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des plus grands


philosophes
de l’histoire

David Michaud

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Note de l’auteur

Cette sensation. Cette étrange émotion. La première fois que je l’ai senti, c’était
à mon tout premier cours de philosophie. Notre professeur, Pascal Ouellet, nous
faisait lire l’Apologie de Socrate. C’est alors que ce formidable enseignant a fait
référence à la philosophie de Nietzsche. J’ai été d’abord étonné, puis impressionné
par sa pensée. Pascal a continué à parler de Nietzsche aux étudiants pour quelques
minutes. Ces minutes, elles étaient suffisantes pour me donner l’impression de me
faire piquer. Une piqure qui est allée s’injecter dans mon âme. Durant l’entière
discussion, mes yeux sont restés grands ouverts. Quand le cours fut terminé, je
sentais encore cette injection philosophique. Sans exagération, j’avais l’impression
d’avoir pris de la drogue. Lorsque je me levai, ce n’était pas pour quitter la salle,
mais pour poser des questions à Pascal. J’avais besoin d’une autre dose, de plusieurs
autres doses. J’étais donc là, à poser des questions de moins en moins pertinentes.
Je ne voulais pas que cette empreinte parte. Et c’est ce qui est arrivé. L’empreinte
n’est jamais partie.
Durant les six prochaines années, j’ai parcouru l’ensemble de l’histoire de la
philosophie. Partant de Thalès de Milet jusqu’aux plus modernes des philosophes,
j’ai collecté les doses les plus fortes. Et à chaque moment où je retrouvai cette
sensation, on me voyait un sourire aux lèvres. Ce qui m’amusait, c’était
l’admiration. J’avais l’impression de retrouver foi en l’humanité à travers le
philosophe que je lisais. Mais l’humanité ne se compose pas seulement de
philosophes. Il y a ceux qui n’ont jamais lu, ou même entendu parler, de
philosophie. C’est ainsi que m’est venue l’idée de partager la philosophie. La raison
pour laquelle j’ai donc pris un an à écrire ce livre est par seul espoir de déclencher
des sensations. De voir la philosophie couler dans d’autres veines. « Dans le monde,
les choses les meilleures ne valent rien sans quelqu’un pour les mettre en scène »
(Friedrich Nietzsche).
L’un des plus grands obstacles à la véritable compréhension philosophique est

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la difficulté du niveau du langage et tous ces termes embêtants qui ne font que
mettre des bâtons dans les roues. J’ai donc opté pour une lecture simple, rapide et
efficace. Ayant le moins possible de mots durs qui nécessitent de savoir sa
définition, je rends la lecture plus facile qu’un ouvrage universitaire ou cégépienne.
Les philosophies sont généralement très courtes, car « le demi-savoir triomphe plus
facilement que le savoir complet : il conçoit les choses plus simples qu’elles ne le
sont, et en forme par suite une idée plus saisissable et plus convaincante », disait
Nietzsche. Bref, tout cela pour vous souhaiter une lecture divertissante qui vous fera
voyager à travers deux millénaires et demi d’idées captivantes !

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Préface

Qu’est-ce que la philosophie ?


Originaire de la Grèce, la philosophie signifie littéralement : « amour de la
sagesse ». Elle est une notion qui ne peut-être éclairée que par un rassemblement de
plusieurs tentatives de description. Pour André Comte-Sponville, « la philosophie
n’est ni une science ni une religion : chacun y cherche une même vérité, mais ne
trouve jamais que la sienne, qu’il confronte à celle des autres ». « La philosophie est
le microscope de la pensée », disait Victor Hugo, et une « tentative méthodique et
tenace d’introduire la raison dans le monde » pour Max Horkheimer. Si l’on
considère ces trois définitions, la philosophie est une quête de vérité individuelle
qui fait usage de notre réflexion dans le but d’instaurer – aux questions essentielles
– les plus raisonnables réponses. La philosophie élève la conscience.
Qu’est-ce qu’être philosophe ?
Le philosophe signifie « l’ami de la sagesse ». Il est un individu dont la vie est
consacrée à la recherche de la vérité. Mais un philosophe n’est pas obligatoirement
celui qui écrit une œuvre, crée un système. Pour Hegel, Socrate est un « vrai
philosophe » parce qu’il a vécu sa philosophie au lieu de l’écrire. « Être philosophe
ne consiste pas à savoir beaucoup de choses, mais à être tempérant », disait Socrate.
Qu’est-ce qui pousse l’homme à philosopher ?
Selon Platon et Aristote, l’origine de la philosophie est l’étonnement. Après
l’étonnement vient le questionnement : « Pourquoi sommes-nous là, ici et
maintenant ? Qu’est-ce qui agit derrière les phénomènes ? Pourquoi savons-nous
telle chose ? » La philosophie se renouvelle sans cesse, car les réponses aux questions
sont elles-mêmes mises en questions. Le doute fait partie de l’une de ces plus
grandes forces. « La philosophie, bien qu’elle ne soit pas en mesure de nous donner
avec certitude la réponse aux doutes qui nous assiègent, peut tout de même suggérer
des possibilités qui élargissent le champ de notre pensée et délivre celle-ci de la

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tyrannie de l’habitude » (Russell). Parmi les autres causes qui nous poussent à
philosopher, il y a celle de la mort. La menace permanente de la fin pousse à
réfléchir sur soi-même et à décider de ce qui doit être saisi comme étant essentiel.
« Les vrais philosophes s’exercent à mourir, et ils sont, de tous les hommes, ceux
qui ont le moins peur de la mort » (Platon). Selon Wittgenstein, le but de la
philosophie est surtout « la clarification logique des pensées ». Enfin, toutes ses
raisons sont suffisantes pour affirmer que l’homme n’arrêtera jamais de
philosopher.

