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Philosophie générale L1

01. Introduction à la
philosophie
Michael Murez
michael.murez@univ-nantes.fr
Questions pratiques
• Salle : C002 9h-11h
• Emploi du temps : edt.univ-nantes.fr
• Livret : lettreslangages.univ-nantes.fr/departements/philosophie
• Usage des listes de diffusion : ne pas répondre à tous
• Permanence : lundi 16h-17h C139 (prendre rendez-vous par mail)

• Resp. Licence : Mme GRIVAUX agnes.grivaux@univ-nantes.fr


• Secrétariat : Mme YVON secretariat.philosophie@univ-nantes.fr
Créneaux TD philosophie générale

• G1 : mercredi 11h00-13h A-E


• G2 : mercredi 14h-16h30 F-Z C904
• Horaires et salles sont susceptibles de changer :
consultez l’emploi du temps.
Organisation des TD
Ø1e bloc (6 séances) avec Corentin Fève (argumentation, textes)
Ø2e bloc (3 séances) avec Pauline Gaschignard (dissertation)

• Les TD permettent d’approfondir et de clarifier les notions et les


thèmes abordés en CM, et d’acquérir la méthode philosophique.
Évaluations
Contrôle continu 1 : 25/10 en TD
Contrôle continu 2 : 29/11 en TD
Contrôle continu 3 : 20/12 en CM – 3h

ØSi vous avez des besoins spécifiques, tiers-temps, etc. merci de


le signaler rapidement par mail (en mettant en copie Mme
Grivaux & Mme Yvon).
ØLes dispensés d’assiduité doivent effectuer au minimum le
CC3. Ceux qui n’auront pas la moyenne auront une seconde
chance en janvier.
Site du cours

• Madoc.univ-nantes.fr
• UED1 Philosophie générale 1
• MP : LLGPPC1U01

• L’accès à Madoc sera (normalement…)


automatique, suite aux inscriptions
pédagogiques.
Plan prévisionnel

A. Introduction à la philosophie
B. La méthode philosophique
But général du cours

• Le but du cours n’est pas de vous faire adopter


telle ou telle position, mais de vous encourager à
pratiquer la philosophie – c’est-à-dire à
formuler et à évaluer des thèses et des
arguments philosophiques.
• Le cours vise également à vous ouvrir des
perspectives de lecture et de réflexion
personnelles.
Participation active encouragée

• N’hésitez pas à poser des questions.


• N’hésitez pas à me demander de répéter ou de
clarifier.
• N’hésitez pas à soulever des objections.
A. Introduction à la
philosophie
Ceci n’est pas un cours d’histoire de la
philosophie

Descartes en cours d’histoire de la philosophie Descartes dans ce cours


Iris Murdoch (1919-1999)

Qu’est-ce que la philosophie ?


« Faire de la philosophie, c'est faire l’exploration de son propre tempérament tout
en s’efforçant pourtant de découvrir la vérité. » (The Sovereignty of Good)

« La philosophie vise à clarifier. … La littérature, elle, vise souvent à mystifier. … La


philosophie n’est certainement pas l’expression de soi (self-expression) … la
philosophie, c’est bien sûr de l’argumentation, et vous pouvez dire, eh bien, la
conclusion est-elle vraie, et l’argument est-il valide ? » (extrait d’un entretien avec B.
Magee sur le rapport entre philosophie et littérature)
Wilfrid Sellars (1912-1989)

Qu’est-ce que la philosophie ?


« Le but de la philosophie, pour le dire en des termes abstraits, est de
comprendre comment les choses, entendues au sens le plus large
possible, s’articulent les unes aux autres, au sens le plus large
possible. Dans les ‘choses au sens le plus large possible’ j’inclus des éléments
aussi radicalement différents que non seulement ‘les choux et les rois’, mais
aussi les nombres et les devoirs, les possibilités et les claquements de doigts,
l’expérience esthétique et la mort. Atteindre le succès en philosophie
consisterait à ‘savoir se débrouiller’ ou à ’s’y retrouver’ parmi toutes ces
choses. » (La philosophie et l’image scientifique de l’homme)
Noam Chomsky (né en 1928)

Qu’est-ce que la philosophie ?

« Notre ignorance peut se diviser en problèmes et


mystères. Devant un problème, même si nous n’en
connaissons pas la solution, nous avons un aperçu, une
lueur qui se précise, une idée de ce que nous
cherchons. Devant un mystère, nous ne pouvons que
rester là à regarder, étonnés et émerveillés, sans même
la moindre notion de ce à quoi une explication pourrait
ressembler. » (cité par S. Pinker dans Comment
fonctionne l’esprit)
Bertrand Russell (1872-1970)

Qu’est-ce que la philosophie ?

