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Laurent Smoch
Table des matières
u0 ∈ R et ∀n ∈ N, un+1 = F(un )
où F est une fonction de R dans R. Les mêmes exemples peuvent être définis par :
6 Chapitre 1. Les suites numériques
Exemple 1.2
1. ∀n ∈ N, u0 = 0 et ∀n ∈ N, un+1 = un + 1
un
2. ∀n ∈ N, u0 = 1 et ∀n ∈ N, un+1 =
un + 1
un
3. ∀n ∈ N, u0 = 1 et ∀n ∈ N, un+1 =
2
Definition 1.1.2
• Soit a un réel. On appelle suite arithmétique de raison a une suite définie par u0 ∈ R et
∀n ∈ N, un+1 = un + a
• Soit r un réel. On appelle suite géométrique de raison r une suite définie par u0 ∈ R et
∀n ∈ N, un+1 = run
On vérifie aisément par récurrence qu’une suite arithmétique de raison a a pour terme général
un = u0 + na.
De même, une suite géométrique de raison r a pour terme général un = u0 rn .
Definition 1.1.3 Soit (un )n∈N une suite de réels. On dit que la suite (un ) est :
• constante si ∀n ∈ N, un+1 = un ;
• croissante si ∀n ∈ N, un+1 ≥ un ;
• décroissante si ∀n ∈ N, un+1 ≤ un ;
• strictement croissante si ∀n ∈ N, un+1 > un ;
• strictement décroissante si ∀n ∈ N, un+1 < un ;
• monotone si elle est croissante ou décroissante ;
• majorée si {un , n ∈ N} est majoré ;
• minorée si {un , n ∈ N} est minoré ;
• bornée si {un , n ∈ N} est borné ;
• périodique si ∃p ∈ N? , ∀n ∈ N, un+p = un .
R
• (un )n∈N est croissante si et seulement si ∀n ∈ N, un+1 − un ≥ 0.
• Si (un )n∈N est une suite à termes strictement positifs, elle est croissante si et seulement
un+1
si ∀n ∈ N, ≥ 1.
un
1
Il arrive qu’une suite ne soit définie que sur une partie de N : par exemple, .
n n∈N?
On sera également améné à réduire la suite aux indices au-delà d’un certain entier n0 : (un )n≥n0 .
L’expression "à partir d’un certain rang" reviendra souvent dans les pages qui suivent. Dire que la
suite (un )n∈N possède la propriété (P) à partir d’un certain rang signifie que la suite (un )n≥n0 la
possède pour un certain n0 . On dit aussi que (P) est vraie pour "n assez grand". Voici quelques
exemples :
Definition 1.1.4 Soit (un )n∈N une suite de réels. On dit que la suite (un ) est :
• constante à partir d’un certain rang (on dit aussi stationnaire) si ∃n0 ∈ N, ∀n ≥ n0 ,
un+1 = un ;
• croissante à partir d’un certain rang si ∃n0 ∈ N, ∀n ≥ n0 , un+1 ≥ un ;
• périodique à partir d’un certain rang si ∃n0 ∈ N, ∃p ∈ N? , ∀n ≥ n0 , un+p = un .
1.1 Notions génériques 7
Exemple 1.3
4
• La suite E est constante à partir du rang n0 = 4.
n+1 n∈N
1
• La suite des décimales de est constante à partir du rang n0 = 2.
90
• La suite (|n − 5|)n∈N est croissante à partir du rang n0 = 5.
53
• La suite des décimales de est périodique, de période p = 2 à partir du rang n0 = 3.
2475
R
• Quel que soit le nombre rationnel x, la suite des décimales de x est périodique à partir
d’un certain rang.
• Si la suite (un )n∈N est majorée à partir d’un certain rang, alors elle est majorée tout
court. En effet, si un ≤ M pour tout n ≥ n0 alors pour tout entier n ∈ N,
un ≤ max{u0 , u1 , . . . , un0 −1 , M}
• De même, une suite minorée à partir d’un certain rang est minorée, une suite bornée à
partir d’un certain rang est bornée.
Proposition 1.1.1 Les opérations sur les réels s’étendent aux suites en des opérations terme à
terme.
• Addition : (un ) + (vn ) = (un + vn )
• Multiplication : (un ) × (vn ) = (un vn )
• Mulitplication par un réel : λ (un ) = (λ un )
• Comparaison : (un ) ≤ (vn ) ⇔ ∀n ∈ N, un ≤ vn
L’addition a les mêmes propriétés que celle des réels : RN muni de l’addition est un groupe
commutatif. Muni de l’addition et de la multiplication par un réel, c’est un espace vectoriel.
Cependant, le produit de deux suites peut être nul sans que les deux suites le soient : RN muni de
l’addition et de la mutiplication est un anneau commutatif non intègre.
Definition 1.1.5 Etant donnée une suite (un ), on appelle suite extraite ou sous-suite, une suite
formée de certains termes de (un ), c’est-à-dire une suite de la forme (vk ) = (uϕ(k) ), où ϕ est une
application strictement croissante de N dans N.
Exemple 1.4 Si (un ) est la suite géométrique ((−2)n ), et ϕ(k) = 2k, alors (vk ) = (4k ) : on a
extrait de la suite (un ) la suite des termes d’indice pair.
1.1.2 Convergence
On dit que la suite (un ) converge vers un réel ` (sa limite) si tout intervalle ouvert contenant `
contient aussi tous les un pour n assez grand.
Definition 1.1.6 Soit (un )n∈N une suite de réels et ` un réel. On dit que la suite (un ) converge
vers ` (ou tend vers `, ou a pour limite `) si :
On notera :
lim un = ` ou bien un −→ `
n→+∞ n→+∞
Autrement dit, tout intervalle ouvert centré en ` contient tous les termes de la suite à partir d’un
certain rang. Notons cependant que le rang n0 à partir duquel tous les termes de la suite restent dans
l’intervalle [` − ε, ` + ε] dépend de ε.
8 Chapitre 1. Les suites numériques
sin n
Exemple 1.5 Représentons les 50 premiers termes de la suite (un )n∈N? = 1+ :
n n∈N?
La limite est ` = 1. On a :
sin n 1
|un − `| = ≤
n n
Fixons ε > 0 (sur la figure ε = 0, 05). Posons n0 = E( ε1 ) + 1 (n0 = 21 pour ε = 0, 05). Pour tout
n ≥ n0 , 1n < ε donc |un − `| < ε. On constate sur la figure que un ∈ [0, 95; 1, 05] pour n ≥ 18.
∀A > 0, ∃n0 ∈ N, ∀n ≥ n0 , un ≥ A
∀A > 0, ∃n0 ∈ N, ∀n ≥ n0 , un ≤ −A
Démonstration. 1. Supposons que (un ) vérifie la définition 1.1.6 pour deux réels ` et `0 distincts.
1
Posons ε = |` − `0 |. Alors les intervalles [` − ε, ` + ε] et [`0 − ε, `0 + ε] sont disjoints. À
3
partir d’un certain rang, les un devraient appartenir aux deux intervalles à la fois ce qui est
impossible.
2. Fixons ε > 0 et n0 tel que un reste dans l’intervalle [` − ε, ` + ε] pour tout n ≥ n0 . Alors :
et
Démonstration. 1. Soient (un ) et (vn ) deux suites convergeant vers 0. Fixons ε > 0. Soit n0 tel
que pour tout n ≥ n0 , |un | < ε2 . De même, soit n1 tel que pour tout n ≥ n1 , |vn | < ε2 . Alors
pour tout n ≥ max{n0 , n1 },
ε ε
|un + vn | ≤ |un | + |vn | ≤ + =ε
2 2
10 Chapitre 1. Les suites numériques
d’où le résultat.
2. Si la suite (un ) est bornée, alors il existe M > 0 tel que pour tout entier n, |un | ≤ M. Soit (vn )
une suite convergeant vers 0. Fixons ε > 0. Soit n0 tel que pour tout n ≥ n0 , |vn | ≤ Mε . Pour
tout n ≥ n0 on a :
ε
|un vn | = |un ||vn | ≤ M|vn | ≤ M =ε
M
d’où le résultat.
Théorème 1.1.4
1. La somme de deux suites convergeant vers une limite finie est convergente et sa limite est
la somme des limites.
2. Le produit de deux suites convergeant vers une limite finie est convergent et sa limite est
le produit des limites.
Démonstration. Pour nous ramener au lemme 1.1.3, observons d’abord qu’une suite (un ) a pour
limite ` ∈ R si et seulement si la suite (un − `) admet pour limite 0.
1. Si (un ) converge vers ` et (vn ) converge vers `0 alors (un − `) et (vn − `0 ) convergent vers 0.
Donc (un − ` + vn − `0 ) converge vers 0 d’après le point 1. du lemme 1.1.3 d’où le résultat.