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Disciplines philosophiques

Connaître avant tout les principales branches de la philosophie est essentiel à


la compréhension, car elle permet de distinguer les grands axes et ainsi d’avoir une
meilleure vue d’ensemble. Durant votre lecture, vous rencontrerez plusieurs
mentions de ces disciplines. Il est donc nécessaire de savoir la signification de
chacun d’eux. La meilleure façon de bien saisir une discipline est de la lier à
plusieurs questions. De cette manière, vous pourrez interpréter sa définition à
l’image qui vous convient et ainsi pouvoir formuler vous-même de nouvelles
questions.
La philosophie du langage
La philosophie du droit
• Quelle est l’origine du
• Quels droits civiques et
langage ?
naturels avons-nous ?
• En quoi nous est-elle
• Quels sont les droits de
utile ?
l’homme ?
• Comment mieux
• Qu’est-ce que la justice ?
l’appliquer ?
• Comment faut-il juger et
• De quelle manière
sur qui ?
devrions-nous tous
La philosophie de l’esprit
communiquer ?
• Avons-nous un esprit ?
La philosophie de l’action
• Est-il matériel ou
• Pourquoi agissons-nous ?
spirituel ?
• Quelles sont nos
• Est-il lié à nous ou à autre
motivations qui nous
entité ?
poussent à l’action ?
• Quelle est l’utilité d’avoir
• Sommes-nous entièrement
un esprit ?
libres de nos actions ?

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La philosophie de l’histoire • Y a-t-il des règles
• Comment va se dérouler économiques universelles ?
l’avenir ? • Pourquoi avons-nous
• Notre histoire était-elle besoin de l’économie ?
utile ou futile ? L’esthétique
• L’histoire est-elle le fruit • Qu’est-ce que le beau ?
du hasard et de l’imprévu ? • Comment distinguer le
• Quelle est la meilleure beau de ce qui ne l’est pas ?
manière de distinguer les • Qu’est-ce que l’art ?
phases de l’histoire ? • Existe-t-il des limites à ce
La philosophie de la religion qui pourrait être jugé
• Y a-t-il une religion comme étant de l’art ?
meilleure que les autres ? L’épistémologie
• Qu’est-ce que Dieu et tout • Qu’est-ce que la
ce qui relié à lui ? connaissance ?
• Est-ce que Dieu existe ? • Comment savons-nous et
• Sommes-nous reliés à lui ? pour quelle raison ?
• Est-il dans ce monde ou • Le savoir a-t-elle une
au-delà du monde ? valeur ?
La philosophie politique • En quoi la connaissance
• Quelle est la meilleure nous est-elle utile ?
forme de doctrine La métaphysique
politique ? • Quelle est la cause
• Comment la politique première à l’univers ?
influence t’elle le monde ? • Est-elle matérielle ou
• Devrions-nous tous nous spirituelle ?
soumettre à l’autorité ? • Quelle est l’origine de la
• À quel moment une vérité et de la connaissance ?
rébellion est-elle nécessaire ? L’ontologie
La philosophie économique • Qu’est-ce qu’exister ?
• Quelle est la meilleure • Pourquoi existons-nous ?
forme de système • Quel est le but de notre
économique ? existence ?

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L’éthique La logique
• Qu’est-ce que le bien et le • Qu’est la meilleure
mal ? logique ?
• À quel principe devrions • Comment la définir et
tous adhérer ? l’appliquer ?
• Comment agir au mieux ? • Qu’est-ce qu’« être
logique » ?

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La philosophie antique

La philosophie occidentale débute chez les Grecques établies au sud de l’Italie.


À partir du six au septième siècle avant Jésus Christ, il y eut un tournant « du mythe
à la raison ». Les Grecs, ne pouvant plus se contenter de réponses religieuses aux
questions fondamentales, ont commencé à user de raison. Ainsi naquirent les bases
de la philosophie et de la science. « Avant les Grecs, il n’y a, à proprement parler,
pas de peuple qui ait entrepris de philosopher ; auparavant, tout se représentait par
images et rien par concepts » (Kant)

LES PRÉSOCRATIQUES
« De quoi est fait le monde ? Quelle est l’origine du monde ? » Telles sont les
principales questions que les présocratiques ont fait face. Certains tenteront d’y
répondre avec les éléments de la nature (la terre, l’eau, le feu et l’air), tandis que
d’autres vont se ranger chez les réponses mathématiques de l’École
pythagoricienne, de ceux apportés par les éléates (ceux qui sont nés à Élée), chez
Héraclite l’Obscur ou les atomistes.

