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J.J ROUSSEAU
Plan du cours
V. La réfutation
IX. Péroraison
Introduction
Ces fonctions ou ces missions exigent que ceux qui les exercent soient
convaincants par une argumentation logique;
Contrairement à la persuasion, elle vise à être comprise de tous et ne
résiste pas à l'utilisation d'arguments fallacieux;
Les arguments fondés sur le pathos ont pour but unique d'émouvoir ou de
susciter la pitié
Selon le philosophe Socrate, l’ethos est originairement liée à l’image persuasive,
vertueuse, que l’orateur doit construire dans son discours pour emporter
l’adhésion de ses auditeurs;
Pour le philosophe, cette image est une production du discours: Il ne s’agit donc
pas tant de l’image dont jouit le locuteur en dehors du discours, de sa
réputation mais bel et bien de ce qu’il dit de lui dans le discours;
Dans la rhétorique classique, le concept d’ethos était attaché à la personne de
l’orateur:
L’idée était qu’on accorde d’autant plus de crédibilité au discours que la personne
jouit d’une grande renommée ; et si cette renommée était fondée sur des vertus,
celles-ci étaient inévitablement transférées dans le discours;
Dans la rhétorique classique, le concept d’ethos était attaché à la personne de
l’orateur:
L’idée était qu’on accorde d’autant plus de crédibilité au discours que la
personne jouit d’une grande renommée ; et si cette renommée était fondée sur
des vertus, celles-ci étaient inévitablement transférées dans le discours;
De nos jours, la majorité d’auteurs considère que l’éthos concerne
l’image de celui qui parle et qui est également susceptible de toucher
l’auditoire;
L’argument fondé sur le logos lui s’appuie sur le raisonnement logique : les
arguments employés pour convaincre l’autre relèvent de la raison;
Les sujets parlants ont pour but d’inciter l’autre à faire, à dire ou à penser, sont
davantage préoccupés par l’impact de leur discours que par la rigueur de leur
raisonnement;
On trouve cet enjeu dans toutes les situations de communication
propagandistes où la stratégies discursives tend à rendre le sujet parlant
crédible, et à capter l’auditoire;
Il s’ensuit que le but de l’argumentation pure est donc à la fois de:
Convaincre du bien fondé;
Le cas échéant, de provoquer tel ou tel type d’action;
I. Introduction aux notions théoriques fondamentales de
logique et de théorie de l'argumentation
Il est nécessaire donc qu’avant d’entrer dans le vif de la matière le clarifie certaines
notions – clés d’usage courant cette matière;
A. Notions – clés d’usage courant en logique
L'ensemble de ceux sur lesquels l'orateur veut influer par son argumentation
L'auditoire est donc composé de tous ceux que vise l'argumentation
La définition de l’auditoire laisse apparaître qu’il existe plusieurs types d’
auditoires;
• Les auditoires peuvent varier de mille autres manières, selon l'âge, le sexe, le
tempérament, la compétence, et toute espèce de critères sociaux et politiques. Ils
peuvent surtout varier selon les fonctions exercées, et plus particulièrement selon
que le rôle des auditeurs est d'aboutir à une décision de quelque nature qu'elle soit,
ou simplement de se former une opinion, d'acquérir une disposition à une action
éventuelle et indéterminée » .
« Les cadres sociaux de l'argumentation », in C. Perelman, Le champs de
l’argumentation, Bruxelles, Presses universitaires, 1970, p. 25.
Sur le plan quantitatif, on distingue principalement:
• L’orateur lui-même;
• L’auditoire d’un auditeur unique;
• L’auditoire universelle
L’orateur lui-même
L’auditoire d'élite
Il s’agit d’un auditoire doué de moyens de connaissance exceptionnels
L’auditoire spécialisé
Il s’agit d’un syllogisme dialectique dans lequel on énonce pas toutes les
prémisses car on sous-entend celles qui sont connues ou acceptées par
l’auditoire ( Ch. PERELMAN, 1979, p. 2);
Les arguments sont plus ou moins forts, plus ou moins pertinents, plus ou moins
convaincants;
Il ne s'agit pas de montrer, comme dans la démonstration, qu'une qualité
objective, telle la vérité, passe des prémisses vers la conclusion, mais que l'on
peut faire admettre le caractère raisonnable, acceptable d'une décision, à partir
de ce que l'auditoire admet déjà, à partir de thèses auxquelles il adhère avec une
intensité suffisante;
Les marqueurs d’argumentation
Les marqueurs anti-orientés et co-orientés peuvent être plus forts ou plus faibles
Marqueurs argumentatifs
Opération qui consiste à admettre une proposition en raison de son lien avec
une ou des propositions préalables tenue pour vraie;
On dit que la conclusion est inférée (ou déduite, ou tirée) des prémisses.
