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Un aller-retour
transatlantique et ses impacts philosophiques
Bruno Ambroise
Dans Revue d'Histoire des Sciences Humaines 2011/2 (n° 25) , pages 81 à 102
Éditions Éditions Sciences Humaines
ISSN 1622-468X
ISBN 9782361060237
DOI 10.3917/rhsh.025.0081
© Éditions Sciences Humaines | Téléchargé le 25/03/2023 sur www.cairn.info (IP: 38.25.15.209)
Résumé
Ce texte a pour objectif de retracer une double évolution, historique et conceptuelle,
au sein d’un champ disciplinaire récent : la pragmatique. Communément qualifiée
« d’étude des effets du langage en contexte », celle-ci est née au milieu du xxe siècle
des réflexions convergentes d’anthropologues et de philosophes sur l’aspect actif du
langage, avant de devenir une discipline à part entière en se concentrant plus exclusi-
vement sur les effets de compréhension obtenus par l’usage du langage en contexte. On
est ainsi passé d’une considération – assez révolutionnaire – des capacités de modifi-
cation du monde que le langage pouvait avoir à une étude centrée sur un simple élar-
gissement de ce qu’il donne à comprendre en contexte. Nous soutenons, pour conclure,
que cette évolution s’est accomplie au prix d’un oubli de l’activité même réalisée par le
langage, qui est dommageable sur le plan conceptuel.
Introduction
1
On date souvent la pragmatique des premiers travaux de Ch. Morris (Morris, 1937) et de J.L. Austin
(Austin, 1962). Voir l’introduction dans Nerlich & Clarke, 1996.
2
On peut aussi dire qu’elle consiste à expliquer non plus le seul phénomène de la « signification », ne
nécessitant qu’un seul sujet parlant, sinon la langue seule, mais le phénomène de la « communication » au
moyen de la langue, qui implique au moins deux sujets parlant, une situation, etc.
3
Sur cette histoire, voir Récanati, 1979.
4
Il convient en effet de noter que ces phénomènes spécifiques, ne relevant pas clairement de l’ordre de
la sémantique ou de la syntaxe, avaient été explorés, pour certains d’entre eux, par la scolastique médiévale
(voir Rosier, 1994 et Rosier, 2007) et par un certain versant réaliste de la phénoménologie (voir Reinach,
1913).
5
En réalité, la traduction n’est pas tout à fait neutre et renvoie à des choix théoriques distincts, notamment
sur le point de savoir ce qui est efficace – ce qui a une efficacité proprement pragmatique : est-ce le langage,
la parole (considérée comme l’usage, en situation, du langage), ou le discours (considéré comme un usage
dialogique, donc accompli dans un contexte spécifique, du langage) ? Sur ce point, voir Vernant, 1997.
6
Voir Frege, 1919, et le commentaire de D. Vernant in « Genèse du concept d’assertion », in Vernant,
1997, 21-42.
7
De manière la plus explicite chez B. Malinowski. Voir Malinowski, 1935.
8
Voir Benvéniste, 1966.
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Le plus souvent intégrée, en France, à la linguistique, elle a ses revues – notamment le Journal of
Pragmatics (créé en 1977) et le Journal of Historical Pragmatics (créé en 2000) – ses collections, notamment
chez J. Benjamins à Amsterdam (« Pragmatics and beyond » depuis 1980), et ses intitulés de postes
universitaires, relevant presque exclusivement de la section 7 du C.N.U. (« Sciences du langage ») et assez
rares (en 2011, on compte en France 2 postes – de Professeur – dont le profil affiché est « pragmatique »).
10
Cette présentation sera trop rapide et trop partielle pour ne pas être partiale. Il s’agit donc essentiellement
de présenter une perspective permettant de lire une certaine évolution, à partir de la découverte initiale qui
définit la problématique de cette nouvelle discipline. Nous nous attarderons plus longuement sur le point de
départ, pour mieux permettre de comprendre l’écart qui s’est construit par rapport à lui.
11
Même si quelques aspects de l’histoire institutionnelle seront également présentés.
12
Suivant la traduction française de Austin, 1962/1976.
13
Nous faisons ici allusion à Cornulier, 1985.
14
Récanati, 1988, p. 80.
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puis mentaliste des effets du langage, qui tend, dans ses derniers développements, à
rendre possible sa réintégration dans le cadre d’une sémantique étendue.
