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SEMESTRE 5

MODULE
SÉMANTIQUE
Professeure Malika BEZZAA
CONTENU DU COURS
Introduction générale
Sens et signification
Connotation / Dénotation
L’analyse sémique
L'ambiguïté et le double sens
La paraphrase
L’implicite
BIBLIOGRAPHIE
Bibliographie Ducrot, O. Dire et ne pas dire: Principes de
sémantique linguistique, Paris. Hermann, 1972
Greimas, A. Sémantique structurale, Paris. Larousse, 1966
Guiraud, P. La sémantique, Paris. PUF, 1955
Kerbrat-Orecchioni, C. La connotation, Lyon. PU de Lyon,
1977
Kerbrat-Orecchioni, C. L’implicite, Paris. A. Colin, 1986
INTRODUCTION GÉNÉRALE
" LA SÉMANTIQUE EST UN MOYEN DE REPRÉSENTATION DU SENS DES ÉNONCÉS " Dictionnaire de linguistique, Page 427

Le terme de sémantique est inventé par Michel Bréal (1832-1915) dans son ouvrage “Essai de sémantique” paru
en 1897. La sémantique de Bréal étudie le sens des mots.

La sémantique est la dernière née des disciplines linguistiques, elle a toujours été considérée comme la parente
pauvre de la linguistique. Sa dénomination n’est forgée que vers la fin du 19ème siècle. Même dénommée et
instaurée, elle n’a cherché qu’à emprunter ses méthodes.

Ce n’est que vers les années 50 et plus tard, que des tentatives de systématisation ont été élaborées avec la
publication d’ouvrages traitant de la sémantique :
Pierre. G. (1955) La sémantique
Katz-fodor (1964) Théorie globale des descriptions linguistiques
Greimas (1966) La sémantique structurale

Les linguistes ont, en effet, senti que la sémantique résistait à toutes les tentatives de structuration. C’est
l’opinion d’A.Martinet : “Le lexique proprement dit semble beaucoup moins facilement réductible à des modèles
structuraux”.

Ainsi, la sémantique retrouve ses droits qu’elle avait injustement perdus; le sens devient une préoccupation
majeure pour le linguiste.
LES GRANDS MOMENTS DE LA SÉMANTIQUE

1. Premier moment :

La sémantique de Bréal (Fin du 19ème siècle); Ouvrage : “Essai de sémantique”


Antoine Meillet; Ouvrage : "Comment les mots changent de sens ?" (Sémantique diachronique ou historique)

2. Deuxième moment :

F. De Saussure : Dans le cours de linguistique générale, il a été question d’une nouvelle réflexion sur la
sémantique d’un point de vue synchronique. (le signe linguistique fait partie d’un système d’où il tire sa valeur.
L. Bloomfield (représentant du structuralisme américain) a écarté la question du sens. Il soutient que le sens est
impossible à saisir scientifiquement parce qu’il y a une part de subjectivité dans la formation du sens.
J. Greimas :vers les années 60 apparaît une sémantique structurale. Greimas avait le souci de donner à la
sémantique un cadre théorique homogène capable de rendre compte de tous les phénomènes de sens.

3. Le troisième moment :

Les différentes théories sémantiques : les théories linguistiques américaines (Chomsky, Katz-fodor, Lakoff). Cette
introduction du sens a pour conséquence le passage d’une sémantique lexicale à une sémantique phrastique.
L’approche énonciative et pragmatique du sens : le sens ouvre la voie à toutes sortes de recherches. ( les
approches pragmatiques et énonciatives)
SENS / SIGNIFICATION
Un mot se caractérise par l'association d'un sens donné à une suite de sons. Les deux termes ont un emploi mal
différencié dans le langage courant et on emploie, sans hésiter, l'un et l'autre en leur attribuant la même valeur.