Les principes d’inférence sont les règles qui permettent de déduire, de la valeur
de vérité d’un énoncé, la valeur de vérité d’autres énoncés;
Les deux principes principaux d’inférence sont : modus ponens et modus
tollens
Le modus ponens càd une règle de la logique qui veut que si une proposition p
implique une proposition q, alors si p est vraie, q est vraie,
Si p alors q ; or p, donc q
Exemple:
S’il a compris le cours, il a réussi ; or il a compris, donc il a réussi.
Si c’est un chien, c’est un animal ; or c’est un chien, donc c’est un animal;
S’il a compris le cours, il a réussi ; or il n’a pas a réussi, donc il n’a pas
compris;
Si c’est un chien, c’est un animal ; or ce n’est pas un animal, donc ce n’est pas un
chien;
NB : on ne peut pas déduire que si ce n’est pas un chien, il soit impossible que ce
soit un animal.
Syllogisme:
Si l'une des prémisses est fausse, la conclusion peut être vraie ou fausse;
Majeure: les père et mère sont civilement responsables des fautes commises par leurs enfants mineurs= Droit
Mineure: X est un enfant mineur qui a commis une faute = faits
Conclusion: ses père et mère sont civilement responsables = fausse conclusion
Polysyllogisme
Exemple
L’effort intellectuel est une condition du progrès
Or, beaucoup d’étudiants ne font aucun effort intellectuel
Donc beaucoup d’étudiants ne progressent pas dans leurs études
Or ceux qui ne progressent pas dans leurs études risquent de manquer leur avenir
Donc beaucoup d’étudiants risquent de manquer leur avenir
La sorite
Exemples: Le chien est mortel, or Paul est mortel, donc Paul est un chien.
L’homme est rationnel, or aucune femme n’est un homme, Donc, aucune femme
n’est rationnelle.
Le sophisme a lieu quand:
Les prémisses ne supportent pas la conclusion;
Il manque des éléments qui si présents, ils changeraient la conclusion;
L’argument tire sa conclusion sur un nombre insuffisants de
prémisses.
• Le sophisme se distingue du paralogisme qui est une erreur involontaire dans un
raisonnement sans intention d'induire en erreur;
• Un raisonnement défectueux malgré une apparence logique;
• Le sophisme n’est pas non plus à confondre avec pétition de principe qui
est une faute de raisonnement appelée est une faute d'argumentation, car
elle suppose admise une thèse contestée;
Vérifonctionnalité
∧: la conjonction; →: le conditionnel;
∨: la disjonction;
¬: la négation; ↔: le biconditionnel;
La conjonction ∧
p q p∧q
V V V
V F F
F V F
F F F
p : Il réussit
q : il échoue
p q p∨q
V V F
V F V
F V V
F F F
L’interprétation de ∨ en fait une disjonction inclusive
Disjonction ∨ peut être inclusive mais elle peut exclusive
Dans ce contexte, “ou bien p, ou bien q ” est vrai ssi exactement l’une des
deux propositions p, q est vraie
L’opérateur OU Exclusif combine deux propositions formant leur “OU
exclusif” logique:
Exemple: Il réussit ou il échoue
p = « Il réussit »
q = il échoue
p q = Il réussit ou il échoue (mais pas les deux)
Disjonction « ou inclusif » pour des propositions p q signifie que p est VRAI,
ou q est vrai, ou les deux sont vraies. Elle induit la possibilité que p et q soient
VRAIES.
