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ENS

Éditions
Linguistique pour germanistes  | Marco Rühl

1. Sémiologie et
linguistique : les
bases jetées par
Ferdinand de
Saussure
p. 19-33

Texte intégral
1 L’élément de la réalité qui est visé de manière arbitraire,
conventionnelle, constante et abstraite, est le signifié, en
d’autres termes ce qui est signifié par un signe. La
représentation non linguistique ou linguistique qui sert à
exprimer cette visée est le signifiant, en d’autres termes ce
dont peuvent se servir intentionnellement les gens pour
signifier l’élément de la réalité qu’ils entendent viser.
2 En parlant de signes, de signifiés, et de signifiants, nous
nous trouvons dans le domaine de la science qui étudie le
fonctionnement des signes employés intentionnellement
pour assurer la compréhension. C’est la sémiologie. Celui qui
est considéré comme un des pères sinon comme le père
fondateur de la linguistique moderne, le professeur genevois
Ferdinand de Saussure, concevait la linguistique comme une
branche de la sémiologie. Une des clés de voûte de sa
construction théorique, censée répondre à la question de
savoir pourquoi la communication verbale réussit dans la
majorité des cas, est donc une conception profondément
sémiologique du signe linguistique, qui est producteur
majeur de compréhension.

1.1 La conception saussurienne du signe


linguistique
3 Pour saisir l’originalité de l’approche saussurienne, il faut
avoir à l’esprit, avant toute autre chose, que dans le cadre de
sa théorie, ce qui est visé et ce à l’aide de quoi on vise, le
signifiant et le signifié, ne sont pas conçus comme des
réalités physiques. L’un et l’autre sont des représentations
mentales. Le signifié est la représentation mentale –
« type », pourrait-on dire – de l’élément de la réalité qu’un
locuteur vise. Le signifiant est la représentation mentale du
mot, du symbole, etc. à l’aide duquel il le vise.
Introduisons d’emblée une convention de présentation dont
nous aurons besoin dans le paragraphe suivant et tout au
long de l’ouvrage. Pour parler d’une lettre ou d’une suite de
lettres, on met ce dont on parle entre parenthèses pointues
<...> Par exemple  : <bien> comporte quatre lettres. En
revanche, pour parler d’un son ou d’une suite de sons, on
choisit des crochets  : [...], et on y met la transcription
phonétique de l’Association phonétique internationale. Par
exemple : [ʃãte] <chanter> comporte quatre sons.

4 La représentation mentale d’une surface plane et lisse,


soutenue par un nombre suffisant de pieds (souvent trois ou
plus) pour la tenir à une certaine hauteur et à l’horizontale,
voilà cet élément d’un signe linguistique précis qui permet
de viser n’importe quelle table. La représentation mentale de
la suite de sons [tablə] ou de la suite de lettres <table>, voilà
cet élément d’un signe dont on peut, suivant le canal de
communication choisi, se servir pour effectuer cette visée.
Qu’un destinataire comprenne qu’un locuteur veut parler de
la table présente dans la pièce, cela est dû au fait que le
locuteur et le destinataire ont tous les deux les mêmes
représentations mentales. La surface plane et lisse à quatre
pieds au milieu de la pièce fait appel à la représentation
mentale «  type  » d’une table chez le locuteur, et celle-ci
évoque en même temps la représentation de la chaîne de
sons [tablə], à l’aide de laquelle on peut «  typiquement  »
viser des tables. Voilà pourquoi le locuteur, pour se référer à
la table au milieu de la pièce, produit cette chaîne de sons.
Le destinataire qui l’écoute va, à son tour, faire appel à la
représentation mentale de la chaîne de sons produite, et une
fois celle-ci présente, elle évoquera en même temps la
représentation mentale correspondante d’une table « type »,
que le destinataire n’aura pas de mal à mettre en rapport
avec la surface plane et lisse montée sur quatre pieds au
milieu de la pièce. La compréhension s’est instaurée.
5 Deux facteurs clés de cette conception se dégagent. La
compréhension repose sur un jeu d’évocations
réciproques. Ce terme est introduit par Saussure pour
désigner le fait que le signifiant et le signifié sont comme les
deux faces d’une médaille : quand l’un d’eux entre en jeu, il
évoque en même temps l’autre. Il est impossible d’évoquer la
représentation mentale – ou le concept – d’une table sans
que celle-ci évoque en même temps la chaîne de sons [tablə].
Et réciproquement  : il est impossible d’évoquer la
représentation mentale de la chaîne de sons -ou l’image
acoustique – [tablə] sans que celle-ci évoque en même
temps le concept correspondant.
6 Les termes de concept et d’image acoustique ont été
introduits par Saussure pour distinguer entre la linguistique
et la sémiologie. Considérant la linguistique comme une
branche de la sémiologie, Saussure soutenait que le signifié
linguistique a la forme d’un concept – «  Begriff  » ou
«  Vorstellung  » en allemand –, c’est-à-dire de la
représentation mentale d’un objet ou d’un état des choses  ;
et le signifiant linguistique a la forme d’une image
acoustique – «  Klangbild  » ou «  Lautbild  » en allemand –,
c’est-à-dire d’une représentation mentale de la chaîne de
sons qui permet de se référer efficacement au concept y
correspondant.