2. Si (un ) converge vers ` et (vn ) converge vers `0 , on veut montrer que (un vn − ``0 ) converge
vers 0. On écrit ensuite :
Il suffit donc de montrer séparément que les deux suites (un (vn − `0 )) et ((un − `)`0 ) tendent
vers 0 d’après le point 1. du lemme 1.1.3. Mais chacune de ces deux suites est le produit
d’une suite convergeant vers 0 par une suite bornée ((un ) est bornée car elle est convergente)
d’où le résultat en utilisant le point 2. du lemme 1.1.3.
Le théorème 1.1.4 est l’outil de base pour étudier des convergences de suites à partir des exemples
classiques de la section précédente. On utilise aussi la composition par une fonction continue. On
peut donner deux définitions équivalentes de la continuité, dont l’une est parfaitement adaptée aux
suites convergentes.
Definition 1.1.8 Soit f une fonction de R dans R et x un réel. On dit que f est continue au
point x si et seulement si, pour toute suite (un ) convergeant vers x, la suite des images ( f (un ))
converge vers f (x).
Toutes les fonctions qui interviennent dans ce cours sont continues, en tout point où elles sont
définies.
1
Exemple 1.7 Soit la fonction f : x 7→ , continue en tout point de R? . Donc si une suite (un )
x
1 1
converge vers ` 6= 0, la suite des inverses converge vers . En utilisant le théorème 1.1.4, on
un `
en déduit que le quotient de deux suites convergentes converge vers le quotient des limites, pourvu
que la limite du dénominateur soit non nulle.
Si la limite de (un ) ou celle de (vn ) est infinie, différentes situations peuvent se produire pour
la somme et le produit. On les résume dans les tableaux qui suivent (les points d’interrogation
désignent des indéterminations) :
1.1 Notions génériques 11
lim vn
`0 +∞ −∞
lim un
` ` + `0 +∞ −∞
+∞ +∞ +∞ ?
−∞ −∞ ? −∞
TABLE 1.1 – Limites possibles de (un + vn ) en fonction des limites de (un ) et (vn ).
Exemple 1.8
n+1
• un = n, vn = − : la suite (un + vn ) tend vers 0 ;
n
2
• un = n, vn = −n : la suite (un + vn ) tend vers −∞ ;
• un = n, vn = −n + (−1)n la suite (un + vn ) ne converge pas.
lim vn
`0 > 0 `0 < 0 `0 = 0 +∞ −∞
lim un
`>0 ``0 ``0 0 +∞ −∞
`<0 ``0 ``0 0 −∞ +∞
`=0 0 0 0 ? ?
+∞ +∞ −∞ ? +∞ −∞
−∞ −∞ +∞ ? −∞ +∞
TABLE 1.2 – Limites possibles de (un vn ) en fonction des limites de (un ) et (vn ).
sup{un , n ∈ N} et inf{un , n ∈ N}
Théorème 1.1.5
1. Toute suite croissante et majorée converge vers sa borne supérieure.
2. Toute suite croissante et non majorée tend vers +∞.
3. Toute suite décroissante et minorée converge vers sa borne inférieure.
4. Toute suite décroissante et non minorée tend vers −∞.
Démonstration. Rappelons que toute partie non vide et majorée de R admet une borne supérieure
finie. Si l’ensemble {un , n ∈ N} est majoré, il admet une borne supérieure finie qu’on note `. Puisque
` est le plus petit des majorants, pour tout ε > 0, ` − ε n’est pas un majorant. Donc il existe n0 tel
que ` − ε ≤ un0 ≤ `. Mais si (un ) est croissante alors pour tout n ≥ n0 ,
` − ε ≤ un0 ≤ un ≤ `
donc (un ) converge vers `.
Si la suite n’est pas majorée, pour tout A, il existe n0 tel que un0 ≥ A. Si (un ) est croissante, alors
pour tout n ≥ n0 ,
A ≤ un0 ≤ un
12 Chapitre 1. Les suites numériques
Definition 1.1.9 Soient (un ) et (vn ) deux suites de réels. Elles sont dites adjacentes si
1. (un ) est croissante,
2. (vn ) est décroissante,
3. (vn − un ) tend vers 0.
Démonstration. Si (un ) est croissante et (vn ) décroissante alors (vn − un ) est décroissante. Si
(vn − un ) tend vers 0, alors pour tout n, vn − un ≥ 0. Donc
u0 ≤ un ≤ vn ≤ v0
La suite (un ) est croissante et majorée par v0 donc elle converge. La suite (vn ) est décroissante et
minorée par u0 donc elle converge également. Comme la différence tend vers 0, les deux limites
sont égales (cf. théorème 1.1.4).
1 1 1 1
Exemple 1.9 Posons un = 1 + 1 + + + . . . + et vn = un + . La suite (un ) est stricte-
2! 3! n! nn!
1
ment croissante car un+1 − un = > 0. La suite (vn ) est strictement décroissante :
(n + 1)!
1 1 1 −1
vn+1 − vn = + − = <0
(n + 1)! (n + 1)(n + 1)! nn! n(n + 1)(n + 1)!
La différence vn − un tend vers 0, donc les deux suites convergent vers la même limite à savoir le
nombre e ' 2, 718. Les deux suites fournissent un encadrement extrêmement précis de e, pour un
nombre de termes calculés relativement faible. Pour n = 10, la différence vn − un vaut 2, 76 × 10−8 ,
et pour n = 100, elle vaut 1, 07 × 10−160 .
Ce même encadrement est aussi un moyen de montrer que e est irrationnel. Supposons en effet que
p p
e s’écrive e = avec p, q entiers. On aurait u p < < vq , soit :
q q
q q
1 p 1 1
∑ k! q ∑ k! + qq!
< <
k=0 k=0
Multiplions ces inégalités par qq!. Le nombre entier pq! devrait être encadré strictement par deux
entiers consécutifs, ce qui est impossible.
Théorème 1.1.7 Soient (un ) et (vn ) deux suites de réels convergentes. Si pour tout n ∈ N,
un ≤ vn alors :
lim un ≤ lim vn
n→+∞ n→+∞
Démonstration. Supposons lim un > lim vn . Alors la limite de la suite (un − vn ) est strictement
` 3`
positive. Notons ` cette limite. Pour n assez grand, un − vn ∈ , donc un − vn > 0 ce qui
2 2
contredit l’hypothèse.
1.1 Notions génériques 13
Le théorème précédent ne permet cependant pas de démontrer que l’une des deux suites (un ) ou
(vn ) converge. Pour cela, on utilise le résultat suivant :
Théorème 1.1.8 Soient (un ) et (vn ) deux suites de réels telle ques (vn ) tend vers 0. Si pour tout
n ∈ N, |un | ≤ |vn |, alors un tend vers 0.
Corollaire 1.1.9 — Théorème des gendarmes. Soient (un ), (vn ) et (wn ) trois suites de réels
telles que (un ) et (wn ) convergent vers la même limite `, et pour tout n ∈ N,
un ≤ vn ≤ wn
Démonstration. Il suffit d’appliquer le théorème 1.1.8 aux deux suites (wn − vn ) et (wn − un ).
n + (−1)n
Exemple 1.10 Soit un = . Comme (−1)n vaut +1 ou −1, on a l’encadrement suivant :
n+2
n+1 n+1
≤ un ≤
n+2 n+2
Les deux bornes de cette double inégalité tendent vers 1 donc lim un = 1.
Théorème 1.1.10 Soient (un ) et (vn ) deux suites de réels telles que pour tout n ∈ N, un ≤ vn .
1. Si un tend vers +∞ alors vn tend vers +∞.
2. Si vn tend vers −∞ alors un tend vers −∞.
Démonstration. Pour tout A, il existe n0 tel que pour tout n ≥ n0 , vn ≥ un ≥ A donc vn tend vers
+∞ si un tend vers +∞. La démonstration de l’autre affirmation est analogue.
∃M ∈ R, ∀n ∈ N, |un | ≤ M|vn |
Théorème 1.1.12 Soit a un réel strictement positif et r un réel strictement supérieur à 1. Alors :
1. rn = o(n!)
2. nα = o(rn )
3. ln n = o(na )
ln n kn + αn kn 1
= a(k +α ) ≤ a k + a k
nα e n n (e ) n (e ) n
Dans le membre de droite, le premier terme peut-être vu comme une suite extraite de la
n
suite n , avec r = ea . Nous avons vu que cette suite tend vers 0 au point 2. Donc toute suite
r
ln n
extraite tend aussi vers 0. Le dénominateur du second terme tend vers l’infini. Donc a est
n
majoré par la somme de deux suites qui convergent vers 0. D’où le résultat.
Il est bon d’avoir en tête une échelle des "infiniment petits" et des "infiniment grands", c’est-à-dire
des suites qui tendent vers 0 ou vers +∞. Pour présenter ces échelles sous forme synthétique, nous
utilisons la notation un vn , qui est équivalente à un = o(vn ).
