme 2.39 Soit pun qnPN une suite à valeurs réelles ayant une limite L (qui est un nombre réel `, ou `8,
ou ´8). Si pun qnPN a aussi pour limite L1 alors L “ L1 . (Autrement dit, la limite d’une suite, lorsqu’elle existe,
est unique.)
et si lim un “ ` alors :
nÑ8
@ε ą 0 : DN2 P N : @n ě N2 : |un ´ `”| ă ε. p2q
|`1 ´ `|
Si ` “ `1 , on considère ε ď . Alors il existe N P N tel que pour tout n ě N on ait |un ´ `| ă ε et
2
1
|un ´ ` | ă ε. (Il suffit de prendre N “ maxpN1 , N2 q où N1 et N2 sont donnés par les formules p1q et p2q
ci-dessus.) Mais alors |`1 ´ `| “ |p`1 ´ un q ` pun ´ `q| ď |`1 ´ un | ` |un ´ `| ă 2ε ď |`1 ´ `|. C’est absurde.
On traite maintenant le cas où L “ ` P R et L1 “ `8. Dire que lim un “ ` signifie que
nÑ8
@A P R : DN4 P N : @n ě N4 : un ą A. p4q
On considère dans ce cas ε ą 0 et A “ ` ` ε. Il existe alors N P N tel que pour tout n ě N on ait |un ´ `| ă ε et
un ą A. (Il suffit de prendre N “ maxpN3 , N4 q où N3 et N4 sont donnés par les formules p3q et p4q ci-dessus.)
Mais si |un ´ `| ă ε alors un ă ` ` ε “ A. C’est absurde.
Le même type de raisonnement s’applique pour exclure les autres cas où L “ L1 et achever la preuve.
Lemme 2.40 Soient pun qnPN et pvn qnPN deux suites à valeurs réelles ayant respectivement pour limite L et
L1 (qui sont des nombres réels ` ou `1 , ou `8, ou ´8). Si pout tout n P N on a : un ď vn alors L ď L1 (où l’on
convient que ´8 ď ` ď `8 pour tout ` P R).
Remarque 2.41 Attention : si un ă vn , pour tout n P N, il est tout à fait possible que L “ L1 . Par exemple,
1
si un “ 0 et si vn “ , alors pour tout n P N˚ , un ă vn mais lim un “ 0 “ lim vn .
n nÑ`8 nÑ`8
` ´ `1
Si `1 ă `, on prend ε ď et N “ maxpN5 , N6 q où N5 et N6 sont donnés par les formules p5q et p6q ci-dessus.
2
On a alors, pour tout n ě N : vn ă `1 ` ε ď ` ´ ε ă un . C’est absurde, donc ` ď `1 .
Les autres cas se démontrent de la même façon, en partant des définitions des limites.
Lemme 2.42 Soit pun qnPN une suite à valeurs réelles ayant une limite L (qui est un nombre réel `, ou `8,
ou ´8).
(a) Si L “ ` P R alors la suite pun qnPN est bornée.
(b) Si L “ `8 alors la suite pun qnPN est minorée.
(c) Si L “ ´8 alors la suite pun qnPN est majorée.
@ε ą 0 : DN P N : @n ě N : |un ´ `| ă ε.
On prend alors ε “ 1 (par exemple). Il existe donc N P N tel que pour tout n ě N on a ` ´ 1 ă un ă ` ` 1,
ce qui montre que la suite pun qnPN est bornée (par ` ´ 1 et ` ` 1) à partir du rang N . Mais les termes de rang
ă N sont en nombre fini. Ils sont donc également bornés, ce qui montre que la suite pun qnPN est bornée.
Les deux autres points se démontrent de la même façon, en partant de la définition.
Lemme 2.43 Soit pun qnPN` une ˘ suite à valeurs réelles ayant une limite L (qui est un nombre réel `, ou `8,
ou ´8). Toute sous-suite uϕppq pPN de la suite pun qnPN a pour limite L.
@ε ą 0 : DN P N : @n ě N : |un ´ `| ă ε. p˚q
` ˘
Soit maintenant uϕppq pPN une sous suite de la suite pun qnPN , ou ϕ : N Ñ N est strictement croissante. On
rappelle qu’on a ϕppq ě p pour
ˇ tout pˇ P N. Soit maintenant ε ą 0 et N P N comme dans p˚q. Alors, pour tout
p ě N , on a ϕppq ě N donc ˇuϕppq ´ `ˇ ă ε, ce qui montre bien que :
ˇ ˇ
@ε ą 0 : DN P N : @p ě N : ˇuϕppq ´ `ˇ ă ε
Exemple 2.44
1
(1) La suite de terme général un “ a pour limite 0` .
n
1
Intuitivement, si n tend vers `8, il est plutôt évident que tende vers 0. Sinon, on se ramène à la
n
ˆ ˙
1
définition 2.35 en procédant ainsi : on fixe ε ą 0, et N “ E ` 1 (on exprime donc explicitement N
ε
1 1 1
en fonction de ε) ; alors N ą donc ă ε et donc si n ě N on a 0 ď ă ε ; ceci est vrai pour tout
ε N n
1
ε ą 0, ce qui montre que lim “ 0` .
nÑ`8 n
(2) La suite de terme général vn “ p´1qn n’a pas de limite.
En effet, la sous-suite de terme général v2p “ p´1q2p “ 1 est constante et a donc pour limite 1 et la sous
suite de terme général v2p`1 “ p´1q2p`1 “ ´1 est constante et a donc pour limite ´1. La suite de terme
général vn ne peut donc avoir de limite d’après le lemme 2.43.
?
(3) La suite de terme général wn “ n a pour limite `8. ?
En effet, si?A P R` est fixé, et si N “ EpA2 q ` 1, alors si n ě N ą A2 on a wn “ n ą A, ce qui montre
que lim n “ `8 par la définition 2.38.
nÑ`8
? b
b
1 vn “ p´1qn wn “ n b
b
b
b
b
un “ b
b
1 b n 1 b b b b b b
1 b
b
b
b b b b b b b b b
n n b
n
1 10 1b b b b b
10 b
1 10
on a xn`1 ă a ˆ pI ` εq “ I ce qui est absurde, d’où I “ 0. On en déduit que, pour tout ε ą 0, il existe
n P N˚ tel que xn ă ε, donc lim xn “ 0. De plus xn ą 0 pour tout n P N donc lim xn “ 0`
nÑ`8 nÑ`8
(5) Soit x P R`˚ . Si x ą 1 alors la suite de terme général xn a pour limite `8.
On raisonne comme pour l’exemple précédent en considérant E “ txn ; n P N˚ u. Si E est majoré, il a une
borne supérieure S “ suppEq. Par définition, pour tout ε ą 0, S ´ ε n’est pas un majorant de E, donc il
x´1
existe n P N˚ tel que xn ą S ´ ε. On considère alors ε “ S ˆ . On a donc x ˆ pS ´ εq “ S. Mais
x
˚ n n`1
alors, on choisit n P N tel que x ą S ´ ε, et on a x ą x ˆ pS ´ εq “ S ce qui est absurde, donc E
n’est pas majoré. On en déduit que, pour tout A P R` , il existe N P N˚ tel que xN ą A, et alors, pour
tout n ě N on a xn ą xN ą A, donc lim xn “ `8.
nÑ`8
Toutefois, il est aussi possible de déduire ce résultat de l’exemple qui précède grâce à la proposition 2.45,
point (o) qui suit.
b
b
b
0,8n 1,2n b
b
b
b
b
1 b
b
b b b b
b
b b b b 1 b
b b b b
n n
1 10 1 10
? 1
(6) Soit x P R`˚ . Si x ą 1 alors la suite?de terme général n x “ x n?a pour limite?1` . ? n`1
n n n`1 n n`1
En
? effet, la
? suite de terme général x est décroissante,
? (car p xq “ x ¨ x ě x “ p xq , donc
?
n n`1
xě x)
? et est minorée par 1. Soit alors ` “ inft x ; n P N u ; on a, pour tout n P N : 1 ď ` ď n x,
n ˚ ˚
d’où `n ď pn xqn “ x. Or si ` ą 1, on a montré dans l’exemple précédent que lim `n “ `8 ce qui est
nÑ`8
?
impossible car `n ď x donc ` “ 1, ce qui montre que lim n x “ 1` .
nÑ`8
? 1
(7) Soit x P R . Si x ă 1 alors la suite de?terme général n x “ x n a pour limite 1´ .
`˚
Dans ce cas, la suite de terme général n x est ? croissante et est majorée par 1. En suivant le cheminement
?
de l’exemple précédent, on considère ` “ suptn x ; n P N˚ u ; et on montre que ` “ 1, d’où lim n x “ 1´ .
nÑ`8
b ?
n
n
a 3
0,2 b
b b b b b b b b b
1 b b b b b b b b b 1
b
b
n n
1 10 1 10
Proposition 2.45 Soient pun qnPN , pvn qnPN et pwn qnPN trois suites à valeurs réelles.
Encadrement (énoncé également connu sous le nom de théorème des gendarmes) :
(a) Si lim un “ ` P R et lim wn “ `, et si, pour tout n P N, on a un ď vn ď wn , alors lim vn “ `.
nÑ`8 nÑ`8 nÑ`8
(b) Si lim un “ `8 et si pour tout n P N, on a un ď vn , alors lim vn “ `8.
nÑ`8 nÑ`8
(c) Si lim un “ ´8 et si pour tout n P N, on a un ě vn , alors lim vn “ ´8.
nÑ`8 nÑ`8
Limite de la somme :
(d) Si lim un “ ` P R et lim vn “ `1 P R et si pλ, µq P R2 alors lim pλun ` µvn q “ λ` ` µ`1 .
nÑ`8 nÑ`8 nÑ`8
(e) Si lim un “ `8 et si pvn qnPN est minorée alors lim pun ` vn q “ `8.
nÑ`8 nÑ`8
(f) Si lim un “ ´8 et si pvn qnPN est majorée alors lim pun ` vn q “ ´8.
nÑ`8 nÑ`8
Limite du produit :
(g) Si lim un “ ` P R et lim vn “ `1 P R alors lim un vn “ ``1 .
nÑ`8 nÑ`8 nÑ`8
(h) Si lim un “ 0 et si pvn qnPN est bornée alors lim un vn “ 0.
nÑ`8 nÑ`8
(i) Si lim un “ `8 et si pvn qnPN est minorée par un nombre m ą 0 alors lim un vn “ `8.
nÑ`8 nÑ`8
(j) Si lim un “ ´8 et si pvn qnPN est minorée par un nombre m ą 0 alors lim un vn “ ´8.
nÑ`8 nÑ`8
(k) Si lim un “ `8 et si pvn qnPN est majorée par un nombre M ă 0 alors lim un vn “ ´8.
nÑ`8 nÑ`8
(l) Si lim un “ ´8 et si pvn qnPN est majorée par un nombre M ă 0 alors lim un vn “ `8.
nÑ`8 nÑ`8
Limite d’une puissance : soit pun qnPN une suite à termes positifs :
(m) Si r P Q`˚ et si lim un “ ` P R` alors lim urn “ `r .
nÑ`8 nÑ`8
(n) Si r P Q`˚ et si lim un “ `8 alors lim urn “ `8.
nÑ`8 nÑ`8
Limite de l’inverse : soit pun qnPN une suite à termes non nuls :
1 1
(o) Si lim un “ ` P R˚ alors lim “ .
nÑ`8 nÑ`8 un `
1
(p) Si lim un “ 0` alors lim “ `8,
nÑ`8 nÑ`8 un
1
(q) Si lim un “ `8 alors lim “ 0` ,
nÑ`8 nÑ`8 un
1
(r) Si lim un “ 0´ alors lim “ ´8.
nÑ`8 nÑ`8 un
1
(s) Si lim un “ ´8 alors lim “ 0´ .
nÑ`8 nÑ`8 un
Exemple 2.46 Soit pvn qnPN une suite à valeurs dans R`˚ .
vn`1
(a) S’il existe a P R`˚ tel que a ă 1 et pour tout n P N : ď a, alors lim vn “ 0.
vn nÑ`8
`˚ vn`1
(b) S’il existe a P R tel que a ą 1 et pour tout n P N : ě a, alors lim vn “ `8.
vn nÑ`8
En effet, dans le premier cas on a 0 ď vn ď c ˆ an et dans le second cas vn ě c ˆ an avec c P R`˚ . Ces résultats
découlent donc de la proposition 2.45, points (a) et (b), et de l’exemple 2.44, points (4) et (5).
Preuve de la proposition :
(a) Dire que lim un “ ` signifie que :
nÑ`8
On fixe alors ε ą 0 et on prend N “ maxpN1 , N2 q où N1 et N2 sont donnés par les formules pAq et pBq.
On a alors, pour tout n ě N :
` ´ ε ă un ă vn ă wn ă ` ` ε c.-à-d. |vn ´ `| ă ε.
@A P R : DN P N : @n ě N : un ą A. pCq
A ă un ă vn .
Ceci est vrai pour tout A P R donc lim vn “ `8. On procède de même pour le point (c)
nÑ`8
(d) Si λ “ µ “ 0, il n’y a rien a montrer car dans ce cas la suite de terme général λun ` µvn est constante (et
vaut 0), et sa limite est bien 0. Sinon, on procède comme suit, en se ramenant aux définitions : dire que
lim un “ ` signifie que :
nÑ`8
@ε ą 0 : DN1 P N : @n ě N1 : |un ´ `| ă ε. pDq
et dire que lim vn “ `1 signifie que :
nÑ`8
On fixe alors ε ą 0 et on prend N “ maxpN1 , N2 q où N1 et N2 sont donnés par les formules pDq et pEq.
On a alors, pour tout n ě N :
ˇ ˇ ˇ ˇ ` ˘
ˇ pλun ` µvn q ´ pλ` ` µ`1 q ˇ “ ˇ λpun ´ `q ` µpvn ´ `1 q ˇ ď |λ| ˆ |un ´ `| ` |µ| ˆ |vn ´ `1 | ă |λ| ` |µ| ε.
ε1
Ceci est vrai pour tout ε ą 0. C’est donc aussi vrai si on prend ε “ où ε1 est choisi arbitrairement.
|λ| ` |µ|
On a donc montré :
ˇ ˇ
@ε1 ą 0 : DN P N : @n ě N : ˇ pλun ` µvn q ´ pλ` ` µ`1 q ˇ ă ε1
@A P R : DN P N : @n ě N : un ą A.
un ` vn ą A ` m.
Ceci est vrai pour tout A P R. C’est donc aussi vrai si on prend A “ A1 ´m où A1 est choisi arbitrairement.
On a donc montré :
@A1 P R : DN P N : @n ě N : un ` vn ą A1
donc lim pun ` vn q “ `8. On procède de même pour le point (f).
nÑ`8
Les résultats des points (e’) et (f’) découlent des résultats des points (e) et (f) et du lemme 2.42.
(g) Si λ “ 0 ou µ “ 0, il n’y a rien a montrer car dans ce cas la suite de terme général un vn est constante (et
vaut 0), et sa limite est bien 0. Sinon, on procède comme suit, en se ramenant aux définitions : dire que
lim un “ ` signifie que :
nÑ`8
@ε ą 0 : DN1 P N : @n ě N1 : |un ´ `| ă ε. pDq
et dire que lim vn “ `1 signifie que :
nÑ`8
On fixe alors ε ą 0 et on prend N “ maxpN1 , N2 q où N1 et N2 sont donnés par les formules pDq et pEq.
On a alors, pour tout n ě N :
ˇ ˇ ˇ ˇ ` ˘
ˇ un vn ´ ``1 ˇ “ ˇ un pvn ´ `1 q ` `1 pun ´ `1 q ˇ ď |un | ˆ |vn ´ `1 | ` |`1 | ˆ |un ´ `1 | ă |un | ` |`1 | ε.
Mais la suite de terme général un est bornée (car elle a une limite) donc il existe M P R` te que |un | ď M
pour tout n P N et donc : ˇ ˇ ` ˘
ˇ un vn ´ ``1 ˇ ă M ` |`1 | ε.
ε1
Ceci est vrai pour tout ε ą 0. C’est donc aussi vrai si on prend ε “ où ε1 est choisi arbitrairement.
M ` |`1 |
On a donc montré : ˇ ˇ
@ε1 ą 0 : DN P N : @n ě N : ˇ un vn ´ ``1 ˇ ă ε1
donc lim un vn “ ``1 .
nÑ`8
On laissera le lecteur donner lui-même la preuve des points (h) à (l’), en s’inspirant des preuves qui précèdent.
(m) On sépare la preuve de ce point en deux étapes :
(i) Soit a P N˚ . On a uan “ u a a
n ˆ un ˆ ¨ ¨ ¨ ˆ un . Si lim un “ ` alors lim un “ ` d’après le point (g).
nÑ`8 nÑ`8
looooooooooomooooooooooon
a fois
Mais on peut aussi le prouver directement. On a :
uan ´ `a “ pun ´ `qpua´1
n ` ua´2 a´3 2
n ` ` un ` ` ¨ ¨ ¨ ` un `
a´2
` `a´1 q
donc, si |un ´ `| ă ε, et si M est un majorant de la suite pun qnPN , alors :
|uan ´ `a | ă M 1 ε
où M 1 “ M a´1 ` M a´2 ` ` M a´3 `2 ` ¨ ¨ ¨ ` M `a´2 ` `a´1 . En se ramenant à la définition de la limite
d’une suite, on en déduit, comme pour les points précédents, que lim uan “ `a .
nÑ`8
? a
(ii) Soit maintenant b P N et soient xn “ un et L “ `. On a xn “ un et Lb “ `.
˚ b b b
On laissera le lecteur donner lui-même la preuve des points (q) à (s) en s’inspirant des preuves qui précèdent.
Voici maintenant les premiers résultats non triviaux d’existence de la limite d’une suite. Ce sont les premières
conséquences fondamentales du théorème de la borne supérieure.
Preuve : soit pun qnPN une suite à valeurs réelles, croissante et majorée ; on considère l’ensemble A formé de
tous les termes de cette suite, c.-à-d. : A “ tun ; n P Nu. Comme la suite pun qnPN est majorée, l’ensemble
A est également majoré, donc il admet une borne supérieure ` qui est un nombre réel. On va montrer que
lim un “ `´ . En effet soit ε ą 0. Comme ` “ sup A, ` ´ ε n’est pas un majorant de A, donc il existe N P N
nÑ`8
tel que ` ´ ε ă uN ď `. Mais la suite pun qnPN est croissante, donc pour tout n ě N on a ` ´ ε ă uN ď un ď `.
Ceci est vrai pour tout ε ą 0 d’où le résultat annoncé.
n
ÿ 1
Exemple 2.48 On considère la suite de terme général un “ définie pour n ě 1. C’est une suite
k“1
k2
1 1 1
strictement croissante car un`1 “ un ` ą un . De plus, pour k ě 2, on a 2 ď donc un ď vn
pn ` 1q2 k pk ´ 1qk
n n
ÿ 1 ÿ 1 1
où vn “ 1 ` . Mais “ 1 ´ . En effet, cette égalité est évidemment vraie pour n “ 2, et
k“2
pk ´ 1qk k“2
pk ´ 1qk n
n`1 ˆÿ n ˙ ˆ ˙
ÿ 1 1 1 1 1
supposant qu’elle est vraie au rang n, on a : “ ` “ 1´ ` “
k“2
pk ´ 1qk k“2
pk ´ 1qk npn ` 1q n npn ` 1q
n`1 1 n 1
1´ ` “ 1´ “ 1´ ; l’égalité est donc démontrée au rang n ` 1. Par récurrence,
npn ` 1q npn ` 1q npn ` 1q n`1
1
l’égalité est donc vraie pour tout n ě 2. On en déduit que un ď vn “ 2 ´ ď 2 pour tout n P N˚ . La suite de
n
π2
terme général un est donc majorée. Il est connu que lim un “ , mais ce calcul n’est pas faisable à ce stade
nÑ`8 6
du cours.
vn
2 r r r r r r r r
r
r b b b b b
b b
b b
b
1 br un
n
1 10
Théorème 2.50 Deux suites adjacentes sont convergentes et ont la même limite.
Remarque 2.51 La convergence des suites ne fait pas partie de la définition des suites adjacentes. C’est une
erreur trop souvent faite que d’écrire lim un “ lim vn à la place de lim pvn ´ un q “ 0.
nÑ`8 nÑ`8 nÑ`8
Preuve du théorème : On va supposer que pun qnPN est croissante et que pvn qnPN est décroissante. Alors
la suite pvn ´ un qnPN est aussi décroissante, et comme elle a pour limite 0, elle est nécessairement à termes
positifs. (Sans quoi, il existerait N P N tel que vN ´ uN “ α ă 0, mais alors pour tout n ě N on aurait
vn ´ un ď α ă 0 et la suite pvn ´ un qnPN ne pourrait pas avoir pour limite 0.) On en déduit que, pour tout
n P N on a : u0 ď un ď vn ď v0 . La suite pun qnPN est donc croissante et majorée (par v0 ) ; elle admet donc une
limite `. De même la suite pvn qnPN est décroissante et minorée (par u0 ) ; elle admet donc une limite `1 . De plus
0 “ lim pvn ´ un q “ ` ´ `1 donc ` “ `1 .
nÑ`8
Définition 2.53 Soit f une fonction à valeurs réelles définie sur un domaine Df et soit a P R un élément
adhérent à Df et ` P R. On dit que la fonction f pxq a pour limite ` quand x tend vers a, et on écrit lim f pxq “ `
xÑa
si, pour tout ε ą 0 il existe η ą 0 tel que pour tout x P Df , si |x ´ a| ă η alors |f pxq ´ `| ă ε, c.-à-d. :
@ε ą 0 : Dη ą 0 : @x P Df : |x ´ a| ă η ñ |f pxq ´ `| ă ε.
Remarque 2.54 Dire que ! f pxq est proche de ` " est donc traduit par la formule ! |f pxq ´ `| ă ε ", où ε est
un nombre réel strictement positif fixé au départ (et qui peut prendre toutes les valeurs possibles), et ! x est
proche de a " est traduit par la formule ! |x ´ a| ă η " où η est un nombre ą 0 qui dépend de ε.
De même que pour les suites, on définit également les limites infinies.
Définition 2.55 Soit f une fonction à valeurs réelles définie sur un domaine Df et soit a P R un élément
adhérent à Df .
(a) On dit que f pxq a pour limite `8 (ou que f pxq tend vers `8) quand x tend vers a, et on écrit lim f pxq “
xÑa
`8 si, pour tout A P R il existe η ą 0 tel que pour tout x P Df , si |x ´ a| ă η alors f pxq ą A, c.-à-d. :
@A P R : Dη ą 0 : @x P Df : |x ´ a| ă η ñ f pxq ą A.
(b) On dit que f pxq a pour limite ´8 (ou que f pxq tend vers ´8) quand x tend vers a, et on écrit lim f pxq “
xÑa
´8 si, pour tout A P R il existe η ą 0 tel que pour tout x P Df , si |x ´ a| ă η alors f pxq ă A, c.-à-d. :
@A P R : Dη ą 0 : @x P Df : |x ´ a| ă η ñ f pxq ă A.
En restreignant le domaine de définition de la fonction considérée, on introduit également les notions de limite
à gauche et de limite à droite.
Définition 2.56 Soit f une fonction à valeurs réelles définie sur un domaine Df et soit a P R un élément
adhérent à Df .
(a) Si a est adhérent à Df X s´8, ar, alors on considère la fonction g obtenue en restreignant f au domaine
Dg “ Df X s´8, ar. Si gpxq a une limite L (un nombre réel `, ou `8 ou ´8) quand x tend vers a alors
on dit que f pxq a une limite à gauche quand x tend vers a et on écrit lim f pxq “ L.
xÑa´
(b) Si a est adhérent à Df X sa, `8r, alors on considère la fonction h obtenue en restreignant f au domaine
Dh “ Df X sa, `8r. Si hpxq a une limite L (un nombre réel `, ou `8 ou ´8) quand x tend vers a alors
on dit que f pxq a une limite à droite quand x tend vers a et on écrit lim f pxq “ L.
xÑa`
Enfin, on complète cette série de définitions par la notion de limite quand x tend vers l’infini.
Définition 2.57
(a) Soit f une fonction à valeurs réelles définie sur un domaine Df ; on suppose que pour tout B P R,
l’intersection de Df et de l’intervalle sB, `8r est non vide. (On dira alors que `8 est adhérent à Df .)
Soit ` P R. On dit que f pxq tend vers ` quand x tend vers `8 si :
@ε ą 0 : DB P R : @x P Df : x ą B ñ |f pxq ´ `| ă ε.
@A P R : DB P R : @x P Df : x ą B ñ f pxq ą A.
@A P R : DB P R : @x P Df : x ą B ñ f pxq ă A.
(b) Soit f une fonction à valeurs réelles définie sur un domaine Df ; on suppose que pour tout B P R,
l’intersection de Df et de l’intervalle s´8, Br est non vide. (On dira alors que ´8 est adhérent à Df .)
Soit ` P R. On dit que f pxq tend vers ` quand x tend vers ´8 si :
@ε ą 0 : DB P R : @x P Df : x ă B ñ |f pxq ´ `| ă ε.
@A P R : DB P R : @x P Df : x ă B ñ f pxq ą A.
@A P R : DB P R : @x P Df : x ă B ñ f pxq ă A.
Remarque 2.58 Soit D une partie de R. On notera que A est adhérent à D s’il existe une suite pxn qnPN
d’éléments de D telle que lim un “ A. Ceci est valable aussi bien si A “ a P R ou si A “ `8 ou A “ ´8.
nÑ`8
1
En effet, si A “ a P R est adhérent à D, alors pour tout n P N˚ , il existe xn P D tel que |xn ´ a| ă . On
n
obtient ainsi une suite pxn qnPN˚ tel que lim xn “ a.
nÑ`8
De même, si A “ `8 est adhérent à D (au sens donné au point (a) de la définition 2.57) alors pour tout n P N,
il existe xn P D tel que xn ą n. On obtient ainsi une suite pxn qnPN tel que lim xn “ `8. (On procède de
nÑ`8
même si A “ ´8.)
On en déduit qu’on peut ramener la définition la limite d’une fonction à la définition de la limite des suites,
comme énoncé dans le théorème suivant. On en déduit également que les propriétés des limites de suites (cf.
proposition 2.45) peuvent être transposées aux limites de fonctions (cf. proposition 2.61 ci-dessous).
Théorème 2.59 Soit f une fonction à valeurs réelles définie sur un domaine Df et soient A adhérent à Df
(A P R ou A “ `8 ou A “ ´8) et L P R ou L “ `8 ou L “ ´8. Les deux énoncés suivants sont équivalents :
(i) lim f pxq “ L.
xÑA
(ii) Pour toute suite pxn qnPN à valeurs dans Df et telle que lim xn “ A, on a lim f pxn q “ L.
nÑ`8 nÑ`8
Preuve : on donne la preuve pour A “ a P R et L “ ` P R ; on peut donner des preuves des autres cas sur le
même modèle. On suppose d’abord que lim f pxq “ ` et on considère une suite pxn qnPN à valeurs dans Df et
xÑa
telle que lim xn “ a. Dire que lim f pxq “ ` signifie :
nÑ`8 xÑa
@ε ą 0 : Dη ą 0 : @x P Df : |x ´ a| ă η ñ |f pxq ´ `| ă ε, pAq
@η ą 0 : DN P N : @n ě N : |xn ´ a| ă η. pBq
Soit alors ε ą 0 ; d’après pAq, il existe η ą 0 tel que si x P Df et |x ´ a| ă η alors |f pxq ´ `| ă ε, et d’après pBq
il existe N P N tel que pour tout n ě N on ait |xn ´ a| ă η ; mais alors, d’après pAq, |f pxn q ´ `| ă ε ; ainsi, on
a montré, en combinant les formules pAq et pBq :
@ε ą 0 : DN P N : @n ě N : |f pxn q ´ `| ă ε pCq
Inversement, on suppose que f pxq n’a pas pour limite ` lorsque x tend vers a,` et on ˘va montrer qu’il existe une
suite pxn qnPN à valeurs dans Df telle que lim xn “ a et telle que la suite f pxn q nPN n’a pas pour limite `.
nÑ`8
Intuitivement, dire que f pxq n’a pas pour limite ` lorsque x tend vers a signifie qu’il existe des valeurs de x aussi
proches que voulues de a et telle que f pxq reste éloigné de f paq. On traduit cela par la formule mathématique
suivante :
Dε ą 0 : @η ą 0 : Dx P Df : |x ´ a| ă η et |f pxq ´ `| ě ε. pnon-Aq
1
On fixe alors ε tel qu’il est donné par la formule pnon-Aq et on considère, pour tout n P N˚ , η “ ,. D’après
n
1
pnon-Aq, il existe xn P Df tel que |xn ´ a| ă et |f pxn q ´ `| ě ε. On obtient bien ainsi une suite pxn qnPN˚ telle
` n
˘
que lim xn “ a et telle que la suite f pxn q nPN n’a pas pour limite `.
nÑ`8
Preuve : soit pxn qnPN une suite d’éléments de Df telle que lim xn “ A, et soit yn “ f pxn q ; alors lim yn “
nÑ`8 nÑ`8
lim f pxn q “ B (car lim f pxq “ B) et lim pg ˝ f qpxn q “ lim gpyn q “ L (car lim gpyq “ L). Ceci est vrai
nÑ`8 xÑA nÑ`8 nÑ`8 xÑB
pour toute suite pxn qnPN , donc lim pg ˝ f qpxq “ L.
xÑA
L’énoncé suivant, dont la preuve est laissée au lecteur, est une conséquence directe de la proposition 2.45 et du
théorème 2.59.