Fig. 2 - La conception saussurienne du signe


Malgré cette distinction de Saussure, la tradition
linguistique a retenu les termes signifiant et signifié plutôt
que ceux qui étaient destinés à être des termes plus
spécifiquement linguistiques. Ils existent tels quels en
allemand. L’on trouve également les termes Signifikant et
Signifikat, calqués sur les termes français retraduits en latin.

7 Il est facile de saisir pourquoi ce jeu d’évocation réciproque


qui est, d’après Saussure, la caractéristique fondamentale du
signe, se joue exclusivement au niveau des représentations
mentales. S’il s’agissait là de faits ou de réalités physiques, si
la visée ne se faisait pas vers un concept mais vers un objet,
les signes linguistiques ne pourraient pas avoir les
caractéristiques fondamentales que nous avons vues au
chapitre précédent. Ils ne pourraient pas être a-c-c-a. Ne
citons que le cas le plus éclatant. Si le signifié linguistique
était un objet au lieu d’être un concept, il faudrait aux sujets
parlants autant de signes linguistiques qu’il existe d’objets.
On ne pourrait pas employer le même signifiant pour viser
une table à trois pieds et une table à quatre pieds. Pis
encore  : le signifiant pour la table du séjour et celui pour
celle de la salle à manger devraient être différents, même si
ces tables étaient rigoureusement identiques par leur forme,
leur nombre de pieds, leur couleur, etc. Les signes ne
pourraient pas être abstraits.
8 Le second facteur majeur de cette conception du signe
découle du premier. Que la compréhension se joue au niveau
mental par des évocations réciproques de signifiant et de
signifié et qu’en même temps les sujets parlants arrivent à
encoder et à décoder des messages sur la réalité
environnante, cela implique qu’un jeu de correspondances se
superpose au jeu des évocations mentales. Il s’agit là de
correspondances entre, d’un côté, des éléments inscrits dans
une situation de dialogue précise qui se déroule entre deux
interlocuteurs ou plus et qui est unique et éphémère, et, de
l’autre côté, des éléments qui transcendent une situation
précise et qui permettent de relier cette situation à d’autres
situations à peu près semblables, vécues ou imaginées.
Quand quelqu’un énonce la chaîne de sons [tablə], une
multitude de caractéristiques de cette énonciation fait qu’elle
est unique et ne peut se répéter telle quelle dans une autre
situation. A une autre occasion, il est possible que
l’interlocuteur ait changé, qu’il n’ait pas changé mais que le
timbre de la voyelle [a] soit légèrement plus aigu ou plus
grave, que par une apocope – fréquente, notamment en
région parisienne –, la deuxième syllabe du mot soit coupée
– [tab] –, que les inflexions de la voix soient différentes
parce que le locuteur est essoufflé, etc.
9 Il est évident, cependant, que tous ces minuscules
changements n’entravent nullement la communication
réussie. Pour pouvoir comprendre, le destinataire sera en
mesure de substituer à une telle énonciation profondément
situative et qui ne peut se répéter, une énonciation « type »,
capable de couvrir toutes ces énonciations uniques. Or cette
énonciation «  type  » n’est autre que l’image acoustique. La
compréhension se fait donc par une mise en rapport – dont
les sujets parlants, la plupart du temps, ne sont pas
conscients – de ce qui est situatif, unique, éphémère avec ce
qui est « trans-situatif », conventionnel et constant, à savoir
les représentation mentales que constituent l’image
acoustique et le concept. Voilà que nous retrouvons à
nouveau les caractéristiques du signe linguistique.
À partir de ce qui précède, il peut en effet paraître exagéré de
parler de l’éphémère et de l’unicité d’une situation de
dialogue. Pourtant, quand on garde à l’esprit qu’une
situation de dialogue n’est pas constituée par les
énonciations seules mais également par une multitude de
non-dits dont nous allons voir quelques-uns au chapitre 6,
l’exagération n’est plus là. Car parmi les non-dits, on trouve
les expériences communicatives que les sujets parlants ont
vécues ainsi que ce qu’ils savent l’un de l’autre. Compte tenu
de cela, une situation de dialogue ne peut être identique à
une autre. Car si une situation se présentait qui serait
identique à une autre pour toutes ses caractéristiques
physiques, elle en serait distincte au niveau des non-dits
justement parce que les interlocuteurs présents dans cette
situation «  répétée  » auraient l’expérience de la situation
déjà vécue. La situation «  répétée  » présenterait donc
comme élément distinctif précisément ce qui, à première
vue, fait qu’elle paraît identique à une situation précédente.
Du coup, toute situation de dialogue est unique.

