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n

Topologie de R et Fonctions à plusieurs


variables

Mustapha NAJMEDDINE

November 25, 2021


2

ENSAM-Meknès
Contents

1 Espaces vectoriels normés 1


1.1 Normes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
1.1.1 Normes équivalentes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
1.2 Suites . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
1.2.1 Suites convergentes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
1.2.2 Valeurs d’adhérence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
1.2.3 Suites de Cauchy . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
1.3 Topologie des espaces normés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
1.3.1 Ouverts . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
1.3.2 Intérieur d’une partie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
1.3.3 Fermés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
1.3.4 Adhérence d’une partie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
1.3.5 Points d’accumulation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
1.4 Compacts . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
1.5 Fonctions continues . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
1.5.1 Limite en un point . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
1.6 Continuité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
1.6.1 Continuité uniforme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
1.7 Applications linéaires continues . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
1.8 Théorème de Weierstrass . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58

2 Fonctions différentiables 63
2.1 Dérivée partielle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
2.1.1 Cas de la dimension finie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
2.1.2 Autrement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65

i
ii Contents

2.2 Différentiabilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
2.2.1 Applications linéaires et multilinéaires . . . . . . . . . . . . . . . . 74
2.3 Matrice jacobienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80
2.4 Inégalité des accroissements finis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84
2.5 Formules de Taylor . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
2.6 Extremums . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102

3 Intégrales multiples 1
3.1 Intégrales doubles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
3.1.1 Fonctions en escalier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
3.1.2 Intégrales de fonctions en escalier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
3.2 Fonctions intégrables au sens de Riemann . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
3.3 Ensembles quarrables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11

ENSAM-Meknès
Chapitre 1

Espaces vectoriels normés

Soit E un espace vectoriel réel.

1.1 Normes
Définition 1.1
Une norme sur E est une application N : E −→ R+ vérifiant pour tous x, y dans E et
tout λ dans R :

1. N (x) = 0 =⇒ x = 0; Séparation

2. N (λx) = |λ|N (x); Homogénéité

3. N (x + y) ≤ N (x) + N (y); Inégalité triangulaire


Remarque 1.1
Si N est une norme sur E, on dit que (E, N ) est un espace normé.

Proposition 1.1
Soit k · k une norme sur E. Alors pour tous x et y dans E,

1. kx − yk = ky − xk.

2. kxk = 0 ⇐⇒ x = 0.

3. |kxk − kyk| ≤ kx − yk.

1
2 Chapitre 1. Espaces vectoriels normés

Proposition 1.2 (Inégalité de Cauchy-Schwarz)


n
Pour tous x = (x1 , . . . , xn ) et (y1 , . . . , yn ) dans R ,

n n
! 21 n
! 21
X X X
|xi yi | ≤ |xi |2 |yi |2
i=1 i=1 i=1

Exemple 1.1
1. La valeur absolue, | · | : x −→ |x| est une norme sur R.
n
2. Soit E = R , n ≥ 1.
n
a. On pose pour tout x = (x1 , x2 , . . . , xn ) ∈ R ,

N (x) = sup |xi | = max |xi | .


1≤i≤n 1≤i≤n

n
Montrons que N est une norme sur R . Soit x = (x1 , . . . , xn ) , y = (y1 , . . . , yn )
n
dans R et λ dans R.

N (x) = 0 =⇒ max |xi | = 0


1≤i≤n
=⇒ (∀ 1 ≤ i ≤ n), |xi | ≤ 0
=⇒ (∀ 1 ≤ i ≤ n), |xi | = 0
=⇒ (∀ 1 ≤ i ≤ n), xi = 0
=⇒ x = 0.

N (λx) = max |λxi |


1≤i≤n
= max |λ| |xi |
1≤i≤n
= |λ| max |xi |
1≤i≤n
= |λ|N (x)

N (x + y) = max |xi + yi |
1≤i≤n
≤ max (|xi | + |yi |)
1≤i≤n
≤ max |xi | + max |yi |
1≤i≤n 1≤i≤n
≤ N (x) + N (y)
n n
Ainsi N est une norme sur R appelée la norme infinie sur R et notée k · k∞ .

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1.1. Normes 3

b. Pour tout x = (x1 , . . . , xn ) ,

kxk∞ = max |xi | .


1≤i≤n

n
c. Soit pour tout x = (x1 , . . . , xn ) ∈ R ,
n
X
kxk1 = |xi |
i=1
n
Il est clair que k · k1 une norme sur R .
n
d. Soit pour tout x = (x1 , . . . , xn ) ∈ R ,
n
! 12
X 2
kxk2 = |xi |
i=1

Il est clair que k · k2 vérifie les propriétés de séparation et d’homogénéité. Soit


n
x = (x1 , . . . , xn ) et y = (y1 , . . . , yn ) dans R ,
n
X
|xi + yi |2
2
kx + yk2 =
i=1
n
X
x2i + yi2 + 2xi yi

=
i=1
n
X n
X n
X
2 2
= xi + y i + 2 xi y i
i=1 i=1 i=1
n
! 21 n
! 21
X X
≤ kxk22 + kyk22 + 2 |xi |2 |yi |2 Inégalité de
i=1 i=1 Cauchy-Schwarz

≤ kxk22 + kyk22 + 2kxk2 kyk2


 2
≤  kxk2 + kyk2 
n
Ainsi, kx + yk2 ≤ kxk2 + kyk2 . Par suite k · k2 est une norme sur R appelée la
n
norme 2 ou la norme euclidienne sur R .

3. Soit ` (R) l’espace des suites réelles bornées. On pose pour tout x = (xn )n∈N ∈

` (R),
kxk∞ = sup |xn |
n∈N

On montre que k · k∞ est une norme sur ` (R).

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4 Chapitre 1. Espaces vectoriels normés


4. Soit ` (R) l’espace des suites réelles bornées. On pose pour tout x = (xn )n∈N ∈

` (R),
kxk∞ = sup |xn |
n∈N

On montre que k · k∞ est une norme sur ` (R).
Exemple 1.2
Soit E un espace vectoriel de dimension finie et B = (e1 , . . . , en ) une base de E. On pose
Xn
pour tout x = xi ei ,
i=1

n n
! 12
X X
kxk∞ = sup |xi | = max |xi | , kxk1 = |xi | et kxk2 = |xi |2 .
1≤i≤n 1≤i≤n
i=1 i=1

Ainsi k · k∞ , k · k1 et k · k2 sont trois normes, dites normes usuelles, sur E.


Définition 1.2
Soit (xn )n∈N une suite réelle.

1. La série de terme général xn , n ∈ N est la suite (Sn )n∈N définie pour tout n ∈
Xn
N, Sn = xk .
k=1

X
2. La série de terme général xn est notée xn . En cas de convergence, sa limite est
+∞
X
notée xn . Ainsi,
n=0
+∞
X n
X
xn = lim xk .
n7→+∞
n=0 k=1
+∞
X X
En cas de convergence, xn est appelée la somme de la série xn .
n=0

Exemple 1.3
1. Soit q ∈ R. On suppose que q 6= 1. Pour tout n ∈ N,
n n+1
X k q −1
q =
k=0
q−1

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1.1. Normes 5

X n +∞
n
X
La série q est convergente si et seulement si |q| < 1. Dans ce cas, q =
n=0
n n+1
X k q −1 1
lim q = lim = .
n7→+∞
k=0
n7→+∞ q−1 1−q
n
k n
X X
Si q = 1, alors q = n + 1 −→ +∞ et la série q est divergente.
k=0

1
2. Soit pour tout n ≥ 1 dans N, xn = .
n(n + 1)
n n
X 1 X
xk =
k=1
k(k + 1)
k=1 
n
X 1 
1
= −
k=1
k k+1
1
= 1−
n+1
n  
X 1 X 1
Donc lim xk = lim 1− = 1. Ainsi la série est con-
n7→+∞
k=1
n7→+∞ n + 1 n(n + 1)
+∞
X 1
vergente et de somme = 1.
n=1
n(n + 1)

Remarque 1.2
1. Une suite croissante est convergente si et seulement s’elle est majorée.

2. Toute série à termes positifs est croissante. En effet :


X
Soit xn une série à termes positifs; (i.e) pour tout n ∈ N, xn ≥ 0. On pose pour
n
X
tout n ∈ N, Sn = xk .
k=0
X
Sn+1 − Sn = xn+1 ≥ 0. Alors la série xn qui est la suite (Sn )n∈N est croissante.

3. Une série à termes positifs est convergente si et seulement s’elle est majorée.

Exemple 1.4 X1 2 1 1
1. Soit la série 2 . Pour tout n ≥ 2 dans N, n ≥ n(n − 1) et 2
≤ .
n n n(n − 1)

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6 Chapitre 1. Espaces vectoriels normés

n n
X 1 X 1
≤ 1 +
k=1
k2 k(k − 1)
k=2 
n 
X 1 1
≤ 1+ −
k=2
k − 1 k
1
≤ 2−
n
< 2
X1 X1
Alors la série est majorée (par 2). En tant que série à termes positifs,
n2 n2
est convergente.
X1 n
?
X 1
2. Soit la série harmonique . Posons pour tout n ∈ N , Sn = .
n k=1
k

2n 2n
X 1 X 1 1
S2n − Sn = ≥ = (1.1)
k=n+1
k k=n+1 2n 2

X1
Si la série est convergente, alors la suite (Sn )n∈N est convergente. Par passage à
n
1 X1
la limite dans (1.1), on obtient 0 ≥ : absurde. Donc la série est divergente.
2 n
+∞
X 1
Comme elle est à termes positifs, la suite (Sn )n∈N est croissante. D’où =
n=1
n
lim Sn = +∞.
n7→+∞
X 1
On déduit que la série √ est divergente.
n

1
X
3. Soit ` (R) l’espace des suites réelles (xn )n∈N telles que la série |xn | soit con-

vergente. On montre que, l’application k · k1 définie pour tout x = (xn )n∈N ∈


+∞
X
1 1
` (R), kxk1 = |xn | , est une norme sur ` (R).
n=0

2
X 2
4. Soit ` (R) l’espace des suites réelles (xn )n∈N telles que la série |xn | soit conver-

gente. Par application de l’inégalité de Cauchy-Schwarz, on montre que l’application

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1.1. Normes 7

2
k · k2 définie pour tout x = (xn )n∈N ∈ ` (R) par :

+∞
! 21
X 2
kxk2 = |xn | ,
n=0

2
est une norme sur ` (R).

;
Remarque 1.3
Soit a < b dans R. Pour toutes fonctions réelles continues sur [a, b],

Z b Z b  12 Z b  12
2 2
|f (t)g(t)|dt ≤ |f (t)|dt |g (t)|dt
a a a

Définition 1.3
Une distance sur E est une application d : E × E −→ R+ vérifiant pour tous x, y et z
dans E :

1. d(x, y) = 0 =⇒ x = y : Séparation

2. d(x, y) = d(y, x) : Symétrie

3. d(x, y) ≤ d(x, z) + d(z, y) : Inégalité triangulaire.

Dans ce cas, on dit que (E, d) est un espace métrique.


Remarque 1.4
Si k · k est une norme sur E, alors l’application d : (x, y) 7−→ kx − yk est une distance sur
E, appelée la distance induite par la norme de E.
Définition 1.4
Soit a ∈ E et r > 0. Soit d la distance induite par la norme de E.

1. La boule ouverte de centre a et de rayon r est B(a, r) = {x ∈ E : d(a, x) < r} =


{x ∈ E : kx − ak < r} .

2. La boule fermée de centre a et de rayon r est Bf (a, r) = {x ∈ E : d(a, x) ≤ r} =


{x ∈ E : kx − ak ≤ r} .

3. La sphère de centre a et de rayon r est S(a, r) = {x ∈ E : d(a, x) = r} = {x ∈ E : kx − ak = r} .

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8 Chapitre 1. Espaces vectoriels normés

Définition 1.5 (Séparation)


Pour tous a 6= b dans E, il existe r > 0 tel que B(a, r) ∩ B(b, r) = ∅.
Preuve
1 1
Soit a 6= b dans E et r = d(a, b) = ka − bk. Alors r > 0. Soit x ∈ B(a, r), alors
2 2
kx − ak < r. On a kb − ak ≤ kb − xk + kx − ak et

kx − bk ≥ kb − ak − kx − ak
> 2r − r
> r

Donc x 6∈ B(b, r). Ainsi B(a, r) ∩ B(b, r) = ∅. 

Exemple 1.5 n o
2
1. Soit B∞ = (x, y) ∈ R : k(x, y)k∞ ≤ 1 la boule fermée de centre (0, 0) et de
 
2 2
rayon 1 dans R , k · k∞ . Pour tout (x, y) ∈ R ,

(x, y) ∈ B∞ ⇐⇒ k(x, y)k∞ ≤ 1


⇐⇒ max(|x|, |y|) ≤ 1
⇐⇒ |x| ≤ 1 et |y| ≤ 1
⇐⇒ x ∈] − 1, 1[ et y ∈] − 1, 1[
⇐⇒ (x, y) ∈ [−1, 1] × [−1, 1]

Donc B∞ = [−1, 1] × [−1, 1].


n o
2
2. Soit B2 = (x, y) ∈ R : k(x, y)k2 ≤ 1 la boule fermée de centre (0, 0) et de rayon
 
2 2
1 dans R , k · k2 . Pour tout (x, y) ∈ R ,

(x, y) ∈ B2 ⇐⇒ k(x, y)k2 ≤ 1


p 2
⇐⇒ x + y2 ≤ 1
2 2
⇐⇒ x + y ≤ 1

Donc B2 est le disque fermée de centre (0, 0) et de rayon 1.


n o
2
3. Soit B1 = (x, y) ∈ R : k(x, y)k1 ≤ 1 la boule fermée de centre (0, 0) et de rayon
 
2
1 dans R , k · k∞ . Alors B1 est symétrique par rapport aux axes du repère et à

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1.1. Normes 9

2
l’origine. Pour tout (x, y) ∈ R+ ,

(x, y) ∈ B1 ⇐⇒ k(x, y)k1 ≤ 1


⇐⇒ |x| + |y| ≤ 1
⇐⇒ x + y ≤ 1

Donc B1 est un losange de centre (0, 0) et de rayon .1

y
1 Boule unité de k · k∞
Boule unité de k · k1
Boule unité de k · k2
−1 0 1 x

−1

2
Figure 1.1: Boules usuelles dans R

1.1.1 Normes équivalentes


Soit E un R−espace vectoriel, N1 et N2 deux normes sur E.

Définition 1.6
On dit que les normes N1 et N2 sont équivalentes s’il existe deux constantes réelles α > 0
et β > 0 tels que αN1 ≤ N2 ≤ βN1 , (i.e) s’il existe α0 > 0 et β 0 > 0 tels que α0 N2 ≤ N1 ≤
1 1
β 0 N2 . On peut prendre α0 = et β 0 = .
β α

Remarque 1.5
L’équivalence des normes sur E est une relation d’équivalence.

Exemple 1.6
? n
1. Soit n ∈ N . Pour tout x = (x1 , . . . , xn ) ∈ R , il existe 1 ≤ j ≤ n tel que kxk∞ =

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10 Chapitre 1. Espaces vectoriels normés

xj . Alors

kxk∞ = xj
n
X
≤ xj + |xi |
i=1
i6=j
n
X
≤ |xi |
i=1
≤ kxk1
Xn
kxk1 = |xi |
i=1
n
X
≤ kxk∞ , car pour tout 1 ≤ i ≤ n, |xi | ≤ kxk∞
i=1
≤ nkxk∞

Donc

kxk∞ ≤ kxk1 ≤ nkxk∞ .

n
D’où les normes k · k∞ et k · k1 sont équivalentes sur R .
D’autre part,

kxk∞ = xj
 2
 12
= xj
  12
n
2 X 2
≤  xj + |xi | 

i=1
i6=j

n
! 21
X 2
≤ |xi |
i=1
≤ kxk2

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1.1. Normes 11

n
! 21
X 2
kxk2 = |xi |
i=1
n
! 21
X 2
≤ kxk∞ , car pour tout 1 ≤ i ≤ n, |xi | ≤ kxk∞
i=1
  12
2
≤ nkxk∞

≤ n kxk∞
n √
Donc pour tout x ∈ R , kxk∞ ≤ kxk2 ≤ n kxk∞ . D’où les normes k · k∞ et k · k2
n n
sont équivalentes sur R . Ainsi toutes les trois normes sont équivalentes sur R .

2. Les trois normes usuelles, sur un espace vectoriel de dimension finie, sont équivalentes.
1 2 ∞ 2
3. On a ` (R) $ ` (R) $ ` (R). Alors k · k∞ , k · k∞ et k · k∞ sont des normes sur ` (R).
Supposons que k · k∞ et k · k1 sont équivalentes. Il existe β > 0 tel que pour tout
2
x ∈ ` (R), kxk1 ≤ βkxk∞ . Soit p ∈ N et la suite x = (xn )n∈N définie par :
(
xn = 1 , 0 ≤ n ≤ p
xn = 0 , n > p

1
Alors x ∈ ` (R), kxk∞ = 1 et kxk1 = p + 1. Ainsi pour tout p ∈ N, p + 1 ≤ β.
Ce qui contredit le lemme d’Archimède. Ainsi les normes k · k∞ et k · k1 ne sont
1
pas équivalentes sur ` (R). De même, on montre que k · k∞ et k · k2 ne sont pas
1
équivalentes sur ` (R).
?
Soit x = (xn )n∈N définie, pour tout p ∈ N , par :

 x = 1 , 0≤n≤p

n
p
 x = 0 , n>p
n


1 p+1 p+1
Alors x ∈ ` (R), kxk1 = et kxk2 = . Si kxk1 sont équivalentes, alors
p p √
p+1 p+1
il existe β > 0 tel que k · k1 ≤ βk · k2 . Donc pour tout p ∈ N, ≤β et
√ p p
1
p + 1 ≤ β : absurde. Ainsi k · k1 et k · k2 ne sont pas équivalentes sur ` (R).

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12 Chapitre 1. Espaces vectoriels normés

4. Soit E l’espace des fonctions réelles continues sur [0, 1]. Soit pour tout n ∈ N, f (x) =
n 1
x , x ∈ [0, 1]. Alors kf k∞ = 1 et kf k1 = .
n+1
a. On suppose que k · k∞ et k · k1 sont équivalentes. Il existe β > 0 tel que
β
k · k∞ ≤ β| · k1 . Donc 1 ≤ . Absurde. Ainsi k · k∞ et k · k1 ne sont pas
n+1
équivalentes sur E.
b. De même, on montre que k · k∞ et k · k2 ne sont pas équivalentes sur E.
n
c. Soit pour tout n ∈ N, la fonction f définie sur [0,
r 1] par f (x) = nx . Alors
n n n
f ∈ E, kf k1 = ∼ 1 et kf k2 = √ ∼ . Donc k · k1 et k · k2 ne
n+1 2n + 1 2
sont pas équivalentes sur E.

1.2 Suites
Soit E un espace normé et (xn )n∈N une suite d’éléments de E.

1.2.1 Suites convergentes


Définition 1.7
On dit que (xn )n∈N converge vers ` ∈ E si

(∀ε > 0)(∃N ∈ N)(∀n ≥ N ), d (xn , `) < ε i.e : kxn − `k < ε.

Proposition 1.3
Si (xn )n∈N converge vers ` ∈ E, alors ` est unique.
Preuve
Supposons que (xn )n∈N converge vers ` et `0 dans E. Soit ε > 0. Il existe N1 et N2 dans N
tels que
(∀ε > 0)(∃N ∈ N)(∀n ≥ N1 ), kxn − `k < ε

et
(∀ε > 0)(∃N ∈ N)(∀n ≥ N2 ), kxn − `0 k < ε

Soit N = max (N1 , N2 ) , alors kxN − `k < ε et kxN − `0 k < ε. Donc xN ∈ B(`, ε) ∩ B(`0 , ε)
et ε) ∩ B(`0 , ε) 6= ∅. De la séparation de E, ` = `0 . 

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1.2. Suites 13

Remarque 1.6
1. Si ` est la limite de la suite (xn )n∈N dans E, on note lim xn = `.
n7→+∞

2. Soit N1 et N2 deux normes équivalentes sur E. Alors (xn )n∈N converge vers ` dans
(E, N1 ) si et seulement si (xn )n∈N converge vers ` dans (E, N2 ) .

Définition 1.8
On dit qu’une suite (xn )n∈N d’éléments de E est bornée si la suite réelle (kxn k) est
n∈N
bornée.

Proposition 1.4
Toute suite convergente dans E est bornée.
Preuve
Soit (xn )n∈N une suite convergente dans E. Alors il existe N ∈ N tel que pour tout
n ≥ N, kxn − `k < 1 et

kxn k ≤ kxn − `k + k`k < 1 + k`k .

Soit M = max (kx0 k , . . . , kxN k , 1 + k`k) . Alors pour tout n ∈ N, kxn k ≤ M. Par suite
(xn )n∈N est bornée. 

Exemple 1.7
? n
1. Soit (fn )n∈N la suite d’éléments de E définie pour tout n ∈ N par fn (x) = x , x ∈
1 
[0, 1]. Alors kfn k∞ = 1 et kfn k1 = . Donc kfn k1 converge vers 0 et la suite
n+1 n∈N
(fn )n∈N converge vers 0 dans (E, k · k1 ) . Supposons que la suite converge vers f
dans (E, k · k∞ ) . Alors lim kfn − f k∞ = 0. Pour tout x ∈ [0, 1[, |fn (x) − f (x)| ≤
n7→+∞
kfn − f k∞ et lim (fn (x) − f (x)) = 0. Donc f (x) = 0, x ∈ [0, 1[. De même,
n7→+∞

(
f (x) = 0 , 0 ≤ x < 1
f (1) = 1

Ainsi f 6∈ E. Par suite (fn )n∈N n’est pas convergente dans (E, k · k∞ ) . Par conséquent
les normes k · k∞ et k · k1 ne sont pas équivalentes sur l’espace des fonctions réelles
continues sur [0, 1].

ENSAM-Meknès
14 Chapitre 1. Espaces vectoriels normés

2. Soit E l’espace des fonctions réelles continues sur [0, 1] et (fn )n∈N la suite définie
?
pour tout n ∈ N par :


 fn (x) = 1 − nx , 0 ≤ x ≤ 1

n
1
 fn (x) = 0
 , ≤x≤1
n

?
Pour tout n ∈ N ,

Z 1
 21
2
kfn k2 =  |fn (t)| dt
 
 
0
Z 1
 12
n
Z 1
 2 
=  (1 − nt) dt + 0dt
 

 

0 1
n
Z 1  12
n
 2 2

1 + n t − 2nt dt
 
= 

 

0
1
= √ .
3n

Alors la suite (fn )n∈N converge vers 0 dans (E, k · k2 ) .

?
3. Soit pour tout n ∈ N , la fonction fn représentée par le graphe suivant :

0 1 2 1 x
n n

ENSAM-Meknès
1.2. Suites 15


1

 fn (x) = n , 0≤x≤
n







1 2

2
fn (x) = 2n − n x , ≤x≤


 n n




 2
 fn (x) = 0
 , ≤x≤1
n
Supposons que la suite (fn )n∈N converge vers f dans (E, k · k1 ) . Alors lim kfn − f k1 =
n7→+∞
?
0. Pour tout n ∈ N ,
Z 1
kfn k1 = |fn (t)| dt
0
2
Z
n
Z 1
= |fn (t)| dt + |fn (t)| dt
0 2
n
Z 2
n
= fn (t)dt
0
3
=
2
Z 1 Z 1
|f (t)| dt = |f (t) − fn (t)| dt
2 2
n n
Z 1
≤ |fn (t) − f (t)| dt
0

≤ kfn − f k1
Z 1 Z 1
Donc lim |f (t)| dt = 0. Alors |f (t)| dt = 0. D’où f est nulle sur [0, 1]. Ainsi,
n7→+∞
2 0
n
lim kfn k1 = 0 : absurde. Par suite la suite (fn )n∈N n’est pas convergente dans
n7→+∞
(E, k · k1 ) .

Proposition 1.5
Soit (xn )n∈N et (yn )n∈N deux suites convergentes respectivement vers ` et `0 dans E et
λ ∈ R.

1. La suite (xn + yn ) converge vers ` + `0 .


n∈N

2. La suite (λxn ) converge vers λ`.


n∈N

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16 Chapitre 1. Espaces vectoriels normés

Preuve

ε
1. Soit ε > 0. Alors il existe N1 et N2 dans N tels que pour tout n ≥ N1 , kxn − `k <
2
ε
et pour tout n ≥ N2 , kyn − `k < . Soit N = max (N1 , N2 ) et n ≥ N. Alors n ≥ N1
2
et n ≥ N2 . Donc

k(xn + yn ) − (` + `0 )k = k(xn − `) + (yn − `0 )k


≤ kxn − `k + kyn − `0 k
< ε

Donc la suite (xn + yn ) converge vers ` + `0 .


n∈N

ε
2. Soit ε > 0. Alors il existe N dans N tels que pour tout n ≥ N1 , kxn − `k < .
|λ| + 1
Pour tout n ≥ N,
kλxn − λ`k = |λ| |xn − `|
ε
< |λ|
|λ| + 1
|λ|
< | ε<ε
|λ| + 1
Ainsi, la suite (λxn ) converge vers λ`.
n∈N


Proposition 1.6
p 
Soit (xn )n∈N une suite d’éléments de R . Posons xn = x1n , . . . , xpn . Pour que la suite

(xn )n∈N converge vers ` = `1 , . . . , `p , il faut et il suffit que pour tout 1 ≤ i ≤ p, la suite
(xin ) converge vers `i dans R.
n∈N
Preuve
Supposons que la suite (xn )n∈N converge vers ` et soit 1 ≤ i ≤ n, alors |xin − `i | ≤ kxn − `k
qui converge vers 0. Donc la suite (xin ) converge vers `i dans R.
n∈N
Supposons que pour tout 1 ≤ i ≤ p, la suite (xin ) converge vers `i dans R. Soit ε > 0.
n∈N
Pour tout 1 ≤ i ≤ n, il existe Ni ∈ N tel que pour tout n ≥ Ni , |xin − `i | < ε. Soit
N = max Ni et n ≥ N. Pour tout 1 ≤ i ≤ n, n ≥ Ni et |xin − `i | < ε. Donc
1≤i≤n

kxn − `k = max |xin − `i | < ε.


1≤i≤n
n
Ainsi la suite (xn )n∈N converge vers ` dans R . 

ENSAM-Meknès
1.2. Suites 17

Exemple 1.8  
−n 2n
1. Soit pour tout n ∈ N, xn = e , . Alors (xn )n∈N converge vers (0, 1) dans
n+1
2
R.
 
n n n
2. Soit pour tout n ∈ N, xn = (−1) , . Comme la suite (−1) n’est
n+1 n∈N

pas convergente dans R, la suite (xn )n∈N n’est pas convergente Soit pour tout n ∈
 
−n 2n 2
N, xn = e , . Alors (xn )n∈N converge vers (0, 1) dans R .
n+1
 
n n n
3. Soit pour tout n ∈ N, xn = (−1) , . Comme la suite (−1) n’est pas
n+1 n∈N
2
convergente dans R, la suite (xn )n∈N n’est pas convergente dans R .

