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L’AMOUR

Les Grecs ont trois mots pour décrire l'amour: Éros, Philia et Agapé.

Éros décrit tout simplement l'amour sexuel. C'est l'érotisme et le plaisir naturel. C'est
aussi le désir et l'attirance physique au premier regard.

Philia décrit l'amitié. L'amour que l'on éprouve envers ses meilleurs amis. C'était à
l'époque des Grecques le sentiment le plus estimé entre les gens de même sexe. C'était
ce qu'il y avait de plus stable: la compagnie des autres car l'éros ne durait pas
indéfiniment.

Pour agapé, que j'ai encore du mal à comprendre, je vous réfère à cette citation tirée de
Wikitionaire: C'est l'amour qui donne au lieu de prendre, l'amour qui se fait petit au lieu
d'occuper toute la place, l'amour qui veut le bien de l'autre plutôt que le sien, l'amour
affranchi de l'ego. — (Emmanuel Carrère, Le Royaume, 2014, pp. 207-208)

L'amour passe par le désir. Nous désirons ce que nous n'avons pas. Le désir est manque.
Donc lorsque nous avons ce que nous désirons, par exemple le corps d'une jolie
demoiselle ou tombons amoureux d'une personne et formons un couple avec, l'ennui
commence à s'installer. L'ennui s'installe car le désir est comblé, il n'y a plus cet obstacle
de devoir séduire l'autre. Nous possédons l'autre, et nous nous remettons à la recherche
d'une autre personne afin d'avoir de nouveaux désirs à combler. Voilà l'amour selon
Platon.

Pour Spinoza, il suffit d'aimer l'existence d'une personne. Il y a un autre type d'amour
qui soutient que nous pouvons nous réjouir que l'autre existe sans pour autant vouloir
qu'il ou elle nous appartienne. Mais voilà, l'autre ne nous appartient pas et nous aurons
toujours ce désir de possession en nous...

On distingue trois grandes périodes dans les Dialogues de Platon :

– Dialogues de Jeunesse : Lachès (sur le courage), Euthyphron (sur la piété) et le


Charmide (sur la tempérance)

– Dialogues de Maturité : le Phédon (sur les Idées), le Banquet (sur l'amour), le


Phèdre (eros) et la République (sur la justice)
– Dialogues de la Vieillesse : le Théétète (sur la connaissance), le Sophiste (sur la
vérité), le Politique (sur la société) et les Lois (sur la législation), lequel est
inachevé

La pratique philosophique est donc avant tout une expérience existentielle qui nous ramène au plus près de ce
que fut la philosophie à ses débuts socratiques, enrichie de principes et d'apports théoriques et pratiques issus de
2 500 ans d'histoire de la pensée.

La pratique philosophique est en cela unique : tout d'abord, elle ne s'enseigne pas dans les hauts lieux
académiques, mais se transmet entre praticiens, a priori, toute personne normalement constituée peut s'adonner à
la pratique philosophique, sans condition d'érudition. cette pratique implique un investissement mental important
: il s'agit de faire des exercices régulièrement, d'accepter qu'autrui puisse nous évaluer, de prendre le risque de se
voir fonctionner et de découvrir des manières de fonctionner qui ne nous plairont peut-être pas, de faire l'effort
de s'exprimer en public et de respecter les règles du jeu, d'analyser des choses qui nous sont pénibles ou
auxquelles nous ne trouvons pas directement un intérêt particulier. Bref, il faut faire ses gammes, comme dans
n'importe quelle discipline artistique ou sportive nécessitant de maîtriser certaines techniques avant de pouvoir
évoluer de manière autonome.

L'âme purifiée Elle devient tout simplement plus présente à soi, à autrui et au monde, contribuant à enrichir notre
expérience de la vie. L'âme doit s'endurcir par la confrontation des arguments de la même manière que le corps
s'endurcit par la gymnastique et la pratique de la lutte.

s'adonner à la pratique philosophique, c'est donc vouloir (re)prendre le contrôle de sa pensée pour en faire un
outil de compréhension de soi, d'autrui et du monde, mais aussi pour le plaisir esthétique de se voir penser. Dans
ce jeu, ce sont aussi bien la raison et l'imagination qui se répondent et se stimulent mutuellement sans être
subordonnées à une fin utilitaire, ce qui provoque un plaisir esthétique identique à celui de contempler une
oeuvre d'art.

