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Méthodologie de la dissertation philosophique

Pourquoi disserter ?
A Athènes, au 5ème siècle avant J-C., Socrate avait l’habitude d’entrer en dialogue avec n’importe qui, et au cours
de ses dialogues, il interrogeait les opinions de ses interlocuteurs et leur montrait qu’elles faisaient problème. On
peut toujours opposer à nos opinions des questions dénonçant leur certitude aveugle. Le sujet de nos opinions
devient problématique. C’est lorsque quelqu’un reconnaît le caractère problématique de ses certitudes qu’il peut
ouvrir son esprit. Cette ouverture d’esprit le rend libre émotionnellement de ses opinions et peut laisser surgir un
nouveau point de vue plus conscient.
Disserter est donc un exercice philosophique qui consiste à élaborer une problématique nous libérant de nos
opinions courantes concernant un sujet afin d’en discerner la vérité.

I – Qu’est-ce que la dissertation philosophique ?


1 – Définition de la dissertation
Une dissertation est une argumentation qui pose (introduction), traite (développement) et résout (conclusion) un
problème philosophique. Ce n’est pas une question de cours : certaines connaissances sont nécessaires, mais
c’est à vous d’inventer votre solution au problème que vous aurez identifié. A ce propos, le Bulletin officiel n°
25, 19 juin 2003 est assez explicite sur les exigences de l’épreuve :
« La dissertation est l’étude méthodique et progressive des diverses dimensions d’une question donnée. A partir
d’une 1ère définition de l’intérêt de l’intérêt de cette question, et de la formulation du ou des problèmes qui s’y
trouvent impliqués, l’élève développe une analyse suivie et cohérente, correspondant à ces problèmes, analyse
nourrie d’exemples et mobilisant avec le discernement nécessaire les connaissances et les instruments
conceptuels1 à sa disposition » (Bulletin officiel n° 25, 19 juin 2003)

Le travail conceptuel qu’on demande de mener doit s’inscrire dans un raisonnement cohérent, mais aussi
singulier, qui exige un effort d’appropriation du cours. L’objectif fondamental du cours de philosophie étant en
effet de « former des esprits autonomes », c’est-à-dire capables de développer une pensée rigoureuse libérée des
préjugés ordinaires.
L’élève est jugé sur ces capacités à « Introduire un problème, mener ou analyser un raisonnement, apprécier la
valeur d’un argument, exposer et discuter une thèse pertinente par rapport à un problème bien défini ;
rechercher un exemple illustrant un concept ou une difficulté, établir ou restituer une transition entre deux idées,
élaborer une conclusion » (Bulletin officiel n° 25, 19 juin 2003)

1
Les instruments conceptuels dont il s’agit ici sont les repères ! Et voici ce que disent les textes officiels à propos de ces repères : « La
maîtrise de ces distinctions permettra au candidat de mieux comprendre le sens et la portée d’un problème et de construire sa réflexion pour
le traiter.»

Cours de philosophie – Méthodologie de la dissertation philosophique – C. D.


1
Toute dissertation cherche à transformer les notions du sujet, dont le sens est multiple, en des concepts, dont la
définition est unifiée. Le but est de parvenir à une définition plus unitaire, moins parcellaire – éventuellement
moins caricaturale – que les définitions essayées dans les parties précédentes.

A retenir :
Bien que s’inspirant du dialogue philosophique, une dissertation est un discours comprenant :
- une introduction mettant en place une problématique,
- trois parties distinctes où la première et la seconde par leur différence de point de vue amplifient le problème, et
où idéalement, la troisième démasque ce problème ou le déplace.
- une conclusion résumant le cheminement et proposant une ouverture.

** Trois défauts majeurs qui font échouer la dissertation sont à éviter à savoir :
- le hors sujet,
- le défaut de croire qu’on pense, en multipliant des anecdotes,
- l’illusion d’échapper à l’opinion avec un catalogue d’idées dont les parties se résument à « oui », « non »,
« peut-être » ou « ça dépend ».

2 – Comprendre la question et identifier le problème


D’abord il faut savoir que le chemin de la réussite d’une dissertation commence lorsqu’on arrive à réussir ces
deux points : – a) déterminer bien le sens de la question posée, en la reformulant clairement ; – b) identifier le
problème. Ces deux étapes réussies, on peut être sûr qu’on évitera ainsi le hors sujet2.

Comprendre la question de la dissertation, c’est percevoir son caractère paradoxal (para = contre, doxa =
opinion commune), c’est identifier le ou les problèmes qu’elle pose, ou encore, c’est la problématiser. Retenir
que tout sujet est paradoxal et c’est pour cela que l’on nous invite à réfléchir.
Le caractère paradoxal peut prendre diverses formes :
- Le sujet peut être provocant dans sa formulation (ex. : Faut-il en finir avec la tolérance ?)
- Il peut avoir l’air d’une contradiction dans les termes, à la limite de l’absurdité (ex. : Peut-on librement
renoncer à sa liberté ?)
- Il peut mettre en rapport des concepts apparemment opposés (ex. : Peut-il avoir un art du laid ?)
- Ou inversement, proposer d’opérer des distinctions entre des concepts qu’on aurait tendance à relier (ex. : Le
droit est-il nécessairement juste ?)
- Il peut être simplement bizarre (ex. : Pourquoi suis-je moi plutôt qu’un autre ?)
- Parfois, le paradoxe est double : lorsque le sujet oppose clairement deux thèses possibles, qui paraissent
également légitimes l’une et l’autre, sans que l’une soit plus de l’ordre de l’opinion commune et l’autre de
l’ordre du paradoxe philosophique (ex. : Le langage sert-il d’abord à s’exprimer ou à communiquer ?). Il ne faut
pas hésiter à montrer que l’une des deux thèses entraîne des paradoxes et que la thèse adverse en entraîne
d’autres.

