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Introduction à la logique formelle

CM 1 – 18/09 : Introduction
Sophismes, paradoxes et autres surprises
Sophisme célèbre :
Tout ce qui est rare est cher
Or, un cheval bon marché est rare
Donc un cheval bon marché est cher.
(Le problème ici c’est que la première prémise n’est pas complètement vraie).
Un paradoxe moderne :
L’adjectif « français » est un mot français.
L’adjectif « flamand » n’est pas un mot flamand.
Donc adjectifs :
- Homologiques : s’appliquent à eux-mêmes
- Hétérologiques : ne s’appliquent pas à eux-mêmes
Est-ce que l’adjectif hétérologique est hétérologique ? Si oui, il s’applique à lui-même, et donc il
est homologique. Donc s’il est hétérologique il est homologique (et vice-versa)
Théorème de Gödel. Les mathématiciens cherchent les axiomes qui gouvernent chacun des domaines du
formel.
Euclide : axiomatisation de la géométrie
Peano : axiomatisation de l’arithmétique
But : fournir ensemble d’axiomes élémentaires, indépendants (les uns des autres) et complets (on peut
démontrer toutes les vérités du domaine qui nous intéresse).
Théorème (Gödel) : pour tout ensemble d’axiomes pour l’arithmétique qui est cohérent, il existe des
vérités arithmétiques que cet ensemble ne permet pas de démontrer.
Les deux naissances de la logique (caricatural, schématique)
Rq : la période médiévale est omisse ici mais aussi importante, mais difficilement articulable avec le
développement actuel de la logique (cf. La logique et son histoire, R. Blanché et J. Dubucs).
Première naissance
Grèce classique :
- Paradoxe. Eubulide : cette phrase est fausse (énoncée auparavant par Epiménide de façon moins
claire).
- Formes des propositions et syllogismes : distinction des formes valides (syllogismes) (Aristote).
- Théorie des connecteurs logiques : distinguer négation, conjonction, disjonction, conditionnel
(Chrysippe).
Deuxième naissance
Le problème difficile des vérités élémentaires
Deuxième naissance : liée à la philo des maths.
2+2=4 ; 7+5=12. Cela nous semble certain. Mais… comment le savons-nous ?
LEIBNIZ, Nouveaux essais sur l’entendement humain, IV, 7. Ce n’est pas une chose tout à fait immédiate
que 2 à 2 font 4. On peut donc la démontrer, et voici comment :
1. Définitions :
a. 2 est 1 et 1
b. 3 est 2 et 1
c. 4 est 3 et 1
2. Axiome : mettant des choses égales à la place, l’égalité demeure (si x+y=d et x=z alors z+y=d)
Donc : 2+2=2+1+1=3+1
Selon Leibniz, la démonstration proposée ne mobilise que des définitions et un axiome qui sont connus
indépendamment de toute expérience.
 Les vérités mathématiques sont donc des vérités de raison
Questions :
1. Peut-on généraliser à l’ensemble des vérités mathématiques ce que Leibniz a fait pour 2+2=4 ?
2. Et d’ailleurs l’analyse est correcte pour ce cas ? Frege : 2+2=2+1+1=3+1 (on utilise une propriété
de l’addition qu’on n’a pas utilisée : on sépare 2 en bleu, puis on réorganise en gras).
3. La connaissance mathématique est-elle vraiment indépendante de l’expérience ? (Empirisme
radical : Stuart-Mill, le nombre 2 est une abstraction qu’on fabrique à partir de l’expérience de
des paquets d’objets).
Kant : position intermédiaire sur la nature de la connaissance mathématique (3), lieu pour l’intuition
d’origine sensible dans les mathématiques mais on n’en a pas besoin :
Kant, Prolégomènes à toute métaphysique future  on a besoin d’une intuition pour faire les
mathématiques mais la connaissance qu’on a touche l’intuition qu’on a de l’espace (articulé à la
géométrie) et le temps (articulé à l’arithmétique).
Contre cette approche, Frege se propose de montrer que l’intuition ne joue pas de rôle essentiel dans les
preuves arithmétiques. Grosse différence avec Leibniz : Frege essaie de mener à bien l’entreprise
d’établissements des vérités arithmétiques à travers de principes exclusivement logiques. Il cherche à
réduire l’arithmétique aux principes logiques. Pour mener à bien ce projet, il développe une langue
auxiliaire dans laquelle les rapports logiques entre contenus de pensée peuvent être exprimés
clairement : l’idéographie (Begriffschirft)
- 1879 Idéographie
- 1884 Fondements de l’arithmétique
- 1893-1903 Lois fondamentales de l’arithmétique
MAIS en 1902 Russel montre que le système de Frege est contradictoire. Paradoxe de Russell : une des
lois logiques identifiées par Frege comme étant évidentes et susceptibles de fonder l’arithmétique
engendre une contradiction.
La LOI V de Frege a pour conséquence le principe de compréhension (pour tout prédicat il y a un
ensemble des choses qui satisfont ce prédicat).
Considère le prédicat : « ne pas être un élément de soi-même ».
D’après le principe de compréhension, il existe un ensemble des choses qui ne s’appartiennent
pas à elles-mêmes. Est-ce que cet ensemble appartient à lui-même ?
La logique mathématique se développe sur les ruines du système de Frege :
- Développement d’autres systèmes, initiellement pour tenter de sauver le programme logiciste :
o Théorie des types (Russell)
o Théorie des ensembles (Zermelo)
o Logique du premier ordre (Peano)
- Développement de la métathéorie logique, afin de comprendre « ce qui se passe » :
o Théorie de calculabilité
o Théorie de la démonstration
o Théorie des modèles
Une grande partie de la logique contemporaine découle des réflexions à partir du paradoxe de Russell.
Une théorie normative du raisonnement
Des théories formelles et normatives de la rationalités se sont développées à l’intersection de philo,
math et éco, qui prennent en compte des raisonnements de complexité variée :
 Raisonnement certain (logique classique)
 Raisonnement dans l’incertain (logique inductive, théorie des probas)
 Raisonnement pratique (th de la décision)
 Raisonnements dans des situations qui impliquent plusieurs sujets (th de l’agrégation des
jugements, th des jeux)
Une boîte à outils pour la philosophie (entre autres)
L’analyse formelle des arguments permet aussi de résoudre des problèmes qui mettent en jeu des
jugements interconnectés.
L’analyse formelle des concepts permet de clarifier les débats philosophiques qui les mobilisent.
Exemples :
- Théorie de la connaissance : croyance, connaissance… (logiques modales aux années 60)
- Philo des sciences : confirmation, convergence (vers la vérité) …
- Métaphysique : possibilité, nécessité, espèce…
Choses pratiques et programme
Mot de passe moodle : initlog23
Mail Isabelle Drouet : isabelle.drouet@sorbonne-universite.fr
Le contenu du cours, en peu plus précisément
- Logique formelle élémentaire…
o …afin d’analyser des arguments très simples (certains, déductifs, sans modalité, avec un
seul sujet et essentiellement « propositionnels »).
o Compétences pour la lecture et la pratique de la logique formelle et la philo analytique
en générale.
- Et un peu de philo de la logique.
Bibliographie
 Wagner, P. Logique et philosophie. Manuel d’introduction pour les étudiants du supérieur. 
Intéressant, arrive bcp plus loin.
 Lepage, F. Éléments de logique contemporaine.
 Bonnay, D. et Cozic (eds.). Philosophie de la logique. Conséquence, preuve et vérité, Vrin. 
Introduction intéressante.