16 Chapitre 1. Les suites numériques
1. Infiniment petits :
1 1 1 1 1 1 1 1
n n 2 √ 1
n! 10 2 n n n ln n ln(ln n)
2. Infiniment grands :
√
1 ln(ln n) ln n n n n2 2n 10n n!
un+1 = F(un )
un = F n (u0 ) = F ◦ F ◦ . . . ◦ F(u0 )
Il existe un moyen simple de visualiser les premiers termes de la suite (F n (u0 )) à partir du graphe
de la fonction F, représenté dans le plan. Portons u0 en abscisse et traçons le segment vertical allant
de (u0 , 0) à (u0 , F(u0 )). Traçons ensuite le segment horizontal rejoignant la première bissectrice,
de (u0 , F(u0 )) à (F(u0 ), F(u0 )). L’abscisse du nouveau point est u1 . On itère alors le procédé en
traçant alternativement des segments verticaux et horizontaux. On obtient ainsi une sorte de "toile
d’araignée" :
Cette représentation graphique suffit pour se faire une idée du comportement qualitatif d’une
suite récurrente réelle. Elle permet de détecter les convergences ou divergences ainsi que les
comportements oscillants.
Pour étudier la suite (un ), le premier travail consiste à identifier les limites possibles. Si la suite
(un ) converge vers `, alors la suite (un+1 ), qui est une suite extraite, converge vers la même limite `.
Proposition 1.1.13 Si F est une fonction continue et la suite récurrente (un ) converge vers `, alors
` est une solution de l’équation :
F(`) = `
On dit que ` est un point fixe de F, car si u0 = `, alors la suite est constante. Il peut se faire que
f ait plusieurs points fixes. Le comportement de la suite un (monotonie, convergence ou non vers
un point fixe), dépend de u0 .
1.1 Notions génériques 17
Nous allons étudier en détail deux cas particuliers, celui ou la fonction est croissante, puis celui
ou la fonction est décroissante.
Démonstration. La preuve est une conséquence des résultats précédents. Par exemple si u1 ≥ u0
alors la suite (un ) est croissante, comme par ailleurs elle est majorée par b, elle converge vers un
réel. Par la proposition 1.1.13, on a F(`) = `. Si u1 ≤ u0 , (un ) est une suite décroissante et minorée
par a, et la conclusion est la même.
R Il se peut que ` = `0 .
18 Chapitre 1. Les suites numériques
Il n’est pas surprenant qu’une suite convergente soit une suite de Cauchy.
Théorème 1.1.17 Si une suite de réels converge vers une limite finie, alors c’est une suite de
Cauchy.
1.2 Exercices
1.2.1 Exemples de calcul de limites de suites
Exercice 1.1 Calculer les limites (éventuelles) des suites définies par leur terme général un
dans chacun des exemples suivants :
n − (−1)n x n − yn
1. 9.
n + (−1)n x n + yn
n+1 √
n
2. (−1)n 10. n2
n+2
E((n + 12 )2 ) √
3. 11. a + bn , (a, b) ∈ R2+
n n
E((n − 12 )2 )
p3
p3
√
n
4. n3 + 2 − n3 − 1 12. n( 5 − 1)
n2 + 1 √ √
5. n2 ln
n
13. (3 2 − 2 3)n
n
n2 − 1
p
6. sin(π n2 + 1) 14. (th n)n
1 Cnk
7. n2 sin 15. (k ∈ N fixé)
nα nk
∑nk=0 (3k + 1)
8.
∑nk=0 (2k + 3)
20 Chapitre 1. Les suites numériques
Exercice 1.2
1. Déterminer les constantes a, b, c telles que :
1 a b c
∀k ∈ N? , uk = = + +
k(k + 1)(k + 2) k k + 1 k + 2
n
2. En déduire une expression simplifiée de Sn = ∑ uk , puis n→+∞
lim Sn .
k=1
Exercice 1.4 Calculer les limites (éventuelles) des suites définies par leur terme général un
dans chacun des exemples suivants :
n2
sin n 1
1.
n
8. ∑ √n2 + 2k
n k=1
2n √
1
2.
3
sin n 9. ∑ e− k
k=n
√ 1 n 1
3. n 3 + cos n 10. ∑ cos √n + k
n k=1
n! 1 n
4.
nn
11. ∑ E(kx), x ∈ R
n2 k=1
r
1 n (2n)! 1 n
5.
nα n!
(α réel > 1) 12. ∑ kE(kx), x ∈ R
n3 k=1
n n−1
n k
6. ∑ n2 + k 13. ∏ 2− n
k=0 k=0
2n+1 n
1 k
7. ∑ √n2 + k 14. ∏ 1+ n
k=1 k=1
Exercice 1.6
1. Établir que ∀x ∈ [0, 1[, ln(1 + x) ≤ x ≤ − ln(1 − x).
1.2 Exercices 21
n
1
2. En déduire lim ∑ n+k.
n→+∞
k=0
Exercice 1.7
x3
1. Établir que ∀x ∈ [0, 1], x − ≤ sin x ≤ x
6
2. En déduire que :
n n
k 1 k 1 1
lim ∑ sin 2
= et ∑ sin 2 − ∼
n→+∞
k=1 n 2 k=1 n 2 ∞ 2n
n n
n(n + 1) n2 (n + 1)2
(On rappelle que ∑k= et ∑ k3 = .)
k=1 2 k=1 4
n
x2
k
Exercice 1.8 Établir que ∀x ∈ R+ , x − ≤ ln(1 + x) ≤ x et en déduire lim ∏ 1 + 2 .
2 n→+∞
k=1 n
n
n(n + 1)(2n + 1)
(On rappelle que ∑ k2 = ).
k=0 6
Exercice 1.10 Montrer que si (un ) converge et (vn ) diverge, alors (un + vn ) diverge.
Exercice 1.11 Soit (un )n∈N une suite réelle telle que ∀n ∈ N, un ∈ Z.
Montrer que (un )n∈N converge si et seulement si (un )n∈N est stationnaire.
Exercice 1.12 Soient (un ) et (vn ) deux suites à éléments dans [0, 1], telles que lim un vn = 1.
n→+∞
Montrer que (un ) et (vn ) convergent vers 1.
Exercice 1.13 Soit (un ) une suite réelle telle que les suites (u2n ) et (u3n ) convergent . Montrer
que (un ) converge.
Exercice 1.14 Soit (un ) une suite réelle telle que lim n(un+1 − un ) = 1. Montrer que un −→
n→+∞ n→+∞
n
1
+∞ (on rappelle que lim ∑ = +∞).
k=1 k
n→+∞
un+1
Exercice 1.15 Soit (un ) une suite à termes dans R?+ telle que converge vers `.
un
1. Montrer que si ` < 1 alors un −→ 0.
n→+∞
22 Chapitre 1. Les suites numériques
Exercice 1.16 Montrer que les suites (un = cos n) et (un = sin) sont divergentes. On commen-
cera par démontrer que l’existence de l’une des limites entraîne celle de l’autre. On pourra
montrer ensuite, en considérant un+1 + un−1 et vn+1 + vn−1 , que l’existence des deux limites
entraîne une contradiction.
m+n
∀(m, n) ∈ N?2 , 0 ≤ um+n ≤
mn
Montrer que un −→ 0.
n→+∞
u0 ∈ R
Exercice 1.18 Étudier la suite (un )n∈N définie par :
∀n ∈ N, un+1 = u2n + (−1)n n
Exercice 1.19
1. Soit (un ) une suite réelle telle que les suites extraites (u2n ), (u2n+1 ) et (u3n ) convergent.
Montrer que (un ) converge.
2. Reprendre la même question en supposant que (u2n ), (u2n+1 ) et (un2 ) convergent.
Exercice 1.21
1 1
1. Démontrer que ∀n ∈ N? , < ln(n + 1) − ln n <
n+1 n
n
1 n+1
2. On pose : un = − ln et Sn = ∑ uk . Montrer que la suite (Sn )n≥1 est convergente.
n n k=1 !
n
1
3. En déduire que la suite de terme général xn = ∑ − ln n admet une limite C comprise
k=1 k
entre 0 et 1 (C = constante d’Euler).
1.2 Exercices 23
1 n
Exercice 1.22 Pour n ∈ N? ,
on note un = 1 + .
n
1. Montrer que ∀α ∈]0, 1[, ∀n ∈ N, (n ≥ 2 ⇒ (1 − α)n > 1 − nα).
1
2. En prenant α = 2 , montrer que la suite (un ) est croissante ;
n
1
3. En prenant α = , montrer que la suite (un ) est majorée.
6n + 1
4. Conclure.
Z π
2
Exercice 1.23 Pour n ∈ N, on note In = sinn xdx (intégrale de Wallis).
