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Cours 01 : des signes aux sens Cours 01 : des signes aux sens

Le mot "Sémiologie" vient du grec. Elle étudie le discours ("logos"), des signes ("semeion"). Elle propose une
analyse critique de styles. II/ Constat des multiples sens potentiellement portés par un signe
Les linguistes utilisent le terme proche de sémiotique, évoquant l’étude de la construction technique de A’. Barthes : les sens par l’apport du référent
langages particuliers (image, cinéma, peinture, littérature, etc.).
Pourtant, est-ce qu’inventorier les signes linguistiques permet de comprendre tous les sens d’une "langue" ? Peirce a montré que le sens d’un concept pouvait être pluriel, selon la culture de l’interprétant. R.Barthes
(1915-1980) va donc s’intéresser à la façon dont les œuvres littéraires interrogent les images acoustiques, les
I/ Définir le signe, pour cerner un sens signifiants, ou plus simplement les mots dans le contexte d’une phrase, pour faire varier son ou ses signifié(s),
A. Saussure : le signe, fruit de signifiant et de signifié c'est-à-dire les sens portés par un concept. Pour lui, les mots ont un signifiant qui dénote un signifié. Mais à
ses yeux, un mot peut être porteur de plusieurs signifiés. Il désigne cela par le terme "connotation".
Pour Ferdinand de Saussure (1857-1913), le modèle de signe est dit dyadique, car il comprend deux éléments.
Il restera dominant en Europe jusqu'au milieu du XXe siècle. De la façon dont un signifié est interprété, il en déduit quelles sont les références culturelles de l’interprétant
(des connotations signifiées), ce qui lui permet d’avoir une lecture sociétale de la littérature (cf Barthes « Le
« Le signe linguistique est donc une entité psychique à deux faces [...] Nous appelons signe la degré zéro de l’écriture » 1953). Le fait de faire le lien entre le mot et le concept est, chez lui, la capacité à
combinaison du concept et de l'image acoustique : mais dans l'usage courant ce terme désigne mobiliser un référent, qui désigne la réalité physique ou conceptuelle du monde. Plus simplement, c’est la
généralement l'image acoustique seule, par exemple un mot (arbor, etc.). [...] somme de connaissances d’un individu.
L'ambiguïté disparaîtrait si l'on désignait les trois notions ici en présence par des noms qui s'appellent La pluralité des référents entre chaque individu, émetteur et récepteur, conduit à coder ou décoder des
les uns les autres tout en s'opposant. Nous proposons de conserver le mot signe pour désigner le total, et messages, dans des contextes emplis de "bruits" (cf modèle de Shannon et les six fonctions du langage de
de remplacer concept et image acoustique respectivement par signifié et signifiant. » Jakobson).

Saussure (F. de) « Cours de linguistique générale », 1964, Payot, pp 99-101. Il en déduit que le discours est constitué d’un emboitement de signifiants et de signifiés, aboutissant à définir
des styles (les systèmes, exemple : la chaise), pour des ensembles (les syntagmes, exemple : la cuisine. Cf
Barthes « L’aventure sémiologique » p.56).

B. Peirce : l’interprétant face aux signes (icône, indice et symbole)

Pour Charles Sanders Peirce (1839-1914) un signe, peut être simple ou complexe. Contrairement à Saussure,
Peirce ne définit pas le signe comme la plus petite unité significative. Toute chose, tout phénomène, aussi
complexe soit-il, peut être considéré comme signe dès qu’il entre dans un processus sémiotique, qui est pour
lui un rapport triadique entre un "representamen" (Premier. Ex : le mot arbor), dénotant un objet (Second.
Ex : l’image de l’arbre), grâce à un interprétant, faisant le lien entre l’image et le concept (Troisième. Ex : B’. Greimas : sens par le raisonnement à l’inverse
l’individu faisant le lien entre le concept et l’image acoustique). Ceci amène Peirce à répertorier dix modes de
fonctionnement de la signification. Nous nous limitons à la définition de trois types de signes spécifiques à sa A.Greimas (1917-1992), par un carré sémiotique qu’il baptise « carré véridictoire », tente d’étendre ces
démarche : notions en découpant le signifiant qualifié de "vrai" entre ce qui "est" ou "parait", et les signifiés en découlant
en négatif. Par croisement, il est alors possible de déduire quels sont les référents des interprétants.
Icône : signe artificiel qui a pour propriété d'imiter ce à quoi il se réfère. Par exemple, un homme dessiné en Très critiqué, cet outil semble exclure les superpositions de sens permises par la connotation. Il reste pourtant
train de marcher exprime l’action de marcher, traverser etc… un outil heuristique propre à stimuler l'imagination, permettant de dresser une carte des possibilités logiques
Indice : manifestation des effets implicatifs d'un phénomène empirique. La fumée est l'indice de l'existence face à des formulations incomplètes (non-dits).
d'un feu.
Symbole : représentation fondée sur une convention qu'il faut connaître pour comprendre. La colombe de la
paix en est un exemple. Dans la Bible, à la fin du déluge, la colombe rapporte une feuille d'olivier pour « dire »
que le niveau de l'eau a baissé. C'est donc la fin d’un « cauchemar ».

Peirce développe une théorie du processus interprétatif nommée l'abduction (ou démarche hypothético-
déductive), anticipant ainsi K. Popper. Elle consiste à supprimer les solutions improbables, sans passer par un
raisonnement systématique. Ainsi, le fait nouveau, fait l’objet d’une hypothèse instinctive (analogie entre le
fait et ses conséquences), par déduction, le sujet l’intègre à son comportement. Mais le chercheur multipliera Conclusion : les signes sont le support de sens multiples, dont la réinterprétation vaut recréation sans fin.
les expériences pour trouver que ce fait, fonctionne ou non. Par induction, suite à plusieurs tests positifs, le
chercheur considère l’hypothèse vérifiée, jusqu'à preuve du contraire.

COSMAS Yannis 1 sept 2022 COSMAS Yannis 2 sept 2022

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