p q p∨q
V V V
V F V
F V V
F F F
Le conditionnel, ⇒ (si … alors) (implication)
Ex:
p=NEVER gagne les élections en 2020, q = NEVER sera président jusqu’en 2027
p q p ∧ q p ∨ q p⇒ q p ⇔q p ¬p
V V V F v V V F
V F F V F F F V
F V F V F F
F F F F V V
Table de vérité
Exemple;
Une proposition composée comme ((p ⇒ (q ∨ r)) ∧ (¬ (p ∨ r)));
Son sens est donné par les valeurs de vérité qu’elle prend en fonction des
diverses situations possibles c -à –d, toute manière de donner une valeur V ou F à
chaque proposition/ phrase (ici, p, q, r);
Si l’expression contient une seule phrase p, il y aura seulement deux situations
possibles:
p = V et p = F;
Si elle en contient 2, il y aura 4 situations possibles;
Si elle en contient 3, 8 situations possibles;
Si elle en contient n, 2n situations possibles;
On appelle table de vérité de la proposition la table qui associe à chaque
situation possible la valeur de vérité de la proposition quand cette situation
est réalisée.
p q r q∨r (p ⇒ (q ∨ r) p∨r ¬ (p ∨ r) ((p ⇒ (q ∨ r)) ∧ (¬ (p ∨ r)))
V V V V V V F F
V V F V V V F F
V F V F V V F F
V F F F F V F F
F V V V V V F F
F V F F V F V V
F F V F V V F F
F F F F V F V V
Tautologie et antilogie(contradiction)
p ¬p p v ¬p
V F V
Ex. p v ¬p
F V V
Une proposition (phrase) est une antilogie /contradiction si et
seulement si sa table de vérité ne contient que des « F ».
Ex. p ∧ ¬p
p ¬p p∧¬p
V F F
F V F
B. Notions fondamentales en logique
Une échelle argumentative hiérarchise des arguments en faveur d’une même conclusion
(formant une classe argumentative);
M= moyens de preuve
• .
Un marqueur est un mot ou une locution qui relie une partie du discours avec
une autre ou une partie du discours avec le contexte dans lequel ce discours a
été produit;
La direction argumentative;
La force argumentative.
La direction argumentative indique si l’argument poursuit la ligne précédemment
entamée ou bien s’il est dirigé en sens inverse;
Les arguments sont dits défaisables lorsqu'on peut toujours les démonter, les
réfuter, auxquels ou lorsqu'on peut leur opposer un argument contraire;
Le réductionnisme logique signifie que tous les arguments doivent être valides;
Dans un second temps, il peut déduire que les arguments, s’ils sont valides, sont
indéfaisables;
Exemples
Les hommes sont mortels : énoncé vrai
Les chiens sont des animaux : énoncé vrai
Les chiens sont des animaux, donc les hommes sont mortels :
argumentation invalide composée d’énoncés pourtant vrais
Notion d’argument
Les arguments sont les raisons fondamentales qui sont avancées pour justifier
sa thèse et convaincre le lecteur ou l’auditeur;
Un énoncé qui appuie ou étaie un autre énoncé qui, lui, a valeur soit de
conclusion, soit de thèse;
Par principe, il n'y a pas d'arguments forts ou faibles, discursivement parlant, il n'y a
que des bons ou des mauvais arguments selon qu'ils étayent une (ou des)
conclusion en vertu de présupposés admis par le destinataire;
Sinon on ne pourrait expliquer comment un texte plein d'arguments fallacieux et
d'arguments émotifs (considérés comme faibles) convainquent alors que d'autres
construits sur des « arguments rationnels » (prétendument forts) n'y arrivent pas ?
Mise à part cette observation préliminaire, l’argumentation juridique doit être
marqué par:
La clarté (les arguments sont formulés dans un vocabulaire précis et non
équivoque);
La rationalité (ils ne contiennent pas de propositions émotives ou de croyances);
La cohérence (les propositions sont unies par des liens logiques valides);
La pertinence (la signification des arguments est liée à la thèse à défendre);
La suffisance (ils donnent à l’argumentation assez d’ampleur pour convaincre et
tiennent compte de la complexité de la problématique);
La logique (qui fait appel à la raison de l'interlocuteur) ;
Elle doit enfin être pragmatique;
La force de l’argumentation
Un argument peut être valide ou invalide peu importe la valeur de vérité des
prémisses et de la conclusion;
Une exception : un argument dont les prémisses sont vraies et la conclusion est
fausse est nécessairement invalide;
Dans les autres situations, l’argument peut être valide ou non.