0
π
1. Montrer que
π (In ) est convergente. Établir que : ∀n ∈ N, ∀λ ∈ [0, 2 [, 0 ≤ In ≤
π la suite
sin λ + − λ , et en déduire lim In = 0.
2 2 n→+∞
2. Établir que ∀n ∈ N, (n + 2)In+2 = (n + 1)In .
3. Déduire des questions précédentes que : r
π π
a) (n + 1)In+1 In = b) In+1 ∼ In c) In ∼
2 n→+∞ n→+∞ 2n
Exercice 1.24 Soit (un ) une suite réelle monotone. Montrer que si (un ) admet une suite extraite
convergente, alors (un ) converge.
1. (a) Montrer que (vn )n∈N est croissante majorée et que (wn )n∈N est décroissante minorée.
Donc :
• (wn )n∈N converge vers un réel appelé limite inférieure de la suite bornée (un )n∈N
et noté lim inf un .
n→+∞
• (wn )n∈N converge vers un réel appelé limite supérieure de la suite bornée
(un )n∈N et noté lim sup un .
n→+∞
(b) Déterminer les limites inférieure et limite supérieure de chacune des suites (un )n∈N
dans les exemples suivants :
1 1 nπ
i) un = ii) un = (−1)n + iii) un = cos
n+1 n+1 4
2. Montrer que (un )n∈N converge si et seulement si lim inf un = lim sup un .
n→+∞ n→+∞
Montrer que si (un )n∈N converge, alors lim inf un = lim sup un = lim un .
n→+∞ n→+∞ n→+∞
Exercice 1.26 Soit (un )n∈N une suite réelle bornée, telle que ∀n ∈ N? , 2un ≤ un+1 + un−1 .
Montrer que la suite (vn )n∈N = (un+1 − un )n∈N converge vers 0.
24 Chapitre 1. Les suites numériques
n
1 1
Exercice 1.27 Pour n ∈ N? , on note un = ∑ k2 et vn = un + vn . Montrer que les suites (un ) et
k=1
49 61
(vn ) sont adjacentes, et que leur limite commune est comprise entre et .
36 36
n
1 1
Exercice 1.28 Pour n ∈ N? , on note ∑ k! et vn = un + nn!
k=0
1. Montrer que les suites (un ) et (vn ) sont adjacentes. On note e leur limite commune.
2. Montrer que e est irrationnel.
1
3. Montrer que (∀n ∈ N? , un+1 − un ≤ e − un ≤ vn − un ), et en déduire e − un ∼ .
n→+∞ nn!
1
4. Montrer que (∀n ∈ N? , vn − vn+1 ≤ vn − e ≤ vn − un+3 ), et en déduire vn − e ∼ 3
.
n→+∞ n n!
5. Calculer une valeur approchée de e à 10−3 près.
n √ √
1
Exercice 1.29 Pour n ∈ N? , on note Sn = ∑ √k , un = 2 n − Sn et vn = 2 n + 1 − Sn .
k=1
1. Montrer que Sn −→ +∞
n→+∞
2. Établir que les suites (un ) et (vn ) sont adjacentes, et que leur limite commune est positive.
Sn Sn
3. Calculer lim et lim √
n→+∞ n n→+∞ n
1 n 1 1 n 1
4. Calculer lim √ ∑ √ , et plus généralement, lim √ ∑ √ (p ∈ N? ).
n→+∞ n n np +k
k=1 n + k
n→+∞
k=1
n
(−1)k
Exercice 1.30 Pour n ∈ N? , on note Sn = ∑ k , σn = S2n et σn0 = S2n+1 . Montrer que les
k=1
suites (σn ) et (σn0 ) sont adjacentes. Conclure.
Exercice 1.31 Étudier les suites (un )n∈N et (vn )n∈N définies par :
√ un + vn
1. (u0 , v0 ) ∈ R?2
+ , un+1 = un vn , vn+1 =
2
?2 pun + qvn pvn + qun
2. 0 < q ≤ p, (u0 , v0 ) ∈ R+ , un+1 = , vn+1 =
p+q p+q
2 un vn
3. (u0 , v0 ) ∈ R − {(0, 0)}, un+1 = 2 , vn+1 = 2
un + v2n un + v2n
Exercice 1.32 (un+1 = f (un ), u0 fixé, f croissante) Étudier les suites (un ) définies par :
√ un π
1. u0 = 0, un+1 = 1 + un 3. u0 = 1, un+1 = 2
5. u0 = , un+1 = 1 − cos un
un + 1 4
√ 2
2. u0 = 1, un+1 = 3
3un + 1 − 1 4. u0 = 1, un+1 = 1 − 6. u0 = 0, un+1 = eaun (a > 0)
un
1.2 Exercices 25
Exercice 1.33 (un+1 = f (un ), u0 fixé, f décroissante) Étudier les suites (un ) définies par :
1 2 a 1
1. u0 = , un+1 = 3. u0 = 1, un+1 = 2 (a > 0) 5. u0 = 1, un+1 =
2 1 + un un 2 + un
1 p 1 2 1
2. u0 = , un+1 = 1 − un 4. u0 = , un+1 = (1 − un ) 6. u0 = 2, un+1 =
2 2 3 + un
Exercice 1.35
Z n+p+1 n+p n+p dx
dx 1
Z
1. Démontrer que ∀(n, p) ∈ N?2 , ≤ ∑ ≤ .
n+1 x k=n+1 k ! n x
n
1
2. En déduire que la suite de terme général un = ∑ − ln x est de Cauchy.
k=1 k
n
ϕ(k)
Exercice 1.36 Soit un = ∑2
, où l’application ϕ : N? → N? est supposée injective. Montrer
k=1 k
que un −→ +∞ (on pourra considérer u2n − un ).
n→+∞
Exercice 1.37 Soit (εn )n∈N une suite d’éléments de {−1, +1}. On lui associe la suite réelle
(an )n∈N définie par :
ε0 ε0 ε1 ε0 ε1 . . . εn
∀n ∈ N, an = + +...+
1 2 2n
1. Montrer que (an ) converge vers un réel de l’intervalle [−2, 2].
π π π 1√
2. (a) Vérifier que ∀k ∈ [− , ], sin( + k) = 2 + 2 sin k.
4 4 4 2
(b) On considère alors
s r q √ π
xn = ε0 2 + ε1 2 + . . . + εn−1 2 + εn 2 et yn = 2 sin( an )
4
Montrer que pour tout n ∈ N, xn = yn . En déduire que (xn ) converge.
(c) Étudier le cas où ∀n ∈ N, εn = 1. Retrouver directement ce résultat en remarquant
que (xn ) peut être définie par une relation de récurrence simple.
2. Les fonctions usuelles
Théorème 2.1.1 — Fonctions constantes. Soit une fonction f : I → R dérivable sur un inter-
valle I ⊂ R. La fonction f est constante si et seulement si ∀x ∈ I, f 0 (x) = 0.
1
( f −1 )0 (y0 ) =
f 0 (x0 )
On en déduit que si
• f : I → R est strictement monotone sur l’intervalle I,
• f est dérivable sur l’intervalle I,
• ∀x ∈ I, f 0 (x) 6= 0,
alors la fonction f −1 est dérivable sur l’intervalle f (I) avec
1
( f −1 )0 =
f 0 ◦ f −1
28 Chapitre 2. Les fonctions usuelles
R?+ → R Z
x dt
x 7→ k ×
1 t
R Soit ` une fonction logarithme alors il existe k ∈ R? telle que `(x) = k × ln x, ∀x ∈ R?+ .
Proposition 2.2.2 Il existe une unique fonction, notée ln :]0, +∞[→ R telle que :
1
(ln x)0 = (pour tout x > 0) et ln 1 = 0.
x
Propriété 2.2.3 La fonction logarithme népérien vérifie (pour tous x, y > 0) les propriétés sui-
vantes :
• ln(x × y) = ln(x) + ln(y)
• ln(x n
)= n ln x, ∀n ∈ N
x
• ln = ln x − ln y
y
• lim ln x = +∞, lim ln x = −∞
x→+∞ x→0
• ln est une fonction continue, strictement croissante et définit une bijection de ]0, +∞[ sur R
ln(1 + x)
• lim =1
x→0 x
• la fonction ln est concave et ln x ≤ x − 1 (pour tout x > 0)
2.2 Fonctions logarithme, exponentielle, puissance 29
ln x
loga x = ,
ln a
de sorte que loga a = 1.
R
• Pour a = 10, on obtient le logarithme décimal log10 (10) = 1 (et donc log10 (10n ) = n).
Dans la pratique, on utilise l’équivalence :
x = 10y ⇔ y = log10 x
• En informatique intervient le logarithme en base 2 : log2 (2n ) = n.
• La base de ln est e : ln e = 1.