Proposition 2.61 Soient f , g et h trois fonctions à valeurs réelles définies sur un domaine D et soit A
adhérent à D (A P R ou A “ `8 ou A “ ´8).
Encadrement (énoncé également connu sous le nom de théorème des gendarmes) :
(a) Si lim f pxq “ ` P R et lim hpxq “ `, et si, pour tout x P D, on a f pxq ď gpxq ď hpxq, alors lim gpxq “ `.
xÑA xÑA xÑA
(b) Si lim f pxq “ `8 et si pour tout x P D, on a f pxq ď gpxq, alors lim gpxq “ `8.
xÑA xÑA
(c) Si lim f pxq “ ´8 et si pour tout x P D, on a f pxq ě gpxq, alors lim gpxq “ ´8.
xÑA xÑA
Limite de la somme :
(d) Si lim f pxq “ ` P R et lim gpxq “ `1 P R et si pλ, µq P R2 alors lim pλf pxq ` µgpxqq “ λ` ` µ`1 .
xÑA xÑA xÑA
(e) Si lim f pxq “ `8 et si gpxq est minorée sur D alors lim pf pxq ` gpxqq “ `8.
xÑA xÑA
(f) Si lim f pxq “ ´8 et si gpxq est majorée sur D alors lim pf pxq ` gpxqq “ ´8.
xÑA xÑA
Limite du produit :
(g) Si lim f pxq “ ` P R et lim gpxq “ `1 P R alors lim f pxqgpxq “ ``1 .
xÑA xÑA xÑA
(h) Si lim f pxq “ 0 et si gpxq est bornée sur D alors lim f pxqgpxq “ 0.
xÑA xÑA
(i) Si lim f pxq “ `8 et si gpxq est minorée sur D par un nombre m ą 0 alors lim f pxqgpxq “ `8.
xÑA xÑA
(j) Si lim f pxq “ ´8 et si gpxq est minorée sur D par un nombre m ą 0 alors lim f pxqgpxq “ ´8.
xÑA xÑA
(k) Si lim f pxq “ `8 et si gpxq est majorée sur D par un nombre M ă 0 alors lim f pxqgpxq “ ´8.
xÑA xÑA
(l) Si lim f pxq “ ´8 et si gpxq est majorée sur D par un nombre M ă 0 alors lim f pxqgpxq “ `8.
xÑA xÑA
1
(r) Si lim f pxq “ 0´ alors lim “ ´8.
xÑA xÑA f pxq
1
(s) Si lim f pxq “ ´8 alors lim “ 0´ .
xÑA xÑA f pxq
Des propositions 2.60 et 2.61 on déduit les deux théorèmes suivants sur les fonctions continues.
Théorème 2.63 Continuité d’une fonction composée : soit f une fonction définie sur un intervalle I et g une
fonction définie sur un intervalle J, tels que f pIq Ă J, de sorte que g ˝ f soit définie sur I.
(a) Soit a P I et b “ f paq P J. Si f pxq est continue en x “ a et gpyq est continue en y “ b, alors pg ˝ f qpxq est
continue en x “ a.
(b) Si f est continue sur I et si g est continue sur J alors g ˝ f est continue sur I.
Théorème 2.64 Soient f et g deux fonctions définies sur un intervalle I et soit a P I tel que f pxq et gpxq
soient continues en x “ a. Alors :
(a) pour tout pλ, µq P R2 , la fonction pλf ` µgqpxq “ λf pxq ` µgpxq est continue en x “ a ;
(b) la fonction pf gqpxq “ f pxqgpxq est continue en x “ a.
Si, de plus, gpaq “ 0, alors :
ˆ ˙
1 1
(c) la fonction pxq “ est continue en x “ a.
g gpxq
et, en combinant les deux points qui précèdent :
ˆ ˙
f f pxq
(d) la fonction pxq “ est continue en x “ a.
g gpxq
Par conséquent, si f et g sont continues sur I alors, pour tout pλ, µq P R2 , λf `µg et f g sont également continues
1 f
sur I et si, de plus, g ne s’annule pas sur I, alors et sont également continues sur I.
g g
Preuve : le raisonnement suit le même schéma que celui de la preuve du théorème 2.52 ; pour mener le rai-
sonnement, on suppose f paq ď y ď f pbq ; (le raisonnement est le même si f paq ě y ě f pbq ;) on pose a0 “ a et
a0 ` b0
b0 “ b et on considère t0 “ .
2
— Si f pt0 q ě y, on pose a1 “ a0 et b1 “ t0 ,
— sinon f pt0 q ă y et on pose a1 “ t0 et b1 “ b0 .
Dans les deux cas on obtient a1 et b1 tels que :
— a0 ď a1 ă b1 ď b0 ;
b0 ´ a0
— b1 ´ a1 “ ;
2
— f pa1 q ď y ď f pb1 q.
On construit de la même manière a2 et b2 tels que :
— a1 ď a2 ă b2 ď b1 ;
b1 ´ a1
— b2 ´ a2 “ ;
2
— f pa2 q ď y ď f pb2 q.
et ainsi, deux suites pan qnPN et pbn qnPN telles que, pour tout n P N :
— an ď an`1 ă bn`1 ď bn ;
bn ´ a n
— bn`1 ´ an`1 “ ;
2
— f pan`1 q ď y ď f pbn`1 q.
b0 ´ a0
La suite pan qnPN ainsi obtenue est croissante, la suite pbn qnPN est décroissante, et bn ´ an “ n donc
2
lim bn ´ an “ 0. Ces deux suites sont donc adjacentes, et d’après le théorème 2.50, elles ont une limite
nÑ`8
commune c. Mais alors, comme f pxq est continue en x “ c, on a : f pcq “ lim f pan q et comme f pan q ď y pour
nÑ`8
tout n P N, on a : f pcq ď y, et de même f pcq “ lim f pbn q d’où f pcq ě y.
nÑ`8
M
B
f
A
m
x
a d c b
(où ϕ : N Ñ N est strictement croissante) et soit c “ lim uϕppq ; on a alors, d’après l’hypothèse :
pÑ`8
ˇ ` ˘ˇˇ ` ˘
lim ˇf uϕppq ˇ “ `8, mais on a aussi, comme f pxq est continue en x “ c : lim f uϕppq “ f pcq ; c’est
ˇ
pÑ`8 pÑ`8
` ˘
impossible ; on en déduit donc que f ra, bs est borné ;
´ ` ˘¯ ˇ ˇ
(2) soit alors m “ inf f ra, bs ; il existe une suite pun qnPN d’éléments de ra, bs telle que lim ˇf pun qˇ “ m ;
nÑ`8
d’après le théorème 2.52 `(théorème
˘ de Bolzano Weierstrass), il existe une sous-suite de la suite pun qnPN
qui est convergente ; soit uϕppq pPN une telle sous-suite (où ϕ : N Ñ N est strictement croissante) et soit
` ˘
c “ lim uϕppq ; on a alors, d’après l’hypothèse : lim f uϕppq “ m, mais on a aussi, comme f pxq est
pÑ`8 pÑ`8
` ˘
continue en x “ c : lim f uϕppq “ f pcq ; on en déduit que f pcq “ m ; de la même manière, on montre
pÑ`8
´ ` ˘¯
qu’il existe d P ra, bs tel que f pdq “ M “ sup f ra, bs .
2.7 Applications
2.7.1 Fonction exponentielle (définie par une limite)
Théorème et Définition 2.67 Pour tout x P R on considère la suite à valeurs réelles de terme général
n
ÿ xk
sn pxq “ où k! “ 1 ˆ 2 ˆ ¨ ¨ ¨ ˆ pk ´ 1q ˆ k pour k P N˚ et 0! “ 1.
k“0
k!
x0
(On convient ici que x0 “ 1 pour tout x P R ; le premier terme de la somme, , est donc égal à 1 pour tout x.)
0!
Alors, pout tout x P R, la suite de terme général sn pxq est convergente.
On note exppxq la limite de la suite psn pxqqnPN . La fonction ainsi définie s’appelle la fonction exponentielle.
Nous verrons dans le chapitre 3 l’utilisation qu’on peut faire de cette fonction dans l’étude des équations
différentielles linéaires. On va ici en donner les premières propriétés.
Remarque 2.68 Il est d’usage de noter également la fonction exponentielle sous la forme ex . En effet, en
posant en posant e “ expp1q, on a bien exppxq “ ex (e puissance x). Voir les corollaires 2.72 et 2.73 ci-dessous
et la section 2.7.2 pour la définition de la puissance réelle d’un nombre réel.
Preuve du théorème :
(1) Si x “ 0 alors sn pxq “ 1 pour tout n P N donc lim sn p0q “ 1.
nÑ`8
(2) Si x ă 0, alors x “ ´t avec t ą 0. On considère alors les deux sous-suites d’indices pairs et impairs :
t2p`1 t2p`2 p2p ` 2 ´ tqt2p`1
(i) s2p`2 p´tq “ s2p p´tq ´ ` “ s2p p´tq ´ donc s2p`2 p´tq ď s2p p´tq
p2p ` 1q! p2p ` 2q! p2p ` 2q!
t´2
dès que 2p ` 2 ´ t ě 0 c.-à-d. si p ě .
2
t2p`2 t2p`3 p2p ` 3 ´ tqt2p`2
(ii) s2p`3 p´tq “ s2p`1 p´tq ` ´ “ s2p`1 p´tq ` donc s2p`3 p´tq ě
p2p ` 2q! p2p ` 3q! p2p ` 3q!
t´3
s2p`1 p´tq dès que 2p ` 3 ´ t ě 0 c.-à-d. si p ě .
2
Pour t fixé, la suite de terme général s2p p´tq est donc décroissante à partir d’un certain rang et la suite
de terme général s2p`1 p´tq est croissante à partir d’un certain rang.
t2p`1
De plus s2p p´tq ´ s2p`1 p´tq “ a pour limite 0, donc d’après le théorème des suites adjacentes,
p2p ` 1q!
les suites de termes généraux s2p p´tq et s2p`1 p´tq sont convergentes et ont la même limite, ce qui montre
que la suite de terme général sn p´tq “ sn pxq a une limite dans R.
xn`1
(3) Si x ą 0 alors la suite de terme général sn pxq est croissante car sn`1 pxq ´ sn pxq “ ą 0.
pn ` 1q!
pn ´ 1qxn
On considère alors la suite de terme général un pxq “ sn pxq ` .
n!
n
ÿ xk
Preuve : On reprend les notations de la définition 2.67 : sn pxq “ et exppxq “ lim sn pxq.
k“0
k! nÑ`8
Pour prouver l’égalité demandée, on doit développer l’expression sn px ` yq. On a (c’est la formule du binôme) :
k ˆ ˙ ˆ ˙
k
ÿ k i n´i k k!
px ` yq “ xy où “ .
i“0
i i i!pn ´ iq!
d’où :
k
ÿ xi y k´i
px ` yqk “ k! ¨
i“0
i! pk ´ iq!
qu’on écrit également, en posant j “ k ´ i :
ÿ xi y j
px ` yqk “ k! ¨
i! j!
pi,jqPN2
i`j“k
si bien que :
n n ˜
px ` yqk xi y j xi y j
ÿ ÿ ÿ ¸ ÿ
sn px ` yq “ “ ¨ “ ¨
k“0
k! k“0
i! j! i! j!
pi,jqPN2 pi,jqPN2
i`j“k i`jďn
Par ailleurs :
n n
xi yj xi y j
˜ÿ ¸ ˜ÿ ¸ ÿ
sn pxqsn pyq “ ¨ “ ¨ .
i“0
i! j“0
j! i! j!
pi,jqPN2
iďn et jďn
On va alors noter :
In “ tpi, jq P N2 ; i ď n et j ď nu et Jn “ tpi, jq P N2 ; i ` j ď nu
d’où :
ÿ xi y j ÿ xi y j
sn pxqsn pyq “ ¨ et sn px ` yq “ ¨
i! j! i! j!
pi,jqPIn pi,jqPJn
On a représenté ci-dessous la famille J10 “ tpi, jq P N2 ; i ` j ď 10u par des points épais délimités par une ligne
verte. Elle contient la famille I5 “ tpi, jq P N2 ; i ď 5 et j ď 5u délimitée par une ligne bleue, et est contenue
dans la famille I10 “ tpi, jq P N2 ; i ď 10 et j ď 10u délimitée par une ligne rouge. On a également représenté
K5 “ J10 zI5 formée des couple pi, jq appartenant à J10 mais pas à I5 , délimitée par une ligne grise.
11 b b b b b b b b b b b b
I10
10 b b b b b b b b b b b b
9 b b b b b b b b b b b b
8 b b b b b b b b b b b b
K5
7 b b b b b b b b b b b b
6 b b b b b b b b b b b b
J10
5 b b b b b b b b b b b b
4 b b b b b b b b b b b b
3 b b b b b b b b b b b b
I5
2 b b b b b b b b b b b b
K5
1 b b b b b b b b b b b b
0 b b b b b b b b b b b b
i
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11
(2) Dans le cas général, on procède comme suit : on considère Kn “ J2n zIn , formée des couple pi, jq apparte-
nant à J2n mais pas à In . On a alors :
ÿ xi y j
s2n px ` yq ´ sn pxqsn pyq “ ¨
i! j!
pi,jqPKn
donc :
ˇ i ˇ
ÿ ˇ x yj ˇ ÿ |x|i |y|j ` ˘ ` ˘ ` ˘
| s2n px ` yq ´ sn pxqsn pyq | ď ˇ ¨ ˇ“
ˇ i! j! ˇ ¨ “ s2n |x| ` |y| ´ sn |x| sn |y|
i! j!
pi,jqPKn pi,jqPKn
d’où :
lim s2n px ` yq ´ sn pxqsn pyq “ 0
nÑ`8
c.-à-d. :
exppx ` yq “ exppxq exppyq
n
ÿ xk
Preuve : On reprend les notations de la définition 2.67 : sn pxq “ et exppxq “ lim sn pxq.
k“0
k! nÑ`8
Si x P R` alors sn pxq ě 1, donc par passage à la limite exppxq ě 1 ą 0. De plus, d’après le théorème 2.69, on a :
exppxq expp´xq “ expp0q “ 1 donc expp´xq ą 0.
h0
Soient h P R`˚ ; pour tout k P N˚ , on a : hk ą 0 donc pour tout n P N˚ , on a : sn phq ą “ 1 ; de plus la suite
0!
de terme général sn phq est strictement croissante, donc, par passage à la limite : expphq ą 1.
Soit maintenant px, yq P R2 avec x ă y et soit h “ y ´ x P R`˚ . On a :
e2
e
y “ exppxq
1
x
1 2
a ?
b
Corollaire 2.72 Soit e “ expp1q. Pour tout r “ P Q, on a : expprq “ er “ ea .
b
De plus, si b P N˚ , alors :
ˆ ´ a ¯˙ b ´a¯ ´a¯ ´a¯ ´a a a¯
exp “ exp ˆ exp ˆ ¨ ¨ ¨ ˆ exp “ exp ` ` ¨¨¨ ` “ exppaq “ ea
b b b b
looooooooooooooooooooooomooooooooooooooooooooooon b b b
looooooooomooooooooon
b fois b fois
donc : ´a¯ ?
b
exp “ ea
b
Corollaire 2.73 Soit e “ expp1q. Pour tout x “ R, on a : exppxq “ ex . (Se reporter à la section 2.7.2 pour la
définition de la puissance réelle d’un nombre réel.)
2.7.2 Puissance réelle d’un nombre réel (définie par une borne supérieure)
À l’aide de la propriété de la borne supérieure, on peut donner la définition suivante de xy , où x et y sont deux
nombres réels strictement positifs.
On rappelle que si x P R`˚ et si pr, sq P Q2 sont tels que r ă s, alors :
(a) si x ą 1, on a : xr ă xs ;
(b) si x ă 1, on a : xr ą xs .
Preuve : On donne la preuve du cas (b). Celle du cas (c) suit le même cheminement.
On note Au “ tr P Q ; r ă uu, Bu “ ts P Q ; s ą uu, Eu “ txr ; r P Au u et Fu “ txs ; s P Bu u.
Soit α P Au , alors xα est un minorant de Fu , donc Fu a une borne inférieure I. De même soit β P Bu alors xβ
est un majorant de Eu , donc Eu a une borne supérieure S. On a S ď I, car pour tout y “ xr P Eu et z “ xs P Fu
on a y ď z.
1
Soit maintenant n P N˚ ; d’après le théorème 1.84, il existe α P Au et β P Bu tels que β ´ α ă . mais alors
n
I xβ 1 ? ?
xα ď S ď I ď xβ donc ď α “ xβ´α ď x n “ n x. Ceci est vrai pour tout n P N˚ , or lim n x “ 1 (cf.
S x nÑ`8
I
l’exemple 2.44, point (6)) donc ď 1 d’où I ď S.
S
Conclusion : S “ I, ce qui est le résultat annoncé.
Proposition 2.75
` ˘v
(a) On a pour tout pu, vq P R2 et tout x P R`˚ : xu ¨ xv “ xu`v et xu “ xuv .
(b) On a pour tout u P R et tout px, yq P pR`˚ q2 : xu ¨ y u “ pxyqu .
Corollaire 2.77 Soit f une fonction à valeurs dans R` , définie sur un domaine D et soit A adhérent à D
(A P R ou A “ `8 ou A “ ´8).
(a) Si u P R`˚ et si lim f pxq “ ` P R` alors lim f pxqu “ `u .
xÑA xÑA
(b) Si u P R`˚ et si lim f pxq “ `8 alors lim f pxqu “ `8.
xÑA xÑA
et BS est l’intersection de tous les Bx avec x P A`˚ (c.-à-d. BS “ `xPA`˚ Bx ) ; ˘toutefois, il est possible que
Ş
Ş Ş
xPA`˚ Bx ait un élément minimal m ; dans ce cas, on prendra BS “ xPA`˚ Bx ztmu. On doit tout d’abord
établir que S “ pAS , BS q une coupure de Q`˚ . En effet :
(i) AS est non vide car c’est la réunion d’ensembles non vides. Par ailleurs, comme l’ensemble A`˚ est majoré,
il existe une coupure M “ pAM , BM q telle que, pour tout x P A`˚ , on a x ď M , c.-à-d. BM Ă Bx , ce qui
montre que BM Ă BS , donc BS est non vide.
(ii) Si a P AS et si b P BS , alors il existe x P A`˚ tel que a P Ax et b P Bx , donc a ă b car x “ pAx , Bx q est
une coupure.
(iii) Soit a P AS et a1 P Q`˚ tel que a1 ă a, alors il existe x P A`˚ tel que a P Ax donc a1 P Ax et donc a1 P AS .
(iv) De même, soit b P BS et b1 P Q`˚ tel que b1 ą b, alors pour tout x P A`˚ on a b P Bx donc b1 P Bx et donc
b1 P BS .
1
(v) Soit n P N ; BS est non vide, et Q est archimédien, donc il existe un multiple de qui appartient à
3n
N N `1
BS . Soit donc N P N tel que R BS et b “ P BS . On distingue plusieurs cas : (1) si N ď 1 on
3n 3n
1 N
considère n’importe quel a P AS et on a b ´ a ă b ă ; (2) sinon, il existe x P A`˚ tel que R Bx , mais
n 3n
N ´1 2 1
alors a “ P Ax (cf. Remarque 1.75 (c)), donc a P AS et on a b ´ a “ ă .
3n 3n n
(vi) AS n’a pas d’élément maximum, sinon cet élément serait un élément maximum d’un des Ax .
(vii) BS n’a pas d’élément minimum par construction.
Il reste à établir que S est un majorant de A et que tout majorant de A est supérieur à S. Ces deux choses
sont immédiates : pour tout x “ pAx , Bx q P A`˚ on a, par construction, Ax Ă AS , c.-à-d.Ťx ď S ; de plus si
M “ pAM , BM q est un majorant de A`˚ , alors Ax Ă AM pour tout x P A`˚ donc AS “ xPA`˚ Ax Ă AM ,
c.-à-d. S ď M .
Sommaire
3.1 Fonctions dérivables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
3.1.1 Définition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
3.1.2 Dérivées d’ordre supérieur et fonctions de classe C n . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
3.1.3 Théorème des accroissements finis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
3.1.4 Sens de variation, fonctions constantes et signe de la dérivée . . . . . . . . . . . . . . . 64
3.1.5 Fonctions composées, combinaisons linéaires, produits, inverses, quotients . . . . . . . 64
3.2 Exemples . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
3.2.1 Polynômes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
3.2.2 Exponentielle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
3.2.3 Logarithme népérien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
3.2.4 Puissances . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
3.2.5 Fonctions trigonométriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69
3.3 Équations différentielles linéaires d’ordre un . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72
3.3.1 Équations différentielles linéaires d’ordre un sans second membre . . . . . . . . . . . . 72
3.3.2 Équations différentielles linéaires d’ordre un avec second membre . . . . . . . . . . . . 72
3.3.3 Équations différentielles linéaires d’ordre un à coefficients constants . . . . . . . . . . 74
3.4 Annexes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
3.4.1 Preuve des propriétés algébriques des fonctions sinus et cosinus . . . . . . . . . . . . . 77
3.4.2 Preuve de la dérivabilité à l’origine des fonctions sinus et cosinus . . . . . . . . . . . . 78
y
f
b
x
a a`h
(a) Si τa phq a une limite finie lorsque h tend vers 0, on dit que f pxq est dérivable en x “ a et on note :
f pa ` hq ´ f paq f pxq ´ f paq
f 1 paq “ lim τa phq “ lim “ lim .
hÑ0 hÑ0 h xÑa x´a
Le nombre f 1 paq est appelé le nombre dérivé de f pxq en x “ a. C’est la pente de la droite tangente au
graphe de f en x “ a, dont l’équation est donc y “ f 1 paqpx ´ aq ` f paq
y
f
b
b
x
a a`h
(b) Si f pxq est dérivable en tout x P I, on dit que f est dérivable sur I. La fonction f 1 , alors définie sur I,
df pxq
s’appelle la fonction dérivée de f . Il est d’usage de noter également la dérivée de f pxq.
dx
1
(b’) S’il existe une fonction F définie sur I telle que F “ f , on dit que F est une primitive de f sur I.
(c) On dit que f pxq est dérivable à droite en x “ a si τa phq a une limite finie lorsque h tend vers 0` . Le
nombre dérivé à droite, s’il existe, est noté f 1 pa` q.
y
f
b
b
x
a a`h
(h ą 0)
(d) On dit que f pxq est dérivable à gauche en x “ a si τa phq a une limite finie lorsque h tend vers 0´ . Le
nombre dérivé à gauche, s’il existe, est noté f 1 pa´ q.
y
f
x
a`h a
(h ă 0)
Remarque 3.2 Si f pxq est dérivable en x “ a, alors lim f pxq “ lim f pa ` hq “ f paq. En effet, si on pose
xÑa hÑ0
f pa ` hq ´ f paq ` ˘
εf phq “ ´ f 1 paq alors lim εf phq “ 0, or f pa ` hq “ f paq ` f 1 paq ` εf phq ¨ h d’où le résultat.
h hÑ0
Une fonction dérivable en x “ a est donc également continue en x “ a.
Remarque 3.3 Soit f définie sur un intervalle fermé borné ra, bs.
(1) dire que f pxq est dérivable en x “ a est équivalent à dire que f pxq est dérivable à droite en x “ a ;
(2) dire que f pxq est dérivable en x “ b est équivalent à dire que f pxq est dérivable à gauche en x “ b ;
(3) dire que f est dérivable sur ra, bs est équivalent à dire que f est dérivable sur sa, br et que f pxq est dérivable
à droite en x “ a et que f pxq est dérivable à gauche en x “ b.
Des remarques analogues s’appliquent pour des fonctions définies sur des intervalles ra, br, ra, `8r, sa, bs ou
s´8, bs.
(b) si f 1 est dérivable sur I, on dit que f est deux fois dérivable sur I ; on appelle la dérivée de f 1 : dérivée
seconde de f (ou dérivée d’ordre 2 de f ), et on la note f 2 ou f p2q ;
par récurrence, pour tout entier n ě 2 :
(c) si f pnq est continue sur I, on dit que f est de classe C n sur I ;
(d) si f pnq est dérivable sur I, on dit que f est n ` 1 fois dérivable sur I ; on appelle la dérivée de f pnq : dérivée
pn ` 1q-ième de f (ou dérivée d’ordre pn ` 1q de f ), et on la note f pn`1q ;
enfin :
(e) si f admet une dérivée n-ième sur I, pour tout n P N˚ , on dit que f est indéfiniment dérivable sur I ; dans
ce cas, comme toute les dérivées de f sont continues (car dérivable), on dit également que f est de classe
C 8 sur I.
Théorème 3.5 (Théorème de Rolle) Soient pa, bq P R2 tels que a ă b et soit f pxq une fonction à valeurs
réelles, définie et continue sur un l’intervalle fermé ra, bs de R, dérivable sur l’intervalle ouvert sa, br et telle que
f paq “ f pbq ; alors il existe c P sa, br tel que f 1 pcq “ 0.
` ˘
Preuve : d’après le théorème 2.66 (théorème des bornes atteintes), f ra, bs est un intervalle fermé borné
rm, M s ; on distingue trois cas :
(1) si m “ f paq “ f pbq “ M , alors f pxq est constante sur ra, bs et pour tout c P sa, br on a f 1 pcq “ 0 ;
(2) si m ă f paq “ f pbq ď M , alors il existe c P ra, bs tel que f pcq “ m, et comme m ă f paq “ f pbq, on a
f pxq ´ f pcq
c P sa, br ; mais alors pour tout x P ra, cr on a f pxq ě f pcq d’où, pour tout x P ra, cr : ď 0 et
x´c
f pxq ´ f pcq
f 1 pcq “ lim ď 0 ; de même, pour tout x P sc, bs, on a f pxq ě f pcq d’où, pour tout x P sc, bs :
xÑc ´ x´c
f pxq ´ f pcq f pxq ´ f pcq
ě 0 et f 1 pcq “ lim ě 0 ; conclusion : f 1 pcq “ 0 ;
x´c xÑc ` x´c
(3) si m ď f paq “ f pbq ă M , alors, comme précédemment, il existe c P sa, br tel que f pcq “ M , et on a
f pxq ´ f pcq f pxq ´ f pcq
f 1 pcq “ lim ě 0 et f 1 pcq “ lim ď 0 d’où f 1 pcq “ 0.
xÑc ´ x´c xÑc ` x´c
Théorème 3.6 (Théorème des accroissements finis) Soit f pxq une fonction à valeurs réelles, définie et conti-
nue sur un intervalle fermé borné d’intérieur non vide ra, bs de R, et dérivable sur l’intervalle ouvert sa, br.
f pbq ´ f paq
(a) Il existe c P sa, br tel que f 1 pcq “ .
b´a
f pbq ´ f paq
(b) S’il existe de plus pm, M q P R2 tels que pour tout x P ra, bs : m ď f 1 pxq ď M , alors : m ď ď M.
b´a
Preuve :
f pbq ´ f paq
(a) soit gpxq définie sur ra, bs par la formule gpxq “ f pxq´ px´aq ; on a gpaq “ f paq et gpbq “ f paq ;
b´a
la fonction gpxq vérifie donc les hypothèses du théorème 3.5 (théorème de Rolle) ; on en déduit qu’il existe
f pbq ´ f paq
c P sa, br tel que g 1 pcq “ 0, c.-à-d. : f 1 pcq ´ “ 0;
b´a
(b) ce point est une conséquence immédiate du point précédent.
Théorème 3.7 8
Soit f une fonction définie et continue sur un intervalle I et dérivable sur l’intervalle ouvert I.
(a) Si f 1 pxq ě 0 pour tout x P I8 alors f est croissante sur I.