« [L]e propre de la philosophie est de commencer par


quelque chose de si simple qu’il ne semble pas la peine
de l’énoncer, et de terminer par quelque chose de si
paradoxal que personne n’y croira. » (Philosophie de
l’atomisme logique)
Qu’est-ce que la philosophie ?
• La philosophie se distingue de la connaissance de sens commun, de la
littérature, et des sciences – tout en ayant des rapports avec chacune d’entre
elles.
• La philosophie consiste en grande partie à partir de nos croyances ou de nos
intuitions de sens commun, et à y déceler en germe des paradoxes ou
mystères.
• Parfois ceux-ci résultent d’un conflit interne entre nos intuitions ou croyances,
et parfois d’un conflit entre « l’image manifeste » et « l’image scientifique » du
monde (Sellars).
• Le philosophe s’efforce, par l’analyse conceptuelle et l’argumentation
rationnelle, de transformer ces paradoxes ou mystères en de simples
problèmes.
• On espère finir par « s’y retrouver » et arriver à une meilleure
compréhension des choses dans leur ensemble – y compris soi-même.
David Chalmers (né en 1966 )

Exemple : le mystère (ou « problème difficile »)


de la conscience

L’esprit conscient
Emmanuel Kant (1724-1804)

Les questions philosophiques selon Kant

« Le domaine de la philosophie … se ramène aux


questions suivantes :
1) Que puis-je savoir ?
2) Que dois-je faire ?
3) Que m’est-il permis d’espérer ?
4) Qu’est-ce que l’homme ? »

Logique, Introduction
« À la première question répond la
métaphysique… »
• Une conception plus courante de la métaphysique (ou de l’ontologie) en fait
plutôt la réponse aux questions « Qu’y a-t-il ? », « Qu’est-ce qui existe ? » ou
encore « Qu’est-ce qui dépend de quoi ? »
• La métaphysique étudie traditionnellement la nature et la structure de la réalité
par des méthodes a priori : y a-t-il un dieu ? Des âmes ? D’autres mondes
possibles ? Des universaux ou seulement des particuliers ? Etc.
• La question « Que puis-je savoir ? » définit plutôt le champ de la théorie de la
connaissance ou à l’épistémologie.
• (En la subordonnant à la théorie de la connaissance, Kant défend une position
philosophique : il remet en question la possibilité de faire de la métaphysique telle
qu’elle est traditionnellement conçue – cf. Panorama d’histoire de la philosophie).
« [À] la seconde [question répond] la morale
… »
• On distingue les questions descriptives ou théoriques des questions
normatives ou pratiques, auxquelles appartiennent les questions
morales.
• Les premières traitent de ce qui est (les faits) ; les secondes de ce
qui doit être ou de ce qu’il faut faire (les valeurs, les normes).
ØRelèvent de la philosophie pratique au sens large tout ce qui a
trait à l’action (individuelle et collective), à la normativité, ou aux
valeurs, notamment la philosophie politique et juridique/
Ø Vous aborderez la philosophie morale avec M. Michon au S2.
« [À] la troisième [question répond] la
religion … »
• La question qui intéresse Kant est s’il faut qu’il existe un dieu, et une âme
immortelle, pour qu’on puisse espérer être récompensé pour nos bonnes
actions et puni pour les mauvaises.
• Mais la question concerne plus largement la dimension existentielle de la
philosophie, celle qui concerne la condition humaine, et le sens et la
valeur qu’on peut donner à notre propre vie.
• « Juger que la vie vaut ou ne vaut pas la peine d'être vécue, c'est répondre
à la question fondamentale de la philosophie. » (Albert Camus Le mythe de
Sisyphe)
• Nous ne présupposerons pas que seule la religion (même en un sens
étendu) est en mesure de poser, ou de répondre, à de telles questions.
« [À] la quatrième [question répond]
l’anthropologie … »
• « … Mais au fond, on pourrait tout ramener à l’anthropologie,
puisque les trois premières questions se rapportent à la dernière. »
• Il s’agit ici de l’anthropologie au sens philosophique, et non de la
science sociale du même nom.
• Accorder à l’anthropologie le statut de philosophie première est très
discutable.
• La centralité de la question de ce que nous sommes peut se
justifier si la philosophie vise à la sagesse plutôt qu’à la simple
connaissance : c’est un point de contact entre théorique et
pratique, et entre la philosophie et la conduite de son existence.
B. La méthode
philosophique
Comment faire de la philosophie ?
• La philosophie consiste (en grande partie) à défendre des
thèses par des arguments.
• Une thèse est une proposition que l’on avance, en réponse à
une question ou à un problème philosophique.
• Une proposition : le contenu d’un énoncé déclaratif complet,
susceptible d’être vrai ou faux (même si nous ne sommes pas
toujours en mesure de connaître sa valeur de vérité).
• La logique est la branche de la philosophie qui étudie
systématiquement les arguments.
ØL’un des buts des TD sera de vous former à l’argumentation
et (un peu) à la logique informelle.
Qu’est-ce qu’un argument ?
• Un argument est une suite de propositions, composée de
prémisses et d’une conclusion.
• Les prémisses sont censées donner des raisons d’accepter la
conclusion, qu’elles supportent ou justifient.
• Un argument est déductivement valide quand la vérité de la
conclusion suit de celle des prémisses, au sens suivant : si les
prémisses sont vraies, alors nécessairement la conclusion est
vraie aussi (on dira alors que la conclusion est une conséquence
logique des prémisses).
• Un argument est correct s’il est valide et ses prémisses sont
vraies.
Un exemple d’argument valide (pas spécialement
philosophique)
1. Ou bien le lapin a pris le chemin de
droite, ou bien le lapin a pris le
chemin de gauche.
2. Le lapin n’a pas pris le chemin de
gauche.
∴ Le lapin a pris le chemin de droite.