1
Étudions les variations de la fonction loga : ∀x ∈ R?+ , log0a (x) = .
x ln a
• 0 < a < 1, ln a < 0. On a le tableau de variations suivant :
x 0 1 +∞
signe de log0a x −
+∞ H
H
variations de loga jH
0
H
Hj
H
−∞
ln x
R Comme lim = 0 et lim x ln x = 0, (Ox) est une branche parabolique.
x→+∞ x x→0
La fonction logarithme népérien est continue et strictement croissante sur I =]0, +∞[ donc
d’après le théorème de la bijection, elle réalise une bijection de ]0, +∞[ vers J = f (]0, +∞[) =
R.
Definition 2.2.5 La bijection réciproque de ln :]0, +∞[→ R s’appelle la fonction exponentielle,
notée exp : R →]0, +∞[.
R On retrouve (*) de la manière suivante : comme la fonction ln est dérivable sur I =]0, ∞[,
et que ∀x ∈]0, +∞[, ln0 (x) 6= 0, sa bijection réciproque est dérivable sur f (I) = J = R avec
1
((ln)−1 )0 = .
(ln) ◦ ((ln)−1 )
0
R
• La droite d’équation y = x + 1 est tangente à la courbe représentative de la fonction
exponentielle.
• On a expe = exp.
• On note aussi exp x par ex (puissance x-ième de e = exp 1 ' 2, 718, le nombre qui
vérifie ln e = 1) ce qui se justifie par le calcul : ex = exp(x ln e) = exp x.
Notation 2.1. Pour tout reél x et tout nombre a ∈ R?+ \{1}, ax = expa x.
Propriété 2.2.7 ∀a ∈ R?+ \{1}, ∀b ∈ R?+ \{1}, ∀x ∈ R, ∀y ∈ R, l’exponentielle base a vérifie les
propriétés suivantes :
• expa (x + y) = expa x × expa y ⇔ ax+y = ax × ay
• a0 = 1, a1 = a
1
• a−x = x
ax
x−y a
• a = y
a
• ax × bx = (ab)x
ax a x
• x=
b b
• (ax )y = axy
fα−1 = f 1
α
Propriété 2.2.8 Soient x, y > 0 et a, b ∈ R. La fonction puissance vérifie les propriétés suivantes :
• xa+b = xa xb
1
• x−a = a
x
• (xy)a = xa ya
• (xa )b = xab
• ln(xa ) = a ln x
Pour terminer cette section, on peut rassembler sur un même graphe les courbes représentatives
des fonctions logarithme, exponentielle et puissance :
Propriété 2.3.3
• Arccos est continue sur [−1, 1],
• Arccos est strictement décroissante sur [−1, 1],
• ∀x ∈ [−1, 1], Arccos(−x) = π − Arccos x (le point de coordonnées (0, π2 ) est centre de
symétrie de la courbe représentative de Arccos,
1
• Arccos est dérivable sur ] − 1, 1[ et ∀x ∈] − 1, 1[, (Arccos)0 (x) = − √ .
1 − x2
−1
Z
(Donc, √ dx = Arccos x +C, C ∈ R.)
1 − x2
À l’aide de sa dérivée, on peut dresser le tableau de variations de Arccos :
x −1 1
signe de (Arccos)0 (x) −∞ − −∞
π
@
variations de Arccos @
R
@
0
Théorème 2.3.5 π π
si x ∈ [− , ], sin x = y ⇔ x = Arcsin y
2 2
Propriété 2.3.6
• Arcsin est continue sur [−1, 1],
• Arcsin est strictement croissante sur [−1, 1],
• ∀x ∈ [−1, 1], Arcsin(−x) = − Arcsin x (l’origine est centre de symétrie de la courbe repré-
sentative de Arcsin),
1
• Arcsin est dérivable sur ] − 1, 1[ et ∀x ∈] − 1, 1[, (Arcsin)0 (x) = √ .
1 − x2
1
Z
(Donc, √ dx = Arcsin x +C, C ∈ R.)
1 − x2
À l’aide de sa dérivée, on peut dresser le tableau de variations de Arcsin :
x −1 0 1
0
signe de (Arcsin) (x) +∞ + +∞
π
*2
variations de Arcsin 0
*
π
−2
π
Arcsin x + Arccos x =
2
est une bijection (elle est continue et strictement croissante). Sa bijection réciproque est la fonction
arctangente :
π π
Arctan : R → [− , ]
2 2
Théorème 2.3.9 π π
si x ∈] − , [, tan x = y ⇔ x = Arctan y
2 2
Propriété 2.3.10
• Arctan est continue sur R,
• Arctan est strictement croissante sur R,
• ∀x ∈ R, Arctan(−x) = − Arctan x (l’origine est centre de symétrie de la courbe représentative
de Arctan),
1
• Arctan est dérivable sur R et ∀x ∈ R, (Arctan)0 (x) = .
1 + x2
1
Z
(Donc dx = Arctan x +C, C ∈ R.)
1 + x2
À l’aide de sa dérivée, on peut dresser le tableau de variations de Arctan :
x −∞ 0 +∞
signe de (Arctan)0 (x) +
π
* 2
variations de Arctan 0
*
− π2
+∞
*
variations de sh 0
*
−∞
0
signe de ch (x) − 0 +
+∞ +∞
@
variations de ch @
R@
1
38 Chapitre 2. Les fonctions usuelles
R
• sh 0 = 0 et ch 0 = 1.
• ∀x ∈ R,
ex
sh x ≤ ≤ ch x et ch x − sh x = e−x −→ 0
2 x→+∞
ex
Par conséquent, la courbe y = est asymptote aux deux courbes y = sh x et y = ch x
2
et on a de fait la position des courbes par rapport à la courbe asymptote.
x −∞ 0 +∞
0
signe de (th) (x) +
1
*
variations de th 0
*
−1
x −∞ +∞
0
signe de (Argsh) (x) +
+∞
variations de Argsh
−∞
x 1 +∞
0
signe de (Argch) (x) +
+∞
variations de Argch
0
x −1 1
0
signe de (Argth) (x) +
+∞
variations de Argth
−∞
On précise enfin que la fonction cotangente hyperbolique, notée coth, est définie sur R? par :
ch x ex + e−x 1 + e−2x
coth x = = = .
sh x ex − e−x 1 − e−2x
2.5 Exercices
2.5.1 Fonctions logarithmes
11
Exercice 2.1 Résoudre dans ]0; +∞[, log2 x + log4 x + log8 x = .
2
Exercice 2.2 1. Montrer, pour tout (x, y) ∈ R2 tel que 0 < x < y, que :
y−x x+y
<
ln y − ln x 2
2. En déduire, pour tout n ∈ N? l’inégalité :
42 Chapitre 2. Les fonctions usuelles
n
k n(n + 1)(4n + 5)
∑ ln 1
<
k=1 1+ k 12
1 1
Exercice 2.4 Montrer que ∀x ∈]0, +∞[, ln 1 + ≤p .
x x(x + 1)
x + ex = y + ey
(S)
x2 + xy + y2 = 27
1
Exercice 2.7 Soit f :] − 1; +∞[ → − ; +∞ . Montrer que f bijective, et que f et f −1
e
x 7→ x exp x
sont de classe C 1 sur leurs ensembles de définition. Déterminer un DL d’ordre 3 en 0 de f −1 et
un équivalent de f −1 en +∞.
1 − x2
Exercice 2.15 Soit f (x) = Arccos .
1 + x2
1. Préciser l’ensemble de définition et la parité de f .
2. (a) Calculer f 0 (x) sur ]0, +∞[], et en déduire une expression simple de f (x) sur [0, +∞[,
puis sur ] − ∞, 0].
(b) Étudier la dérivabilité de f en 0.
ϕ
3. On pose x = tan , ϕ ∈ [0, π[. Calculer f (tan ϕ2 ) et retrouver les résultats du 2. (a).
2
4. Construire le graphe de f .
Exercice 2.16 Une statue de hauteur s est placée sur un piédestal de hauteur p.
1. À quelle distance x0 doit se placer un observateur (dont la taille est supposée négligeable)
pour voir la statue sous un angle maximal α0 ?
s
2. Vérifier que α0 = arctan p .
2 p(p + s)
3. Application à la statue de la liberté : haute de 46 mètres avec un piédestal de 47 mètres.
Exercice 2.17
1. Montrer, pour tout (a, b) ∈ [0, 1[2 , que :
a+b
arctan a + arctan b = arctan
1 − ab
1 1 1
2. En déduire la valeur de S = 5 arctan + 2 arctan + 3 arctan .
8 18 57
Exercice 2.19
1. ExprimerZsh4 x en fonction de ch(2x) et ch(4x).
2. Calculer sh4 xdx.
2 1
Exercice 2.23 1. Montrer que ∀x ∈ R? , th x = − .
th(2x) th x
n
2. En déduire la valeur de ∑ 2k th(2k x), pour n ∈ N.
k=0
1
Exercice 2.24 Montrer que ∀x ∈ [0; +∞[, arctan(sh x) = Arccos .
ch x
Exercice 2.25
1. Démontrer l’expression logarithmique de Argsh x.
2. Démontrer l’expression logarithmique de Argch x. Retrouver son développement limité
au voisinage de 1.