(b) Si f 1 pxq ą 0 pour tout x P I8 alors f est strictement croissante sur I.
(c) Si f 1 pxq ď 0 pour tout x P I8 alors f est décroissante sur I.
(d) Si f 1 pxq ă 0 pour tout x P I8 alors f est strictement décroissante sur I.
(e) Si f 1 pxq “ 0 pour tout x P I8 alors f prend une valeur constante sur I.
Remarque 3.8 Malgré son apparence anecdotique, le dernier point de ce théorème est en réalité le plus
important d’un point de vue théorique. On en verra plusieurs applications dans la suite du cours, basées sur la
propriété suivante : si f pxq et gpxq sont deux fonctions définies et dérivables sur un intervalle I, et si f 1 pxq “ g 1 pxq
pour tout x P I, alors il existe C P R tel que gpxq “ f pxq ` C pour tout x P I.
Preuve du théorème 3.7 : d’après le théorème 3.6 (théorème des accroissements finis) :
f pbq ´ f paq
(a) s’il existe a P I et b P I tels que a ă b et f paq ą f pbq alors il existe c P I tel que f 1 pcq “ ă 0,
b´a
1 f pbq ´ f paq
(b) s’il existe a P I et b P I tels que a ă b et f paq ě f pbq alors il existe c P I tel que f pcq “ ď 0,
b´a
1 f pbq ´ f paq
(c) s’il existe a P I et b P I tels que a ă b et f paq ă f pbq alors il existe c P I tel que f pcq “ ą 0,
b´a
1 f pbq ´ f paq
(d) s’il existe a P I et b P I tels que a ă b et f paq ď f pbq alors il existe c P I tel que f pcq “ ě 0,
b´a
d’où les résultats annoncés. Le résultat (e) découle de (b) et de (d).
Remarque 3.9 En particulier, si f est une fonction définie et continue sur un intervalle fermé I “ ra, bs, avec
a ă b, et dérivable sur l’intervalle ouvert I8 “ sa, br.
(a) Si f 1 pxq ě 0 pour tout x P sa, br alors f est croissante sur I.
(b) Si f 1 pxq ą 0 pour tout x P sa, br alors f est strictement croissante sur I.
(c) Si f 1 pxq ď 0 pour tout x P sa, br alors f est décroissante sur I.
(d) Si f 1 pxq ă 0 pour tout x P sa, br alors f est strictement décroissante sur I.
(e) Si f 1 pxq “ 0 pour tout x P sa, br alors f prend une valeur constante sur I.
(b) Si f est dérivable sur I et si g est dérivable sur J alors g ˝ f est dérivable sur I et :
pg ˝ f q1 “ pg 1 ˝ f q ˆ f 1
Preuve : on donne une preuve du point (a) ; le point (b) en est une conséquence immédiate. Soit εf phq “
f pa ` hq ´ f paq gpb ` kq ´ gpbq
´ f 1 paq et εg pkq “ ´ g 1 pbq. Alors :
h k
` ˘ ` ˘
f pa ` hq “ f paq ` f 1 paq ` εf phq ¨ h “ b ` f 1 paq ` εf phq ¨ h
donc : ` ˘ ` ˘
pg ˝ f qpa ` hq “ g b ` kphq avec kphq “ f 1 paq ` εf phq ¨ h
mais : ` ˘
gpb ` kq “ gpbq ` g 1 pbq ` εg pkq ¨ k
d’où :
´ ` ˘¯ ` ˘
pg ˝ f qpa ` hq “ gpbq ` g 1 pbq ` εg kphq ¨ f 1 paq ` εf phq ¨ h
´ ` ˘ ` ˘ ¯
“ pg ˝ f qpaq ` g 1 pbq ¨ f 1 paq ¨ h ` εg kphq ¨ f 1 paq ` εf phq ` g 1 pbq ¨ εf phq ¨ h
mais alors :
pg ˝ f qpa ` hq ´ pg ˝ f qpaq ` ˘ ` ˘
´ g 1 pbq ¨ f 1 paq “ εg kphq ¨ f 1 paq ` εf phq ` g 1 pbq ¨ εf phq
h
or lim εf phq “ 0, lim kphq “ 0 et lim εg pkq “ 0 donc, d’après les propriétés générales sur les limites de fonctions
hÑ0 hÑ0 kÑ0
(§ 2.5.2) : ` ˘ ` ˘
lim εg kphq ¨ f 1 paq ` εf phq ` g 1 pbq ¨ εf phq “ 0
hÑ0
d’où :
pg ˝ f qpa ` hq ´ pg ˝ f qpaq
lim “ g 1 pbq ¨ f 1 paq
hÑ0 h
Théorème 3.11 Soient f et g deux fonctions définies sur un intervalle I et soit a P I tel que f pxq et gpxq
soient dérivables en x “ a. Alors :
(a) pour tout pλ, µq P R2 , la fonction pλf ` µgqpxq “ λf pxq ` µgpxq est dérivable en x “ a et on a :
pλf ` µgq1 paq “ λf 1 paq ` µg 1 paq ;
(b) la fonction pf gqpxq “ f pxqgpxq est dérivable en x “ a et on a : pf gq1 paq “ f 1 paqgpaq ` f paqg 1 paq.
Si, de plus, gpaq “ 0, alors :
ˆ ˙ ˆ ˙1
1 1 1 g 1 paq
(c) la fonction pxq “ est dérivable en x “ a et on a : paq “ ´ .
g gpxq g gpaq2
et, en combinant les deux points qui précèdent :
ˆ ˙ ˆ ˙1
f f pxq f f 1 paqgpaq ´ f paqg 1 paq
(d) la fonction pxq “ est dérivable en x “ a et on a : paq “ .
g gpxq g gpaq2
Par conséquent, si f et g sont dérivables sur I alors, pour tout pλ, µq P R2 , λf ` µg et f g sont également
dérivables sur I et on a :
pλf ` µgq1 “ λf 1 ` µg 1 et pf gq1 “ f 1 g ` f g 1 .
1 f
Si, de plus, g ne s’annule pas sur I, alors et sont également dérivables sur I et on a :
g g
ˆ ˙1 ˆ ˙1
1 g1 f f 1 g ´ f g1
“´ 2 et “ .
g g g g2
Preuve :
(a) On a :
pλf ` µgqpa ` hq ´ pλf ` µgqpaq f pa ` hq ´ f paq gpa ` hq ´ gpaq
“λ `µ
h h h
d’où, d’après les propriétés générales sur les limites de fonctions (§ 2.5.2) :
d’où, d’après les propriétés générales sur les limites de fonctions (§ 2.5.2) :
pf gqpa ` hq ´ pf gqpaq
lim “ f 1 paqgpaq ` f paqg 1 paq.
hÑ0 h
(c) On a : ˆ ˙ ˆ ˙
1 1 1 1
pa ` hq ´ paq ´
g g gpa ` hq gpaq gpaq ´ gpa ` hq 1
“ “ ¨
h h h gpaqgpa ` hq
d’où, d’après les propriétés générales sur les limites de fonctions (§ 2.5.2) :
ˆ ˙ ˆ ˙
1 1
pa ` hq ´ paq
g g g 1 paq
lim “´ .
hÑ0 h gpaq2
3.2 Exemples
3.2.1 Polynômes
Proposition 3.12
"
0 si m “ 0,
(1) Soit m P N. La fonction f pxq “ xm , définie sur R, est dérivable sur R et f 1 pxq “
mxm´1 si m P N˚ .
(2) Conséquence : toute fonction polynomiale :
m
ÿ
P pxq “ am xm ` am´1 xm´1 ` ¨ ¨ ¨ a1 x ` a0 “ ak xk
k“0
est dérivable sur R et sa dérivée est :
m
ÿ m´1
ÿ
P 1 pxq “ mam xm´1 ` pm ´ 1qam´1 xm´2 ` ¨ ¨ ¨ ` 2a2 x ` a1 “ kak xk´1 “ pk ` 1qak`1 xk .
k“1 k“0
Preuve :
f pa ` hq ´ f paq
— si m “ 0 alors f pxq “ 1 pour tout x P R, donc pour tout pa, hq P R ˆ R˚ on a τa phq “ “0
h
d’où lim τa phq “ 0 ;
hÑ0
— par ailleurs, si m P N˚ , on a, pour tout px, yq P R2 :
d’où :
pa ` hqm ´ am
τa phq “ pa ` hqm´1 ` pa ` hqm´2 a ` ¨ ¨ ¨ ` pa ` hqam´2 ` am´1 .
“ looooooooooooooooooooooooooooooooooooomooooooooooooooooooooooooooooooooooooon
h
m termes
mais lim a ` h “ a donc lim pa ` hqk “ ak pour tout k P N (cf proposition 2.45), d’où :
hÑ0 hÑ0
3.2.2 Exponentielle
Proposition 3.13 La fonction exppxq est dérivable sur R et on a, pour tout x P R : exp1 pxq “ exppxq.
h2
s1 phq ď expphq ď s2 phq, c.-à-d. 1 ` h ď expphq ď 1 ` h ` ,
2
donc :
h2
ˆ ˙
1`h` ´1
p1 ` hq ´ 1 expphq ´ 1 h 2 expphq ´ 1
“1ě ě1` “ d’où lim “1
h h 2 h hÑ0´ h
— dans le second cas, en posant h “ t, qu’on a, pour tout h P s0, 1r :
donc :
p1 ` hq ´ 1 expphq ´ 1 p1 ` h ` h2 q ´ 1 expphq ´ 1
“1ď ď1`h“ d’où lim “ 1.
h h h hÑ0` h
Preuve : soit a P R`˚ ; on considère la fonction f pxq “ lnpaxq ´ lnpxq définie sur R`˚ . D’après le théorème
1 1
3.10 le théorème 3.11, f est dérivable sur R`˚ et, pour tout x P R`˚ : f 1 pxq “ ˆa´ “ 0. Donc,
ax x
`˚ `˚
d’après le théorème 3.7, f prend une valeur constante sur R , d’où, pour tout x P R : f pxq “ f p1q, c.-à-d.
lnpaxq ´ lnpxq “ lnpaq.
Proposition 3.16
(a) On a, pour tout x P R : lnpexp xq “ x.
(b) On a, pour tout y P R`˚ : exppln yq “ y.
On en déduit que y “ exppxq si et seulement si x “ lnpyq. On dit que les fonctions exponentielle et logarithme
sont réciproques l’une de l’autre. Leurs graphes se déduisent donc l’un de l’autre par symétrie par rapport à la
droite d’équation y “ x (c.-à-d. en intervertissant les axes des abscisses et des ordonnées).
y
y “ exppxq
e2
e y “ lnpxq
2
1
x
1 2 e e2
Preuve :
(a) Soit f pxq “ lnpexp xq, définie sur R ; d’après le théorème 3.10, f pxq est dérivable sur R et sa dérivée est
1
f 1 pxq “ ˆ exppxq “ 1 ; d’après la remarque 3.8, on a alors f pxq “ x ` C avec C P R ; cependant
exppxq
f p0q “ 0, donc C “ 0, d’où f pxq “ lnpexp xq “ x pour tout x P R.
`˚ `˚ `˚
(b) Soit gpxq “ exppln xq, `définie
˘ sur `R ; pour ˘ tout x P R , on a également gpxq P R ; on pose alors
y “ lnpxq et on a : ln gpxq “ ln exppln xq “ lnpexp yq “ y “ lnpxq ; cependant, la fonction lnpxq est
` ˘
strictement croissante sur R`˚ , car sa dérivée est strictement positive, et comme ln gpxq “ lnpxq, on a
donc gpxq “ x.
3.2.4 Puissances
Lemme 3.17 On a, pour tout x P R`˚ et tout r P Q : lnpxr q “ r lnpxq.
m ?
n
Preuve : on rappelle que si r “ avec pm, nq P Z ˆ N˚ , alors xr “ xm ; de la proposition 3.15 on déduit que
n
si m P N˚ , alors lnpxm q “ m lnpxq ; cette propriété est vraie aussi pour m “ 0 car x0 “ 1 et lnp1q “ 0 ; de plus, si
m “ ´k, avec k P N˚ , alors xm ¨ xk “ 1, donc lnpxm q ` lnpxk q “ 0 d’où lnpxm q “ ´ lnpxk q “ ´k lnpxq “ m lnpxq.
m ` n˘
enfin, on a, pour r “ avec pm, nq P Z ˆ N˚ : n lnpxr q “ ln pxr q “ lnpxm q “ m lnpxq, d’où le résultat.
n
` ˘
Corollaire 3.18 Soit x P R`˚ et r P Q. On a xr “ exp r lnpxq .
` ˘ ` ˘
Preuve : on a : xr “ exp lnpxr q “ exp r lnpxq .
On est ainsi amené à poser la définition suivante de la puissance réelle d’un nombre réel. (On laissera le lecteur
se convaincre par lui-même qu’elle est équivalente à celle donnée au § 2.7.2.)
` ˘
Définition 3.19 Soit x P R`˚ et u P R. On pose xu “ exp u lnpxq .
D’après le corollaire 3.18, cette définition coı̈ncide avec la définition usuelle de la puissance lorsque u P Q.
Proposition 3.20
` ˘v
(a) On a pour tout pu, vq P R2 et tout x P R`˚ : xu ¨ xv “ xu`v et xu “ xuv .
(b) On a pour tout u P R et tout px, yq P pR`˚ q2 : xu ¨ y u “ pxyqu .
Proposition 3.22 Soit u P R. La fonction f pxq “ xu est dérivable sur R`˚ et f 1 pxq “ uxu´1 .
Conséquence : la fonction xu est strictement croissante sur R`˚ si u ą 0 et strictement décroissante si u ă 0.
` ˘
Preuve : f pxq “ xu “ exp u lnpxq est dérivable en tant que composée de fonctions dérivables, et on a :
u ` ˘
f 1 pxq “ ¨ exp u lnpxq “ ux´1 xu “ uxu´1
x
y y
uą1 u“1
u ă ´1
u “ ´1
0ăuă1
´1 ă u ă 0
u“0 u“0
1 1
x x
1 1
Y Y
M
C sin x x C
cos x
cos x X X
O I O I
x
sin x M
y
1
cospxq sinpxq
x
´2π ´ 3π ´π ´ π2 0 1 π π 3π 2π
2 2 2
´1
π ? ? 0
´1 ? ? 0
3 2 1 1 2 3 1
´ ´ ´
2 2 2 2 2 2
Exercice 3.25 Établir la table des valeurs particulières des fonctions sin x et cos x de la proposition 3.24.
´p ` q¯ ´p ´ q¯
(g) pour tout pp, qq P R2 : sin p ` sin q “ 2 sin cos ;
2 ¯ ´ 2 ¯
´p ` q p´q
(h) pour tout pp, qq P R2 : sin p ´ sin q “ 2 cos sin .
2
´p ` q¯ ´ p2´ q ¯
(i) pour tout pp, qq P R2 : cos p ` cos q “ 2 cos cos ;
´ p2 ` q ¯ ´ p2´ q ¯
(j) pour tout pp, qq P R2 : cos p ´ cos q “ ´2 sin sin ;
2 2
Preuve : une preuve géométrique de cet énoncé est donnée en annexe.
Proposition 3.29 Les fonctions sin x et cos x sont dérivables sur R et leurs dérivées sont :
sin1 x “ cos x et cos1 x “ ´ sin x
Lemme 3.30 On a :
(a) lim sin h “ 0 et lim cos h “ 1 ;
hÑ0 hÑ0
sin h
(b) lim “ 1;
hÑ0 h
cos h ´ 1
(c) lim “ 0.
hÑ0 h
Preuve du lemme 3.30 : une preuve géométrique de cet énoncé est donnée en annexe.
Preuve de la proposition 3.29 : On a :
sinpx ` hq ´ sin x sin h cos x ` cos h sin x ´ sin x sin h cos h ´ 1
“ “ cos x ` sin x
h h h h
donc, d’après le lemme 3.30 :
sinpx ` hq ´ sin x
lim “ cos x.
hÑ0 h
De même :
cospx ` hq ´ cos x cos h cos x ´ sin h sin x ´ cos x cos h ´ 1 sin h
“ “ cos x ´ sin x
h h h h
donc, d’après le lemme 3.30 :
cospx ` hq ´ cos x
lim “ ´ sin x.
hÑ0 h
sin x
Définition 3.31 On appelle tangente la fonction définie par tan x “ .
cos x
Proposition 3.32
!π ) ı π π ”
(a) tan x est définie sur Rz ` kπ ; k P Z qui est la réunion des intervalles ´ ` kπ, ` kπ où k P Z.
2 2 2
2 tan x ` tan y
(b) Pour tout px, yq P R tels que tan x, tan y et tanpx ` yq sont définis, on a : tanpx ` yq “ .
1 ´ tan x tan y
tan x ´ tan y
(c) Pour tout px, yq P R2 tels que tan x, tan y et tanpx ´ yq sont définis, on a : tanpx ´ yq “ .
1 ` tan x tan y
´x¯ 2
1´t 2t
(d) Pour tout x P R tel que t “ tan est défini, on a : cos x “ 2
, sin x “ et, si tan x est défini,
2 1`t 1 ` t2
2t
tan x “ .
1 ´ t2
Exercice 3.33 Donner une preuve de la proposition 3.32.
Proposition 3.34 La fonction tan x est dérivable sur son domaine de définition, de dérivée :
1
tan1 x “ 1 ` ptan xq2 “ .
pcos xq2
ϕ1 pxq ´ apxqϕpxq “ 0.
Théorème 3.37 Soit pE0 q y 1 ´ apxqy “ 0, une équation différentielle linéaire d’ordre un sans second membre,
définie sur un intervalle I, et Apxq une primitive de apxq sur I. La solution générale de pEq est alors de la forme
ϕpxq “ keApxq avec k P R. L’ensemble des solution de pE0 q est donc :
! )
keApxq ; k P R
Preuve : on note ϕ0 pxq “ eApxq ; alors ϕ10 pxq “ A1 pxqeApxq “ apxqϕ0 pxq, donc ϕ0 pxq est solution de pE0 q. On
en déduit immédiatement que toute fonction de la forme keApxq est également solution de pE0 q. On notera que
ϕ0 pxq ne s’annule pas sur I. Soit maintenant une fonction ϕpxq, définie et dérivable sur I, solution de pE0 q, si
ϕpxq
bien que ϕ1 pxq “ apxqϕpxq, et soit kpxq “ ; on a alors, pour tout x P I :
ϕ0 pxq
donc, d’après le théorème 3.7, kpxq prend une valeur constante k sur I, d’où le résultat.
pE0 q y 1 ´ apxqy “ 0
Une solution de pEq est une fonction f , définie et dérivable sur I, et telle que, pour tout x P I on ait :
Théorème 3.39 Soit pEq y 1 ´ apxqy “ bpxq, une équation différentielle linéaire d’ordre un avec second
membre, définie sur un intervalle I, et Apxq une primitive de apxq sur I, et soit f0 pxq une solution particulière
de pEq définie sur I. La solution générale de pEq est alors de la forme f pxq “ f0 pxq ` keApxq avec k P R.
L’ensemble des solution de pEq est donc :
! )
f0 pxq ` keApxq ; k P R
Preuve : soit f pxq une solution de pEq et soit ϕpxq “ f pxq ´ f0 pxq ; alors :
` ˘ ` ˘ ` ˘
ϕ1 pxq “ f 1 pxq ´ f01 pxq “ apxqf pxq ` bpxq ´ apxqf0 pxq ` bpxq “ apxq f pxq ´ f0 pxq “ apxqϕpxq
donc ϕpxq est solution de l’équation pE0 q y 1 ´ apxqy “ 0 et on conclut grâce au théorème 3.37.
Remarque 3.40 Résoudre l’équation différentielle pEq y 1 ´apxqy “ bpxq, se ramène donc aux deux problèmes
suivants :
— trouver une primitive de apxq,
— trouver une solution particulière.
Les deux énoncés suivants nous permettent, pour ce qui concerne de trouver une solution particulière :
— de décomposer le problème, ce qui peut simplifier les calculs (cf. proposition 3.41),
— de ramener le problème à un calcul de primitive (cf. proposition 3.42, mais on verra qu’il y a des méthodes
plus directes dans certains cas particulier, cf. § 3.3.3).
avec second membre, définie sur un intervalle I et ayant la même équation homogène associée, et soient f1 pxq
une solution particulière de pE1 q définie sur I et f2 pxq une solution particulière de pE2 q définie sur I. Soit
de plus pλ1 , λ2 q P R2 . Alors f0 pxq “ λ1 f1 pxq ` λ2 f2 pxq est solution particulière de l’équation différentielle
pEq y 1 ´ apxqy “ λ1 b1 pxq ` λ2 b2 pxq.
Preuve : on a :
f01 pxq “ λ1 f` 11 pxq ` λ2 f21 pxq ˘ ` ˘
“ λ1 apxqf` 1 pxq ` b1 pxq `˘ λ2 apxqf2 pxq ` b2 pxq
“ apxq λ1 f1 pxq ` λ2 f2 pxq ` λ1 b1 pxq ` λ2 b2 pxq
“ apxqf0 pxq ` λ1 b1 pxq ` λ2 b2 pxq
Preuve : on a f 1 pxq “ k 1 pxqeApxq ` kpxqapxqeApxq , donc f pxq est solution de pEq si et seulement si :
c.-à-d. :
k 1 pxqeApxq “ bpxq
y
Exemple 3.43 Résolution de l’équation différentielle : pEq y 1 ` “ 2 ` ex sur l’intervalle I “ s0, `8r.
x
1
(i) Une primitive de apxq “ ´ sur l’intervalle I “ s0, `8r est Apxq “ ´ ln x, donc, d’après le théorème
x
y
3.37 la solution générale de l’équation différentielle pE0 q y 1 ` “ 0, sur I “ s0, `8r, est de la forme
x
k 1
ϕpxq “ keApxq “ ke´ ln x “ . On considère dans la suite la solution particulière ϕ0 pxq “ .
x x
k1 pxq
(ii) D’après la méthode de variation de la constante (proposition 3.42), la fonction f1 pxq “ k1 pxqϕ0 pxq “
x
y 2
est solution de pE1 q y 1 ` “ 2 si et seulement si k11 pxq “ “ 2x. La fonction k1 pxq “ x2 convient.
x ϕ0 pxq
La fonction f1 pxq “ x2 ϕ0 pxq “ x est donc une solution particulière de pE1 q sur I “ s0, `8r.
k2 pxq
(iii) De même, d’après la méthode de variation de la constante, la fonction f2 pxq “ k2 pxqϕ0 pxq “ est
x
x
y e
solution de pE2 q y 1 ` “ ex si et seulement si k21 pxq “ “ xex . La fonction k2 pxq “ px ´ 1qex
x ϕ0 pxq
px ´ 1qex
convient. La fonction f2 pxq “ px ´ 1qex ϕ0 pxq “ est donc une solution particulière de pE2 q sur
x
I “ s0, `8r.
px ´ 1qex
(iv) On en déduit, d’après la proposition 3.41, que la fonction f0 pxq “ f1 pxq ` f2 pxq “ x ` est une
x
solution particulière de pEq.
(v) Enfin, d’après le théorème 3.39, la solution générale de pEq, sur l’intervalle I “ s0, `8r, est de la forme :
k px ´ 1qex k
f pxq “ f0 pxq ` “x` ` avec k P R.
x x x
La solution générale de l’équation différentielle à coefficients constants, sans second membre, pE0 q y 1 ´ ay “ 0
est de la forme : ϕpxq “ keax . On va voir ci-dessous que, pour certaines fonctions bpxq assez simple, on peut
alors trouver une solution particulière f0 pxq proche de la forme de bpxq.
Proposition 3.45 Soit pEq y 1 ´ ay “ bpxq une équation différentielle linéaire d’ordre un à coefficients
constants définie sur R.
(a) si bpxq “ P pxq est une fonction polynomiale, il existe une solution particulière de pEq qui est une fonction
polynomiale Qpxq.
(b) si bpxq “ ecx avec c P R˚ , il existe une solution particulière de pEq de la forme f0 pxq “ λecx . pour une
valeur particulière de λ P R.
(c) si bpxq “ r sinpωxq ` s cospωxq avec pω, r, sq P R˚ ˆ R2 , il existe une solution particulière de pEq de la
forme f0 pxq “ λ sinpωxq ` µ cospωxq pour un couple particulier pλ, µq P R2 .
On peut également combiner les trois formes ci-dessus. On a notamment les résultats suivants :
(d) si bpxq “ P pxqecx avec c P R˚ est le produit d’une fonction polynomiale et d’une fonction exponentielle, il
cx
existe une`solution particulière de
˘ cxpEq de la forme : f0˚pxq “2 Qpxqe où Qpxq est une fonction polynomiale.
˚
(e) si bpxq “ r sinpωxq ` s cospωxq e avec pω, r, sq P R ˆ R ˆ R , il existe une solution particulière de pEq
` ˘
de la forme f0 pxq “ λ sinpωxq ` µ cospωxq ecx pour un couple particulier pλ, µq P R2 .
(La combinaison de fonctions polynomiales et des fonctions sinus et cosinus est aussi possible, mais aboutit à
des calculs complexes. Ces cas seront traités dans le prochain chapitre.)
Preuve :
(a) On écrit P pxq “ cn xn ` cn´1 xn´1 ` ¨ ¨ ¨ ` c1 x ` c0 .
Si a “ 0, il suffit de prendre pour Qpxq une primitive de P pxq, c.-à-d. :
xn`1 xn x2
Qpxq “ cn ` cn´1 ` ¨ ¨ ¨ ` c1 ` c0 x
n`1 n 2
Si a “ 0, le polynôme Qpxq “ dn xn ` dn´1 xn´1 ` ¨ ¨ ¨ ` d1 x ` d0 , de même degré que P pxq, est solution
de pEq si et seulement si :
c.-à-d. si et seulement si : $
’
’ ´adn “ cn
nd ad n´1 “ cn´1
’
’
’
’ n ´
&pn ´ 1qdn´1 ´ adn´2 “ cn´2
’
..
’
’
’ .
2d ad c1
’
’
’
’ 2 ´ 1 “
d1 ´ ad0 “ c0
%
On détermine alors les valeurs des coefficients de Qpxq, les unes après les autres :
$ cn
’ dn “ ´
’
’
’ a
cn´1 ndn cn´1 ncn
&
dn´1 “ ´ ` “´ ´ 2
’ a a a a
%dn´2 “ ´ cn´2 ` pn ´ 1qdn´1 “ ´ cn´2 ´ pn ´ 1qcn´1 ´ npn ´ 1qcn
’
’
’
a a a a2 a3
et ainsi de suite.
(b) La fonction f0 pxq “ λecx est solution de pEq si et seulement si cλecx ´ aλecx “ ecx , c.-à-d. si et seulement
1
si λ “ .
c´a
(c) La fonction f0 pxq “ λ sinpωxq ` µ cospωxq est solution de pEq si et seulement si :
` ˘
ωλ cospωxq ´ ωµ sinpωxq ´ a λ sinpωxq ` µ cospωxq “ r sinpωxq ` s cospωxq
c.-à-d. :
p´aλ ´ ωµq sinpωxq ` pωλ ´ aµq cospωxq “ r sinpωxq ` s cospωxq ;
il suffit donc de prendre pλ, µq P R2 tels que :
"
´aλ ´ ωµ “ r
ωλ ´ aµ “ s
c.-à-d. : $ ´ar ` ωs
&λ “ 2
’
a ` ω2
%µ “
’ ´ωr ´ as
a ` ω2
2
c.-à-d. si et seulement si :
Q1 pxq ´ pa ´ cq ¨ Qpxq “ P pxq.
On est ainsi ramené au cas (a). On notera que si a “ c, alors Qpxq est une primitive de P pxq, et que si
a “ c, alors Qpxq est`de même degré que P˘pxq.
(e) La fonction f0 pxq “ λ sinpωxq ` µ cospωxq ecx est solution de pEq si et seulement si :
´ ` ˘¯ ` ˘
ωλ cospωxq ´ ωµ sinpωxq ` c λ sinpωxq ` µ cospωxq ecx ´ a λ sinpωxq ` µ cospωxq ecx
` ˘
“ r sinpωxq ` s cospωxq ecx
c.-à-d. :
´` ˘ ` ˘ ¯ ` ˘
´pa ´ cqλ ´ ωµ sinpωxq ` ωλ ´ pa ´ cqµ cospωxq ecx “ r sinpωxq ` s cospωxq ecx ;
on est ramené à une situation similaire à celle du cas (c) ; il suffit de prendre pλ, µq P R2 tels que :
"
´pa ´ cqλ ´ ωµ “ r
ωλ ´ pa ´ cqµ “ s
c.-à-d. : $
´pa ´ cqr ` ωs
&λ “ pa ´ cq2 ` ω 2
’
’
’ ´ωr ´ pa ´ cqs
%µ “
’
pa ´ cq2 ` ω 2
Exemple 3.46
(1) Soit pEq y 1 ` y “ x2 ` 1. On cherche une solution particulière de la forme Qpxq “ ax2 ` bx ` c. On a alors
p2ax ` bq ` pax2 ` bx ` cq “ x2 ` 1. c.-à-d. : a “ 1, 2a ` b “ 0 d’où b “ ´2, et b ` c “ 1 d’où c “ 3. La
fonction polynomiale Qpxq “ x2 ´ 2x ` 3 est donc une solution particulière de pEq.