Or, en retraçant les jalons de cette évolution, nous entendons esquisser quelques
pistes montrant que la pragmatique contemporaine, en tant qu’elle s’allie à une
explication mentaliste (ou cognitive) des phénomènes linguistiques l’autorisant à aller
chercher l’aide des sciences cognitives, s’empêche en fait d’expliquer les phénomènes
mis au jour par Austin et la théorie des actes de parole, dont elle est incapable, nous
semble-t-il, de rendre compte conceptuellement15.
15
Non pas qu’il s’agisse de dire que la question est conceptuellement résolue, mais que la recherche
conceptuelle sur le phénomène n’est précisément pas terminée et ne peut pas être ignorée de manière
innocente : il convient de circonscrire le phénomène qu’on entend étudier avant de bâtir une discipline qui
lui est consacrée.
16
Voir Locke, 1689, chap. 3. Locke proposait une conception qu’on peut appeler « mentaliste » de la
signification des mots, selon laquelle la signification linguistiques des mots dépend des idées qui leurs sont
associées. Parmi les philosophes analytiques, Jerry Fodor est probablement le plus proche de ses idées (voir
Fodor, 1975). Sur cette histoire, voir Laurier, 1980.
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ces propositions correspondent à des objets abstraits – les « pensées » au sens de Frege
– ou au contenu mental des locuteurs). Selon cette conception véri-conditionnelle du
sens, une phrase comme « Le chat est sur le tapis » exprime une proposition – la même
que celle exprimée par la phrase « The cat is on the mat » – qui s’identifie par l’unité de
sens qu’elle convoie, à savoir, en l’occurrence, le fait que le chat est sur le tapis. (Toutes
les instances de cette phrase ont toujours ce sens et expriment donc toujours la même
proposition.) Mais le problème de ce modèle est qu’il laisse beaucoup de phénomènes
linguistiques inexpliqués – certaines choses que les mots permettent de faire17.
Cet oubli avait déjà été repéré au début du xxe siècle en Europe par des théoriciens du
langage tels que A. Reinach, A. Gardiner ou Ch. Morris18 – et on peut même considérer
qu’on y avait déjà pallié au Moyen-Âge, mais que les réflexions de cette époque avaient
été oubliées en raison, probablement, des préoccupations d’ordre essentiellement
théologique qui les animaient19. C’est plutôt à Oxford20, dans les années 1950, qu’un
groupe de philosophes a souligné que le langage se caractérisait essentiellement en
fonction de ses usages et non pas (uniquement) en fonction de sa portée cognitive. Ces
« philosophies du langage ordinaire », ainsi dénommées parce qu’elles considéraient
que l’analyse du langage devait porter sur le langage usuel (ou naturel), tel qu’il était
utilisé dans la vie de tous les jours, et non pas sur un modèle idéal du langage à visée
normative, ont alors révélé (à nouveau) que le langage avait de multiples usages et
que – chose ignorée par la conception concurrente – il ne parvenait à avoir une portée
cognitive qu’à faire quelque chose, qu’à accomplir quelque chose dans le monde. Parmi
eux, figuraient Austin, bien sûr, mais aussi G. Ryle, J. O. Urmson, le premier « Grice »
et P. F. Strawson21.
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17
Et on peut noter que, déjà au sein de ce modèle, la question de la référence (au monde) ne trouvait pas
une solution facile. Voir Vernant, 2010, chap. 2. Voir aussi, pour les prolongements contemporains, Perrin,
2011.
18
Tous avaient déjà considéré que, d’une manière ou d’une autre, la parole consistait à agir.
19
Voir les travaux d’I. Rosier, déjà cités.
20
Le département de philosophie d’Oxford se distinguant alors de son rival à Cambridge, qui, héritier
d’une histoire différente, avait accueilli plus favorablement les défenseurs de l’analyse logique du langage.
Cambridge avait en effet été fortement marqué par la philosophie de l’atomisme logique de B. Russell,
l’analyse défendue par G.E.M. Moore et une certaine lecture du Tractatus Logico-Philosophicus de
L. Wittgenstein. Sous l’influence de G. Ryle, Oxford devait pour sa part devenir associée avec l’analyse du
langage ordinaire : A.J. Ayer, seul représentant de l’empirisme logique, y était bien seul et devait même subir
les foudres d’Austin. Sur ces questions, voir Al-Saleh & Laugier, 2011, ainsi que Kuklick, 2003.