10 Il est clair, à partir du jeu de correspondances que nous


venons d’évoquer, que la communication et la
compréhension se jouent à deux niveaux. Il existe un niveau
qui est celui d’une énonciation effectivement accomplie pour
viser un objet ou un état de choses précis, le tout étant en
situation, unique, et éphémère. C’est le niveau de ce que
Saussure appelait la parole. Et il existe un niveau auquel
des représentations mentales transcendent la situation
donnée et où des évocations réciproques entre des
signifiants «  types  » et des signifiés «  types  » assurent la
compréhension. C’est le niveau de ce que Saussure appelait
la langue. La compréhension repose, selon Saussure, sur la
mise en rapport, faite par les sujets parlants, des instances
de parole concrètes, éphémères, singulières et situatives avec
les signes abstraits, constants, conventionnels et arbitraires
stockés dans la langue.
11 Nous touchons là à une des caractéristiques de l’approche de
Saussure et de ses successeurs, à savoir un cadre théorique
qui met en vedette des dichotomies révélatrices de la
conception qui sert à aborder les questions linguistiques qui
se posent. Étudions les dichotomies fondamentales sur
lesquelles l’édifice de cette approche est construit.

1.2 Les dichotomies fondamentales du


structuralisme
12 L’approche élaborée par Ferndinand de Saussure est connue
sous le nom de structuralisme. Nous verrons en quoi cette
désignation est justifiée. Pour l’instant, nous nous
intéressons à un trait caractéristique de cette théorie qui
consiste à aborder les questions scientifiques auxquelles elle
tâche d’apporter une réponse, moyennant des dichotomies.
Ce constat est vrai tant au niveau conceptuel des bases
théoriques qu’au niveau technique de l’analyse linguistique.
13 Une des dichotomies auxquelles le structuralisme fait appel,
nous l’avons vue en passant quand nous parlions des
caractéristiques du signe. S’il est constant à un moment
donné de l’évolution d’une langue mais variable au travers
des siècles, c’est qu’on peut envisager la langue sous un jour
synchronique ou dans une perspective diachronique.
L’approche d’inspiration saussurienne se veut synchronique,
c’est-à-dire analysant l’état d’une langue à un moment
donné de son évolution historique. Une analyse
diachronique d’une langue, c’est-à-dire une analyse qui met
en avant les changements qui ont eu lieu dans cette langue
durant son évolution, n’est envisageable, dans une
perspective structuraliste, que par une suite de coupes
synchroniques. Cela veut dire que l’on reconstruit plusieurs
états historiques de la langue à des moments différents et
qu’on les compare ensuite l’un avec l’autre pour déterminer
les évolutions qui se sont produites.
II serait erroné de croire qu’une analyse structuraliste
néglige totalement l’évolution d’une langue et tâche de la
cerner à «  l’état de synchronie pure  ». La revendication
synchronique est à mettre en rapport avec la situation de la
linguistique moderne, qui venait de naître au milieu du xixe
siècle, à l’époque de Saussure. On avait découvert que des
lois et des régularités phonétiques et grammaticales
permettaient de corroborer l’hypothèse, avancée depuis
longtemps, que les langues s’apparentaient les unes aux
autres. On pouvait prouver que certaines langues étaient
descendues, par leur évolution, de la même langue mère. On
constituait des groupes, ou «  familles  », de langues – telles
les langues romanes, slaves, ou germaniques. Cependant, ces
analyses étaient avant tout, voire exclusivement historiques
et se préoccupaient peu de la valeur d’instrument pour la
communication dont une langue est investie. Dans beaucoup
d’analyses de l’époque, les langues étaient comme
dépourvues de sujets qui les parlaient. Et c’est justement
cette dimension qui intéressait Saussure -comment les sujets
parlants se servent-ils de la langue qu’il parlent, et pourquoi
arrivent-ils à se comprendre  ? Cette dimension nécessitait
l’introduction des représentations mentales et, à sa suite, la
distinction entre la langue et la parole. Des recherches allant
dans ce sens existaient ; mais elles ne s’inscrivaient pas dans
ce que, à l’époque, on appelait linguistique. Ces recherches
étaient souvent considérées comme des recherches
psychologiques. Dans le cadre de la linguistique allemande,
il faut citer notamment Hermann Paul, dont les Prinzipien
der Sprachgeschichte ont connu de multiples rééditions et
qui considérait, quant à lui, la linguistique comme une partie
de la psychologie.
14 La dichotomie diachronie-synchronie relève du niveau
conceptuel et théorique du structuralisme. Elle est
importante pour comprendre la théorie, mais pas
fondamentale. La dichotomie conceptuelle fondamentale est
celle entre langue et parole.