(2) Soit pEq y 1 ´2y “ e5x . On cherche une solution particulière de la forme λe5x . On a alors 5λe5x ´2λe5x “ e5x
1 e5x
d’où λ “ . La fonction est donc une solution particulière de pEq.
3 3
1
(3) Soit pEq y ` 3y “ cosp2xq. On cherche ` une solution particulière
˘ de la forme λ sinp2xq ` µ cosp2xq. On
a alors 2λ cosp2xq ´ 2µ sinp2xq ` 3 λ sinp2xq ` µ cosp2xq “ cosp2xq. Par identification des coefficients de
2 3
sinp2xq et cosp2xq, il suffit de prendre pλ, µq tel que 3λ ´ 2µ “ 0 et 2λ ` 3µ “ 1, c.-à-d. λ “ et µ “ .
13 13
2 sinp2xq ` 3 cosp2xq
La fonction est donc une solution particulière de pEq.
13
(4) Soit pEq y 1 ´y “ xe´x . On ` cherche une solution˘ particulière de la forme Qpxqe´x où Qpxq est une fonction
polynomiale. On a alors Q pxqe ´ Qpxqe´x ´ Qpxqe´x “ xe´x , d’où Q1 pxq ´ 2Qpxq “ x. On cherche
1 ´x
1 1
donc un polynôme Qpxq “ ax ` b de degré 1, et on a : a ´ 2pax ` bq “ x d’où a “ ´ et b “ ´ . La
2 4
p2x ` 1qe´x
fonction ´ est donc une solution particulière de pEq.
4
(5) Soit pEq y ´ 3y “ sinpxqe2x . On cherche une solution particulière de la forme pλ sin x ` µ cos xqe2x . On
1
a alors pλ cos x ´ µ sin xqe2x ` 2pλ sin x ` µ cos xqe2x ´ 3pλ sin x ` µ cos xqe2x “ sinpxqe2x . On procède
comme en (3). Par identification des coefficients de sinpxqe2x et cospxqe2x , il suffit de prendre pλ, µq tel
1 ´psin x ` cos xqe2x
que ´λ ´ µ “ 1 et λ ´ µ “ 0, c.-à-d. λ “ µ “ ´ . La fonction est donc une solution
2 2
particulière de pEq.
3.4 Annexes
Les preuves données dans cette annexe s’appuient sur les remarques suivantes.
QR
Remarque Soit pP QRq un triangle rectangle en Q, et x l’angle intérieur en P . On a sin x “ et
PR
PQ
cos x “ .
PR R
x
P Q
Remarque Soit pP QRq est un triangle et x l’angle intérieur en P . L’aire du triangle pP QRq est égale à
P Q ¨ P R ¨ sin x
.
2 R
x
P Q
H
P Q ¨ HR
En effet, si H est le pied de la hauteur issue de R, alors l’aire du triangle pP QRq est égale a , or
2
HR “ P R ¨ sin x, d’où le résultat.
Preuve : On va donner une démonstration géométrique des formules (a) et (b) en utilisant l’idée que le sinus
permet de calculer l’aire des triangles comme expliqué ci-dessous ; on procède par étapes :
π
— Si x ou y est multiple de , on est simplement ramené à l’énoncé de la proposition 3.26.
2
π π
— Si 0 ă x ă et 0 ă y ă , on considère un triangle pABCq, où x est l’angle en A et y l’angle en B. On
2 2 ´π ¯ ´π ¯
note H le pied de la hauteur issue de C. L’angle z en C est égal à ´x ` ´ y “ π ´ x ´ y.
2 2
C
z
π
´y
2
π
´x
2
x y
A B
H
On note A l’aire du triangle pABCq, A1 l’aire du triangle pAHCq et A2 l’aire du triangle pBHCq. On a :
A “ A1 ` A2
2A “ AC ¨ BC ¨ sin z “ AC ¨ BC ¨ sinpx ` yq
2A1 “ AH ¨ HC “ pAC ¨ cos xq ¨ pBC ¨ sin yq
2A2 “ HB ¨ HC “ pBC ¨ cos yq ¨ pAC ¨ sin xq
z
z1
x y
A 1 B
H A
On note A1 l’aire du triangle pA1 BCq et A11 l’aire du triangle pA1 HCq. On a, en reprenant les notations
précédentes :
et :
2A1 “ A1 C ¨ BC ¨ sin z 1 “ AC ¨ BC ¨ sinpx ´ yq
d’où
(b) sinpx ´ yq “ sin x cos y ´ cos x sin y.
Si AH ą BH (c.-à-d. x ă y), on échange les rôles de A et B et de x et y pour obtenir la formule :
x “ x1 ´ π x “ ´x1 x “ x1 x “ π ´ x1 y “ y1 ´ π y “ ´y 1 y “ y1 y “ π ´ y1
π π
de sorte que, dans tous les cas, on ait : 0 ă x1 ă et 0 ă y 1 ă .
2 2
— Pour toutes valeurs de x P R et y P R, on se ramène aux cas qui précèdent, grâce à la périodicité
des fonctions sin et cos, en posant x “ x1 ` 2kπ si p2k ´ 1qπ ă x ă p2k ` 1qπ et y “ y 1 ` 2kπ si
p2k ´ 1qπ ă y ă p2k ` 1qπ de sorte que, dans tous les cas, on ait : ´π ă x1 ă π et ´π ă y 1 ă π
π
Les formules (c) et (d) se déduisent de (a) et (b), grâce à la proposition 3.26, en posant x “ x1 ` ; on a alors
2
cos x “ ´ sin x1 et sin x “ cos x1 , cospx ` yq “ ´ sinpx1 ` yq et cospx ´ yq “ ´ sinpx1 ´ yq d’où :
(c) cospx ` yq “ ´ sinpx1 ` yq “ ´ sin x1 cos y ´ cos x1 sin y “ cos x cos y ´ sin x sin y
et
(d) cospx ´ yq “ ´ sinpx1 ´ yq “ ´ sin x1 cos y ` cos x1 sin y “ cos x cos y ` sin x sin y
Y P
M
C h
O
X
H I
sin h
lim “ 1.
hÑ0 h
Pour le point (c), on remarque que :
donc :
cos h ´ 1 sin h sin h
“´ ˆ
h cos h ` 1 h
sin h
mais on sait déjà que lim sin h “ 0, lim cos h “ 1 et lim “ 1, d’où :
hÑ0 hÑ0 hÑ0 h
cos h ´ 1
lim “ 0.
hÑ0 h
Sommaire
4.1 Définition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
4.2 Argument et forme polaire d’un nombre complexe . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
4.3 Exponentielle complexe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83
4.4 Racines n-ième d’un nombre complexe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84
4.4.1 Racines n-ième de l’unité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84
4.4.2 Forme polaire des racines n-ième d’un nombre complexe quelconque . . . . . . . . . . 85
4.4.3 Forme cartésienne des racines carrées d’un nombre complexe quelconque . . . . . . . . 85
4.5 Suites et fonctions à valeurs complexes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86
4.5.1 Suites à valeurs complexes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86
4.5.2 Fonctions à valeurs complexes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86
4.6 Application aux équations différentielles linéaires d’ordre un à coefficients constants 89
4.1 Définition
Proposition et Définition 4.1 On définit sur R2 des opérations d’addition et de multiplication par les
formules suivantes :
(a) pa, bq ` pc, dq “ pa ` c, b ` dq ;
(b) pa, bq ˆ pc, dq “ pac ´ bd, ad ` bcq.
Muni des opérations, R2 est un corps commutatif (cf. définition 1.52) dont l’élément neutre pour l’addition
est p0, 0q et l’élément neutre pour la multiplication est p1, 0q. On note ce corps C. C’est le corps des nombres
complexes. On définit également la multiplication d’un nombre réel par un nombre complexe de la façon suivante :
(c) k.pa, bq “ pka, kbq.
On a donc pa, bq “ a.p1.0q ` b.p0, 1q. Comme p1, 0q est l’élément neutre pour la multiplication, on le note plus
simplement 1, et on note i “ p0, 1q. On écrit ainsi les nombres complexes sous la forme a`bi ou a`ib. L’addition
et la multiplication sont alors données par les formules :
(a’) pa ` ibq ` pc ` idq “ pa ` cq ` ipb ` dq,
(b’) pa ` ibq ˆ pc ` idq “ pac ´ bdq ` ipad ` bcq,
et on constate que i2 “ i ˆ i “ ´1. Si z “ a ` ib, on appelle :
(d) partie réelle de z le nombre réel <epzq “ a ;
(e) partie imaginaire de z le nombre réel =mpzq “ b ;
(f) conjugué de z le nombre complexe z̄ “ a ´ ib ; a
(g) module de z le nombre réel postif ou nul |z| “ a2 ` b2 .
On a :
(h) z “ 0 si et seulement si |z| “ 0,
(i) z ` z 1 “ z̄ ` z¯1 ,
(j) zz 1 “ z̄ ˆ z¯1 ,
(k) |zz 1 | “ |z| ˆ |z 1 |,
(l) |z ` z 1 | ď |z| ` |z 1 |,
1 z̄ a b
(m) z z̄ “ |z|2 d’où l’inverse de z “ a ` ib est “ z ´1 “ 2 “ 2 ´i 2 .
z |z| a ` b2 a ` b2
La preuve des propriétés énoncées ci-dessus est laissée au lecteur.
M pz ` z 1 q
x x
O O 1 k
M pz 1 q
y y
x x
´b “ ℜepizq O a “ ℜepzq O a “ ℜepzq
ℑmpz̄q “ ´b M pz̄q
Définition 4.3 Soit z “ a ` ib un nombre complexe non nul. On appelle argument de z, et on note argpzq,
ÝÝÝÝÑ
l’angle θ entre l’axe Ox et le vecteur OM pzq. L’argument de z est défini à 2π près. On écrit argpzq “ θ r2πs.
b M pzq
θ “ argpzq r2πs
x
O 1 a
ˆ ˙
a a b b a b
On a alors cos θ “ “ et sin θ “ “ , d’où z “ a`ib “ |z| `i “ |z|pcos θ`i sin θq.
OM pzq |z| OM pzq |z| |z| |z|
Cette expression s’appelle la forme polaire de z (alors que l’expression a ` ib s’appelle la forme cartésienne de z).
Proposition 4.4 Soit z et z 1 deux nombres complexes non nuls. On a argpzz 1 q “ argpzq ` argpz 1 q.
Remarque 4.5 On déduit de ce qui précède que la multiplication par le nombre complexe cos ϕ ` i sin ϕ, de
module 1 et d’argument ϕ, correspond, dans le plan, à la rotation de centre O et d’angle ϕ.
y
z 1 “ zˆpcos ϕ ` i sin ϕq
M pz 1 q
M pzq
x
O
Remarque 4.7
(1) Comme pour l’exponentielle réelle, il est d’usage de noter l’exponentielle complexe également sous la
forme ez , mais attention : alors que pour x P R, ex est bien égal à e puissance x, qu’on peut définir
indépendamment de l’exponentielle, ce n’est pas le cas pour ez avec z P C.
(2) Les fonctions sin x et cos x étant périodique de période 2π, la fonction ez est périodique de période 2iπ,
c.-à-d. : ez`k2iπ “ ez pour tout k P Z.
(3) De la définition on déduit immédiatement que |ez | “ e<epzq et arg pez q “ =mpzq.
(4) Des valeurs particulières des fonctions sinus et cosinus, on déduit les valeurs particulières suivantes de
l’exponentielle complexe.
π π π π 2π 3π 5π
θ 0 π
6 4 3 2 3 4 6
? ? ? ? ? ? ? ?
iθ
1 3`i 2`i 2 1`i 3 i ´1 ` i 3 ´ 2`i 2 ´ 3`i
e ´1
2 2 2 2 2 2
π π π π 2π 3π 5π
θ 0 ´ ´ ´ ´ ´ ´ ´ ´π
6 4 3 2 3 4 6
? ? ? ? ? ? ? ?
iθ
1 3´i 2´i 2 1´i 3 ´1 ´ i 3 ´ 2´i 2 ´ 3´i
e ´i ´1
2 2 2 2 2 2
L’intérêt de cette définition réside dans la propriété suivante, analogue à celle de l’exponentielle usuelle définie
sur les nombres réels.
Proposition 4.8
1 1
(a) Pour tout pz, z 1 q P C2 , on a : ez`z “ ez ez .
Conséquence :
(b) pour tout z P C on a : ez “ 0 et l’inverse
` z ˘de ez est e´z ;
nz n
(c) pour tout z P C et n P Z on a : e “ e .
Preuve :
(a) Soit z “ a ` ib avec pa, bq P R2 et z 1 “ a1 ` ib1 avec pa1 , b1 q P R2 . On a alors ez “ ea pcos b ` i sin bq et
1 1 1 1` ˘
ez “ ea pcos b1 ` i sin b1 q, d’où ez ez “ ea ea pcos b cos b1 ´ sin b sin b1 q ` ipsin b cos b1 ` cos b sin b1 q c.-à-d. :
1 1` ˘ 1
ez ez “ ea`a cospb ` b1 q ` i sinpb ` b1 q “ ez`z .
(b) D’après le point précédent, on a ez e´z “ e0 “ 1 d’où le résultat annoncé.
n fois
hkkkikkkj n fois
hkkkkikkkkj ` ˘n
nz z`z`¨¨¨`z
˚
(c) Si n P N alors e “ e “ e e ¨ ¨ ¨ ez “ ez . Si n P Z´˚ , alors n “ ´k avec k P N˚ et alors,
z z
` ˘n 1 ` ˘k ` ˘n 1 ` ˘0
par définition, ez “ ` ˘k , mais ez “ ekz donc ez “ kz “ e´kz “ enz . Enfin ez “ 1 par
ez e
` ˘ 0
définition, mais 1 “ e0 “ e0z d’où ez “ e0z .
Proposition 4.11 Soit n P N˚ . Il y a exactement n nombres complexes qui sont racines n-ièmes de l’unité.
Ce sont les nombres : ` 2π ˘k
2kπ
ei n “ ei n avec 0 ď k ă n
Preuve : Si ω n “ 1, alors ω “ 0, donc ω “ reiθ avec r “ |ω| P R`˚ et θ “ argpωq P r0, 2πr. On a alors :
2kπ
rn einθ “ 1, d’où rn “ 1 et donc r “ 1 d’une part, et nθ “ 0 pmod 2πq et donc nθ “ 2kπ, c.-à-d. θ “ ,
n
i 2kπ
avec k P Z, d’autre part. Ainsi, toute les racines n-ième de l’unité sont de la forme e n avec k P Z. De plus
2k1 π 2kπ 2k 1 π 2kπ 2k 1 π 2kπ
ei n “ ei n si et seulement si “ r2πs, c.-à-d. s’il existe p P Z tel que “ ` 2pπ, c.-à-d.
n n n n
1 1
k “ k ` pn. Mais d’après le théorème de division euclidienne, pour tout k P Z, il existe un unique couple pp, kq
avec p P Z et k P Z tel que 0 ď k ă n et k 1 “ k ` pn, d’où le résultat.
4.4.2 Forme polaire des racines n-ième d’un nombre complexe quelconque
Définition 4.12 Soient z P C et n P N˚ . On appelle racine n-ième de z tout nombre complexe ω tel que
ω n “ z.
Proposition 4.13 Soient z “ ρ eiθ P C˚ et n P N˚ . Il y a exactement n nombres complexes qui sont racines
n-ièmes de z. Ce sont les nombres :
? i θ`2kπ
n
ρe n avec 0 ď k ă n
4.4.3 Forme cartésienne des racines carrées d’un nombre complexe quelconque
D’après la proposition 4.13 tout nombre complexe non nul a exactement 2 racines carrées, mais l’expression qui
en est donnée est sous forme polaire. On en donne ici une expression cartésienne.
On en déduit que : ? ?
2 a2 ` b2 ` a 2 a2 ` b2 ´ a
x “ et y “ .
2 2
On distingue plusieurs cas :
? ? ? ?
— Si b “ 0 et a ą 0 alors y “ 0 et x2 “ a d’où x “ aa ou x “ ´ a, a c.-à-d. : ω “ a ou a ω “ ´ a. a
— Si b “ 0 et a ă 0 alors x “ 0 et y 2 “ |a| d’où y “ |a| ou y “ ´ |a| c.-à-d. : ω “ i |a| ou ω “ ´i |a|.
— Si b ą 0 alors x et y sont de même signe car 2xy “ b ą 0 d’où les deux valeurs possibles de ω :
d? d? d? d?
a2 ` b2 ` a a2 ` b2 ´ a a2 ` b2 ` a a2 ` b2 ´ a
x“ et y “ c.-à-d. : ω “ `i
2 2 2 2
d? d? d? d?
a2 ` b2 ` a a2 ` b2 ´ a a2 ` b2 ` a a 2 ` b2 ´ a
x“´ et y “ ´ c.-à-d. : ω “ ´ ´i
2 2 2 2
— Si b ă 0 alors x et y sont de signes opposés car 2xy “ b ă 0 d’où les deux valeurs possibles de ω :
d? d? d? d?
2
a `b `a2 2
a `b ´a2 2
a `b `a2 a2 ` b2 ´ a
x“ et y “ ´ c.-à-d. : ω “ ´i
2 2 2 2
d? d? d? d?
a2 ` b2 ` a a 2 ` b2 ´ a a2 ` b2 ` a a2 ` b2 ´ a
x“´ et y “ c.-à-d. : ω “ ´ `i
2 2 2 2
Ces formules ne sont pas à retenir par cœur. Voici un exemple pour les illustrer.
on en déduit que :
9 1
x2 “ et y 2 “
2 2
or xy ă 0 donc x et y sont de signes opposés, d’où les deux valeurs possibles de ω :
3 1 3´i 3 1 ´3 ` i
x“ ? et y “ ´? d’où ω “ ? x “ ´? et y“? d’où ω “ ?
2 2 2 2 2 2
Définition 4.16
(a) On dit qu’une suite de terme général zn est bornée si la suite à valeurs réelles de terme général |zn | est
bornée ou si, de manière équivalente, les suites à valeurs réelles de terme généraux <epzn q et =mpzn q sont
bornées.
(b) On dit qu’une suite de terme général zn a pour limite ` P C si lim |zn ´`| “ 0. On écrit alors lim zn “ `.
nÑ`8 nÑ`8
On remarque que lim zn “ ` si et seulement si lim <epzn q “ <ep`q et lim =mpzn q “ =mp`q.
nÑ`8 nÑ`8 nÑ`8
(c) On dit qu’une suite de terme général zn a pour limite l’infini si lim |zn | “ `8. On écrit alors
nÑ`8
lim zn “ 8.
nÑ`8
Les limites de suites à valeurs complexes vérifient des propriétés similaires à celles des limites de suites à valeurs
réelles.
Proposition 4.17 Soient pzn qnPN et pwn qnPN deux suites à valeurs complexe.
Limite de la somme :
(c) Si lim zn “ ` P C et lim wn “ `1 P C et si pλ, µq P C2 alors lim pλzn ` µwn q “ λ` ` µ`1 .
nÑ`8 nÑ`8 nÑ`8
(d) Si lim zn “ 8 et si pwn qnPN est bornée alors lim pzn ` wn q “ 8.
nÑ`8 nÑ`8
Limite du produit :
(e) Si lim zn “ ` P C et lim wn “ `1 P C alors lim zn wn “ ``1 .
nÑ`8 nÑ`8 nÑ`8
(f) Si lim zn “ 0 et si pwn qnPN est bornée alors lim zn wn “ 0.
nÑ`8 nÑ`8
` ˘
(g) Si lim zn “ 8 et si |wn | nPN est minorée par un nombre m ą 0 alors lim zn wn “ 8.
nÑ`8 nÑ`8
En particulier, si la suite pwn qnPN a une limite finie non nulle ou infinie :
(g’) Si lim zn “ 8 et si lim wn “ 8 ou lim wn “ ` P C˚ alors lim zn wn “ 8.
nÑ`8 nÑ`8 nÑ`8 nÑ`8
Limite de l’inverse : soit pzn qnPN une suite à termes non nuls :
1 1
(h) Si lim zn “ ` P C˚ alors lim “ .
nÑ`8 nÑ`8 zn `
1
(i) Si lim zn “ 0 alors lim “ 8,
nÑ`8 nÑ`8 zn
1
(j) Si lim zn “ 8 alors lim “ 0.
nÑ`8 nÑ`8 zn
La preuve de ces propriétés est laissée au lecteur. Il suffit de se rapporter aux définitions et aux propriétés
similaires déjà démontrées pour les suites à valeurs réelles (cf. proposition 2.45).
On définit les limites des fonctions à valeurs complexes tout comme celle des fonctions à valeurs réelles.
Définition 4.19 Soit f : R Ñ C une fonction à valeurs complexe définie sur un domaine Df . Soit I un
intervalle inclus dans Df et soit A adhérent à Df (A “ ` P R ou A “ `8 ou A “ ´8).
(a) On dit que f est bornée sur I s’il existe M P R` tel que pour tout ˇ x P Iˇ on ait |f pxq| ď M .
(b) On dit que f pxq a pour limite ` P C lorsque x tend vers A si : lim ˇf pxq´`ˇ “ 0. On écrit alors lim f pxq “ `.
` xÑA˘ ` ˘ xÑA
On remarque que lim f pxq “ ` si et seulement si lim <e f pxq “ <ep`q et lim =m f pxq “ =mp`q.
xÑA xÑA ˇ ˇ xÑA
(c) On dit que f pxq a pour limite l’infini lorsque x tend vers A si lim ˇf pxqˇ “ `8.
xÑA
Les limites de fonctions à valeurs complexes vérifient des propriétés similaires à celles des limites de fonctions
à valeurs réelles.
Proposition 4.20 Limites d’une fonction composée : soit f une fonction à valeurs réelles définie sur un
domaine Df , g une fonction à valeurs complexes définie sur un domaine Dg et soient A adhérent à Df (A P R
ou A “ `8 ou A “ ´8) et B adhérent à Dg (B P R ou B “ `8 ou B “ ´8) et soit enfin L P C ou L “ 8. Si
lim f pxq “ B et lim gpyq “ L alors lim pg ˝ f qpxq “ L.
xÑA yÑB xÑA
Proposition 4.21 Soient f et g deux fonctions à valeurs complexes définies sur un domaine D et soit A
adhérent à D (A P R ou A “ `8 ou A “ ´8).
Limite de la somme :
(c) Si lim f pxq “ ` P C et lim gpxq “ `1 P C et si pλ, µq P C2 alors lim pλf pxq ` µgpxqq “ λ` ` µ`1 .
xÑA xÑA xÑA
(d) Si lim f pxq “ 8 et si gpxq est bornée sur D alors lim pf pxq ` gpxqq “ 8.
xÑA xÑA
En particulier, si gpxq a une limite finie non nulle ou infinie quand x tend vers A :
(g’) Si lim f pxq “ 8 et si lim gpxq “ ` P C˚ alors lim f pxqgpxq “ 8.
xÑA xÑA xÑA
Ces propriétés résultent directement de la définition (et notamment du fait qu’une fonction à valeurs complexes
à une limite si et seulement si sa partie réelle et sa partie imaginaire ont chacune une limite) et des propriétés
similaires déjà démontrées pour les fonctions à valeurs réelles (cf. propositions 2.60 et 2.61).
On définit la dérivabilité des fonctions à valeurs complexes tout comme celle des fonctions à valeurs réelles.
Définition 4.22 Soit f une fonction à valeurs complexes définie sur un intervalle I (d’intérieur non vide) et
f pa ` hq ´ f paq
soit a P I. Pour tout h P R˚ tel que a ` h P I, on pose τa phq “ .
h
(a) Si τa phq a une limite lorsque h tend vers 0, on dit que f pxq est dérivable en x “ a et on note :
Le nombre f 1 paq est appelé le nombre dérivé ` de˘ f pxq en` x “˘a. Ceci est équivalent à dire que f pxq est
dérivable en x “ a si les deux fonctions <e f pxq et =m f pxq le sont.
(b) Si f pxq est dérivable en tout x P I, on dit que f est dérivable sur I. La fonction f 1 , alors définie sur I,
df pxq
s’appelle la fonction dérivée de f . Il est d’usage de noter également la dérivée de f pxq.
dx
1
(b’) S’il existe une fonction F définie sur I telle que F “ f , on dit que F est une primitive de f sur I.
(c) On dit que f pxq est dérivable à droite en x “ a si τa phq a une limite lorsque h tend vers 0` . Le nombre
dérivé à droite, s’il existe, est noté f 1 pa` q.
(d) On dit que f pxq est dérivable à gauche en x “ a si τa phq a une limite lorsque h tend vers 0´ . Le nombre
dérivé à gauche, s’il existe, est noté f 1 pa´ q.
Les dérivées de fonctions à valeurs complexes vérifient des propriétés similaires à celles des dérivées de fonctions
à valeurs réelles.
Théorème 4.23 Soit f une fonction à valeurs réelles définie sur un intervalle ouvert I et g une fonction à
valeurs complexes définie sur un intervalle ouvert J, tels que f pIq Ă J, de sorte que g ˝ f est définie sur I.
(a) Soit a P I et b “ f paq P J. Si f pxq est dérivable en x “ a et gpyq est dérivable en y “ b, alors pg ˝ f qpxq
est dérivable en x “ a et :
` ˘
pg ˝ f q1 paq “ g 1 pbq ˆ f 1 paq “ g 1 f paq ˆ f 1 paq “ pg 1 ˝ f qpaq ˆ f 1 paq.
(b) Si f est dérivable sur I et si g est dérivable sur J alors g ˝ f est dérivable sur I et :
pg ˝ f q1 “ pg 1 ˝ f q ˆ f 1
Théorème 4.24 Soient f et g deux fonctions à valeurs complexes définies sur un intervalle I et soit a P I tel
que f pxq et gpxq sont dérivables en x “ a. Alors :
(a) pour tout pλ, µq P C2 , la fonction pλf ` µgqpxq “ λf pxq ` µgpxq est dérivable en x “ a et on a :
pλf ` µgq1 paq “ λf 1 paq ` µg 1 paq ;
(b) la fonction pf gqpxq “ f pxqgpxq est dérivable en x “ a et on a : pf gq1 paq “ f 1 paqgpaq ` f paqg 1 paq.
Si, de plus, gpaq “ 0, alors :
ˆ ˙ ˆ ˙1
1 1 1 g 1 paq
(c) la fonction pxq “ est dérivable en x “ a et on a : paq “ ´ .
g gpxq g gpaq2
et, en combinant les deux points qui précèdent :
ˆ ˙ ˆ ˙1
f f pxq f f 1 paqgpaq ´ f paqg 1 paq
(d) la fonction pxq “ est dérivable en x “ a et on a : paq “ .
g gpxq g gpaq2
Par conséquent, si f et g sont dérivables sur I alors, pour tout pλ, µq P C2 , λf ` µg et f g sont également
dérivables sur I et on a :
pλf ` µgq1 “ λf 1 ` µg 1 et pf gq1 “ f 1 g ` f g 1 .
1 f
Si, de plus, g ne s’annule pas sur I, alors et sont également dérivables sur I et on a :
g g
ˆ ˙1 ˆ ˙1
1 g1 f f 1 g ´ f g1
“ ´ 2 et “ .
g g g g2
Ces propriétés résultent directement de la définition (et notamment du fait qu’une fonction à valeurs complexes
est dérivable si et seulement si sa partie réelle et sa partie imaginaire sont chacune dérivable) et des propriétés
similaires déjà démontrées pour les fonctions à valeurs réelles (cf. théorèmes 3.10 et 3.11).
Exemple 4.25 Soit f : R Ñ C une fonction à valeurs complexes définie et dérivable sur un intervalle I
(d’intérieur non vide), et soit g : R Ñ C définie par ϕpxq “ ef pxq , où ez désigne ici l’exponentielle complexe.
Alors ϕpxq est dérivable sur I et ϕ1 pxq “ f 1 pxqef pxq . Attention : on ne peut pas pour cet exemple appliquer
le théorème 4.23 ; g est bien une fonction composée, mais pas de la façon supposée dans le théorème ; de plus,
on n’a pas donné de définition de la dérivation d’une fonction définie sur C ; ainsi on ne peut pas dire que la
fonction exp : C Ñ C est dérivable. On se ramène donc simplement à la définition de l’exponentielle complexe.