21
La relation de la pensée de L. Wittgenstein à ce groupe dit de la « philosophie d’Oxford » n’est pas
chose évidente, même s’il est clair que des aspects de la « seconde philosophie » de Wittgenstein, philosophe
issu de Cambridge, sont très proches des idées défendues par le groupe d’Oxford. Mais celle-ci n’était pas
connue par tous, si ce n’est vaguement par Austin et plus précisément par Ryle. Sur ces questions, voir les
travaux de S. Laugier, notamment Laugier, 1999 et Al-Saleh & Laugier, 2011.
22
Strawson, 1950.
23
Russell, 1905.
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24
Pour plus de détails sur cette analyse, nous nous permettons de renvoyer à notre article, Ambroise,
2005.
25
Voir encore Perrin, 2011.
26
Voir Austin, 1946.
27
Il faut ici rappeler que H. L. A. Hart, le fameux philosophe du droit, et Austin ont animé un séminaire
en commun sur cette question.
28
Issues de l’enseignement délivré à Oxford – et de la méthode propre que Austin y professait –, elle
furent publiées in Austin, 1962/1976.
29
Voir Récanati, 1979.
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découvre30 que le discours change des choses dans l’état du monde (et pas seulement
qu’il convoie des choses qui ne sont pas explicitement dites). En effet, il découvre ces
énoncés qualifiés de « performatifs » (comme la promesse, le serment ou le vœu) et la
catégorie plus générale des « actes de parole » (qui comprend les performatifs, mais
aussi d’autres énoncés). Ce faisant, il entend centrer l’attention philosophique sur ce
qui est véritablement fait plutôt que sur ce qui est dit (puisqu’en fait, selon lui, ce qui
est dit dépend pour une majeure partie de ce qui est fait).
Pour révéler ce caractère essentiellement actif du langage, il va s’intéresser au
langage tel qu’il est utilisé – c’est-à-dire au discours. Reprenant ainsi les distinctions de
Strawson, il distingue les phrases, appartenant à la langue et dont la correction dépend
de la grammaire, de la syntaxe, etc., et les énoncés, dont la correction va dépendre de
l’usage. Un énoncé est une phrase prononcée, c’est-à-dire utilisée pour un certain usage
dans certaines circonstances, en visant un certain effet. En ce sens, l’énoncé ne dépend
pas que de conditions de vérité – il n’est pas (ou pas seulement) évaluable en termes de
conditions de vérité – mais aussi de conditions de félicité. En effet, un énoncé, en tant
qu’il relève d’un certain usage de la langue, n’est pas (d’abord) vrai ou faux, il est réussi
ou raté – ou encore : utilisé, ou non, à bon escient. À chaque type d’énoncé correspond un
ensemble de conditions de félicités qui détermine (qui norme) sa réussite ou son échec.
Or, une condition de félicité n’est pas satisfaite quand le contenu d’un énoncé est vrai,
mais quand les circonstances, qui sont en parties appelées par des conventions31, sont
adéquates à son usage. Certaines de ces conventions concernent ainsi le contexte dans
lequel doit être prononcé l’énoncé, d’autres les personnes qui doivent être autorisées à
le faire, d’autres encore la sincérité du locuteur ou les suites que doit entraîner l’usage
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l’analyse véri-conditionnelle était censée avoir été taillée sur mesure. Or, selon Austin,
ces énoncés, en tant qu’ils relèvent d’un usage (spécifique), ont aussi des conditions
pragmatiques de réussite, qui prévalent sur les conditions de vérité : je ne peux en
effet réussir à décrire le monde qu’à condition que j’y sois autorisé(e), que je sois
compétent(e) en la matière, que je sois dans une position telle que je puisse juger ainsi
ou voir les choses de cette manière – autant d’éléments qui ne dépendent pas de la
signification de la phrase utilisée mais qui, bien plutôt, l’affectent ou la modulent. Ainsi,
je ne peux dire « Il pleut », en prétendant éventuellement décrire l’état du monde, que
si les conditions sont réunies pour que je puisse le dire : je suis dehors (et pas sous mon
lit), je sens de la pluie (et ne suis pas à la piscine), je la vois (je ne l’ai pas entendu à la
radio), je sais la distinguer de l’engrais dispersé par les avions, etc. Il faut que, d’une
certaine façon, les circonstances soient telles que je puisse être légitimé(e) à utiliser le
langage pour faire telle ou telle chose (décrire le monde, promettre, etc.). Sinon, mon
énoncé n’est pas faux, mais il échoue.