1.2.2 Valeurs d’adhérence


Définition 1.9
On dit que a est une valeur d’adhérence de (xn )n∈N si pour tout ε > 0 et pour tout n ∈ N,
il existe p ≥ n tel que xp − a < ε.

Remarque 1.7
Les assertions suivantes sont équivalentes :

1. Pour que a soit une valeur d’adhérence de (xn )n∈N .

2. Pour tout ε > 0, la boule B(a, ε) contient une infinité de termes de (xn )n∈N .
 
3. a est une limite d’une sous-suite xϕ(n) de (xn )n∈N .
n∈N

Proposition 1.7
Si (xn )n∈N converge vers ` dans E, alors ` est l’unique valeur d’adhérence de (xn )n∈N .
Preuve
Montrons que ` est une valeur d’adhérence de (xn )n∈N . Soit ε > 0 et n ∈ N. Alors il existe
N ∈ N tel que pour tout m ≥ N, kxm − `k < ε. Soit p = max(n, N ). Alors p ≥ N et
xp − ` < ε. Donc ` est une valeur d’adhérence de (xn )n∈N .
Soit a une valeur d’adhérence de (xn )n∈N et ε > 0. Il existe N ∈ N tel que pour tout
n ≥ N, kxn − `k < ε et il existe p ≥ N tel que xp − a < ε. Donc xp ∈ B(`, ε) ∩ B(a, ε)
et B(`, ε) ∩ B(a, ε) 6= ∅. De la séparation a = `. 

ENSAM-Meknès
18 Chapitre 1. Espaces vectoriels normés

Proposition 1.8

Si (x2n ) et x2n+1 convergent vers a et b respectivement dans E, alors a et b sont
n∈N n∈N
les seules valeurs d’adhérence de (xn )n∈N .
Preuve
Soit c une valeur d’adhérence de (xn )n∈N tel que c 6= a. Montrons que c = b. Soit ε > 0.
On a il existe α > 0 tel que B(a, α) ∩ B(c, α) = ∅. Posons β = min(ε, α) > 0. Il existe
N1 et N2 et p ≥ max (2N1 , 2N2 + 1) dans N tels que

(∀n ≥ N1 ), x2n ∈ B(a, β) , (∀n ≥ N2 ), x2n+1 ∈ B(a, β) et xp ∈ B(c, β) ⊂ B(c, α).

Si p est pair, alors il existe q ∈ N tel que p = 2q. Donc q ≥ N1 et xp = x2q ∈ B(a, β) ⊂
B(a, α). D’où xp ∈ B(a, α) ∩ B(c, α) = ∅. Absurde. Ainsi, p est impair et il existe q ∈ N
tel que p = 2q + 1. Donc, q ≥ N2 et xp ∈ B(c, ε) ∩ B(b, ε). D’où B(c, ε) ∩ B(b, ε) 6= ∅. De
la séparation c = b. 

Remarque 1.8
 
Si (x3n )n∈N , x3n+1 et x3n+2 convergent, repectivement, vers a, b et c dans E,
n∈N n∈N
alors a, b et c sont les seules valeurs d’adhérence de (xn )n∈N .

Proposition 1.9
p  
Soit (xn )n∈N une suite d’éléments de R . Posons xn = x1n , . . . , xpn . Si a = a1 , . . . , ap
est une valeur d’adhérence de la suite (xn )n∈N , alors pour tout 1 ≤ i ≤ p, ai est une valeur
d’adhérence de la suite (xin ) dans R.
n∈N
Preuve
Supposons que a est une valeur d’adhérence de la suite (xn )n∈N et soit 1 ≤ i ≤ n. Il existe
   
une sous-suite xϕ(n) convergente vers a. De la proposition (1.6), la suite xiϕ(n)
n∈N n∈N
converge vers ai . Donc ai est une valeur d’adhérence de la suite (xin ) dans R. 
n∈N

Remarque 1.9
La réciproque de la proposition ci-dessus est, généralement, fausse.

Exemple 1.9  
n n+1 
Soit pour tout n ∈ N, xn = (−1) , (−1) . Alors (x2n )n∈N et x2n+1 convergent
n∈N
vers (1, −1) et (−1, 1), respectivement. Alors (1, −1) et (−1, 1) sont les seules valeurs
d’adhérence de la suite (xn )n∈N . D’autre part, 1 est une valeur d’adhérence de (x1n )n∈N et
(x2n )n∈N . Pourtant, (1, 1) n’est pas une valeur d’adhérence de la suite (xn )n∈N .

ENSAM-Meknès
1.2. Suites 19

1.2.3 Suites de Cauchy


Définition 1.10
On dit que la suite (xn )n∈N est de Cauchy ou fondamentale si

(∀ε > 0)(∃N ∈ N)(∀p ≥ N )(∀q ≥ N ), xp − xq < ε

i.e.
(∀ε > 0)(∃N ∈ N)(∀n ≥ N )(∀k ∈ N), xn+k − xn < ε

Remarque 1.10
Si N1 et N2 sont deux normes équivalentes sur E, alors (xn )n∈N est de Cauchy dans (E, N1 )
si et seulement si (xn )n∈N est de Cauchy dans (E, N2 ) .

Proposition 1.10
Toute suite convergente dans E est de Cauchy.
Preuve
Supposons que (xn )n∈N est convergente vers ` dans E. Soit ε > 0. Il existe N ∈ N tel que
ε
pour tous n ≥ N, kxn − `k < . Soit p ≥ N et q ≥ N.
2
 
xp − xq = xp − ` − xq − `

≤ xp − ` + xq − `

ε ε
≤ + =ε
2 2
Alors (xn )n∈N est une suite de Cauchy. 

Définition 1.11
1. L’espace normé E est dit un espace complet ou espace de Banach si toute suite de
Cauchy dans E set convergente dans E.

2. Une partie non vide A de E est dite complète si toute suite de Cauchy d’éléments
de A converge vers un élément de A.

Remarque 1.11
1. L’espace R est un espace de Banach.

ENSAM-Meknès
20 Chapitre 1. Espaces vectoriels normés

2. Dans un espace de Banach, une suite est convergente si et seulement s’elle est de
Cauchy.

3. Soit N1 et N2 deux normes équivalentes sur E.

a. La suite (xn )n∈N est de Cauchy dans (E, N1 ) si et seulement si (xn )n∈N est de
Cauchy dans (E, N2 ).
b. L’espace normé (E, N1 ) est un espace de Banach si et seulement si (E, N2 ) est
un espace de Banach.

En reprenant la même raisonnement de la preuve de la proposition (1.6), on obtient :

Proposition 1.11
p 
Soit (xn )n∈N une suite d’éléments de R . Posons pour tout n ∈ N, xn = x1n , . . . , xpn .
Pour que la suite (xn )n∈N soit de Cauchy, il faut et il suffit que pour tout 1 ≤ i ≤ p, la
suite (xin ) est de Cauchy dans R.
n∈N

Corollaire 1.1
p
Pour tout p ∈ N, l’espace R , muni de l’une des trois normes usuelles, est un espace de
Banach.
Preuve
p 
Soit p ∈ N et (xn )n∈N une suite de Cauchy dans R . Posons xn = x1n , . . . , xpn , n ∈ N.
Alors pour tout i ∈ {1, . . . p}, (xin )n∈N est une suite de Cauchy dans R, qui est un espace
complet. Donc pour tout i ∈ {1, . . . p}, (xin )n∈N est une suite convergente vers `i dans R.
 p p
De la proposition (1.6), la suite (xn )n∈N converge vers ` = `1 , . . . , `p dans R . Ainsi, R
est un espace de Banach. 

Corollaire 1.2
Tout espace vectoriel de dimension finie, muni de l’une de ses trois normes usuelles, est
un espace de Banach.

Définition 1.12
 
Soit pour tout n ∈ N, les suite xn = xnp et a = ap de nombres réels. On dit que
p∈N p∈N 
la suite (xn )n∈N converge simplement vers a si pour tout p ∈ N, la suite xnp converge
n∈N
vers ap dans E.

Analogiquement à la proposition (1.6), on a :

ENSAM-Meknès
1.2. Suites 21

Remarque 1.12
p
Pour tout p ≥ 1 dans R, si la suite (xn )n∈N converge vers a dans ` (R), alors (xn )n∈N
converge simplement vers a.

Proposition 1.12
p
Pour tout p ≥ 1, l’espace ` est un espace de Banach.
Preuve
p 
Soit (xn )n∈N une suite de Cauchy dans ` (R). Posons pour tout n ∈ N, xn = xnp .
 p∈N

Montrons que pour tout n ∈ N, la suite xnp est une suite de Cauchy dans R. Soit
p∈N
ε > 0. Il existe N ∈ N tel que pour tout n ≥ N et m ≥ N, kxn − xm kp < ε. Soit n ≥ N
+∞
! p1
X p
et m ≥ N. Alors |xnk − xmk | < ε. Donc pour tout k ∈ N, |xnk − xmk | < ε.
k=0
D’où pour tout k ∈ N, la suite (xnk )n∈N est de Cauchy dans R qui est complet. Soit ak
la limite de (xnk )n∈N dans R, k ∈ N. Montrons que la suite (xn )n∈N est convergente vers
+∞
p
X p p
a = (ak )k∈N dans ` (R). Soit n ≥ N et m ≥ N, kxn − xm kp < ε et |xnk − xmk | < ε .
k=0
r
X p p
Alors pour tout r ∈ N, |xnk − xmk | < ε . En tendant m vers +∞, on obtient pour
k=0
r
X p p p
tout r ∈ N, |xnk − ak | < ε . En faisant tendre r vers +∞, on a xn − a ∈ ` (R)
k=0
p p
et kxn − akp < ε. Comme ` (R) est un espace vectoriel, a ∈ ` (R) et la suite (xn )n∈N
p p
converge vers a dans ` (R). Ainsi ` (R) est un espace de Banach. 

Par la même raisonnement, on obtient :

Proposition 1.13

L’espace ` (R) est un espace de Banach.

Proposition 1.14
Muni de la norme infinie, l’espace C ([a, b]) des fonctions réelles continues sur un ségment
[a, b] est un espace de Banach.
Preuve
Soit (fn )n∈N une suite de Cauchy dans (C ([a, b]), k · k∞ ) . Soit x ∈ [a, b] et ε > 0. Alors il
existe N ∈ N tel que pour tous p ≥ N et q ≥ N, fp − fq ∞ < ε. Alors pour tous ous

ENSAM-Meknès
22 Chapitre 1. Espaces vectoriels normés

p ≥ N et q ≥ N, fp (x) − fq (x) ε. Donc (fn (x)) est une suite de Cauchy dans R et est
n∈N
convergente vers `x ∈ R. Soit la fonction

f : [a, b] −→ R
x 7−→ `x

Montrons que f est continue sur [a, b]. Soit x0 ∈ [a, b]. De la continuité de f en x0 , il
existe α > 0 tel que pour tout x ∈ [a, b] tel que |x − x0 | < α, on a |fN (x) − fN (x0 )| < ε.
Soit x ∈ [a, b] tel que |x − x0 | < α.

|f (x) − f (x0 )| ≤ |f (x) − fN (x)| + |fN (x) − fN (x0 )| + |fN (x0 ) − f (x0 )|
≤ 2 kfN − f k + |fN (x) − fN (x0 )|
< 3ε

D’où la continuité de f en x0 et sur [a, b]. Montrons que la suite (fn )n∈N converge vers f
dans (C ([a, b], R), k · k∞ ) . Soit x ∈ [a, b] et n ≥ N. La suite (fn (x)) converge vers f (x).
n∈N
Il existe Nx ∈ N tel que pour tout p ≥ Nx , fp (x) − f (x) < ε. Soit p = max (N, Nx ) .

|fn (x) − f (x)| ≤ fn (x) − fp (x) + fp (x) − f (x)

≤ fn − fp ∞

≤ 2ε

Comme n ≥ N est indépendant de x ∈ [a, b], kfn − f k∞ < ε. Ainsi, la suite (fn )n∈N
converge vers f dans (C ([a, b], R), k · k∞ ) . Par suite (C ([a, b], R), k · k∞ ) est un espace de
Banach. 

Proposition
 1.15 
1
L’espace ` , k · k∞ n’est pas un espace de Banach.
Preuve
Soit pour tout n ∈ N, xn = (xnk )k∈N définie par :

1
 x
nk
= , k≤n
k
 x = 0 , k>n
nk

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1.2. Suites 23

1
Donc (xn )n∈N est une suite d’éléments de ` (R). Pour tous q ≥ p et tout k ∈ N,
xp − xq ∞
= sup xpk − xqk
k∈N  
= max sup xpk − xqk , sup xpk − xqk , sup xpk − xqk
0≤k≤p
 p<k≤q k>q
1 1
= sup = −→ 0
p<k≤q k p + 1 p7→+∞
 
1
Alors (xn )n∈N est une suite de Cauchy dans ` , k · k∞ . Supposons que (xn )n∈N converge
 
1
vers x = (xk )k∈N dans ` , k · k∞ . Alors
(∀ε > 0)(∃Nε ∈ N), (∀n ≥ Nε ), kxn − xk∞ < ε (i.e.) sup |xnk − xk | < ε.
k∈N
 
(∀ε > 0)(∃Nε ∈ N), (∀n ≥ Nε ), max sup |xnk − xk | , sup |xnk − xk | < ε
0≤k≤n k>n
 
1
(∀ε > 0)(∃Nε ∈ N), (∀n ≥ Nε ), max sup − xk , sup |xk | < ε.
0≤k≤n k k>n

1
Soit k ∈ N et ε > 0. Soit n = max (k, Nε ) . Alors n ≥ Nε et 0 ≤ k ≤ n et − xk < ε.
k
1 1

1

D’où xk = . Ainsi, x 6∈ ` (R). Ainsi ` , k · k∞ n’est pas un espace de Banach. 
k
Proposition 1.16
L’espace (C ([−1, 1]), k · k1 ) des fonctions continues sur [−1, 1] n’est pas un espace de
Banach.
Preuve
?
Soit pour tout n ∈ N , fn définie sur [−1, 1] par


 fn (x) = 0 , −1 ≤ x ≤ 0
1


fn (x) = nx , 0 ≤ x ≤
n

 1
 fn (x) = 1 , ≤x≤1

n
?
Pour tous p ≤ q dans N ,
Z 1
fp − fq 1 = fp (t) − fq (t) dt
−1 
1 1 1
= −
2 p q
1
<
2p

ENSAM-Meknès
24 Chapitre 1. Espaces vectoriels normés

−1 0 1 1 x
n

Alors (fn )n∈N est une suite de Cauchy dans (C ([0, 1]), k · k1 ) . Supposons que (fn )n∈N con-
?
verge vers f dans (C ([0, 1]), k · k1 ) . Pour tout n ∈ N ,
Z 1
kfn − f k1 = |fn (t) − f (t)| dt
−1
1
Z 0 Z
n
Z 1
= |fn (t) − f (t)| dt + |fn (t) − f (t)| dt + |fn (t) − f (t)| dt
−1 0
1
1
n
Z 0 Z
n
Z 1
= |f (t)| dt + |fn (t) − f (t)| dt + |1 − f (t)| dt
−1 0
1
n
Z 0 Z 1
Donc |f (t)| dt ≤ kfn − f k1 et |1 − f (t)| dt ≤ kfn − f k1 . Comme lim kfn − f k1 =
n7→+∞
−1 1
n
Z 0 Z 1 Z 0
0, lim |f (t)| dt = 0 et lim |1 − f (t)| dt = 0. D’où |f (t)| dt = 0 et
n7→+∞ n7→+∞
−1 1 −1
n
Z 1
|1 − f (t)| dt = 0. Or |f | et |1 − f | sont continues positives, donc f = 0 sur [−1, 0] et
0
f = 1 sur [0, 1]. Ainsi f n’est pas continue en 0 et f 6∈ C ([0, 1]). Par suite (C ([0, 1]), k · k1 )
n’est pas un espace de Banach. 

Définition 1.13 n
X
1. Une série de terme général xn ∈ E, n ∈ N est la suite de gterme général xk , n ∈
k=0
X
N. Elle est notée xn .

ENSAM-Meknès
1.3. Topologie des espaces normés 25

n
!
X X
2. Un série xn dans E est dite convergente si la suite xk est convergente
k=0
n∈N
+∞
X
dans E. Sa limite est dite la somme de la série et est notée xn .
n=0
X X
3. Une série réelle xn dans E est dite absolument convergente si la série kxn k

est convergente dans R.


Proposition 1.17
Dans un espace de Banach, toute série absolument convergente est convergente.
Preuve n
X X
Soit xn une série absolument convergente. Soit pour tout n ∈ N, Sn = xk et
k=0
n
X
Tn = |xk | . Alors la suite (Tn )n∈N est convergente. Soit ε > 0. Il existe N ∈ N tel que
k=0
pour tous p ≥ N et q ≥ N, Tp − Tq < ε. Soit q > p ≥ N,
q
X
Sp − Sp = xk
k=p+1
q
X
≤ kxk k
k=p+1
≤ Tq − Tp < ε
X
Alors la suite (Sn )n∈N est de Cauchy dans E qui est complet. Donc la série xn est

convergente. 

1.3 Topologie des espaces normés


Soit E un espace normé.

1.3.1 Ouverts
Définition 1.14
1. On dit qu’une partie V de E est un voisinage de a ∈ E s’il existe r > 0 tel ue
B(a, r) ⊂ V. L’ensemble des voisinages de a est noté V (a).

ENSAM-Meknès
26 Chapitre 1. Espaces vectoriels normés

2. On dit qu’une partie A de E est un ouvert de E si A = ∅ ou A est un voisinage de


chacun de ses éléments.
Remarque 1.13
1. ∅ et E sont des ouverts de E.

2. Pour toute partie A de E,

A ∈ V (a) ⇐⇒ (∃r > 0), B(a, r) ⊂ A.

3. Une suite (xn )n∈N est convergente vers a dans E si et seulement si

(∀V ∈ V (a))(∃N ∈ N)(∀n ≥ N ), xn ∈ V

4. Un élément a ∈ E est une valeur d’adhérence d’une suite (xn )n∈N dans E si et
seulement si
(∀V ∈ V (a))(∀n ∈ N)(∃p ≥ n), xp ∈ V
Proposition 1.18
Toute boule ouverte dans E est un ouvert de E.
Preuve
Soit a ∈ E, r > 0 et A = B(a, r) la boule ouverte de centre a et de rayon r. Soit x ∈ A,
alors d(a, x) < r. Alors ρ = r − d(a, x) > 0.

ρ
x

a r

Montrons que B(x, ρ) ⊂ B(x, r). Soit y ∈ B(x, ρ), alors d(x, y) < ρ. Donc

d(a, y) ≤ d(a, x) + d(x, y) < ρ + d(a, x) = r.

ENSAM-Meknès
1.3. Topologie des espaces normés 27

D’où y ∈ B(a, r) et B(x, ρ) ⊂ B(a, r) et B(a, r) ∈ V (x). Par suite B(a, r) est un ouvert
de E. 
Proposition 1.19
Soit a ∈ E.

1. Toute partie contenant un voisinage de a est un voisinage de a.

2. La réunion de toute famille de voisinages de a est un voisinage de a.

3. L’intersection de toute famille finie de voisinages de a en est un.


Preuve

1. Trivial.

2. Trivial.

3. Soit U et V deux voisinages de a. Il existe r1 > 0 et r2 > 0 tels que B (a, r1 ) ⊂ V1 et


B (a, r2 ) ⊂ V2 . Soit r = min (r1 , r2 ) > . Alors B(a, r) ⊂ V1 ∩ V2 . Donc V1 ∩ V2 est un
voisinage de a. Par récurrence, le résultat s’étend à toute famille finie de voisinages
de a.

Corollaire 1.3
1. La réunion de toute famille d’ouverts de E est un ouvert de E.

2. L’intersection de toute famille finie d’ouverts de E est un ouvert de E.


Exemple 1.10  
? 1 1 ?
Soit pour tout, n ∈ N , An = − , . Alors An est un ouvert de R pour tout n ∈ N .
n n
\
Pourtant, An = {0} n’est pas un ouvert de R.
n∈N?

1.3.2 Intérieur d’une partie


Définition 1.15
1. On dit que a ∈ E est un point intérieur à A si A ∈ V (a).

2. L’ensemble des points intérieurs à A est noté A.

ENSAM-Meknès
28 Chapitre 1. Espaces vectoriels normés

Remarque 1.14
Pour tout x ∈ E,

x ∈ A ⇐⇒ A ∈ V (x)
⇐⇒ (∃r > 0), B(x, r) ⊂ A

Proposition 1.20
◦ ◦
Pour toute partie A de E, A est le plus grand ouvert de E inclus dans A. Ainsi A est le
noyau ouvert de A.
Preuve
Soit A une partie de E.
◦ ◦
Montrons que A ⊂ A. Soit x ∈ A, alors il existe r > 0 tel que B(x, r) ⊂ A. Comme

x ∈ B(x, r), x ∈ A. Ainsi A ⊂ A.
◦ ◦
Montrons que A est un ouvert de E. Soit x ∈ A, alors il existe r > 0 tel que B(x, r) ∈ A.
Soit y ∈ B(x, r). Comme B(x, r) est un ouvert de E, B(x, r) ∈ V (y) et A ∈ V (y). Donc
◦ ◦ ◦ ◦
y ∈ A. Ainsi, B(x, r) ∈ A et A ∈ V (x). Par suite, A est un ouvert de E.

Montrons que A est le noyau ouvert de A. Soit O un ouvert de E inclus dans A. Soit

x ∈ O, alors O ∈ V (x) et A ∈ V (x) et x ∈ A. 

Corollaire 1.4

Une partie A de E est un ouvert de E si et seulement si A = A.

Proposition 1.21
Soit A et B deux parties de E.
◦ ◦
1. Si A ⊂ B, alors A ⊂ B.

◦ ◦
2. A ∪ B ⊂ A
\ ∪ B.

◦ ◦
3. A ∩ B = A
\ ∩ B.
Preuve

1. Trivial.
◦ ◦ ◦ ◦ ◦ ◦
2. Comme A ⊂ A et B ⊂ B, A ∪ B ⊂ A ∪ B. On a A et B sont deux ouverts de E, donc

◦ ◦ ◦ ◦
A ∪ B est un ouvert de E inclus dans A ∪ B. De la proposition (1.20), A ∪ B ⊂ A
\ ∪ B.

ENSAM-Meknès
1.3. Topologie des espaces normés 29


◦ ◦
3. Il est trivial que A ∩ B ⊂ A
\ ∩ B. L’autre inclusion découle de (1).

Exemple 1.11 ◦ ◦
◦ ◦
1. Soit A = [0, 1] et B =]1, 2]. Alors A ∪ B =]0, 1[ et A ∪ B =]0, 1[∪]1, 2[6= A ∪ B.
\ \

◦ ◦

\
2. On Q ∪ [R \ Q] = ∅ 6= [Q ∪\
(R \ Q)] = R.

Proposition 1.22
? n n
Soit n ∈ N et a = (a1 , . . . , an ) ∈ R . Alors V est un voisinage de a dans R si et seulement
Yn
si, pour tout 1 ≤ i ≤ n, il existe un voisinage Vi de ai dans R tels que Vi ⊂ V.
i=1
Preuve
n
On munit R de la norme infinie. Supposons que pour tout 1 ≤ i ≤ n, il existe un
n
Y
voisinage Vi de ai dans R tels que Vi ⊂ V. Pour tout 1 ≤ i ≤ n, il existe ri > 0 tel que
i=1
n
Y
]a − ri , a + ri [ ⊂ Vi . Soit r = min ri > 0. Alors B(a, r) = ]a − ri , a + ri [ ⊂ V. Ainsi,
1≤i≤n
i=1
n
V est un voisinage de a dans R .
n
Inversement, supposons que V est un voisinage de a dans R . Alors il existe r > 0 tel que
Yn
B(a, r) ⊂ V. Donc ]a − ri , a + ri [ ⊂ V. Soit, pour tout 1 ≤ i ≤ n, Vi = ]a − ri , a + ri [ .
i=1
n
Y
Alors pour tout 1 ≤ i ≤ n, Vi est un voisinege de ai dans R et Vi ⊂ V. 
i=1

Corollaire 1.5 n
Y n
Pour qu’une partie V = Vi soit un voisinage de a = (a1 , . . . , an ) dans R si et seulement
i=1
si pour tout 1 ≤ i ≤ n, Vi est un voisinage de ai dans R.


Proposition 1.23 n n
\ n
Y n
Y Y ◦
Pour toute partie non vide A = Ai de R , Ai = Ai .
i=1 i=1 i=1
Preuve

ENSAM-Meknès
30 Chapitre 1. Espaces vectoriels normés


n
\
Y n
\
Y
Soit x = (x1 , . . . , xn ) ∈ Ai . Alors Ai est un voisinage de x. Du corollaire (1.5), Ai
i=1 i=1
n
◦ Y ◦
est un voisinage de xi dans R et xi ∈ Ai , pour tout 1 ≤ i ≤ n. Ainsi, x ∈ Ai .
i=1
n
Y ◦ ◦
Soit x = (x1 , . . . , xn ) ∈ Ai . Pour tout 1 ≤ i ≤ n, xi ∈ Ai et Ai est un voisinage de xi .
i=1

Par suite A est un voisinage de x et x ∈ A.

Corollaire 1.6 n
Y n n
Une partie A= Ai de R est un ouvert de R si et seulement si pour tout 1 ≤ i ≤
i=1
n, Ai est un ouvert de R.

1.3.3 Fermés
Définition 1.16
A
On dit qu’une partie A de E est fermée si son complémentaire {E est un ouvert de E.

Proposition 1.24
Toute boule fermée de E est un fermé.
Preuve
Bf (a,r)
Soit a ∈ E et r > 0. Montrons que Bf (a, r) est un fermé de E. Soit x ∈ A = {E et
x ∈ A. alors d(a, x) > r. Alors ρ = d(a, x) − r > 0.

Montrons que B(x, ρ) ⊂ A. Soit y ∈ B(x, ρ), alors d(x, y) < ρ. Donc

d(a, y) ≥ d(a, x) − d(x, y) > d(a, x) − ρ = r.

D’où y ∈ A et B(x, ρ) ⊂ A et A ∈ V (x). Par suite A est un ouvert de E. Par conséquent


Bf (a, r) est un fermé de E. 

De la formule de Morgan et du corollaire (1.3), on obtient le résultat suivant :

Proposition 1.25
1. La réunion de toute famille finie de fermés de E est un fermé de E.

ENSAM-Meknès
1.3. Topologie des espaces normés 31

ρ x
r
a

2. L’intersection de toute famille de fermés de E est un fermé de E.


Proposition 1.26
1. Tout singleton de E est un fermé de E.

2. Toute partie finie de E est un fermé de E.


Preuve

1. Découle de la séparation de E.

2. Conséquence de la proposition ci-dessus.


Exemple 1.12  
? 1 [
Soit pour tout n ∈ N , Fn = , 1 qui est un fermé de R. Pourtant Fn =]0, 1] n’est
n n∈N?

pas un fermé de R.

