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Le signe lexical.

Le mot
Le mot.
Le mot est reconnu par la grande majorité des linguistes comme étant une des unités
fondamentales, voire l’ unité de base de la langue. Pourtant la définition du mot se heurte à de
grandes difficultés, ce qui entraîne 1'apparition, à côté du terme traditionnel «mot» de toute une
série ďautres termes tels que «vocable», «lexème», «sémantème», «monème», etc.
Citons à ce propos Alain Rey: «Qu'est ce qu'un mot ?» écrit-il dans la présentation du
Petit Robert. «Question simple en apparence, sauf pour les linguistes. Un seul exemple très
élémentaire posera le problème: dans une phrase comme «nous avons mangé hier des
pommes de terre», le typographe compte 8 mots, mais le linguiste n'en peut voir que 5.
Remplaçons en effet le passé par le présent et un légume par un autre: «nous mangeons
aujourďhui des carottes», et le compte est 5 mots. Or les deux énoncés ont exactement la
même structure».
Cette exemple montre que plusieurs mots graphiques peuvent former un seul mot
linguistique: avons mangé, pommes de terre. D'autre part si le mot «carotte» évoque dans
notre espris un certain légume, le mot «des» ne renvoie à aucun objet de la réalité, mais cela ne
signifíe pas que «des» n'a pas de sens. Pour s'en convaincre il suffit de remplacer «des» par
«une» et le sens va changer
Le morphème est pareillement au mot une unité significative de la langue, mais, à l’
opposé du mot, il ne peut nommer, désigner en direct les objets et les phénomènes de la
réalité. Cette propriété en fait une unité fondamentale et indispensable de toute langue.
Le mot est une unité polyfonctionnelle. Il peut remplir toutes les fonctions propres
aux autres unités significatives : fonction nominative, significative, communicative,
pragmatique… il peut se transformer en morphème, d’ un côté ( march – dans nous
marchons) et constituer une proposition, de l’ autre (marchons !).
Malgré les diversités qui apparaissent d’ une langue à l’ autre le mot existe dans
toutes les langues à ses deux niveaux : langue-système et parole.Les mots (et, ajoutons les
équivalents de mots) constituent le matériau nécessaire de toute langue.

Le mot et la notion
Notre pensée ne trouve sa réalisation que dans la matière sonore (ou graphique) sous
forme de mots et de propositions qui servent à rendre des notions et des jugements.
L’ idée ne préexiste pas au langage, elle se forme en lui et par lui. Le Français dit : L’
appétit vient en mangeant ; cela reste vraie quand on le parodie en disant : « l’ idée vient en
parlant ».
Si nous regardons une rivière nous la perçevons ; si nous nous souvenons plus tard
de cette même rivière, nous nous la représentons. L’ image concrète de cette rivière est,
dans le premier cas, une perception, dans la deuxieme – une représentation. En faisant
ressortir les propriétés essentielles des rivières en général, c. à. d. le courant de l’ eau, avec
ses rives naturelles (à l’ opposé d’ un canal), etc., nous formons une notion. La notion, le
concept, ce n’ est plus une image mentale concrète, c’ est une abstraction, une

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généralisation théorique. Le mot rivière s’ unit à la notion « rivière », il sert à nommer non
pas une rivière détérminée, mais n’ importe quelle rivière, la « rivière » en général,
autrement dit, ce mot exprime la notion de « rivière » généralisée, abstraite. Le mot
généralise principalement grâce à sa faculté d’ exprimer des notions.
La notion (ou le concept) peut être rendue par des moyens linguistiques différents :
par des mots, des groupes de mots. C’ est pourtant le mot, par excellence, qui sert de moyen
pour exprimer la notion.
Il est nécessaire de faire la distinction entre les notions de la vie courante, ou les
notions coutumières et les concepts à valeur scientifique. Ainsi, le mot rivière exprime tout
aussi bien une notion coutumière qu’ un concept scientifique.Le concept scientifique reflète
les propriétés véritablement essentielles des objets et des phénomènes consciemment
dégagés dans le but special de mieux pénétrer et comprendre la réalité objective.
La notion coutumière reflète dans notre conscience les propriétés distinctives
essentielles des objets et des phénomènes. Dans son activité journalière l’ homme a surtout
affaire aux notions coutumières qui servaient la pensée humaine déjà bien avant l’
apparition des sciences. Aujourd’hui comme autrefois la plupart des mots d’ un emploi
commun expriment dans le langage principalement des notions coutumières.
Les notions, les concepts peuvent être réels et irréels. Ils sont réels à condition de
refléter des propriétés des objets et des phénomènes de la réalité objective. Les notions et
les concepts irréels sont aussi des généralisation abstraites, mais ils ne reflètent pas des
objets et des phénomènes existants (ange, diable, centaure…). Les notions et les concepts
irréels ne sont pourtant pas entièrement détachés de la réalité objective. Ils reflètent des
morceaux, des fragments de la réalité combinés arbitrairement grâce à l’ imagination.

