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UNITE 2 

: THEORIE DE LA CONNAISSANCE ET METAPHYSIQUE

Introduction
1- Théorie de la connaissance
2- Métaphysique : la question sur la réalité
3- Le temps
4- L’existence

INTRODUCTION 
La philosophie est la recherche de la sagesse. Elle se divise en deux grandes
parties : la recherche de la vérité, d’un point de vue théorique, et la recherche
du bien, d’un point de vue pratique. Kant a affirmé au XVIII s que la philosophie
pouvait résumer ses problèmes en trois questions : Que puis-je connaître ? que
dois-je faire ? Que m’est-il permis d’espérer ? Qui à leur tour renvoient à une
seule question : qu’est-ce que l’homme ?

Depuis ses origines la philosophie a été divisée en plusieurs branches, selon


les questions auxquelles elle s’intéresse. La plupart des grands philosophes ont
élaboré des systèmes qui ont tenté de répondre à toutes ces questions.
Les grandes branches de la philosophie sont :

• LA MÉTAPHYSIQUE :
Ce terme a été adopté par Aristote, il se réfère à “ce qui se trouve au delà de la
physique”, c’est-à-dire, de la nature. Si la physique étudie les propriétés de la
matière, les types de mouvement… la métaphysique se demande s’il y a une
cause ultime, une raison de tout cela. Aristote l’a appelé aussi la science des
premiers principes, la science de l’être (ontologie).
Un autre philosophe, Descartes, a affirmé que si le savoir est un arbre, la
métaphysique c’est ses racines et la physique son tronc.
Le type de questions que se pose la métaphysique sont par exemple : qu’est-ce
que la réalité ? L’âme existe-t-elle ? Quel est le sens de l’existence ?

• L’ÉTHIQUE :
Ou la philosophie morale. À la différence de celle-ci, elle essaye de se douer de
principes rationnels servant à guider et ordonner nos actions. La morale traite
plus de contenus, hérités de la tradition, la culture ou la religion.
Elle ne traite pas de l’être mais du devoir (devoir être).
Elle se pose des questions du type : comment dois-je agir ? Comment dois-je
me rapporter à autrui ? Sommes-nous libres ? Quel type de vie voulons-nous
avoir ?

• LA LOGIQUE
C’est la science qui analyse, décrit et fonde les structures de notre
raisonnement, de façon à ce que celui-ci puisse être complètement objectif et
universel.
C’est une science formelle, elle ne concerne donc pas le contenu, mais la forme
du discours et de ses objets. Elle est indispensable dans l’informatique et très
importante dans les mathématiques.
• L’ESTHÉTIQUE
C’est la science qui étudie les formes de notre sensibilité. Elle est centrée sur le
concept de beau, sur la création artistique et l’expérience contemplative. Il faut
la distinguer de l’histoire de l’art, de laquelle elle peut être accompagnée.
Type de questions : qu’est-ce que le beau ?

• LA POLITIQUE
D’après Aristote c’est la science qui étudie “l’art de gouverner la cité”: elle
concerne donc la nature de l’État, de la loi, le rapport entre l’individu et
l’ensemble, les différents types d’États, le fondement du pouvoir, ses limites…
Type de questions qu’elle se pose : quelle est la meilleure forme de
gouvernement ?

• LA PHILOSOPHIE DE LA CONNAISSANCE OU ÉPISTÉMOLOGIE


C’est la partie de la philosophie centrée sur la question de la connaissance :
qu’est-ce que c’est que connaître ? Comment connaît-on ? Quels sont les
limites de toute connaissance humaine ?
Cette partie étudie également la validité des théories scientifiques et les
modèles ou paradigmes scientifiques.

• LA PSICOLOGIE
D’après Aristote c’est « l’étude de l’âme », elle est intégrée dans la plupart des
systèmes philosophiques comme une partie de leur métaphysique.
Elle devient progressivement à partir du XIX siècle, une discipline autonome,
lorsqu’elle commence ses travaux en laboratoire et se rapproche d’autres
sciences expérimentales. Elle reste cependant à cheval entre la science et les
sciences humaines.

• LA SOCIOLOGIE
Elle fait partie de la philosophie politique jusqu’à ce que au XIX siècle, de la
main d’Auguste Comte, elle se constitue comme la science qui étudie la société
et ses différents comportements.