1.3.4 Adhérence d’une partie


Définition 1.17
1. On dit que a ∈ E est adhérent à A si pour tout voisinage V de A, V ∩ A 6= ∅.

2. L’adhérence de A est l’ensemble des point adhérents à A. Elle est notée A.

ENSAM-Meknès
32 Chapitre 1. Espaces vectoriels normés

Remarque 1.15
1. Pour tout x ∈ E,
x ∈ A ⇐⇒ (∀V ∈ V (x)), V ∩ A 6= ∅.

2. A ⊂ A.
Proposition 1.27
Pour toute partie A de E, A est le plus petit fermé de E contenant A. Ainsi A est
l’enveloppe fermé de A.
Preuve
A
Montrons que A est un fermé de E. Soit x ∈ B = {E . Alors x 6∈ A et il existe un voisinage
V de x tel que V ∩ A = ∅. Il existe un ouvert O de E tel que x ∈ O ⊂ V. Pour tout
y ∈ O, O ∈ V (y) et O ∩ A = ∅. Donc y 6∈ A et y ∈ B. D’où O ⊂ B et B ∈ V (x). Par
suite A est un fermé de E. 
Corollaire 1.7
Une partie A de E est un fermé si et seulement si A = A.

Proposition 1.28
Soit A une partie de E.

A A
1. {c
E
= {E .

A
2. {EA = {E .
Preuve

◦ ◦
A A A A A A
1. On a {E est un ouvert inclus dans {E , donc {E ⊂ {c
E
. Soit x ∈ {c
E
, alors {E est un

A A A
voisinage de x. Comme {E ∩ A = ∅, x 6∈ A. Donc {c
E
⊂ {E .
◦ ◦
A B
◦ B A
B
2. En appliquant (1) à B = {E , on obtient {c
E
= {E
et A = {E . Donc B = {E . Ainsi

A
{EA = {E .

De la proposition (1.21) et en appliquant les lois de Morgan, on obtient le corollaire


suivant :

ENSAM-Meknès
1.3. Topologie des espaces normés 33

Corollaire 1.8
Soit A et B deux parties de E.

1. Si A ⊂ B, alors A ⊂ B.

2. A ∩ B ⊂ A ∩B.

3. A ∪ B = A ∪B.
Proposition 1.29
Pour que a ∈ E soit adhérent à A il faut et il suffit qu’il existe une suite d’éléments de A
convergente vers a.
Preuve
Supposons qu’il existe une suite (xn )n∈N d’éléments de A convergente vers a. Soit V un
voisinage de a. Alors il existe N ∈ N tel que pour tout n ≥ N, xn ∈ V. Donc xN ∈ V ∩ A
et V ∩ A 6= ∅. Ainsi, a ∈ A.  
? 1
Supposons que a ∈ A. Pour tout n ∈ N , B a, ∩ A 6= ∅ et il existe xn ∈ A tel que
n
1
kxn − ak < . Alors (xn )n∈N est une suite d’éléments de A convergente vers a. 
n
Corollaire 1.9
Une partie A de E est fermée si et seulement si pour toute suite d’éléments de A conver-
gente vers a ∈ E, a ∈ A.

Corollaire 1.10
Une partie non vide d’un espace de Banach est fermée si et seulement s’elle est complète.

Proposition 1.30 n
Y n
Y
?
Soit n ∈ N . Pour toutes parties Ai de R, 1 ≤ i ≤ n, Ai = Ai .
i=1 i=1
Preuve
n
Y
Soit x = (x1 , . . . , xn ) ∈ Ai , 1 ≤ i ≤ n et Vi un voisinage de xi dans R. Posons
i=1
n
Y
V = Vj tel que Vj = R, pour 1 ≤ j 6= i ≤ n. Alors V est un voisinage de x et
j=1
n
Y n
Y
V ∩ Aj 6= ∅. Donc Vi ∩ Ai 6= ∅ et xi ∈ Ai . D’où x ∈ Ai .
j=1 i=1

ENSAM-Meknès
34 Chapitre 1. Espaces vectoriels normés

n
Y n
Soit x = (x1 , . . . , xn ) ∈ Ai et V un voisinage de x dans R . Pour tout 1 ≤ i ≤ n, il existe
i=1
n
Y
un voisinage Vi de xi dans R tel que Vi ⊂ V. Comme xiAi ,; Vi ∩Ai 6= ∅, pour 1 ≤ i ≤ n.
i=1 !
Yn
Donc, pour tout 1 ≤ i ≤ n, il existe ai ∈ Vi ∩ Ai . D’où a = (a1 , . . . , an ) ∈ V ∩ Ai
! i=1
Yn Yn
et V ∩ Ai 6= ∅. Ainsi, x ∈ Ai . 
i=1 i=1

Corollaire 1.11Y
n
n
Une partie A = Ai est un fermé de R si et seulement si pour tout 1 ≤ i ≤ n, Ai est
i=1
un fermé de R.

Définition 1.18
Soit A ⊂ B deux parties de E. On dit que A est dense dans B, si B ⊂ A.

Remarque 1.16
Un partie A ⊂ E est dense dans E si et seulement si A = E.

Exemple 1.13
1. Les ensembles Q et R \ Q sont denses dans R.
 
a
2. Soit p ≥ 2 dans N. L’ensemble A = : a ∈ Z et n ∈ N des entiers p−adiques
pn
est dense dans R.

3. Montrons que le sous-espace c00 , des suites réelles nulles à partir d’un certain rang,
1 1
X
est dense dans ` (R). Soit x = (xn )n∈N ∈ ` (R) et ε > 0. Comme la série |xn | est
+∞
X +∞
X
convergente. Donc lim |xk | = 0. Il existe p ∈ N tel que |xk | < ε. Soit
n7→+∞
k=n+1 k=p+1
la suite a = (an )n∈N définie par

 an = x n , 0 ≤ n ≤ p


an = 0 , n>p

ENSAM-Meknès
1.3. Topologie des espaces normés 35

+∞
X +∞
X
Alors a ∈ c00 et kx − ak = |xn − an | = |xk | < ε. Donc a ∈ c00 ∩ B(x, ε) et
n=0 k=p+1
1 1
c00 ∩ B(x, ε). Par suite, x ∈ c00 . D’où ` (R) ⊂ c00 et c00 est dense dans ` (R).

1.3.5 Points d’accumulation


Définition 1.19
1. On dit que a ∈ E est un point d’accumulation d’une partie A si pour tout voisinage
V de a, V ∩ A \ {a} =
6 ∅.

2. L’ensemble des points d’accumulation d’une partie A de E est noté A0 .

3. On dit que a ∈ A est un point isolé de A s’il existe un voisinage V de a tel que
V ∩ A = {a}.
Remarque 1.17
Soit A une partie de E.

1. A0 ⊂ A.

2. Un point adhérent à A est un point d’accumulation ou bien un point isolé de A.


Proposition 1.31
Soit A une partie de E et a ∈ E. Alors a est un point d’accumulation de A si et seulement
si pour tout voisinage V de a, V ∩ A est infini.
Preuve
La suffisance est triviale.
Supposons que a est un point d’accumulation de A et soit V un voisinage de a dans E. Soit
a1 , . . . an des éléments deux à deux distincts de V ∩ A \ {a}. Alors a 6∈ F = {a1 , . . . an } .
Comme F est un fermé de E, a 6∈ F . Il existe un voisinage V de a tel que V ∩ F = ∅.
Alors V ∩ A{a} = 6 ∅. Il existe x ∈ V ∩ A tel que x 6= a. Alors x est un élément de V ∩ A
différent de tous les ai , 1 ≤ i ≤ n. Ainsi V ∩ A est infini. 

Proposition 1.32
Soit A et B deux parties de E.

1. Si A ⊂ B, alors A0 ⊂ B 0 .

2. (A ∩ B)0 ⊂ A0 ∩ B 0 .

ENSAM-Meknès
36 Chapitre 1. Espaces vectoriels normés

3. (A ∪ B)0 = A0 ∪ B 0 .
Preuve

1. Trivial.

2. Découle de (1).

3. Il est clair que A0 ∪ B 0 ⊂ (A ∪ B)0 . Soit x ∈ (A ∪ B)0 tel que x 6∈ A0 . Soit V


un voisinage de x. Il existe un voisinage U de x tel que U ∩ A \ {a} = ∅. Donc
W = U ∩V est un voisinage de x. D’où W ∩(A∪B)\{a} = 6 ∅. Alors (W ∩ A \ {x})∪
(W ∩ B \ {x}) 6= ∅. Or (W ∩ A \ {x}) ⊂ (U ∩ A \ {x}) , donc (W ∩ A \ {x}) = ∅.
Ainsi, (W ∩ A \ {x}) 6= ∅ et (V ∩ A \ {x}) 6= ∅. Par suite x ∈ B 0 . Par conséquent,
(A ∪ B)0 ⊂ A0 ∪ B 0 .

1.4 Compacts
Soit E un espace normé.
Définition 1.20
Une partie non vide K de E est dite compacte si toute suite d’éléments de K admet une
valeur d’adhérence dans K.
Définition 1.21
Une partie A de E est dite bornée s’il existe M ∈ R tel que pour tout x ∈ A, kxk ≤ M.

Proposition 1.33
Tout compact de E est un fermé borné de E.
Preuve
Soit x ∈ K, il existe une suite (xn )n∈N d’éléments de K convergente vers x. De la compacité
de K la suite (xn )n∈N admet une valeur d’adhérence a ∈ K. Or x est l’unique valeur
d’adhérence de (xn )n∈N , donc x = a et x ∈ K. D’où K est fermé dans E.
Supposons que K n’est pas borné. Pour tout n ∈ N, il existe xn ∈ K tel que kxn k ≥ n.
Comme K est compact, la suite (xn )n∈N admet une valeurs d’adhérence a ∈ K. Donc pour
tout n ∈ N, kak ≥ n. Absurde. Ainsi, K est borné. 

ENSAM-Meknès
1.4. Compacts 37

Exemple 1.14
Soit E = R[X] l’espace des polynômes à cœfficients réels muni de la norme définie pour
n
i
X n
tout P = ai X par kP k = max |ai | . Soit pour tout n ∈ N, Pn = X . Pour tout n ∈
1≤i≤n
i=0
N, kPn k = 1, donc (Pn )n∈N est une suite d’éléments de la boule unité fermée. Supposons
que la suite (Pn )n∈N admet une valeur d’adhérence P dans E. Alors kP k = 1. Posons P =
d  
i
X
ai X avec ad 6= 0. Il existe p ≥ d + 1 tel que Pp − P < 1 et max 1, max |ai | < 1.
1≤i≤p
i=0
Donc 1 < 1. Absurde. Ainsi, la boule unité fermée n’est pas compacte. Pourtant, elle est
fermée bornée.

Du corollaire (1.9), on a :
Proposition 1.34
1. Toute partie non vide d’un compact est compacte si et seulement s’elle est fermée.

2. Tout compact de E est une partie complète de E.


Preuve

1. Découle du corollaire 1.9.

2. Soit (xn )n∈N une suite de Cauchy d’éléments de K. Alors il existe une sous suite
 
xΦ(n) convergente dans K vers a ∈ K. Soit ε > 0. Il existe N1 , N2 dans N tels
n∈
n∈N
ε
que pour tous p ≥ N1 , q ≥ N1 , xp − xq < et pour tout n ≥ N2 , xϕ(n) − a <
2
ε
. Posons N = max (N1 , N2 ) . Soit n ≥ N1 .
2
kxn − ak ≤ xn − xϕ(N ) + xϕ(N ) − a
ε ε
< + =ε
2 2
Ainsi, la suite (xn )n∈N converge vers a et K est complet.


Proposition 1.35 p
Y
?
Soit K1 , . . . , Kp , p ∈ N des parties non vides de R. Alors K = Ki est un compact de
i=1
p
R si et seulement si pour tout 1 ≤ i ≤ p, Ki est un compact de R.

ENSAM-Meknès
38 Chapitre 1. Espaces vectoriels normés

Preuve
p
Supposons que K est un compact de R . Soit 1 ≤ i ≤ n et (xn )n∈N une suite d’éléments de
Ki . Pour tout 1 ≤ j ≤ n, il existe aj ∈ Kj . Soit pour tout n ∈ N, yn = (yn1 , . . . , ynp ) tel
que yni = xn et pour tout 1 ≤ j 6= i ≤ p, ynj = aj . Alors (yn )n∈N est une suite d’éléments

de K et elle admet une valeur d’adhérence b = b1 , . . . , bp ∈ K. De la proposition (1.9),
bi est une valeur d’adhérence de la suite (xn )n∈N dans Ki . Ainsi, Ki est un compact de R.
Inversement, on suppose que les Ki , 1 ≤ i ≤ p est un compact de R. Par récurrence, on
réduit le problème à p = 2. Soit (xn )n∈N = (an , bn ) une suite d’éléments de K. Alors
n∈N
(an )n∈N est une suite d’éléments de K1 qui est compact. Donc il existe une sous-suite
   
aϕ(n) convergente vers a ∈ K1 . Comme bϕ(n) est une suite d’éléments de K2
n∈N  n∈N
  
et K2 est compact. Il existe une sous-suite bϕ(ψ(n)) de bϕ(n) convergente vers
  n∈N n∈N

b ∈ K2 . Alors la sous-suite xϕ(ψ(n)) de (xn )n∈N converge vers x = (a, b) ∈ K. Ainsi K


n∈N
est compact. 

Proposition 1.36
La réunion d’un nombre fini de compacts de E est un compact de E.

Preuve
Soit H et K deux compacts de E. Soit (xn )n∈N une suite d’éléments de L = H ∪ K. Deux
cas se présentent:  
Si {n : xn ∈ H} est infini, alors il existe une sous-suite xϕ(n) d’éléments de H. De la
compacité de H, la suite (xn )n∈N admet une valeur d’adhérence dans H, donc dans L.
De même, si {n : xn ∈ K} est infini.
Par récurrence, on montre que la propriété s’étend à la réunion d’un nombre fini de
compacts de E. 

Remarque 1.18
Une réunion quelconque de compacts n’est pas, en général, compacte.

Exemple 1.15   ∞
? 1 [
Soit pour tout n ∈ N , Kn = , 1 qui est un compact. Pourtant Kn =]0, 1] n’est
n n=1
pas compacte.

ENSAM-Meknès
1.5. Fonctions continues 39

1.5 Fonctions continues


Soit E, F deux espaces normés, A une partie non vide de E, f : A −→ F.

1.5.1 Limite en un point


Soit a ∈ A.
Définition 1.22
On dit que f admet une limite ` ∈ F en a si

(∀V ∈ V (`))(∃U ∈ V (a)), f (U ∩ A) ⊂ V.

(i.e.)
(∀ε > 0)(∃α > 0), (∀x ∈ A), kx − ak < α =⇒ kf (x) − `k < ε.
Proposition 1.37
Pour que ` ∈ F soit une limite de f en a si et seulement si pour toute suite (xn )n∈N
d’éléments de A convergente vers a, la suite (f (xn )) converge vers `.
n∈N
Preuve
Supposons que ` est une limite de f en a est soit (xn )n∈N une suite d’éléments de A
convergente vers a, Soit V un voisinage de ` dans F. Il existe un voisinage U de a dans E
tel que f (U ∩ A) ⊂ V. Il existe N ∈ N tel que pour tout n ≥ N, xn ∈ U et xn ∈ U ∩ A.
Alors pour tout n ≥ N, f (xn ) ∈ V. D’où la convergence de (f (xn )) vers ` dans F.
n∈N
Inversement, Supposons que ` n’est pas une limite de la suite (f (xn )) dans F. Alors il
n∈N
existe un voisinage V de `telque pourtout voisinage U de a dans E, f (U ∩ A)6⊂ V.
1 1
Donc pour tout n ∈ N, f B a, ∩ A 6⊂ V et il existe xn ∈ B a, ∩A
n+1 n+1
1
tel que f (xn ) 6∈ V. Alors pour tout n ∈ N, xn ∈ A, |xn − a| < et (xn ) 6∈ V. Alors
n+1
(xn )n∈N est une suite d’éléments de A convergente vers a et la suite (f (xn )) ne converge
n∈N
pas vers `. 

Proposition 1.38
Si ` est une limite de f en a, alors ` est unique.
Preuve
Soit ` et `0 deux limites de f en a. Comme a ∈ A, il existe une suite (xn )n∈N d’éléments
de A convergente vers a. Alors (f (xn )) converge vers ` et `0 . De la proposition (1.3),
n∈N
` = `0 . 

ENSAM-Meknès
40 Chapitre 1. Espaces vectoriels normés

Des propositions (1.5) et (1.37), on aboutit aux deux résultats suivants :

Proposition 1.39
Soit f, g : A −→ F ayant deux limites respectives ` et `0 en a.

1. La fonction f + g a pour limite ` + `0 en a.

2. La fonction λf a pour limite λ` en a.


Proposition 1.40
Soit E, F et G trois espaces normés. Soit f : A −→ F et g : B −→ G, a ∈ A tels que
f (A) ⊂ B. Si f admet une limite b ∈ F en a et g admet une limite ` ∈ G en b, alors ` est
la limite de g ◦ f en a.
Proposition 1.41
Si f admet une limite non nulle ` ∈ F en a, alors f ne s’annule jamais sur un voisinage
de a dans E.
Preuve
Supposons que f dmet une limite non nulle ` ∈ F en a. De la séparation, il existe un
voisinage V de ` ne contenant pas 0F . Il existe un voisinage U de a tel que f (U ∩ U ) ⊂ V.
Alors f ne s’annule jamais sur U ∩ A. 

1.6 Continuité
Soit E, F deux espaces normés, A une partie de E, a ∈ A et f : A −→ F.
Définition 1.23
1. La fonction f est dite continue en a si f (a) est la limite de f en a.

2. On dit que f est continue sur A, s’elle est continue en tout point de A.

Les trois résultats suivants sont des conséquences directes de résultats similaires sur
les limites :
Proposition 1.42
1. La somme de deux fonctions continues en a est continue en a.

2. La multiplication externe d’un scalaire et d’une fonction continue en a est continue


en a.

ENSAM-Meknès
1.6. Continuité 41

3. Le composé de deux fonctions continues est continu.

Proposition 1.43
On suppose que f est continue.
 
1. Pour toute suite (xn )n∈N d’éléments de A convergente vers a ∈ A, f (xn )
n∈N
converge vers f (a).

2. Si a ∈ A est une valeur d’adhérence d’une suite (xn )n∈N d’éléments de A, alors f (a)
 
est une valeur d’adhérence de f (xn ) .
n∈N

Proposition 1.44
Si f est continue en a telle que f (a) 6= 0F , alors f ne s’annule jamais sur un voisinage de
a.
Proposition 1.45
Soit f : E −→ F. Les assertions suivantes sont équivalentes :

1. f est continue sur E.

2. L’image réciproque, par f, de tout ouvert de F est un ouvert de E.

3. Limage réciproque, par f, de tout fermé de F est un fermé de E.


 
4. Pour toute partie A de E, f A ⊂ f (A).
Preuve
−1
1 =⇒ 2 Supposons que f est continue sur E. Soit O un ouvert de F et x ∈ f (O). alors
f (x) ∈ O et O est un voisinage d x. De la continuité de f en x, il existe un voisinage U
−1 −1 −1
de x tel que f (U ) ⊂ O et U ⊂ f (O). Alors f (O) est un voisinage de x. D’où f (O)
est un ouvert de E.
B −1
2 =⇒ 3 Soit B un fermé de F. Alors O = {F est un ouvert de E. Donc f (O) est un
−1
f (B) −1
ouvert de E. D’où {E est un ouvert de 
Eet f (B) est un fermé de E.
3 =⇒ 4 Soit A une partie de E et x ∈ f A . Il existe a ∈ A tel que x = f (a). Donc,
il existe une suite (an )n∈N d’éléments de A convergente vers a. La partie B = f (A) est
−1 −1 −1
un fermé
 i f (B) est un fermé de E. Comme A ⊂ f (B), A ⊂ f (B). Donc
deh F, donc
−1
f A ⊂ f f (B) ⊂ B = f (A).

ENSAM-Meknès
42 Chapitre 1. Espaces vectoriels normés

4 =⇒ 1 Soit a ∈ E. Suppososns que f n’est pas continue en a. Il existe un voisinage


V d f (a) tel que pour tout voisinage U de a, f (U ∩ A) 6⊂ V. Alors il existe une suite
(xn )n∈N d’éléments de A convergente vers a telle que pour tout n ∈ N, f (xn ) 6∈ V. Soit
  a ∈ A. Comme V est un voisinage de f (a) tel que V ∩ f (A) =
A = {xn : n ∈ N} . Alors
∅, f (a) 6∈ f (A) et f A 6⊂ f (A). 

Proposition 1.46
1. L’image de tout compact de E par une fonction continue de E dans F, est un
compact de F.

2. Toute fonction réelle continue sur un compact est bornée et atteint ses bornes.
Preuve

1. Conséquence directe de la proposition (1.43).

2. Soit K un compact de E et f : K −→ R. Alors f (K) est un compact de R. Donc


f (K) est un fermé borné de R. Soit M = supf (x) et m = inf f (x). Comme M
x∈K x∈K

et m dans f (K) et f (K) est un fermé de R, il existe a ∈ K et b ∈ K tels que


f (a) = inf f (x) et f (b) = supf (x).
x∈K x∈K


Proposition 1.47
Sur un espace normé de dimension finie, toutes les normes sont équivalentes.
Preuve
Soit (e1 , . . . , en ) une base de E et N une norme sur E. Montrons que N est équivalente
à la norme infinie sur E. Montrons que N est continue de (E, k · k∞ ) dans R. Pour tout
Xn
x= xi ei ,
i=1 !
Xn
|N (x)| = N xi e i
i=1
n
X
≤ |xi | N (ei )
i=1 !
X n
≤ N (ei ) kxk∞
i=1

ENSAM-Meknès
1.6. Continuité 43

Alors N est continue. La sphère unité S dans (E, k · k∞ ) est un fermé borné. De la
proposition (1.56), S est un compact de (E, k · k∞ ) . Donc N est bornée et atteint ses
bornes. Il existe a ∈ S tel que N (a) = inf N (x). Soit α = f (a). Comme a 6= 0E , α > 0.
x∈S
1 1
Pour tout x non nul de E, y = x ∈ S et N (y) ≥ α. Donc N (x) ≥ α et
kxk∞ kxk∞
Xn
N (x) ≥ αkxk. Donc αk · k∞ ≤ N ≤ βk · k∞ , où β = N (ei ) . Ainsi, N et k · k∞ sont
i=1
équivalentes. Par transitivité, toutes les normes sur E sont équivalentes. 

Corollaire 1.12
Les compacts d’un espace normé de dimension finie sont les fermés bornés.
Preuve
Soit (xn )n∈N une suite bornée dans un espace normé de dimension finie. Alors il existe une
partie fermée bornée A contenant tous les termes de la suite. Du corollaire ci-dessus, A
est compact et (xn )n∈N admet une valeur d’adhérence dans A. 

Corollaire 1.13 (Bolzano-Weierstrass)


Dans un espace normé de dimension finie, toute suite bornée admet une valeur d’adhérence.

1.6.1 Continuité uniforme


Définition 1.24
On dit que f est uniformément continue sur A si
 2

(∀ε > 0)(∃α > 0) ∀(x, y) ∈ A , kx − yk < α =⇒ kf (x) − f (y)k < ε.

Analogiquement à la continuité, on obtient la caractérisation séquentielle suivante de


la continuité uniforme :
Proposition 1.48
La fonction f est uniformément continue sur A si et seulement si our toutes suites (xn )n∈N

et (yn )n∈N d’éléments de A telles que (xn − yn ) converge vers 0, la suite f (xn ) − f (yn )
n∈N n∈N
converge vers 0.
Preuve
Supposons que f est uniformément continue sur A. Soit (xn )n∈N et (yn )n∈N deux suites
d’éléments de A telles que la suite (xn − yn ) converge vers 0. Soit ε > 0. Alors il existe
n∈N
α > 0 tel que pour tous x et y dans A, kx − yk < α, on a kf (x) − f (y)k < ε. Il existe

ENSAM-Meknès
44 Chapitre 1. Espaces vectoriels normés

N ∈ N tel que pour tout n ≥ N, kxn − yn k < α et kf (xn ) − f (yn )k < ε. Alors la suite

f (xn ) − f (yn ) converge vers 0.
n∈N
Inversement, supposons que f n’est pas uniformément continue sur A. Il existe ε > 0 tel
que pour tout α > 0 il existe x et y dans A tels que kx−yk < α et kf (x)−f (y)k ≥ ε. Pour
1
tout n ∈ N, il existe xn et yn dans A tels que kxn − yn k < et kf (xn ) − f (yn )k ≥ ε.
n+1
Alors (xn )n∈N et (yn )n∈N sont deux suites d’éléments de A tels que (xn − yn ) converge
 n∈N
vers 0 et la suite f (xn ) − f (yn ) ne converge pas vers 0. 
n∈N

En reprenant le même raisonnement, on obtient la proposition suivante :

Proposition 1.49
Si f est uniformément continue sur A, alors pour toute suite (xn )n∈N de Cauchy d’éléments
 
de A, f (xn ) est suite de Cauchy.
n∈N

Remarque 1.19
Le résultat, n’est pas vrai, si f est supposé continue.

Exemple 1.16
1 1 ?
Soit f (x) = et xn = , n ∈ N. Alors f est continue sur R+ . La suite (xn )n∈N est
x n+1  
? ?
à éléments de R+ et est de Cauchy. Comme pour tout n ∈ N , f (xn ) = n, f (xn )
n∈N
?
n’est pas une suite de Cauchy. Ainsi f n’est pas uniformément continue sur R+ .

Théorème 1.1 (Heine)


Toute fonction continue sur un compact est uniformément continue.
Preuve
Soit K un compact de E et f : K −→ F une fonction continue. Supposons que f n’est
pas uniformément continue. Il existe ε > 0 tel que pour tout α > 0, il existe x et y
1
dans K tels que kx − yk < α et kf (x) − f (y)k‘geε. En considérant les réels α = ,
n+1
il existe deux suites (xn )n∈N et (yn )n∈N telles que la suite (xn − yn ) converge vers 0 et
n∈N
pour
  n ∈ N, kf (xn ) − f (yn )k ≥ ε. De la compacité de k, il existe une sous-suite
tout
xϕ(n) convergente vers a ∈ K. Or la suite (xn − yn ) converge vers 0, donc la suite
n∈N
 n∈N   
xϕ(n) − yϕ(n) converge vers 0 et la suite yϕ(n) converge vers a. De la continuité
n∈N n∈N

ENSAM-Meknès
1.6. Continuité 45

     
de f, les suites f xϕ(n) et f yϕ(n) converge vers a. Ce qui contredit le fait
 n∈N    n∈N
que pour tout n ∈ N, f xϕ(n) − f yϕ(n) ≥ ε. 

Définition 1.25
1. On dit que f est lipshitzienne sil existe k > 0 tel que pour tous x et y dans A, kf (x)−
f (y)k ≤ kkx − yk. Dans ce cas on dit que f est k−lipschitzienne et k est un rapport
de lipschitz de f.

2. Une fonction contractante est une fonction lipschitzienne de rapport 0 < k < 1.
Remarque 1.20
Toute fonction lipschitzienne est uniformément continue.