2
Hors sujet : il y a hors-sujet dès que l’on ne traite pas exactement la question posée – même si son propos n’est pas sans rapport avec le
sujet. Pour l’éviter, il faut toujours se demander si l’on ne perd pas de vue le sujet et relier explicitement ce que l’on écrit à la question posée.

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2
Pour identifier le problème, la première démarche consiste à découvrir le présupposé du sujet, éventuellement
contenu dans la question, afin de mettre à jour ce dont on demande débattre ou de ne pas débattre. Ce qui
implique de la part du candidat une aptitude à cerner un problème, et à y réfléchir méthodiquement et à l’exposer
à l’aide d’un discours précis.

Quid du présupposé ?
Le présupposé (ce qui est supposé avant) est une affirmation implicitement contenue dans la question que l’on
considère comme acquise et qui ne devra pas faire l’objet essentiel du débat.

L’identifier est donc essentiel à la compréhension du sujet afin de déterminer l’objet de son étude et d’en fixer
les limites. Il est clair que le présupposé aide à la compréhension du sujet mais ne doit pas faire l’objet essentiel
de la réflexion. Donc, il n’est pas impossible de le remettre en cause au terme de la démonstration. Autrement
dit, il ne faut pas le remettre en cause au début de la réflexion, car cela consiste à en une tentative à évacuer la
question sans pour autant la traiter ! Il appert que remettre en cause le présupposé dès le début de la réflexion ne
serait pas seulement une maladresse : cela signifierait également que vous refuserez de traiter le sujet qui vous
est proposé, ou bien que vous n’avez perçu le présupposé. Dans les deux cas, vous seriez hors sujet.

Ensuite, il devient alors urgent d’identifier ensuite le problème qui empêche de répondre immédiatement à la
question et qui oblige de passer par l’examen méthodique des réponses et des arguments concurrents. En effet si
la question admettait une réponse évidente, la dissertation serait inutile ! C’est le problème qui impose le détour
de la réflexion : sans lui, il n’y a pas de pensée véritable.

Qu’est-ce qu’un problème ?


Avant toutes choses : Il ne faut pas confondre la « question » posée par le sujet (avec un point d’interrogation),
et le « problème », qui lui est sous-jacent (qui ne s’énonce pas nécessairement sous la forme d’une question). Ce
serait comme confondre la question « Comment aller à aller à Paris ? » et l’énoncé des obstacles que l’on peut
rencontrer sur la route.

Le problème peut être défini comme la question qui est au cœur de la question initiale et qui ne transparaît pas
forcément à la première lecture ; il est l’aporie3 fondamentale qui bouscule les évidences, la question difficile
mais quasi impensable et qui ne saurait être pensée en toute bonne logique élémentaire (propre au sens
commun). C’est une question qui trouve sa source dans cette évidence au second degré, et qui ne peut être résolu
avec la logique du sens commun même si nous partons de l’évidence du sens commun, comme point de départ
pour y remonter. Il ne relève jamais d’une « résolution » à proprement parler. Car l’objet de la philosophie n’est
pas de tout niveler.

3
Aporie (terme du grec antique a-poros = alpha privatif et passage) : signifie sans chemin, impasse, absence d'issue et dans le cas qui nous
préoccupe ici = embarras de la pensée dans la mesure où on se retrouve sans perspective sauf si elle se déploie autrement

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3
Déceler le problème en philosophie consiste à partir absolument de la question du sens commun afin de
dépasser cette évidence du premier degré qui relève du sens commun pour aboutir à la question aporétique. Cette
question qui constitue le problème, n’est pas pour autant insoluble mais doit subir une réflexion philosophique,
qui ne peut se faire sans l’élaboration d’une problématique.

A retenir : il y a problème, lorsqu’à une question deux réponses sont possibles, mais en même temps elles
semblent entrer en contradiction.

En définitive, le problème posé par le sujet, est ce qui produit en vous de l’étonnement. Et le déceler, c’est
mettre au jour le paradoxe contenu dans le sujet et déboucher alors sur l’identification sur le problème. Ce
paradoxe est cette affirmation contraire à l’opinion commune, qui déroge à ce que nous avons l’habitude de
penser. Pour découvrir le paradoxe, la meilleure solution consiste à une lecture méthodique du sujet.