1.2.1 « Langue » et « parole »


15 La dichotomie fondamentale entre la langue et la parole,
nous l’avons en fait introduite en parlant de la
compréhension qui se fait par la mise en rapport de ce qui
est situatif et instantané avec ce qui est « trans-situatif » et
permet la constance des évocations réciproques au niveau
mental. Il suffit donc ici de rappeler brièvement ce qui a été
dit et de le situer dans le cadre de la théorie du
structuralisme.
16 C’est par la langue et la parole que s’articule le langage
humain. Le langage est la capacité qu’a l’homme, par
opposition à l’animal, de se faire comprendre efficacement à
l’aide des signes linguistiques a-c-c-a. Le langage – terme
repris tel quel en allemand et parfois rendu par
«  Sprechfähigkeit  » – consiste à mettre au service de la
communication l’évocation réciproque qui lie entre eux
l’image acoustique et le concept. Le fait que les hommes
puissent agir de la sorte intentionnellement, tient au fait que
les évocations réciproques existent dans chaque langue de
manière systématique. Dans les faits, nous avons observé
cela dans les caractéristiques du signe linguistique. En
apprenant une langue – tant la langue maternelle qu’une
langue étrangère –, on ne fait que connaître les évocations
réciproques systématiques de cette langue.
17 C’est là qu’intervient le jeu de correspondances entre la
langue et la parole. L’évocation réciproque qui lie le concept
d’une surface plane et lisse avec un nombre suffisant de
pieds et l’image acoustique [tablə] n’est pas quelque chose de
situatif et de singulier. Elle ne dépend pas d’une seule
instance de parole (en allemand, on trouve le terme de
«  Sprechereignis  »). Au contraire, elle a le caractère d’une
règle (plus) générale qui n’est pas égale à sa mise en pratique
par la parole et qui s’inscrit systématiquement dans la
langue donnée (en allemand, le terme de «  Sprachsystem  »
est courant). La langue est donc, selon la théorie
structuraliste, un corps de règles contrôlant les évocations
réciproques qui permettent la compréhension. Ces règles on
peut se les imaginer comme des routines grammaticalement
correctes d’encodage et de décodage des messages sur la
réalité. Ces règles, ou routines, sont connues des sujets
parlants et sont, selon la conception structuraliste, inscrites
dans les centres linguistiques du cerveau. C’est pourquoi
Saussure les nommait des engrammes (du grec ἔngramma =
« ce qui a été écrit dedans »). La totalité de ces engrammes
constitue les règles grammaticales et le lexique d’une langue,
et ceux qui parlent la même langue disposent donc des
mêmes engrammes dans leurs cerveaux. Citons Saussure lui-
même :
«  La langue existe dans la collectivité sous la forme d’une
somme d’empreintes déposées dans chaque cerveau, à peu
près comme un dictionnaire dont tous les exemplaires,
identiques, seraient répartis entre les individus. C’est donc
quelque chose qui est dans chacun d’eux tout en étant
commun à tous et placé en dehors de la volonté des
dépositaires1. »

18 C’est cette opposition qui existe entre les règles générales et


abstraites, d’un côté, et, de l’autre, l’application concrète et
singulière qui en est faite par les sujets parlants, qui est
rendue par les termes « langue / Sprachsystem » et « parole
/ Sprechereignis ».
Dans les termes allemands, le type de composition aide à
mettre en évidence cette opposition. Sprachsystem est
dénominal, c’est-à-dire composé à partir d’un nom, en
l’occurrence Sprache. Il désigne donc une réalité plus ou
moins stable qui « est là ». Sprechereignis, en revanche, est
déverbal, c’est-à-dire composé à partir d’un verbe, en
l’occurrence sprechen. Il désigne alors une activité en train
de se dérouler  ; tandis que le Sprachsystem «  est là  », le
Sprechereignis « a lieu ».