Théorème 1.2 (Point fixe de Picard)


Si A est une partie complète de E, alors toute fonction contractante f : A −→ A admet
un unique point fixe.
Preuve
Il existe 0 < k < 1 tel que f est k−lipschitzienne. Soit a ∈ A et la suite récurrente (xn )n∈N
définie par : (
x0 = a
xn+1 = f (xn ) , n ∈ N
Montrons que (xn )n∈N est une suite de Cauchy. Pour tous entiers non nuls n et p,
 n
xn+1 − xn = f (xn ) − f xn−1 ≤ k xn − xn−1 . Donc xn+1 − xn ≤ k kx1 − x0 k .
n+p−1
X
xn+p − xn ≤ xi+1 − xi
i=n
n+p−1
!
i
X
≤ k kx1 − x0 k
i=n p
1−k
n
≤ k kx1 − x0 k
1−k
n
k
≤ kx − x0 k −−−−−−−→ 0
1−k 1 n7→+∞

Donc (xn )n∈N est une suite de Cauchy d’éléments de A qui est complète. D’où (xn )n∈N est
convergente vers a ∈ A. Comme la suite (xn )n∈N est itérée par f qui est continue, a est
un point fixe de f.

ENSAM-Meknès
46 Chapitre 1. Espaces vectoriels normés

Soit b un point fixe de f. On a ka − bk = kf (a) − f (b)k ≤ kka − bk, donc (1 − k)ka − bk ≤ 0


et a = b. D’où l’unicité du point fixe de f. 

1.7 Applications linéaires continues


Soit E, F deux espaces normés et f : E −→ F une application linéaire.
Proposition 1.50
Les assertions suivantes sont équivalentes :

1. f est continue sur E.

2. f est continue en 0E .

3. f est bornée sur la boule unité fermée.

4. Il existe k > 0 tel que pour tout x ∈ E, kf (x)k ≤ kkxk.

5. f est lipschitzienne.
Preuve
1 =⇒ 2 Triviale.
2 =⇒ 3 Supposons que f est continue en 00E . Il existe α > 0 tel que pour tout x dans
α
E, kxk < α =⇒ kf (x)k < 1. Soit x non nul dans la boule unité fermée et y = x. Alors
2
α 2
kyk = < α et kf (y)k < 1. D’où kf (x)k ≤ . Alors f est bornée sur la boule unité
2 α
fermée.
3 =⇒ 4 Suppososns que f est bornée sur la boule unité fermée. Il existe M ∈ R tel
1
que pour tout x de norme ≤ 1, kf (x)k ≤ M. Soit x non nul dans E, alors y = x∈
kxk
Bf (0E , 1) et kf (y)k ≤ M. Donc kf (x)k ≤ M kxk.
4 =⇒ 5 On suppose qu’il existe k > 0 tel que pour tout x dans E, kf (x)k ≤ kkxk. Pour
tous x et y dans E, kf (x) − f (y)k = kf (x) − f (y)k = kf (x − y)k ≤ kkx − yk. Alors f est
lipschitzienne.
5 =⇒ 1 Triviale. 

Définition 1.26
Si f est linéaire continue, on définit

|||f ||| = inf{k > 0 : (∀x ∈ E), kf (x)k ≤ kkxk}.

ENSAM-Meknès
1.7. Applications linéaires continues 47

Proposition 1.51
Suppososns que f est linéaire continue.

1. Pour tout x ∈ E, kf (x)k ≤ |||f ||| kxk.


kf (x)k
2. |||f ||| = sup kf (x)k = sup kf (x)k = sup .
kxk≤1 kxk=1 x6=0E kxk
Preuve
Soit A = {k > 0 : (∀x ∈ E), kf (x)k ≤ kkxk}.

1. Soit x non nul dans E et ε > 0. Il existe k ∈ A tel que pour tout y ∈ E, kf (y)k ≤
ε
kkyk et k < |||f ||| + . Donc
kxk

kf (x)k ≤ 
kkxk 
ε
< |||f ||| + kxk
kxk
< |||f ||| kxk + ε

Ceci étant pour tout ε > 0, donc kf (x)k ≤ |||f ||| kxk.

2. Pour tout x ∈ E tel que kxk ≤ 1, kf (x)k ≤ |||f ||| kxk ≤ |||f ||| . Donc sup kf (x)k ≤
kxk≤1
|||f ||| .
1
Posons α = sup kf (x)k. Pour tout x non nul dans E, y = x est de norme
kxk≤1 kxk
1. Donc kf (x)k = kf (y)kkxk ≤ αkxk. D’où α ∈ A et |||f ||| ≤ α. Ainsi |||f ||| =
sup kf (x)k.
kxk≤1
kf (x)k
De même, on montre que |||f ||| = sup kf (x)k = sup .
kxk=1 x6=0E kxk


Exemple 1.17
2 2
1. On munit R de la norme infinie. Soit f l’endomorphisme de R défini par f (x, y) =
(2x − y, x + y). pour tous
2
(x, y) ∈ R , kf (x, y)k = max(|2x − y|, |x + y|) ≤ 3k(x, y)k.

Alors f est continue et |||f ||| ≤ 3. Or kf (1, −1)k = 3, donc

3 ≤ |||f ||| k(1, −1)k = kf k et |||f ||| = 3.

ENSAM-Meknès
48 Chapitre 1. Espaces vectoriels normés

2. Soit E l’espace des fonctions réelles continues sur [0, 1] et l’application linéaire Φ
définie de E dans R par Φ(f ) = f (0).

a. On munit E de la norme infinie. Pour toute f ∈ E, |Φ(f )| = |f (0)| ≤ kf k∞ .


Alors φ est continue de (E, k · k∞ ) dans R et |||Φ||| ≤ 1. Posons f = 1. Alors
|Φ(f )| = 1 ≤ |||Φ||| kf k∞ = |||Φ||| . Donc |||Φ||| = 1.
?
b. On munit E de la norme 1. Soit pour tout n ∈ N , la fonction fn représentée par
le graphe suivant :

0 1 1 x
n


 fn (x) = 1 − nx , 0 ≤ x ≤ 1

n
1
 fn (x) = 0
 , ≤x≤1
n
? 1
Pour tout n ∈ N , Φ (fn ) = 1 et kfn k1 = . Donc la suite (fn )n∈N converge vers
2n
0E dans (E, k · k1 ) et la suite (Φ (fn )) ne converge pas vers 0 = Φ (0E ) . Donc Φ
n∈N
n’est pas continue de (E, k · k1 ) dans R.

3. Soit E l’espace des fonctions réelles


Z 2 continues sur [0, 2] et Ψ l’application linéaire
définie de E dans R par Ψ(f ) = f (t)dt.
0

a. On munit E de la norme infinie. Pour tout f ∈ E,


Z 2 Z 2 Z 2
|Ψ(f )| = f (t)dt ≤ |f (t)|dt ≤ kf k∞ dt.
0 0 0

ENSAM-Meknès
1.7. Applications linéaires continues 49

Donc |Ψ(f )| ≤ 2kf k∞ . D’où Ψ est continue et |||Ψ||| ≤ 2. Pour f = 1 ∈


E, |Ψ(f )| = 2, donc 2 ≤ |||Ψ||| kf k∞ = |||Ψ||| . Ainsi, |||Ψ||| = 2.

4. On munit E de la norme 1. Alors pour tout f ∈ E,


Z 2 Z 2
|Ψ(f )| = f (t)dt ≤ |f (t)|dt.
0 0

Donc |Ψ(f )| ≤ kf k1 . D’où Ψ est continue et |||Ψ||| ≤ 1. Pour f = 1 ∈ E, |Ψ(f )| = 2,


donc 2 ≤ |||Ψ||| kf k1 = 2 |||Ψ||| . Ainsi, |||Ψ||| = 1.
Remarque 1.21
Soit idE l’application identité de E. Alors |||idE ||| = 1.

De la proposition (1.50), on obtient la proposition suivante :


Proposition 1.52
Deux normes N1 et N2 sur E sont équivalentes si et seulement si l’application identité

id : (E, N1 ) −→ (E, N2 )
x 7−→ x

est un isomorphisme d’espaces normés.


Proposition 1.53
Si E est de dimension finie, alors toute application linéaire de E dans F est continue.
Preuve
Soit (e1 , . . . , en ) une base de E et f : E −→ F une application linéaire. Pour tout
Xn
x= xi ei ,
i=1 !
Xn
kf (x)k = f xi e i
i=1

n
X
= xi f (ei )
i=1

" n #
X
≤ kf (ei )k kxk∞
i=1
Alors f est continue. 

ENSAM-Meknès
50 Chapitre 1. Espaces vectoriels normés

Proposition 1.54 Yp
Soit E1 , . . . , Ep des espaces normés. Pour qu’une application p−linéaire ϕ de E = Ei
i=1
dans F soit continue, il faut et il suffit qu’il existe k > 0 tel que pour tout x1 , . . . , xp ∈
p
Y
Ei ,
i=1
p
 Y
ϕ x1 , . . . , x p ≤k kxi k .
i=1
Preuve
On munit E de la norme infinie. Supposons que ϕ est continue. Il existe α > 0
 
tel que pour tout x = x1 , . . . , xp ∈ E tel que kxk < α, ϕ x1 , . . . , xp < 1.

Soit x = x1 , . . . , xp dans !
E, dont toutes les composantes sont non nulles. Posons
α 1 1 α
y= x1 , . . . , xp . Alors kyk = < α. Donc kϕ(y)k < 1. Alors kϕ(x)k ≤
2 kx1 k xp 2
p
Y 2
k kxi k , avec k = > 0. Si l’une des composantes de x est nulle, alors ϕ(x) = 0 et
i=1
α
p
Y
kϕ(x)k ≤ k kxi k .
i=1
p
 Y
Inversement, supposons qu’il existe α > 0 tel que pour
p
Y tout x1 , . . . , xp ∈ Ei ,

ϕ x1 , . . . , xp ≤ k kxi k . i=1

i=1
On raisonne pour p = 2. Soit a = (a1 , a2 ) ∈ E. Pour tout x = (x1 , x2 ) ∈ E,
kϕ(x) − ϕ(a)k = kϕ(x − a) + ϕ (a1 , x2 − a2 ) + ϕ (x1 − a1 , a2 ) k

≤ kϕ(x − a)k + kϕ (a1 , x2 − a2 ) k + kϕ (x1 − a1 , a2 ) k


h i
≤ k kx1 − a1 k kx2 − a2 k + ka1 k kx2 − a2 k + ka2 k kx1 − a1 k
 
ε ε ε 2
Soit ε > 0 et α = min 1, , , . Pour tout x = (x1 , x2 ) ∈ R tel que
3 3 ka1 k + 1 3 ka2 k + 1
2
kx − ak < α, on a kϕ(x) − ϕ(a)k < ε. Ainsi, f est continue en a et ϕ continue sur R . 

Proposition 1.55
? p
Soit p ∈ N . Si E est de dimension finie, alors toute application p−linéaire ϕ : E −→ F
est continue.

ENSAM-Meknès
1.7. Applications linéaires continues 51

Preuve n
X
Soit B = (e1 , . . . , en ) une base de E. On traite le cas p = 2. Pour tout x = xi ei et
i=1
n
X
y= yi ei .
i=1 !
n
X n
X
kϕ(x, y)k = ϕ xi , yi ei
i=1 i=1

n
X 
= xi yj ϕ ei , ej
i,j=1
n
X 
≤ |xi | yj ϕ ei , ej
i,j=1

n
!
X 
≤ ϕ ei , ej kxk2 kyk2
i,j=
≤ k
Alors ϕ est continue. 

Définition 1.27
1. Un homéomorphisme est une application bijective continue dont la bijection réciproque
est continue. On dit aussi une bijection bicontinue.

2. Un isomorphisme d’espaces normés est une application linéaire qui est un homéomorphisme.
Proposition 1.56
Dans un espace normé de dimension finie muni de la norme infinie, les compacts sont les
fermés bornés non vides.
Preuve
Soit (e1 , . . . , en ) une base de E et A un fermé borné non vide de E. Soit f la fonction
définie par
n
f : R −→ E
n
X
(x1 , . . . , xn ) 7−→ xi ei
i=1
n
On munit R de la norme infinie. Alors f est un isomorphisme d’espaces normés, car
n −1 n
R est de dimension finie. Donc f (A) est un fermé borné de R . Donc il existe des

ENSAM-Meknès
52 Chapitre 1. Espaces vectoriels normés

n
Y
−1 n
réels ai < bi , 1 ≤ i ≤ n tels que f (A) ⊂ [ai , bi ] qui est un compact de R , de la
i=1
proposition (1.35). De la continuité et la bijectivité de f, A est un compact de E. 

Proposition 1.57
L’application |||·||| : f 7−→ |||f ||| est une norme sur l’espace Lc (E, F ) des applications
linéaires continues de E dans F, appelée la norme subordonnée.
Preuve
Soit f, g dans Lc (E, F ) et λ ∈ R.
Supposons que |||f ||| = 0 et soit x ∈ E. Alors kf (x)k ≤ |||f ||| kxk et kf (x)k = 0. Ainsi,
f (x) = 0F et f est nulle.
|||λf ||| = sup kλf (x)k = sup |λ|kf (x)k = |λ| sup kf (x)k = |λ| |||f ||| .
kxk=1 kxk=1 kxk=1
Pour tout x ∈ E,
k(f + g)(x)k ≤ kf (x)k + kg(x)k
≤ |||f ||| kxk + |||g||| kxk
≤ (|||f ||| + |||g|||) kxk
Donc |||f + g||| ≤ |||f ||| + |||g||| . Ainsi, |||·||| est une norme sur Lc (E, F ). 

Proposition 1.58
Pour toutes f et g dans l’espace des endomorphismes continus de E, |||f ◦ g||| ≤ |||f ||| |||g||| .
On dit que |||·||| est une norme d’algèbre sur l’algèbre Lc (E) des endomorphismes continus
de E et que (Lc (E), |||·|||) est une algèbre normée.
Preuve
Pour tout x ∈ E,
k(f ◦ g)(x)k = kf [g(x)]k
≤ |||f ||| kg(x)k
≤ |||f ||| |||g|||
Donc |||f ◦ g||| ≤ |||f ||| |||g||| . 

Proposition 1.59
∈ Mn (R).
n 
Soit n ∈ R et M = aij
1≤i,j≤n

n
X
n
1. Si R est muni de la norme infinie, alors |||M ||| = max aij .
1≤i≤n
j=1

ENSAM-Meknès
1.7. Applications linéaires continues 53

n
X
n
2. Si R est muni de la norme 1, alors |||M ||| = max aij .
1≤j≤n
i=1
Preuve
n
Soit (e1 , . . . , en ) la base canonique de R .
n
1. On suppose que R est muni de la norme infinie. Pour tout x = (x1 , . . . , xn ) , M x =
n
X
(y1 , . . . , yn ) , avec yi = aij xj .
j=1

kM xk∞ = max |yi |


1≤i≤n
n
X
= max aij xj
1≤i≤n
j=1
n
X
≤ max aij xj
1≤i≤n
j=1
Xn
≤ kxk∞ aij
j=1
n
X
Donc |||M ||| ≤ aij . Soit 1 ≤ i ≤ n et x = (sgn (ai1 ) , . . . , sgn (ain )) où
j=1
(
sgn(x) = 1 , x≥0
sgn(x) = −1 , x < 0
n
X n
X
Alors yi = aij . Comme |yi | ≤ kM xk∞ ≤ |||M ||| kxk∞ , aij ≤ |||M ||| . Ainsi,
j=1 j=1
n
X n
X
max aij ≤ |||M ||| . Par suite |||M ||| = max aij .
1≤j≤n 1≤i≤n
j=1 j=1

n
2. On munit R de la norme 1. Pour tout x = (x1 , . . . , xn ) , M x = (y1 , . . . , yn ) , avec
n
X
yi = aij xj .
j=1
n
X
kM xk1 = |yi |
i=1
Xn n
X
= aij xj
i=1 j=1
n X
X n
≤ aij xj
i=1 j=1

ENSAM-Meknès
54 Chapitre 1. Espaces vectoriels normés

n
" n
!#
X X
kM xk1 ≤ xj aij
j=1 i=1
n
X
≤ kxk1 max aij
1≤j≤n
i=1
n
X 
Donc |||M ||| ≤ max aij . Soit 1 ≤ j ≤ n, soit x = sgn (ai1 ) δij , . . . , sgn (ain ) δnj , 1 ≤
1≤j≤n
i=1
n
X n
X
i ≤ n. Alors yi = aij , 1 ≤ i ≤ n. Donc kM xk1 = |yi | et |yi | ≤
i=1 i=1
n
X n
X
|||M ||| kxk1 . D’où aij ≤ |||M ||| . Ainsi, max aij ≤ |||M ||| . Par suite |||M ||| =
1≤j≤n
i=1 i=1
n
X
max aij .
1≤j≤n
i=1

Proposition 1.60
Si F est un espace de Banach, alors (Lc (E, F ), |||·|||) est un espace de Banach.
Preuve
Soit (fn )n∈N une suite de Cauchy dans (Lc (E, F ), |||·|||) . Soit x ∈ E et ε > 0. Il existe
ε
N ∈ N tel que pour tout p ≥ N et q ≥ N, fp − fq < . Donc
kxk + 1
fp (x) − fq (x) ≤ fp − fq kxk < ε.

Alors (fn (x)) est une suite de Cauchy dans F qui est un espace de Banach, donc elle
n∈N
est convergente dans F. Soit

f : E −→ F
x 7−→ lim fn (x)
n7→+∞

Pour tous x, y dans E et λ ∈ R.

f (λx + y) = lim fn (λx + y)


n7→+∞
= lim (λfn (x) + fn (y)) car fn est linéaire
n7→+∞
= λ lim fn (x) + lim fn (y)
n7→+∞ n7→+∞
= λf (x) + f (y)
Donc f est linéaire.
Montrons que f est continue. Soit x dans E. La suite (fn )n∈N est de Cauchy, donc elle est

ENSAM-Meknès
1.7. Applications linéaires continues 55

bornée et il existe M ∈ R tel que pour tout n ∈ N, |||fn ||| ≤ M. Il existe m ∈ N tel que
|||fm − f ||| < 1.

kf (x)k ≤ kf (x) − fN (x)k + kfm (x)k


≤ |||fm − f ||| kxk + |||fm ||| kxk
≤ (1 + M )kxk

D’où la continuité de f et f ∈ Lc (E).


Montrons que la suite (fn )n∈N converge vers f dans (Lc (E, F ), |||·|||) . Soit x nn nul dans
E. Il existe nx ∈ N tel que pur tout n; ≥ nx , kfn (x) − f (x)k < εkxk. Soit n ≥ N et
p = max (N, nx ) .

kfn (x) − f (x)k ≤ fn (x) − fp (x) + fp (x) − f (x)


≤ fn − fp kxk + εkxk
≤ 2εkxk

pour x = 0{E} , kfn (x) − f (x)k = 0 ≤ 2εkxk. Ainsi pour tout x ∈ E, kfn (x) − f (x)k ≤
2εkxk et |||fn − f ||| ≤ 2ε. Par suite, (fn )n∈N converge vers f dans (Lc (E, F ), |||·|||) . Par
conséquent, (Lc (E, F ), |||·|||) est un espace de Banach. 

Corollaire 1.14
Si E est un espace de Banach, alors (Lc (E), |||·|||) est une algèbre de Banach.

Corollaire 1.15
−1 −1
Si f est un automorphisme bicontinu de E, alors |||f ||| ≤ f .

Proposition 1.61
Si E est un espace de Banach, alors pour tout f ∈ Lc (E) telle que |||f ||| < 1, idE − f est
+∞
−1 X n
un automorphisme d’espaces normés de E et (idE − f ) = f .
n=0
Preuve
X n
Soit f un endomorphisme continu de E tel que |||f ||| < 1. Alors la série f est absolument
X n
convergente. Comme Lc (E) est un espace de Banach, la série f est convergente dans

ENSAM-Meknès
56 Chapitre 1. Espaces vectoriels normés

E.
+∞ +∞ +∞
n n n+1
X X X
(idE − f ) f = f − f
n=0 n=0 n=0
+∞ +∞
n n
X X
= f − f
n=0 n=1
0
= f = idE
+∞
−1 X n
Ainsi idE − f est un automorphisme de continu de E et (idE − f ) = f . 
n=0

Proposition 1.62
Si E est un espace de Banach, alors le groupe G`(E) des automorphismes bicontinus de
E est un ouvert de l’algèbre normée Lc (E).
Preuve  −1
 −1
−1 −1
Soit f ∈ G`(E). Soit g ∈ B f, f . Alors |||g − f ||| < f . Donc

−1 −1
idE − f g = f (f − g)

−1
≤ f |||f − g|||

−1
−1 −1
< f f

< 1
 
−1
D’où B f, f ⊂ G`(E) et G`(E) est un voisinage de f. Ainsi G`(E) est un ouvert
de Lc (E). 

De la norme subordonnée sur l’algèbre des endomorphismes continues sur E, on définit


?
la norme subordonnée sur l’algèbre des matrices réelles carrées. Soit n ∈ N et k · k une
n
norme sur R .
Définition 1.28
La norme subordonnée d’une matrice M ∈ Mn (R) est

|||M ||| = sup kM · Xk.


X∈Rn
kXk≤1

ENSAM-Meknès
1.7. Applications linéaires continues 57

En exploitant la proposition(1.56), on aboutit au résultat suivant :


Proposition 1.63
Pour toute matrices M et N dans Mn (R),
n
1. Pour tout x ∈ R , kM Xk ≤ |||M ||| kXk.
kM Xk
2. |||M ||| = sup kM Xk = sup .
X∈Rn X6=0Rn kXk
kXk=1

3. |||M N ||| ≤ |||M ||| |||N ||| .

4. |||·||| est une norme sur Mn (R).


Remarque 1.22
De la troisième assertion de la proposition ci-dessus, |||·||| est dite une norme matricielle
sur l’algèbre Mn (R).
Proposition 1.64
Soit B = (e1 , . . . , en ) une base de E. Alors, l’application

Φ : Lc (E) −→ Mn (R)
f 7−→ matB (f ) : la matrice de f dans la base B.
est un isomorphisme d’algèbres normés.
Preuve
Directe. 

De la proposition (1.62), on aboutit au corollaire suivant :


Corollaire 1.16
Le groupe, Gln (R), des matrices carrées d’ordre n inversibles est un ouvert de l’algèbre
Mn (R).
Remarque 1.23
Le corollaire ci-dessus peut-être prouvé, en utilisant la proposition (1.54). Soit ψ définie
n n
de Mn (R) dans R qui associe à chaque M ∈ Mn (R), (c1 , . . . , cn ) , où ci , 1 ≤ i ≤ n,
ème n n
est la i −colonne de M. Soit ξ définie pour tout (c1 , . . . , cn ) ∈ R par ξ (c1 , . . . , cn ) =
det (c1 , . . . , cn ) . Alors det = ξ ◦ ψ. L’application ψ est linéaire et ξ une application
n−linéaire, donc elles sont continues. D’où det est continue de Mn (R) dans R. Or
−1
Gln (R) = det R et R est un ouvert de R, donc GLn (R) est un ouvert de Mn (R).
? ?

ENSAM-Meknès
58 Chapitre 1. Espaces vectoriels normés

1.8 Théorème de Weierstrass


Soit [a, b], a < b un segment dans R et f une fonction réelle continue sur [0, 1].
Définition 1.29 n   
X k n k n−k
Le polynôme Bn (X) = f X (1 − X) est appelé le polynôme de Bernstein
k=0
n k
?
d’ordre n ∈ N de f.
Lemme 1 n  
X n 2 k n−k n
Pour tout réel x, (k − nx) x (1 − x) ≤ .
k=0
k 4
Preuve n  
X n k
Soit P (X) = X . De la formule de binôme de Newton
k=0
k
n  
X n k n
X = (1 + X) (1.2)
k=0
k
n  
X n k n−k
X (1 − X) =1 (1.3)
k=0
k
n
X n k
0 n−1
Alors Q(X) = XP (X) = k X et Q(X) = nX(1 + X) . Donc
k=0
k
n
X n k n−1
k X = nX(1 + X) . (1.4)
k=0
k
n  
0
X 2 n k
Donc XQ (X) = k X et
k=0
k
n  
X 2 n k n−2
k X = nX(1 + nX)(1 + X) . (1.5)
k=0
k

X
Evaluons les égalités (1.4) et (1.5) en , on obtient respectivement,
1−X
n   k
X n X nX
k k = (1.6)
k=0
k (1 − X) (1 − X)n
n   k 2
X 2 n X X (1 + (n − 1)X)
k k = n n . (1.7)
k=0
k (1 − X) (1 − X)

ENSAM-Meknès
1.8. Théorème de Weierstrass 59

n
En multipliant par (1 − X) les égalités (1.5) et (1.6), on obtient

n  
X n k n−k
k X (1 − X) = nX. (1.8)
k=0
k

n  
X 2 n k n−k
k X (1 − X) = nX(1 + (n − 1)X). (1.9)
k=0
k

2 2
On multiplie (1.3) par n X et (1.8) par −2nx, donc

n  
X 2 n k+2 n−k 2 2
n X (1 − X) =n X . (1.10)
k=0
k

n  
X n k+1 n−k 2 2
− 2nk X (1 − X) = −2n X . (1.11)
k=0
k

Evaluons la somme les égalités (1.9), (1.10) et (1.11) en x, donc

n  
X n k
2 n−k
(k − nx) x (1 − x) = nx(1 − x) (1.12)
k=0
k

n  
1 X 2 n k n−k n
Comme x(1 − x) ≤ , (k − nx) x (1 − x) ≤ . 
4 k=0 k 4

Théorème 1.3 (Bernstein)


La suite (Bn )n∈N de polynômes de Bernstein de f, converge uniformément vers f.

Preuve
La fonction f est continue sur [0, 1]. Donc f est bornée par un réel M. Du théorème de
Heine, f est uniformément continue sur [0, 1]. Soit ε > 0. Il existe α > 0 tel que pour tous x
ε
et y dans [0, 1] vérifiant |x−y| < α, on a |f (x)−f (y)| < . Soit x ∈ [0, 1] et n ∈ N. Posons
2
ENSAM-Meknès
60 Chapitre 1. Espaces vectoriels normés

   
k k
I = 0 ≤ k ≤ n dans N : − x < α et J = 0 ≤ k ≤ n dans N : −x ≥α .
n n
n    n  
X k n k n−k
X n k n−k
|Bn (x) − f (x)| = f x (1 − x) − f (x) x (1 − x)
k=0
n k k=0
k
d’après l’équation (1.2)

n     
X k n k n−k
= f − f (x) x (1 − x)
k=0
n k

n    
X k n k n−k
≤ f − f (x) x (1 − x)
k=0
n k

    X k  
X k n k n−k n k n−k
≤ f − f (x) x (1 − x) + f − f (x) x (1 − x)
k∈I
n k k∈J
n k

2
X ε n k n−k
X (k − nx)
 
n k n−k
≤ x (1 − x) + 2M x (1 − x)
k∈I
2 k k∈J
n2 α2 k

n   n  
εX n k n−k 2M X 2 n k n−k
≤ x (1 − x) + 2 2 (k − nx) x (1 − x)
2 k=0 k n α k=0 k

ε 2M n
≤ + 2 2
2 nα 4

ε M
≤ +
2 2nα2
 
M M ε
Soit N = E 2 + 1. Pour tout n ≥ N, 2 < et |Bn (x) − f (x)| < ε. Ceci, étant
εα 2nα 2
pour tout x ∈ [0, 1] et N ne dépend pas de x, donc kBn − f k∞ < ε. Alors la suite (Bn )n∈N
converge uniformément vers f sur [0, 1]. 