II – De la lecture à l’analyse

1 – La lecture du sujet : 1er point essentiel – Les règles essentielles de la lecture


1ère règle : identification et définition des termes ==> analyse relationnelle dans le rapport vivant existant entre
les différents termes
2ème règle : déterminer le concept philosophique le plus important (celui qui fondera la problématique)
3ème règle : tout en partant des significations élémentaires du langage courant, il faudra les dépasser, les rectifier,
les remanier et les recréer par rapport au concept philosophique central et au contexte.
4ème règle : ne pas oublier d’avoir recours à l’étymologie (science de la filiation des mots) dans la mesure du
possible ==> « il ne faut jamais manquer de chercher l’étymologie des mots, mais il ne faut jamais croire que
l’on peut tout tirer de l’étymologie » (Jean Laubier)
5ème règle : étudier (systématiquement) les diverses sphères sémantiques ou conceptuelles auxquelles se rapporte
tel ou tel terme envisagé ; à quel(s) champ(s) un appartient.
6ème règle : faire un inventaire conceptuel : c'est-à-dire réaliser un bilan portant sur les termes voisins ou opposés
[ce qui permet, dès le début, lorsqu’on tente d’appréhender le sujet, de spécifier rigoureusement la signification
des termes, d’opérer selon des définitions bien définies] =>
 Termes proches
 Termes opposés, soit contraires, soit contradictoires
 Termes en lien logique avec le terme ou concept envisagé

En résumé, lire un sujet, c’est définir chaque terme, de manière précise, dans le contexte de l’intitulé,
dresser une première liste de concepts voisins, opposés ou en liaison logique avec les concepts envisagés,
sans jamais négliger les divers champs sémantiques pouvant éclairer tel ou tel terme ou concept.

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4
Exemple : Pouvoir ==> possibilité/capacité/légitimité mais il faudra établir en perspective une analyse qui
puisse permettre un choix conforme à l’intitulé

NB : Veillez à demeurer constamment au plus près de la question et du problème soulevé

Le travail de définition, point de départ de la réflexion et moteur de la dissertation.


L’erreur – trop souvent faite – est de croire qu’il suffit de se servir, voire plaquer les définitions des dictionnaires
dans l’introduction ou dans la première partie, pour essayer de passer à autre chose, et essayer de répondre à la
question posée par le sujet sans plus du tout utiliser ses définitions. Répondre sans réfléchir aux définitions
amène à mélanger les arguments et à ne pas véritablement les justifier. En revanche, si l’on part de définitions
explicites, on sait au moins sur quoi s’appuient les réponses. Ainsi, si l’on pose des définitions, c’est d’une part
pour les utiliser, d’autre part pour les questionner et voir s’il n’y a pas d’autres possibles, qui mènent à d’autres
réponses possibles. C’est parce que ces définitions ne sont qu'hypothétiques et provisoires, que l’on peut voire
doit les questionner et s’en servir pour construire une argumentation et une démonstration qu’exige une
dissertation. On a donc une armature, à partir des définitions et de la confrontation des notions, pour bâtir une
argumentation cohérente.

A retenir :
Lire un sujet consiste à :
- Délimiter des acceptions et significations précises des termes de l’énoncé, acceptions adaptées à l’intitulé sous
sa forme unique et individuelle
- Etre capable de les relier les unes aux autres dans un effort unitaire => le sens de chaque terme doit être relié à
l’unité de l’énoncé
- Etudier déjà certains sous-entendus ou présupposés liés aux termes figurant dans l’intitulé

Bien lire un sujet, c’est s’attacher à lui sans rien examiner qui lui soit étranger

2 – L’analyse du sujet, une étape essentielle, constitutive de la dissertation


L’analyse ne saurait être confondue à la lecture du sujet. La lecture du sujet en précédant l’analyse constitue, en
effet, le préalable à l’analyse. Quant à l’analyse du sujet, elle est le préalable indispensable au travail
d’élaboration de la problématique ; on ne peut traiter un sujet sans que l’on n’ait pas saisie dans ses différentes
dimensions. Sans analyse du sujet, on est presque assuré de conjuguer les deux défauts dans lesquels Descartes
voit la source la source des erreurs de jugement : la précipitation (juger à la hâte, sans réflexion) et la prévention
(juger à partir de ses préjugés, sans critique)

Analyser, c’est diviser, décomposer en éléments. Et il ne suffit pas de s’arrêter sur les éléments décomposés
mais essayer de saisir intellectuellement ce qui fait sens en eux ou encore en quoi ces éléments font sens et
rendent l’aporie caduque. Car le but de toute dissertation, n’est pas de s’arrêter sur l’aporie mais de pouvoir la
surmonter.

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Prenons pour exemple ce sujet : « Que vaut une preuve contre un préjugé ? ». Quand on considère la question
posée, on voit qu’elle se compose de deux types de mots : tout d’abord, les notions preuve et de préjugé, que
l’on repère facilement, c’est sur elles que porte la question ; puis, les termes qui servent à formuler la question :
« Que vaut … contre ». Voilà une distinction qui permettra d’engager un double travail : de compréhension et
d’analyse !
On a souvent tendance à se concentrer sur les notions et oublier les termes de la question, or la compréhension et
l’analyse du sujet ne peuvent se faire convenablement sans ces termes de la question. Avec notre exemple, ne
pas tenir compte des termes de la question, le sujet se réduirait à : « la preuve et le préjugé ». Donc une bonne
analyse nous conduit à se saisir des termes. En effet, que pourrait bien signifier l’expression « que vaut » ?

