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NIVEAU III (AM/PM)

Année académique 2021-2022


Moles PAUL
paulmoles2@gmail.com
moles.paul@ueh.edu.ht

La philosophie analytique
-(Gottlob Frege,1892: sens et
référence des noms propres)

23 mai 2022
1) Etat d’avancement des travaux de recherche
2) La philosophie analytique
3) Exposé d’article (Moles Paul, à paraitre, la
problématique du sens dans la philosophie du
langage)
(4) Sens et référence des noms propres: Position
de Frege (1892)
5) Texte à lire pour le prochain cours (André
Rousseau,1990,Quelques aspects de la
philosophie du langage)
 Il s’agit d’aborder les problèmes
philosophiques du point de vue du langage
et d’apporter à ces problèmes une solution
en procédant à une analyse du langage.
 Il s’agit de faire du langage le médium de
toute appréhension du réel.
 C’est du point de vue de la logique et de ce
seul point de vue que le langage se trouve
privilégié.
 Jean-Gérard Rossi (1989) parle de 3
grandes phases : 1) Syntaxe 2)
Pragmatique 3) sémantique
1) Syntaxe: Une génération de philosophes
contemporains d’un logicisme
triomphant et privilégiant l’analyse
logique du langage, proposant dans un
but thérapeutique la reformulation des
énoncés du langage ordinaire dans une
langue formelle.
2) Pragmatique: Une génération de
philosophes marqués par le reflux du
logicisme et se livrant à la description
des situations, contextes et circonstances
dans lesquels le langage est employé.
3) Sémantique: Une génération de philosophes
tirant parti de la construction des systèmes
logiques débordant le cadre de la logique
standard et s’efforçant d’accorder les modèles
théoriques souvent sophistiqués aux nuances
et aux subtilités, voire aux imprécisions du
langage ordinaire. (Jean-Gérard Rossi (1989),
La philosophie analytique, PUF, Paris.)
Frege
Gottlob Frege entend doter la pensée
scientifique d’une idéographie, i.e., d’un
langage rationnel qui pourrait tout à la fois
mettre en évidence, par son lexique, les
concepts de la science et leurs traits
définitoires (une lingua caracteristica) et
refléter, dans ses articulations logiques des
énoncés sur lesquels opèrent les
raisonnements scientifiques (un calculus
rationator).
Russell
Comme Frege et, au départ, indépendamment de
lui, B. Russell s’efforce d’explorer les structures
logiques de la pensée et de son expression dans
un langage rationnel. La grammaire
philosophique qu’il met alors en évidence rejoint
l’analyse idéographique frégéenne en ce qu’elle
regarde un concept comme une fonction
propositionnelle qui, pour chaque valeur de sa
variable, constitue une proposition vraie ou
fausse.
Wittgenstein
-Dans le tractatus logico-philosophicus,
Wittgenstein entreprend d’expliciter dans
toute leur radicalité les principes et enjeux
du projet philosophique mis en œuvre par
Frege et Russell. Au fondement de ce projet,
il y a la thèse de la triple isomorphie de la
raison, du langage et du monde.
Le langage rationnel-idéographie-doit refléter,
dans ses structures syntaxiques, les
articulations logiques de la pensée, mais
celles-ci sont alors aussi les articulations
ontologiques, les formes structurelles du
monde tel qu’il peut être rationnellement
pensé et dit.
-Lorsqu’il reprend son travail philosophique à
la fin des années 1920, Wittgenstein se
propose d’étudier la pensée rationnelle telle
qu’elle est à l’œuvre dans le langage
quotidien plutôt que telle qu’elle serait
parfaitement reflétée dans une idéographie
envisagée comme langage idéal.
Cf. Bruno Leclerc (2008), Introduction à la philosophie
analytique, la logique comme méthode, Editions de Boeck,
Bruxelles.
Gottlob Frege (/ˈɡɔtloːp ˈfreːɡə/, né
le 8 novembre 1848 à Wismar – mort
le 26 juillet 1925 à Bad Kleinen), de son
nom complet Friedrich Ludwig Gottlob
Frege, est
un mathématicien, logicien et philosophe all
emand, créateur de la logique moderne et
plus précisément du calcul
propositionnel moderne : le calcul des
prédicats. Il est en outre considéré comme
l'un des plus importants représentants
du logicisme.
-Selon Frege, la pensée est inséparable du
langage ; seul le langage permet à
l'attention de se libérer de l'immédiateté
sensible, mais il le fait par d'autres
éléments sensibles, à savoir les signes;
- les langues ordinaires pèchent par
équivocité des signes, et aussi par le fait
qu'elles ne sont pas calquées sur les lois
objectives de la pensée, mais sur celles de
la psychologie humaine.
-Il convient donc de mieux distinguer les
deux, grâce à l'invention d'une langue
spéciale, calquée sur les exigences logiques.
-Dans ces conditions, la première tâche de
la logique sera d'édifier un langage logique
aussi rigoureux que possible, où toute
lacune dans l'exposé des raisons sera
perçue d'un coup d'œil.