Kant parle de « libre Jeu des facultés » dans La Critique de la faculté de juger.

le principe même de la philosophie, c'est de donner du sens à ce qui n'en a pas ou n'en a que partiellement, de
clarifier l'obscur, de dissiper le brouillard, de poser des mots, des concepts, sur ce qui nous apparaît comme
émotions, impressions, images, voire sensations.

Socrate - Sa méthode - Interpeller et questionner autrui – la maïeutique – la réfutation par le questionnement –


décortiquer le discours d’autrui - déceler ses intentions -

les philosophes d'aujourd'hui cherchent à expliquer le monde en confrontant les divers systèmes qui les ont
précédés et en en tirant une interprétation originale. Il n'y a pas de tentative de transformation de soi, de
conversion de l'âme ou de fortification de l'esprit par le dialogue.

les philosophes sont des fonctionnaires de la philosophie qui se spécialisent dans le commentaire de quelques
auteurs et dans la présentation plus ou moins originale de l'histoire de leurs idées et de leurs systèmes. Cette
philosophie est une philosophie intellectuelle et très technique, peu accessible aux non-initiés et qui n'a pas le
souci de la cohérence entre la vie et les écrits.

Les exercices de transformation de soi ont été largement investis par la psychologie positive et le mouvement du
développement personnel, et il aura fallu des auteurs comme Pierre Hadot pour que le grand public
redécouvre les exercices spirituels couramment pratiqués dans la Grèce ancienne.

- Pierre hadot = exercices spirituels + philo comme manière de vivre

- l'évidence marque toujours la fin de la pensée.


Descartes – discours de la méthode - ce n'est pas assez d'avoir l'esprit bon, le principal est de l'appliquer
bien.

SPINOZA – éthique - Les hommes se croient libres parce qu'ils sont conscients de leurs désirs mais ignorants
des causes qui les déterminent.

Prendre conscience de nos propres conditionnements est impératif pour accéder à la liberté. Nous avons souvent
l'occasion, au cours de consultations individuelles ou collectives, de constater à quel point les différents
conditionnements qui opèrent en nous entravent notre pensée.

Pour bien penser, il faut savoir faire taire ses désirs et se soumettre à la raison commune, prendre en charge les
contraintes que le questionnement d'autrui met sur notre discours. C'est aussi à ce titre que la pratique
philosophique est un exercice d'ascèse ayant des points communs avec la tradition bouddhiste, qui considère que
les désirs font le malheur de l'homme.

Spinoza nous dit que omnes determinatio est negatio (« toute détermination est une négation de ce qu'elle
n'est pas »). tout discours est ce qu'il n'est pas.

Hegel - l'objection interne, par opposition à l'objection externe qui se contente d'opposer une opinion
contradictoire sans prendre soin d'étudier l'hypothèse initiale de l'intérieur. Il s'agit de faire le travail de négation
depuis l'intérieur du discours afin que cette négation puisse transformer la proposition en l'enrichissant.

KANT – critique de la raison pure – Des pensées sans contenu sont vides, des intuitions sans concept,
aveugles. Le discours doit s'ancrer dans l'expérience, Le ressenti ne fait pas un argument. Le ressenti est
subjectif,

Popper - vérité falsifiable - Ce qui démarque la science de la croyance, c'est donc la capacité de la science à se
rendre falsifiable, contrairement à la croyance, qui ne peut être prouvée fausse. Par analogie, dans la pratique
philosophique, nous soumettons les opinions à des procédures de questions et d'objections qui permettent d'en
éprouver les fondements.

- Pratique philosophique

1- La suspension du jugement - Réfléchir avant de réagir

La première attitude est de se poser, de suspendre son jugement. Cela consiste à douter systématiquement et
méthodiquement de toutes ses certitudes et à s'empêcher de donner un jugement avec précipitation, comme nous
avons tendance à le faire habituellement.