Valoir peut se comprendre de différents points de vue : qualitatif ===> valoir en dignité, en mérite, … ou en
quantitatif ===> valoir plus, avoir le dessus, l’emporter, … Et la question se pose alors sur le plan de l’efficacité,
de l’utilité.

Au premier sens, la question devient : « la preuve vaut-elle mieux que le préjugé ? », « a-t-elle plus de
valeur ? » au sens de : « a-t-elle une qualité supérieure ? » et la réponse est évidente, car elle est fondée en vérité
alors que le préjugé ne l’est pas ; le sujet de dissertation disparaît alors avec le problème ….
En revanche si l’on prend garde à la préposition « contre », le sujet s’éclaircit et le problème se détermine
mieux : elle nous indique que la preuve et le préjugé sont engagés dans un combat, que le préjugé est toujours
déjà là quand la preuve se constitue, qu’il est un obstacle à détruire et que sa résistance est telle que la question
se pose de savoir si la preuve, quelle qu’elle soit sa vérité, a des chances ou non de l’emporter.

Il faut bien en convenir que les notions, centrales dans l’énoncé du sujet, ne doivent pas occulter les termes qui,
doivent être mis en interaction pour déceler la question, les questions qu’engendre cette question initiale. On voit
bien par conséquent que tous les mots du sujet comptent, et il est de saine précaution, avant tout toute tentative
de réponse à la question, de les examiner un à un, sans exception. Et ce qui pourrait éviter de s’engager dans une
impasse stérile mais conduire plutôt vers une impasse féconde. Ce qui favorise la mise en œuvre de la
problématisation et par conséquent l’élaboration de la problématique. C’est un travail qui se fait au brouillon
et comme tout travail de préparation doit permettre l’intelligence soit la compréhension de l’ensemble du sujet et
ne pas conduire à le pulvériser dans une énumération des termes qui le composent et éviter surtout une réponse
hâtive à la question et un hors sujet.

Qu’est-ce que problématiser ?


Problématiser, c’est avant tout montrer le caractère paradoxal du sujet apparaître un « problème4 », là, où,
éventuellement, on n’en voyait pas à première vue. Problématiser, c’est montrer que des choses apparemment
évidentes recouvrent en fait une quantité de problèmes.

4
Rappel : il y a problème, lorsqu’à une question deux réponses sont possibles, mais en même temps semblent entrer en contradiction.

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Problématiser, « consiste à remonter d’un ensemble de question ordonnées jusqu’au problème constitutif du
sujet, c’est relier le questionnement philosophique, non point à une difficulté provisoire, mais à une énigme
fondamentale éclairant l’ensemble conceptuel envisagé, c’est dégager le cœur même d’une interrogation et d’un
questionnement ordonné. (…) Problématiser, c’est convertir des difficultés (partielles) en une difficulté quasi
inébranlable, qu’il ne s’agit en aucun cas d’éroder ni de désagréger » dixit Jacqueline RUSS (in Les méthodes
en philosophie, Editions Armand Colin).

Dans le processus de la problématisation, tous les aspects de la définition d’un concept ne sont pas d’égale
importance : c’est au candidat de choisir ce qui est pertinent pour donner le relief voulu, au sujet qu’il traite ; ou
qu’il souhaite pour faire sa démonstration.

Qu’est-ce que la problématique ? La problématique est donc d’abord ce jeu questions que suscite le travail de
lecture du sujet et d’analyse, et qui a pour point de départ le problème, afin d’accéder à une organisation
apodictique5 dans la résolution du problème non point à la manière d’un problème scientifique. Il ne peut surgir
par magie quelque soit notre "capacité intellectuelle" mais constitue avant tout l’œuvre de cette "capacité
intellectuelle" à cerner les diverses questions que suscite le sujet et les relier afin de montrer le processus de
réflexion que le candidat propose pour aboutir à la résolution du problème tel qu’il le propose.

On appelle alors problématique, la manière dont va être traité le problème posé et la recherche d’une solution
idoine. C’est donc l’objectif que le candidat se fixe et ce qu’il se propose de démontrer dans la dissertation
lorsqu’il l’a choisi. Pour y arriver, deux démarches s’imposent : l’analyse du sujet et la recherche de l’enjeu du
sujet à travers de la découverte du présupposé.

Quid de l’enjeu ? L’enjeu6 du sujet n’est jamais explicitement formulé, c’est au candidat de le dégager à partir
d’une analyse minutieuse des données du sujet. D’où la nécessité de la démarche de l’analyse minutieuse du
sujet à l’aide des repères qu’il aura décelé à travers les définitions et les distinctions conceptuelles.
Ce concept provient de l’expression « en jeu ». L’enjeu signifie d’abord : 1 – ce que l'on risque dans un jeu et qui
doit, à la fin de la partie, revenir au gagnant ; 2 – ce que l'on peut gagner ou perdre dans n'importe quelle
entreprise.
Quid de sa projection dans le champ philosophique ? Il y a une difficulté à le circonscrire dans l’exercice de
dissertation philosophique. Jacqueline RUSS nous situe bien sur cette difficulté et nous conduit à une analyse qui
permet de définir le concept : « Certains y voient le problème philosophique en jeu et le confondent avec lui. Et
l’enjeu ne représente pas davantage la question, mais bien l’importance du problème soulevé ou de la question
énoncée, ce qu’ils enveloppent de décisif sur le plan de la réflexion ou de la pratique, de la portée d’une idée
caractérisée par son aptitude à produire des effets : ce que nous gagnerons ou perdons dans l’ordre de la
réflexion, si nous répondons à telle ou telle question, à tel ou tel problème » (in Les méthodes en philosophie,
Editions Armand Colin).