• L’ANTHROPOLOGIE
C’est la science qui étudie l’être humain, de son point de vue naturel, dans son
rapport avec son environnement et dans son évolution.
1- THÉORIE DE LA CONNAISSANCE ( VÉRITÉ ET RÉALITÉ)

1. Qu’est-ce que la connaissance ?

1.1 Connaître

Comme nous avons déjà dit, l’un des principaux objectifs de la philosophie est
la recherche de la vérité. Mais comment savons-nous que quelque chose est
vraie ? La première forme d’approcher la question est de se demander ce que
nous voulons dire quand nous parlons de connaissances. Comment
connaissons-nous les choses, de sorte à pouvoir dire que nos connaissances
sont véritables ?

Le terme connaître est en soi polysémique et nous distinguons normalement


plusieurs sens :

 La connaissance propositionnelle est le fait de savoir qu'une certaine


proposition est vraie à l’intérieur d’un discours, d’une démonstration,
d’une théorie ou d’un système de référence, comme par exemple Laura
est une élève de Bachibac.
 La connaissance objectuelle, appelée également acquaintance, est le
fait de connaître une chose particulière, par exemple, connaître Laura [].
 Le savoir faire est le fait d'être capable de réussir une action, technique,
manuelle ou sociale.

1.2. Les degrés de connaissance


Les philosophes distinguent des différents degrés de connaissance : l’opinion,
la croyance et le savoir dans le sens strict.
o L’opinion est un état de connaissance où le sujet considère quelque
chose comme vraie, mais il n’en est pas sûr. Du point de vue objectif, il
ne trouve aucune justification qu’il puisse communiquer aux autres pour
l’accepter. Du point de vue subjectif, il parle souvent d’un certain point de
vue, qui peut aller de l’affirmation intense à des avis hésitants : « à mon
avis… » Platon différencie à l’intérieur de l’opinion deux niveaux,
l’imagination et la croyance. Mais d’autres philosophes entendent
l’imagination de manière plus positive.
o Lorsqu’on imagine, on se fait une certaine idée de la chose, qui n’est pas
bien définie ou fondée.
o Alors que la croyance est déjà une conviction d’une certitude, bien
qu’elle ne puisse pas être justifiée objectivement et pour tous.
o Le savoir dans le sens strict du sens est une opinion fondée
subjectivement et objectivement. Celui qui affirme « Je sais que… » est
subjectivement convaincu de ce qu’il dit. On peut le différencier dans le
raisonnement et l’intuition. Le raisonnement c’est lorsque nous
expliquons de manière discursive quelque chose (avec des mots ou des
formules) et l’intuition est la saisie (captación) d’une idée ou d’un
principe.
1.3. Les intérêts de la connaissance
Toute connaissance est guidée par des intérêts : on veut connaître pour
résoudre des problèmes, pour augmenter notre bien-être, pour accroître nos
possibilités. Cependant, les intérêts peuvent être particuliers, propres à
l’individu ou au groupe, ou communs à tous les êtres humains s’ils
appartiennent à la raison. Quels sont ces derniers intérêts ?

Selon Kant, la raison humaine se manifeste à travers les intérêts suivants :


 Un intérêt théorique pour atteindre la perfection logique de la
connaissance. D’où surgit la connaissance de la nature.
 Un intérêt pratique pour découvrir ce qu’on doit faire et qu’est-ce
qu’on peut obtenir si nous agissons bien. De cet intérêt surgit le
savoir sur la liberté qui donne lieu à l’éthique et à la religion.
 L’intérêt technique pour dominer et exploiter la nature, et qui sert de
guide aux sciences empirico-analytiques, comme la physique et la
biologie.
 L’intérêt pratique, orienté vers la communication et l’entente entre les
êtres capables de communiquer entre eux. Cet intérêt guide les
sciences historico-herméneutiques, comme l’Histoire, par exemple.
 L’intérêt émancipateur pour libérer les êtres humains de la
domination et de la répression et qui conduit aux sciences sociales
critiques, la psychologie cognitive ou la critique des idéologies.

1.4. La possibilité de la connaissance

La possibilité est le problème le plus radical que présente la connaissance.


Cette question décisive a provoqué au moins six types de réponses :
 Le dogmatisme, qui manifeste l’attitude ingénue de ceux qui sont sûrs de
leur connaissance puisqu’ils présupposent la capacité de nos facultés
cognitives et acceptent des vérités non démontrées.
 Le scepticisme, qui considère impossible l’obtention de connaissances
fiables, car il pense qu’il n’y a jamais de justification suffisante pour accepter
quelque chose comme vraie.
 Le subjectivisme et le relativisme, qui nie la possibilité d’atteindre des
vérités universellement valables. Pour le subjectivisme la vérité varie selon
chaque thème. Pour le relativisme, la vérité dépend de la culture, de l’époque
ou du groupe social.
 Le pragmatisme identifie ce qui est vrai comme utile.
 Le criticisme représente la position intermédiaire entre le dogmatisme et le
scepticisme. Il est possible d’obtenir des connaissances vraies à condition
qu’on les soumette à révision et l’on établisse des limites.
 Le perspectivisme, proposé par José Ortega y Gasset, maintient qu’on
peut arriver à la connaissance de la réalité, mais en conjuguant différentes
perspectives, puisque chacun de nous et chaque génération historique
possède sa propre vision de la réalité.