• Cet argument a la forme logique :

PvQ
¬Q
∴P
Inspiré du « chien de Chrysippe », voir Montaigne, Essais, II, 12.
Comment évaluer un argument pour savoir s’il
est valide ?
• Un test informel : est-il concevable que les prémisses
soient toutes vraies en même temps, et que la
conclusion soit néanmoins fausse ?
• Si c’est concevable (il y a un monde possible où c’est
le cas), alors l’argument n’est pas valide.
Un exemple d’argument philosophique
1. S’il n’y a pas de dieu, alors la vie n’a aucun sens.
2. Il n’y a pas de dieu.
∴ La vie n’a aucun sens.

(La conclusion est une réponse possible à la question :


« Que puis-je espérer ? »)
Comment savoir si un argument est correct ?
• Il faut savoir non seulement s’il est valide, mais aussi si les
prémisses sont vraies.
• Parfois on peut savoir si une prémisse est vraie par un
raisonnement a priori (indépendamment de l’expérience),
simplement en analysant les concepts qui y figurent et en
procédant à des expériences de pensée.
• Souvent la vérité d’une proposition n’est pas simplement
une affaire de logique, mais dépend des faits : il faut des
connaissances empiriques, a posteriori, sur le monde réel,
pour savoir si elle est vraie ou fausse.
Un exemple d’analyse conceptuelle
• Platon : « l’homme est un bipède sans plumes. » (tentative
d’analyse)
• Diogène le cynique (avec un poulet plumé) : « voici l’être
humain de Platon. » (= contre-exemple : l’analyse donne
une extension trop large au concept)
• Platon : « … avec des ongles plats » (tentative ad hoc pour
réparer/compléter la définition)
ØSans doute n’est-ce pas suffisant pour qu’une analyse
conceptuelle soit réussie, qu’elle donne la bonne
extension.
Évaluer une position philosophique
• Les prémisses d’un argument s’appuient souvent sur
d’autres sous-arguments dont ils sont les conclusions,
lesquelles servent à leur tour de prémisses pour d’autres.
• On se contente rarement d’examiner une thèse isolée,
mais plutôt une position, une théorie, ou un système.
• Ce qui nous intéresse en philosophie sont souvent les
justifications qui peuvent être fournies pour telle ou telle
position, et l’exploration de l’espace logique des
positions (les différentes positions possibles et leurs
rapports logiques).
Lectures recommandées
Pour le CM 02 « Y a-t-il un dieu ? » : Bertrand Russell
Pourquoi je ne suis pas chrétien (surtout pp. 24-34)

Pour aller plus loin :


Sur le naturalisme : Louise Antony « What is Naturalism
? » (en anglais)
Sur la philosophie de la religion : J. L. Mackie The Miracle of
Theism, OUP, 1982, surtout chap.1, 2, 3 et 5
Merci pour votre aimable attention !

Questions, commentaires, objections :


michael.murez@univ-nantes.fr

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