Austin montre donc que tous les types d’énoncés, même ceux à vocation descriptive,
ont des conditions de félicités – puisqu’ils peuvent échouer – et qu’à ce titre, ils sont des
actions ou font quelque chose. En effet, seules des actions peuvent échouer – et non pas
des phrases signifiantes (qui par hypothèse sont soit vraies soit fausses). Ce pourquoi
Austin qualifiera tout énoncé réussi d’« acte de parole ». Un acte de parole est d’abord
un acte parce qu’il peut échouer et ne se réduit pas à l’éventuel contenu cognitif qu’il
véhicule. Dès lors, Austin montre bien que l’analyse classique échoue à rendre compte
de manière appropriée des phénomènes linguistiques en tant qu’ils sont susceptibles
d’échec.
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Ou, du moins, peut être analysé de manière à l’expliciter.
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34
En France, O. Ducrot est de ceux qui, reprenant la position d’Austin, ont défendu une telle lecture,
radicalement conventionnaliste, des actes de parole. Voir Ducrot, 1972/1980 et Ducrot, 1984.
35
Suivant en cela A. Reinach qui proposait de qualifier les effets des actes sociaux tels que la promesse
d’effets déontiques, en considérant que, par là, un certain type spécifique de réalité était mis au jour.
Naturellement, une telle approche ontologique, propre à la phénoménologie réaliste de Reinach, est assez
éloignée des préoccupations d’Austin.
36
Voir tous les travaux de M. Sbisà, une des premières éditrices d’Austin, notamment Sbisà, 2001 et
Sbisà, 2007.
37
Pour une discussion de ce point, d’un point de vue linguistique, voir Kerbrat-Orecchioni, 2001.
38
Les relations d’Austin avec l’ethnologie et l’anthropologie de son époque (B. Malinowski, R. Firth,
A. Radcliffe-Brown, E. Evans-Pritchard) restent obscures. On ne sait pas non plus s’il avait connaissance
des travaux de l’égyptologue A. Gardiner qui, suite à des discussions avec Russell et K. Bühler, a proposé
une proto-théorie des actes de parole, dans Gardiner, 1932. Mais il avait probablement lu les travaux de
l’école anglaise d’anthropologie et, surtout, il travaillait étroitement avec les juristes d’Oxford (notamment
H. L. A. Hart), grâce auxquels il avait précisément découvert l’efficacité performative. Celle-ci est en effet
clairement pensée par lui en étroite relation avec l’efficacité de type juridique.
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39
Sur cette méthode, voir Al-Saleh & Laugier, 2011 ; voir aussi notre article, Ambroise, 2011.
40
Voir notamment Searle, 1969, chap. 1., où il expose sa méthode.
41
Voir ainsi Searle & Vanderveken, 1985. Searle considère que l’études des « speech acts » est une
étude de la langue, en raison du principe d’exprimabilité, selon lequel on peut dire (to say) tout ce qu’on peut
signifier (ou vouloir dire) (to mean).
42
Soit Searle, 1962 et Searle, 1969.
43
Voir Searle, 1969, notamment le premier chapitre où la « force illocutoire » n’est jamais définie, mais
où sont seulement posés comme équivalents « actes de langage complet » et « acte illocutoire ».
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lors, des « conditions de félicité »). Dans ce cadre, le contenu propositionnel s’analyse
classiquement en termes de conditions de vérité (qui redeviennent déterminantes), à ce
détail près que Searle considère que le fait de faire référence est un acte particulier44. Par
ailleurs, deux actes de langage différents peuvent avoir le même contenu propositionnel
et différentes forces illocutoires. Je peux par exemple utiliser le même contenu
propositionnel selon lequel « je fais la vaisselle » pour faire soit une promesse soit une
assertion, selon la force illocutoire qui lui est adjointe. Chaque type d’acte n’est alors
satisfait qu’en fonction à la fois de la vérification du contenu propositionnel et de la
satisfaction de l’acte de langage d’une façon qui est spécifiée par sa force illocutoire :
s’il s’agit d’une promesse, alors elle doit être tenue ; s’il s’agit d’une assertion, alors
elle doit être vraie.