5
Apodictique : qui pose un lien de nécessité du point de vue du contenu et de la forme.
6
L’enjeu ne peut être confondu ni avec le présupposé, ni avec le problème. L’un et l’autre peuvent aider à le saisir sans pour autant les
supplanter. Les repères servent bien à le situer et les distinctions permettent aussi à déceler les concepts en jeu dans le sujet.

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7
Utiliser plusieurs techniques de problématisations :
Pour échapper aux pièges du hors-sujet dans une dissertation, seul l’usage de confrontation d’au moins deux
points de vue cohérents (qui sont des hypothèses de réponses établies à partir de la réflexion sur les notions en
relation avec les repères en lien avec le sujet) ou d’un questionnement organisé (établi à partir d’une réflexion
sur les notions du sujet en relation avec les repères en lien avec le sujet) permet d’échapper à un catalogue
d’idées « oui », « non », etc. … ignorant cohérence et approfondissement.
L’établissement de la problématique est essentiel, car c’est elle qui montre l’organisation du discours rationnel et
sa démonstration que doit être la dissertation. C’est la raison pour laquelle, elle est exposée d’emblée en
introduction de la dissertation.

Nota bene :
- Le plan découle de la problématique qui doit permettre à terme la rédaction d’un développement en trois parties
qui élucide en profondeur cette problématique.
- La difficulté consiste à appliquer ces techniques de problématisation au cours de l’exercice. Car chaque sujet
est différent, et il s’agira donc de trouver la combinaison parmi les techniques qui permet d’en tirer une
problématique puis un plan. En fonction du sujet, il faudra utiliser la meilleure combinaison d’une, deux, trois ou
quatre techniques. La méthode n’est donc pas l’application aveugle d’un protocole.

Faire et écrire une dissertation reste un art : il s’agit de procéder comme un artisan qui a du métier et d’adapter
l’utilisation des diverses techniques aux contraintes liées au sujet.

3 – Les pièges à éviter dans une dissertation


a) – Le piège du hors sujet7 : Il faut souvent élargir le contexte dans lequel a tendance à nous cloisonner un
sujet pour lui donner une réponse. Aussi, faut-il souvent prendre de la distance, faire des détours pour découvrir
une réponse. Et c’est justement là que se situe le piège et le danger, car on peut s’écarter du sujet pour ne plus y
revenir : on est alors hors sujet. On doit montrer que dans sa dissertation reste à l’écoute de la question posée par
le sujet. Il ne faut donc pas hésiter à reprendre ses propos en les mettant dans les termes même du sujet.

b) – Le piège de croire penser à l’aide d’une suite d’anecdotes : Une anecdote, une histoire, un exemple ne
disent souvent rien en dehors d’eux-mêmes. Pour construire un discours valable en tout lieu, en tout temps et
pour échapper aussi à la pensée anecdotique, il y a deux démarches :
- celle du poète, du conteur ou du romancier qui suggèrent dans leurs fictions une vérité propre à tous par des
allégories, des métaphores, des symboles…
- celle du philosophe et donc de la dissertation qui démontre, argumente, analyse, synthétise... Si le discours de
la dissertation utilise l’exemple, la fiction, etc., il doit toujours l’accompagner d’une analyse explicative. La
dissertation ne procède pas par énigmes, elle est la clarification de ce qui est problématique.

7
Rappel : il y a hors-sujet dès que l’on ne traite pas exactement la question posée – même si son propos n’est pas sans rapport avec le sujet.
Pour l’éviter, il faut toujours se demander si l’on ne perd pas de vue le sujet et relier explicitement ce que l’on écrit à la question posée.

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c) – Le piège d’un plan « oui », « non », « peut-être » ou « ça dépend » : On en revient à la confusion des
opinions si les parties de la dissertation se contentent de répondre « oui », « non », « peut-être » ou « ça dépend »
aux questions tirées d’un sujet. Il ne suffit pas de faire de la dissertation un catalogue d’idées pour se libérer des
opinions personnelles. La dissertation doit élargir et approfondir le contexte d’examen du sujet.

III – Bâtir le plan détaillé


Bâtir un plan détaillé constitue la dernière étape du travail préparatoire au brouillon. Faire ce plan répond à une
double nécessité : structurer sa pensée et faire progresser sa réflexion tout en se donnant un schéma à suivre dans
la rédaction de la dissertation.

1 – Elaborer des hypothèses de réponses en fonction des types de sujets


Le plan d’une dissertation est généralement composé de deux ou trois grandes hypothèses8 de réponses à la
question posée qui constitueront les grandes parties du plan, mais l’ordre de ces parties dépendra de la solidité de
l’argumentation que l’on établit.