Tout signe linguistique contient indépendamment de son utilisation dans des phrases un noyau de sens fixe qui
lui appartient et qui garantit son identité de signe linguistique.
Un signe linguistique a un sens fixe indépendamment de son emploi dans tel ou tel contexte; sa fonction de
signification se rapporte selon le contexte dans lequel le signe apparait. "Il y a souvent confusion entre sens et
signification et l'opposition n'est pertinente que dans le cadre d'un théorie donnée." Dictionnaire de linguistique, page
493

La signification est le phénomène par lequel un mot évoque chez le destinataire un certain signifié. Elle est
également liée aux relations qu'un mot entretient avec d'autres unités à l'intérieur du système de la langue. Les mots
qui suivent ou précèdent une unité dans une phrase donnée contribuent à déterminer la signification qu'on va lui
assigner.

Exemple 1 : L'infirmière veille.


Sens : l'infirmière ne dort pas
Signification : l'infirmière est attentive (veille à ce que tous les malades reçoivent tous les soins nécessaires)
Exemple 2 : Une perle
Sens : Petite boule de nacre
Signification : Personne remarquable ou erreur ridicule
Selon Robert Galisson, "la signification se construit et elle n'est jamais donnée une fois pour toutes." La
signification est liée à l'acte de parole tandis que le sens, plus statique, est l'ensemble des images mentales
qu'évoque un mot hors contexte et hors situation.

La signification est tantôt intentionnelle tantôt involontaire.

1. Intentionnelle : modification du sens par l'ironie.

Exemple : C'est réussi ! Bravo ! (La phrase "c'est réussi" véhicule l'idée de résultat favorable. Pourtant, prononcée
dans certaines circonstances et avec une intonation particulière, le sens littéral de réussite disparait totalement au
profit de la signification qui est l'échec.
Ou bien elle le double de toutes sortes de sous-entendus. Autrement dit, on cherche à signifier autre chose que ce
qui est dit. Exemple : La phrase "les bonnes soirées passent trop vite" prononcée avec une apparente mélancolie
signifie autre chose que ce qui est dit.

2. Involontaire : La signification est l'œuvre de l'interlocuteur qui découvre autre chose dans le message que ce
que le locuteur y a mis. L'un des aspects du comique est de jouer sur ces divergences.
CONNOTATION / DÉNOTATION
Le sens d'un signe tel que le donne un dictionnaire est appelé sens dénoté. La dénotation se définit par opposition
à la connotation.

A ce titre, la dénotation est l'élément stable, non subjectif et analysable hors discours.
Exemple : Nuit : intervalle entre le coucher et le lever du soleil.

La connotation d'un signe représente les valeurs sémantiques secondes qui viennent se greffer sur le sens
dénotatif.

Les valeurs connotatives sont hétérogènes et variables selon les locuteurs, elles relèvent pour la plupart, du
domaine de l'énonciation.

"Le fonctionnement dénotatif de la langue est proprement linguistique, le jeu des connotations est supérieur au
niveau de la langue, l'étude ne peut être entreprise que dans le cadre d'une sémiotique." (Sémiotique : étude générale
des signes et non plus des signes linguistiques) Page 115 , dictionnaire de linguistique

Les connotations sont essentielles dans le texte littéraire : ce sont elles qui font sa richesse; un écrivain fait vivre
les mots, leur donne un sens qui lui est propre et en renouvelle l'emploi.
Le lecteur apporte lui même ses propres connotations, il apporte au texte sa propre expérience et ses autres lectures.
Un mot prend une valeur particulière dans un contexte donné => c'est un sens connoté. Ces sens varient selon
les individus, les époques, les groupes sociaux, les civilisations.

Exemple : Quelle tortue !


Cet exemple est utilisé pour taxer quelqu'un de lenteur.
Dans la civilisation chinoise ancienne, la tortue était un animal mythique qui portait le monde sur sa carapace =>
le terme recevait donc une connotation respectueuse.

Autres exemples :

Flic et policier (n'ont pas les mêmes connotations)


Ours : mammifère de grande taille (sens dénoté) et homme qui fuit la société (sens connoté)
Feu : dénote un dégagement de l'énergie calorifique de lumière ; mais dans l'exemple : "ce feu dans la cheminée
près de laquelle jouent les enfants " connote la chaleur humaine, l'intimité et le bien-être.
Le blanc : en Occident, il évoque la joie et la pureté. En Orient : couleur de pureté et parfois de deuil.

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