Aussi, selon ce modèle, accomplir un acte de langage, c’est générer un contenu
propositionnel lié à une force illocutoire. Mais comment faire pour générer cette
force illocutoire ? Il faut suivre plusieurs règles d’ordre sémantique et qui, en ce sens,
sont, pour Searle, universelles – il s’agit de « catégories de l’esprit humain »45. Ces
règles sont censées reprendre les conditions de félicités mises au jour par Austin,
mais sont intégrées à l’ordre linguistique lui-même (alors que, chez Austin, elles
lui étaient extérieures en tant qu’elles relevaient de l’usage). Parmi elles, on trouve
des « conditions préparatoires », une « condition de sincérité » et une « condition
essentielle ». Les « conditions préparatoires » incluent les facteurs linguistiques et
contextuels, déjà notés par Austin. Ce qui est important – parce que Searle lui accorde
une importance nouvelle et décisive – c’est la « condition de sincérité », qui inclut
des facteurs intentionnels à propos du locuteur. Par exemple, si je veux faire un acte
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44
Précisons en effet que Searle retient de Strawson l’idée que la référence d’un énoncé est elle-même le
produit d’un acte linguistique particulier, en renvoyant ainsi la question de la référence à celle de la pratique
du langage. Référer est un acte de langage particulier. Voir Searle, 1969, chap. 4.
45
Voir le projet évoqué dans l’introduction de Searle, 1979. Voir aussi Searle, 1981 et Searle &
Vanderveken, 1985.
46
Alors qu’il s’agit là d’une idée explicitement critiquée dans Austin, 1962/1976, 9-10.
47
Voir notamment les analyses de Vernant, 1997.
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Aussi, avec Searle, l’analyse des actes de langage commence à se distinguer des
idées d’Austin. S’il garde, en l’internalisant à la langue, la dimension conventionnelle,
reste qu’il y ajoute des dimensions qui initient un changement assez radical de point de
vue. Outre la distinction rigide réintroduite entre « contenu propositionnel » et « force
illocutoire », prend une importance considérable la présence requise des intentions
du locuteur. L’analyse des actes de langage dépend alors étroitement d’une analyse
(mentaliste) des intentions du locuteur de faire tel ou tel acte – et de leur reconnaissance
par l’auditoire. En effet, selon Searle, on ne peut réaliser un acte de langage qu’en
rendant manifeste, par le langage, son intention de faire cet acte en utilisant tel énoncé,
et que si on manifeste par-là son intention de prendre tous les engagements liés à l’acte
de langage qu’on entend accomplir – toutes intentions qui doivent être comprises et
admises par l’auditoire. On voit donc que Searle propose une analyse des actes de
langage qui combine aspects conventionnels et intentionnels, pour avancer une nouvelle
conception sémantique du langage, en ce sens qu’il s’agit de manifester ses intentions
à travers le sens des énoncés utilisés pour faire un acte de langage : l’acte de langage
dépend alors d’un contenu cognitif plus que d’une procédure conventionnelle, qui se
borne en définitive à spécifier les contenus cognitifs pertinents. C’est d’ailleurs pourquoi
Searle en vient à défendre l’idée qu’une analyse du langage doit être soutenue par une
analyse de l’esprit et qu’il va proposer une théorie de l’esprit permettant d’expliquer et
de « fonder » sa théorie de l’« action » du langage48. Ce faisant, un véritable changement
conceptuel s’opère dans l’appréhension des actes fait par le langage : l’acte n’opère
plus vraiment un changement de l’état du monde, mais seulement une modification
dans l’esprit des locuteurs et des interlocuteurs. Faire une promesse, c’est être compris
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Or, à partir d’un tel point de vue intentionnaliste, d’autres conclusions peuvent
être tirées, qui vont encore « amoindrir » la « réalité » de l’acte réalisé par la parole,
en s’orientant dans une direction encore plus clairement mentaliste. Ce passage,
explicitement opéré par Searle au début des années 1980, trouve son origine dans une
conception du langage, elle aussi résolument pragmatique, mais sous une perspective
légèrement différente, qui le voit principalement comme un moyen de communication.
48
Voir Searle, 1983.
49
D’où, par la suite, chez Searle, de manière très cohérente, la dépendance de la réalité sociale par
rapport aux intentions des locuteurs. La réalité sociale n’est jamais qu’une croyance intentionnelle partagée,
stabilisée dans l’esprit des membres du corps social. Voir Searle, 1995.
50
Précisons que l’histoire ainsi retracée, opérant un passage de Searle à Grice, n’est pas tout à fait aussi
linéaire en réalité : Searle a lui-même construit sa théorie intentionaliste des actes de langage, dans les années
1960, en s’inspirant de l’analyse gricienne de la signification qui date de la même époque, mais qui n’était pas
publiée. Il y a donc une co-dépendance des deux conceptions, qui conduit historiquement à une pragmatique
résolument mentaliste.