Le raisonnement analytique
S’appuie sur les causes d’une situation, d’un fait ou d’un phénomène;
Exemple : Certes, je concède que vous avez raison sur ce point, mais...
Le raisonnement déductif ou par déduction part d’une idée générale ou
universelle souvent accompagnée de propositions secondaires ou mineures,
formant les prémisses pour en tirer des propositions particulières;
Plus concrètement, l'argument a contrario peut se définir par le fait qu'une règle
étant subordonnée à des conditions particulières, on en déduit que la règle
inverse est applicable lorsque ces conditions ne sont pas remplies
Exemple:
Si une règle de procédure interdit la détention provisoire pour les contraventions, a contrario, la
détention pour crimes et délits est autorisée
Argument a simili (a pari, per analogiam)
Argument a fortiori
En cas d’incompatibilité de deux normes, il existe une autre règle qui permet
d’écarter l’une d’entre elles qui provoque l’antinomie. C’est un argument a
coherentia
Argument ab exemplo
Cet argument tend à conclure que dans une situation donnée un texte
donné est inapplicable , car la nature des choses s’y oppose;
Argument systématique
A. Réductionnisme
a. Réductionnisme logique
Selon la théorie du réductionnisme logique, tous les arguments doivent être
valides;
Dans un second temps, il peut déduire que les arguments, s’ils sont valides, sont
indéfaisables;
• La notion de validité ne doit en aucun cas être confondue avec celle de vérité:
La vérité porte sur la matière des énoncés, alors que la validité porte sur la
forme des énoncés,
Exemples:
Les enfants de moins de 15 ans sont pénalement irresponsables : énoncé vrai
La peine de mort a été abolie dans la législation burundaise: énoncé vrai
Les enfants de moins de 15 ans sont pénalement irresponsables donc la peine de mort a été abolie dans la
législation burundaise: argumentation invalide composée d’énoncés pourtant vrais
Les enfants de moins de 15 ans sont pénalement irresponsables donc ne peuvent pas être punis pénalement :
argumentation valide composée d’énoncés vrais
Les hommes sont des enfants, donc pénalement irresponsables argumentation valide composée d’énoncés
pourtant faux
L’argumentation procède d’un système hylémorphique:
L’ hylémorphisme est une doctrine selon laquelle tout (objet ou
individu) est indissociablement et complémentairement constitué, dans
sa nature, d'une matière et d'une forme, qui composant la substance;
Dès lors, tous les arguments sont susceptibles d’être renversés par un nouvel
argument;
1. L’exposé argumentatif
Toute argumentation, qu’elle soit orale ou écrite doit faire l’objet d’une
préparation;
Les arguments sont présentés à travers un exposé argumentatif qui:
Est la manière de présenter son projet ou ses solutions à son auditoire;
Doit faire l’objet d’une réflexion préalable comprenant:
L’analyse du contexte;
La préparation des arguments;
Des arguments documentés;
La recherche d’un plan structuré à partir d’un fil conducteur;
Le rasoir d’Ockham ou principe de simplicité, principe
d'économie ou principe de parcimonie
Selon le principe du rasoir d'Occam, la solution la plus simple est souvent la
meilleure;
Le père du principe du rasoir, Guillaume d'Ockham, est « inutile
d'accomplir par un plus grand nombre de moyens ce qu'un nombre
moindre de moyens suffit à produire. [...] Quand des choses doivent
rendre vraie une proposition, si deux choses suffisent à produire cet
effet, il est superflu d'en mettre trois »
Faire intervenir le plus petit nombre d'hypothèses ou d’arguments s’ils
suffisent à convaincre;
« C'est en vain que l'on fait avec plusieurs ce que l'on peut faire
avec un petit nombre »
Aller à l'essentiel :
On ne peut pas parler de tout : des arguments les plus simples et suffisants;
• Un ton convaincant;
• Un bonne élocution;
• Une empathie;
• Une flexibilité;
2. Réfutation
B. Pascal
Les procédés de réfutation
Elaborer, à partir de la thèse adverse, des hypothèses dont les conclusions seront
négatives;
Montrer que l’argumentation du locuteur est marquée par une pétition de principe
ou est fallacieux;
Trois étapes
Il s’agit ici de réfuter le cœur de l’argumentation comme par exemple l’intitulé -même de l’argument
Non seulement il faut démanteler la cohérence interne de l’argumentation adverse mais aussi il
faut:
Expliquer pourquoi l'absence de cet argument particulier affaiblit l’ensemble de ligne argumentaire;
VI. Raisonnements spécifiques à l'argumentation judiciaire: le
raisonnement probatoire du magistrat
Le raisonnement judiciaire doit être présenté sous la forme d'un syllogisme,
mais cette forme ne garantit nullement la valeur de la conclusion;
Dès lors, le juge doit délibérer sur la pertinence de ces moyens pour prendre
la décision appropriée et motiver son jugement;
Le juge ne peut pas se considérer satisfait s’il a pu motiver sa décision d’une façon
acceptable; il doit aussi apprécier la valeur de cette décision et juger si elle lui
parait juste ou du moins raisonnable;
Les juges ne raisonnent pas seulement avec des règles de droit : une décision de
justice suppose aussi d’établir des faits, et pour cela raisonner avec les éléments
de preuve dont on dispose;
.
