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Le langage objet
Nous avons vu au premier chapitre l’importance de la notion de vérité et de son évaluation
pour rendre compte du sens des phrases et des parties qui les composent. Pour s’assurer que
l’évaluation se fait correctement, il est important de travailler sur des objets non ambigus. Pour se
garantir de toute ambiguïté, nous allons transcrire dans le langage naturel dans un langage
conventionnel, proche de celui de la logique des prédicats : le langage objet.
(2) Ainsi si φ et ψ sont des propositions, [φ ψ], [φ ψ], [φ → ψ], [φ ↔ ψ] sont des
propositions, de même que [φ → ψ φ] etc.
La logique des propositions est soumise à des règles de calcul de la valeur de vérité de la
proposition considérée. Ainsi, [φ ψ] = 1 (est vraie) si et seulement si φ = 1 et ψ = 1.
Notez l’importance des crochets ! Ils servent à indiquer l’ordre d’association des éléments.
Cela a une importance pour les quantificateurs et la négation
Attention, les connecteurs logiques ne peuvent connecter que des propositions, et rien
d’autre !!!
En (4), une propriété est appliquée à l’individu Anne. C’est une opération de prédication et le
verbe dort est un prédicat. Anne est son argument. Cf. Aristote : quand on dit quelque chose d’un
sujet. Les deux termes associés forment une proposition à laquelle on peut désormais attribuer une
valeur de vérité, mais aussi la faire entrer dans des opérations avec d’autres propositions, par
exemple en la connectant à d’autres propositions.
Conventionnellement, on représentera les propriétés ou prédicats par le mot français qui
correspond. On indiquera l’opération d’application à un argument par des parenthèses ().
L’argument pourra être représenté par le terme en minuscule ou par un symbole conventionnel
(cf. infra). Par exemple on pourra représenter l’individu Anne par anne ou par a.
On pourra donc écrire (5)a ou b. Ces notations sont des formules.
(5) a. dormir (anne)
b. dormir (a)
Maintenant, on peut insérer ces formules dans des formules plus complexes comme (6)
etc. En revanche ce qu’on trouve sous (7) est impossible (ce que j’indique par un astérisque).
Bien sûr, les prédicats peuvent plus complexes. On verra cela plus tard.
Constantes et variables
On vient de voir que les prédicats prennent des individus comme arguments. Ces individus
peuvent être de deux sortes.
Ils peuvent être des individus bien identifiés. On les représentera par des constantes, c’est-
à-dire des termes qui renvoient toujours aux mêmes individus. On les note conventionnellement
par des lettres minuscules du début de l’alphabet : a, b, c etc. Ainsi l’individu Anne peut être
représenté par le terme a.
On peut aussi renvoyer à des individus qui ne sont pas directement identifiables (ou pas
identifiables du tout). Les termes indéfinis ou les pronoms fonctionnent ainsi. On les note
conventionnellement par des lettres minuscules de la fin de l’alphabet : x, y, z etc.
NB : contrairement aux connecteurs logique, l’identité (signe =) peut lier deux termes
renvoyant à des individus pour dire qu’ils renvoient au même individu.
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(10) x = a
Quantification
Parfois, sans pouvoir identifier le référent, on a des indications de quantité. La logique des
prédicats connaît deux quantificateurs (11). Notez au passage pour (12)b, que cela permet de
démontrer que les deux propositions sont synonymes puisqu’elles ont la même transcription dans
le LO. Attention aux notations. Les quantificateurs ont une portée (comme la négation). Leur place
compte donc, cf. (13) + place des crochets.
et sont des lieurs de variables -> en (12), x est une variable liée. Au contraire, en (9)b, x
est une variable libre (elle n’est pas dans la portée d’un lieur).
Vocabulaire et syntaxe
La rigueur est de mise dans leur emploi sinon les erreurs sont probables dans le calcul des
conditions de vérité, ce qui est notre but.
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Les modèles
Les conditions de vérité permettent d’évaluer la valeur de vérité d’une proposition dans un
contexte donné. Ce contexte peut être présenté sous forme d’un modèle M.
« Un modèle est une figuration mathématique du monde ; c’est une représentation
ensembliste et structurée. Dans sa version la plus simple, la notion de modèle nous fournit ce que
l’on peut vraiment appeler une image du monde, au sens d’un cliché ou d’un instantané. »
(Roussarie, p. 74)
Il contient un domaine (un ensemble d’individus), mais aussi la dénotation des prédicats.
Les prédicats unaires sont un ensemble d’individus (les porteurs de la propriété dénotée par le
prédicat), les prédicats bivalents un ensemble de couples d’individus etc.
Les ensembles sont notés entre accolades { }
La fonction d’interprétation F est la fonction qui va aller chercher le sens, donc dans un
modèle extensionnel, la dénotation d’une constance.