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Car si parler consiste à rendre explicite son intention d’accomplir un acte de langage,
comme le veut Searle, alors le fait de parler peut être rapporté à une communication
d’intention.
C’est précisément l’idée défendue par H. P. Grice, lui-même ancien collègue
d’Austin (et considéré comme son successeur naturel) et de Strawson à Oxford, qui
émigra également aux États-Unis en 1967 où il rejoint Searle comme éminent professeur
à Berkeley. Grice, dans une série d’études déterminantes, publiées de manière éparse
et réunies seulement en 1989 alors qu’elles influencèrent de manière décisive tout le
champ de la pragmatique51, entendait explicitement rompre avec l’analyse du langage
ordinaire défendue par Austin pour revenir à une véritable analyse52, et proposa
d’analyser le langage comme un moyen non-naturel de convoyer de la signification,
c’est-à-dire de convoyer des intentions communicatives53. Le changement conceptuel
proposé est, on le voit, clair. Il s’agit de rapporter les phénomènes linguistiques, en
tant qu’ils ne font pas partie du monde naturel, à des événements dépendant de l’esprit
humain, et de considérer, en revenant à une très vieille conception, que le langage
n’est qu’un médium entre deux esprits – d’où sa redéfinition comme pur moyen de
communication, de mise en rapport d’intentions.
En reprenant une distinction scolastique, Grice distingue ainsi entre signification
naturelle et signification non-naturelle, en considérant que cette dernière est
conventionnelle et intentionnelle. La signification non-naturelle inclut toutes les
significations « conventionnelles », dont font partie les significations linguistiques.
Mais, à la différence d’Austin, Grice entend proposer une explication fondationnelle
des significations linguistiques, en termes d’intentions, et non pas en termes de
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51
De cet ensemble de textes décisifs pour la compréhension du devenir de la pragmatique depuis les
années 1970, tous sont inédits en français, sauf un, « Logique et conversation », traduit en 1979, par F. Berthet
et M. Bozon, dans le numéro 30 de Communications ! Il s’ensuit que tous les linguistes français travaillant
(ou pas) dans le champ de la pragmatique utilisent des concepts griciens, notamment celui d’implicitation,
sans avoir nécessairement eu accès, sinon en anglais, aux textes originaux dans lesquels ceux-ci étaient
travaillés et définis. Il est d’ailleurs à noter que, à l’exception très notable de F. Récanati, rares sont en France
les philosophes à travailler sur des questions de pragmatique au sens gricien du terme, ou à s’interroger sur
la portée philosophique des concepts usités – ce qui tient aussi à l’histoire de la réception de la philosophie
analytique en France –, et que ce sont plutôt les linguistes, notamment sous l’impulsion de Ducrot, puis de
D. Sperber ou J. Reboul et A. Moeschler dans les années 1980, qui développeront ce champ de recherche
en France, dans une perspective recherchant un développement très « scientifique », qui s’alliera très
naturellement avec les sciences cognitives en plein essor. Cette alliance se fera, dans le monde anglo-saxon
de la philosophie analytique, de manière tout aussi naturelle, en raison du « cognitive turn » des années 1970,
qui voit la philosophie de l’esprit prévaloir sur la philosophie du langage, notamment au travers des textes de
J. Fodor ou de N. Chomsky. Sur ce point, voir Roy, 2000, et pour une critique, Travis, 2000.
52
L’idée de Grice est de rompre avec l’idée, défendue par Austin et Wittgenstein, selon laquelle « le sens,
c’est l’usage ». Sur ce débat, voir Travis, 1991.
53
Voir tous les textes réunis in Grice, 1989.
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expliquerait comment la phrase « il pleut » acquiert une signification. Ce serait ensuite
par conventionnalisation des significations ainsi déterminées par un usage intentionnel
que le langage deviendrait un code doté d’un contenu sémantique à décoder.