Chaque hypothèse est fournie par les étapes des possibles réponses aux questions suggérées par l’analyse du
sujet et au cours de l’élaboration de la problématique. Les parties de la dissertation correspondant aux
différentes hypothèses de réponses possibles que l’on doit examiner et essayer de justifier par des arguments –
auxquels on pourrait opposer des objections qui valideront ou non l’hypothèse.

Chaque étape de la démonstration doit être illustrée par un exemple, car un exemple sert avant tout et après tout à
illustrer et non à démontrer. La progression du raisonnement doit être alors justifiée dans chaque partie par la
nécessité, de dépasser l’hypothèse de réponse qui précède. Il est fortement conseillé d’aller de l’hypothèse de
réponse la plus faible à l’hypothèse la plus forte. Et établir cette progression est plus qu’une question de
nécessité logique, car cela permet aussi d’avoir à la fois une progression des idées et des arguments concomitants
et d’ordonner son argumentation.

En résumé, bâtir un plan détaillé se fait en quatre temps :


1 – formulation des 2 ou 3 grandes hypothèses de réponse ;
2 – formulation d’arguments et d’objections pour chaque hypothèse de réponse ;
3 – classement des 2 ou 3 hypothèses, de la plus faible à la plus forte ;
4 – établissement du plan détaillé selon cette progression

8
Une hypothèse est le fondement, la base d’une démonstration qui exprime une idée de l’ordre du possible mais qui nécessite une
démonstration au terme de laquelle cette hypothèse sera jugée vraie ou fausse.

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2 – Comment trouver des arguments et des objections
Cette démarche de la mise au point des arguments dans le processus de la dissertation est techniquement possible
et simple ; car elle n’est pas une démarche externe et supplémentaire mais tient sa source du travail antérieur de
la lecture et de la compréhension du sujet. En effet, c’est ici que le travail de l’exploration des termes et des
définitions et des distinctions mises au jour au cours du travail d’analyse trouve une seconde exploitation. Un
argument se fonde toujours sur une certaine définition des termes qui sont en jeu. Ainsi, plus les définitions
seront riches et plus on pourra découvrir les distinctions, et plus les arguments seront nombreux. D’où l’intérêt
du travail méthodique de lecture et de compréhension du sujet fait en amont ; qui constitue ce qu’on désigne par
une conceptualisation des notions centrales et périphériques du sujet, qui est en soi un travail interactif et vivant.

L’incapacité à trouver des arguments s’explique par une analyse trop rapide des définitions et une mise à jour
des distinctions, mais aussi par une connaissance approximative du cours et des repères ; car il faudra restituer
par une réelle explication ce que l’on définit et comprend. La richesse de l’argumentation dépend donc de la
richesse des définitions et des distinctions. En outre, faut-il ajouter que la force de l’argumentation ne dépend pas
seulement du nombre des arguments mais aussi de la capacité à faire progresser cette argumentation en
s’efforçant de mettre à l’épreuve les arguments à des objections. Les objections peuvent avoir deux rôles au sein
de l’argumentation : invalider un argument ou bien en montrer également les limites et par conséquent nous
amener à nuancer ou à l’approfondir. Une objection nécessitera dans le premier cas le passage à un autre
argument, fondé sur une autre définition ou sur une distinction ; et dans le second cas un développement plus
précis de l’argument en fondant sur les mêmes éléments que dans le premier cas.

3 – Construire la progression du raisonnement en articulant les arguments et les objections


Le travail de formulation des arguments et des objections étant établi, il faudra maintenant s’atteler à la
construction d’un raisonnement bien ordonné et détaillé. Cette progression exige trois étapes : faire apparaître les
liens entre les différents arguments et objections, noter les définitions et les références (voir le cours et les
lectures des textes philosophiques) et enfin l’ébauche des transitions.
L’articulation des arguments et des objections ne peut se faire sans faire apparaître une réelle progression dans le
processus du raisonnement qu’est une dissertation. Et l’une des manières d’y parvenir, c’est de faire usage des
formules de liaison, expression même de la logique de pensée dans la langue. Ensuite, il faudra toujours
s’appuyer sur les définitions et les distinctions qui constituent le contenu de la réflexion. En effet, les arguments
ne se fondent-ils pas sur les éléments de définitions ? Ces éléments dont il faudra se servir pour construire son
travail d’argument et de conceptualisation.

Enfin, il faudra ébaucher des transitions. Cette démarche n’est pas non plus une démarche externe mais interne
au travail d’analyse, de compréhension et d’établissements des arguments et objections dans la mesure où c’est
au cours de ce travail précédent que les transitions trouvent leur première ébauche avant d’être réellement écrite
à cet instant de l’établissement du plan détaillé.