2. Qu’est-ce que la vérité ?


2.1. L’origine du mot « vérité »
Afin de percer le sens du mot « vérité », rappelons le sens de ce mot dans les
langues mères de notre culture :
- En grec, on utilise le terme alétheia, qui signifie « ce qui n’est pas
caché», c'est-à-dire « ce qui est manifeste », et c’est une « découverte ». La
fausseté, le pseudos est son contraire, « la dissimulation ». Donc, en grec, le
mot vérité signifie la découverte des choses.

- En latin, le terme veritas veut dire concrètement exactitude et rigueur


dans ce qu’on dit, qui met en contact ce qui est dit avec celui qui le dit. Cette
nuance est reprise par le mot « veracidad » en espagnol et vérité en français,
qui s’oppose à mensonge ou tromperie.

Ces deux sens sont présents et constituent l’origine du mot « vérité »


consolidée par la tradition européenne.

2.2 Les critères de vérité


On appelle critères de vérité la caractéristique ou procédure qui nous
permettent de distinguer la vérité de la fausseté et d’être sûr de la valeur de
l’énoncé. On peut en citer :
o L’autorité. Une affirmation est acceptée comme vérité car elle provient
de quelqu’un à qui on a donné confiance pour avoir une connaissance
dans un domaine.
o La tradition. On considère vrai ce qui a toujours été considéré vrai et qui
a reçu l’appui populaire ou institutionnel.
o La correspondance entre la pensée et la réalité. Ce qu’on pense est
vrai si en vérifiant, il coïncide avec la réalité empirique. Et comme la
pensée s’exprime en langage, le critère consiste à établir l’adéquation ou
la correspondance entre ce qu’on dit et ce qui « est ». La vérification
expérimentale est une forme de chercher cette adéquation.
o La cohérence logique. C’est un critère logico-mathématique qui
consiste à vérifier l’absence de contradiction entre les énoncés qui
appartiennent à un même système, et que ces derniers proviennent
nécessairement des axiomes ou principes établis.
o L’utilité. Un énoncé sera vrai quand il est bénéfique et utile pour nous,
quand il nous permet de nous orienter vers la réalité et d’avancer dans
nos recherches.
o L’évidence. C’est le critère fondamental. Est évident tout ce qui se
présente comme indiscutable, comme intuitivement vrai, même si, des
fois, il est nécessaire de raisonner pour le démontrer. Dans l’ordre de la
raison, on a considéré évidents les premiers principes, comme le
principe d’identité et celui de la non-contradiction (évidence rationnelle) ;
dans l’ordre de la sensibilité, les données des sens (évidence sensible).

2.3. Les théories de la vérité


Cette appellation signifie les divers essais produits tout au long de l’histoire
pour définir, expliquer et comprendre ce qu’est la vérité. Il existe une relation
étroite entre les théories de la vérité, comprises de cette façon, et les critères
de vérité mentionnés avant, parce que chaque théorie de la vérité s’appuie sur
l’un de ces critères et le développe au maximum. Voyons les quatre théories les
plus significatives de la vérité.

- la vérité comme correspondance ou adéquation


Cette théorie nous offre la structure de base de la vérité, maintenue également
par les autres théories. La formulation classique a été donnée par Aristote :
« Dire que ce qui est ne l’est pas, ou ce qui n’est pas est, cela est faux ; dire
que ce qui est, est, et ce qui n’est pas, l’est pas, c’est vrai ». Dans cette formule
sont contenus les éléments qui interviennent dans l’acte de connaître :
- ce qui est : l’objet,
- ce qui est dit : le sujet et sa représentation de l’objet.
La vérité est comprise comme une relation spéciale d’« ajustement » entre ces
deux éléments, que l’on appelle correspondance ou adéquation. C’est là le
concept spontané de la vérité : la concordance entre ce qui est dit de quelque
chose et ce que cette chose « est ».
Cette correspondance ne peut pas être matérielle, sinon formelle, car elle
s’établit entre la représentation que nous faisons de l’objet et l’objet lui-même.