Cours 1 : De l’analyse des arguments à la logique des propositions


Rappels sur les arguments
Un argument est constitué de prémisses et d’une conclusion reliées entre elles par des expressions
comme « or », « en outre », « donc », « par conséquent ».
Prémisses, conclusions : énoncés = phrases susceptibles d’êtres vraies ou fausses. On distingue
prémisses/conclusion par une barre horizontale ___________
Les arguments corrects
Tous les arguments ne se valent pas :
S’il pleut, le sol est mouillé
Le sol est mouillé
Il a plu
Argument correct : la conclusion suit des prémisses, elle est en conséquence logique. L’inférence
(mouvement psychologique des prémisses à la conclusion) est légitime.
Syllogisme : « discours dans lequel, certaines choses étant posées, quelque chose d’autre que ces
données en résulte nécessairement par le seul fait de ces données » (Aristote, Premières analytiques).
Notre but sera de préciser ces idées et d’avoir des outils pour statuer la correction des arguments.
La correction d’un argument dépend du rapport entre prémisses et conclusion (plutôt que de la valeur
de vérité des énoncés).
À partir un argument correct, on peut élaborer d’autres qui sont vraies pour la même raison que le
premier :

Si Jules a une angine, alors il a de la fièvre La correction de l’argument se préserve par substitution
Jules a une angine uniforme (prémisses et conclusion) DES EXPRESSIONS
NON LOGIQUES. La correction d’un argument dépend
Jules a de la fièvre
crucialement de sa forme logique. Dans ce cas :
Si je vais à la BU, je perds le bus Si X alors Y
Je vais à la BU X
Je perds le bus Y

La correction d’un argument dépend de sa forme logique  étant donné une forme logique, tous les
arguments ayant cette forme logique sont valides / respectivement invalides. VALIDE : garantie que dès
que les prémisses sont vraies, alors la conclusion elle est vraie aussi. PAS VALIDE : pas cette propriété de
conservation de la vérité.