On écrit :
f pxq “ gpxq ` i hpxq
où gpxq et hpxq sont les parties réelles et imaginaires de f pxq, d’où :
` ˘ ` ˘
ϕpxq “ ef pxq “ egpxq cos hpxq ` i egpxq sin hpxq
d ´ gpxq ` ˘¯ d ´ gpxq ` ˘¯
ϕ1 pxq “ e cos hpxq ` i e sin hpxq
´dx ` ˘
dx
` ˘¯ ´ ` ˘ ` ˘¯
gpxq
1
“ g pxqe cos hpxq ´ egpxq h1 pxq sin hpxq ` i g 1 pxqegpxq sin hpxq ` egpxq h1 pxq cos hpxq
` ˘´ ` ˘ ` ˘¯
“ g 1 pxq ` i h1 pxq egpxq cos hpxq ` i egpxq sin hpxq
“ f 1 pxqef pxq
Preuve : Si f pxq est solution de pEq alors f 1 pxq ´ af pxq “ bpxq. En considérant la partie réelle, on a f11 pxq ´
af1 pxq “ b1 pxq et en considérant la partie imaginaire on a f21 pxq ´ af2 pxq “ b2 pxq, d’où le résultat. La réciproque
est immédiate, elle aussi. (Il est essentiel ici que a soit un nombre réel.)
Ce résultat permet notament de simplifier la recherche de solutions particulières lorsque les fonctions sinus et
cosinus apparaissent dans le second membre.
Exemple 4.27 Soit pc, ωq P R ˆ R˚ ; d’après le point (b) de la proposition 3.45, la fonction λepc`iωqx est une
1
solution particulière de l’équation différentielle pEq y 1 ´ ay “ epc`iωqx si et seulement si λ “ . On
c ` iω ´ a
écrit alors :
´pa ´ cq ´ω
λ “ λ1 ` i λ2 où λ1 “ 2 2
et λ2 “ .
pa ´ cq ` ω pa ´ cq2 ` ω 2
On a alors : ` ˘ cx
λec`iωx “ `pλ1 ` i λ2 q cospωxq ` i sinpωxq
˘ cx e` ˘
“ λ1 cospωxq ´ λ2 sinpωxq e ` i λ2 cospωxq ` λ1 sinpωxq ecx
On en déduit que :
` ˘
— f1 pxq “ λ1 cospωxq ´ λ2 sinpωxq ecx est solution de pE1 q y 1 ´ ay “ cospωxqecx ,
` ˘
— f2 pxq “ λ2 cospωxq ` λ1 sinpωxq ecx est solution de pE2 q y 1 ´ ay “ sinpωxqecx .
On retrouve ainsi les cas (c) et (e) de la proposition 3.45.
On peut maintenant traiter les cas général des équations différentielles linéaires d’ordre un à coefficients constants
où le second membre est produit de fonctions polynomiales, trigonométriques et exponentielles.
` ˘
Proposition 4.28 Soit pEq y 1 ´ ay “ P pxq cospωxq ` Qpxq sinpωxq ecx une équation différentielle linéaire
d’ordre un à coefficients constants où P pxq et Qpxq sont des fonctions polynomiales
` (à coefficients réels)
˘ et
pω, cq P R2 . Il existe une solution particulière de pEq de la forme f0 pxq “ Rpxq cospωxq ` Spxq sinpωxq ecx où
Rpxq et Spxq sont des fonctions polynomiales (à coefficients réels).
Preuve : d’après le point (d) de la proposition 3.45, la fonction Apxqepc`iωqx est solution de l’équation diffé-
rentielle y 1 ´ ay “ P pxqepc`iωqx si et seulement si :
` ˘
A1 pxq ´ pa ´ cq ´ iω Apxq “ P pxq.
En suivant la méthode du cas (a) de la proposition 3.45, on peut déterminer les coefficients de la fonction
polynomiale à coefficients complexes Apxq. On écrit alors Apxq “ A1 pxq ` i A2 pxq où A1 pxq et A2 pxq sont à
coefficients réels. ` ˘
On en déduit que : f1 pxq “ A1 pxq cospωxq ´ A2 pxq sinpωxq ecx est solution de pE1 q y 1 ´ ay “ P pxq cospωxqecx .
On construit de même une fonction polynomiale Bpxq “ B1 pxq ` i B2 pxq à coefficients complexes telle que
` ˘
B 1 pxq ´ pa ´ cq ´ iω Bpxq “ Qpxq.
` ˘
On en déduit que : f2 pxq “ B2 pxq cospωxq ` B2 pxq sinpωxq ecx est solution de pE2 q y 1 ´ ay “ Qpxq sinpωxqecx .
´` ˘ ` ˘ ¯
La fonction cherchée est f0 pxq “ f1 pxq`f2 pxq “ A1 pxq`B2 pxq cospωxq` ´A2 pxq`B1 pxq sinpωxq ecx .
Exemple 4.29 Recherche d’une solution particulière f0 pxq de l’équation différentielle pEq y 1 ´ y “ 2x cos x.
La fonction cos x est la partie réelle de eix . On considère donc l’équation pE 1 q y 1 ´ y “ 2x eix .
Si Apxq eix est solution de pE 1 q alors :
On a donc :
2 2p´1 ´ iq
a“ “ “ ´1 ´ i
´1 ` i 2
et :
´a ´2 ´2 1
b“ “ “ “ “ ´i
´1 ` i p´1 ` iq2 ´2i i
d’où :
Apxq “ ax ` b “ p´xq ` i p´x ´ 1q
On obtient donc une solution de pEq en prenant la partie réelle de :
“ ‰
Apxq eix “ p´xq ` i p´x ´ 1q pcos x ` i sin xq
c.-à-d. :
f0 pxq “ ´x cos x ` px ` 1q sin x
Vérification :
f01 pxq “ ´ cos x ` x sin x ` sin x ` px ` 1q cos x “ x cos x ` px ` 1q sin x
d’où, comme attendu :
f01 pxq ´ f0 pxq “ 2x cos x
Exemple 4.30 Recherche d’une solution particulière f0 pxq de l’équation différentielle pEq y 1 ` y “ x sin x ex .
La fonction sin x ex est la partie imaginaire de ep1`iqx . On considère donc l’équation pE 1 q y 1 ` y “ x ep1`iqx .
Si Apxq ep1`iqx est solution de pE 1 q alors :
` ˘
A1 pxq ` 1 ` p1 ` iq Apxq “ x c.-à-d. : A1 pxq ` p2 ` iqApxq “ x
On a donc :
1 2´i 2 1
a“ “ “ ´ i
2`i 5 5 5
et :
´a ´1 ´1 ´p3 ´ 4iq 3 4
b“ “ “ “ “´ ` i
2`i p2 ` iq2 3 ` 4i 25 25 25
d’où : ˆ ˙ ˆ ˙
2 3 1 4
Apxq “ ax ` b “ x´ `i ´ x`
5 25 5 25
On obtient donc une solution f0 pxq de pEq en prenant la partie imaginaire de :
„ˆ ˙ ˆ ˙
2 3 1 4
Apxq ep1`iqx “ x´ `i ´ x` pcos x ` i sin xqex
5 25 5 25
c.-à-d. : „ˆ ˙ ˆ ˙
1 4 2 3
f0 pxq “ ´ x` cos x ` x´ sin x ex
5 25 5 25
Vérification : „ ˆ ˙ ˆ ˙
1 1 4 2 2 3
f01 pxq “ ´ cos x ´ ´ x ` sin x ` sin x ` x´ cos x ex
5 5 25 5 5 25
„ˆ ˙ ˆ ˙
1 4 2 3
` ´ x` cos x ` x´ sin x ex
5 25 5 25
„ˆ ˙ ˆ ˙
1 4 3 3
“ x´ cos x ` x` sin x ex
5 25 5 25
d’où, comme attendu :
f01 pxq ` f0 pxq “ x psin xq ex
Polynômes
Sommaire
5.1 Définition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93
5.2 Division euclidienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97
5.3 Racines . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98
5.3.1 Généralités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98
5.3.2 Racines des polynômes à coefficients complexes — Théorème de d’Alembert . . . . . . 98
5.4 Polynômes irréductibles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99
5.4.1 Généralités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99
5.4.2 Polynômes irréductibles à coefficients complexes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99
5.4.3 Polynômes irréductibles à coefficients réels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99
5.5 Factorisation des polynômes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100
5.5.1 Factorisation des polynômes à coefficients complexes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100
5.5.2 Factorisation des polynômes à coefficients réels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100
5.6 Annexe : preuve du théorème de d’Alembert . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101
Beaucoup de notions dans ce chapitre sont définies sur le corps des nombres réels R ou sur le corps des nombres
complexes C. Pour simplifier l’écriture, on posera souvent K “ R ou K “ C. On introduira aussi les définitions
ou les énoncés par la phrase ! Soit K un corps. . . " pour indiquer que ce qui suit est vrai pour K “ R ou K “ C,
ou pour tout autre corps.
Par ailleurs, les polynômes sont exprimés à l’aide d’une variable notée par une lettre capitale, souvent X. Cette
variable n’est pas de même nature que la variable d’une fonction : il convient donc de faire une distinction entre
! polynôme " et ! fonction polynomiale " ; voir à ce propos la remarque 5.8.
5.1 Définition
Définition 5.1 Soit K un corps.
(a) Un polynôme à coefficients dans K, et de variable X, est une expression de la forme :
n
ÿ
P “ ad X d ` ad´1 X d´1 ` ¨ ¨ ¨ ` a1 X ` a0 “ ai X i
i“0
Q ˝ P “ be P e ` be´1 P e´1 ` ¨ ¨ ¨ ` b1 P ` b0 .
Preuve :
(a) On suppose que deg P ď deg Q ; si deg P ă deg Q alors Q “ 0 et le terme de plus haut degré de
P ` Q est égal au terme de plus haut degré de Q d’où degpP ` Qq “ deg P (ceci comprend le cas où
P “ 0) ; si deg P “ deg Q et si P “ 0 et Q “ 0, il est possible que les termes de plus haut degré de
P et de Q soient opposés, auquel cas leur somme est nulle et degpP ` Qq ă deg P “ deg Q, sinon on a
degpP ` Qq “ deg P “ deg Q ; enfin, si P “ Q “ 0, le résultat est évident.
(b) si P et Q sont non nuls, alors le terme de plus haut degré de P Q est égal au produit des termes de plus
haut degré de P et de Q, d’où le résultat ; si P “ 0 ou Q “ 0 alors P Q “ 0 et le résultat est évident.
Théorème 5.5 L’addition et la multiplication vérifient sur KrXs les propriétés suivantes :
(a) 0 est élément neutre pour l’addition ;
(b) l’addition est commutative ;
(c) l’addition est associative ;
(d) tout élément à un opposé ;
(e) 1 est élément neutre pour la multiplication ;
(f) 0 est élément absorbant pour la multiplication ;
(g) la multiplication est commutative ;
(h) la multiplication est associative ;
(i) la multiplication est distributive par rapport à l’addition ;
(j) KrXs est intègre.
Autrement dit : KrXs est un anneau commutatif unitaire intègre (tout comme Z avec lequel il partage d’autres
propriétés, comme on le verra plus loin).
Ces propriétés résultent des définitions de l’addition et de la multiplication des polynômes, et du fait que
l’addition et la multiplication dans K vérifient les mêmes propriétés.
Proposition 5.6 La dérivation vérifie pour tout m P N˚ , P P KrXs et Q P KrXs les propriétés suivantes :
(a) pP ` Qq1 “ P 1 ` Q1 ;
(b) pP Qq1 “ P 1 Q ` P Q1 ;
(c) pP m q1 “ m P 1 P m´1 ;
(d) pQ ˝ P q1 “ pQ1 ˝ P q ˆ P 1 .
d
ÿ d
ÿ
Preuve : soient P “ ai X i et Q “ bj X j deux polynômes de degré ď d ; le point (a) est immédiat ; on a :
i“0 j“0
d
ÿ
P `Q“ pai ` bi qX i
i“0
donc :
d
ÿ d
ÿ d
ÿ
pP ` Qq1 “ i pai ` bi qX i´1 “ i ai X i´1 ` i bi X i´1 “ P 1 ` Q1 .
i“1 i“1 i“1
Pour le point (b) on applique aussi directement la définition du produit de deux polynômes, mais pour mener
le calcul, on doit séparer les termes de degrés 0 et 1 comme ceci :
d ÿ
ÿ d d ÿ
ÿ d
PQ “ ai bj X i`j “ a0 b0 ` pa0 b1 ` a1 b0 qX ` ai bj X i`j
i“0 j“0 i“1 j“1
d’où :
d ÿ
ÿ d
pP Qq1 “ pa1 b0 ` a0 b1 q ` pi ` jqai bj X i`j´1
i“1 j“1
d ÿ
ÿ d ÿd ÿ d
“ a1 b0 ` i ai bj X i`j´1 ` a0 b1 ` j ai bj X i`j´1
i“1 j“1
loooooooooooooooomoooooooooooooooon i“1 j“1
looooooooooooooooomooooooooooooooooon
ÿd ÿ d ÿd ÿ d
“ i ai bj X i`j´1 ` j ai bj X i`j´1
i“1 j“0
looooooooooomooooooooooon i“0 j“1
looooooooooomooooooooooon
1
“ P Q ` P Q1
Pour le point (c) on procède par récurrence ;
— initialisation : le résultat est vrai pour m “ 1 car P 0 “ 1 et pour m “ 2 d’après le point (b) ;
— hérédité : on suppose alors la formule vraie au rang m et on calcul la dérivée de P m`1 comme ceci, en
appliquant la formule démontrée au point (b) :
` ˘1 ` ˘1 ` ˘1 ` ˘
P m`1 “ P ˆ P m “ P 1 ˆ P m ` P ˆ P m “ P 1 ˆ P m ` P ˆ m P 1 P m´1 “ pm ` 1qP 1 P m ;
On devrait noter la fonction associée au polynôme P autrement que P , par exemple écrire P̃ ou P̌ , mais cela
alourdit l’écriture. Toutefois il faut bien garder à l’esprit que le polynôme et la fonction polynomiale qui lui est
associée, sont des objets de natures différentes. Voir à ce propos la remarque 5.8.
Remarque 5.9
(1) La fonction associée à la somme de deux polynômes est égale à la somme des deux fonctions associées à
chacun des deux polynômes, de même pour le produit.
(2) Par contre, pour ce qui concerne la dérivation, la même remarque ne s’applique que si K “ R. La dérivation
d’un polynôme sur un corps K “ R est donc une opération nouvelle (qui est bien-sûr inspirée de la formule
de dérivation d’une fonction polynomiale à coefficients réels).
On a donc A “ BQ ` R avec Q “ 2X 2 ´ 6X ` 3 et R “ 5X ´ 7.
Preuve du théorème 5.10 : la preuve de l’existence de Q et R suit le principe de l’exemple 5.11 ; on fixe le
polynôme B :
B “ be X e ` be´1 X e´1 ` ¨ ¨ ¨ ` b1 X ` b0
avec be “ 0 et on procède par récurrence sur le degré de A ;
— initialisation : si deg A ă deg B, il suffit de prendre Q “ 0 et R “ A ;
— hérédité : on suppose l’existence du quotient et du reste de la division euclidienne de A1 par B pour tous
les polynômes A1 de degré ă d et on considère un polynôme A de degré d ě e :
A “ ad X d ` ad´1 X d´1 ` ¨ ¨ ¨ ` a1 X ` a0 ;
on pose :
ad d´e
A1 “ A ´ X B;
be
ad
et on a deg A1 ď d ; de plus le coefficient du terme de degré d de A1 est égal à : ad ´ be “ 0, donc :
be
deg A1 ă d ;
La preuve de l’unicité s’appuie sur les formules de degré de la somme et du produit de deux polynômes ; si
A “ BQ1 ` R1 “ BQ2 ` R2 avec deg R1 ă deg B et deg R2 ă deg B, alors R1 ´ R2 “ BpQ2 ´ Q1 q ; si R1 “ R2 ,
alors Q1 “ Q2 et deg B ą degpR1 ´ R2 q “ deg BpQ2 ´ Q1 q ě deg B ce qui est impossible. Conclusion : R1 “ R2
et Q1 “ Q2 .
5.3 Racines
5.3.1 Généralités
Définition 5.12 Soit K un corps et soient P P KrXs et a P K. On dit que a est racine de P si P paq “ 0.
Proposition 5.13 Soit K un corps et soient P P KrXs et a P K ; alors a est racine de P si et seulement s’il
existe un polynôme Q P KrXs tel que P “ pX ´ aqQ.
Définition 5.14 Soit K un corps et soient P P KrXs et a P K. On dit que a est une racine de multiplicité m
de P s’il existe Q P KrXs tel que P “ pX ´ aqm Q et Qpaq “ 0
Proposition 5.15 Soit K un corps et soient P P KrXs et a P K. Alors a est une racine de multiplicité m de P
si et seulement si P paq “ 0 “ P 1 paq “ ¨ ¨ ¨ “ P pm´1q paq et P pmq paq “ 0 (où P pkq désigne la dérivée k-ième de P ).
Preuve : on suppose tout d’abord que a est une racine de multiplicité m de P , c.-à-d. P “ pX ´ aqm Q
avec Qpaq “ 0 ; on va montrer que, pour tout k tel que 0 ď k ď m, il existe un polynôme Qk tel que
P pkq “ pX ´ aqm´k Qk et Qk paq “ 0 ; on procède en m itérations :
— initialisation : le résultat est vrai pour k “ 0 ; il suffit de prendre Q0 “ Q ;
— hérédité : on considère 0 ď k ă m et on suppose que P pkq “ pX ´ aqm´k Qk avec deg Qk “ deg Q et
Qk paq “ 0 ; on calcule alors :
` ˘1
P pk`1q “ pX ´ aqm´k Qk
m´k´1
“ pm ´ kqpX ´ aq ` Qk ` pX ´ aqm´k˘Q1k
m´k´1
“ pX ´ aq pm ´ kqQk ` pX ´ aqQ1k ;
en posant Qk`1 “ pm ´ kqQk ` pX ´ aqQ1k on a bien :
— P pk`1q “ pX ´ aqm´pk`1q Qk`1 ,
— Qk`1 paq “ pm ´ kqQk paq “ 0 (car on a supposé k ă m) ;
— conclusion : on a P pkq “ pX ´ aqm´k Qk avec Qk paq “ 0 pour tout k tel que 0 ď k ď m.
conséquence : on a P pmq paq “ Qm paq “ 0 et pour tout k tel que 0 ď k ă m on a : P pkq paq “ 0.
Réciproquement, on suppose que P paq “ 0 “ P 1 paq “ ¨ ¨ ¨ “ P pm´1q paq et P pmq paq “ 0 ; alors a est racine de P ;
on note µ sa multiplicité ; d’après la démonstration précédente, on a P paq “ 0 “ P 1 paq “ ¨ ¨ ¨ “ P pµ´1q paq et
P pµq paq “ 0 ; nécessairement µ “ m.
Ce théorème est fondamental et justifie l’intérêt porté au corps des nombres complexes. On en donne une preuve
en annexe, basée sur les connaissances élaborées dans les chapitres précédents : borne inférieure, suites, limites
et écriture polaire des nombres complexes.
Définition 5.18 Soit K un corps et soit P P KrXs de degré d ě 1. On dit que P est irréductible si ces seuls
diviseurs sont :
— les polynômes Q “ a où a P K, c.-à-d. les polynômes constants non nuls,
— et Q “ aP où a P K, c.-à-d. les multiples de P par une constante non nuls.
Cela revient également à dire que les seuls diviseurs de P sont de degrés 0 ou d.
Remarque 5.19 Si P est un polynôme à coefficients réels, on peut aussi le considérer comme polynôme à
coefficient complexes. Dire de P qu’il est irréductible porte donc une ambiguı̈té. Dans ce cas on précise en
écrivant : ! P est irréductible dans RrXs " ou ! P est irréductible dans CrXs ". (On peut aussi écrire : ! P est
irréductible sur R " ou ! P est irréductible sur C ".)
Proposition 5.20 Soit K un corps. Tout polynôme P P KrXs de degré 1 est irréductible.
Preuve : si P “ AB alors deg A ` deg B “ 1 ; la seule possibilité est que deg A “ 0 et deg B “ 1, ou
l’inverse.
Lemme 5.25 Soit P P RrXs et soit a P C une racine de P . Alors ā est aussi racine de P .
Preuve du lemme 5.25 : on remarque tout d’abord que si P P RrXs et si z P C alors P pz̄q “ P pzq ; en effet,
si P “ cn X n ` cn´1 X n´1 ` ¨ ¨ ¨ ` c1 X ` c0 alors P pz̄q “ cn z̄ n ` cn´1 z̄ n´1 ` ¨ ¨ ¨ ` c1 z̄ ` c0 , mais les ci sont réels,
donc P pz̄q “ cn z n ` cn´1 z n´1 ` ¨ ¨ ¨ ` c1 z ` c0 “ P pzq.
Soit maintenant P P RrXs et a P C tels que P paq “ 0 ; d’après ce qui précède P pāq “ 0.
Preuve du théorème 5.24 : soit P P RrXs un polynôme irréductible ; d’après le théorème de d’Alembert
(théorème 5.16) P a une racine a P C ; si a P R alors X ´ a divise P , mais P est irréductible donc P “ c pX ´ aq
avec c P R ; si a R R alors ā est aussi racine de P , donc le polynôme pX ´ aqpX ´ āq “ X 2 ´ 2<epaqX ` |a|2
qui est à coefficients réels, est un diviseur de P , mais P est irréductible donc P “ c pX 2 ´ 2<epaqX ` |a|2 q avec
c P R ; de plus comme P n’a pas de racine réelle, son discriminant est nécessairement ă 0.
où :
— c P C,
— pa1 , a2 , . . . , ar q P Cr et ai “ aj si i “ j,
` ˘r
— pm1 , m2 , . . . , mr q P N˚ ,
— m1 ` m2 ` ¨ ¨ ¨ ` mr “ deg P .
L’existence et l’unicité de la factorisation dans CrXs découlent du théorème de d’Alembert (théorème 5.16), de
la proposition 5.13 et de la définition 5.14.
Preuve : soit P P RrXs, a P C, m P N˚ et Q P CrXs tels que P pXq “ pX ´ aqm QpXq ; si a P R il n’y a rien à
montrer ; on suppose donc que a R R ; on sait que ā est aussi racine de P , or pā ´ aqm “ 0 donc ā est racine de
Q ; on appelle µ sa multiplicité ; on a donc P “ pX ´ aqm pX ´ āqµ R avec R P CrXs, Rpaq “ 0 et Rpāq “ 0.
On rappelle que le polynôme pX ´ aqpX ´ āq “ X 2 ´ 2<epaqX ` |a|2 est à coefficients réels.
` ˘m
Si m ă µ, on considère le polynôme S “ pX ´ āqµ´m R, quotient de P par pX ´ aqpX ´ āq ; le polynôme S
est à coefficients réels, mais Spāq “ 0 et Spaq “ pa ´ āqµ´m Rpaq “ 0 ; c’est impossible ; on exclut de la même
manière le cas où µ ă m. On a donc µ “ m.
Théorème 5.28 Tout polynôme P à coefficients dans R s’écrit de façon unique comme produit :
où :
— c P R,
— pa1 , a2 , . . . , ar q P Rr et ai “ aj si i “ j,
— pour tout k, Qk P RrXs ` ˚ ˘rest un polynôme unitaire ` ˚ ˘de degré 2 de discriminant ă 0, et Qk “ Q` si k “ `,
s
— pm1 , m2 , . . . , mr q P N et pn1 , n2 , . . . , ns q P N ,
— m1 ` m2 ` ¨ ¨ ¨ ` mr ` 2pn1 ` n2 ` ¨ ¨ ¨ ` ns q “ deg P .
L’existence et l’unicité de la factorisation dans RrXs découlent du théorème 5.26 et du lemme 5.27.
Lemme
` ˘ 5.29 Soit P P CrXs de degré ě 1, et soit pzn qnPN une suite à valeurs complexes telle que la suite
P pzn q nPN est bornée. Alors la suite pzn qnPN est aussi bornée.
Preuve : soit pzn qnPN une suite non bornée ; on peut en extraire une sous-suite de terme général ωp “ zϕppq (où
ϕ : N Ñ N est strictement croissante) telle que lim |ωp | “ `8 ; soit alors P “ cr X r `cr´1 X r´1 `¨ ¨ ¨`c1 X`c0 P
pÑ`8
CrXs avec r ě 1 et cr “ 0 ; on a :
ˆ ˙
cr´1 cr´2 c1 c0
P pωp q “ cr ωpr 1 ` ` ` ¨ ¨ ¨ ` `
cr ωp cr ωp2 cr ωpr´1 cr ωpr
donc : ˆ ˇ ˇ˙
ˇ cr´1 cr´2 c1 c0 ˇˇ
|P pωp q| ě |cr | |ωp |r 1 ´ ˇˇ ` ` ¨ ¨ ¨ ` `
cr ωp cr ωp2 cr ωpr´1 cr ωpr ˇ
˜ ˆ ˙¸
r |cr´1 | |cr´2 | |c1 | |c0 |
ě |cr | |ωp | 1 ´ ` ` ¨¨¨ ` `
|cr | |ωp | |cr | |ωp |2 |cr | |ωp |r´1 |cr | |ωp |r
loooooooooooooooooooooooooooooooooomoooooooooooooooooooooooooooooooooon
ÝÑ 0
pÑ`8
` ˘
d’où : lim |P pωp q| “ `8, ce qui montre que la suite P pzn q nPN n’est pas bornée. Inversement, si la suite
pÑ`8
` ˘
P pzn q nPN est bornée, alors la suite pzn qnPN l’est aussi.
Lemme 5.30 (corollaire du théorème de Bolzano-Weierstrass) De toute suite bornée à valeurs complexes on
peut extraire une sous-suite convergente.
Preuve : soit pzn qnPN une suite bornée à valeurs complexes ; on pose xn “ <epzn q et yn “ =mpzn q ; les suites à
valeurs réelles, de termes généraux xn et yn sont donc bornées ; d’après le théorème 2.52, on peut extraire de la
suite pxn qnPN une sous-suite pxϕppq qpPN convergente ; mais alors, la suite pyϕppq qpPN est bornée ; on peut donc en
extraire une sous-suite pyϕpψpqqq qqPN convergente ; la sous-suite de terme général zϕpψpqqq “ xϕpψpqqq ` i yϕpψpqqq ,
extraite de la suite pzn qnPN , est alors convergente.
Lemme 5.31 Soit P P CrXs et soit pzn qnPN une suite à valeurs complexes telle que lim zn “ a P C. Alors
nÑ`8
lim P pzn q “ P paq.
nÑ`8
Preuve : c’est une conséquence immédiate des propriétés sur les limites de suites à valeurs complexes énoncées
dans la proposition 4.17.
!ˇ ˇ ) ˇ ˇ
Lemme 5.32 Soit P P CrXs de degré ě 1 et soit m “ inf ˇP pzqˇ ; z P C . Il existe a P C tel que ˇP paqˇ “ m.