(Que la science justifie le recours à une idéographie, article


publié en 1882 dans le Zeitschrift für Philosophie und
philosophische Kritik (81).)
Frege développe une conception du langage
à la suite de ses recherches logiques. Über
Sinn und Bedeutung est l'article classique qui
expose les problèmes à propos de la
signification des phrases, et où il montre que
l'on doit distinguer sens et dénotation :

Le problème du jugement d'identité : "a=b"


est un jugement d'identité, dans
lequel « a » et « b » dénotent des objets.
"a=b" est vrai si l'objet « a » est identique à
l'objet « b », en d’autres termes
si « a » et « b » dénotent le même objet, ont
la même dénotation (Bedeutung).
Comment alors expliquer que les
mathématiques ne se réduisent pas à de
vaines tautologies, comme « Paul est
Paul » ? C'est que deux formules, qui
dénotent pourtant le même objet X, n'ont
pas nécessairement le même sens. Par
exemple, le vainqueur d'Austerlitz (a) est le
même individu (X) que le vaincu
de Waterloo (b), mais les deux expressions
n'ont nullement le même sens (Sinn).
Cette distinction, qui sera rejetée par
Russell, a pour objet d'expliquer qu'une
formule comme "a=b" ait une utilité, c'est-à-
dire qu'elle ne se réduit pas à "a=a".

Nous apprenons par cette formule que deux


concepts distincts renvoient à un seul et
même objet. En effet le concept se dit d'un
objet, mais ne se confond pas avec lui.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Gottlob_Frege
Dans son article célèbre qui
s’intitule « über Sinn und Bedeutung »,
Frege pose le problème du sens et de la
référence, deux termes qu’il faut
distinguer d’après lui. Le terme
« référence » est aussi traduit par
« dénotation » dans d’autres textes.
(Frege, 1892).
 La dénotation d’une expression linguistique est
l’objet du monde que cette expression désigne.
 Frege donne l’exemple suivant : l’étoile du
matin et l’étoile du soir. Ces deux expressions
ont la même dénotation car elles désignent le
même objet céleste : la planète Vénus.
 Frege montre que la dénotation ne peut pas
suffire à décrire le rôle sémantique d’une
expression dans une phrase, et que ce qui
importe c’est, finalement, le sens de
l’expression. L’étoile du matin et l’étoile du soir
n’ont pas le même sens.
C’est ce que révèle, par exemple, le test de
substitution suivant :
(1) a. L’étoile du matin est l’étoile du soir.
b. L’étoile du matin est l’étoile du matin.

La phrase (1b) est obtenue en remplaçant


dans la phrase (1a) le second groupe nominal
(l’étoile du soir) par un autre groupe nominal
qui a la même dénotation (en l’occurrence
l’étoile du matin).
Cette phrase (1b) est vraie par nécessité, elle
le sera toujours, sa vérité est inscrite dans
sa forme : c’est une tautologie. Et en tant
que telle, elle n’apporte aucune information
pertinente. En revanche, la phrase (1a), elle,
apporte de l’information, elle est
intéressante, elle n’est pas une tautologie.
Ces deux phrases sont loin d’être
synonymes : elles ne disent pas la même
chose. Puisque l’étoile du matin et l’étoile
du soir ont la même dénotation, rien ne
distingue (1b) de (1a) du strict point de vue
dénotationnel.
Comment Frege définit-il le sens ? Si la
dénotation est l’objet du monde désigné
par l’expression, son sens est « le mode de
donation » de cet objet. Par mode de
donation, il faut comprendre ce qui nous
donne la dénotation de l’expression. On
peut voir le sens comme une construction
linguistique, c’est-à-dire la fonction
intellectuelle qui permet d’appréhender un
objet du monde à partir d’une expression.
 Le sens d’une expression est ce qui nous
permet de connaître la dénotation de cette
expression.
 Le sens n’est donc pas la dénotation, mais
il est défini à partir d’elle. On peut le voir
comme une sorte de mécanisme
d’attribution d’objets à des expressions de
la langue.
Voici une autre paire d’expressions qui ont la
même dénotation mais des sens différents : le
vainqueur d’Iéna et le vaincu de Waterloo. Les
sens de ces deux groupes nominaux diffèrent
car pour en connaître les dénotations, il faut être
au fait, d’une part, de l’issue de la bataille
d’Iéna, savoir qui l’a remportée (et donc savoir ce
qui signifie vainqueur), et d’autre part, savoir qui
a perdu la bataille de Waterloo (en sachant donc
ce que signifie vaincu). Il se trouve que dans les
deux cas, la réponse est Napoléon, qui est la
dénotation commune des deux expressions,
mais on voit bien qu’on y accède par deux
cheminements (c’est-à-dire deux sens) distincts.
Frege souligne que des expressions de sens
distincts peuvent avoir la même dénotation
(par exemple l’étoile du matin et l’étoile du
soir), et des expressions peuvent avoir un
sens mais pas de dénotation (par exemple
on peut concevoir le sens de la suite qui
converge le moins rapidement bien qu’elle
n’existe pas ; de même pour le plus grand
nombre premier ou un cercle carré ; et c’est
précisément parce que l’on perçoit leurs
sens que l’on sait que ces expressions n’ont
pas de dénotation.
(Cf. Laurent Roussarie. 2017. Sémantique formelle. Volume 1
: Introduction à la grammaire de Montague (Textbooks in
Language Sciences 4). Berlin: Language Science Press.)

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