19 D’où les caractéristiques suivantes par lesquelles il est


possible de donner plus de corps à la dichotomie
fondamentale entre la langue et la parole.
20 Les « titres » des caractéristiques sont repris chez Saussure.
Il ressort de ces oppositions qu’il existe comme une
dialectique entre la langue et la parole. La langue (les règles)
régit les échanges verbaux, mais de par son caractère
abstrait et virtuel, elle n’est pas accessible en tant que telle.
Elle est acquise par les sujets parlants à travers la parole, à
travers des instances de parole répétées grâce auxquelles ils
arrivent à se familiariser avec elle. Et cela se fait justement
parce que ces règles (les engrammes) sont mises en instance
de parole par les autres sujets parlants qui ont acquis la
langue auparavant. De même, l’analyse structuraliste de la
langue se fait par l’intermédiaire de la parole. Comme la
parole est une mise en pratique des règles abstraites, elle est
considérée comme un reflet fidèle de la langue, et l’analyse
peut alors s’approcher de la langue, a priori inaccessible, en
examinant de près ce reflet.
21 Il est clair alors que le structuralisme classique s’intéresse
exclusivement à la langue. La parole étant estimée non
systématique, arbitraire, irrégulière et sujette à toutes sortes
d’influences situatives incontrôlables par l’analyse, elle n’est
envisagée que comme un outil pour accéder à la langue, non
pas comme un objet de recherche à elle seule.
Depuis, on a reconnu que les échanges de parole sont de loin
plus systématiques et moins chaotiques que les fondateurs
du structuralisme le soupçonnaient. Des recherches en
linguistique conversationnelle ont mis en évidence le fait que
les interactants interprètent les situations souvent par le
même genre de rapport à une situation «  type  » qu’on a
constaté pour des instances de parole qui sont interprétées à
travers des énonciations «  types  », les images acoustiques.
Cependant, le vaste et complexe champ des interactions
communicatives étant au-delà des objectifs d’initiation du
présent ouvrage, nous ne pourrons pas l’aborder.

1.2.2 Axe syntagmatique et axe paradigmatique


22 Si la dichotomie langue-parole est fondamentale au niveau
conceptuel du structuralisme, celle qui oppose l’axe
syntagmatique et l’axe paradigmatique est fondamentale au
niveau des techniques d’analyse linguistique.
23 1a <wir gehen> [vi:r ge:ə"]
24 la montre une expression grammaticalement correcte de la
langue allemande sous deux formes différentes. Dans l’un
des cas, l’écrit a été choisi, dans l’autre (représenté ici par la
transcription phonétique), c’est l’oral. Peu importe le canal
de communication, les éléments dont cette expression est
constituée – les lettres dans un cas, les sons dans l’autre -ont
une caractéristique en commun. Dans les deux cas, les
éléments plus petits qui « construisent » l’unité plus grande
sont produits l’un après l’autre. Cela présente des avantages
indéniables. Pour les saisir, regardons 1b qui montre la
même expression, dans le canal écrit, mais sans que les
unités plus petites viennent l’une après l’autre.

25 Le résultat serait aussi décevant pour le canal oral où l’on


serait confronté à un tapis bruyant indécis.
26 Ce «  l’un après l’autre  » s’affirme à tous les niveaux de la
langue. Les sons ou lettres qui composent un mot viennent
l’un après l’autre. Les mots qui composent une phrase
viennent l’un après l’autre. Les phrases qui composent un
texte viennent l’une après l’autre. Il existe donc une
succession de production et de réception à laquelle on a
intérêt de se conformer, sous peine de ne pas comprendre ou
de ne pas être compris. À tous les niveaux de la langue, les
unités plus petites sont alignées les unes après les autres
pour former une chaîne (Saussure appelait son objet de
recherche la «  chaîne parlée  »). Cette chaîne ordonnée de
successions représente l’axe syntagmatique.
27 Évidemment, la succession ordonnée des éléments n’est pas
suffisante pour assurer la compréhension. Il faut, en outre,
que les éléments qui se succèdent «  aillent les uns avec les
autres ». Dans l’exemple 1, le pronom de la 1re personne du
pluriel, wir, demande la terminaison verbale -en, qui est
rajoutée au radical du verbe, geh-. Il existe d’autres
terminaisons verbales, par exemple -e ou -st  ; mais ces
terminaisons ne sont pas correctes dans ce cas précis. Elles
seraient correctes si le pronom n’était pas wir, mais ich ou
du respectivement. Outre la relation syntagmatique de
succession ordonnée, on constate donc une autre relation
qui participe à la compréhension. Pour produire ou
interpréter correctement les chaînes parlées, les
interlocuteurs font appel à des associations. Pour déterminer
quelle est, à un moment donné de la chaîne parlée, la
« bonne » succession, ils associent en quelque sorte tous les
éléments qui pourraient se trouver «  théoriquement  » à
l’endroit en question et choisissent celui qui correspond aux
besoins communicatifs précis de la situation. Inversement,
tout élément qui se trouve dans la chaîne parlée renvoie
tacitement à tous les autres éléments qui pourraient se
trouver à sa place dans d’autres circonstances.
28 À la place du pronom wir, et suivant les circonstances,
pourraient se trouver tous les autres pronoms personnels de
la langue allemande. A la place de geh-, on pourrait avoir
tous les autres radicaux verbaux de la langue allemande,
suivant, bien entendu, les circonstances. Finalement, pour
les terminaisons verbales, nous venons d’évoquer leur
commutation conditionnée. Le jeu de la production et de la
réception des énoncés implique donc l’axe syntagmatique et
un deuxième axe sur lequel on retrouve, pour ainsi dire à
l’état virtuel ou potentiel, toutes les associations pertinentes
qu’entretient l’élément effectivement produit ou reçu avec
les autres éléments de la langue qui pourraient se trouver à
sa place dans d’autres circonstances.
29 Cet autre axe Saussure l’appelait l’« axe associatif ». Ce n’est
cependant pas ce terme que la tradition a retenu. La figure 3
montre que les associations peuvent se faire de deux
manières qui sont distinguées par le réservoir des éléments
qui pourraient se trouver à la place d’un élément
effectivement produit ou reçu. Dans le cas des pronoms
personnels et dans celui des terminaisons verbales, ce
réservoir est épuisable  ; il existe un nombre fini d’éléments
qui sont potentiellement interchangeables. Dans le cas des
radicaux verbaux, ce réservoir est inépuisable  ; par
l’emprunt, par la création de néologismes, etc., des radicaux
verbaux peuvent «  naître  », faisant de ce réservoir un
ensemble ouvert. On s’est habitué à appeler les réservoirs
épuisables des « paradigmes », et c’est de là que cet axe a tiré
son nom d’« axe paradigmatique ».
30 La technique d’analyse du structuralisme repose
essentiellement sur la dichotomie entre les axes
syntagmatique et paradigmatique. Quand on analyse un
échantillon de parole pour accéder aux règles de la langue
suivant lesquelles il a été produit, on estime qu’il a été mis
en succession ordonnée, c’est-à-dire placé sur l’axe
syntagmatique, en association constante avec l’axe
paradigmatique en vigueur pour la langue en question. Le
travail d’analyse consiste donc à repérer, à partir de
l’échantillon d’axe syntagmatique donné, les axes
paradigmatiques de la langue en question qui ont permis de
le produire. On tâche de mettre en lumière quels éléments
pourraient, dans d’autres circonstances, se trouver, selon les
règles de la langue en question, à la place des éléments
effectivement présents dans l’échantillon analysé. Les
procédures d’analyse sont établies en conséquence.