Raisonnements probatoires
Dans le système de la preuve légale, la loi fixe les conséquences qui doivent
être tirées d’un élément de preuve et le juge perd tout pouvoir
d’appréciation des faits relatés par ces éléments de preuve.
Il est évident que les juges ne sont pas les seuls à raisonner avec les preuves:
Les parties et leurs avocats proposent des raisonnements afin de convaincre les
juges de l’existence de certains faits favorables à leur cause;
Les juges peuvent:
Imposer leur interprétation des règles de droit: c’est à eux qu’il revient de
décider si un fait est prouvé ou non;
Les juges doivent déterminer l’existence des faits, évaluer leur crédibilité, les
combiner de manière cohérente et parvenir finalement à décider si un fait est
prouvé;
Un bon raisonnement permet aux juges d’éviter les erreurs de raisonnement sur
les faits;
Objet des raisonnements probatoires
Le raisonnement porte sur les preuves apportées par les parties en vue
d’établir l’existence du fait contesté (objet de la preuve) : des témoignages, des
enregistrements, des écrits, etc..
Mais quelques précisions s’imposent:
1. Les raisonnements probatoires ne portent pas à proprement parler sur
l’élément de preuve (un témoignage, par exemple) mais sur le fait que relate cet
élément de preuve;
Le raisonnement probatoire suppose d’analyser les éléments de preuve et d’en
tirer des propositions de fait, positives ou négatives par le mécanisme de l’
inférence
L’inférence, nous l’avons vu, désigne le processus consistant à tirer des conclusions
à partir d’un élément de preuve;
Les raisonnements probatoires n’impliquent pas seulement de réaliser une
inférence pour passer d’un élément de preuve à une proposition de fait, mais
aussi souvent, pour passer d’une proposition de fait à une autre;
Il s’ensuit que une proposition de fait donnée apparaît comme le résultat
d’une inférence, puis comme le point de départ d’une autre inférence, et ainsi de
suite jusqu’au fait à prouver;
C’est dire que d’un fait, le juge tire un autre fait, et ainsi de suite de de
sorte que les raisonnements probatoires sont constitués d’une pluralité
d’inférences, liées les unes aux autres de manière très diverse:
s’enchaînent et se renforcent,
se contredisent même,
2. Le raisonnement probatoire ne porte pas seulement sur des propositions de fait
tirées des éléments de preuve apportés par une partie pour établir le fait à
prouver d’autres éléments peuvent intervenir dans ces raisonnements:
Exemple
Devant le tribunal, le MP soutient qu’il ressort d’un témoignage que le prévenu a
été vu sortant d’un entrepôt où un vol venait d’être commis.
Partant de cet élément, il demande au juge d’inférer que ce prévenu est auteur
du vol commis dans l’entrepôt;
Une partie présente une proposition de fait tirée d’un témoignage et elle
demande au juge d’en inférer le fait à prouver;
Le raisonnement articule ici deux éléments :
la proposition de fait (le prévenu sortait de l’entrepôt en courant);
l’inférence (il s’en déduit qu’il fuyait et donc qu’il a commis l’infraction);
• d’une proposition (un fait), il en tire une autre qui n’est pas connue mais ces
généralisations sont rarement explicitées. Dans l’exemple ci-dessus, si le MP
demande au juge de tirer du fait que le prévenu sortait en courant de l’entrepôt
où le vol a été commis, c’est parce qu’il estime que ce comportement est
suspect;
Une remarque cependant!