3. Limites et fonctions continues
Definition 3.1.1 Une fonction d’une variable réelle à valeurs réelles est une application f : U →
R, où U est une partie de R. En général, U est un intervalle ou une réunion d’intervalles. On
appelle U le domaine de définition de la fonction f .
f :] − ∞, 0[∪]0, +∞[ → R
1
x 7→
x
Le graphe d’une fonction f : U → R est la partie Γ f de R2 définie par Γ f = {(x, f (x))|x ∈ U}.
1
Exemple 3.2 Le graphe d’une fonction (à gauche), l’exemple du graphe de x 7→ (à droite).
x
48 Chapitre 3. Limites et fonctions continues
Voici le graphe d’une fonction bornée (minorée par m et majorée par M).
Exemple 3.3
[0, +∞[ → R
• La fonction "racine carrée" √ est strictement croissante.
x 7→ x
3.1 Notions de fonction 49
Interprétation graphique :
• f est paire si et seulement si son graphe est symétrique par rapport à l’axe des ordonnées
(figure de gauche ci-dessous).
• f est impaire si et seulement si son graphe est symétrique par rapport à l’origine (figure de
droite ci-dessous).
Exemple 3.4
• La fonction définie sur R par x 7→ x2n (n ∈ N) est paire.
• La fonction définie sur R par x 7→ x2n+1 (n ∈ N) est impaire.
• La fonction cos : R → R est paire. La fonction sin : R → R est impaire.
Definition 3.1.6 Soit f : R → R une fonction et T un nombre réel, T > 0. La fonction f est dite
périodique de période T si ∀x ∈ R, f (x + T ) = f (x).
50 Chapitre 3. Limites et fonctions continues
Exemple 3.5 Les fonctions sinus et cosinus sont 2π-périodiques. La fonction tangente est
π-périodique.
3.2 Limites
3.2.1 Définitions
Limite en un point
Soit f : I → R une fonction définie sur un intervalle I de R. Soit x0 ∈ R un point de I ou une
extrémité de I.
Definition 3.2.1 Soit ` ∈ R. On dit que f a pour limite ` en x0 si
On dit aussi que f (x) tend vers ` lorsque x tend vers x0 . On note alors lim f (x) = `.
x→x0
R L’ordre des quantificateurs ∀ et ∃ est important et on ne peut pas les échanger, le δ dépendant
en général du ε.
Exemple√3.6
√
• lim x= x0 pour tout x0 ≥ 0.
x→x0
• La fonction partie entière E n’a pas de limite aux points x0 ∈ Z.
Definition 3.2.2 Soit f une fonction définie sur un ensemble de la forme ]a, x0 [∪]x0 , b[.
• On dit que f a pour limite +∞ en x0 si
Limite en l’infini
Soit f : I → R une fonction définie sur un intervalle de la forme I =]a, +∞[.
3.2 Limites 51
Definition 3.2.3
• Soit ` ∈ R. On dit que f a pour limite ` en +∞ si
On définirait de la même manière la limite en −∞ pour des fonctions définies sur les intervalles du
type ] − ∞, a[.
Exemple 3.7 On a les limites classiques suivantes pour tout n ≥ 1 :
+∞ si n est pair
• lim xn = +∞ et lim xn =
x→+∞ x→−∞ −∞ si n est impair
1 1
• lim = 0 et lim =0
x→+∞ xn x→−∞ xn
R
• Si la fonction f admet une limite en x0 , alors ses limites à gauche et à droite coïncident et
valent lim f (x).
x→x0
• Réciproquement, si f a une limite à gauche et une limite à droite en x0 et si ces limites valent
f (x0 ) ( f étant bien définie en x0 ) alors f admet une limite en x0 .
Les deux limites étant différentes, on en déduit que E n’a pas de limite en x0 = 2.
Proposition 3.2.1 Si une fonction admet une limite, alors cette limite est unique.
R Il y a des situations où l’on ne peut rien dire sur les limites, qu’on appelle formes indéterminées.
En voici une liste :
∞ 0 ∞ 0
+∞ − ∞, 0 × ∞, , ,1 ,∞ .
∞ 0
Enfin, voici une proposition très importante qui signifie qu’on peut passer à la limite dans une
inégalité large.
Proposition 3.2.4
• Si f ≤ g et si lim f (x) = ` ∈ R et lim g(x) = `0 ∈ R, alors ` ≤ `0 .
x→x0 x→x0
• Si f ≤ g et si lim f (x) = +∞, alors lim g(x) = +∞.
x→x0 x→x0
• Théorème des gendarmes :
3.3.1 Définition
Intuitivement, une fonction est continue sur un intervalle si on peut tracer son graphe sans lever le
crayon de la feuille, c’est-à-dire si sa courbe représentative n’admet pas de saut.
3.3.2 Propriétés
La continuité assure par exemple que si la fonction n’est pas nulle en un point (ce qui est une
propriété ponctuelle) alors elle n’est pas nulle autour de ce point (propriété locale).
∀x ∈]x0 − δ , x0 + δ [, f (x) 6= 0.
La continuité se comporte bien avec les opérations élémentaires. Les propositions suivantes sont
des conséquences immédiates des propositions analogues sur les limites.
Proposition 3.3.2 Soient f , g : I → R deux fonctions continues en un point x0 ∈ I. Alors :
•λ f est continue en x0 pour tout λ ∈ R,
• f + g est continue en x0 ,
• f × g est continue en x0 ,
• f − g est continue en x0 ,
1
• si f (x0 ) 6= 0 alors est continue en x0 .
f
La composition conserve la continuité mais il faut faire attention en quels points les hypothèses
s’appliquent.
Proposition 3.3.3 Soient f : I → R et g : J → R deux fonctions continues telles ques f (I) ⊂ J. Si
f est continue en un point x0 ∈ I et si g est continue en f (x0 ),alors g ◦ f est continue en x0 .
Illustrons le TVI à l’aide de la figure de gauche. Attention, le réel c n’est pas nécessairement unique.
3.4 Continuité sur un intervalle 55
La figure de droite montre que si la fonction n’est pas continue, le théorème n’est pas vrai.
Exemple 3.10 Tout polynôme de degré impair possède au moins une racine réelle.
Corollaire 3.4.3 Soit f : I → R une fonction continue sur un intervalle I. Alors f (I) est un
intervalle.
Attention, il serait faux de croire que l’image par une fonction f de l’intervalle [a, b] soit l’intervalle
[ f (a), f (b)]. Il suffit pour s’en convaincre de visualiser la figure suivante :
Comme on sait déjà par le théorème des valeurs intermédiaires que f ([a, b]) est un intervalle, le
théorème précédent signifie exactement que si f est continue sur [a, b] alors f est bornée sur [a, b]
et elle atteint ses bornes.
56 Chapitre 3. Limites et fonctions continues
Proposition 3.5.1 Si f : E → F est une fonction bijective alors il existe une unique application
g : F → E telle que g ◦ f = idE et f ◦ g = idF . La fonction g est la bijection réciproque de f et se
note f −1 .
R
• On rappelle que l’identité idE : E → E est simplement définie par x 7→ x.
• g ◦ f = idE se reformule ainsi : ∀x ∈ E, g( f (x)) = x.
• f ◦ g = idF s’écrit : ∀y ∈ F, f (g(y)) = y.
• Dans un repère orthonormé, les graphes des fonctions f et f −1 sont symétriques par
rapport à la première bissectrice.
] − ∞, 0] → [0, +∞[ [0, +∞[ → [0, +∞[
f1 : et f2 :
x 7→ x2 x 7→ x2
On remarque que f (] − ∞, 0]) = f ([0, +∞[) = [0, +∞[. D’après le théorème précédent, les fonctions
f1 et f2 sont des bijections. Déterminons leur fonctions réciproques respectives f1−1 : [0, +∞[→
] − ∞, 0] et f2−1 : [0, +∞[→ [0, +∞[. Soient deux réels x et y ≥ 0. Alors
√ √
y = f (x) ⇔ y = x2 ⇔ x = y ou x = − y,
c’est-à-dire que y admet (au plus) deux antécédents, l’un dans [0, +∞[ et l’autre dans ] − ∞, 0]. Donc
√ √
f1−1 (y) = − y et f2−1 (y) = y. On vérifie bien que chacune des fonctions f1 et f2 a le même sens
de variation que sa réciproque.