La forme logique dépend crucialement de la présence de mots logiques.

 Connecteurs propositionnels : « Si… alors… », « ou »  logique propositionnelle (les seuls mots


logiques dans les arguments qu’on examinera seront des connecteurs propositionnels)
 Quantificateurs : « Tous » (universel), « certains » (existentiel)  logique du premier ordre/des
prédicats

Pourquoi passer par un langage artificiel ?

 Possibilité de les étudier mathématiquement


 Parce que la langue naturelle manque de précision

CM 2 - 25/09/23
La logique transcrit les connecteurs logiques du langage naturel : si… alors, ne… pas, … et …, …sauf si…
Ces expressions permettent de former énoncés complexes à partir d’énoncés atomiques (sans
connecteurs propositionnels).
La vérifonctionnalité
Vérité
 Seulement deux : V ou F.
 Tout énoncé à une valeur de vérité.

Deux types de connecteurs


1) Pierre est content et Marie est triste
2) Pierre est content parce que Marie est triste

Certains connecterus (vérifonctionnels) permettent de former des énoncés complexes dont la valeur de
vérité ne dépend que de la valeur de vérité des énoncés qui les composent.

1) « Et » est vérifonctionnel : il peut se transcrire en logique propositionnelle


2) « Parce que » ne l’est pas : il ne peut pas se transcrire en logique propositionnelle (en logique
classique).

Les mots logiques de la logique classique on peut les définir comme des fonctions de vérité.

Les principaux types de symboles en logique propositionnelle


 La conjonction : ^ (« et » mais même transcription pour « mais », « bien que », « alors que »…)
 Négation : ¬ (1)
 Disjonction : v (« ou » inclusif)
 L’implication : 

p q (p^q) (pvq) (pq) (pq)


V V V V V V
V F F V F F
F V F V V F
F F F F V V
p ¬p
V F
F V
 La double implication :  (qp)^(pq)

Le cas particulier de l’implication


pq transcrit :

- Si p, alors q
- q si p
- p est une condition suffisante pour q
- il suffit que p pour que q
- p seulement si q
- q est une condition nécessaire pour p
- il faut que q pour que p

antécédent (suffisant)  conséquent (nécessaire)

1
La negation est un connecteur unaire (d’arité 1) / La conjonction est un connecteur binaire (d’arité 2)
Les fonctions de vérité
Il y a 24=16 fonctions de vérité.

On peut tous les définir à partir de nos connecteurs : l’ensemble des connecteurs propositionnels est
complet. Notre table de vérité pour  est la meilleure définition pour un connecteur vérifonctionnel
binaire dans une logique bivalente.

En définissant les connecteurs de LP par des fonctions de vérité, nous sommes entrés dans l’étude de la
logique propositionnelle par la sémantique. Avant de continuer à étudier la sémantique de la LP, il nous
fait faire un détour par la syntaxe (qu’est-ce qui suppose une formule valide ? ; quelles sont les suites des
symboles qui vont valoir comme des formules).

Cours 3 – La syntaxe de LP
Toute suite de symboles de l’alphabet ne va pas donner une formule bien formée :

L’ensemble des formules de la logique propositionnelle est défini par :

1. Si p est une lettre de proposition, alors p est une formule.


2. Si Φ est une formule, alors ¬Φ est une formule.
3. Si Φ et ϕ sont des formules, alors :
a. (Φ^ϕ) est une formule
b. (Φvϕ) est une formule
c. (Φϕ) est une formule
d. (Φϕ) est une formule
4. ET C’EST TOUT (seules les expressions engendrées par un nombre fini d’application des règles
précédentes sont des formules).
pq n’est pas une formule car elle ne peut pas être engendré par un nombre fini
d’application des règles précédentes
(p^q pas une formule car selon nos règles, chaque fois qu’il y a une parenthèse ouvrante
il y a aussi une parenthèse fermante, et ici ce paranthèse fermant manque.