La généralisation, tirée d’un bons sens, est certainement contestable ; mais elle
est néanmoins le soutien nécessaire de l’inférence;
Les raisonnements probatoires font intervenir des propositions qui ne
découlent pas des éléments de preuve disponibles mais qui sont issues
du sens commun et même de l’expérience personnelle du juge, de la logique, de
la science, etc..
.
Dans son raisonnement, le juge est guidé par des règles juridiques combinées à la
volonté d’expliquer le processus de décision;
Ainsi, les règles juridiques sont présentées comme une obligation pour le juge,
qui doit, une fois sa décision arrêtée, la faire rentrer dans le moule du syllogisme
Dans son raisonnement, le juge doit garder à l’esprit que le droit ne peut pas
négliger la sécurité juridique et ne doit se détacher de la réalité et ne peut
jamais la perdre de vue (v° J-L Bergel, op. cit., p. 142)
.
Par conséquent:
Le juge doit:
Eviter la subjectivité et l’arbitraire;
Garder à l’esprit de ne pas confondre ce qui est juste conformément au droit à
ce qui paraît juste à un individu;
Les opérations impliquées dans les raisonnements probatoires
Ainsi, une preuve a une valeur d’autant plus grande qu’elle augmente
fortement la probabilité qu’une hypothèse donnée soit vraie, ou
encore que le rapport de vraisemblance a une valeur élevée
2. Agencer les propositions/ récit des fait
Tous les éléments qui entrent dans le raisonnement doivent pouvoir être pris en
compte et analysés ensemble;
Bémol:
L’opération décrite ci-avant peut s’avérer très difficile dans des affaires complexes
où il existe de nombreuses propositions de fait tirées d’un grand nombre
d’éléments de preuve;
Pour surmonter cette difficulté, des méthodes d’analyse ont été
élaborées pour faciliter les raisonnements probatoires, éviter les
erreurs de raisonnement, et ainsi guider les juges;
Ces méthodes ont en commun de s’appuyer sur une liste de toutes les
propositions de fait qui entrent dans le raisonnement (dont on aura
préalablement déterminé la valeur, en termes qualitatifs ou quantitatifs);
Recours à la théorie de John H.Wigmore:
La principale représentation ordinale est due à J. H.Wigmore qui en 1913, propose
un instrument destiné à guider la décision des juges en représentant
graphiquement:
les éléments de leur raisonnement, le crédit plus ou moins fort qu’ils y
accordent, et
les inférences qu’ils font pour passer d’un élément à un autre;
Les méthodes qui viennent d’être évoquées supposent que tous les éléments du
raisonnement sont appréciés séparément et sont soigneusement mis en
relation les uns avec les autres;
Les preuves sont envisagées de manière globale c.-à-d. de façon holistique : c’est
la conception holiste du raisonnement probatoire;
Selon la conception holiste de l’analyse des raisonnements probatoires, les preuves
présentées:
Ont une valeur d’autant plus grande qu’elles s’insèrent dans un récit cohérent, qui rend
compte du plus grand nombre de preuves disponibles;
Ces récits permettent de départager les parties, en retenant le récit jugé le plus
convaincant;
3. Déterminer si le fait contesté est prouvé
Pour parvenir à une conclusion, le juge doit décider s’il existe des
éléments suffisants en faveur de l’existence du fait contesté;
les juges apprécient les éléments de preuve suivant leur intime conviction et
laisse les juges libres d’apprécier les éléments qui leur sont soumis et la valeur à
y réserver;
la loi ne leur dicte pas d’atteindre un degré de conviction qu’elle détermine
Inconvénients de l’intime conviction du juge:
Arbitraire;
Insécurité juridique
Qu’il analyse les preuves une à une (examen analytique des preuves) ou
qu’ils les intègrent dans un récit global, le juge américain est confronté à:
FIN
• La logique est une théorie normative du raisonnement, qui vise à caractériser la classe des arguments
déductifs valides en déterminant si la conclusion est la conséquence logique des prémisses;