Les fonctions des mots


En tant qu’ élément de communication le mot possède plusieurs fonctions.
La grande majorité des vocables est susceptible d’ exprimer des notions (ou
concepts) ; les vocables remplissent la fonction rationnelle (cognitive ou dénotative). Cette
fonction est en rapport direct avec une autre faculté propre aux mots, de désigner les objets
de la réalité ou leurs propriétés ; cette autre faculté des mots en constitue la fonction
nominative (désignative ou reférentielle). Certains mots ont une valeur affective, ils servent
à traduire les sentiments de l’ homme, son attitude émotionnelle envers la réalité; ce sont
des mots à fonction affective (ou émotive).
La plupart des mots autonomes, tels que les substantifs, les adjectifs, les verbes, ont
la faculté d’ exprimer des notions et celle de nommer les objets et leurs indices ; tels sont :
homme, main, brave, vigoureux, travailler, etc.
Parmi les mots autonomes on distinguent les noms propres de personnes et d’
animaux auxquels on attribue uniquement la fonction nominative : Pierre, Lucie. Medor…

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Aux yeux de certains linguistes tout mot posséderait la fonction rationnelle. Ainsi,
les noms propres rendraient la notion très générale de l’ homme ou de l’ animal (Médor
serait toujours un chien, tandis que Paul s’ associérait régulièrement à l’ homme).
Si l’ on compare, quant à leur contenu sémantique, les mots homme et Emile pris
isolément, la différence apparaîtra nettement. Le mot homme rendra effectivement la
notion générale de « être humain doué d’ intélligence et possédant l’ usage de la parole « , il
n’ en sera rien pour Emile qui n’ exprimera pas plus la notion d’ homme que Minouche -
celle du « chat ». Donc, au niveau de langue-système Emile et Minouche sont dépourvus de
la fonction rationnelle. Il est autrement au niveau de la parole. C’ est justement ici que les
noms propres de personnes et d’ animaux se conduisent à l’ égal des noms communs.
Donc, les noms propres de personnes et d’ animaux posséderont la fonction
rationnelle (et, évidemment, la fonction nominative) au niveau de la parole.
Aussitôt qu’ un sens propre acquiert la faculté d’ exprimer une notion générale (ex :
un Harpagon, un Tartuffe) il sera promu au rang des noms communs et deviendra un mot à
fonction rationnelle au niveau de la langue.

Le mot – le signe linguistique


Le mot et la signification. Signe, signifiant, signifié.
Il est possible de répondre à la question « que signifie tel mot ? » soit par une
définition verbalisée, comme dans un dictionnaire, soit par « ça » accompagné d’ un geste
montrant un objet.
Il est important de distinguer la signification d’ un mot comme arbre de la réalité
extralinguistique dont ce mot est signe dans une communication donnée. La signification n’
est pas en effet la chose signifiée. Saussure le souligne lorsqu’ il définit le « signe
linguistique ».
« Le signe linguistique unit non une chose et un nom, mais un concept et une image
acoustique »(Saussure, Cours de linguistique generale,1967, 98), ou de façon plus technique,
un signifié et un signifiant (Saussure, Cours de linguistique generale, 1967, 99).
C. à. d. le signe linguistique est la plus petite unité ayant une signification dans une
langue. Le signe est formé de l’ union d’ un signifiant et d’ un signifié ; on l’ appelle un
monème.
-Le signifiant, c’ est la réalité matérielle du signe, réalité orale (phonétique) et écrite
(graphique).
-Le signifié, c’ est le sens auquel renvoie le signe.
Les logiciens font clairement et humoristiquement la différence entre la
signification et la chose signifiée, lorsqu’ ils affirment que « le mot chien n’ aboie pas »
Il y a donc un troisième terme en plus des deux faces du signe linguistique, à savoir
le référent. Le rapport entre le signe linguistique (c. à. d. l’ association du signifié et du
signifiant) et le référent (c. à. d. la réalité extralinguistique perçue) est ce qu’ on appelle la
dénotation ou la désignation.

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Le signifie comprend deux aspects :
-Le sens dénoté, ou dénotation, correspond au sens objectif tel que nous le livre le
dictionnaire.
Le sens connoté, ou la connotation, est plus subjectif.
Il peut être lié à l’ expérience personnelle, au contexte, mais aussi à un milieu social,
à une epoque ou à une culture donnée.
Les trois termes que sont le signifiant, le signifié et le référent donnent lieu à une
représentation que l’ on appelle le triangle sémiotique, dont Ullmann a proposé la version
représentée par la figure 1, en expliquant que « le nom évoque non pas la chose, mais l’ idée
de la chose, c. à. d. le sens », que le sens se rapporte à la chose, et que s’ « il y a un lien
directe entre le sens et la chose », par contre « entre le nom et la chose il n’ y a aucune
connexion directe et immédiate (Ullmann, Ptrecis de semantique francaise, 1969).

Le triangle sémiotique
sens

symbolise se rapporte à

Nom ------------------------------------ chose

Le signe est-il arbitraire?

L’ union du signifié et du signifiant est conventionnelle.


On peut se demander pourquoi tel signifiant, plutôt que tel autre, a été associé à tel
signifié : pourquoi [tapi] pour tapis , et non [tapa] ou [tapo] ?
S’ il y avait un motif pour associer tels sons (tel signifiant) à tel sens (tel signifié), les
associations seraient les mêmes dans toutes langues.
Or, le fait même qu’ il existe un très grand nombre de langues différentes montre
que l’ association d’ un signifiant et d’ un signifié est arbitraire.

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