2- Briser l'habitude

C'est donc tout le contraire d'une pensée dogmatique : c'est une pensée problématique. Tout discours pose et doit
poser problème.

Laisser autrui vienne secouer mes convictions, vienne me faire penser à ce à quoi je n'ai peut-être pas envie de
penser, pour une raison ou une autre.

Il faut se donner le temps d'approfondir pour étudier les enjeux philosophiques d'un discours, aussi banal et
brouillon fût-il. On voit bien que la pratique philosophique est autant affaire de discours que de silence, de lien
que de rupture. Elle est aussi affaire d'esprit autant que de corps : le praticien, pour accompagner le participant
dans la suspension de son jugement, l'invitera aussi à cesser la gesticulation compulsive, les interjections
protestataires ou les regards fuyants qui cherchent un appui chez autrui.

3- Authenticité

Mais après tout, si nos rôles nous vont si bien et nous sont si utiles (ils ont un rôle y justement), pourquoi faire
tomber le ou les masques ? Et d'autre part, existe-t-il une chose telle que notre vrai « moi » ?
Pourtant, à bien y réfléchir, nous nous rendons compte que c'est avant tout pour autrui que nous jouons un rôle ;
c'est parce que nous sommes instinctivement conscients d'être soumis au jugement d'autrui que nous présentons
cette facette de nous-même.

Provoquer l’authenticité = créer des moments de crise, Aussi est-ce souvent dans les moments extrêmes que se
révèlent des traits authentiques de notre personnalité : en situation d'urgence, de danger... bref, en période de
crise. C'est la raison pour laquelle la pratique philosophique, pour laquelle une attitude authentique est
essentielle, doit provoquer ces crises, ces ruptures, pour générer de l'authenticité.

les sentiments ne constituent pas un comportement authentique, pour sincères qu'ils soient, car l'intention qu'ils
masquent est de s'attacher les faveurs d'autrui, de rester conforme à l'image que l'on souhaite donner de soi-
même pour répondre aux attentes, aux besoins ou aux désirs d'autrui. Ainsi, l'authenticité nécessite de
s'affranchir de l'influence que le jugement d'autrui peut avoir sur notre comportement

L'authenticité retrouvée nous replonge dans notre enfance, à l'époque où notre image n'était pas encore un
problème, où nous ne nous souciions pas des conséquences de notre comportement sur autrui. Par conséquent,
plus nous nous trouvons dans un milieu contraint, où les attentes sur notre comportement sont d'autant plus fortes
qu'elles sont implicites, plus nous évoluons dans un environnement où la culture locale est prégnante et intégrée
aux habitudes, plus il nous sera difficile de concilier authenticité et intégration au sein d'un groupe - à moins que
le groupe lui aussi en vienne à devenir authentique.

Celui qui pense confronte sa pensée à celle de l'autre. Pour cela, il doit en comprendre le fonctionnement comme
le menuisier doit comprendre les particularités du bois qu'il travaille. A partir de la prise en compte de cette
réalité, il pourra alors créer quelque chose en modifiant, en rectifiant, et en développant son savoir-faire.

4 - Confrontation aux règles de la méthode - Respecter un cadre

En tant que participant, entrer dans la pratique philosophique, c'est aussi se confronter à une méthode et à ses
règles : lever la main avant d'intervenir, s'engager à dire ce que l'on souhaite en une phrase la plus simple
possible, poser des questions sans que transparaisse l'intention du questionneur, répondre clairement aux
questions, faire des objections sans pour autant « exprimer son opinion », c'est-à-dire seulement pour dire ce que
l'on a à dire sans que cela n'ait de rapport réel avec le sujet.

La pratique philosophique, comme le terme grec de praxis nous le suggère, est avant tout un outil de
transformation de soi qui nous aide à « devenir nous-même », à nous sentir plus en adéquation avec notre être.
Ceci est permis par la capacité à se penser, et par conséquent à voir ce qui, dans notre propre mode de
fonctionnement, pose problème.

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