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L’utilisation d’un exemple et la référence à des auteurs philosophiques constituent aussi des éléments
importants dans l’élaboration et la progression du raisonnement qu’exige une dissertation.
L’utilisation d’un exemple se fait dans la perspective d’illustrer une thèse, autrement dit pour prouver ou
justifier l’applicabilité de la thèse défendue. L’exemple sert surtout à illustrer le discours rationnel que constitue
la dissertation, et donne un ancrage à la pensée dans le monde, est en prise sur le monde, sur la réalité, mais ne
peut pas être en aucun cas utilisé comme une preuve. L’exemple illustre une idée générale par un cas particulier.
Il permet de faire comprendre, de donner une dimension plus concrète et de détailler une idée, mais il ne la
prouve pas. L’exemple ne doit être confondu à un argument, ni se substituer à un argument. En effet, la
différence est essentielle : un exemple ne démontre rien. Un exemple porte sur un cas particulier, alors que
l’argumentation doit avoir une portée générale. En effet, seul un argument peut avoir une portée générale,
c’est-à-dire qu’il peut s’appliquer à tous les cas particuliers.
L’exemple doit être concis, sinon on prend le risque de verser dans l’anecdotique et par conséquent sortir du
cadre d’une dissertation philosophique !

Quant à la référence à un auteur philosophique, elle est vivement souhaitée ; car l’une des dimensions de la
dissertation philosophique est aussi de donner l’occasion de montrer que l’on s’est familiarisé avec les thèses et
les textes d’un certain nombre d’auteur en philosophie et qu’on a la capacité de les réutiliser dans sa propre
réflexion. La référence ne peut en aucun cas constituer un paravent de la pauvreté de la pensée, ni un cache-
misère. D’où la fréquentation des textes doit être une occasion pour le candidat, de s’exercer au cours de chaque
lecture, à la réflexion philosophique : réfléchir sur le texte et le questionner dans la perspective d’entrer en
dialogue avec le texte et son auteur. Faut-il rappeler que les lectures des textes philosophiques et autres,
constituent surtout des "trésors de guerre", qui serviront pour les exercices philosophiques ?

4 – La troisième partie
Cette partie correspond généralement à la réponse que propose le candidat à la question posée. L’importance de
cette partie s’explique par la qualité du travail fait antérieurement, dans les deux parties précédentes ; mais aussi
dans la manière dont l’argumentation va être conduite pour s’inscrire dans le raisonnement global.

Elle pourrait être soit le moment de dépassement, soit de radicalisation des arguments antérieurs, c’est-à-
dire en poussant l’énoncé du sujet à son extrême limite, mais en se fondant bien sur une argumentation solide et
évidente qui tient de l’universel. Il ne s’agit pas ici de donner son opinion mais de démontrer la justesse de son
argumentation, de sa démonstration et donc de son raisonnement.

Elle pourrait être aussi le lieu d’un approfondissement de vos arguments précédents sur l’énoncé du sujet qui
vous est proposé. Ce cas de figure s’applique pour des sujets à énoncé restrictif. Elle peut aussi trouver sa source
dans la remise en cause du présupposé si le raisonnement l’exige pour que la réponse que l’on préconise soit
l’aboutissement de ce qui a été précédemment démontré.
Dans tous les cas (radicalisation, approfondissement, remise en cause), la troisième partie s’inscrit donc dans le
prolongement du raisonnement mis en route dès la première partie et rend compte de son unité.

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IV – La rédaction de l’introduction et de la conclusion
1 – La conclusion (1/2 page)
L’étape de la conclusion ne constitue pas une dernière étape comme cela s’entend en général, mais elle est écrite
en regard du plan détaillé et de la progression du raisonnement de la dissertation. C’est pourquoi, au cours du
travail au brouillon, il est fortement conseillé de l’écrire avant l’introduction puisqu’elle servira à canaliser
l’écriture de cette dernière. Néanmoins, elle peut être améliorée, réécrite sur la copie au bout de son travail.
L’essentiel, c’est d’avoir une idée de sa conclusion. Car comment peut-on introduire si on ne définit pas
sûrement ce qu’on doit dire ? Introduire, n’est-ce pas « conduire vers » ? Ou décliner autrement : « conduire au-
dedans » ? « conduire à l’intérieur de … » ?

Objectif : il s’agit de répondre explicitement aux questions posées dans l’introduction, notamment de montrer
qu’à travers les réponses que l’on a surmonté l’aporie. Ce qui peut être en trois moments :
a) – Récapitulation et non un résumé : rappel des "savoirs" conquis dans le processus de la recherche de solution
b) – Expression explicite des différentes réponses élaborées aux questions posées en introduction
c) – Formulation de la réponse finale avec évaluation des problèmes et les différentes perspectives qu’ils
engendrent dans leur destination morale, religieuse, métaphysique, etc. …

Enfin, dans la conclusion, il s’agira de répondre de manière nette et précise au problème posé par le sujet. Si
certains manuels conseillent d'ouvrir une nouvelle perspective, nous vous conseillons, pour notre part, d'en rester
modestement au point final et de clore le débat ouvert par la question et le problème.