Théorème 1.4 (Weirstrass)


Toute fonction réelle continue sur un segment [a, b] est une limite uniforme d’une suite de
fonctions polynômes.
Preuve

ENSAM-Meknès
1.8. Théorème de Weierstrass 61

Soit g une fonction réelle continue sur [a, b], a < b dans R. Alors la fonction f définie
sur [0, 1] par f (x) = g(a + x(b − a)), est continue sur [0, 1]. Soit ε > 0. Du théorème de
Bernstein, il existe un polynôme de Bernstein B  de f telque kf − Bk∞ < ε. Soit P la
x−a
fonction polynôme définie sur [a, b] par P (x) = B . Pour tout x ∈ [a, b],
b−a
   
x−a x−a
|g(x) − P (x)| = f −B ≤ kf − Bk∞ < ε.
b−a b−a

Alors g est une limite uniforme d’une suite de fonctions polynômes sur [0, 1]. 

Corollaire 1.17
La sous-algèbre P([a, b]), des fonctions polynômes sur [a, b], est dense dans l’algèbre des
fonctions réelles continues (C ([a, b]), k · k∞ ) .

ENSAM-Meknès
62 Chapitre 1. Espaces vectoriels normés

ENSAM-Meknès
Chapitre 2

Fonctions différentiables

Soit E, F deux espaces normés, U un ouvert de E, a ∈ E et f : U −→ F.

2.1 Dérivée partielle


Définition 2.1
On dit que f est dérivable en a suivant un valeur v 6= 0 dans E si la fonction ϕ : t 7−→
F (a + tv) est dérivable en 0R . Dans ce cas on note

ϕ(t) − ϕ(0) f (a + tv) − f (a)


dv f (a) = ϕ0 (0) = lim = lim
t7→0 t t7 → 0 t
Remarque 2.1
On a a ∈ U et U ouvert, il existe t ≥ 0 tel que B(a, r) ⊂ U

a + tv ∈ B(a, r) ⇐⇒ ka + tv − ak < r
⇐⇒ |t|kvk < r
r
⇐⇒ |t| <
kvk

Ainsi,  
r r
ϕ : − , −→ F
kvk kvk
t 7−→ f (a + tv)

63
64 Chapitre 2. Fonctions différentiables

Exemple 2.1

 2
x
f (x, y) = , y 6= 0

y
f (0, 0) = 0

Soit v = (a, b) 6= (0, 0). Etudions la dérivibalité de en (0, 0) suivant v.

f ((0, 0) + tv) f (ta, tb)


lim = lim
t7→0 t t7→0 t

f (tv) − f (0, 0)
- Si b = 0, alors lim = 0.
t7→0 t

t 2 a2
f (tv) − f (0, 0) a2
- Si b 6= 0, alors lim = lim tb = .
t7→0 t t7→0 t b

Alors f est dérivable en (0, 0) suivant v = (a.b) et on a :



 dv f (a, b) = 0 , b=0
2
 d f (a, b) = a , b 6= 0
v
b
Etudions la continuité
 dela fonction f.
1 1 2 1/n2 1
La suite (xn )n∈N = , converge vers (0, 0) dans R . f ((yn )n∈N ) = = −→
n n 1/n n n7→+∞
n∈N 
1 1 2
0 D’autre part,(yn )n∈N = , 2 converge vers (0, 0) dans R f (yn ) = 1 −→ 1. Alors
n n
n∈N
f n’admet pas la limite en (0, 0).

2.1.1 Cas de la dimension finie


n
On prend U un ouvert de E = R , a = (a1 , . . . , an ) ∈ U. Soit B = (e1 , . . . , en ) la base
canonique de E, f : U −→ F.

Définition 2.2
On dit que f admet une dérivée partielle d’indice 1 ≤ i ≤ n, si f est dérivable en a suivant

ENSAM-Meknès
2.1. Dérivée partielle 65

le vecteur ei . On note dans ce cas


∂f f (a + tei ) − f (a)
(a) = dei f (a) = lim
∂xi t7→0 t  
f a1 , . . . , ai−1 , ai + t, ai+1 , . . . , an − f a1 , . . . , ai−1 , ai , ai+1 , . . . , an
= lim
t7→0 t
t∈I 
f a1 . . . , ai−1 , x, ai+1 , . . . an
= lim
x7→ai x − ai
∂f
Donc (a) = ψ 0 (ai ) où ψ(x) = f (a1 , . . . , ai−1 , x, ai+1 , . . . , an )
∂xi
∂f
On note aussi ∂i f (a) = fei0 (a) =
∂xi
Exemple 2.2
f (x, y) = 3x2 − 5xy 2 , a = (1, 2), f : R2 −→ R.
f (x, 2) − f (1, 2) 3x2 − 20x + 17
lim = lim
x7→1 x−1 x7→1 x −
1 
17
3(x − 1) x −
3
= lim
x7→1 x−1
∂f
Alors (1, 2) = −14.
∂x
f (1, y) − f (1, 2) 3 − 5y 2 + 17
lim = lim
y7→2 y−2 y7→2 y−2
20 − 5y 2
= lim
y7→2 y−2
5(2 − y)(2 + y)
= lim
y7→2 y−2
= lim − 5(2 + y) = −20 ∈ R
y7→2

∂f
Alors (1, 2) = −20.
∂y

2.1.2 Autrement
∂f
Soit ψ(x) = f (x, 2) = 3x2 − 20x, alors ψ est dérivable en 1 et (1, 2) = ψ 0 (1) = 6 − 20 =
∂x
−14. Soit g(y) = f (1, y) = 3 − 5y 2 , alors g est une fonction dérivable en 2. Donc f admet
∂f
une dérivée partielle d’indice 2 en (1, 2) et (1, 2) = g 0 (2) = −20.
∂y

ENSAM-Meknès
66 Chapitre 2. Fonctions différentiables

2.2 Différentiabilité
f : U ⊂ E −→ F et a ∈ U.
Définition 2.3
1. On dit que f est différentiable en a s’il existe un voisinage V de 0E et une fonction
ε : V −→ F et une application linéaire continue u : E −→ F tels que a + V ⊂
U, lim ε(h) = 0F et pour tout h ∈ V,
h7→0E

f (a + h) = f (a) + u(h) + khkε(h) = f (a) + u(h) + o(khk).

L’application u est appelée la différentielle de f en a et est notée dfa . Ainsi, pour


tout h ∈ V,
f (a + h) = f (a) + dfa (h) + o(khk).
et dfa est une application linéaire continue de E dans F.

2. La fonction f est dite différentiable sur U s’elle est différentiable en tout point de
U. Ainsi la différentielle de f sur U est la fonction

df : U −→ Lc (E, F )
x 7−→ dfx
où Lc (E, F ) est l’espace des applications linéaires continues de E dans F.
Remarque 2.2
Toute fonction différentiable en a (resp .sur U ) est continue en a (resp. sur U ).

Proposition 2.1
Si f est différentiable en a, alors elle admet une dérivée en a suivant tout vecteur v 6= 0E
et dv f (a) = dfa (v).
Preuve
Supposons que f est différentiable en a. Soit v non nul dans E. Pour tout réel t voisin de
0.
f (a + tv) − f (a) f (a) + dfa (tv) + o(ktvk) − f (a)
=
t t
|t|
= dfa (v) + o(kvk)
t
f (a + tv) − f (a)
Alors lim = dfa (v). Ainsi, f admet une dérivée en a suivant v et dv f (a) =
t7→0 t
dfa (v). 

ENSAM-Meknès
2.2. Différentiabilité 67

Remarque 2.3
La réciproque de la proposition ci-dessus est généralement fausse comme le montre l’exemple
(2.1).
Corollaire 2.1
n
Soit U est un ouvert de R . Si f est différentiable en a, alors pour tout 1 ≤ i ≤ n, f
∂f
admet une dérivée partielle d’indice i en a et (a) = dfa (ei ) . En outre pour tout
∂xi
n
h = (h1 , . . . , hn ) ∈ R ,
n
! n n
X X X ∂f
dfa (h) = dfa hi ei = hi dfa (ei ) = (a)hi .
i=1 i=1 i=1
∂x i

n
Dans ce cas, pour tout h = (h1 , . . . , hn ) ∈ R ,
n
X ∂f
f (a + h) = f (a) + (a)hi + o(khk).
i=1
∂xi

Exemple 2.3
2 2 2 2
1. Soit f (x, y) = 3x − 5xy et a = (1, 2). Alors U = R . Posons V = R . Alors
a + V ⊂ U. Soit h = (h1 , h2 ) ∈ V.

f (a + h) = f (1 + h1 , 2 + h2 )
2 2
= 3 (1 + h1 ) − 5 (1 + h1 ) (2 + h2 )
2 2 2
= −17 − 14h1 − 20h2 + 3h1 + 5h2 − 20h1 h2 − 5h1 h2
= f (a) + u(h) + khkε(h)
avec u(x, y) = −14x − 20y et
 2 2 2
3x + 5y − 20xy − 5xy
 ε(x, y) = , (x, y) 6= (0, 0)


k(x, y)k2




 ε(0, 0) = 0
2
Alors u est une application linéaire continue de R dans R. Pour tout (x, y) 6= (0, 0),
2 2 2
3x + 5y + 20|x||y| + 5|x|y
|ε(x, y)| ≤
k(x, y)k2
2 3
28k(x, y)k2 + 5k(x, y)k2

k(x, y)k2
2
≤ 28k(x, y)k2 + 5k(x, y)k2 −→ 0.
(x,y)7→(0,0)

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68 Chapitre 2. Fonctions différentiables

Ainsi, lim ε(x, y) = 0. D’où f est différentiable en a et la différentielle de f en


(x,y)7→(0,0)
a est
2
dfa : R −→ R
(x, y) 7−→ −14x − 20y

2. Soit la fonction définie par :


 2
xy
 f (x, y) = px2 + y 2 , (x, y) 6= (0, 0)





 f (0, 0) = 0

Etudions la différentiabilité de f en a = (0, 0).


f (x, 0) − f (0, 0) 0 ∂f
lim = lim = 0 Donc = 0.
x7→0 x−0 x7 →0 x ∂x
f (0, y) − f (0, 0) 0 ∂f
lim = lim = 0 Donc = 0.
y7→0 y−0 y7→0 y ∂y
Soit la fonction

 
 1 ∂f ∂f
 ε(x, y) =
 f (x, y) − f (0, 0) − (0, 0)x − (0, 0)y , (x, y) 6= (0, 0)
k(x, y)k2 ∂x ∂y



ε(0, 0) = 0

Pour tout h = (h1 , h2 ) 6= (0, 0)

|f (h1 , h2 )|
|(h)| =
khk2
2
|h1 h2 |
=
khk22
|h1 |2 |h2 |
=
khk22
≤ khk2 −→ 0
h−→(0,0)
 
1 ∂f ∂f
Alors lim f (a + h) − f (a) − (a)h − (a) − h2 = 0 et
h7→(0,0) khk ∂x ∂y
∂f ∂f
f (a + h) = f (a) + (0, 0)h1 + (0, 0)h2 + o(khk).
∂x ∂y
Ainsi, f est différentiable en (0, 0) de différentielle nulle en (0, 0).

ENSAM-Meknès
2.2. Différentiabilité 69

3. Soit la fonction f définie par


 2
xy
f (x, y) = 2 − x , (x, y) 6= (0, 0)

x + y2
f (0, 0) = 0

Etude de la différentiabilité de f en a = (0, 0).

f (x, 0) − f (0, 0) −x ∂f
lim = lim = −1. Donc (0, 0) = −1.
x7→0 x−0 x7→0 x ∂x
f (0, y) − f (0, 0) 0 ∂f
lim = lim = 0. Donc (0, 0) = 0.
y7→0 y−0 x7 → 0 y ∂y
Soit la fonction ε définie par :
 
1 ∂f ∂f

 ε (h , h ) =
1 2 f (h1 , h2 ) − f (0, 0) − (0, 0)h1 − (0, 0)h2 , (h1 , h2 ) 6= (0, 0)
khk2 ∂x ∂y
ε(0, 0) = 0

2
Pour tout h = (h1 , h2 ) 6= (0, 0) dans R ,
2 2
f (h) + h1 h1 |h2 | h |h |
|ε(h)| = = 2 2
 = 1 32
khk2 khk2 h1 + h2 khk2

Pour h ∈ 4 : y = x, h1 = h2 et
3 √
|h1 | 2
|ε(h)| = √ 3
−→ 6= 0.
2 2 h1 4

Donc, f n’est pas différentiable en (0, 0).

4. Soit la fonction
f : Mn (R) −→ Mn (R)
2
M 7−→ M
Pour toutes matrices A et H dans Mn (R),
2 2 2
f (A + H) = (A + H) = A2 + AH + HA + H = f (A) + L(H) + H

où
L : Mn (R) −→ Mn (R)
M 7−→ M A + AM

ENSAM-Meknès
70 Chapitre 2. Fonctions différentiables

Alors L est linéaire. Pour toute matrice M dans Mn (R),

L(M ) = M H + HM
≤ |||M H||| + |||HM |||
≤ 2 |||A||| |||M |||
Alors L est continue et |||L||| ≤ 2 |||A||| . En appliquant, L à l’application identité de
Mn (R), on montre que |||L||| = 2 |||A||| . On pourra, aussi, utiliser que L est linéaire sur
2
Mn (R) qui est de dimension finie, donc L est continue. D’autre par, H ≤ |||H||| .
2

 
D’où H = o |||H||| . Ainsi f est différentiable en A et pour tout H dans Mn (R),
2

dfA (H) = AH + HA.

5. Etudions la différentiabilité de la fonction


f : G`(E) −→ Lc (E)
−1
u 7−→ u
−1
−1 −1 −1
Soit u ∈ G`(E)et h ∈ Lc (E) tel que |||h||| < u . Donc u h ≤ u |||h||| <
1. De la proposition (1.62),
 +∞ 
−1 X n
−1 −1
u + h ∈ G`(E) et idE + u h = −u h .
n=0
−1
f (u + h) = (u + h)
h  i−1
−1
= u idE + u h
 −1
−1 −1
= idE + u h u

" +∞ #
X n
−1 −1
= −u h u
n=0

" +∞ 
#
X n
−1
−1 −1
= idE − u h + −u h u
n=2
+∞  n −1
−1
−1 −1 −1
X
= u − u hu + −u h u
n=2
−1 −1
L’application L : h 7−→ −u hu est une application linéaire de Lc (E) dans Lc (E).

ENSAM-Meknès
2.2. Différentiabilité 71

Pour tout h ∈ Lc (E),


2
−1 −1 −1
|||L(h)||| = −u hu ≤ u |||h||| .

Donc L est continue. D’autre part,


+∞  n −1 +∞  n −1
−1 −1
X X
−u h u ≤ −u h u
n=2 n=2

+∞ n+1
X −1 n
≤ u |||h|||
n=2

+∞
!
n+1
X −1 n−2 2
≤ u |||h||| |||h|||
n=2

+∞
!
n+3
X −1 n 2
≤ u |||h||| |||h|||
n=0

+∞  n −1
−1
X
Donc −u h u = o (|||h|||) et f (u + h) = f (u) + L(h) + o (|||h|||) . Ainsi f st
n=2
−1 −1
différentiable sur G`(E) et pour tout h ∈ Lc (E), dfu (h) = −u hu .

6. On prend E = R dans l’exemple précédent. Ainsi, Lc (E) = R, G`(E) = R et


?

? 1 ?
f : R −→ R définie par f (x) = . De l’exemple précédent, f est dérivable sur R
x
? 0 −1 −1 1
et pour tout x ∈ R ,; f (x) = dfx (1) = −x 1x = − 2 .
x
?
7. Soit n ∈ N . La fonction f définie sur le groupe linéaire GLn (R) par f (M ) =
−1
M , est différentiable sur GLn (R) et pour toutes matrices A ∈ GLn (R) et H ∈
−1 −1
Mn (R), dfA (H) − A HA .

Proposition 2.2
Soit U un ouvert de R, f : U −→ R. Pour que f soit différentiable en a ∈ U, il faut et il
suffit que f soit dérivable en a. En outre, pour tout h ∈ R, dfa (h) = f 0 (a)h.
Preuve

ENSAM-Meknès
72 Chapitre 2. Fonctions différentiables

f est dérivable en a si et seulement si f admet un dévelippement limité d’ordre 1 en a


si et seulement si f (a + h) = f (a) + f 0 (a)h + o(h)
si et seulement si f (a + h) = f (a) + f 0 (a)h + o(|h|)
si et seulement si f est différentiable en a
En outre, pour tout h ∈ R, dfa (h) = f 0 (a)h et f 0 (a) = dfa (1). 

Proposition 2.3
Soit f, g : U −→ R deux fonctions différentiables en a et λ ∈ R.

1. la fonction f + g est différentiable en a et d(f + g)a = dfa + dga .

2. La fonction λf est différentiable en a et d(λf )a = λdfa .


Preuve
Les fonctions f et g sont différentiables en a, alors il existe deux voisinages V1 et V2 de
0E tels que a + V1 ⊂ U, a + V2 ⊂ U et

(∀h ∈ V1 ) , f (a+h) = f (a)+dfa (h)+o(khk), et (∀h ∈ V2 ) , g(a+h) = g(a)+dga (h)+o(khk).

1. Soit V = V1 ∩ V2 , alors V est un voisinage de 0E et pour tout h ∈ V,

(f + g)(a + h) = f (a + h) + g(a + h)f (a)


= f (a) + dfa (h) + o(khk) + g(a) + dga (h) + o(khk)
= (f + g)(a) + (dfa + dga ) (h) + o(khk)

Comme dfa + dga est linéaire continue, f + g est différentiable en a et d(f + g)a =
dfa + dga .

2. Pour tout h ∈ V1 ,

(λf )(a + h) = λf (a + h)
= λ (f (a) + dfa (h) + o(khk))
= λf (a) + λdfa (h) + λo(khk)
= (λf )(a) + (λdfa ) (h) + o(khk).

Or λdfa est une application linéaire continue, λf est différentiable en a et

d(λf )a = λdfa .


ENSAM-Meknès
2.2. Différentiabilité 73

Corollaire 2.2
Soit f : U −→ F différentiable sur U, g : V −→ F différentiable sur V et λ ∈ R tels que
f (U ) ⊂ V. Alors f + g et λf sont différentiables sur U.
Proposition 2.4
Soit E, F, G trois espaces normés, U, V deux ouverts respectifs de E, F, f : U −→ F et
g : V −→ G tels que f (U ) ⊂ V. Si f est différentiable en a ∈ U et g différentiable en
b = f (a), alors g ◦ f est différentiable en a et d(g ◦ f )a = dgf (a) ◦ dfa .
Preuve
Les fonctions f et g sont différentiables en a et b, respectivement. alors il existe deux
voisinages respectifs U1 et V1 de 0E et 0F tels que a + U1 ⊂ U, b + V1 ⊂ V et

(∀h ∈ U1 ) , f (a+h) = f (a)+dfa (h)+o(khk), et (∀k ∈ V1 ) , g(b+k) = g(b)+dgb (k)+o(kkk).

On a lim (dfa (h) + o(khk)) = 0F , donc il existe un voisinage W de 0E tel que pour tout
h7→0E
h ∈ W, dfa (h) + o(khk) ∈ V1 . Alors O = U1 ∩ W est un voisinage de 0E et pour tout
h ∈ O, k = dfa (h) + o(khk) et
h i
(g ◦ f )(a + h) = g f (a + h)

h i
= g b + dfa (h) + o(khk)


= g(b) + dgb (dfa (h) + o(khk)) + o dfa (h) + o(khk)
h i 
= g f (a) + dgb (dfa (h)) + dgb (o(khk)) + o dfa (h) + o(khk)

Montrons que dgb (o(khk)) + o dfa (h) + o(khk) = o(khk).
  h i
dgb [o(khk)] + o dfa (h) + o(khk) ≤ dgb khko(1) + dfa (h) + o(khk) o(1)

 
≤ khk dgb [o(1)] + kdfa (h)k + o (khk) ko(1)k

 
≤ khk dgb [o(1)] + |||dfa ||| khk + khkko(1k ko(1)k

   
≤ khk dgb [o(1)] + |||dfa ||| + ko(1k ko(1)k

ENSAM-Meknès
74 Chapitre 2. Fonctions différentiables

   

Comme lim dgb [o(1)] + |||dfa ||| + ko(1k ko(1)k = oG , dgb (o(khk))+o dfa (h) + o(khk) =
h7→0O
o(khk). Alors g ◦ f est différentiable en a et d(g ◦ f )a = dgf (a) ◦ dfa . 

Corollaire 2.3
Soit E, F, G trois espaces normés, U un ouvert de E et V un ouvert de F. Si f : U −→ F
est différentiable sur U et g : V −→ G est différentiable sur V tels que f (U ) ⊂ V, alors
g ◦ f est différentiable sur U.

2.2.1 Applications linéaires et multilinéaires


Soit E, F, E1 , . . . , En des espaces normés.
Proposition 2.5
Toute application linéaire continue f : E −→ F est différentiable sur E de différentielle
constante et pour tout x ∈ E, dfx = f.
Preuve
Soit a ∈ E. Pour tout h ∈ E,

f (a + h) = f (a) + f (h) = f (a) + f (h) + o(kh).

Comme f est linéaire continue, f est différentiable en a. 

Remarque 2.4
Soit f : R −→ R une application linéaire. Il existe a ∈ R tel que pour tout x ∈ R, f (x) =
ax. Comme dim R = 1 est finie, f est continue. Donc f est différentiable sur R et pour
tout x ∈ R, dfx = f. Donc f est dérivable sur R, f 0 (x) = dfx (1) = f (1) = a.
Proposition 2.6
Soit E, F et G trois espaces normés. On munit E×F de l norme infinie. Toute application
bilinéaire continue f : E ×F −→ G est différentiable sur E ×F et pour tout (a, b) ∈ E ×F
et pour tout (h, k) ∈ E × F,

df(a,b) (h, k) = f (a, k) + f (h, k).


Preuve
Il existe k > 0 tel que pour tout (x, y) ∈ E × F, kf (x, y)k ≤ kkxkkyk. Soit (a, b) ∈ E × F
et (h, k) ∈ E × F,

f (a, b) + (h, k) = f (a, b) + f (a, k) + f (h, b) + f (h, k) = f (a, b) + L(h, k) + f (h, k)

ENSAM-Meknès
2.2. Différentiabilité 75

avec L(h, k) = f (a, k) + f (h, b). Donc L est une application linéaire de E × F dans G et

kL(h, k)k ≤ kf (a, h)k + kf (h, b)k ≤ kkakkkk + khkkbk


≤ (kak + kbk) k(h, k)k.
 
D’où L est continue. Montrons que f (h, k) = o k(h, k)k . On a

2
f (h, k) ≤ kkhkkkk ≤ kk(h, k)k .

Donc f (h, k) = o(k(h, k)k) et

f ((, b) + (h, k)) = f (a, b) + L(h, k) + o(k(h, k)k).

Ainsi, f est différentiable en (a, b) et

df(a,b) : E × F −→ G
(h, k) 7−→ f (a, h) + f (h, b) 

La proposition suivante, est une généralisation, de la proposition ci-dessus :

Proposition 2.7
Soit E1 , . . . , En et F des espaces normés. Toute application n−linéaire continue f :
Yn Yn
Ei −→ G est différentiable sur Ei et pour tous a = (a1 , . . . , an ) et (h1 , . . . , hn ) dans
i=1 i=1
n
Y
Ei ,
i=1


dfa (h) = f (h1 , a2 , . . . , an ) + f (a1 , h2 , . . . , an ) + · · · + f a1 , a2 , . . . , an−1 , hn
n−1
X  
= f (h1 , a2 , . . . , an ) + f a1 , . . . , ai−1 , hi , ai+1 , . . . , an + f a1 , . . . , an−1 , hn .
i=2

Exemple 2.4
2
1. Soit f la fonction de variable réelle définie par f (x) = x . Soit

2 2
g : R −→ R ϕ : R −→ R
et
x 7−→ (x, x) (x, y) 7−→ xy

ENSAM-Meknès
76 Chapitre 2. Fonctions différentiables

Alors g est linéaire continue et ϕ est bilinéaire continue. Donc g et ϕ sont différentiables
2
sur R et R , respectivement. D’où f = ϕ◦g est différentiable sur R. Pour tout x ∈ R,
 
0
f (x) = dfx (1) = dϕg(x) ◦ dgx (1)
 
= dϕ(x,x) dgx (1)
 
= dϕ(x,x) g(1)
= dϕ(x,x) (1, 1)
= ϕ(x, 1) + ϕ(1, x)
= x + x = 2x.

3
2. Soit f (x) = x , x ∈ R. Alors f = ϕ ◦ g où
2 3
g : R −→ R ϕ : R −→ R
et
x 7−→ (x, x, x) (x, y, z) 7−→ xyz

Alors g est linéaire continue et ϕ est 3−linéaire continue. Donc g et ϕ sont différentiables
3
sur R et R , respectivement. D’où f = ϕ◦g est différentiable sur R. Pour tout x ∈ R,

f 0 (x) = dfx(1) 
= = dϕg(x) ◦ dgx (1)
 
= dϕ(x,x,x) dgx (1)
 
= dϕ(x,x,x) g(1)
= dϕ(x,x,x) (1, 1, 1)
= ϕ(x, x, 1) + ϕ(x, 1, x) + ϕ(1, x, x)
2 2 2 2
= x + x + x = 3x .

?
3. Soit n ∈ N et
f : Mn (R) −→ Mn (R)
2
M 7−→ M
Alors f = ϕ ◦ g avec

g : Mn (R) −→ Mn ( R) × Mn (R) ϕ : Mn ( R) × Mn (R) −→ Mn (R)


et
M 7−→ (M, M ) (M, N ) 7−→ M N

Alors g est linéaire continue et ϕ est bilinéaire continue. Donc g et ϕ sont différentiables
sur Mn (R) et Mn (R) × Mn (R), respectivement. D’où f = ϕ ◦ g est différentiable

ENSAM-Meknès
2.2. Différentiabilité 77

sur Mn (R). Pour toutes matrices A et H dans Mn (R),


 
dfA (H) = dϕg(A) ◦ dgA (H)
 
= dϕ(A,A) dgA (H)
 
= dϕ(A,A) g(H)
= dϕ(A,A) (H, H)
= ϕ(A, H) + ϕ(H, A)
= AH + HA.