!ˇ ˇ ) ˇ ˇ
Preuve : comme m “ inf ˇP pzqˇ ; z P C , il existe une suite pzn qnPN telle que lim ˇP pzn qˇ “ m ; la suite de
nÑ`8
terme général P pzn q est donc bornée ; on en déduit, grâce au lemme 5.29, que la suite de terme général zn est
aussi bornée, et d’après le lemme 5.30 on peut donc en extraire une sous-suite pzϕppq qpPN convergente ; soit alors
ˇ ˇ ˇ ˇ
a “ lim zϕppq ; d’après le lemme 5.31 on a lim P pzϕppq q “ P paq ; d’où ˇP paqˇ “ lim ˇP pzϕppq qˇ “ m.
nÑ`8 pÑ`8 pÑ`8
!ˇ ˇ )
Preuve du théorème de d’Alembert : soit P P CrXs de degré r ě 1, soit m “ inf ˇP pzqˇ ; z P C , et soit
ˇ ˇ
a P C tel que ˇP paqˇ “ m ; l’existence de a est assurée par le lemme 5.32 ; pour démontrer le théorème, il suffit de
montrer que m “ 0 ; on raisonne donc par l’absurde en supposant m “ 0, c.-à-d. P paq “ 0 ; on va alors montrer
ˇ ˇ
que pour une valeur de θ P r0, 2πr bien choisie, et pour t P R`˚ suffisamment petit, on a ˇP pa ` t eiθ qˇ ă m ;
pour simplifier les calculs, on considère les polynômes suivant, obtenus à partir de P :
P pX ` aq
Q“
P paq
c.-à-d. :
R “ 1 ` X s ` ds`1 X s`1 ` ¨ ¨ ¨ ` dr´1 X r´1 ` dr X r
ck
où dk “ pour s ` 1 ď k ď r ; on a, comme pour Q :
ωk
!ˇ ˇ )
inf ˇRpzqˇ ; z P C “ 1 ; p˚q
et les fonctions ϕ : R`˚ Ñ C et ψ : R`˚ Ñ C, ainsi que leurs parties réelles et imaginaires, définies par :
` iπ ˘ ` iπ ˘ ` ˘
ϕptq “ S `t e s ˘ ψptq “ R `t e s ˘ “ 1 ´ ts `1 ` ϕptq˘
f ptq “ <e `ϕptq ˘ hptq “ <e `ψptq ˘ “ 1 ´ ts 1 ` f ptq
gptq “ =m ϕptq kptq “ =m ψptq “ ´ts gptq ;
d’où : ˇ ˇ
lim ˇϕptqˇ “ 0 ;
tÑ0`
il existe donc η P R`˚ tel que pour tout t P R`˚ tel que t ă η on ait :
ˇϕptqˇ ă 1 1 1 1 1
ˇ ˇ
d’où ´ ă f ptq ă et ´ ă gptq ă
2 2 2 2 2
mais alors :
ts ˇkptqˇ ă t
ˇ ˇ s
hptq ă 1 ´ et
2 2
d’où :
2s s
ˇψptqˇ2 “ hptq2 ` kptq2 ă 1 ´ ts ` t “ 1 ´ t p2 ´ ts q ;
ˇ ˇ
2 2
ˇ iπ ˇ ˇ ˇ
pour tout t P R`˚ tel que t ă η et ts ă 2 on a alors : ˇRpt e s qˇ “ ˇψptqˇ ă 1, ce qui contredit la propriété p˚q ;
l’hypothèse de départ, à savoir m “ 0, est donc fausse, d’où m “ P paq “ 0.
Développements limités
Sommaire
6.1 Définition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103
6.2 Notation de Landau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106
6.3 Opérations algébriques sur les développements limités . . . . . . . . . . . . . . . . 107
6.4 Primitive d’un développement limité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109
6.5 Théorème de Taylor-Young . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 110
6.6 Développement limités des fonctions usuelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 112
6.7 Applications : équivalents et limites . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113
6.8 Théorème de Taylor-Lagrange . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115
6.1 Définition
Définition 6.1 Soit f une fonction à valeurs réelles, définie sur un intervalle I de R, et soient a P I et n P N ;
on dit que f pxq admet un développement limité à l’ordre n en x “ a (en abrégé : un DLn en x “ a) s’il existe
un polynôme P “ c0 ` c1 X ` c2 X 2 ` ¨ ¨ ¨ ` cn´1 X n´1 ` cn X n P RrXs de degré ď n et une fonction εphq, tels
que que :
(i) pour tout h (avec a ` h P I) : f pa ` hq “ P phq ` hn εphq “ c0 ` c1 h ` c2 h2 ` ¨ ¨ ¨ ` cn´1 hn´1 ` cn hn ` hn εphq,
(ii) εphq est continue en h “ 0 et εp0q “ 0 (c.-à-d. : lim εphq “ 0).
hÑ0
Remarque 6.2
(1) si f pxq admet un DLn en x “ a, alors elle admet aussi un DLk en x “ a pour tout k ă n ; en effet, si :
avec :
lim εphq “ 0.
hÑ0
alors :
f pa ` hq “ c0 ` c1 h ` c2 h2 ` ¨ ¨ ¨ ` ck´1 hk´1 ` ck hk ` hk ε1 phq
où :
ε1 phq “ ck`1 h ` ck`2 h2 ` ¨ ¨ ¨ ` cn´1 hn´k´1 ` cn hn´k ` hn´k εphq
et on a bien :
lim ε1 phq “ 0.
hÑ0
(3) Lorsqu’on considère un DLn en x “ 0, il est d’usage d’utiliser la variable x et non h ; on écrit donc :
f pxq “ c0 ` c1 x ` c2 x2 ` ¨ ¨ ¨ ` cn´1 xn´1 ` cn xn ` xn εpxq.
1
Exemple 6.3 on considère la fonction ; de l’égalité :
1´x
p1 ´ xqp1 ` x ` x2 ` ¨ ¨ ¨ ` xn´1 ` xn q “ 1 ´ xn`1
on déduit que :
1 1 ´ xn`1 xn`1
“ ` “ 1 ` x ` x2 ` ¨ ¨ ¨ ` xn´1 ` xn ` xn εpxq p˚q
1´x 1´x 1´x
où :
x
εpxq “ ;
1´x
on a :
lim εpxq “ 0 ;
xÑ0
1
la formule p˚q est donc un DLn de la fonction .
1´x
PP1 : y “ 1 ` x
PP2 1
PP4
1
y“ PP3
1´x PP1
x
1
Proposition 6.4 Soit f une fonction à valeurs réelles, définie sur un intervalle I de R, et soient a P I et
n P N ; si f pxq admet un DLn en x “ a, alors ce DLn est unique.
où lim ε1 phq “ lim ε2 phq “ 0 (et donc ε1 p0q “ ε2 p0q “ 0) ; alors, en prenant h “ 0 on obtient :
hÑ0 hÑ0
f paq “ c0 “ d0 ;
de plus, si n ě 1, on a pour h “ 0 :
f pa ` hq ´ f paq
τa phq “ “ c1 ` c2 h ` ¨ ¨ ¨ ` cn´1 hn´2 ` cn hn´1 ` hn´1 ε1 phq
h
“ d1 ` d2 h ` ¨ ¨ ¨ ` dn´1 hn´2 ` dn hn´1 ` hn´1 ε2 phq
ce qui montre, en prenant la limite quand h tend vers 0, que f pxq est dérivable en x “ a et que :
f 1 paq “ c1 “ d1 ;
on a alors de même, si n ě 2 :
τa phq ´ c1
τa,2 phq “ “ c2 ` c3 h ` ¨ ¨ ¨ ` cn´1 hn´3 ` cn hn´2 ` hn´2 ε1 phq
h
“ d2 ` d3 h ` ¨ ¨ ¨ ` dn´1 hn´3 ` dn hn´2 ` hn´2 ε2 phq
c2 “ d2 ;
par le même procédé, on montre ainsi que pour tout k, tel que 0 ď k ď n : ck “ dk .
Remarque 6.5 on constate donc que si f pxq admet un DLn en x “ a, alors f pxq est continue en x “ a, et
si de plus n ě 1, alors f pxq est dérivable en x “ a ; mais ATTENTION : il n’est pas vrai qu’une fonction qui
admet un DLn en x “ a, avec n ě 2, est deux fois dérivable en x “ a ; on en donne un exemple ci-dessous.
´1¯
Exemple 6.6 soit εpxq la fonction définie sur R par εp0q “ 0 et pour x “ 0 : εpxq “ x sin ; on a, pour
ˇ ˇ x
tout x P R : ˇεpxqˇ ď |x| ce qui montre que lim εpxq “ 0 (et donc que εpxq est continue en x “ 0).
xÑ0
y
y “ |x|
1
10 y “ εpxq
x x
1
10
y “ ´|x|
´1¯
On considère alors la fonction définie sur R par f pxq “ x3 sin ;
x
y
y “ |x|3
y “ f pxq 1 y “ f pxq
105
x x
1
102
y “ ´|x|3
cette fonction admet un DL2 en x “ 0 dont la partie principale est nulle, car :
f pxq “ 0 ` 0 x ` 0 x2 ` x2 εpxq.
Par ailleurs f pxq est dérivable sur R˚ , car elle est composée de fonctions dérivables, et on a, pour tout x P R˚ :
´1¯ ´1¯
f 1 pxq “ 3x2 sin ´ x cos ;
x x
de plus :
f pxq ´ f p0q ´1¯
lim “ lim x2 sin “ lim x εpxq “ 0
xÑ0 x xÑ0 x xÑ0
f 1 p0q “ 0.
y
y “ |x|
y “ f 1 pxq y “ f 1 pxq
1
10
x x
1
10
y “ ´|x|
On a alors :
f 1 pxq ´ f 1 p0q ´1¯ ´1¯
“ 3x sin ´ cos
x x x
´1¯ ´1¯
mais lim 3x sin “ 0 et cos n’a pas de limite en x “ 0, donc f 1 pxq n’est pas dérivable en x “ 0, c.-à-d.
xÑ0 x x
f pxq n’est pas deux fois dérivable en x “ 0.
On complète cet exemple en remarquant que f pxq n’admet pas de DL3 en x “ 0. En effet, si un tel DL existait,
f pxq
il serait de la forme f pxq “ c3 x3 ` x3 ε1 pxq avec lim ε1 pxq “ 0 ; mais alors, on aurait 3 “ c3 ` ε1 pxq et donc
xÑ0 x
f pxq f pxq ´1¯
lim “ c3 ; or 3 “ sin n’a pas de limite en x “ 0.
xÑ0 x3 x x
Définition 6.7 Soit f pxq et gpxq deux fonctions définies sur un intervalle I et soit A adhérent à I (A “ a P R
ou A “ ´8 ou A “ `8) ; on dit que gpxq est négligeable devant f pxq quand x tend vers A s’il existe une
fonction εpxq telle que :
(i) pour tout x P I : gpxq “ εpxqf pxq,
(ii) lim εpxq “ 0.
xÑA
gpxq
Si f pxq ne s’annule pas au voisinage de x “ A, ceci est équivalent à dire que lim “ 0.
f`pxq ˘ xÑA
Lorsque gpxq est négligeable devant f pxq quand x tend vers A, on écrit gpxq “ o f pxq et on dit que ! gpxq
xÑA
est un petit-o
` ˘de f pxq quand x tend vers A " ; on omet souvent de préciser x Ñ A et on écrit tout simplement
gpxq “ o f pxq ; on peut également écrire g “ opf q ou g “ opf q.
A
Des propriétés sur les limites, on déduit immédiatement les propriétés suivantes sur les ! petit-o ". (La preuve
en est laissée au lecteur.)
Proposition 6.8 Soient f pxq, gpxq, hpxq et kpxq des fonctions définies sur un intervalle I, et soient A adhérent
à I (A “ a P R ou A “ ´8 ou A “ `8) et pλ, µq P R2 ;
(a) si g “ opf q et h “ opgq alors h “ opf q ;
A A A
(b) si g “ opf q et h “ opf q alors λ g ` µ h “ opf q ;
A A A
(c) si k “ opgq alors f k “ opf gq ;
A A
(d) si h “ opf q et k “ opgq alors hk “ opfgq.
A A A
Autrement dit, dans toute formule, on peut remplacer :
` ˘
(a) o opf q par opf q ;
(b) λ opf q ` µ opf q par opf q ;
(c) f ¨ opgq par opf gq ;
(d) opf q ¨ opgq par opf gq.
Preuve : on a :
n n n
(a) pf ` gqpa ` hq “ f pa ` hq ` gpa ` ` hq “ P phqn `˘`oph q ` Qphq ˘` oph q “ pP ``Qqphq ` oph q ; n ˘ n
n
(b) pf gqpa`hq “ f pa`hqgpa`hq “ P phq`oph q Qphq`oph q “ P phqQphq` P phq`Qphq`oph q oph q ;
` ˘
mais, d’après la proposition 6.8, on peut remplacer P phq ` Qphq ` ophn q ophn q par ophn q, d’où :
pf gqpa ` hq “ pP Qqphq ` ophn q ; enfin, tous les termes de degrés ą n de pP Qqphq sont des ophn q, d’où le
résultat.
(c) si i “ 1 il n’y a rien à montrer ; si i “ 2, on applique le résultat précédent avec g “ f ; pour i ą 2, on
raisonne par récurrence en appliquant le résultat précédent avec g “ f i´1 .
1
Exemple 6.10 on reprend l’exemple 6.3 : on a, à l’ordre 2 : “ 1 ` x ` x2 ` opx2 q ; on en déduit que :
1´x
1 ` ˘2
“ 1 ` x ` x2 ` opx2 q ; pour bien comprendre la manipulation du reste opx2 q, on va développer
p1 ´ xq2
entièrement la dernière expression :
` ˘2 ` ˘ ` ˘
1 ` x ` x2 ` opx2 q “ 1 ˆ 1 ` x ` x2 ` opx2 q ` x ˆ 1 ` x ` x2 ` opx2 q
` ˘ ` ˘
` x2 ˆ 1 ` x ` x2 ` opx2 q ` opx2 q ˆ 1 ` x ` x2 ` opx2 q
` ˘ ` ˘
“ 1 ` x ` x2 ` opx2 q ` x ` x2 ` x3 ` opx3 q
` 2 ˘ ` ˘
` x ` x3 ` x4 ` opx4 q ` opx2 q ` opx3 q ` opx4 q ` opx4 q
“ 1 ` 2x ` 3x2 ` 2x 3
` x4 ` 2opx2 q ` 2opx3 q ` 3opx4 q .
looooooooooooooooooooooomooooooooooooooooooooooon
tous ces termes sont des opx2 q
1
D’après la proposition 6.8, on a donc : “ 1 ` 2x ` 3x2 ` opx2 q.
p1 ´ xq2
Il est très important de noter que c’est le petit-o d’ordre le plus petit qui détermine quel est l’ordre du nouveau
développement limité ainsi obtenu.
On remarque également que qu’on a fait trop de calcul pour arriver au résultat : dès le départ, on voit qu’en
` ˘2 1
développant l’expression 1 ` x ` x2 ` opx2 q , on va obtenir un opx2 q ; le DL de qu’on obtient ainsi
p1 ´ xq2
est donc d’ordre 2, et sa partie principale est alors donnée par les termes de degré ď 2 de p1 ` x ` x2 q2 , ce qui
permet d’aboutir au résultat avec moins de calcul.
À l’ordre 3, on a ainsi :
1 ` ˘2
“ 1 ` x ` x2 ` x3 ` opx3 q
p1 ´ xq2
“ p1 ` x ` x2 ` x3 q2 ` opx3 q
“ 1 ` x2
loomoon ` 2x ` 2x2 ` 2x3 ` 2x ˆ x2
loooooooooooooooomoooooooooooooooon ` opx3 q
les carrés les doubles produits
de degré ď 3 de degré ď 3
“ 1 ` 2x ` 3x ` 4x ` opx3 q
2 3
1 1 1
“ ˆ
p1 ´ xq5 p1 ´ xq2 p1 ´ xq3
` ˘ ` ˘
“ 1 ` 2x ` 3x2 ` 4x3 ` opx3 q ˆ 1 ` 3x ` 6x2 ` 10x3 ` opx3 q
“ p1 ` 2x ` 3x2 ` 4x3 q ˆ p1 ` 3x ` 6x2 ` 10x3 q ` opx3 q
“ 1 ` p2 ` 3qx ` p3 ` 2 ˆ 3 ` 6qx2 ` p4 ` 3 ˆ 3 ` 2 ˆ 6 ` 10qx3 ` opx3 q
“ 1 ` 5x ` 15x2 ` 35x3 ` opx3 q
Proposition 6.11 Soit n P N˚ ; on considère deux fonctions f puq et ϕptq telles que :
(i) f puq est définie sur un intervalle J ;
(ii) ϕptq est définie sur un intervalle I tel que 0 P I, et est telle que ϕp0q “ 0 ;
on suppose que f puq admet un DLn en u “ a (où a P J) et que ϕptq admet un DLn en t “ 0, c.-à-d. :
(iii) f pa ` hq “ P phq ` ophn q
(iv) ϕptq “ Qptq ` optn q
` ˘ ` ˘
où P et Q sont des polynômes de degré ď n ; alors : f a ` ϕptq “ T ďn pP ˝ Qq ptq ` optn q.
Preuve : on sait que Qp0q “ ϕp0q “ 0, donc Qptq “ b1 t ` b2 t2 ` ¨ ¨ ¨ ` bn´1 tn´1 ` bn tn ; on a alors :
` ˘ ` ˘ ` ˘ ´` ˘n ¯
f a ` ϕptq “ f a ` Qptq ` optn q “ P Qptq ` optn q ` o Qptq ` optn q ; p˚q
c1 h2 c2 h3 cn´1 hn cn hn`1
f pa ` hq “ f paq ` c0 h ` ` ` ¨¨¨ ` ` ` ophn`1 q
2 3 n n`1
Preuve : on considère la fonction :
c1 h2 c2 h3 cn´1 hn cn hn`1
ϕphq “ f pa ` hq ´ f paq ´ c0 h ` ´ ´ ¨¨¨ ´ ´
2 3 n n`1
définie pour tout h tel que a ` h P I, qui est dérivable sur son domaine de définition et dont la dérivée est :
on en déduit, d’après le théorème 3.6 (théorème des accroissements finis) appliqué à la fonction ϕphtq où h est
fixé et t P r0, 1s, que : ˇ ˇ
ˇ ϕphq ´ ϕp0q ˇ
ˇ ˇ ď ε|h|n
ˇ h ˇ
ϕphq
c.-à-d. : lim “ 0, autrement dit : ϕphq “ ophn`1 q
hÑ0 hn`1
´1
Exemple 6.14 la fonction lnp1 ´ xq a pour dérivée qui admet pour DLn :
1´x
´1
“ ´1 ´ x ´ x2 ´ ¨ ¨ ¨ ´ xn´1 ´ xn ` opxn q
1´x
de plus lnp1 ´ 0q “ 0, donc la fonction lnp1 ´ xq admet pour DLn`1 :
x2 x3 xn xn`1
lnp1 ´ xq “ ´x ´ ´ ´ ¨¨¨ ´ ´ ` opxn`1 q.
2 3 n n`1
d’où, en remplaçant x par ´x :
x2 x3 xn xn`1
lnp1 ` xq “ x ´ ` ´ ¨ ¨ ¨ ` p´1qn´1 ` p´1qn ` opxn`1 q.
2 3 n n`1
y x2 x3
PP3 : y “ x ´ `
2 3
PP1 : y “ x
y “ lnp1 ` xq
1
x2
PP2 : y “ x ´
2
x
´1 1
x2 x3 x4
PP4 : y “ x ´ ` ´
2 3 4
PP1
PP2
PP3
PP4
on suppose uniquement que f pxq est continue en x “ a ; si n “ 1, on suppose que f pxq est continue sur I et
dérivable en x “ a ;) alors f pxq admet le DLn suivant en x “ a :
Exemple 6.16 la fonction exppxq est indéfiniment dérivable sur R et, pour tout n P N˚ , sa dérivée n-ième
est exppnq pxq “ exppxq ; elle admet donc, pour tout n P N, le DLn suivant en x “ 0 :
expp0q 2 expp0q n´1 expp0q n
exppxq “ expp0q ` expp0q x ` x ` ¨¨¨ ` x ` x ` opxn q
2! pn ´ 1q! n!
x2 xn´1 xn
“1`x` ` ¨¨¨ ` ` ` opxn q.
2! pn ´ 1q! n!
y PP4 PP3
PP2 PP1
x2
PP2 : y “ 1 ` x `
2
1
x2 x3 x4
PP4 : y “ 1 ` x ` ` `
2 3 24
y “ exp x
x
1
x2 x3
PP3 : y “ 1 ` x ` `
2 6
PP1 : y “ 1 ` x
Par primitive :
n
x2 xn´1 xn ÿ xk
(c) lnp1 ´ xq “ ´x ´ ´ ¨¨¨ ´ ´ ` opxn q “ ´ ` opxn q ;
2 n´1 n k“1
k
n
x2 x n´1
x n ÿ xk
(d) lnp1 ` xq “ x ´ ` ¨ ¨ ¨ ` p´1qn´2 ` p´1qn´1 ` opxn q “ p´1qk´1 ` opxn q ;
2 n´1 n k“1
k
Par Taylor-Young :
n
x2 xn´1 xn ÿ xk
(e) exppxq “ 1 ` x ` ` ¨¨¨ ` ` ` opxn q “ ` opxn q ;
2! pn ´ 1q! n! k“0
k!
Par Taylor-Young :
n
x2 x4 x2n ÿ x2k
(f) cospxq “ 1 ´ ` ´ ¨ ¨ ¨ ` p´1qn ` opx2n`1 q “ p´1qk ` opx2n`1 q ;
2! 4! p2nq! k“0
p2kq!
n
x3 x5 x 2n`1 ÿ x2k`1
(g) sinpxq “ x ´ ` ´ ¨ ¨ ¨ ` p´1qn ` opx2n`2 q “ p´1qk ` opx2n`2 q ;
3! 5! p2n ` 1q! k“0
p2k ` 1q!
Par composition :
x2 x4
(h) cospxq “ 1 ´ ϕpxq où ϕpxq “ ´ ` opx4 q
2 24
ˆ 2
x4
˙ ˆ 4˙
1 2
` 2
˘ x x x2 5x4
donc “ 1 ` ϕpxq ` ϕpxq ` o ϕpxq “ 1 ` ´ ` ` opx4 q “ 1 ` ` ` opx4 q ;
cospxq 2 24 4 2 24
x3 x5 x2 x4
ˆ ˙
5 4
par ailleurs : sinpxq “ x ´ ` ` opx q “ x 1 ´ ` ` opx q
6 120 6 120
x2 x4 x2 5x4
ˆ ˙ˆ ˙
sinpxq
d’où : “x 1´ ` ` opx4 q 1` ` ` opx4 q
cospxq 6 120 2 24
ˆ ´1 1¯ ´5 ˙
1 1 1 ¯
“x 1` ´ x2 ` ´ ˆ ` x4 ` opx4 q
2 6 24 6 2 120
2
x2
ˆ ˙ ˆ ˙
x ´ 25 10 1 ¯ 4 16 4
“x 1` ` ´ ` x ` opx4 q “ x 1 ` ` x ` opx4 q
3 120 120 120 3 120
x3 2x5
c.-à-d. : tanpxq “ x ` ` ` opx5 q ;
3 15
Par Taylor-Young :
n ˆ ˙
a apa ´ 1q apa ´ 1q ¨ ¨ ¨ pa ´ n ` 1q n
ÿ a k
(i) p1 ` xq “ 1 ` ax ` ` ¨¨¨ ` ` opx q “ x ` opxn q ;
2! n! k“0
k
k termes
hkkkkkkkkkkkkkkkikkkkkkkkkkkkkkkj
ˆ ˙ ˆ ˙ ˆ ˙ ˆ ˙
X X X X XpX ´ 1q ¨ ¨ ¨ pX ´ k ` 1q
où est le polynôme défini par : “ 1, “ X, et pour k ě 2 : “ ;
k 0 1 k k!
ˆ ˙
p p!
on remarquera que si p P N, alors “ Cpk “ ;
k k! pp ´ kq!
1 1
En particulier pour a “ et a “ ´ , à l’ordre 2 :
2 2
´ ¯
1 1
2 2 ´1 x x2
ˆ ˙
1{ 2 1 1
?
(j) “ “ ´ , d’où : p1 ` xq { 2 “ 1 ` x “ 1 ` ´ ` opx2 q ;
2 2!
´ ¯´ 8¯ 2 8
ˆ
´1{ 2
˙ ´ 21 ´ 12 ´ 1 3 ´1 1 x 3x2
(k) “ “ , d’où : p1 ` xq { 2 “ ? “1´ ` ` opx2 q ;
2 2! 8 1`x 2 8
1 1
Plus généralement, pour a “ et a “ ´ , à un ordre quelconque :
2 2
k termes
hkkkkkkkkkkkkkkkkkkikkkkkkkkkkkkkkkkkkj
k ´ 1 termes
´
1 1
¯ ´
1
¯ 1 ´ 1 ¯´ 3 ¯ ´ 2k ´ 3 ¯ hkkkkkkkkikkkkkkkkj
2 2 ´ 1 ¨¨¨ 2 ´ k ` 1
ˆ ˙
1{ 2 ´ ´ ¨ ¨ ¨ ´ 1 ¨ 3 ¨ ¨ ¨ p2k ´ 3q
(l) “ “ 2 2 2 2 “ p´1qk´1
k k! k! 2k k!
1 ¨ 2 ¨ 3 ¨ 4 ¨ ¨ ¨ p2k ´ 3qp2k ´ 2qp2k ´ 1qp2kq p2kq!
“ p´1qk´1 “ p´1qk´1 k
2k k! 2looooooooooomooooooooooon
¨ 4 ¨ ¨ ¨ p2k ´ 2qp2kqp2k ´ 1q 2 k! 2k 1 ¨ 2 ¨ ¨ ¨ k ¨ p2k ´ 1q
k termes
p´1qk´1
ˆ ˙
k´1 p2kq! 2k
“ p´1q 2k 2
“ 2k
2 pk!q p2k ´ 1q 2 p2k ´ 1q k
n
ÿ p´1qk´1 ˆ2k ˙
1
?
d’où : p1 ` xq { 2 “ 1`x“ 2k p2k ´ 1q
xk ` opxn q ;
k“0
2 k
k termes
hkkkkkkkkkkkkkkkkkikkkkkkkkkkkkkkkkkj
´ ¯´ ¯ ´ ¯ ´ 1 ¯´ 3 ¯ ´ 2k ´ 1 ¯ k termes
hkkkkkkkkikkkkkkkkj
ˆ
´1{ 2
˙ ´ 21 ´ 12 ´ 1 ¨ ¨ ¨ ´ 21 ´ k ` 1 ´ ´ ¨ ¨ ¨ ´ 1 ¨ 3 ¨ ¨ ¨ p2k ´ 1q
(m) “ “ 2 2 2 “ p´1qk
k k! k! 2k k!
p´1qk 2k
ˆ ˙
k 1 ¨ 2 ¨ 3 ¨ 4 ¨ ¨ ¨ p2k ´ 1qp2kq k p2kq! k p2kq!
“ p´1q “ p´1q k “ p´1q 2k “ 2k
2k k! 2looooomooooon
¨ 4 ¨ ¨ ¨ p2kq 2 k! 2k 1 ¨ 2 ¨ ¨ ¨ k 2 pk!q2 2 k
k termes
n
p´1qk 2k
ˆ ˙
´1{ 2 1 ÿ
d’où : p1 ` xq “? “ xk ` opxn q ;
1 ` x k“0 22k k
Remarque 6.18 Si f pxq est équivalente à une fonction constante quand x tend vers A, c.-à-d. : f pxq „ C
xÑA
avec C P R, alors lim f pxq “ C.
xÑA
Des propriétés sur les limites, on déduit immédiatement les propriétés suivantes sur les fonctions équivalentes.
(La preuve en est laissée au lecteur.)
Proposition 6.19 Soient f pxq, gpxq, hpxq et kpxq des fonctions définies sur un intervalle I, et soit A adhérent
à I (A “ a P R ou A “ ´8 ou A “ `8) ;
(a) f „ f ;
A
(b) g „ f si et seulement si f „ g
A A
(c) si g „ f et h „ g alors h „ f ;
A A A
(Autrement dit, „ est une relation d’équivalence.)
A
(d) si h „ f et k „ g alors hk „ fg.
A A A
(e) si h „ f et k „ g et si g et k ne s’annulent pas au voisinage de A (sauf éventuellement en x “ A) alors
A A
h f
„ ;
k A g
(f) soit ϕptq une fonction définie sur un intervalle J telle que ϕpJq Ă I, et soit B adhérent à J ; si lim ϕptq “ A
` ˘ ` ˘ tÑB
et si gpxq „ f pxq alors g ϕptq „ f ϕptq .
xÑA tÑB
De la définition et des propriétés des développements limités, on déduit immédiatement l’énoncé suivant.
Proposition 6.21 Soit f pxq une fonction à valeurs réelles définie sur un intervalle I de R et soit a P I ; si
f pxq admet un DLn en x “ a, dont la partie principale P pxq est non nulle, alors f pxq „ P pxq. En particulier,
xÑa
si ck xk (avec ck “ 0) est le terme non nul de plus bas degré de P pxq, alors f pxq „ ck xk .
xÑa
Exemple 6.22
(1) en x “ 0 on a : sinpxq “ x ` opxq, donc sinpxq „ x ;
xÑ0
1 x2 1 x2
(2) en x “ 0 on a : ´ exppxq “ ` opx2 q donc ´ exppxq „ ;
1´x 2 1´x xÑ0 2
2 4
a x x a x4 x4 x4
(3) en x “ 0 on a : 1 ´ x2 “ 1 ´ ´ ` opx4 q donc 1 ´ x2 ´ cos x “ ´ ´ ` opx4 q “ ´ ` opx4 q
2 8 8 24 6
a
2
x4
d’où 1 ´ x ´ cos x „ ´ .