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THALÈS
« La véritable beauté est celle de l’âme »

Né à Milet dans une ville d’Asie


Mineure (aujourd’hui en Turquie),
Thalès fut le premier philosophe
grec de l’histoire de la philosophie. Il
a apporté une première réponse non
mythologique à la question sur
l’origine des choses. Durant sa
jeunesse, il a voyagé en Égypte pour
étudier puis rapporter la science de
la géométrie, qui sera plus tard très
utile pour Pythagore.
L’origine humide
Thalès remarque que ce n’est
pas parce qu’il appelle les dieux
que ces plantations sont fécondes.
Cela dépend des conditions
météorologiques ; la pluie apporte
l’eau nécessaire aux récoltes. Son idée est qu’il y a une origine humide à toute chose.
La source de toute humidité étant l’eau, il mit comme principe que la base matérielle
de tout ce qui existe est l’eau. Ce n’est pas grâce aux dieux que nous sommes en vie,
mais bien grâce à l’abondance de l’eau, vitale à la survie. Il poussa même sa croyance
jusqu’à dire que la terre flottait en fait sur l’eau. Ce premier concept philosophique
fut assez populaire pour fonder l’école milésienne ; une école qui enseigna différents
principes pour expliquer la matière et l’univers.

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ANAXIMANDRE
« Tout ce qui a un commencement a une fin »

Disciple de Thalès pour ensuite


succéder à son rang de professeur à la tête
de l’école milésienne, Anaximandre fut le
premier à mettre sa philosophie par écrit.
Ayant également proposé que la terre soit
au milieu de l’univers et qu’elle flotte
dans le vide, il fut d’une part essentiel à la
progression philosophique et d’autre part
à celle de l’astronomie.
La source des éléments
Comme son professeur, Anaximandre
pense que le monde s’est développé à partir
d’un élément de base. Cet élément est
l’« apeiron », qui signifie l’illimité, indéfini
et indéterminé. L’apeiron est impossible à
percevoir, mais existe. Il est éternel,
indestructible, permanent, et forme les
quatre autres éléments (air, terre, eau et
feu). Anaximandre n’est pas d’accord avec
Thalès lorsqu’il prétend que la terre flotte sur l’eau. Pour lui, la terre flotte dans le
vide. Il enseigna sa pensée aux trois prochains philosophes : Anaximène, Pythagore
et Xénophane.

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ANAXIMÈNE
« Tout vient de l’air et tout y retourne »

Troisième représentant de
l’école de Milet et élève
d’Anaximandre, Anaximène de
Milet apporta une neuve
conception à la philosophie
occidentale. Comme Anaximandre,
il soutenait que la Terre est
suspendue dans le vide, contenu
dans la moitié inférieure de la
sphère du monde.
Mais, au lieu de lui donner une
forme sphérique, il la supposait
aplatie comme un disque. Il donnait
la même forme au Soleil et à la Lune.

Le principe atmosphérique
Anaximène participe aux théories métaphysiques en proposant l’air comme
étant le principe de toutes choses, car l’air peut se transformer en eau par
condensation afin de former les océans, en feu par dilatation formant de ce fait le
soleil, et en terre aussi par condensation, mais cette fois en partant du vent et des
nuages. L’air est éternellement en mouvement et est doué de vie. Donnant ainsi des
qualités divines à l’air, elle est à l’origine de l’existence des dieux.

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PYTHAGORE
« Le commencement est la moitié de tout »

Faiseur de miracles,
Pythagore est considéré
comme l’un des plus grands
sages de la période grecque
classique. Instituteur de l’école
pythagoricienne où il enseigna
la physique, la philosophie, les
mathématiques et les sciences
se basant sur les découvertes de
Thalès. Pythagore était si
apprécié qu’on lui décernait des
pouvoirs fantastiques comme
celui d’apprivoiser les ours, de
faire descendre un aigle du ciel,
de guérir grâce à sa musique et
de commander le vent.
L’union du corps et de l’esprit
La philosophie de Pythagore
est un dualisme corps/esprit ; il
n’existe pas seulement des
corps humains, animaux et
végétaux, mais aussi des esprits à l’intérieur d’eux. Pour Pythagore, l’homme a deux
âmes : l’un est matériel et l’autre divin. Mais pourquoi l’homme aurait-il une âme
divine ? Pythagore estimait les mathématiques comme un accès privilégié au divin et
puisque l’homme peut comprendre les mathématiques, l’homme contient une âme
divine. Ces âmes sont constantes et éternelles. Pythagore a aussi formulé la théorie de
transmigration des âmes1 et la réincarnation.
« Tout est nombre »
Les nombres dominent le monde ; les mathématiques sont la source des choses.
En plus d’être en parfaite harmonie, la réalité peut être expliquée avec les nombres.
Modèle d’ordre pour la cité grec, nous devons utiliser les chiffres adéquatement
sachant déjà qu’il est un privilège unique de pouvoir les assimiler. Héraclite a
raconté que, par dégoût de la vie, Pythagore se serait laissé volontairement mourir

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Lorsqu’un corps meurt, son âme change de corps

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