Or, le langage lui-même peut être utilisé de manière à véhiculer un autre contenu
que celui qui est codé. Si je dis « Il pleut » en voulant dire (meaning) par là « Je ne
vais pas sortir », ce que je signifie ou communique n’est pas inclus dans la signification
(linguistique : dans son contenu propositionnel) et ne peut donc pas être réduit à ce qui
est dit. Cela est bien plutôt inféré ou « implicité »54 par ce que j’ai dit. Il s’agit d’un sens
implicite qui est dérivé en fonction de la façon dont j’ai utilisé l’énoncé dans certaines
circonstances. Et ce sens implicite est précisément ce qui va être considéré comme
l’effet propre de l’usage du langage : le langage a pour effet, lorsqu’il est utilisé d’une
certaine façon, de communiquer un sens autre que celui qu’il véhicule en raison de ses
seuls composants linguistiques. Communiquer, c’est donc bien produire des effets : des
effets de sens impliqués, ou communicationnels.
Comment établir ce qui est ainsi inféré ou implicité ? Ce processus est rendu
possible du fait que la communication est une pratique intrinsèquement55 coopérative,
déterminée par plusieurs principes conversationnels, dont certains sont universels
et d’autres conventionnels. Ces principes, tous rangés sous le principe général de
coopération, régissent les comportements linguistiques et gouvernent les inférences
linguistiques.
Si les inférences sont réalisées en fonction seulement de la signification
conventionnelle des mots utilisés et des éléments linguistiques de la phrase utilisée,
alors les implicitations sont dites « conventionnelles » (par exemple, l’opposition entre
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54
De l’anglais « implicature » qu’on peut rendre en français par « implicitation ».
55
En ce sens qu’elle met en scène des interlocuteurs rationnels.
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56
L’idée était d’ailleurs bien de proposer une analyse des phénomènes mis en avant par Strawson.
Strawson a ensuite collaboré avec Grice, même si ses analyses antérieures ne semblaient pas toutes
compatibles avec celles de ce dernier.
57
Précisons toutefois que la lecture (dominante) qui voit chez Grice une conception fortement mentaliste
du rôle donné aux intentions est contestée.
58
Il lui reprochait déjà de ne pas aller assez loin dans le naturalisme et proposait plutôt une explication
cognitive du fonctionnement mental et du symbolisme. Voir Sperber, 1974.
59
Sperber & Wilson, 1986/1995. Le livre a été traduit en français dès 1989.
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Ainsi, si je scrute attentivement le ciel, ceux qui m’observent peuvent en déduire, étant
donnés certains facteurs contextuels et environnementaux, que je veux dire quelque
chose par ce comportement ostensible – par exemple, qu’il va pleuvoir. De la même
façon, dans l’interaction linguistique, le message linguistiquement codé ne véhicule
pas toute l’information qui est en fait transmise dans et par cette interaction. Il fournit
seulement des indices permettant de faire des inférences supplémentaires ; de telle
sorte que la communication n’est pas réussie quand mes interlocuteurs reconnaissent
simplement la signification linguistique de mon énoncé, mais quand ils parviennent à en
inférer la signification que j’ai voulu lui donner. Ils doivent donc identifier l’intention
informative que j’ai de les informer de quelque chose, en même temps que l’intention
communicative que j’ai de les informer de mon intention informative.
Comment de telles inférences sont-elles maintenant possibles ? Comment découvrir
la signification intentionnée ou l’intention informative ? La réponse de Sperber et
Wilson est purement naturaliste et psychologisante : selon eux, les êtres humains sont
des systèmes complexes traitant l’information de manière pertinente. Une donnée
est pertinente quand elle permet d’inférer de nouvelles informations lorsqu’elle est
combinée à des prémisses déjà là, contenues dans un arrière-plan mental comprenant
différentes hypothèses (sur le monde, l’état des choses, le locuteur, les interlocuteurs,
etc.). Un processus d’inférence vise ensuite à obtenir le plus d’efficacité cognitive,
c’est-à-dire à obtenir un effet contextuel sur les hypothèses représentationnelles
d’arrière-plan des interlocuteurs. Ce qui a le plus d’efficacité cognitive est ce qui est
le plus pertinent. Par exemple, si on répond « Il pleut » à ma question « Voulez-vous
sortir avec moi ? », il peut d’abord sembler que la réponse n’est pas correcte. Aussi
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expliquée par un processus inférentiel – à tel point que, désormais, les phénomènes
linguistiques semblent dépendre de la psychologie. D’ailleurs, la seule efficacité admise
dans ce cadre est une efficacité clairement cognitive – quoi que cela puisse vouloir dire
– qui ne change rien à l’état du monde (en tout cas pas du monde objectif), mais qui agit
seulement sur les croyances d’arrière-plan des participants à la conversation.