3.6 Exercices 57
On remarque que la courbe en pointillés (les parties bleue et verte) qui est l’image du graphe de
f par la symétrie par rapport à la première bissectrice, ne peut être le graphe d’une fonction (une
abscisse est associée à deux ordonnées !) : c’est une autre manière de voir que f n’est pas bijective.
3.6 Exercices
Exercice
3.1 Calculer
3 75 4 2
1. sup −x + x, x ∈ R et x + 36 ≤ 13x .
√ 4
2. sup n n.
n∈N?
1+x 1+y
3. max + .
(x,y)∈[1,2] y x
f (x) − 5
∀x ∈ R, f (x) 6= 3, et f (x + 1) =
f (x) − 3
Montrer que f est 4-périodique.
0 ∞
Exercice 3.6 (Formes indéterminées , 0 × ∞, ∞ − ∞, .)
0 ∞
Calculer les limites suivantes :
sin x ln(1 + x2 ) π
1. lim 8. limπ tan(2x) cotan x +
x→0 x tan x x→ 4 4
(1 − ex ) sin x
q q
2. lim 9. lim 2 2
ln(1 + x ) − ln(x − 1)
x→0 x2 + x3 x→+∞
sin(2x) 1 ex − 1
3. lim 10. limln
x→0 (1
√ − 2x)3 −√1 x→+∞ x
√x x
3
2 1+x− 4+x xe + x9 − ln x
4. lim √ 11. lim √ √
x→0 9+x−3 x→+∞ x3 + ( x3 + x2 − x3 )ex
1 − cos(ax) h 1
i
5. lim , (a, b) ∈ R × R? 12. lim ((x + 1)(x + 2) . . . (x + n)) n − x ,
x→0 x(2 − x) tan(bx) x→+∞
6. lim (2x2 − 3x + 1) tan(πx) n ∈ N?
x→ 21
(xx )x
7. limπ (π − 2x) tan x 13. lim x
x→ 2 x→+∞ x(x )
Exercice 3.8 Étudier, en tout point, la continuité des applications f : R → R définies par :
p
1. f (x) = E(x)p+ [x − E(x)]2 3. f (x) = E(x) + x − E(x)
2. f (x) = x + x − E(x) 4. f (x) = [E(x) + E(−x)] sin(kx), k ∈ R
3.6 Exercices 59
Exercice 3.9 √
1 + x2 − 1
1. Déterminer les domaines de définition et de continuité de f (x) = .
x2
2. On pose (
f (x) si x 6= 0
g(x) = 1
si x = 0
2
Montrer que g est continue sur [−1, +∞[.
Exercice 3.11 Trouver toutes les applications f dans chacun des cas suivants :
1. f : R → R continue en 0, ∀x ∈ R, f (3x) = f(x).
x
2. f : R → R continue en 0, ∀x ∈ R, f (x) = f .
1 + x2
3. f : R → R continue en 0, ∀x ∈ R, f (x) = − f (x2 ).
Exercice 3.12 Les nombres de [0, 1] sont donnés par leur représentation décimale :
x = 0, a1 a2 a3 . . .
Exercice 3.14 Montrer que la fonction cos n’a pas de limite en +∞.
60 Chapitre 3. Limites et fonctions continues
Exercice 3.15 Soit f :]0, 1] →]0; +∞[ une application telle que
1
f (x) + → 2.
f (x) x→0
Montrer que f (x) → 1.
x→0
Exercice 3.17 Soit f : R → R une application continue et périodique. Montrer que f est bornée.
Exercice 3.19 Montrer que les applications suivantes f sont bijectives, et préciser f −1 .
1. f : R → ] − 1, 1[ 2. f :] − 1, 1[ → R
x x
x 7→ x 7→
1 + |x| 1 − x2
On considère une fonction réelle f définie sur un intervalle [a, b], avec a < b, et continue sur
cet intervalle et on suppose que f admet une unique racine sur I =]a, b[, c’est-à-dire qu’il existe un
unique α ∈ I tel que f (α) = 0.
Etant donnée une précision ε, cette méthode permet d’approcher α en un nombre prévisible
d’itérations.
62 Chapitre 4. Résolution d’équations non linéaires
Les principes de construction suivants consistent à transformer l’équation f (x) = 0 en une équation
équivalente g(x) = x. On peut poser par exemple g(x) = x+ f (x), mais on prendra plus généralement
g(x) = x + u(x) f (x) où u est une fonction non nulle sur l’intervalle I. Il reste à choisir u pour que
la suite définie par x0 ∈ I et la relation de récurrence xn+1 = xn + u(xn ) f (xn ) soit bien définie et
converge vers la racine α de f . Géométriquement, on a remplacé la recherche de l’intersection du
graphe de la fonction f avec l’axe Ox, par la recherche de l’intersection de la droite d’équation
y = x avec la courbe d’équation y = g(x).
Le choix d’une méthode est conditionné par les réponses aux questions suivantes :
1. La suite (xn ) converge-t-elle ?
2. Si la suite converge, sa limite est-elle α ?
3. Si on veut la solution à ε près, comment arrêter les itérations dès que cette condition est
remplie ?
4. Comme dans tout calcul, on désire obtenir rapidement le résultat approché. Comment estimer
la manière dont évolue l’erreur en = xn − α au cours des itérations ?
Les deux premières questions sont purement mathématiques. Les deux dernières sont numériques
car on ne peut effectuer qu’un nombre fini d’itérations pour le calcul. La continuité des fonctions
considérées permet de répondre à la question 2 : si la suite converge, elle converge vers une racine
de l’équation ; si, de plus, xn ∈ I pour tout n, alors par unicité de la racine dans I, la suite converge
vers α.
∃L ∈]0, 1[, ∀x ∈ [a, b], ∀y ∈ [a, b], |g(x) − g(y)| ≤ L|x − y|.
Proposition 4.2.1 Soit g une application de classe C 1 de l’intervalle [a, b] de R dans R. On suppose
que g0 vérifie
max{|g0 (x)|; x ∈ [a, b]} ≤ L < 1,
alors l’application g est strictement contractante dans l’intervalle [a, b].
Théorème 4.2.2 Si g est une application définie sur l’intervalle [a, b] à valeurs dans [a, b],
strictement contractante, alors la suite (xn ) définie par x0 ∈ [a, b] et la relation de récurrence
xn+1 = g(xn ) converge vers l’unique solution α de l’équation x = g(x) avec α ∈ [a, b].
Démonstration. La suite (xn ) est bien définie car g([a, b]) ⊂ [a, b].
Montrons par l’absurde que l’équation g(x) = x a au plus une solution. Supposons qu’il y ait deux
4.3 Méthode de la sécante 63
solutions α1 et α2 , alors
1 − Lp Ln
|xn+p − xn | ≤ Ln |x1 − x0 |. ≤ |x1 − x0 | .
1−L 1−L
Cette suite vérifie le critère de Cauchy, elle est donc convergente vers α ∈ [a, b]. Or, l’application g
est continue donc, la limite α vérifie g(α) = α.
On a aussi une évaluation de l’erreur en faisant tendre p vers l’infini car on obtient :
Ln
|α − xn | ≤ |x1 − x0 | .
1−L
On constate que, pour n fixé, l’erreur est d’autant plus petite que L est proche de 0.
R L’hypothèse “ f dérivable” suffirait, mais demanderait une rédaction un peu plus fine des
démonstrations.
La méthode de la sécante consiste à construire une suite (xn ) qui converge vers α de la manière
suivante : soit ∆0 la droite passant par (a, f (a)) et (b, f (b)), elle coupe l’axe Ox en un point
d’abscisse x0 ∈]a, b[. On approche donc la fonction f par un polynôme P de degré 1 et on résout
P(x) = 0.
64 Chapitre 4. Résolution d’équations non linéaires
Ensuite, suivant la position de α par rapport à x0 , on considère la droite passant par (a, f (a)) et
(x0 , f (x0 )) si f (x0 ) f (a) < 0 ou celle passant par (x0 , f (x0 )) et (b, f (b)) si f (x0 ) f (b) < 0. On ap-
pelle x1 l’abscisse du point d’intersection de cette droite avec l’axe Ox. On réitère ensuite le procédé.