?
4. Soit n ∈ N et
f : Mn (R) −→ Mn (R)
3
M 7−→ M
Alors f = ϕ ◦ g avec

g : Mn (R) −→ Mn ( R) × Mn (R) × Mn (R)


M 7−→ (M, M, M )

et
ϕ : Mn ( R) × Mn (R) × Mn (R) −→ Mn (R)
(M, N, P ) 7−→ M N P
Comme g est linéaire continue et ϕ est 3−linéaire continue, elles sont différentiables.
Pour toutes matrices A et H dans Mn (R),
 
dfA (H) = dϕg(A) ◦ dgA (H)
 
= dϕ(A,A,A) dgA (H)
 
= dϕ(A,A,A) g(H)
= dϕ(A,A,A) (H, H, H)
= ϕ(A, A, H) + ϕ(A, H, A) + ϕ(H, A, A)
2 2
= A H + AHA + AH .

5. Soit l’application
f : Mn (R) −→ R
M 7−→ det(M )
Soit
n n
g : Mn (R) −→ R
M 7−→ (M1 , . . . , Mn )

ENSAM-Meknès
78 Chapitre 2. Fonctions différentiables

ème
où Mi , 1 ≤ i ≤ n, est la i colonne de la matrice M et
n n
g : R −→ R
(v1 , . . . , vn ) 7−→ det (v1 , . . . , vn )
Alors f = ϕ ◦ g, g linéaire continue et ϕ n−linéaire continue. Donc g et ϕ sont
différentiables. D’où f est différentiable sur Mn (R). Pour toutes matrices A et
dans Mn (R),

H = hij
1≤i,j≤n  
dfA (H) = dϕg(A) ◦ dgA (H)

h i
= dϕg(A) g(H)

h i
= dϕ(A (H1 , . . . , Hn )
1 ,...,An )

 
= ϕ A1 , . . . , An−1 , Hn + ϕ A1 , . . . , An−2 , Hn−1 , An + · · · +
ϕ (H1 , A2 , . . . , An )

 
= det A1 , . . . , An−1 , Hn + det A1 , . . . , An−2 , Hn−1 , An + · · · +
det (H1 , A2 , . . . , An )

n
X n
X n
X
= hin Ain + hi,n−1 Ai,n−1 + · · · + hi1 Ai1
i=1 i=1 i=1

 
t 
= Tr com(A) H est la comatrice de A.
Où com(A) = Aij
1≤i,j≤n

Deuxième méthode du Calcul de la différentielle : Soit Eij la base
1≤i,j≤n
canonique de Mn (R). Pour tous 1 ≤ i, j ≤ n, la dérivée partielle de f d’indice i, j est

ENSAM-Meknès
2.2. Différentiabilité 79


∂f f A + tEij − f (A)
(A) = lim
∂xij t7→0
 t 
a11 . . . a1j ··· a1n a11 . . . a1j · · · a1n
 . ..
 ..

. 
1 
= lim  ai1 aij + t ain − ai1 aij ain
 
t7→0 t 

 ... .. .. .. 
 . . . 

an1 ann an1 ann

a11 . . . 0 · · · a1n
..
.
1
= lim ai1 t ain
t7→0 t .. ..
. .
an1 0 ann

1
= lim tAij = Aij , où Aij est le cofacteur d’indice i, j de A
t7→0 t 
Alors pour toutes matrices A et H = hij ,
1≤i,j≤n

n n
X ∂f X t 
dfA (H) = (A)hij = Aij hij = T r com(A) H
i,j=1
∂xij i,j=1

Proposition 2.8
Soit f, g deux fonctions réelles dérivables sur un intervalle I de R. Alors les fonctions f + g
et f g sont dérivables sur I et (f + g)0 = f 0 + g 0 , (f g)0 = f 0 g + f g 0 .
Preuve

1. Soit les applications


2 2
ϕ : I −→ R ψ : R −→ R
 et
x 7−→ f (x), g(x) (x, y) 7−→ x + y

De la proposition ci-dessus, ϕ est différentiable sur U. L’application ψ est linéaire


2
continue, donc elle est différentiable R . On a f + g = ψ ◦ ϕ est différentible, donc

ENSAM-Meknès
80 Chapitre 2. Fonctions différentiables

dérivable, sur I et pour tout x ∈ I,

(f + g)0 (x) = d(f


 + g)x (1) 
= dψϕ(x) ◦ dϕx (1)
= ψ (dfx (1), dgx (1))
= ψ (f 0 (x), g 0 (x))
= f 0 (x) + g 0 (x).
2
2. Soit l’application ξ définie sur R par ξ(x, y) = xy. Alors ξ est bilinéaire continue
et est différentiable sur R. Comme f g = ξ ◦ ϕ, f est dérivable sur I et pour tout
x ∈ I,
(f g)0 (x) = 
d(f g)x (1) 
= dξϕ(x) ◦ dϕx (1)
= dψ(f (x),g(x)) (dfx (1), dgx (1))
= dψ(f (x),g(x)) (f 0 (x), g 0 (x))
= ψ (f 0 (x), g(x)) + ψ (f (x), g 0 (x))
= f 0 (x)g(x) + f (x)g 0 (x) 

2.3 Matrice jacobienne


Proposition 2.9  
n
Soit f : U −→ R telle que pour tout x ∈ U, f (x) = f1 (x), . . . , fn (x) .

1. Pour que f soit différentiable en a ∈ U, il faut et il suffit


 que pour tout 1 ≤ i ≤ n, fi
est différentiable en a et pour tout h ∈ E, dfa (h) = df1a (h), . . . , dfna (h) .

2. Pour que f soit différentiable sur


 U, il faut  et il suffit que pour tout 1 ≤ i ≤ n, fi
est différentiable sur U et df = df1 , . . . , dfn .
Preuve
Directe. 
Définition 2.4
n ?  p ?
Soit U un ouvert de R , n ∈ N et f = f1 , . . . , fp : U −→ R , p ∈ N différentiable en
a ∈ U. Alors dfa ∈ Lc R , R .
n p

1. La matrice de dfa dans les bases canoniques est dite la matrice jacobienne de f en
a. Elle est notée Jacf (a).

ENSAM-Meknès
2.3. Matrice jacobienne 81

2. Si n = p, le déterminant de la matrice jacobienne de f en a est appelé le jacobien


de f en a et est noté Jf (a).
Proposition 2.10
Sous les mêmes hypothèses de la proposition ci-dessus, la matrice jacobienne de f en a
est
∂f1 ∂f1
 

 (a) · · · (a) 



 ∂x 1 ∂x n




 ∂f 2 ∂f 2


(a) · · · (a)

 

∂x ∂x ∈ Mn,p (R).
 
Jacf (a) = 
 
1 n
 
. .

. .
 
. .

 


 

∂f ∂f

 

p p
(a) · · ·
 

 (a) 
∂x1 ∂xn
Preuve
n
Soit B = (e1 , . . . , en ) et B 0 = e0 1 , . . . , e0 p les bases canoniques respectives de R et

p n 
R . Soit 1 ≤ j ≤ p. Pour tout h = (h1 , . . . , hn ) ∈ R , dfa (h) = df1 (a), . . . , dfp (a) =
p
X
dfk (a)ek . Donc
k=1
p p
 X X ∂fj
dfa ej = dfk (a)ej = (a).
k=1 k=1
∂x k

D’où le résultat. 
Remarque 2.5  
∂f ∂f
Si p = 1 dans la définition ci-dessus, Jacf (a) = (a), . . . , (a) est appelée le
∂x1 ∂xn
gradient de f en a et est noté gradf (a) ou 5f (a).

La proposition ci-dessous est évidente.


Proposition 2.11
n n
Soit f : U ⊂ R −→ R différentiable en a ∈ U. Alors pour tout h ∈ R , dfa (h) = 5f (a) · h,
produit scalaire usuel.
Proposition 2.12 (Règle des chaines)
n p  p
Soit U un ouvert de R , V un ouvert de R , f = f1 , . . . , fp : U −→ R et g : V −→ R
différentiables en a ∈ U et en b = f (a) ∈ V tels que f (U ) ⊂ V. Alors ϕ = g ◦ f est
différentiable en a et pour tout 1 ≤ i ≤ n,
p  ∂f
∂ϕ X ∂g  j
(a) = f (a) (a).
∂xi j=1
∂yj ∂xi

ENSAM-Meknès
82 Chapitre 2. Fonctions différentiables

Preuve
De la proposition (2.4), dha = dgf (a) ◦ dfa . Alors Jach (a) = Jacg (f (a)) Jacf (a). D’où le
résultat. 

Exemple 2.5  
2
1. On munit R de la norme infinie. Soit g : B 0 2 , R −→ R différentiable sue
  R

B 0 2 , R , R > 0. Alors
R

ϕ : U = ]−R, R[ × R −→ R
(r, θ) 7−→ g(r cos θ, r sin θ)

Comme f = (f1 , f2 ) : (r, θ) 7−→ (r cos θ, r sin θ) est différentiable sur U car ses
composantes le sont. De la règle des chaines, pour tout (r, θ) ∈ U,

∂ϕ ∂g ∂f ∂g ∂f
(r, θ) = (r cos θ, r sin θ) 1 (r, θ) + (r cos θ, r sin θ) 2 (r, θ)
∂r ∂x ∂r ∂y ∂r
∂g ∂g
= cos θ (r cos θ, r sin θ) + sin θ (r cos θ, r sin θ)
∂x ∂y

∂ϕ ∂g ∂f ∂g ∂f
(r, θ) = (r cos θ, r sin θ) 1 (r, θ) + (r cos θ, r sin θ) 2 (r, θ)
∂θ ∂x ∂θ ∂y ∂θ
∂g ∂g
= −r sin θ (r cos θ, r sin θ) + r cos θ (r cos θ, r sin θ)
∂x ∂y

  3
3
2. On munit R de la norme infinie. Donc B 0 3 , R = ]−R, R[ , R > 0. Soit
   R

g : B 0 3 , R −→ R différentiable sue B 0 3 , R . Il existe


R R

Φ : U = ]−R, R[ × R × ]−R, R[ −→ R
(r, θ, z) 7−→ g(r cos θ, r sin θ, z)

Comme f = (f1 , f2 , f3 ) : (r, θ) 7−→ (r cos θ, r sin θ, z) est différentiable sur U car ses

ENSAM-Meknès
2.3. Matrice jacobienne 83

composantes le sont. De la règle des chaines, pour tout (r, θ) ∈ U,


∂Φ ∂g ∂f ∂g ∂f
(r, θ, z) = (r cos θ, r sin θ, z) 1 (r, θ, z) + (r cos θ, r sin θ, z) 2 (r, θ, z)+
∂r ∂x ∂r ∂y ∂r
∂g ∂f3
(r cos θ, r sin θ, z) (r, θ, z)
∂z ∂r
∂g ∂g
= cos θ (r cos θ, r sin θ) + sin θ (r cos θ, r sin θ)
∂x ∂y

∂Φ ∂g ∂f ∂g ∂f
(r, θ, z) = (r cos θ, r sin θ, z) 1 (r, θ, z) + (r cos θ, r sin θ, z) 2 (r, θ, z)+
∂θ ∂x ∂θ ∂y ∂θ
∂g ∂f3
(r cos θ, r sin θ, z) (r, θ, z)
∂z ∂θ
∂g ∂g
= −r sin θ (r cos θ, r sin θ) + r cos θ (r cos θ, r sin θ)
∂x ∂y

∂Φ ∂g ∂f ∂g ∂f
(r, θ, z) = (r cos θ, r sin θ, z) 1 (r, θ, z) + (r cos θ, r sin θ, z) 2 (r, θ, z)+
∂z ∂x ∂z ∂y ∂z
∂g ∂f3
(r cos θ, r sin θ, z) (r, θ, z)
∂z ∂z
∂g
= (r cos θ, r sin θ, z)
∂z
  3
3
3. On munit R de la norme infinie. Donc B 0 3 , R = ]−R, R[ , R > 0. Soit
   R

g : B 0 3 , R −→ R différentiable sue B 0 3 , R . Il existe


R R

Φ : U = ]−R, R[ × R × R −→ R
(r, θ, ϕ) 7−→ g(r cos θ sin ϕ, r sin θ sin ϕ, r cos ϕ)

Comme f = (f1 , f2 , f3 ) : (r, θ, ϕ) 7−→ (x, y, z) = (r cos θ sin ϕ, r sin θ sin ϕ, r cos ϕ)
est différentiable sur U car ses composantes le sont. De la règle des chaines, pour
tout (r, θ) ∈ U,
∂Φ ∂g ∂f ∂g ∂f ∂g ∂f
(r, θ, ϕ) = (x, y, z) 1 (r, θ, ϕ) + (x, y, z) 2 (r, θ, ϕ) + (x, y, z) 3 (r, θ, ϕ)
∂r ∂x ∂r ∂y ∂r ∂z ∂r
∂g ∂g ∂g
= cos θ sin ϕ (x, y, z) + sin θ sin ϕ (x, y, z) + cos ϕ (x, y, z)
∂x ∂y ∂z
∂Φ ∂g ∂f ∂g ∂f ∂g ∂f
(r, θ, ϕ) = (x, y, z) 1 (x, y, z) + (x, y, z) 2 (r, θ, ϕ) + (x, y, z) 3 (r, θ, ϕ)
∂θ ∂x ∂θ ∂y ∂θ ∂z ∂θ
∂g ∂g
= −r sin θ sin ϕ (x, y, z) + r cos θ sin ϕ (x, y, z)
∂x ∂y

ENSAM-Meknès
84 Chapitre 2. Fonctions différentiables

∂Φ ∂g ∂f ∂g ∂f ∂g ∂f
(r, θ, ϕ) = (x, y, z) 1 (r, θ, ϕ) + (x, y, z) 2 (r, θ, ϕ) + (x, y, z) 3 (r, θ, ϕ)
∂ϕ ∂x ∂ϕ ∂y ∂ϕ ∂ϕ ∂ϕ
∂g ∂g ∂g
= r cos θ cos ϕ (x, y, z) + r sin θ cos ϕ (x, y, z) − r sin ϕ (x, y, z)
∂x ∂y ∂z

2.4 Inégalité des accroissements finis


Proposition 2.13
Soit a et b deux éléments différents de U tels que [a, b] ⊂ U. Soit f : U −→ R différentiable
sur U. Alors il existe c ∈]a, b[ tel que f (a) − f (b) = dfc (a − b).

Preuve
Soit les applications

ϕ : [0, 1] −→ [a, b] g : [0, 1] −→ R 


et 
t 7−→ a + t(b − a) t 7−→ f a + t(b − a)

Soit ϕ1 : t 7−→ a et ϕ2 : t 7−→ t(b − a). Alors ϕ1 est constante et ϕ2 est linéaire. Donc ϕ1
et ϕ2 sont différentiables sur [0, 1]. Donc g est dérivable sur [0, 1] et pour tout t ∈ [0, 1],

 
g 0 (t) = dgt (1) = dfϕ(t) ◦ dϕt (1) = dfϕ(t) [ϕ2 (1)] = dfϕ(t) (b − a).

Du théorème des accroissements finis, il existe α ∈]0, 1[ tel que g(1) − g(0) = g 0 (α)(1 − 0).
Donc f (b) − f (a) = dfc (b − a), où c = a + α(b − a) ∈]a, b[. 

Définition 2.5
Une application f : U −→ F est dite de classe C s’elle est différentiable sur U et
1

df : U −→ Lc (E, F ) est continue.

Exemple 2.6
−1
1. Soit E un espace de Banach. Soit f : G`(E) −→ Lc (E) définie par f (u) = u .
Alors f est différentiable. Soit a fixé dans G`(E) et x quelconque dans G`(E). Pour

ENSAM-Meknès
2.4. Inégalité des accroissements finis 85

tout h ∈ E,

−1 −1 −1 −1
|||(dfa − dfx ) (h)||| = −a ha + x hx

 
−1 −1 −1 −1 −1 −1 −1
= −a ha + x −a hx + a hx

   
−1 −1 −1 −1 −1 −1
= a h x −a + x −a hx

 
−1 −1 −1 −1
≤ a + x x −a |||h|||

Donc  
−1 −1 −1 −1
|||dfx − dfa ||| ≤ a + x x −a
.
 
−1 −1 −1 −1 −1
≤ 2 a + x −a x −a

Comme f est continue en a, il existe α >0 tel que pour  tout y ∈ G`(E) vérifiant
−1 −1 ε ε
|||y − a||| < α, on a y − a < min , , 1 . Si |||x − a||| < α, alors
4 |||a−1 ||| 2
|||dfx − dfa ||| < ε. Par suite la différentielle

df : G`(E) −→ Lc (Lc (E))


x 7−→ dfx

est continue. Par suite f est de classe C sur G`(E).


1

2. On suppose que E est un espace de Banach. Pour tout u ∈ Lc (E) et pour tout
k k
Xn u X n
|||u||| ||u||
X un
n ∈ N, ≤ ≤ e . Alors la série est absolument conver-
k=0
k! k=0
k! n!
X un
gente dans l’espace de Banach, Lc (E). Donc est convergente dans Lc (E).
n!
Sa somme est notée e . Soit l’application f : Lc (E) −→ Lc (E) définie pour tout
u

+∞ n
X u
u ∈ Lc (E) par f (u) = e = . Montrons que f est de classe C . Soit u et h
u 1

n=0
n!
dans Lc (E).

ENSAM-Meknès
86 Chapitre 2. Fonctions différentiables

+∞ n +∞ n
X (u + h) X u
f (u + h) − f (u) = −
n=0
n! n=0
n!
+∞ n n
(u + h) − u
X
=
n=0
n!
+∞
X1X n
= (u ◦ · · · u ◦ h ◦ u · · · ◦ u) + ε(h)
n=1
n! i=1 ↑
i

où ε(h) est une somme de composés d’au plus (n − 2) − u et au moins deux h. Alors
+∞ n
X 1X
ε(h) = o(|||h|||). L’application L : h 7−→ (u ◦ · · · u ◦ h ◦ u · · · ◦ u) est linéaire.
n=1
n! i=1

i
En outre,
+∞ n
X 1X
|||L(h)||| = (u ◦ · · · u ◦ h ◦ u · · · ◦ u)
n=1
n! i=1 ↑
i

+∞ n
X 1X
= u ◦ ···u ◦ h ◦ u··· ◦ u
n=1
n! i=1 ↑
i

+∞ n
X 1X n−1
≤ |||u||| |||h|||
n=1
n! i=1

 n−1

+∞ u
X
≤   |||h|||
n=1
(n − 1)!

+∞ n−1
!
X |||u||| ||u||
Donc |||L(h)||| ≤ |||h||| et |||L(h)||| ≤ e |||h||| . Ainsi, L est continue et
n=1
(n − 1)!
||u||
|||L||| ≤ e . Par suite, f est différentiable en u et
+∞ n
X 1X
dfu (h) = (u ◦ · · · u ◦ h ◦ u · · · ◦ u).
n=1
n! i=1 ↑
i

Si u et h commutent, alors
+∞ n +∞ n−1
!
X 1 X n−1 X nu u
dfu (h) = (u ◦ h) = ◦ h = e ◦ h.
n=1
n! i=1 n=1
n!

ENSAM-Meknès
2.4. Inégalité des accroissements finis 87

Montrons que df est continue sur Lc (E). Soit les applications


n−1
Ψ : Lc (E) −→ (Lc (E))
u 7−→ (u, . . . , u)
n−1
Φ : (Lc (E)) −→ Lc (Lc (E))
 
v1 , . . . , vn−1 7−→ Φ v1 , . . . , vn−1
telle que

: Lc (E) −→ Lc (E)

Φ v1 , . . . , vn−1
+∞ n
X 1X 
h 7−→ v1 ◦ · · · vi−1 ◦ h ◦ vi · · · ◦ vn−1
n=1
n! i=1

Alors Φ est (n−1)−linéaire. Pour montrer que Φ est continue, il suffit de montrer que
   n−1 
   n−1
Φ est bornée sur S 0Lc (E) , 1 . Pour tout v1 , . . . , vn−1 ∈ S 0Lc (E) , 1
et tout h ∈ Lc (E),
+∞ n
 X 1X
Φ v1 , . . . , vn−1 (h) ≤ v1 ◦ · · · vi−1 ◦ h ◦ vi · · · ◦ vn−1
n=1
n! i=1
+∞ n
X 1X
≤ |||vi ||| · · · vn−1 |||h|||
n=1
n! i=1
+∞ n
!
X 1X
≤ 1 |||h|||
n=1
n! i=1
+∞
!
X 1
≤ |||h|||
n=1
n!
≤ e |||h|||

Alors Φ v1 , . . . , vn−1 ≤ e. Ainsi, Φ est continue. D’autre part, kΨ(u)k∞ = |||u||| .
En tant qu’application linéaire, Ψ est continue. Donc l’application df = Φ ◦ Ψ est
continue sur Lc (E). Par suite f est de classe C sur Lc (E).
1

Proposition 2.14
Soit f : U −→ F une application de classe C . Alors pour tout [a, b] ⊂ U,
1

Z 1
f (b) − f (a) = dfa+t(b−a) (b − a)dt.
0

ENSAM-Meknès
88 Chapitre 2. Fonctions différentiables

Preuve
On reprend les notations utilisées dans la preuve de la proposition (2.13). La fonction g
est de classe C surZ [0, 1]. De la formule de Taylor Zavec reste intégral d’ordre 0 appliquée
1

1 1
à g, g(1) − g(0) = g 0 (t)dt. Ainsi f (b) − f (a) = dfa+t(b−a) (b − a)dt. 
0 0

Proposition 2.15 (Formule de Taylor avec reste intégral)


Soit [a, b] ⊂ U et f : U −→ F de classe C sur U. Alors
1

kf (b) − f (a)k ≤ Kka − bk

tel que pour tout x ∈ U, |||dfx ||| ≤ K.


Preuve
La fonction df est continue sur [a, b] qui est un compact de E. Alors K existe.
Z 1
kf (b) − f (a)k = dfa+t(b−a) (b − a)dt
0

Z 1
≤ dfa+t(b−a) (b − a) dt
0

Z 1
≤ dfa+t(b−a) kb − akdt
0

Z 1
≤ Kkb − akdt
0

≤ Kkb − ak

Corollaire 2.4
Soit f : U ⊂ R −→ R de classe C et [a, b] ⊂ U.
n 1

n
1. Si R est muni de la norme infinie, alors

|f (b) − f (a)| ≤ sup 5f (x) ∞


ka − bk∞ .
x∈[a,b]

n
2. Si R est muni de la norme 1, alors

|f (b) − f (a)| ≤ sup 5f (x) 1


ka − bk1 .
x∈[a,b]

ENSAM-Meknès
2.4. Inégalité des accroissements finis 89

Preuve
Découle des propositions (2.15) et (1.59). 

Corollaire 2.5
On suppose que U est convexe et que f : U −→ F est de classe C sur U. Si df est bornée
1

sur U, alors f est lipschitzienne sur U.


Corollaire 2.6
On suppose que U est convexe et que f : U −→ F est de classe C sur U. Si df est nulle
1

sur U, alors f est constante sur U.


Théorème 2.1
On suppose que U est un ouvert de R , n ∈ N . Pour que f soit de classe C sur U il
n ? 1

faut et il suffit qu’elle admet des dérivées partielles continues sur U.


Preuve
n
Soit (e1 , . . . , en ) la base canonique de R qui est muni de la norme infinie. Supposons que
f est de classe C sur U. Soit 1 ≤ i ≤ n. Du corollaire (2.1), f admet une dérivée partielle
1

d’indice i sur U. Soit a ∈ U fixé et ε > 0. Il existe α > 0 tel que pour tout x ∈ U tel que
kx − ak < α, |||dfx − dfa ||| < ε. Pour tout x ∈ U tel que kx − ak < α, on a
∂f ∂f
(x) − (a) = |dfx (ei ) − dfa (ei )| ≤ |||dfx − dfa ||| kei k ≤ |||dfx − dfa ||| < ε.
∂xi ∂xi
∂f
Alors est continue en a donc sur U.
∂xi
Supposons que f admet des dérivées partielles continues sur U. Montrons que f est
différentiable sur U. Soit a ∈ U. Il existe r > 0 tel que B(a, r) ⊂ U. Soit h = (h1 , . . . , hn ) ∈
n
R tel que khk < r. Alors a + h ⊂ U. Posons pour tout 1 ≤ k ≤ n,
k
X 
bk = a + hi ei = a1 + h1 , . . . , ak + hk , ak+1 , . . . , an et b0 = a.
i=1
n n h n
X ∂f X i X ∂f
f (a + h) − f (a) − (a)hi = f (bk ) − f bk−1 − (a)hi
i=1
∂x i i=1  i=1
∂x i
n 
X  ∂f
= f (bi ) − f bi−1 − (a)hi
i=1
∂xi
 
Soit pour tout 1 ≤ i ≤ n, la fonction ϕi de variable réelle définie sur hi−1 , hi , avec
∂f
h0 = 0, par ϕi (x) = f bi−1 + xei . Alors ϕi est dérivable et ϕ0i (x) =
 
bi−1 + xei .
∂xi

ENSAM-Meknès
90 Chapitre 2. Fonctions différentiables

Du théorème des accroissement finis appliqué à ϕi sur [0, hi ] , il existe ci ∈ [0, hi ] te l que
∂f 
ϕi (hi ) − ϕi (0) = bi−1 + ci ei hi . Soit ε > 0. De la continuité des dérivées partielles
∂xi
en a, il existe 0 < α < r tel que pour tout x ∈ U vérifiant kx − ak < α, on a pour
∂f ∂f ε
tout 1 ≤ i ≤ n, (x) − (a) < . Supposons que khk < α, alors pour tout
∂xi ∂xi n
∂f  ∂f
1 ≤ i ≤ n, |hi | ≤ khk < α et bi−1 + ci ei − a < α. Donc bi−1 + ci ei − (a) < ε.
∂xi ∂xi
Ainsi,
n n  
X ∂f X ∂f
f (a + h) − f (a) − (a)hi = ϕi (hi ) − ϕi (0) − (a)hi
i=1
∂xi i=1
∂xi

n  
X ∂f  ∂f
= bi−1 + ci e i − (a) hi
i=1
∂xi ∂xi

n
X ∂f  ∂f
≤ bi−1 + ci ei − (a) |hi |
i=1
∂x i
∂x i

n
X ∂f  ∂f
≤ bi−1 + ci ei − (a) khk
i=1
∂x i
∂x i

n
!
X ε
≤ khk
i=1
n
≤ εkhk

n
X ∂f
Donc f (a + h) − f (a) − (a)hi = o(khk). Ainsi f est différentiable en a et sur U.
i=1
∂x i
? n
Soit pour tout 1 ≤ i ≤ n, pi = ei la projection d’indice i de R sur R et

Φi : R −→ Lc R , R
n 

t 7−→ tpi

n  
X ∂f
Alors Φi est linéaire continue de norme subordonnée 1. Donc df = Φi ◦ est
i=1
∂xi
continue sur U et f est de classe C sur U.
1


ENSAM-Meknès
2.5. Formules de Taylor 91

Remarque 2.6
n
Soit f : U ⊂ R −→ R différentiable. On note pour tout 1 ≤ i ≤ n, dxi = pi la la
n
projection d’indice i de R sur R. Alors
n
X ∂f
df = dxi .
i=1
∂xi

Exemple 2.7
L’application det est continue sur l’algèbre Mn (R) des matrices carrées réelles d’ordre
∂ det
n ∈ N . Pour tout M ∈ Mn (R) et tous 1 ≤ i, j ≤ n,
?
= Mij le cofacteur d’indice
∂xij
i, j de M. Alors toutes les dérivées partielles d’indice 1 de det sont continues sur Mn (R).
Ainsi, det est de classe C sur Mn (R).
1

2.5 Formules de Taylor


Définition 2.6
1. On dit que f est deux fois dérivable en a si f est deux fois différentiable sur U et
l’application
df : U −−→ Lc (E, F )
x 7−→ dfx
La différentielle d’ordre 2 en a est

d fa = d (df )a : E −−−−−−→ Lc (E, F )


2

2. L’application f est dite deux fois différentiable sur U s’elle est deux fois différentiable
en tout point de U. La différentielle d’ordre deux sur U est
 
d f : U −−−−−−→ Lc E, Lc (E, F )
2

Remarque 2.7
1. Soit Bc (E, F ) l’espace des applications bilinéaires continues de E × E dans F.
L’application
 
Ψ : Lc E, Lc (E, F ) −→ Bc (E, F )
ϕ 7−→ Ψ(ϕ) : E × E −→ F h i
(x, y) 7−→ ϕ(x) (y)

ENSAM-Meknès
92 Chapitre 2. Fonctions différentiables

est un isomorphisme d’espaces normés, tel que la norme de Bc (E, F ) est définie
pour tout ϕ ∈ Bc (E, F ), par :

|||ϕ||| = sup kϕ(x, y)k .


kxk=1, kyk=1

h i
2
2. Si f est deux fois différentiable en a, alors l’application ϕ : (h, k) 7−→ d fa (h) (k)
h i
2
est une application bilinéaire continue de E × E dans F. L’élément d fa (h) (k) est
h i
2 2 2 2
noté d fa .h.k et l’élément d fa (h) (h) est noté d fa .h .