˙62
xÑ0
ˆ ˆ 2 ˙2 ˆ ˙2
1 x 1
´ exppxq ´ exppxq
1´x 2 3 1´x 3
(4) on a alors a „ 4 “ ´ , d’où lim a “´ ;
2
1 ´ x ´ cos x xÑ0 x 2 xÑ0 2
1 ´ x ´ cos x 2
´
6
1 1 1 1 1´ x2 ¯ 1 x
(5) en x “ 0 on a : “ 3 “ ˆ 2 “ 1` ` opx2 q “ ` ` opxq,
sinpxq x x x x 6 x 6
x´ ` opx3 q 1´ ` opx2 q
6 6
1 1 x 1 1 x
donc ´ “ ` opxq, d’où : ´ „ ;
sinpxq x 6 sinpxq x xÑ0 6
Théorème 6.23 (Théorème de Taylor-Lagrange) Soit n P N et soit f pxq une fonction à valeurs réelles,
définie et de classe C n sur un intervalle fermé borné d’intérieur non vide ra, bs de R, et n ` 1 fois dérivable sur
l’intervalle ouvert sa, br ; alors il existe c P sa, br tel que :
Remarque 6.24 Pour n “ 0, l’énoncé du théorème de Taylor-Lagrange est équivalente à celui du théorème des
accroissements finis ; le théorème de Taylor-Lagrange est donc une généralisation du théorème des accroissements
finis aux fonctions qui admettent des dérivées d’ordres supérieurs.
Preuve du théorème 6.23 : on considère la fonction ϕpxq définie sur ra, bs par la formule :
d’après les hypothèses du théorème, la fonction ϕpxq est définie et continue sur l’intervalle fermé ra, bs et dérivable
sur l’intervalle ouvert sa, br, et on a :
´ ¯ ˆ f 3 pxq
˙
ϕ1 pxq “ f 1 pxq ` ´f 1 pxq ` f 2 pxq pb ´ xq ` ´f 2 pxq pb ´ xq ` pb ´ xq2 ` ¨ ¨ ¨
2!
ˆ ˙
f pnq pxq f pn`1q
pxq A
¨¨¨ ` ´ pb ´ xqn´1 ` pb ´ xqn ´ pb ´ xqn ;
pn ´ 1q! n! n!
les termes de cette expression s’éliminent deux à deux, exceptés les deux derniers, d’où :
f pn`1q pxq A
ϕ1 pxq “ pb ´ xqn ´ pb ´ xqn ;
n! n!
la fonction ϕpxq vérifie donc les hypothèses du théorème de Rolle ; on en déduit qu’il existe c P sa, br tel que
ϕ1 pcq “ 0, et on a alors :
A “ f pn`1q pcq
d’où :
Sommaire
7.1 Fonctions Réciproques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117
7.1.1 Définition, propriétés, premiers exemples . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117
7.1.2 Continuité et dérivabilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119
7.2 Fonctions trigonométriques réciproques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 120
7.2.1 Fonction arcsinus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 121
7.2.2 Fonction arccosinus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 121
7.2.3 Fonction arctangente . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 122
7.2.4 Développements limités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123
7.3 Fonctions hyperboliques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 124
7.3.1 Fonction sinus, cosinus et tangente hyperboliques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 124
7.3.2 Développements limités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127
7.4 Fonctions hyperboliques réciproques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 128
7.4.1 Fonction argument sinus hyperbolique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 128
7.4.2 Fonction argument cosinus hyperbolique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129
7.4.3 Fonction argument tangente hyperbolique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 130
7.4.4 Développements limités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 131
Remarque 7.2 Si f et g sont réciproques l’une de l’autre, on a alors f paq “ b si et seulement si gpbq “ a ;
on en déduit que les graphes des fonctions f et g sont symétriques l’un de l’autre par rapport à la droite
y “ x ; (cette symétrie permute les rôles de x et de y ;) cela montre également que la réciproque d’une fonction,
lorsqu’elle existe, est nécessairement unique.
y y “ f pxq
b
y“x
a y “ gpxq
x
a b
Remarque 7.3 Si f et g sont réciproques l’une de l’autre, alors elles sont toutes les deux injectives, c.-à-d. :
— tout élément de f pDf q a un unique antécédent par f ;
— tout élément de f pDg q a un unique antécédent par g ;
ce qu’on traduit par les formules suivantes :
— pour tout px1 , x2 q P Df : si f px1 q “ f px2 q alors x1 “ x2 ;
— pour tout px1 , x2 q P Dg : si gpx1 q “ gpx2 q alors x1 “ x2 ;
en effet :
— si f px1 q “ f px2 q alors pg ˝ f qpx1 q “ pg ˝ f qpx2 q, mais g ˝ f “ Id, d’où x1 “ x2 ;
— si gpx1 q “ gpx2 q alors pf ˝ gqpx1 q “ pf ˝ gqpx2 q, mais f ˝ g “ Id, d’où x1 “ x2 .
Proposition 7.4 Soit f une fonction à valeur réelle définie sur un domaine Df ; alors f admet une fonction
réciproque si et seulement si f est injective.
Preuve : d’après la remarque 7.3, on sait déjà que si f admet une fonction réciproque alors f est injective ;
réciproquement, on suppose que f est injective et on définit g sur Dg “ f pDf q en posant, pour P Dg : gpbq “ a,
où a est l’unique antécédent de b par f ; la fonction g, ainsi définie, est réciproque de la fonction f .
Remarque 7.5 Une fonction f définie sur un intervalle I d’intérieur non vide, continue et strictement mono-
tone (strictement croissante ou strictement décroissante), est injective ; elle admet donc une fonction réciproque
g définie sur l’intervalle J “ f pIq qui est également d’intérieur non vide, d’après le théorème des valeurs
intermédiaires 2.65 ; on étudiera quelques exemples de cette nature dans la suite de ce chapitre.
Exemple 7.6
(1) La fonction identité définie sur R par f pxq “ x est sa propre réciproque ;
?
(2) la fonction racine carrée définie sur R` par gpyq “ y n’est pas la réciproque de la fonction carrée définie
sur R par f pxq “ x2 ; on a bien gpDg q Ă Df et pour tout y P R` : pf ˝ gqpyq “ y ; on a également
f pDf q Ă Dg et pour tout x P R` : pg ˝ f qpxq “ x, mais pour x P R´ : pg ˝ f qpxq “ ´x ; on aurait d’ailleurs
pu faire immédiatement la remarque que la fonction f pxq “ x2 n’est pas injective, et qu’elle ne peut donc
avoir de fonction réciproque ;
y
y “ x2
?
y“ x
x
(3) toutefois, la fonction racine carrée est la réciproque de la fonction carrée restreinte à R` .
y
y “ x2
?
y“ x
x
On a introduit la fonction logarithme au chapitre 3, sans en donner la définition. On est a présent en mesure
de la faire.
Définition 7.7 La fonction exponentielle est strictement croissante de R sur R`˚ ; sa fonction réciproque est
appelée logarithme et est notée ln ; elle est définie sur R`˚ .
y
y “ exppxq
e2
e y “ lnpxq
2
1
x
1 2 e e2
Preuve :
(a) soit py1 , y2 q P J 2 tels que y1 ă y2 et soit x1 “ gpy1 q et x2 “ gpy2 q ; on a alors y1 “ f px1 q et y2 “ f px2 q ; si
f est strictement croissante et si x1 ě x2 alors y1 ě y2 , ce qui est faux, donc x1 ă x2 , ce qui montre que
g est strictement croissante ; de même, si f est strictement décroissante et si x1 ď x2 alors y1 ě y2 , ce qui
est faux, donc x1 ą x2 , ce qui montre que g est strictement décroissante ;
(b) soient b P J et a “ gpbq ; on va supposer tout d’abord que a est intérieur à I, c.-à-d. qu’il existe ε0 ą 0 tel
que sa ´ ε0 , a ` ε0 r Ă I ; soit alors ε ą 0 tel que ε ă ε0 ; on a donc :
a P sa ´ ε, a ` εr Ă sa ´ ε0 , a ` ε0 r Ă I
d’où : ` ˘
b “ f paq P f sa ´ ε, a ` εr Ă J ;
or : #‰ “
` ˘ f pa ´ εq, f pa ` εq si f est croissante
f sa ´ ε, a ` εr “ ‰ “
f pa ` εq, f pa ´ εq si f est décroissante
!ˇ ˇ ˇ ˇ)
on considère alors η “ min ˇb ´ f pa ` εqˇ, ˇb ´ f pa ´ εqˇ si bien que :
` ˘
sb ´ η, b ` ηr Ă f sa ´ ε, a ` εr
d’où : ` ˘
g sb ´ η, b ` ηr Ă sa ´ ε, a ` εr ;
on a ainsi montré que :
ˇ ˇ
@ε ą 0 : Dη ą 0 : @y P J : |y ´ b| ă η ñ ˇgpyq ´ gpbqˇ ă ε
gpyq ´ gpbq
(c) soit b P J et y P J tel que y “ b ; on pose τb pyq “ ; soient alors a “ gpbq et x “ gpyq ; on a
y´b
x´a
τb pyq “ ; lorsque y tend vers b, x “ gpyq a pour limite a, car g est continue sur J, donc par
f pxq ´ f paq
1
composition des limites, τb pyq a pour limite 1 , ce qui montre que gpyq est dérivable en y “ b et que
f paq
1 1
g 1 pbq “ 1 “ 1 ;
f paq pf ˝ f ´1 qpbq
(d) ce dernier point résulte directement du point précédent.
Exemple 7.9 la fonction logarithme étant définie comme réciproque de la fonction exponentielle qui est
dérivable sur R, on en déduit qu’elle est dérivable sur son domaine de définition R`˚ et que :
1
ln1 pxq “ ` ˘
exp1 lnpxq
` ˘
or exp1 pxq “ exppxq et exp lnpxq “ x d’où :
1
ln1 pxq “ .
x
1 y “ sinpxq
´ π2 ´1
π
x
O 1 2
´1
´ π2
Proposition 7.11 La fonction arcsinus est impaire, continue sur r´1, 1s et strictement croissante ; elle est
dérivable sur s´1, 1r et sa dérivée est :
1
arcsin1 pxq “ ? ;
1 ´ x2
elle est donc de classe C 8 sur s´1, 1r.
Preuve : d’après le théorème 7.8, la fonction ”arcsinusı est continue sur r´1, 1s et strictement croissante car
π π
la restriction de la fonction sinus à l’intervalle ´ , l’est ; elle est impaire pour la même raison ; toujours
2 2
d’après le théorème 7.8, elle est dérivable sur s´1, 1r et sa dérivée est :
1 1
arcsin1 pxq “ “
sin1 parcsin xq cosparcsin xq
” π πı
on pose t “ arcsinpxq ; on a alors t P ´ , d’où cosptq ě 0 ; de plus pcos tq2 ` psin tq2 “ 1 ; on en déduit que
a a 2 2
cosptq “ 1 ´ psin tq2 “ 1 ´ x2 , d’où :
1
arcsin1 pxq “ ? .
1 ´ x2
De plus, arcsin1 pxq est de classe C 8 car composée de fonctions de classe C 8 , donc arcsinpxq est de classe C 8 .
y
y “ arccospxq
π
π
2
1
π
x
´1 O 1 2
π
´1 y “ cospxq
Proposition 7.13 La fonction arccosinus est continue sur r´1, 1s et strictement décroissante ; elle est dérivable
sur s´1, 1r et sa dérivée est :
´1
arccos1 pxq “ ? ;
1 ´ x2
elle est donc de classe C 8 sur s´1, 1r.
Preuve : d’après le théorème 7.8, la fonction arccosinus est continue sur r´1, 1s et strictement décroissante car
la restriction de la fonction cosinus à l’intervalle r´1, 1s l’est ; toujours d’après le théorème 7.8, elle est dérivable
sur s´1, 1r et sa dérivée est :
1 1
arccos1 pxq “ “
cos1 parccos xq ´ sinparccos xq
2 2
on pose t “ arccospxq ; on
a a alors t P r0, πs d’où sinptq ě 0 ; de plus pcos tq ` psin tq “ 1 ; on en déduit que
a
sinptq “ 1 ´ pcos tq2 “ 1 ´ x2 , d’où :
´1
arccos1 pxq “ ? .
1 ´ x2
De plus, arccos1 pxq est de classe C 8 car composée de fonctions de classe C 8 , donc arccospxq est de classe C 8 .
π
Corollaire 7.14 Pour tout x P r´1, 1s, on a : arcsinpxq ` arccospxq “ .
2
Preuve : la fonction arcsinpxq ` arccospxq est continue sur r´1, 1s, dérivable sur s´1, 1r et sa dérivée est nulle ;
π
c’est donc une fonction constante sur r´1, 1s, égale à arcsinp0q ` arccosp0q “ .
2
y
y “ tanpxq
π y “ arctanpxq
2
´ π2
π
x
O 2
´ π2
Proposition 7.16 La fonction arctangente est impaire, continue sur R et strictement croissante ; elle est
dérivable sur R et sa dérivée est :
1
arctan1 pxq “ ;
1 ` x2
elle est donc de classe C 8 sur R.
De plus, arctan1 pxq est de classe C 8 car composée de fonctions de classe C 8 , donc arctanpxq est de classe C 8 .
n
1 ÿ
par ailleurs, on a “ p´1qk x2k ` opx2n q d’où, en prenant la primitive de ce DL :
1 ` x2 k“0
n
ÿ x2k`1
arctanpxq “ p´1qk ` opx2n`1 q.
k“0
2k ` 1
Les fonctions hyperboliques vérifient des formules algébriques similaires à celles des fonctions trigonométriques.
Elles sont données ci-dessous.
shpaq 2t a
on a alors : thpaq “ “ 2
; on obtient aussi cette formule en remplaçant a et b par dans la
chpaq 1`t 2
formule d’addition du point (e).
Remarque 7.20 De la première de ces propriétés découle la représentation géométrique suivante : si on pose
2 2
X
` “ chpaq et˘ Y “ shpaq, on a alors X ą 0 et X ´ Y “ 1 ; ce qui signifie que le point M paq de coordonnées
chpaq, shpaq parcours une branche d’hyperbole (d’où le nom des fonctions hyperboliques) ;
— le paramètre a d’un point M “ pX, Y q de la branche d’hyperbole s’obtient pas la formule a “ lnpX ` Y q ;
a
en effet X ` Y “ chpaq
´ a ¯` shpaq “ e ) ;
— le paramètre t “ th est l’ordonnée du point intersection de l’axe des ordonnées avec la droite joignant
2
shpaq
le point M au point p´1, 0q ; en effet l’équation de cette droite est Y “ pX ` 1q “ tpX ` 1q ; elle
chpaq ` 1
coupe l’axe des ordonnées d’équation X “ 0 au point d’ordonnée Y “ t.
M paq
shpaq
1
t
X
´1 O 1 chpaq
X2 ´ Y 2 “ 1
pXą0q
Proposition 7.21
(a) la fonction shpxq est impaire, de classe C 8 sur R et sa dérivée est sh1 pxq “ chpxq ; son tableau de variation
est le suivant :
x ´8 0 `8
sh1 pxq `
`8
Õ
shpxq 0
Õ
´8
(b) la fonction chpxq est paire, de classe C 8 sur R et sa dérivée est ch1 pxq “ thpxq ; son tableau de variation
est le suivant :
x ´8 0 `8
ch1 pxq ´ 0 `
`8 `8
chpxq Œ Õ
1
1
(c) la fonction thpxq est impaire, de classe C 8 sur R et sa dérivée est th1 pxq “ 1 ´ pth xq2 “ ; son
pch xq2
tableau de variation est le suivant :
x ´8 0 `8
1
th pxq `
1
Õ
thpxq 0
Õ
´1
Preuve :
ex ´ e´x
(a) on a déjà montré que shpxq est impaire à la proposition 7.19 ; de plus, shpxq “ est définie sur R
2
x
e ` e´x
et de classe C 8 sur R car composée de fonctions de classes C 8 sur R, et on a : sh1 pxq “ “ chpxq ;
2
pour tout x P R on a donc sh1 pxq ą 0 ce qui montre que shpxq est strictement croissante sur R ; par ailleurs
on a shp0q “ 0 ; enfin lim eu “ `8 et lim eu “ 0 d’où lim shpxq “ `8 et lim shpxq “ ´8 ; le
uÑ`8 uÑ´8 xÑ`8 xÑ´8
tableau de variation de shpxq en découle ; on notera que shpxq ą 0 pour tout x P s0, `8r et shpxq ă 0
pour tout x P s´8, 0r ;
ex ` e´x
(b) on a déjà montré que chpxq est paire à la proposition 7.19 ; de plus, chpxq “ est définie sur R et
2
x
e ´ e´x
de classe C 8 sur R car composée de fonctions de classes C 8 sur R, et on a : sh1 pxq “ “ shpxq ; on
2
1 1
a donc ch pxq ą 0 pour tout x P s0, `8r et ch pxq ă 0 pour tout x P s´8, 0r ; par ailleurs on a shp0q “ 1 ;
enfin lim chpxq “ `8 et lim chpxq “ ´8 ; le tableau de variation de chpxq en découle ;
xÑ`8 xÑ´8
shpxq
(c) on a déjà montré que thpxq est impaire à la proposition 7.19 ; de plus, thpxq “ est définie sur R et
chpxq
pch xq2 ´ psh xq2
de classe C 8 sur R car composée de fonctions de classes C 8 sur R, et on a : th1 pxq “ “
pch xq2
1
1 ´ pth xq2 “ ; pour tout x P R on a donc th1 pxq ą 0 ce qui montre que thpxq est strictement
pch xq2
1 ´ e´2x e2x ´ 1
croissante sur R ; par ailleurs on a thp0q “ 0 ; enfin thpxq “ ÝÑ 1 et thpxq “ ÝÑ ´1 ;
1 ` e´2x xÑ`8 e2x ` 1 xÑ´8
le tableau de variation de shpxq en découle.
Les graphes des fonctions sinus, cosinus et tangente hyperboliques sont donnés ci-dessous ; le graphe de la fonction
ex ´e´x
shpxq est asymptote aux graphes des fonctions et ; le graphe de la fonction chpxq est asymptote aux
x ´x 2 2
e e
graphes des fonctions et ; le graphe de la fonction thpxq est asymptote aux droites d’équations y “ 1 et
2 2
y “ ´1.
y
y “ chpxq
y “ e {2 y “ e´x{2
x
1
x
1
y “ thpxq ´1 y “ ´e´x{2
y “ shpxq
Preuve :
(a) on obtient ce DL2n`2 par soustraction des DL2n`2 de ex et e´x : les termes de degrés pairs sont éliminés ;
seuls subsistent les termes de degrés impairs du DL2n`2 de ex ;
(b) on obtient ce DL2n`1 par addition des DL2n`1 de ex et e´x ; les termes de degrés impairs sont éliminés ;
seuls subsistent les termes de degrés pairs du DL2n`1 de ex ;
x2 x4
(c) on a chpxq “ 1 ` ϕpxq où ϕpxq “ ` ` opx4 q
2 24
ˆ 2
x4
˙ ˆ 4˙
1 ` ˘ x x x2 5x4
donc “ 1 ´ ϕpxq ` ϕpxq2 ` o ϕpxq2 “ 1 ´ ` ` ` opx4 q “ 1 ´ ` ` opx4 q ;
chpxq 2 24 4 2 24
x3 x5 x2 x4
ˆ ˙
5 4
par ailleurs : shpxq “ x ` ` ` opx q “ x 1 ` ` ` opx q
6 120 6 120
x2 x4 x2 5x4
ˆ ˙ ˆ ˙
shpxq 4 4
d’où : “x 1` ` ` opx q 1´ ` ` opx q
chpxq 6 120 2 24
ˆ ´ 1 1¯ ´5 ˙
2 1 1 1 ¯ 4 4
“x 1` ´ ` x ` ´ ˆ ` x ` opx q
2 6 24 6 2 120
x2 ´ 25 x2
ˆ ˙ ˆ ˙
10 1 ¯ 4 16 4
“x 1´ ` ´ ` x ` opx4 q “ x 1 ´ ` x ` opx4 q
3 120 120 120 3 120
x3 2x5
c.-à-d. : thpxq “ x ´ ` ` opx5 q.
3 15
y “ lnp´2xq
y “ e {2
x
1
1
x
y “ ´e´x{2
y “ lnp2xq
y “ argshpxq
y “ shpxq
Proposition 7.24 La fonction argument sinus hyperbolique est impaire, continue sur R et strictement crois-
sante ; elle est dérivable sur R et sa dérivée est :
1
argsh1 pxq “ ? ;
x2 ` 1
Preuve : d’après le théorème 7.8, la fonction argument sinus hyperbolique est continue sur R et strictement
croissante car la fonction sinus hyperbolique l’est elle-même ; elle est impaire pour la même raison ; toujours
d’après le théorème 7.8, elle est dérivable sur R et sa dérivée est :
1 1
argsh1 pxq “ “
sh1 pargsh xq chpargsh xq
on a alors pch tq2 ´ psh tq2 “ 1 ; on sait par ailleurs que chptq ą 0 ; on en déduit que
on pose t “ argshpxq ; a
a
chptq “ psh tq2 ` 1 “ x2 ` 1, d’où :
1
argsh1 pxq “ ? .
x2 ` 1
De plus, argsh1 pxq est de classe C 8 car composée de fonctions de `classe C 8 , donc 8
˘ argshpxq est de classe C .
a
Enfin, de la relation shpaq ` chpaq “ e on déduit que a “ ln shpaq ` chpaq ; en posant x “ shpaq on a
a
chpaq “ x2 ` 1 et on obtient la formule :
` a ˘
argshpxq “ ln x ` x2 ` 1 .
y “ argchpxq
y “ e {2
x
x
1
y “ lnp2xq
Proposition 7.26 La fonction argument cosinus hyperbolique est continue sur r1, `8r et strictement crois-
sante ; elle est dérivable sur s1, `8r et sa dérivée est :
1
argch1 pxq “ ? ;
x2 ´1
elle est donc de classe C 8 sur R. On a de plus, pour tout x P r1, `8r :
` a ˘
argchpxq “ ln x ` x2 ´ 1 .
Preuve : d’après le théorème 7.8, la fonction argument cosinus hyperbolique est continue sur r1, `8r et stric-
tement croissante car la fonction cosinus hyperbolique l’est elle-même sur r0, `8r ; toujours d’après le théorème
7.8, elle est dérivable sur s1, `8r et sa dérivée est :
1 1
argch1 pxq “ 1 “
ch pargch xq shpargch xq
2 2
on pose t “ argchpxq ; on a alors pch
atq ´ psh tq “ 1 ; on sait par ailleurs que shptq ą 0 car t P r0, `8r ; on en
a
déduit que shptq “ pch tq2 ´ 1 “ x2 ´ 1, d’où :
1
argsh1 pxq “ ? .
x2 ´1
De plus, argch1 pxq est de classe C 8 car composée de fonctions de classe C 8 , donc argchpxq
` est de ˘classe C 8 .
a
Enfin, pour tout a P r0, `8r, de la relation chpaq ` shpaq “ e on déduit que a “ ln chpaq ` shpaq ; en posant
a
x “ chpaq on a shpaq “ x2 ´ 1 et on obtient la formule, valable pour tout x P r1, `8r :
` a ˘
argchpxq “ ln x ` x2 ´ 1 .
x
´1 1
´1
y “ thpxq
y “ argthpxq
Proposition 7.28 La fonction argument tangente hyperbolique est impaire, continue sur s´1, 1r et stricte-
ment croissante ; elle est dérivable sur s´1, 1r et sa dérivée est :
1
argth1 pxq “ ;
1 ´ x2
elle est donc de classe C 8 sur R. On a de plus, pour tout x P R :
1 ´1 ` x¯
argthpxq “ ln .
2 1´x
Preuve : d’après le théorème 7.8, la fonction argument tangente hyperbolique est continue sur s´1, 1r et
strictement croissante car la fonction tangent hyperbolique l’est elle-même sur R ; elle est impaire pour la même
raison ; toujours d’après le théorème 7.8, elle est dérivable sur s´1, 1r et sa dérivée est :
1 1 1
argth1 pxq “ “ ˘2 “
th1 pargth xq 1 x2
`
1 ´ thpargth xq ´
De plus, argth1 pxq est de classe C 8 car composée de fonctions de classe C 8 , donc argthpxq est de classe C 8 .
1 1´ 1 1 ¯ 1´ ¯ 1 ´1 ` x¯
Enfin, argth1 pxq “ “ ` est la dérivée de lnp1 ` xq ´ lnp1 ´ xq “ ln , donc
1 ´ ¯x2 2 1`x 1´x 2 2 1´x
1 ´ 1`x
argthpxq “ ln ` C, avec C P R, et en considérant x “ 0, on trouve C “ 0, d’où :
2 1´x
1 ´1 ` x¯
argthpxq “ ln .
2 1´x
n
p´1qk 2k
ˆ ˙
1 ÿ
Preuve : On a ? “ xk ` opxn q donc :
1 ` x k“0 22k k
n
p´1qk 2k
ˆ ˙
1 ÿ
? “ 2k
x2k ` opx2n q ;
1 ` x2 k“0
2 k
n
1 ÿ
par ailleurs, on a “ x2k ` opx2n q d’où, en prenant la primitive de ce DL :
1 ´ x2 k“0
n
ÿ x2k`1
argthpxq “ ` opx2n`1 q.
k“0
2k ` 1
Sommaire
8.1 Vecteurs et points . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 133
8.2 Produit scalaire et norme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 134
8.3 Déterminant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 136
8.4 Produit vectoriel dans R3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 137
8.5 Familles libres, familles génératrices et bases . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 137
8.6 Repères . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 140
8.7 Droites et plans . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 141
Définition 8.1 On définit sur R2 et R3 deux opérations, l’addition et la multiplication par un scalaire (c.-à-d.
un élément de R) :
— pour tout Ñ Ý
u “ pu1 , u2 q P R2 et ÑÝ
v “ pv1 , v2 q P R2 on pose Ñ
Ý
u `ÑÝv “ pu1 ` v1 , u2 ` v2 q ;
— pour tout u “ pu1 , u2 q P R et λ P R on pose λ ¨ u “ pλu1 , λu2 q (on peut également écrire λÑ
Ñ
Ý 2 Ñ
Ý Ýuq;
Ñ
Ý 3 Ñ
Ý 3 Ñ
Ý Ñ
Ý
— pour tout u “ pu1 , u2 , u3 q P R et v “ pv1 , v2 , v3 q P R on pose u ` v “ pu1 ` v1 , u2 ` v2 , u3 ` v3 q ;
— pour tout Ñ Ý
u “ pu , u , u q P R3 et λ P R on pose λ ¨ Ñ
1 2 3
Ýu “ pλu , λu , λu q (on peut également écrire λÑ
1 2 3
Ý
u q.
Proposition 8.2 L’addition et la multiplication par un scalaire définies sur E “ R2 ou E “ R3 vérifient les
propriétés suivantes :
Ñ
Ý Ñ Ý Ý Ñ Ñ
Ý
(a) pour tout Ñ Ýu PE :Ñ Ý
u ` 0 “ 0 `Ñ u “Ý u ( 0 est élément neutre pour l’addition) ;
(b) pour tout pÑ Ýu,Ñ
Ýv q P E2 : Ñ
Ý
u `Ñ Ý
v “ÑÝ
v `Ñ Ý
u (l’addition est commutative) ;
(c) pour tout p u , v , w q P E : p u ` v q ` w “ Ñ
Ñ
Ý Ñ
Ý Ñ
Ý 3 Ñ
Ý Ñ
Ý Ñ
Ý Ý
u ` pÑ Ý
v `Ñ Ý
w q (l’addition est associative) ;
Ñ
Ý
(d) pour tout u P E, il existe v P E tel que u ` v “ 0 (tout vecteur Ñ
Ñ
Ý Ñ
Ý Ñ
Ý Ñ
Ý Ý
u admet un opposé, à savoir p´1q ¨ Ñ
Ý
u);
Ñ
Ý 2 Ñ
Ý Ñ
Ý
(e) pour tout pλ, µ, u q P R ˆ E : λ ¨ pµ ¨ u q “ pλµq ¨ u ;
(f) pour tout pλ, µ, Ñ Ý
u q P R2 ˆ E : pλ ` µq ¨ Ñ
Ý
u “ pλ ¨ Ñ
Ýu q ` pµ ¨ Ñ
Ý
u q.
(g) pour tout pλ, u , v q P R ˆ E : λ ¨ p u ` v q “ pλ ¨ u q ` pλ ¨ Ñ
Ñ
Ý Ñ
Ý 2 Ñ
Ý Ñ
Ý Ñ
Ý Ýv q.