Fig. 3 - Exemple d’axes paradigmatiques de l’allemand

1.3 Les procédures d’analyse du


structuralisme : commutation, délétion,
segmentation
31 Pour dire qu’à la place d’un élément effectivement produit
ou reçu dans un syntagme, un autre aurait pu s’y trouver
dans d’autres circonstances, nous avons glissé le terme
«  commutation conditionnée  ». Voilà une des procédures
majeures de l’analyse structuraliste. La tâche de l’analyse
consiste à mettre en évidence les axes paradigmatiques qui
existent dans une langue, et elle y parvient en vérifiant quels
autres éléments peuvent être mis à la place d’un élément
effectivement produit. Cette procédure s’appelle
commutation. Dans notre exemple, nous pouvons dire que
geh- est un élément fonctionnel de la langue allemande
parce que nous pouvons le commuter avec, par exemple,
mach- ou heb- et en obtenons une autre expression
grammaticalement correcte de cette même langue,
l’allemand, mais qui veut dire autre chose. Donc, geh-,
mach-, et heb- appartiennent au même axe paradigmatique
de l’allemand (les radicaux verbaux) parce qu’ils commutent
l’un avec l’autre, et ils sont fonctionnels en allemand parce
qu’ils ont la fonction de distinguer, suivant les circonstances
de l’énonciation, entre des actions visées différentes.
32 L’intérêt de la procédure de commutation – ainsi que celui
des autres procédures que nous allons voir – est donc
double. D’un côté, elle permet de déterminer si la présence
ou l’absence d’un élément relève d’une fonction régulatrice
et est donc située au niveau de la langue, ou bien si elle
dépend de ce qu’un locuteur juge bon de faire ou de laisser
dans une situation de dialogue donnée et est donc située au
niveau de la parole. Dans le premier cas, elle intéresse
l’analyse  ; dans le second, elle ne le fait pas. Le deuxième
volet des procédures concerne les axes paradigmatiques
qu’une telle analyse cherche à déceler. Une fois la fonction
des éléments connue, on peut évidemment regrouper les
éléments qui ont la même fonction. Rien n’indique, a priori,
qu’il existe une quelconque parenté entre ich, du, wir, etc.
Or, après analyse, nous arrivons à en constituer une classe
parce que nous pouvons leur reconnaître à tous la même
fonction  : celle d’indiquer, dans un syntagme verbal, la
personne qui accomplit l’action visée par le verbe. C’est là,
d’ailleurs, la raison pour laquelle ces éléments de la langue
allemande commutent l’un avec l’autre. Et c’est là aussi la
raison pour laquelle -st, par exemple, que nous trouvons
dans la troisième colonne de la figure 3, ne commute pas
avec eux. Cette forme a une fonction en allemand (mettre un
radical verbal à la 2e personne du singulier), mais ce n’est
pas celle d’indiquer qui accomplit l’action visée par le verbe.
C’est pour cela qu’elle se trouve ailleurs dans le syntagme, et
c’est pour cela qu’elle n’appartient pas au même axe
paradigmatique.
33 Nous touchons là à la vision que la théorie structuraliste a de
la langue, c’est-à-dire des engrammes sociaux et hors de la
portée des individus qui sont autant de règles pour bien
produire et recevoir des échantillons de parole échangés
dans cette langue. Cette vision conçoit la langue comme un
système pertinemment structuré d’associations et
d’oppositions. Voilà l’explication de la désignation de
«  structuralisme  » que cette approche a reçue, et aussi de
celle de «  Systemlinguistik  » qu’on lui trouve souvent
associée, en allemand, par opposition à
«  Gesprächslinguistik  », qui se veut nettement plus du côté
de la parole et des échanges interactifs. Dans une analyse
structuraliste, la constitution des classes se fait par des
associations. On fait une classe de ich, du, etc. parce que tous
ces éléments de la langue allemande s’apparentent du point
de vue de la fonction qu’ils y ont. Mais en même temps, en
constituant cette classe, on oppose ces éléments de la langue
à tous les autres éléments qui n’ont pas cette fonction bien
qu’ils aient bel et bien une fonction précise dans cette
langue.
34 Selon cette vision, la signification du pronom wir, dans
notre exemple, est pleinement saisie seulement après qu’ont
été reconstituées à la fois les associations (constituer la
classe des pronoms personnels) et les oppositions dont il
relève  : font partie de cette signification, d’une part, le fait
que wir appartient à la classe des pronoms personnels et
s’oppose alors à toutes les classes autres que celles des
pronoms personnels, mais aussi, d’autre part, le fait qu’il
s’oppose, à l’intérieur de cette classe, à tous ses autres
membres qui ne sont pas la forme de la 1re personne du
pluriel. La conception d’un système linguistique structuré de
la sorte peut paraître bien pédante. Pourquoi faire intervenir
dans la signification d’un élément ses relations à d’autres
éléments qui ont d’autres significations  ? Il existe une
réponse théorique et une réponse pratique à cette question.
35 La réponse théorique provient du concept de système. Si un
système est structuré, par définition cette structure se définit
par les relations qu’entretiennent entre eux les éléments du
système. Par exemple, en chimie, cette relation des éléments
entre eux est exprimée par leur périodisation suivant le