Définition 2.7
n ?
1. On suppose que U est un ouvert de R , n ∈ N . Soit 1 ≤ i, j ≤ n. On dit que
f admet une dérivée partielle d’ordre 2 d’indice i, j en a si f admet une dérivée
∂f
partielle d’ordre 1 d’indice j sur U et la dérivée partielle admet une dérivée
∂xj
2  
∂ f ∂ ∂f
partielle d’ordre 1 d’indice i en a. Dans ce cas on note (a) = (a).
∂xi xj ∂xi ∂xj
2  
∂ f ∂ ∂f
Si i = j, on note (a) = (a).
∂x2i ∂xi ∂xi
r
X
2. Par récurrence, on définit les dérivées partielles d’ordre |α| = αi , où α =
i=1
r
(α1 , . . . , αr ) ∈ N , par :
|α| α α
!
∂ 1 ∂ rf
 
α ∂ f
D f (a) = α α (a) = α ··· α ··· (a).
∂x1 1 . . . ∂xr r ∂x1 1 ∂xr r

3. On dit que f est k−fois différentiable en a s’elle est (k − 1)−fois différentiable sur
k−1 k
U et d f est différentiable en a. Sa différentielle d’ordre k en a est notée d f (a).

4. L’application f est dite de classe C sur U s’elle est k−fois différentiable sur U et
k

sa différentielle d’ordre k est continue sur U.



5. On dit que f est de classe C sur U s’elle est k−fois différentiable sur U pour tout
k ∈ N . C’est à dire s’elle est classe C sur U s’elle est k−fois différentiable sur U
? k

?
pour tout k ∈ N .

ENSAM-Meknès
2.5. Formules de Taylor 93

Définition 2.8
On dit que f est de classe C , k ∈ N sur U s’elle est k−fois dérivable sur U et sa
k ?

k
différentielle, d f, d’ordre k est continue sur U.

En appliquant le théorème (2.1), on obtient le théorème suivant :


Théorème 2.2
Pour que f soit de classe C sur U ⊂ R il faut et il suffit qu’elle admet des dérivées
k n

partielles d’ordre ≤ k continues sur U.


Exemple 2.8  
2 2
Soit la fonction xy x − y
 f (x, y) = , (x, y) 6= (0, 0)

 x2 + y 2

 f (0, 0) = 0

f (x, 0) − f (0, 0) ∂f
lim = 0. Donc (0, 0) = 0.
x7→0 x ∂x
f (0, y) − f (0, 0) ∂f
lim = 0. Donc (0, 0) = 0. D’où
y7→0 y ∂y
 4 2 3 5
∂f x y + 4x y − y
(x, y) = , (x, y) 6= (0, 0)

 2
 ∂x

(x2 + y 2 )


 ∂f (0, 0 = 0)



∂x
 5 3 2 4
∂f x − 4x y − xy
(x, y) = , (x, y) 6= (0, 0)

 2
 ∂y

(x2 + y 2 )


 ∂f (0, 0) = 0



∂x
∂f ∂f
(0, y) − (0, 0) −y
5 2
∂f
lim ∂x ∂x = lim 5 = −1. Donc (0, 0) = −1.
y7→0 y y7→0 y ∂y∂x
∂f ∂f
(x, 0) − (0, 0) 5 2 2
∂y ∂y x ∂f ∂f
lim = lim 5 = 1. Donc (0, 0) = 1. Ainsi (0, 0) 6=
x7→0 x x7→0 x ∂x∂y ∂x∂y
2
∂f
(0, 0).
∂y∂x

ENSAM-Meknès
94 Chapitre 2. Fonctions différentiables

Théorème 2.3 (Accroissements finis à deux dimensions)


2
Soit f 2−fois différentiable sur U ⊂ R . Pour tous a < b et c < d tels que [a, c]×[b, d] ⊂ U,
il existe a < α < c et b < β < d tels que
2
∂f
f (c, d) − f (a, d) − f (c, b) + f (a, b) = (c − a)(d − b) (α, β).
∂y∂x
Preuve
Soit la fonction ϕ définie sur [a, b] définie par ϕ(x) = f (x, d)−f (x, b). Alors ϕ est dérivable
∂f ∂f
sur [a, c]. De la règle des chaines, pour tout x ∈ [a, c], ϕ0 (x) = (x, d) − (x, c). Du
∂x ∂x0
théorème des accroissements finis, il existe α ∈ [a, c] tel que ϕ(c) − ϕ(a) = ϕ (α)(c − a).
Donc  
∂f ∂f
f (c, d) − f (c, b) − f (a, d) + f (a, b) = (c − a) (α, d) − (α, c) .
∂x ∂x
∂f
La fonction ψ définie sur [b, d] par ψ(y) = (α, y) est dérivable sur [b, d] et pour tout
2
∂x
∂f
y ∈ [b, d], ψ 0 (y) = (α, y). Du théorème des accroissements finis, il existe β ∈ [b, d]
∂y∂x
tel que ψ(d) − ψ(c) = ψ 0 (β)(d − b). Donc
2
∂f
f (c, d) − f (c, b) − f (a, d) + f (a, b) = (c − a) [ψ(d) − ψ(c)] = (c − a)(d − b) (α, β).
∂y∂x

Remarque 2.8
Sous les mêmes conditions de la proposition ci-dessus, il existe a < ξ < c et b < ζ < d
tels que
2
∂f
f (c, d) − f (a, d) − f (c, b) + f (a, b) = (c − a)(d − b) (ξ, ζ).
∂x∂y
Lemme 2 (Schwarz) 2 2
∂f ∂f
Si f est de classe C sur U ⊂ R , alors pour tous 1 ≤ i, j ≤ n,
2 n
=
∂xi ∂xj ∂xj ∂xi
Preuve
2 2
Le problème se restreint à U ⊂ R  . On suppose
 que R de la norme infinie. Soit (a, b) ∈ U,
2
alors il existe r > 0 tel que B (a, b), r ⊂ U. Soit (h, k) ∈ R tel que h 6= 0, k 6= 0 et
k(h, k)k < r. Alors [a, a + h] × [b, b + k] ⊂ U. Du théorème (2.3), il existe α, ξ dans [a, a + h]
et β, ζ dans [b, b + k] tels que
2 2
∂f ∂f
f (a + h, b + k) − f (a, b + k) − f (a + h, b) + f (a, b) = hk (α, β) = hk (ξ, ζ).
∂y∂x ∂x∂y

ENSAM-Meknès
2.5. Formules de Taylor 95

2
" 2
# 2 2
∂f ∂f ∂f ∂f
Donc hk (α, β) − (ξ, ζ) = 0. et (α, β) = (ξ, ζ). Soit ε > 0. De la
∂y∂x ∂x∂y ∂y∂x ∂x∂y
2 2
∂f ∂f
continuité de et en (a, b), il existe 0 < ρ < r tel que pour tout (x, y) ∈ U
∂x∂y ∂y∂x
vérifiant k(x, y) − (a, b)k < ρ,
2 2 2 2
∂f ∂f ε ∂f ∂f ε
(x, y) − (a, b) < et (x, y) − (a, b) < .
∂x∂y ∂x∂y 2 ∂y∂x ∂y∂x 2

On suppose que k(h, k)k < ρ. Alors k(α, β) − (a, b)k < ρ et k(ξ, ζ) − (a, b)k < ρ. Donc
2 2 2 2 2 2
∂f ∂f ∂f ∂f ∂f ∂f
(a, b) − (a, b) ≤ (α, β) − (a, b) + (ξ, ζ) − (a, b)
∂y∂x ∂x∂y ∂y∂x ∂y∂x ∂y∂y ∂x∂y

ε ε
< + =ε
2 2
2 2
∂f ∂f
Par suite (a, b) = (a, b). 
∂y∂x ∂x∂y

Théorème 2.4
Si f : U −→ R est deux fois différentiable en a, alors il existe un voisinage V de 0E tel
que a + V ⊂ U et pour tout h ∈ V,
1 2 2
 2

f (a + h) = f (a) + dfa (h) + d fa .h + o khk .
2
On dit que f admet un développement limité d’ordre 2 en a.
Preuve
Il existe r > 0 tel que B (a, r) ⊂ U. Soit h non nul dans E  tel que khk < r. Alors
t
[a, a + h] ⊂ U. Soit la fonction g définie sur [0, khk] par g(t) = f a + h . Posons
khk

ϕ : [0, khk] −→ E Φ : Lc (E, R) −→ R


t et
t −
7 → a+ h u 7−→ u(h)
khk
1
La fonction g est dérivable sur [0, khk] et pour tout t ∈ [0, khk], g 0 (t) = df (h). Alors
khk ϕ(t)
1
g0 = (Φ ◦ df ◦ ϕ) . Pour tout u ∈ Lc (E, R), |Φ(u)| = |u(h)| ≤ khk |||u||| . Comme Φ est
khk

ENSAM-Meknès
96 Chapitre 2. Fonctions différentiables

linéaire, elle est continue. On peut montrer que |||Φ||| = khk. Donc φ est différentiable sur
U. Or f est deux fois différentiable en a, donc g 0 est dérivable en 0 et

g 00 (t) = dgt0 (1)


1
= d (Φ ◦ df ◦ ϕ)t (1)
khk 
1 2

= dΦ ◦ d fϕ(t) ◦ dϕt (1)
khk  dfϕ(t)
1 2

= Φ ◦ d fϕ(t) ◦ dϕt (1)
khk

1
 h i
2
= Φ d fϕ(t) dϕt (1) 

 
khk
"  #
1 2 1
= Φ d fϕ(t) h
khk khk

1 h
2
i
= Φ d f (h)
khk2 ϕ(t)

1 2 2
= 2 d fϕ(t) .h
khk
1 2 2
Donc g”(0) = 2 d fa .h . De la formule de Taylor d’ordre 2 appliquée à g en 0, on
khk
obtient
f (a + h) = g(khk)
1 2

2

= g(0) + g 0 (0)khk + g”(0)khk + o khk .
2
1 2 2

2

= f (a) + dfa (h) + d fa .h + o khk 
2

En appliqaunt le théorème ci-dessus aux composantes d’une fonction deux fois différentiable
p
en a et à valeurs dans R , on obtient la généralisation suivante :
Théorème 2.5
p ?
Si f : U −→ R , p ∈ N est deux fois différentiable en a, alors il existe un voisinage V de
0E tel que a + V ⊂ U et pour tout h ∈ V,
1 2 2
 2

f (a + h) = f (a) + dfa (h) + d fa .h + o khk .
2
On dit que f admet un développement limité d’ordre 2 en a.

ENSAM-Meknès
2.5. Formules de Taylor 97

En reprenant le même principe de la preuve du théorème (2.4 et en raisonnant par


récurrence, on aboutit au résultat suivant :
Théorème 2.6
p ?
Si f : U −→ R , p ∈ N est k−fois différentiable en a, alors il existe un voisinage V de
0E tel que a + V ⊂ U et pour tout h ∈ V,
k
X 1 k k
 k

f (a + h) = d fa .h + o khk .
i=1
k!

On dit que f admet un développement limité d’ordre k en a.


Notation 1
Soit f est de classe C en a ∈ R . Posons, pour tout α = (α1 , . . . , αn ) ∈ N de module
k n n

? n
|α| = k, tout k ∈ N et pour tout h = (h1 , . . . , hn ) ∈ R ,
|α|
α α ∂ f α α
D f (a).h = α1 αn
(a)h1 1 · · · hnn ,
∂x1 . . . ∂xn
n
X k k k
avec |α| = αi ∈ N. et d fa .h = d fa (h (. . . (h))) .
i=1

Proposition 2.16
n
Soit f : U ⊂ R −→ R deux fois différentiable en a ∈ U.
n
1. Pour tout h = (h1 , . . . , hn ) ∈ R ,
2
2 2
X ∂f
d fa .h = (a)hi hj .
1≤i,j≤n ∂xi ∂xj

2. Si f est de classe C en a ∈ R , alors pour tout h = (h1 , . . . , hn ) ∈ R ,


2 n n

n 2 2
2 2
X ∂f 2
X ∂f
d fa .h = 2
(a)hi + 2 (a)hi hj .
i=1 ∂xi 1≤i<j≤n ∂xi ∂xj

Preuve n
n
X ∂f
Soit h = (h1 , . . . , hn ) ∈ R . Pour tout x ∈ U, dfx (h) = (a)hi . Soit pour tout1 ≤
i=1
∂x i

i ≤ n, Hi définie de R dans R par Hi (t) = thi . Alors Hi est linéaire continue. Donc elle

ENSAM-Meknès
98 Chapitre 2. Fonctions différentiables

est différentiable sur R et Hi0 (t) = dHit (1) = Hi (1) = hi . D’où


 
2 2 2
d fa .h = d fa (h) (h)

n   !
X ∂f
= d Hi ◦ (h)
i=1
∂xi a

n   !
X ∂f
= Hi ◦ d (h)
i=1
∂xi a

n    
X ∂f
= Hi ◦ d (h)
i=1
∂xi a

n    
X ∂f
= Hi d (h)
i=1
∂xi a

n    
X ∂f
= Hi d (h)
i=1
∂xi a

n    
X ∂f
= d (h) hi
i=1
∂xi a

De la règle des chaines et du lemme de Schwarz, pour tout 1 ≤ i ≤ n, ,


  n   n 2
∂f X ∂ ∂f X ∂f
d (h) = (a)hj = (a)hi hj
∂xi a j=1
∂x j
∂x i j=1
∂x i
∂x j

Ainsi,
2 n 2 2
2 2
X ∂f X ∂f 2
X ∂f
d fa .h = (a)hi hj = (a)hi + 2 (a)hi hj .
1≤i,j≤n ∂xi ∂xj i=1 ∂x2i 1≤i<j≤n ∂xi ∂xj

Remarque 2.9 
e
1. Si f : U ⊂ R −→ R est deux fois différentiable en ∈ U, alors pour tout h =
2
(h1 , h2 ) ∈ R ,
2 2 2 2
2 2 ∂f 2 ∂f ∂f ∂f 2
d fa .h = 2 (a)h1 + (a)h2 h1 + (a)h1 h2 + 2 (a)h2 .
∂x ∂x∂y ∂y∂x ∂y

ENSAM-Meknès
2.5. Formules de Taylor 99

Ainsi, on note
 [2] i[2]
2 ∂f 2 ∂f h
d fa .h = (a)h1 + (a)h2 = dfa (h) .
∂x ∂y

2. Si f est de classe C en a ∈ R , alors pour tout h = (h1 , h2 ) ∈ R ,


2 2 2

h i[2]
2 2
d fa .h = dfa (h)
 [2]
∂f ∂f
= (a)h1 + (a)h2
∂x ∂y
2 2 2
∂f 2 ∂f ∂f 2
= 2 (a)h1
+ 2 (a)h h
1 2 + 2 (a)h2 .
∂x ∂x∂y ∂y

3. Si f : U ⊂ R −→ R est de classe C en a ∈ U, alors pour tout h = (h1 , . . . , hn ) ∈


n 2

n
R ,
h i[2]
2 2
d fa .h = dfa (h)
" n #[2]
X ∂f
= (a)hi
i=1
∂x i

n 2 2
X ∂f 2
X ∂f
= 2
(a)hi + 2 (a)hi hj .
i=1 ∂xi 1≤i<j≤n ∂xi ∂xj

4. Si f : U ⊂ R −→ R est de classe C en a ∈ U, alors pour tout h = (h1 , h2 ) ∈ R ,


2 k 2

h i[2]
2 k
d fa .h = dfa (h)

 [k]
∂f ∂f
= (a)h1 + (a)h2
∂x ∂y

k   k
X k ∂f i k−i
= (a)h1 h2 .
i=1
i ∂x ∂yi k−i

5. Si f : U ⊂ R −→ R est de classe C en a ∈ U, alors pour tout h = (h1 , . . . , hn ) ∈


n k

ENSAM-Meknès
100 Chapitre 2. Fonctions différentiables

n
R ,
h i[k]
k k
d fa .h = dfa (h)

" n
#[k]
X ∂f
= (a)hi
i=1 ∂xi

  |α|
X k ∂ f α α
= (a)h1 1 · · · hnn
n
α ∂x . . . ∂x n
α1 α
α=(α1 ,...,αn )∈N 1 n
|α|=k

Xk α α
= D fa .h
n α
α∈N
|α|=k

Définition 2.9
2
La matrice hessienne d’une fonction f : U ⊂ R −→ R deux fois différentiable en a ∈ U
est la matrice
 2 2 
∂f ∂f
(a) ··· ··· ··· ··· (a) 

 
 
∂x21 ∂x1 ∂xn

 


 


 


 

 2 2

 ∂f ∂f
 
!  ... 

 ∂x ∂x (a) (a) 
2 
∂f  
∈ Mn (R).
 
Hessf (a) = (a) =   2 1 ∂x2 ∂xn 


∂xi ∂xj

 .. .. .. 


1≤i,j≤n
 . . .



. ..
 

 .. ... 



 . 


2 2
 
∂f ∂f

 

(a) · · · ··· ··· ··· (a)

 

 
 2 
∂xn ∂x1 ∂xn

Remarque 2.10
1. Si f est de classe C en a ∈ R , alors Hessf (a) est une matrice symétrique.
2 n

2. Si f est deux fois différentiable en a, alors pour tout h = (h1 , . . . , hn ) ,


2 2 t
d fa h = h · Hessf (a) · h = Hessf (a)h, h .
n
où < · , · > est le produit scalaire usuel de R .

ENSAM-Meknès
2.5. Formules de Taylor 101

Exemple 2.9
2
Soit la fonction définie sur la boule ouverte unité de centre (0, 0) dans R muni de l’une
 √ √ 
1+x− 1+y
sin e
de ses trois usuelles, par f (x, y) = . Alors
2+x−y
2 2
∂f ∂f ∂f 1 ∂f 1
(0, 0) = (0, 0) = 0, 2 (0, 0) = , et (0, 0) = − .
∂x ∂y ∂y 4 ∂x∂y 8
Donc
" 2 2 2
#
∂f ∂f 1 ∂f 2 ∂ f ∂ f 2
f (h, k) = f (0, 0) + (0, 0)h + (0, 0)k + (0, 0)h + 2 (0, 0)hk + 2 (0, 0)k +
∂x ∂y 2 ∂x2 ∂x∂y ∂y
 
2
o k(h, k)k

1 1 1 2 
2

= − hk + k + o k(h, k)k
2 8 8
Théorème 2.7 (Taylor avec reste intégral)
Soit f de classe C
p+1 n
sur U, a et h dans R tels que [a, a + h] ⊂ U. Alors
p Z 1
X 1 k 1 k p p+1 p+1
f (a + h) = d f (a).h + (1 − t) d fa+th .h dt.
k=0
k! p! 0

Preuve
Soit la fonction g définie sur [0, 1] par g(t) = f (a + th). Alors g est de classe C
p+1
sur
(k) k k
[0, 1] et pour tous 0 ≤ k ≤ p + 1 et t ∈ [0, 1], g (t) = d fa+th .h . Donc
p Z 1
X 1 ( k) 1 p (p+1)
f (a + h) = g(1) = g (0) + (1 − t) g (t)dt
k=0
k! p! 0

p Z 1
X 1 k 1 k p p+1 p+1
= d f (a).h + (1 − t) d fa+th .h dt 
k=0
k! p! 0

Théorème 2.8 (Taylor-Lagrange)


n
Soit f : U −→ R, (p + 1)−différentiable sur U, a et h dans R tels que [a, a + h] ⊂ U.
Alors, il existe c ∈ [a, a + h] tel que
p
X 1 k k 1 p+1 p+1
f (a + h) = d f (a).h + d fc .h .
k=0
k! (p + 1)!

ENSAM-Meknès
102 Chapitre 2. Fonctions différentiables

C’est à dire, il existe θ ∈ [0, 1] tel que


p
X 1 k k 1 p+1 p+1
f (a + h) = d f (a).h + d fa+θh .h .
k=0
k! (p + 1)!
Preuve
On applique la formule de Taylor-Lagrange à la fonction g : t ∈ [0, 1] 7−→ f (a + th), qui
est une fonction réelle de variable réelle. 

2.6 Extremums
On suppose que f : U −→ R.
Définition 2.10
1. On dit que f admet un minimum local en a s’il existe un voisinage V ⊂ U de a
tel que pour tout x ∈ V, f (x) ≥ f (a). Si V = U, on dit que f admet un minimum
global en a.

2. On dit que f admet un maximum local en a s’il existe un voisinage V ⊂ U de a tel


que pour tout x ∈ V, f (x) ≤ f (a).

3. On dit que f admet un extremum local en a s’il admet un minimum ou un maximum


local en a.
Proposition 2.17
On supppose que f est différentiable en a. Si f admet un extremum local en a, alors
dfa = 0.
Preuve
On suppose que f admet un maximum local en a. Soit h ∈ E et g : t ∈ R 7−→ f (a+tb) ∈ R.
Il existe un voisinage V de a tel que V ⊂ U et pour tout x ∈ V, f (x) ≤ f (a). La fonction
ϕ : t 7−→ a + th est continue en 0 ∈ R et ϕ(0) = a, alors il existe un voisinage W de
0 dans R tel que ϕ(W ) ⊂ V. Pour tout t ∈ W, a + th ∈ V et f (a + th) ≤ f (a). Donc
g(t) ≤ g(0). Alors g admet un maximum local en 0. Comme g est dérivable en 0, g 0 (0) = 0
et dfa (h) = 0. 

Définition 2.11
n
Soit M une matrice carrée réelle d’ordre n. L’espace R est muni du produit scalaire usuel
h· , ·i .

ENSAM-Meknès
2.6. Extremums 103

n
1. On dit que M est positive (resp. négative) si pour tout x ∈ R ,

hM x, xi ≥ 0 (resp. hM x, xi ≤ 0).

n
2. On dit que M est définie positive (resp. négative) si pour tout x ∈ R non nul,

hM x, xi > 0 (resp. hM x, xi < 0).

Théorème 2.9
Soit f de classe C en a.
2

1. Si f admet un maximum local en a, alors Hessf (a) est négative.

2. Si f admet un minimum local en a, alors Hessf (a) est positive.


Preuve
Soit h ∈ E et la fonction g de variable réelle définie par g(t) = f (a + th).

1. Supposons que f admet un maximum en a. il exister > 0 tel que V = B(a,  r) ⊂ U


r r
tel que pour tout x ∈ V, f (x) ≤ f (a). Pour tout t ∈ − , , a+th ∈
khk + 1 khk + 1
V et g(t) ≤ g(0). Alors g admet un maximum local en 0. Comme f est de classe C en
2

a, g est de classe C en 0. Donc g”(0) ≤ 0. Or g”(0) = d fa .h = Hessf (a)h, h ≥ 0.


2 2 2

Ainsi, Hessf (a) est négative.

ENSAM-Meknès
104 Chapitre 2. Fonctions différentiables

ENSAM-Meknès
Chapitre 3

Intégrales multiples

3.1 Intégrales doubles

3.1.1 Fonctions en escalier


Définition 3.1
2
1. Un pavé de R est un produit cartésien P = [a, b] × [c, d], a ≤ b et c ≤ d, de deux
ségments de R.

2. L’aire d’un pavé P = [a, b] × [c, d] est m(P ) = (b − a)(d − c).


2
Soit P = [a, b] × [c, d] un pavé de R .

Définition 3.2
1. Une subdivision σ du pavé P est la donnée de deux subdivisions respectives σ1 =

(ai )0≤i≤n et σ2 = cj de [a, b] et [c, d]. Pour tous 0 ≤ i ≤ n − 1 et 0 ≤ j ≤
 0≤j≤m 
m − 1, Pij = ai , ai+1 × cj , cj+1 est appelée une cellule de la subdivision. Ainsi,

on note σ = Pij 0≤i≤n−1 .
0≤j≤m−1
 
Pour tous 0 ≤ i ≤ n, 0 ≤ j ≤ m−1, {ai }× cj , cj+1 et pour tous 0 ≤ i ≤ n−1, 0 ≤
  
j ≤ m, ai , ai+1 × cj sont appelés les cloisons de la subdivision.
 
2. Le pas d’une subdivision σ = Pij 0≤i≤n−1 est défini par |σ| = max m Pij .
0≤j≤m−1 0≤i≤n−1
0≤j≤m−1

105
106 Chapitre 3. Intégrales multiples

Remarque 3.1
1. Le pavé P est de mesure nulle si est seulement si P est d’intérieur vide.
n−1
[ m−1
[ n−1 m−1
X X
 
2. Si Pij 0≤i≤n−1 est une subdivision de P, alors P = Pij et m(P ) = m Pij .
0≤j≤m−1
i=0 j=0 i=0 j=0

Définition 3.3
Soit σ une subdivsion de P définie par les subdivisions σ1 et σ2 et σ 0 une subdivision de
P définies par σ10 et σ20 . On dit que σ 0 est plus fine que σ et on ote σ ≺ σ 0 si pour tout
k = 1, 2, σi0 est plus fine que σi .

Remarque 3.2
Soit σ et σ 0 deux subdivisions de P. Alors σ 0 est plus fine que σ si toute cellule de σ 0 est
contenue dans une cellule de σ.
Définition 3.4
1. On dit qu’une fonction réelle f sur P est adaptée à une subdivision σ de P s’elle
est bornée et s’elle est constante sur l’intérieure de chaque celleule de σ.