Au XIIIe siècle, Tomas de Aquino a situé cette correspondance formelle entre


l’objet et la représentation que nous en faisons (le concept), et l’a exprimée
avec ces paroles : « la vérité est l’adéquation entre le jugement et la chose ».

Au XXe siècle, Ludwig Wittgenstein a fait cette correspondance entre les faits
et la structure linguistique formelle qui les expriment (la proposition) : « Nous
faisons des figures des faits. Pour connaître si la figure est vraie ou fausse,
nous devons la comparer avec la réalité. La proposition est une figure de la
réalité ».
Cette conception devient problématique dès que nous formulons l’une des
questions suivantes : Comment peut-on savoir qu’une chose est indépendante
de ce qu’on dit ? Peut-on sortir de nous-mêmes et de notre langage pour
vérifier la connexion entre la pensée et la réalité à partir d’une position objective
et extrême à cette relation ?

- la vérité comme cohérence


Pour la première fois, cette théorie fut formulée par Hegel (1770-1831). Plus
tard, elle a été exposée en plusieurs versions. Elles ont toutes coïncidé sur
l’utilisation de la cohérence de la proposition comme critère de la vérité, dont la
vérité dépend de sa possible ou impossible incorporation à l’ensemble des
propositions considérées déjà comme vraies : Toute nouvelle connaissance,
que ça soit en science ou dans la vie quotidienne, doit être effectuée à partir du
système des connaissances que nous possédons déjà, et sera considérée
comme vraie si on peut l’y intégrer.
Il s’agit donc d’un critère contextuel selon lequel, d’une façon isolée, rien n’est
vrai ou faux, sinon que chacune de nos connaissances est essentiellement en
contact avec le reste du système du savoir dans lequel elle est intégrée. Ce
n’est que de cette façon qu’elle a du sens et une valeur de vérité. Et comme a
dit Hegel, « la vérité est le tout ».

- la théorie pragmatiste de la vérité


Le pragmatisme accepte la théorie de l’adéquation, mais, il l’interprète en
prenant en considération l’utilité des énoncés pour résoudre les problèmes
vitaux. Voyons cette position à travers l’un de ses représentants les plus
distingués : William James (1842-1910).
James comprend l’« adéquation » dans le même sens que quand on dit « cette
moto est adéquate pour faire du moto-cross ». C'est-à-dire, dans le sens qu’elle
sert pour une fin déterminée et ne l’est pas dans d’autres. Il s’agit, donc, d’une
conception dynamique de la vérité. Parce que celle-ci n’est pas une propriété
acquise une fois pour toutes, sinon une conséquence d’un processus : une idée
est « vérifiée », elle se fait vraie, si l’action montre son utilité ou son efficacité.
« Utilité » signifie, d’un autre côté, opérativité dans la résolution des
problèmes ; dans ce sens, vérité s’approche de « succès dans l’action ». D’un
autre côté, l’utilité signifie également conséquences bénéfiques.

- la théorie consensuelle de la vérité


Cette théorie défendue par Peirce, Appel et Habermas entre autres, démontre
la nécessité du dialogue pour découvrir d’une façon coopérative la vérité des
propositions.

En réalité, quand on dit que quelque chose est vraie, on laisse croire qu’on est
en train de chercher des raisons suffisantes pour convaincre nos interlocuteurs
de la vérité de la proposition, quand on peut dialoguer librement sur cela, sans
pression externe dans la recherche même de la vérité.
Pour cela, les personnes qui ont défendu la vérité sont prêtes à dialoguer avec
les autres, sans pression, sans piège, pour vérifier s’ils peuvent arriver à
susciter l’adhésion des autres interlocuteurs, générer un consensus sur ce
qu’ils considèrent vrai.
Les arguments allégués dans ce dialogue peuvent provenir de différentes
formes de vérification de la vérité : correspondance, cohérence, utilité, etc.
Mais, il s’agit de découvrir s’ils sont capables de générer le consensus de la
communauté des interlocuteurs. Ainsi fonctionnent, en fin de compte, les
communautés scientifiques qui cherchent en commun la vérité.

Mais, le consensus n’est pas un critère de vérité, parce que les interlocuteurs
peuvent se tromper ou ne pas être bien informés. C’est pour cela que les
vérités scientifiques sont toujours révisables.

L’apport de base de cette théorie consiste à montrer que les êtres humains
n’ont pas une façon d’accéder à la vérité qui ne soit pas l’allégation de raisons
et l’écoute des raisons des autres, avec la prétention d’atteindre un consensus
sur ce qui est pour nous vrai.

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