nombre croissant d’électrons qui sont en orbite autour du
noyau. Si donc la langue est conçue comme un système
structuré, on doit pouvoir donner les relations des éléments
entre eux. La réponse plus pratique provient, pour ainsi dire,
de l’expérience. Pour se convaincre que ces oppositions
jouent un rôle capital, il suffit d’essayer de définir, ou
seulement d’expliquer, ce que c’est que le singulier sans faire
appel à la notion de nombre. Or, dès qu’on fait appel à cette
notion, on est réduit à admettre qu’elle n’a pas vraiment de
sens s’il n’y a pas, à côté du singulier, quelque chose d’autre,
en l’occurrence le pluriel. Voilà que l’opposition singulier-
pluriel entre en jeu. Les deux ne trouvent leur pleine
signification que par opposition à l’autre. Toujours est-il que
ces oppositions ne sont pas nécessairement binaires. La
tentative d’expliquer ce qu’est l’indicatif fera tôt ou tard
appel à la notion de mode, et celle-ci n’a de sens que si on
peut spécifier quels modes existent  : en allemand l’infinitif,
l’indicatif, l’impératif, et le conjonctif. Ils sont donc quatre
éléments à s’opposer les uns aux autres.
36 Sur la base de cette vision, la procédure de commutation
permet, comme nous l’avons observé, de constituer des
classes d’éléments associés et de les opposer entre eux et à
d’autres classes. Cependant, il est évident que l’on ne peut
pas qualifier d’élément tout et n’importe quoi. Nous avons
obtenu les trois colonnes de la figure 3 parce que nous avons,
tacitement, «  coupé au bon endroit  ». A priori, rien
n’empêche de couper ainsi :
37 1c wirg / ehen
38 Si l’on ne coupe pas ainsi, c’est simplement que le découpage
1d est plus pertinent.
39 1d wir / geh / en
40 Il est plus pertinent parce que nous trouvons les trois
éléments dans d’autres circonstances, et dans d’autres
circonstances, ils ont la même fonction, ce qui nous permet
de les représenter sur un axe paradigmatique précis et de
constituer ainsi des classes auxquelles ils appartiennent. Par
exemple, wir ne change pas de fonction dans wir studieren,
geh- garde sa fonction dans sie geht, et -en ne prend pas
d’autre fonction non plus dans wir lachten. En plus, pour
tous les trois éléments nous trouvons facilement des
membres de la même classe avec lesquels ils commutent. Il y
a donc toutes les chances que nous ayons «  coupé au bon
endroit ».
41 C’est tout différent pour wirg et ehen, que nous aurions
obtenus par notre découpage lc. En effet, si l’on cherche une
fonction qu’on puisse assigner à ces deux éléments, on
trouve ehen dans d’autres circonstances : Ehen, le pluriel de
Ehe. Mais la fonction que la suite de lettres ou de sons y a
n’est guère transposable dans le contexte qui nous intéresse.
Il serait donc peu probable qu’on trouve une fonction
pertinente à ehen dans notre contexte et qu’on arrive alors à
l’incorporer dans une classe. Il est également peu probable
qu’on trouve des partenaires avec lesquels il commute, et ce
justement parce qu’un axe paradigmatique ne semble pas
exister pour cette forme. Tout cela est vrai également pour
wirg, sauf que là il ne semble même pas exister d’autres
circonstances dans lesquelles il a une fonction bien précise.
Il est donc plus pertinent, après analyse, de couper selon le
modèle ld. En d’autres termes, l’on ne commute pas pour le
bon plaisir de commuter ; la commutation est au service de
la segmentation. Par des tests réitérés dont les résultats
sont des «  propositions de segmentation  » plus ou moins
pertinentes, on finit par arriver à la segmentation la plus
pertinente dans le système linguistique donné. Et c’est une
opération préalable incontournable que de tâcher de trouver
les bons segments avant que l’on puisse se mettre à
constituer des classes d’éléments.
42 Avant de procéder, dans les chapitres suivants, à leur
application au divers niveaux du système linguistique, il faut
encore introduire une troisième procédure d’analyse
importante. Elle aussi est au service de la segmentation
pertinente en vue de la constitution des classes. Elle est, en
quelque sorte, une variante de la commutation, à savoir cette
variante de commutation où, au lieu de remplacer un
élément par un autre, on le supprime. Cette procédure est
appelée délétion ou suppression.
43 Prenons l’exemple 2a :
44 2a ich machte
45 Si en quête des axes paradigmatiques qui ont guidé la
production de ce syntagme, on fait la délétion du -t-, on
obtient 2b, qui est une expression grammaticalement
correcte de l’allemand et qui veut dire autre chose.
46 2b ich mache
47 La présence ou l’absence de ce -t- est donc fonctionnelle en
allemand (en l’occurrence, pour faire la distinction entre le
présent et le prétérit). Il faut alors que l’on fasse de ce -t- un
segment à lui seul.
48 2c ich / mach / t / e
49 La commutation et la délétion, toutes les deux au service de
la segmentation, voilà les procédures d’analyse cardinales du
structuralisme, avec lesquelles il tâche de trouver les
éléments qui s’associent les uns aux autres du point de vue
de leur fonction dans le système linguistique, de les opposer
à d’autres éléments et de constituer ainsi les axes
paradigmatiques d’une langue qui permettent sa
classification taxinomique. Nous allons retrouver ces
procédures tout au long de cet ouvrage.