2. Une fonction en escalier sur P est une fonction réelle adaptée à une subdivision de
P.
Exemple 3.1
2
Soit P = [0, 1] et f définie sur P par :
  2
 1
f (x, y) = 1 , (x, y) ∈ 0,


 2



  

 1 1
 f (x, y) = 1.3 , (x, y) ∈ , 1 × 0,


2 2
 2
 1
f (x, y) = 1.5 , (x, y) ∈ , 1


2 



  

 1 1
 f (x, y) = 2 , (x, y) ∈ 0, × ,1


2 2

Remarque 3.3
1. Si f est adaptée à une subdivision σ de P, alors elle est adaptée à toute subdivision
de P plus fine que σ.

ENSAM-Meknès
3.1. Intégrales doubles 107

0
0

0.5 1
0.6 0.8
1 0 0.2 0.4

Figure 3.1: Fonction en escalier

2. Toutes les fonctions constantes sur P sont en escalier sur P.

3. Si P est d’intérieur vide, alors toutes les fonctions bornées sur P sont en escalier
sur P.

Proposition 3.1
L’ensemble E (P ) des fonctions réelles en escalier sur P est un sous-espace vectoriel de
l’espace F (P, R) des fonctions réelles sur P.

Proposition 3.2
La fonction nulle sur P est bornée et est adaptée à la subdivision de P dont la seule cellule
est P. Alors elle est dans E (P ).
Soit f et g dans E (P ) et α, β dans R. Alors il existe deux subdivisions σ1 et σ2 de P
adaptées respectivement à f et g. Soit σ obtenue par la fusion des cellules de σ1 et celles
de σ2 . Alors σ1 ≺ σ et σ2 ≺ σ. Donc σ est adaptée à f et g. D’où σ est adaptée à αf + βg
et αf + βg ∈ E (P ). Ainsi E (P ) est un sous-espace de F (P, R).

3.1.2 Intégrales de fonctions en escalier


2 
Soit P un pavé de R , f une fonction en escalier sur P et σ = Pij 0≤i≤n−1 une subdivision
0≤j≤m−1
de P adaptée à f. Alors pour tous 0 ≤ i ≤ n − 1 et 0 ≤ j ≤ m − 1, f = αij est constante
sur Pij .

ENSAM-Meknès
108 Chapitre 3. Intégrales multiples

Définition
n−1 3.5
X m−1
X
!

Le réel αij m Pij est indépendant de la subdivision de P adaptée à f et est
i=0 j=0
ZZ n−1 m−1
!
X X 
appelé l’intégrale de f sur P. On note f (x, y)dxdy = αij m Pij .
P i=0 j=0

Proposition 3.3 ZZ
L’application f 7−→ f (x, y)dxdy est une forme linéaire sur E (P ).
P

Proposition 3.4
Soit f, g dans E (P ) et λ, µ dans R. Alors il existe une subdivision σ = Pij 0≤i≤n−1 de

0≤j≤m−1
P adaptée à f et à g. Posons pour tous 0 ≤ i ≤ n − 1 et 0 ≤ j ≤ m − 1, f = αij et g = βij
sur Pij . Donc pour tous 0 ≤ i ≤ n − 1 et 0 ≤ j ≤ m − 1, λf + µg = λαij + µβij sur Pij .
Ainsi :
ZZ n−1 m−1
!
X X  
(λf + µg)(x, y)dxdy = λαij + µβij m Pij
P i=0 j=0
n−1 m−1
! n−1 m−1
!
X X  X X 
= λ αij m Pij +µ βij m Pij
i=0
ZZ j=0 ZZ i=0 j=0
= λ f (x, y)dxdy + µ g(x, y)dxdy.
P P

Proposition 3.5
Soit f et g deux fonctions en escalier sur P.
ZZ
1. Si f ≥ 0, alors f (x, y)dxdy ≥ 0.
P
ZZ
2. Si f ≤ 0, alors f (x, y)dxdy ≤ 0.
P
ZZ ZZ
3. Si f ≤ g, alors f (x, y)dxdy ≤ g(x, y)dxdy.
P P
ZZ ZZ
4. La fonction |f | est en escalier sur P et f (x, y)dxdy ≤ |f (x, y)dxdy.
P P

Proposition 3.6
Soit pour tous 0 ≤ i ≤ n − 1 et 0 ≤ j ≤ m − 1, f = αij .

ENSAM-Meknès
3.2. Fonctions intégrables au sens de Riemann 109

1. Supposons que f ≥ 0, alors pour tous 0 ≤ i ≤ n − 1 et 0 ≤ j ≤ m − 1, αij ≥ 0.


Donc !
ZZ n−1
X m−1
X 
f (x, y)dxdy = αij m Pij ≥ 0.
P i=0 j=0

2. On applique (1) à −f.

3. On applique (1) à g − f puis on applique la proposition (3.3).


ZZ ZZ ZZ
4. On a −|f | ≤ f ≤ |f |, donc − |f (x, y)|dxdy ≤ f (x, y)dxdy ≤ |f (x, y)|dxdy.
P P P
D’où le résultat.
Remarque 3.4
On peut avoir l’intégrale, d’une fonction en escalier sur P, positive sans que la fonction
sopit partout positive sur P en considérant une fonction en escalier positive sur le réunion
des cellules d’une subdivision adaptée à P.

3.2 Fonctions intégrables au sens de Riemann


Soit P un pvé et f : P −→ R une fonction bornée.

Définition 3.6
Une fonction f : P −→ R est dite intégrable au sens de Riemann si f vérifie les deux
axiomes suivants :

1. f est bornée sur P.

Pour tout ε > 0, il existe ϕ et ψ en escalier sur P telles que ϕ ≤ f ≤ ψ et


2. ZZ
(ψ(x, y) − ϕ(x, y))dxdy < ε.
P

Proposition 3.7
Soit f : P −→ R bornée. Les assertions suivantes sont équivalentes :

1. f est Riemann-intégrable sur P ;


ZZ
2
2. (∀ε > 0)(∃(ϕ, ψ)E (P ) , |f − ϕ| < ψ et ψ(x, y)dxdy < ε.
P

ENSAM-Meknès
110 Chapitre 3. Intégrales multiples

3. Il existe deux suites (ϕn )n∈N et (ψn )n∈N de fonctions en escalier sur P telles que pour
ZZ 
tout n ∈ N, ϕn ≤ f ≤ ψn et la suite (ψn − ϕn ) (x, y)dxdy converge vers
P n∈N
0.

4. Il existe deux suites (ϕn )n∈N et (ψn )n∈N de fonctions en escalier sur P telles que pour
ZZ 
tout n ∈ N, |f − ϕn | ≤ ψn et la suite ψn (x, y)dxdy est convergente vers
P n∈N
0.

Proposition 3.8
1 =⇒ 2 Supposons que f est intégrable sur P er soit ε > 0. Il existe ϕ et ψ en escalier
ZZ
sur P telles que ϕ ≤ f ≤ ψ et (ψ(x, y) − ϕ(x, y))dxdy < ε. Alors |f − ϕ| ≤ (ψ − ϕ)
P ZZ
ε
tel que ϕ et ψ − ϕ sont en escalier sur P et (ψ − ϕ)(x, y)dxdy < .
P
2
ZZ 2 =⇒ 1 Soit ε > 0. Il existe ϕ et ψ en escalier sur P telles que |f − ϕ| ≤ ψ et
ψ(x, y)dxdy < ε. Alors ϕ − ψ ≤ f ≤ ϕ + ψ tel que ϕ − ψ et ϕ + ψ sont en escalier sur
P
P avec ZZ ZZ
(ϕ + ψ − (ϕ − ψ))(x, y)dxdy = 2 ψ(x, y)dsdy < ε.
P P
ZZ
?
1 =⇒ 3 Pour tout n ∈ N , il existe ϕn et ψn en escalier sur P telles que (ψn − ϕn ) (x, y)dxdy <
ZZ P
1
. Ainsi lim (ψn − ϕn ) (x, y)dxdy = 0.
n n7→+∞
P

3 ⇐⇒ 4 Analogue à 1 ⇔ 2. ZZ
3 =⇒ 1 Soit ε > 0. Il existe n ∈ N tel que ϕn ≤ f ≤ ψn et (ψn (x, y) − ϕn (x, y)) dxdy <
P
ε. Par suite f est intégrable sur P.

Remarque 3.5 ZZ 


Soit f intégrable sur P. Alors f est bornée et les ensembles ϕ(x, y)dxdy : ϕ ∈ E (P ) et ϕ ≤ f
ZZ  P

et ψ(x, y)dxdy : ϕ ∈ E (P ) et ϕ ≥ f sont non vides et bornées. On définit :


P

ZZ  ZZ
I− (f ) = sup ϕ(x, y)dxdy : ϕ ∈ E (P ) et ϕ ≤ f et I+ (f ) = inf ϕ(x, y)dxdy : ϕ ∈ E (P ) et ψ ≥
P P

ENSAM-Meknès
3.2. Fonctions intégrables au sens de Riemann 111

Proposition 3.9
La fonction f est intégrable si et seulement si I− (f ) = I+ (f ).
Proposition 3.10
Supposons que f est intégrable. On I− (f ) ≤ I+ (f ). Soit ε > 0. Alors il existe deux
ZZ
fonction ϕ et ψ en escalier sur P telles que ϕ ≤ f ≤ ψ et (ψ(x, y) − ϕ(x, y))dxdy < ε.
P
Alors ZZ
I+ (f ) ≤ ψ(x, y)dxdy
ZZP ZZ
≤ ϕ(x, y)dxdy + (ψ(x, y) − ϕ(x, y))dxdy
ZZP P

< ϕ(x, y)dxdy + ε


P

< I− (f ) + ε.
Ceci étant pour tout ε > 0, ainsi I+ (f ) ≤ I− (f ) et I+ (f ) = I− (f ).
Supposons que I− (f ) = I− (f ). Soit ε > 0. Il existe deux fonctions ϕ et ψ en escalier sur
P telles que ϕ ≤ f ≤ ψ et
ZZ ZZ
ε ε
ψdxdy < I+ + = I− (f ) + < ϕdxdy + ε.
P
2 2 P
ZZ
Alors (ψ − ϕ)dxdy < ε. Par suite f est intégrable sur P.
P

Exemple 3.2
2 2
Soit f la fonction caractéristique de ([0, 1] ∩ Q) définie sur [0, 1] par :
( 2
f (x, y) = 1 si (x, y) ∈ Q
f (x, y) = 0 sinon
2
Soit ϕ et ψ en escalier sur le pavé [0, 1] telle que ϕ ≤ f ≤ ψ. Il existe une subdivision
 ◦ 2 2
σ = Pij adaptée à ϕ et à ψ avec ϕ = αij et ψ = βij sur Pij . De la densitéZZ
de Q dans R ,
2
pour tous i, j, Pij ∩Q 6= ∅. Alors pour tous i, j, αij ≤ 0 et βij ≥ 1. Ainsi ϕdxdy ≤ 0
[0,1]
et ZZ X 
ψdxdy = βij m Pij
[0,1] i,j
X 
≥ m Pij
i,j 
2
≥ m [0, 1] = 1.

ENSAM-Meknès
112 Chapitre 3. Intégrales multiples

2
Alors I− (f ) ≤ 0 et I+ (f ) ≥ 1. Ainsi I− (f ) 6= I+ (f ) et f n’est pas intégrable sur [0, 1] .
Définition 3.7 ZZ
Soit f intégrable sur P. L’intégrale de f sur P est f (x, y)dxdy = I+ (f ) = I− (f ).
P

Proposition 3.11
Soit f intégrable sur P. Alors pour toutes suites (ϕn )n∈N et (ψn )n∈N vérifiant (3) de la
ZZ  ZZ 
proposition (3.7). Alors les suites ϕn (x, y)dxdy et ψn (x, y)dxdy sont
P n∈N P n∈N
ZZ
convergentes vers f (x, y)dxdy.
P

Proposition 3.12
Soit les suites (ϕn )n∈N , (ψn )n∈N vérifiant (3) de la proposition (3.7). Soit ε > 0. Pour tout
n ∈ N, ZZ ZZ ZZ
ϕn dxdy − f dxdy = ϕn dxdy − I− (f )
P P P ZZ
= I− (f ) − ϕn dxdy
ZZP
= I+ (f ) − ϕn dxdy .
ZZ P ZZ
= ψn dxdy − ϕn dxdy
ZZP P

≤ (ψn − ϕn ) dxdy
P
ZZ  ZZ 
Comme la suite (ψn − ϕn ) dxdy converge vers 0, les suite ϕn (x, y)dxdy
P n∈N P n∈N
ZZ  ZZ
et ψn (x, y)dxdy convergent vers f dxdy
P n∈N P

Par le même principe utilisé dans la preuve de la proposition ci-dessus, on obtient :


Proposition 3.13
Soit f intégrable sur P. Alors pour toutes suites (ϕn )n∈N et (ψn )n∈N vérifiant (4) de la propo-
ZZ  ZZ
sition (3.7). Alors la suite ϕn (x, y)dxdy est convergente vers f (x, y)dxdy.
P n∈N P

Proposition 3.14
Toute fonction en escalier sur P est intégrable sur P.

ENSAM-Meknès
3.2. Fonctions intégrables au sens de Riemann 113

Proposition 3.15 ZZ ZZ
Soit f une fonction en escalier sur P. Alors I− (f ) = f dxdy et I+ (f ) = f dxdy.
P P
Ainsi I− (f ) = I+ (f ) et f est intégrable sur P.

Proposition 3.16
1. L’ensemble I (P ) des fonctions intégrables sur P est un sous-espace vectoriel de
F (P, R).
ZZ
2. L’application f 7−→ f dxdy est une forme linéaire de I (P ).
P

Proposition 3.17
De la proposition (3.14), E (P ) ⊂ I (P ) et I (P ) 6= ∅.
Soit f, g deux fonctions intégrables sur P et α, β dans R. Alors il existe des suites
(ϕn )n∈N , (ψn )n∈N et ϕ0 n et ψ 0 n
 
de fonctions en escalier sur P telles que pour
n∈N n∈N
tout n ∈ N,
ZZ ZZ
0 0
|f − ϕn | ≤ ψn , f − ϕn ≤ ψn , lim ψn dxdy = 0 et lim ψn0 dxdy = 0.
n7→+∞ n7→+∞
P P

Alors
αf + βg − αϕn + βϕ0n ≤ |α| |f − ϕn | + |β| g − ϕ0n


≤ |α|ψn + |β|ψn0 .
Comme
ZZ ZZ ZZ
0
ψn0 dxdy = 0,

lim |α|ψn + |β|ψn dxdy = |α| lim ψn + |β|
n7→+∞ n7→+∞
P P P

αf + βg est intégrable sur P et


ZZ ZZ
(αf + βg)dxdy = lim (αϕn + βϕn ) dxdy
n7→+∞
P P
ZZ ZZ
= α lim ϕn dxdy + β lim ϕ0n dxdy
n7→+∞ n7→+∞
ZZ P ZZ P

= α f dxdy + β gdxdy.
P P

Définition 3.8
On dit qu’une fonction f : P −→ R est réglée si pour tout ε > 0, il existe une fonction ϕ
en escalier sur P telle que sup |f (x) − ϕ(x)| < ε.
x∈P

ENSAM-Meknès
114 Chapitre 3. Intégrales multiples

Proposition 3.18
Toute fonction réglée sur P est intégrable sur P.

Proposition 3.19
Soit f une fonction réglée sur P et ε > 0. Il existe une fonction ϕ en escalier sur P telle
ε ε
que |f − ϕ| < . La fonction constante ψ de valeur est en escalier sur
m(P ) + 1 m(P ) + 1
P et ZZ ZZ
ε m(P )
ψ= = ε < ε.
P P
2m(P ) + 1 m(P ) + 1
D’où l’intégrabilité de f sur P.
Proposition 3.20
Toute fonction continue sur P est réglée, donc intégrable sur P.

Proposition 3.21
Soit f une fonction continue sur P. Alors f est uniformément continue sur P. Soit ε > 0.
Il existe α > 0 tel que :
2
(∀(x, y) ∈ P ), |x − z| < α et |y − t| < α =⇒ |f (x, y) − f (z, t)| < ε.
? b−a d−c
Il existe N ∈ N tel que < α et < α. Soit pour tous 0 ≤ i < N et 0 ≤ j < N,
N N
   
b−a b−a d−c d−c
Pij = a + i , a + (i + 1) × c+j , c + (j + 1) .
N N N N

Soit pour tous 1 ≤ i, j < N, uij = ai , cj dans Pij .Soit ϕ définie par :
 ◦
 ϕ(x) = f u  , x ∈ Pij
ij

 ϕ(x) = f (x) , x ∈ P \ P◦
ij ij

Soit (x, y) ∈ P, alors il existe 0 ≤ i, j < N tels que (x, y) ∈ Pij .


◦  
Si (x, y) ∈ Pij , alors |f (x, y) − ϕ(x, y)| = f (x, y) − f ai , cj . Or (x, y) ∈ Pij et ai , cj ∈
1 1
Pij , |x − ai | ≤ < α et y − cj ≤ < α, donc |f (x, y) − ϕ(x, y)| < ε.

N N
Si x 6∈ Pij , alors |f (x, y) − ϕ(x, y)| = 0 < ε. Par suite f est réglée et est intégrable sur P.
Proposition 3.22
Soit (Pα )α∈Λ une subdivision de P. Pour que f : P −→ R soit intégrable sur p il faut et il
ZZ XZZ
suffit que pour tout α ∈ Λ, f est intégrable sur Pα et on a f dxdy = f dxdy.
P α∈Λ Pα

ENSAM-Meknès
3.3. Ensembles quarrables 115

3.3 Ensembles quarrables


2
Soit A une partie bornée de R, P un pavé de R contenant A et f : A −→ R. On définit
la fonction fP : P −→ R par :
(
fP (x) = f (x) , x ∈ A
fP (x) = 0 , x 6∈ A

Proposition 3.23
Pour tout pavé Q contenant A, fQ est intégrable si et seulement si fP est intégrable. Dans
ZZ ZZ
ce cas fP dxdy = fQ dxdy.
P Q

Proposition 3.24
Soit Q un pavé de R contenant A. Alors P ∩ Q est un pavé contenant A.
Supposons que fP est intégrable sur P. Soit les subdivisions (P1 , P2 , P3 , P ∩ Q) de P et
(Q1 , Q2 , Q3 , P ∩ Q) de Q. on a fP et fQ coincident sur P ∩ Q et sont nulles sur Q1 , Q2 et
Q3 . Alors fQ est intégrable sur Q et
ZZ ZZ ZZ ZZ ZZ
fQ dxdy = fQ dxdy + fQ dxdy +
fQ dxdy + fQ dxdy
Q ZZ P ∩Q ZZ Q1 ZZ Q2 Q
ZZ 3
= fP dxdy + fP dxdy + fP dxdy + fP dxdy
ZZP ∩Q P1 P2 P3

= fP dxdy
P

P2 P3

P1 P ∩Q Q1

P
Q3 Q2

ENSAM-Meknès
116 Chapitre 3. Intégrales multiples

Définition 3.9
2
On dit que f est intégrable sur A s’il existe un pavé P de R contenant A tel que fP est
ZZ ZZ
intégrable sur P. Dans ce cas, on note f dxdy = fP dxdy.
A P

Définition 3.10
La partie A est dite quarrable si sa fonction caractéristique est intégrable sur A et on note
ZZ ZZ ZZ
sa mesure m(A) = χA dxdy = χA dxdy = dxdy.
A P A

Remarque 3.6
2
Si A est un pavé de R , alors la mesure de A définie dans la définition (3.10) coincide avec
la mesure usuelle de P définie au début du chapitre.

Définition 3.11
2
Une partie A est dite pavable de R s’ell est une réunion d’une famille (Pα )α∈Λ finie de
X
pavés. La somme m(A) = m (Pα ) ne dépend que de A et est appelée la mesure de A.
α∈Λ

Proposition 3.25
1. La réunion de parties pavables est pavable.

2. Pour tous pavés P et Q, P \ Q est une partie pavable.

3. Pour toutes parties pavables disjointes A et B, A ∪ B est pavable et m(A ∪ B) =


m(A) + m(B).

4. Pour toutes parties pavables A et B, A ∪ B et A ∩ B sont pavables et

m(A ∪ B) = m(A) + m(B) − m(A ∩ B).

Proposition 3.26
Soit g : [a, b] −→ R une fonction en escalier positive. Alors
n 2
o
B = (x, y) ∈ R : a ≤ x ≤ b et 0 ≤ y ≤ f (x)

Z b
2
est une partie quarrable de R de mesure m(B) = f (x)dx.
a

ENSAM-Meknès
3.3. Ensembles quarrables 117

Définition 3.12
On dit que A est négligeable au sens de Riemann ou R−négligeable si pour tout ε > 0,
il existe une partie pavable de R contenant A et de mesure < ε.
Proposition 3.27
1. Tout pavé d’intérieur vide est négligeable.

2. La fontière de tout pavé est négligeable.


Proposition 3.28
1. Tout pavé d’intérieur vide est une partie pavable de mesure nulle donc négligeable.

2. La frontière d’un pavé est une réunion de pavés d’intérieurs vides. Alors elle est
négligeable.
Proposition 3.29
2
Une partie A de R est négligeable si et seulement si pour tout ε > 0, il existe une famille
n n
2
[ ◦ X
finie (Pi )1≤i≤n de pavés de R telle que A ⊂ Pi et m (Pi ) < ε.
i=1 i=1

Proposition 3.30
2
Soit A une partie R . de La suffisance est triviale. Supposons que A est négligeable. Il
n
X ε
existe une famille finie (Qi )1≤in de pavés recouvrant A telle que m (Qi ) < . Soit pour
i=1
2

tout 1 ≤ i ≤ n, Pi = 2Qi . Alors pour tout 1 ≤ i ≤ n, Qi ⊂ Pi et m (Pi ) = 2m (Qi ) .
n n n
[ ◦ X X
Donc A ⊂ Pi et m (Pi ) = 2 m (Qi ) < ε.
i=1 i=1 i=1

Théorème 3.1
2 2
Soit P un pavé de R et f : P −→ R tels que l’ensemble D des points de discontinuité
de f soit négligeable. Alors f est intégrable sur P.
Proposition 3.31 n n
[ [ ◦
Comme D est négligeable, il existe une partie pavable Q = Pi telle que D ⊂ Pi et
i=1 i=1
n n  
X ◦ [ ◦
m (Pi ) < ε. De la proposition (3.25), P \ Q = P \ Pi est un ensemble pavable.
i=1 i=1
m
◦ [
Il existe une famille finie (Qi )1≤i≤m de pavés telle que P \ Q = Qi . Pour tout 1 ≤ i ≤
i=1

ENSAM-Meknès
118 Chapitre 3. Intégrales multiples

m, D ∩ Qi = ∅, la restriction de f est continue sur Qi et elle est réglée sur Qi . Alors il


existe une fonction en escalier ϕi sur Qi telle que pour tout x ∈ Qi , |f (x) − ϕi (x)| < ε.
Soit la fonction ϕ définie sur P par :
 ◦
 ϕ(x) = ϕi (x) ,

 x ∈ Q i



x∈Q

ϕ(x) = 0 , !
n

 ◦ ◦ [ [ ◦
 ϕ(x) = f (x) , x 6∈ Qi et x 6∈ Q Qi



i=1

Alors ϕ est une fonction en escalier sur P. Soit M un majorant de f sur P et ψ la fonction
définie sur P par :
M ◦

 ψ(x) =
 , x∈Q
2M + 1 ◦
ε
 ψ(x) =
 , x∈P \Q
2m(P ) + 1
Alors ψ est une fonction en escalier sur P et |f − ϕ| ≤ ψ. En plus :
ZZ  
ε ◦
ψdxdy = M m(Q) + m P \Q
P
2m(P ) + 1
M ε
≤ ε+
2M + 1 2
< ε

Par suite f est intégrable sur P.

Corollaire 3.1
Toute fonction continue bornée sur une partie bornée de frontière négligeable est intégrable.

Proposition 3.32
2 2
Soit A une partie bornée de R de frontière négligeable et p un pavé de R . Soit f continue
2
sur A et P un pavé de R contenant A. Alors l’ensemble D des points de discontinuité de
fP est contenu dans la frontière de A. Donc D est négligeable. D’où fP est intégrable sur
P. Par suite f est intégrable sur A.

Comme toute partie pavable est de frontière negligeable, on a le corollaire suivant :

Corollaire 3.2
Toute fonction continue bornée sur une partie pavable est intégrable.

ENSAM-Meknès
3.3. Ensembles quarrables 119

Proposition 3.33
Toute fonction bornée sur une partie négligeable est intégrable et d’intégrale nulle.
Preuve
2
Soit A une partie négligeable de R , f une fonction bornée sur A et M un majorant de
ε
|f |. Soit ε > 0. Il existe une partie pavable Q contenant A et de mesure < . Soit P
M +1
un pavé contenant Q, ψ = M χQ où χQ est la fonction caractéristique
ZZ de Q. Comme Q est
pavable, ψ est une fonction en escalier sur P. Alors |fP | ≤ ψ et ψdxdy = m(Q) < ε.
ZZ P

Ainsi fP est intégrable sur P et fP dxdy = 0. Par suite f est intégrable sur A et
ZZ P

f dxdy = 0. 
A

Proposition 3.34
Soit f, g intégrables sur une partie bornée A, α et β dans R. Alors αf + βg est intégrable
ZZ ZZ ZZ
sur A et (αf + βg)dxdy = α f dxdy + β gdxdy.
A A A

Proposition 3.35
Soit P un pavé contenant A. Alors (αf + βg)P = αfP + βgP est intégrable sur P. Donc
αf + βg est intégrable sur A et
ZZ ZZ
(αf + βg)dxdy = (αf + βg)P dxdy
A ZZP

= αfP + βgP dxdy
P
ZZ ZZ
= α fP dxdy + β gP dxdy
ZZP ZZ P
= α f dxdy + β gdxdy.
A A

Proposition 3.36
2
Soit A et B deux parties bornées de R et f une fonction réelle définie sur A ∪ B. Si f
est intégrable sur A et B et A ∩ B est négligeable, alors f est intégrable sur A ∪ B et
ZZ ZZ ZZ
f dxdy = f dxdy + f dxdy.
A∪B A B

Proposition 3.37
Soit P un pavé contenant A ∪ B et fA = fP χA , fB = fP χB et fA∩B = fP χA∩B . Alors
fP = fA + fB − fA∩B . Comme f es intégrable sur A et B, fA et fB sont intégrables sur

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120 Chapitre 3. Intégrales multiples

P. Comme A ∩ B est négligeable, fA∩B est intégrable sur P. Donc fP est intégrable sur P.
D’où f est intégrable sur A ∪ B et
ZZ ZZ
f dxdy = fP dxdy
A∪B ZZP
= (fA + fB − fA∩B )
ZZP ZZ ZZ
= fA dxdy + fB dxdy − fA∩B dxdy
P P P
| {z }

=
ZZ ZZ 0

= f dxdy + f dxdy
A B

Proposition 3.38
2
Soit A une partie bornée de R et f : A −→ R telles que l’ensemble des points de
discontinuité de f soit négligeable, alors f est intégrable.

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