Ñ
Ý Ñ
Ý
(h) pour tout u P E : 1 ¨ u “ u ; Ñ
Ý
Ñ
Ý Ñ
Ý
(i) pour tout pλ, Ñ Ý
uq PRˆE : λ¨Ñ Ýu “ 0 si et seulement si λ “ 0 ou Ñ Ýu “ 0.
(La preuve de ces propriétés est laissée au lecteur.)
Définition 8.3 Un ensemble E qui, comme R2 ou R3 , est muni de deux opérations, l’addition et la multipli-
cation par un scalaire (c.-à-d. un élément de R), et qui vérifie les propriétés de la proposition 8.2, s’appelle un
espace vectoriel réel. (Ses éléments sont alors appelés des vecteurs.)
ÝÝÑ
Définition 8.4 Si A “ pa1 , a2 q et B “ pb1 , b2 q sont deux éléments de R2 , on note AB “ pb1 ´ a1 , b2 ´ a2 q ; les
ÝÝÑ
éléments de R2 étant représentés par des points du plan, on représente alors le vecteur AB par une flèche issue
de A et pointant sur B :
B
A
ÝÝÑ
De même, si A “ pa1 , a2 , a3 q et B “ pb1 , b2 , b3 q sont deux éléments de R3 , on note AB “ pb1 ´a1 , b2 ´a2 , b3 ´a3 q.
ÝÝÑ Ý
Si AB “ Ñu , on écrit aussi B “ A ` Ñ Ýu.
Remarque 8.5
ÝÝÑ ÝÝÑ
(a) Si A, B, C et D sont quatre points du plan, alors AB “ CD si et seulement si pABDCq est un pa-
rallélogramme :
B
D
A
C
ÝÝÑ ÝÝÑ ÝÑ
(b) Si A, B et C sont trois points du plan, on a AB ` BC “ AC :
A C
B
ÝÝÑ ÝÑ
(c) On en déduit que si A, B et C sont trois points du plan, le vecteur AB ` AC peut-être représenté par
ÝÝÑ
AD où le point D est tel que pABDCq est un parallélogramme :
B
A D
Proposition 8.7 Le produit scalaire défini sur E “ R2 ou E “ R3 vérifie les propriétés suivantes :
(a) le produit scalaire est bilinéaire, c.-à-d. :
— pour tout puÝÑ, uÝ
1
Ñ, ÑÝ 3 2 Ý
Ñ Ý
Ñ Ñ Ý Ý
Ñ Ñ Ý Ý
Ñ Ñ Ý
2 v q P E et pλ1 , λ2 q P R : pλ1 u1 ` λ2 u2 | v q “ λ1 pu1 | v q ` λ2 pu2 | v q ;
Ñ
Ý Ñ
Ý Ñ
Ý 3 2 Ñ
Ý Ñ
Ý Ñ
Ý Ñ
Ý Ñ
Ý Ñ
Ý
— pour tout p u , v , v q P E et pµ , µ q P R : p u | µ v ` µ v q “ µ p u | v q ` µ p u | v q ;Ñ
Ý
1 2 1 2 1 1 2 2 1 1 2 2
ÝÝÑ
Remarque 8.9 La norme d’un vecteur AB représente la distance entre A et B.
Proposition 8.10 La norme euclidienne définie sur E “ R2 ou E “ R3 vérifie les propriétés suivantes :
(a) pour tout Ñ
Ý
u P E et λ P R : }λÑ Ý
u } “ |λ| ¨ }Ñ
Ý
u};
Ñ
Ý Ñ
Ý
(b) pour tout u P E : } u } ě 0 ;
Ñ
Ý
(c) pour tout Ñ
Ý
u P E : }Ñ
Ýu } “ 0 si et seulement si ÑÝ
u “ 0.
(La preuve de ces propriétés est laissée au lecteur.)
P pλq “ }Ñ
Ý
u }2 λ2 ` 2pÑ
Ý
u |Ñ
Ý
v qλ ` }Ñ
Ý
v }2 ;
de plus, pour tout λ P R, on a P pλq ě 0 ; le discriminant de P pλq est donc négatif ou nul (s’il était
strictement positif, P pλq aurait deux racines réelles distinctes, λ1 ă λ2 , et on aurait P pλq ă 0 pour
λ P sλ1 , λ2 r) ; on a donc :
4 pÑ
Ý
u |Ñ
Ý
v q2 ´ 4 }Ñ
Ý
u }2 }Ñ
Ý
v }2 ď 0
c.-à-d. : pÑ
Ý
u |Ñ Ýv q2 ď }Ñ
Ý
u }2 }Ñ
Ý
v }2 , d’où, en prenant la racine carré :
ˇÑ
ˇpÝ
u |Ñ
Ý
v qˇ ď }Ñ
Ý
u } ¨ }Ñ
Ý
ˇ
v };
Ñ
Ý Ñ
Ý
(b) pour tout pÑ Ý
u,ÑÝv q P E 2 : si Ñ
Ý
u “ 0 et si Ñ
Ý
v “ 0 alors }Ñ
Ý
u `ÑÝ
v } “ }ÑÝ
u } ` }Ñ
Ý
v } si et seulement si Ñ
Ý
u et Ñ
Ý
v
Ñ
Ý Ñ
Ý Ñ
Ý Ñ
Ý
sont colinéaires de même sens. (Si u “ 0 ou si v “ 0 , l’énoncé n’a pas d’intérêt.)
Preuve :
(a) D’après les définitions et les propriétés du produit scalaire et de la norme euclidienne, on a
}Ñ
Ýu `Ñ Ý
v }2 “ pÑÝu `Ñ Ý
v |ÑÝ
u `Ñ Ý
v q “ }Ñ
Ýu }2 ` 2pÑ
Ý
u |ÑÝ
v q ` }Ñ
Ý
v }2 ;
d’après l’inégalité triangulaire, on a donc :
˘2
}Ñ
Ýu `Ñ Ý
v }2 ď }Ñ
Ý
u }2 ` 2|Ñ
Ý
u } ¨ }Ñ
Ý
v } ` }Ñ Ýv }2 “ }Ñ
` Ý
u } ` }Ñ
Ý
v}
d’où : }Ñ
Ý
u `Ñ Ý
v } ď }Ñ
Ýu } ` }ÑÝv };
Ñ
Ý Ñ
Ý
(b) on suppose Ñ Ý
u “ 0 et Ñ Ýv “ 0 ; d’après les calcul qui précèdent, on a }Ñ Ý
u `Ñ Ý
v } “ }Ñ
Ý
u } ` }ÑÝ
v } si et
Ñ
Ý Ñ
Ý Ñ
Ý Ñ
Ý
seulement si p u | v q “ | u } ¨ } v } donc, d’après le théorème 8.11 (cas de l’égalité dans l’inégalité de
Ñ
Ý Ñ
Ý
Cauchy-Schwarz), Ñ Ý
u et ÑÝv sont colinéaires, et comme Ñ Ý
u “ 0 et Ñ Ýv “ 0 , on a Ñ
Ý
v “ λÑ Ý
u avec λ “ 0 ; mais
Ñ
Ý Ñ
Ý Ñ
Ý Ñ
Ý Ñ
Ý 2 Ñ
Ý Ñ
Ý Ñ
Ý Ñ
Ý
alors p u | v q “ p u | λ u q “ λ} u } , or p u | v q “ | u } ¨ } v } ą 0, donc λ ą 0.
8.3 Déterminant
Définition 8.14
(a) Soient Ñ
Ý
u “ pu1 , u2 q et ÑÝv “ pv1 , v2 q ; on appelle déterminant des vecteurs Ñ Ý
u et Ñ
Ýv le nombre :
ˇ ˇ
ˇu v ˇ
detpÑ Ý
u,Ñ Ý
v q “ ˇˇ 1 1 ˇˇ “ u1 v2 ´ u2 v1 .
u2 v2
(b) Soient Ñ
Ý
u “ pu1 , u2 , u3 q, Ñ
Ý
v “ pv1 , v2 , v3 q ; on appelle déterminant des vecteurs ÑÝ
u, ÑÝv et Ñ
Ý
w le nombre :
ˇ ˇ
ˇ u1 v1 w1 ˇ
Ñ
Ý Ñ
Ý Ñ
Ý ˇ ˇ
detp u , v , w q “ ˇˇ u2 v2 w2 ˇˇ “ u1 v2 w3 ` u2 v3 w1 ` u3 v1 w2 ´ u3 v2 w1 ´ u1 v3 w2 ´ u2 v1 w3 .
ˇ u3 v3 w3 ˇ
Remarque 8.15 La formule du déterminant de deux vecteurs de R2 est facile à retenir. Celle du déterminant
de trois vecteurs de R3 est plus complexe. Pour la mémoriser, on utilise la méthode suivante connue sous le nom
de ! règle de Sarrus " : on dispose les coordonnées de pÑ
Ý
u,Ñ Ý
v ,Ñ
Ý
w q en carré, et on répète les deux premières lignes
en dessous du carré ainsi formé :
u 1 v 1 w1
u 2 v 2 w2
u 3 v 3 w3
u 1 v 1 w1
u 2 v 2 w2
le déterminant de pÑ Ý
u,Ñ
Ýv ,Ñ
Ý
w q est une somme dont trois termes sont affectés d’un signe ! ` " et trois termes
affectés d’un signe ! ´ " ; ils correspondent aux produits des termes regroupés selon les figures suivantes :
signe ! ` " signe ! ´ "
u1 v1 w1 u1 v1 w1
u2 v2 w2 u2 v2 w2
u3 v3 w3 u3 v3 w3
u1 v1 w1 u1 v1 w1
u2 v2 w2 u2 v2 w2
detpÑ
Ý
u,Ñ
Ý
v ,Ñ
Ý
w q “ u1 v2 w3 ` u2 v3 w1 ` u3 v1 w2 ´ u3 v2 w1 ´ u1 v3 w2 ´ u2 v1 w3
Proposition 8.19 Le produit vectoriel défini sur E “ R3 vérifie les propriétés suivantes :
(a) le produit vectoriel est bilinéaire, c.-à-d. :
— pour tout puÝÑ, uÝ
1
Ñ, ÑÝ 3 2 Ý
Ñ Ý
Ñ Ñ Ý Ý
Ñ ÑÝ Ý
Ñ ÑÝ
2 v q P E et pλ1 , λ2 q P R : pλ1 u1 ` λ2 u2 q^ v “ λ1 pu1^ v q ` λ2 pu2^ v q ;
Ñ
Ý Ñ
Ý Ñ
Ý 3 2 Ñ
Ý Ñ
Ý Ñ
Ý Ñ
Ý Ñ
Ý
— pour tout p u , v , v q P E et pµ , µ q P R : u pµ v ` µ v q “ µ p u v q ` µ p u v q ;Ñ
Ý Ñ
Ý
1 2 1 2 ^ 1 1 2 2 1 ^ 1 2 ^ 2
Preuve : Les propriétés (a) à (e) s’obtiennent par calcul direct. La propriété (f) résulte de la formule (e) et du
théorème 8.11 (cas de l’égalité dans l’inégalité de Cauchy-Schwarz).
Exemple 8.23
(1) La famille peÑ
Ý , eÑ
Ý 2 Ñ
Ý Ñ
Ý
1 2 q de R , où e1 “ p1, 0q et e2 “ p0, 1q, est une base, appelée base canonique de R .
2
Ñ
Ý Ñ
Ý Ñ
Ý 3 Ñ
Ý Ñ
Ý Ñ
Ý
(2) La famille pe1 , e2 , e3 q de R , où e1 “ p1, 0, 0q, e2 “ p0, 1, 0q et e3 “ p0, 0, 1q, est une base, appelée base
canonique de R3 .
Théorème 8.24
(a) Une famille pÑ
Ýu,Ñ Ý
v q de deux vecteurs de R2 est libre si et seulement si detpÑÝ
u,Ñ Ý
v q “ 0.
(b) Une famille p u , v , w q de trois vecteurs de R est libre si et seulement si detp u , Ñ
Ñ
Ý Ñ
Ý Ñ
Ý 3 Ñ
Ý Ý
v ,Ñ
Ý
w q “ 0.
Preuve :
(a) on pose ∆ “ u1 v2 ´ u2 v1 ; on va montrer que pÑ
Ý
u,Ñ
Ý
v q est liée si et seulement si ∆ “ 0 ;
on suppose tout d’abord ∆ “ 0 et on distingue deux cas :
— si ÑÝu “ 0, alors pÑÝ
u,ÑÝv q est liée ; il n’y a rien a montrer dans ce cas là ;
Ñ
Ý
— si u “ 0, on a : " Ñ
v1 Ý
u ´ u1 ÑÝ
v “ p 0 ,´∆q “ p0, 0q
p˚q
v2 u ´ u2 Ý
Ñ
Ý Ñ
v “ p∆, 0 q “ p0, 0q
or Ñ
Ýu “ 0 donc pv1 , ´u1 q “ p0, 0q ou pv2 , ´u2 q “ p0, 0q, ce qui montre qu’une des deux relations qui
précèdent est non triviale, c.-à-d. que pÑ Ý
u,Ñ Ý
v q est liée ;
Ñ
Ý
réciproquement, on suppose que p u , v q est liée par une relation λÑ
Ñ
Ý Ñ
Ý Ý
u ` µÑÝ
v “ 0 où pλ, µq “ p0, 0q ; on a
alors :
0 “ detpλÑ Ý
u ` µÑ Ýv ,Ñ
Ýv q “ λ detpÑÝu,Ñ Ýv q ` µ detpÑ
Ý
v ,Ñ
Ý
"
v q “ λ∆
0 “ detp u , λ u ` µ v q “ λ detp u , u q ` µ detp u , Ý
Ñ
Ý Ñ
Ý Ñ
Ý Ñ
Ý Ñ
Ý Ñ
Ý Ñ
v q “ µ∆
or λ “ 0 ou µ “ 0 d’où ∆ “ 0.
(b) on pose ∆ “ u1 v2 w3 ` u2 v3 w1 ` u3 v1 w2 ´ u3 v2 w1 ´ u1 v3 w2 ´ u2 v1 w3 ; on va montrer que pÑÝ
u,ÑÝv ,Ñ
Ý
w q est
liée si et seulement si ∆ “ 0 ; on procède comme au point précédent, mais les calculs sont plus complexes ;
on donne les expressions suivantes de ∆ (dans lesquelles on peut relever de nombreuses symétries) :
∆ “ u1 pv2 w3 ´ v3 w2 q ` v1 pw2 u3 ´ w3 u2 q ` w1 pu2 v3 ´ u3 v2 q
∆ “ u2 pv3 w1 ´ v1 w3 q ` v2 pw3 u1 ´ w1 u3 q ` w2 pu3 v1 ´ u1 v3 q
∆ “ u3 pv1 w2 ´ v2 w1 q ` v3 pw1 u2 ´ w2 u1 q ` w3 pu1 v2 ´ u2 v1 q
on suppose tout d’abord ∆ “ 0 et on distingue trois cas :
Ñ
Ý
— si Ñ Ý
u “ 0 alors pÑ Ý
u,Ñ Ý
v ,Ñ
Ý
w q est liée ; il n’y a rien a montrer dans ce cas là ;
Ñ
Ý
— si u “ 0 et si p u2 v3 ´ u3 v2 , u3 v1 ´ u1 v3 , u1 v2 ´ u2 v1 q “ p0, 0, 0q, alors la famille pÑ
Ñ
Ý Ý
u,Ñ Ý
v q est liée et
Ñ
Ý Ñ
Ý Ñ
Ý
la famille p u , v , w q est donc également liée ; en effet, on a :
$ Ñ
& v1 Ý u ´ u1 Ñ Ý
v “p 0 , ´pu1 v2 ´ u2 v1 q , u3 v1 ´ u1 v3 q “ p0, 0, 0q
v2 u ´ u2 Ý
Ñ
Ý Ñ
v “ p u1 v2 ´ u2 v1 , 0 , ´pu2 v3 ´ u3 v2 q q “ p0, 0, 0q
% Ñ
v3 Ý
u ´ u3 Ñ Ý
v “ p ´pu3 v1 ´ u1 v3 q , u2 v3 ´ u3 v2 , 0 q “ p0, 0, 0q
or Ñ
Ý
u “ 0 donc pv1 , ´u1 q “ p0, 0q, pv2 , ´u2 q “ p0, 0q ou pv3 , ´u3 q “ p0, 0q, ce qui montre qu’une des
trois relations qui précèdent est non triviale, c.-à-d. que pÑ Ý
u,ÑÝ
v q est liée ;
Ñ
Ý Ñ
Ý
— si u “ 0 et si p u2 v3 ´ u3 v2 , u3 v1 ´ u1 v3 , u1 v2 ´ u2 v1 q “ p0, 0, 0q, on a :
or, par hypothèse, dans les trois expressions qui précèdent, au moins un des coefficient en facteur de
Ñ
Ý
w est non nul, ce qui montre qu’une des trois relations est non triviale, c.-à-d. que pÑ Ý
u,ÑÝv ,Ñ
Ý
w q est
liée ;
Ñ
Ý
réciproquement, on suppose que pÑ Ý
u,ÑÝv ,Ñ
Ý
w q est liée par une relation λÑ
Ý
u ` µÑ
Ýv ` νÑÝ
w “ 0 où pλ, µ, νq “
p0, 0, 0q ; on a alors :
& 0 “ detpλÑ Ý
u ` µÑ Ý
v ` νÑ
Ý
w,Ñ Ý
v ,ÑÝ
w q “ λ detpÑ
Ýu,Ñ Ý
v ,ÑÝ
w q ` µ detpÑ
Ýv ,ÑÝ
v ,ÑÝ
w q ` detpÑ
Ý
w,Ñ Ý
v ,ÑÝ
$
w q “ λ∆
0 “ detp u , λ u ` µ v ` ν w , w q “ λ detp u , u , w q ` µ detp u , v , w q ` detp u , w , Ý
Ñ
Ý Ñ
Ý Ñ
Ý Ñ
Ý Ñ
Ý Ñ
Ý Ñ
Ý Ñ
Ý Ñ
Ý Ñ
Ý Ñ
Ý Ñ
Ý Ñ
Ý Ñ
w q “ µ∆
0 “ detpÑ
Ýu,Ñ Ý
v , λÑ
Ý
u ` µÑ
Ý
v ` νÑ Ý
w q “ λ detpÑ
Ýu,Ñ Ý
v ,ÑÝ
u q ` µ detpÑ
Ýu,Ñ Ý
v ,ÑÝ
v q ` detpÑ
Ýu,Ñ Ý
v ,ÑÝ
w q “ ν∆
%
or λ “ 0, µ “ 0 ou ν “ 0 d’où ∆ “ 0.
Théorème 8.25
Ñ
Ý
(a) Soit pÑ
Ý
u,Ñ Ý
v q une famille libre de R2 ; alors pÑÝu,Ñ
Ýv q est une base ; plus précisément : pour tout vecteur X
Ñ
Ý
de R2 , il existe un unique couple pλ, µq P R2 tel que X “ λÑ Ýu ` µÑ
Ý
v ; les nombres λ et µ s’appellent alors
Ñ
Ý Ñ
Ý Ñ
Ý
les coordonnées de X dans la base p u , v q ;
(b) soit pÑ
Ý
u,Ñ Ý
v ,ÑÝ
w q une famille libre de R3 ; alors pÑ
Ý
u,ÑÝ
v ,ÑÝ
w q est une base ; plus précisément : pour tout vecteur
Ñ
Ý Ñ
Ý
X de R , il existe un unique triplet pλ, µ, νq P R tel que X “ λÑ
3 3 Ý
u ` µÑ Ý
v ` νÑ Ýw ; les nombres λ, µ et ν
Ñ
Ý Ñ
Ý Ñ
Ý Ñ
Ý
s’appellent alors les coordonnées de X dans la base p u , v , w q.
Remarque 8.26 Du théorème 8.25 on déduit immédiatement que trois vecteurs de R2 sont nécessairement
liés, et que quatre vecteurs de R3 le sont également.
Ñ
Ý Ñ
Ý
or X est combinaison linéaire de eÑÝ , eÑ
1
Ý et eÑ
2
Ý donc X
3 est aussi combinaison linéaire de Ñ
Ýu, Ñ
Ý
v et ÑÝ
w.
Ñ
Ý Ñ
Ý
Par ailleurs, si X “ λ1 Ñ
Ý
u `µ1 ÑÝ
v `ν1 ÑÝ
w “ λ2 Ñ Ý
u `µ2 Ñ
Ý
v `ν2 Ñ
Ý
w , alors pλ1 ´λ2 qÑ
Ý
u `pµ1 ´µ2 qÑ
Ý
v `pν1 ´ν2 qÑÝ
w “ 0,
or pÑ
Ý
u,ÑÝv ,Ñ
Ý
w q est une base de R3 donc λ1 ´ λ2 “ µ1 ´ µ2 “ ν1 ´ ν2 “ 0 d’où pλ1 , µ1 , ν1 q “ pλ2 , µ2 , ν2 q, ce
qui montre l’unicité de pλ, µ, νq.
or Ñ
Ý 0, Ñ
u “ Ý 0 et Ñ
v “ Ý 0 donc }Ñ
w “ Ý 0, }Ñ
u} “ Ý 0 et }Ñ
v}“ Ý
w} “
0 d’où λ “ µ “ ν “ 0.
Exemple 8.28
(1) Les bases canoniques de R2 et de R3 sont des bases orthonormées.
(2) Soient ÑÝ
u P R3 , Ñ
Ýv P R3 et ÑÝ
w “Ñ Ý
u ^ÑÝ
v ; si }Ñ Ý
u } “ |Ñ
Ý
v } “ 1 et pÑÝ
u |Ñ Ý
v q “ 0 alors, d’après la proposition 8.19,
Ñ
Ý Ñ
Ý Ñ
Ý Ñ
Ý Ñ
Ý Ñ
Ý Ñ
Ý Ñ
Ý Ñ
Ý Ñ
Ý
p u | w q “ p v | w q “ 0 et } w } “ } u } ¨ } v } “ 1, donc p u , v , w q est une base orthonormée.
8.6 Repères
Définition 8.29
(a) Un repère pΩ, ÑÝu,Ñ Ýv q de R2 est formé d’un point Ω et d’une base pÑ Ý
u,ÑÝv q de R2 ;
(b) un repère pΩ, u , v , w q de R est formé d’un point Ω et d’une base p u , Ñ
Ñ
Ý Ñ
Ý Ñ
Ý 3 Ñ
Ý Ý
v ,Ñ
Ý
w q de R3 ;
(c) Ñ
Ý Ñ
Ý Ñ
Ý Ñ
Ý
le repère pO, e1 , e2 q de R , où O “ p0, 0q, e1 “ p1, 0q et e2 “ p0, 1q s’appelle le repère canonique de R2 ;
2
Proposition 8.30
(a) Soit pΩ, Ñ
Ýu,ÑÝv q un repère de R2 ; pour tout point M de R2 , il existe un unique couple pλ, µq P R2 tel que
ÝÝÑ
ΩM “ λÑ Ýu ` µÑ Ýv ; les nombres λ et µ s’appellent les coordonnées de M dans le repère pΩ, Ñ
Ý
u,Ñ
Ý
v q;
Ñ
Ý Ñ
Ý Ñ
Ý
(b) soit pΩ, u , v , w q un repère de R ; pour tout point M de R , il existe un unique triplet pλ, µ, νq P R3
3 3
ÝÝÑ
tel que ΩM “ λÑ Ý
u ` µÑ Ýv ` νÑ
Ý
w ; les nombres λ, µ et ν s’appellent les coordonnées de M dans le repère
Ñ
Ý Ñ
Ý Ñ
Ý
pΩ, u , v , w q.
Définition 8.31
(a) Un repère orthonormé pΩ, ÑÝ
u,ÑÝ
v q de R2 est formé d’un point Ω et d’une base orthonormée pÑ Ý
u,ÑÝ
v q de
2
vecteurs de R ;
(b) un repère orthonormé pΩ, Ñ
Ý
u,Ñ
Ýv ,Ñ
Ý
w q de R3 est formé d’un point Ω et d’une base orthonormé pÑ
Ý
u,Ñ
Ý
v ,Ñ
Ý
w q de
3
vecteurs de R ;
D “ RÑ
Ý
u “ tλÑ
Ý
u ; λ P Ru.
Ñ
Ý
(b) On appelle droite affine passant par un point A de E et dirigée par un vecteur Ñ
Ý
u “
0 de E, l’ensemble :
ÝÝÑ
D “ A ` RÑ
Ý
u “ tA ` λÑ
Ý
u ; λ P Ru “ tM P E ; Dλ P R : AM “ λÑ
Ý
u u.
P “ RÑ
Ý
u ` RÑ
Ý
v “ tλÑ
Ý
u ` µÑ
Ý
v ; pλ, µq P R2 u.
(b) On appelle plan affine passant par un point A de E et dirigée par une famille libre de deux vecteurs pÑ
Ý
u,Ñ
Ý
vq
de E, l’ensemble :
ÝÝÑ
P “ A ` RÑ
Ý
u ` RÑ
Ý
v “ tA ` λÑ
Ý
u ` µÑ
Ý
v ; pλ, µq P R2 u “ tM P E ; Dpλ, µq P R2 : AM “ λÑ
Ý
u ` µÑ
Ý
v u.
Proposition et Définition 8.35 (Vecteur normal à une droite de R2 et équation d’une droite dans R2 )
Ñ
Ý
Soit D une droite affine de R2 , passant par un point A “ pa1 , a2 q et dirigé par un vecteur Ñ
Ý
u “ pu1 , u2 q “ 0 , et
soit Ñ
Ý
n “ p´u2 , u1 q.
ÝÝÑ
Alors, pour tout M P R2 on a M P D si et seulement si pÑ Ý
n | AM q “ 0. On dit que le vecteur Ñ Ý
n est normal à D.
Autrement dit, pour tout M “ px1 , x2 q P R2 on a M P D si et seulement si :
ÝÝÑ ÝÝÑ
Si M P D, il existe λ P R tel que AM “ λÑ Ý
u donc pÑ Ý
n | AM q “ λpÑ Ýn |Ñ
Ý
u q “ 0.
ÝÝÑ
Réciproquement, on suppose que pÑ Ý
n | AM q “ 0 ; comme pÑ Ý
u,ÑÝ
n q est une base de R2 , il existe pλ, µq P R2 tel que
ÝÝÑ Ý ÝÑ ÝÝÑ
AM “ λÑ Ýu ` µÑÝ
n et alors pÑÝ
n | AM q “ µ}Ñ Ý
n }2 , donc µ “ 0, d’où AM “ λÑ Ýu , c.-à-d. M P D.
Proposition et Définition 8.37 (Vecteur normal à un plan de R3 et équation d’un plan dans R3 )
Soit P un plan de R3 , passant par un point A “ pa1 , a2 , a3 q et dirigé par une famille libre pÑ
Ý
u,ÑÝ
v q, et soit
Ñ
Ý Ñ
Ý Ñ
Ý
n “ u ^ v “ pn1 , n2 , n3 q.
ÝÝÑ
Alors, pour tout M P R3 on a : M P P si et seulement si pÑ
Ý
n | AM q “ 0. On dit que le vecteur ÑÝ
n est normal à P.
Autrement dit, pour tout M “ px1 , x2 , x3 q P R3 on a M P P si et seulement si :
Preuve : la famille pÑ Ý
u,Ñ Ý
v q est libre donc, d’après la proposition 8.19, ÑÝ
n “ 0 ; de plus detpÑ Ý
u,ÑÝ
v ,Ñ
Ý
nq “
Ñ
Ý Ñ
Ý Ñ
Ý Ñ
Ý Ñ
Ý Ñ
Ý 2 Ñ
Ý Ñ
Ý Ñ
Ý 3
p u ^ v | n q “ p n | n q “ } n } “ 0, donc p u , v , n q est une base de R ; on rappelle également que
pÑ
Ýn |ÑÝ
u q “ pÑ
Ý
n |Ñ
Ý
v q “ 0.
ÝÝÑ ÝÝÑ
Si M P P, il existe pλ, µq P R2 tel que AM “ λÑ Ý
u ` µÑ Ý
v donc pÑÝ
n | AM q “ λpÑÝn |ÑÝ
u q ` µpÑ Ý
n |Ñ Ýv q “ 0.
ÝÝÑ
Réciproquement, on suppose que pÑ Ýn | AM q “ 0 ; comme pÑÝ
u,ÑÝ
v ,Ñ
Ý
n q est une base de R3 , il existe pλ, µ, νq P R3 tel
ÝÝÑ ÝÝÑ ÝÝÑ
Ñ
Ý Ñ
Ý Ñ
Ý Ñ
Ý Ñ
Ý
que AM “ λ u ` µ v ` ν n et alors p n | AM q “ ν} n } , donc ν “ 0, d’où AM “ λÑ
2 Ýu ` µÑ Ý
v , c.-à-d. M P P.