Libertés :

- Suppression des parenthèses EXTÉRIEURES ((p^q)vr) == (p^q)vr


- Regroupement de conjonctions OU regroupement de disjonctions : ((p ^ q) ^ r) == p ^ q ^ r

Langage, objet et métalangage


 Le langage de LP, langage formel que nous avons construit rigoureusement et que nous
étudions : le langage-objet
 Le métalangage : le français. Nous ne pouvons pas y utiliser les expressions du langage-objet.
Mais on fait référence dans le métalangage aux expressions du langage objet. Pour cela il faut
donner un nom dans le métalangage aux mots du langage-objet, pour cela met en guillemets les
expressions du langage-objet.
Ex : « (p v q) » est une formule de LP
Plus d’ex : Vienne est une ville d’Autriche. / « Vienne » est un mot de six lettres. /
« Vienne » est un mot de cinq lettres. Bien formé mais faux. / Vienne est un mot de six
lettres. Mal formé.
(p v q) est une formule de LP : ~incorrecte mais CORRECTE par convention d’autonymie :
on considère que les formules sont leur propre nom.

L’absence d’ambigüité
Arbre de formation (Abre de Beth) : représentation de la façon dont elle a été construite à l’aide des
règles de formation des formules.

Théorème de lecture unique : à chaque formule est associé un unique arbre de formation.

CM – 9/10/23. Interpréter les formules de LP


Distribution des valeurs de vérité
Les formules de LP en elles-mêmes n’ont pas de signification : elles ne sont que des suites réglées de
symboles de notre alphabet, mais on peut les interpréter.

2 principes :

- Principe de bivalence
- Principe du tiers exclu

Nous savons que nos connecteurs sont vérifonctionnels. Nos connecteurs sont vérifontionnels : la valeur
de vérité d’une formule composé dépend seulement de la valeur de vérité des formules qui la
composent. DONC dès qu’on sait quelle est la valeur de vérités des lettres de proposition (ou formules
atomiques) on sait quelle est la valeur de vérité de n’importe quelle formule de LP. Dès qu’on a une
interprétation des lettres de proposition, on a une interprétation de toutes les formules de LP.

Une interprétation des formules de LP est une fonction qui associe une valeur de vérité à chacune des
lettres de proposition (on parle de distribution de valeurs de vérité, dvv).
EX : Soit L langage dont l’alphabet est AtL={p,q,r,s}

d : {p,q,r,s}  {V,F} telle que D(P)=V, d(q)=F, d(r)=F, d(s)=F

d suffit à déterminer la valeur de toutes les formules de L. PLUS RIGOUREUSEMENT : Existe une seule
fonction d’ définie sur l’ensemble de formules de L qi étend d de manière à respecter la définition des
connecteurs : d’(rvs)=F, etc.

Combien de dvv : 2^4

Tables de vérité
Table de vérité : tableau qui donne les différentes (ensembles de) dvv qu’il est pertinent de distinguer
pour étudier cette formule.

Construction :
Pour construire la table de vérité de Φ :

- Repérer toutes les sous-formules de Φ.


- Prévoir une colonne pour chacune de ces sous-formules, depuis les moins complexes jusqu’à la
plus complexe.
- Compter les formules atomiques.
- Pour n formules atomiques, prévoir 2^n lignes.
- Remplir le tableau en respectant les tables de vérité des connecteurs.

Types de formules
d’(Φ)=V alors la dvv d est un modèle de Φ

Tautologie
Φ est une tautologie si, pour toute dvv d, d’(Φ)=V (vrai dans toutes les interprétations). Symbole : I=

Antilogie
Φ est une antilogie si, pour toute dvv d, d’(Φ)=F (faux dans toutes les interprétations).

Formule neutre
Φ est une formule qui est vraie dans certaines interprétations et fausse dans d’autres interprétations.
Autrement dit, neutre ssi existe dvv d telle que d’(Φ)=V est existe une dvv d’ telle que d’’(Φ )=F

FACTS (+a savoir « démontrer ») :

- Φ tautologie ssi ¬ Φ est une antilogie.


- Φ est une formule neutre ssi ¬ Φ est une formule neutre.
- Si Φ est une antilogie, alors pour toute formule ϕ, Φ ϕ est une tautologie.
- Si Φ est une tautologie, alors pour toute formule ϕ, ((ϕ^ Φ)ϕ) est une tautologie.
- Si Φ est une antilogie, alors, pour toute formule ϕ, ((ϕvΦ)ϕ) est une tautologie

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