Quelques pistes :
- reprendre la thèse que l’on a voulu montrer et qui permet de répondre aux questions
- rappeler rapidement comment on a fait pour la démontrer
- pas d’ouverture : cela prouve que vous n’avez pas fait le tour de la question et qu’il manque des parties dans
votre développement

2 – Introduction (3/4 d’une page), composée de 3 paragraphes :


Rédiger une introduction ne consiste pas à faire preuve de magie mais à se fonder sur le travail d’analyse et de
compréhension. C’est strictement ce travail qui fournit le matériel pour écrire votre introduction. En outre, elle
doit être écrite en regard du plan détaillé et de la conclusion que l’on préconise. Car elle comporte les différents
éléments permettant d’attester la compréhension du sujet et de ses enjeux ainsi que la structure globale de la
réflexion du candidat. Ainsi, le correcteur se fait-il une idée de la qualité du travail du candidat, et établit-il une
fourchette de la notation en décelant à travers l’introduction la valeur du contenu de travail du candidat.
Pour réussir son introduction, il est impératif de noter au brouillon, les principaux points de son introduction en
respectant les différentes étapes :

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a) – Amorce et précision du sens de la question :
Il s’agit d’introduire par (partir) des questions quotidiennes ou un fait (qui se rapporte à la question !) le sujet de
dissertation ou la question posée par le texte : l’objet de la question et l’intérêt de la question. Pour cela, il est
vivement conseillé (sinon il vaut mieux) de partir d’une question ou d’une réalité relevant du sens commun
(doxa9), ayant bien sûr un lien avec la question posée. Cela permet de montrer que la question que l’on pose,
qu’elle soit paradoxale ou pas, constitue une question qui relève de la réflexion philosophique. D’où la nécessité
de chercher à préciser le sens de la question en se servant du présupposé que l’on a identifié. Ensuite, faudra-t-il
formuler des éléments de définitions qui conduisent à mettre en évidence les termes essentiels à travers leurs
définitions et les distinctions qui s’imposent en mettant bien sûr leurs aspects qui permettront d’aborder toutes
les dimensions de la question. Ainsi, peut-on resserrer le champ de la réflexion vers ce que l’on veut démontrer
dans sa dissertation.

b) – Formulation du paradoxe ou de l’ambiguïté – Problématisation et élaboration de la problématique :


Cette deuxième étape est aussi décisive que la première. Elle consiste à montrer en quoi cette question pose
problème, car :
– a) plusieurs réponses sont possibles – b) elle repose sur des présupposés qui sont discutables ; d’où le
questionnement et la mise en exergue du problème posé.
Elle consiste à identifier la réponse du sens commun, pour ensuite montrer le problème posé par le sujet. Pour y
parvenir, il faudra s’appuyer sur les éléments dont l’association ou la séparation semblent étranges, afin de
pouvoir identifier le problème posé à travers le paradoxe ou l’ambiguïté contenus dans la question.

Dès lors, la formulation de la problématique doit apparaître comme le développement du problème que l’on
vient de formuler. Autrement dit, il faudra synthétiser les questions établies au cours du travail préparatoire en
dégageant différents pôles de questions autour desquelles s’agrègent des questions secondaires, et faire
apparaître dans cette synthèse les distinctions centrales mais aussi l’articulation des problèmes que l’on soulève.
Donc, il est fortement conseillé de formuler la problématique sous forme de questions (pas forcément
interrogatives !) sans que cela n’apparaisse comme une liste de questions indépendantes égrenées, mais des
questions qui ne peuvent être désolidarisées. Ces questions sont évidemment celles que l’on essayera de
résoudre.

c) – Annonce du plan : il s’agit d’énoncer la structure logique de la démonstration pour guider le lecteur :
comment montrer ce qu’on pense démontrer ou précisément établir le processus de sa démonstration. Autrement
dit, il faudra montrer en quoi sa problématique va se développer tout au long de son devoir mais sans répéter. Il
s’agit concrètement de poursuivre la formulation de sa problématique en insérant des éléments dans ses trois
grandes parties.

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La doxa traduite généralement comme opinion commune, est constituée de tout discours issu d’opinions confuses ou pertinentes non
discutées, de préjugées populaires qui par la force du temps et l’absence du travail critique de la raison, apparaissent comme une
connaissance (faussement objective !) chez le commun des mortels.

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Enfin quelques recommandations pratiques qui permettent de présenter un travail d’écriture lisible et
agréable pour le lecteur-correcteur :

Pour écrire :
* Utiliser au moins 2 copies doubles grand format en laissant une grande marge juste après avoir recopié le sujet
* N’utiliser qu’une couleur (bleu ou noir).
* Ecriture lisible et sans rature.
* Respecter l’espacement entre les paragraphes (au moins deux lignes et plus pour les parties)
* N’utiliser aucune abréviation.
* Ne faire apparaître aucun titre de partie. C’est le travail des transitions.
* Soigner l’orthographe et la syntaxe.
* Travailler le style de votre écriture.

Enfin quelques recommandations pratiques d’organisation du temps de travail :

Proposition de l’organisation des quatre heures de temps pour l’écriture d’une dissertation :
- préparation de la dissertation = lecture, compréhension + identification du sujet : 45 mn
- Construction du plan détaillé avec ébauche des transitions : 45 mn
- rédaction de la conclusion : 15 mn
- rédaction de l’introduction : 15 mn
- rédaction de la dissertation sur la copie de composition (incluant la copie de l’introduction et de la conclusion) :
1 heure et 45 mn
- relecture du travail et quelques corrections des fautes possibles : 15 mn

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