Plaçons-nous dans le cas où f 0 > 0 est dérivable et f est convexe (i.e. f 00 ≥ 0), c’est-à-dire que sa
représentation graphique est au dessus des tangentes et en dessous des cordes. Alors la suite (xn )
est définie par
x0 = a
b f (xn ) − xn f (b)
xn+1 =
f (xn ) − f (b)
En effet, si f est convexe, on remplace l’intervalle [xn , b] par l’intervalle [xn+1 , b]. L’équation d’une
droit passant par (c, f (c)) et (b, f (b)) avec c 6= b est
f (b) − f (c)
y − f (b) = (x − b).
b−c
On cherche son intersection avec l’axe Ox donc on prend y = 0 et on obtient la formule donnée
plus haut. On pose
b f (x) − x f (b) b−x
g(x) = = x− f (x)
f (x) − f (b) f (b) − f (x)
d’où xn+1 = g(xn ). Montrons que cette suite (xn ) est définie. Pour cela, il suffit de montrer que
g([a, b]) ⊂ [a, b]. Vérifions d’abord que g est de classe C 1 sur [a, b]. Elle l’est de manière évidente
f (b)
sur [a, b[. L’application g est continue en b et g(b) = b − 0 . On a, pour tout x ∈ [a, b[,
f (b)
De plus, l’application f est convexe, donc f (b) − f (x) − (b − x) f 0 (x) ≥ 0. On a également f (b) > 0
car f est croissante et f (a) f (b) < 0. La fonction g est donc croissante sur [a, b]. On a alors
b−a b−a
g([a, b]) ⊂ [g(a), g(b)]. De plus, g(a) = a − f (a) , or f (a) < 0 et >0
f (b) − f (a) f (b) − f (a)
f (b)
par croissance de f ; donc g(a) ≥ a. De même, g(b) = b − 0 , or f 0 (b) > 0 et f (b) > 0 donc
f (b)
g(b) ≤ b. La croissance de g montre que la suite (xn ) est croissante car x1 = g(a) ≥ a = x0 , or elle
est dans l’intervalle [a, b], donc elle converge vers ` ∈ [a, b] tel que, par continuité de g, g(`) = `. De
plus, x0 ≤ α donc une récurrence immédiate et la croissance de g montrent que pour tout entier n,
xn ≤ α. On en déduit que ` ≤ α, c’est-à-dire que ` ∈]a, b[. Soit x ∈]a, b[ tel que f (x) = 0, alors il est
b−x
immédiat que g(x) = x. Réciproquement, soit x ∈]a, b[ tel que g(x) = x, alors f (x) = 0,
f (b) − f (x)
or x 6= b et f (x) 6= f (b) car f est strictement croissante et x ∈]a, b[. On en déduit que f (x) = 0. Il y
a unicité de la racine de f , donc ` = α et la suite (xn ) converge vers α.
4.4 Méthode de Newton 65
|xn − α|
lim = |g0 (α)| = g0 (α).
n→+∞ |xn−1 − α|
|xn − α|
lim = |g0 (α)| = g0 (α).
n→+∞ |xn−1 − α|
Pour obtenir une convergence plus rapide, on peut chercher u tel que g0 (α) = 0. On a, si les
fonctions ont les régularités nécessaires, g0 (x) = 1 + u0 (x) f (x) + u(x) f 0 (x) et on en déduit que
1 1
g0 (α) = 0 si u(α) = − 0 . Si la fonction f 0 ne s’annule pas, on peut choisir u(x) = − 0 . On
f (α) f (x)
obtient alors la méthode de Newton.
Si f 0 f 00 est positive (respectivement négative) sur [a, b], on pose x0 = b (respectivement a). On
définit alors la suite (xn ) par la donnée de x0 et la relation de récurrence xn+1 = g(xn ).
Théorème 4.4.1 La suite (xn ) converge vers α l’unique racine de f sur [a, b].
Démonstration. Pour simplifier la rédaction, on va supposer que f 0 est strictement positive et f 00 est
strictement négative sur I. Les autres cas se traitent de manière similaire. Ces hypothèses assurent
l’existence et l’unicité de α ∈ I tel que f (α) = 0. On va montrer que la suite (xn ) est croissante et
f (xn )
majorée par α. On a x0 = a, donc x0 ≤ α. Supposons que xn ≤ α, alors, comme xn+1 = xn − 0
f (xn )
et que la fonction f 0 est positive, f est donc croissante et on en déduit immédiatement que xn+1 ≥ xn
et la suite (xn ) est croissante. De plus, xn+1 − α = g(xn ) − g(α) = g0 (ξ )(xn − α) avec ξ ∈]xn , α[.
f (x) f 00 (x)
Or, g0 (x) = donc g0 (ξ ) > 0 et xn+1 ≤ α. La suite (xn ) est croissante et majorée ; elle
( f 0 (x))2
est donc convergente. Notons ` sa limite. La continuité de g permet d’écrire que ` = g(`) et donc
f (`) = 0 d’où ` = α.
Traçons la tangente à la courbe représentative de f passant par (b, f (b)). L’équation de cette
tangente est y = f 0 (b)(x − b) + f (b). Son intersection avec l’axe Ox a une ordonnée nulle et son
f (b)
abscisse vaut x1 = b − 0 . On trace ensuite la tangente à la courbe au point (x1 , f (x1 )). Le réel
f (b)
x2 est l’abscisse de l’intersection de cette deuxième tangente avec l’axe Ox et on réitère ce procédé.
R Si on prenait la tangente à la courbe en (a, f (a)), son intersection avec l’axe Ox ne serait pas,
sur ce dessin, dans l’intervalle [a, b].
f (α) f 00 (α)
Démonstration. Puisque f est de classe C 3 , g est de classe C 2 ; on a g0 (α) = =0
f 0 (α)2
car α est racine simple de f . La formule de Taylor à l’ordre 1 s’écrit xn+1 − α = g(xn ) − g(α) =
(xn − α)g0 (ξ ) or g0 est continue sur [a, b], donc lim |xn+1 − α| = g0 (α) = 0.
n→+∞
La formule de Taylor à l’ordre 2 s’écrit
1 1
xn+1 − α = g(xn ) − g(α) = (xn − α)g0 (α) + (xn − α)2 g00 (ξ ) = (xn − α)2 g00 (ξ )
2 2
or g00 est continue sur [a, b], donc
|xn+1 − α| 00 1 f 00 (α)
lim = g (α) = .
n→+∞ |xn − α|2 2 f 0 (α)
R Le résultat est encore vrai si on suppose que f est de classe C 2 . La démonstration est
cependant plus difficile.
4.5 Ordre de convergence 67
R On peut utiliser la méthode de Newton avec un point de départ dans ]a, b[, mais la convergence
de la suite n’est pas garantie. En pratique, on utilise souvent la méthode de dichotomie pour
trouver un x0 assez proche de la racine.
4.6 Exercices
Exercice 4.1 Le but de cet exercice est de calculer la racine cubique d’un nombre positif a.
Soit g la fonction définie sur R?+ par
2 1a
g(x) = x + 2 (a > 0 fixé)
3 3x
1. Faire l’étude complète de la fonction g.
2. Comparer g à l’identité.
3. Soit la suite (xn )n∈N définie par
À l’aide des graphes de g et de l’identité sur R?+ , dessiner la suite (xn )n∈N . Observer
graphiquement la convergence.
4. Justifier mathématiquement la convergence observée graphiquement. En particulier, mon-
trer que cette suite est décroissante à partir du rang 1.
5. Calculer l’ordre de convergence de la suite.
√
6. Écrire l’algorithme défini par la suite (xn )n∈N qui permet de déterminer 3 a à une précision
de 10−6 .
7. Expliciter la méthode de Newton pour la recherche du zéro de la fonction f définie par
f (x) = x3 − a. Que remarque t-on ?
Exercice 4.2 1. Déterminer la suite des premiers 3 itérés des méthodes de dichotomie dans
l’intervalle [1, 3] et de Newton avec x0 = 2 pour l’approximation du zéro de la fonction
f (x) = x2 − 2.
2. Soit f une application de R dans R définie par f (x) = exp(x2 ) − 4x2 . On se propose de
trouver les racines réelles de f
(a) Situer les 4 racines de f (i.e. indiquer 4 intervalles disjoints qui contiennent chacun
68 Chapitre 4. Résolution d’équations non linéaires
Exercice 4.3 L’objectif de cet exercice est de déterminer le zéro d’une fonction C 2 (R, R)
vérifiant −2 < f 0 (x) < −1 sur R. On définit la suite (xn )n∈N de R par la récurrence suivante :
Quel est le nom de cette méthode itérative ? Montrer que la suite (xn )n∈N converge quel
que soit x0 ∈ R.
2x3 + 4x2 + 10
g(x) =
3x2 + 8x
4.6 Exercices 69
À l’aide des graphes de g et de l’identité sur R?+ , dessiner la suite (xn )n∈N sur l’axe des
abscisses. Observer graphiquement la convergence. En particulier, montrer que cette suite
est décroissante à partir du rang 1.
4. Expliciter (sans la vérifier) la condition nécessaire pour la convergence observée graphi-
quement.
5. Écrire l’algorithme défini par la suite (xn )n∈N qui permet de déterminer le point fixe à une
précision de ε.
6. Expliciter la méthode de Newton pour la recherche du zéro de la fonction f définie par
f (x) = x3 + 4x2 − 10. Que remarque t-on ?
7. Donner l’ordre de convergence de la suite.