Notes
1. Cours de linguistique générale, édition postume par Ch. Bally et A.
Sechehaye, Lausanne/Paris, [1916] 3e éd. 1969, p. 38. Notons au passage
que F. de Saussure n’a jamais formulé sa théorie sous forme d’un
ouvrage publié. Son Cours est le fruit des notes qu’avaient prises ses
étudiants à Genève lors de trois cours magistraux dans la première
décennie du xxe siècle, ainsi que du travail d’éditeur de Bally et de
Sechehaye, qui ont eu accès également aux papiers que Saussure détenait
chez lui.

© ENS Éditions, 2000

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Référence électronique du chapitre


RÜHL, Marco. 1. Sémiologie et linguistique  : les bases jetées par
Ferdinand de Saussure In  : Linguistique pour germanistes  : Une
tentative de médiation entre la tradition française et la tradition
allemande de l'étude de la langue allemande [en ligne]. Lyon  : ENS
Éditions, 2000 (généré le 20 mars 2023). Disponible sur Internet  :
<http://books.openedition.org/enseditions/1655>. ISBN  :
9782847884425. DOI  :
https://doi.org/10.4000/books.enseditions.1655.

Référence électronique du livre


RÜHL, Marco. Linguistique pour germanistes  : Une tentative de
médiation entre la tradition française et la tradition allemande de
l'étude de la langue allemande. Nouvelle édition [en ligne]. Lyon : ENS
Éditions, 2000 (généré le 20 mars 2023). Disponible sur Internet  :
<http://books.openedition.org/enseditions/1648>. ISBN  :
9782847884425. DOI  :
https://doi.org/10.4000/books.enseditions.1648.
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Linguistique pour germanistes

Une tentative de médiation entre la tradition


française et la tradition allemande de l'étude de la
langue allemande
Marco Rühl

Ce chapitre est cité par


OUMAR LIMAN, HAOUA ADJI. (2021) De l’introduction des
langues locales dans l’enseignement professionnel au Cameroun.
Le cas du personnel de santé. Jeynitaare : Revue panafricaine de

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