Or, il s’agit maintenant d’un nouveau type d’orthodoxie dans la pragmatique
analytique, que ce soit aux États-Unis ou en Europe, facilitée en France par la réunion,
au sein du même laboratoire61, d’une part des philosophes travaillant de manière
critique l’héritage d’Austin et de Ducrot, et d’autre part de D. Sperber et ses élèves.
Même si la nouvelle mode consiste à y adjoindre une dose de « contextualisme »
(modérée, sous peine de sombrer dans le « relativisme », dont il conviendrait de se
garder), pour défendre une conception minimaliste de la signification selon laquelle elle
est en partie déterminée par le contexte d’énonciation, cette conception reste orthodoxe
dans sa conception des effets produits par le langage, réduits à leur portée cognitive.
D’ailleurs, si les idées contextualistes trouvent bien leur origine chez Austin (et ses
héritiers62), elles sont souvent mélangées dans ce cadre avec une contrepartie mentaliste
cherchant à sauvegarder une détermination parfaite du « contenu » (qui est alors un
mixte de déterminations mentales et de déterminations linguistiques). La pragmatique
est même parfois explicitement rattachée, dans le prolongement des travaux initiaux de
Searle, à une théorie de l’esprit, de telle sorte que, comme le dit Récanati, désormais
« la philosophie de l’esprit constitue un tout indissociable, parfois appelé “théorie du
contenu” et visant à élucider la nature des relations que les représentations, linguistiques
ou mentales, entretiennent avec la réalité extra-linguistique ou extramentale63 » En
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61
Depuis 2002, l’Institut Jean Nicod (IJN), UMR 8129 du CNRS et de l’EHESS.
62
Chez Searle, par exemple, mais surtout dans les travaux de Ch. Travis.
63
Récanati, 2008, 9.
64
Quand celui-ci n’est pas rapporté, comme chez Sperber & Wilson, aux croyances que les interlocuteurs
ont quant au contexte.
65
Voir le titre du dernier livre de F. Récanati (Récanati, 2010), qui défend un contextualisme assez
fort pour mieux défendre l’idée que les intentions du locuteurs, entres autres, interviennent toujours pour
déterminer la signification des énoncés.
66
Sur cet « écrasement », voir Perrin, 2011. On trouve un des premiers (et rares) plaidoyers argumentés
en faveur de cette réduction dans Récanati, 1982, qui reprend notamment des arguments strawsoniens.
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Conclusion :
où sont (et que sont) les effets de la parole ?
67
Dont témoigne, chez Strawson par exemple, la réduction de l’acte illocutoire à un « acte
communicationel ».
68
Voir Goffman, 1981. ; mais aussi Bourdieu, 2002 (qui reprend des textes écrits des années 1970 aux
années 1990) et les travaux d’anthropologie linguistique initiés, en France, par M. de Fornel au sein du LIAS
(Linguistique Anthropologique et Sociolinguistique). Ces travaux se développent depuis quelques années
aux États-Unis, à travers notamment les recherches de W. Hanks ou A. Duranti ; voir Hanks, 1996, Hanks,
2000 et Duranti, 2001.
69
Voir notamment les travaux de M. Sbisà, déjà cités.
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Austin, et par d’autres avant lui ? Faut-il vraiment essayer de le réduire (explicitement
ou, le plus souvent, implicitement70) à des effets de compréhension (et donc à une espèce
de « contenu »), censés être produits dans le cerveau de chacun, en raison de l’usage
intentionnel supposé de tel ou tel énoncé ? Pour le dire autrement : la pragmatique
ne devrait-elle pas, si elle voulait être une véritable étude des actions faites par le
langage (et non pas, de fait, une sémantique contextualisée et mentalisée71), essayer
de comprendre ce que fait le langage – ce que c’est qu’un acte de parole – dans la
communauté humaine, étude qui devrait être préjudicielle à toute autre ? Mais cela
la conduirait probablement à reconsidérer le caractère foncièrement social de l’acte
réalisé par l’acte de parole et à s’écarter de la voie qu’elle a désormais prise.
Bruno Ambroise
CNRS, CURAPP-ESS (UMR 6054 : CNRS/UPJV)
Université de Picardie – Jules Verne,
bruno.ambroise@u-picardie.fr
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Il n’y a presque jamais d’explication, ni de justification, d’une telle réduction, sauf, comme on l’a vu,
chez F. Récanati, ou, dans le monde anglo-saxon, chez Katz, 1986.
71
Dénommée « sémantique pragmatique » par Récanati, 2008.
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