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Le signe linguistique

Au sens le plus général, un signe désigne quelque chose. On distingue


le signe de l’indice, du signal et du symbole. Georges Mounin dans son livre
Clefs pour la linguistique (1971) donne un exemple d’indice (ciel orageux
est l’indice d’une pluie qui va arriver). Prieto dans « Sémiologie » in Le
Langage dit que l’indice est un « fait immédiatement perceptible qui nous
fait connaître qqchose à propos d’un autre fait qui ne l’est pas » p. 95
Le signal, quant à lui, est un « Fait qui a été produit artificiellement pour
servir d’indice » ex : carton rouge pour expulser un joueur de foot.
Le symbole quant à lui est un « signal qui marque un rapport analogique,
constant dans une culture donnée, avec l’élément qu’il signifie ». Ex
Balance : justice, Islam : Croissant. Mais on peut pas parler de lien entre
carton rouge et l’expulsion.

On considère souvent le signe comme une étiquette qui représente


une chose. Nous assistons à une sorte d’étiquetage du monde et de l’univers
des objets et des idées. La relation entre les mots et la réalité
extralinguistique est très étroite. Bonheur défini de manière différente
selon individus. Ce qui est faux. Car on remarque que les langues
dénomment le même objet du monde de manières différentes. Mieux
encore la même réalité est désignée avec un seul mot ou plusieurs. Ce qui
montre que nous n’avons pas de correspondance entre les mots et le monde
réel.
Là où le français emploie plusieurs mots, l’arabe ou l’anglais ne
peuvent employer qu’un seul. Cela nous amène à la conclusion que les mots
ne peuvent être considérés comme des « signes-étiquettes ».

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1- Le signe linguistique selon F. de Saussure

Dans le schéma de la communication de Saussure nous avions parlé de


concept et d’image acoustique. Le signe saussurien réunit non une chose et
un mot mais un concept et une image acoustique. Le concept est désigné
par Saussure par le terme SIGNIFIE (Sé) et l’image acoustique par le mot
SIGNIFIANT (Sa).
Le rôle de la voix est d’articuler le signe en un ensemble de sons qui se
suivent. L’écriture traduit justement cette succession de sons. Le signifiant
(sons que j’entends ou que j’émets ou je transcris) ne peut être considéré
comme un signe que ‘il est lié à un signifié. Exemple de la place Jamma Lfna
( touristes qui parlent une langue que je ne connais pas). Si les sons n’ont
pas de signifié on ne peut parler de signe.
a – le signe est arbitraire : La relation SA/Sé est arbitraire.
Contrairement aux symboles et aux onomatopées qui peuvent être liés par
ressemblance ou analogie à l’idée. Le signe selon Saussure n’a ne ressemble
pas l’idée. La preuve en est les mots comme « court » et « long » /kur/ et
/lÔ/ où l’idée de la longueur n’est pas prise en compte par les signifiants.
Les langues désignent de manière différentes le monde des idées. Les mots
« arbre », « chajara » désignent la même chose. Rien ne peut justifier la
relation du signifiant « chajara» avec le signifié. Cela ne veut pas dire que
l’on peut inventer des mots et que l’on a la liberté de créer des mots
nouveaux. Par arbitraire, Saussure désigne que la relation SA/S2 est
« immotivée ». C’est à dire qu’il n ya pas e lien naturel entre le son (Sa) et
l’idée.

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Excepté les onomatopées (aie, clic clac, …) où la relation signifiant signifié
paraît en apparence nécessaire. Mais loin de là. Car là aussi nous observons
des distinctions. En français Toc TOC en arabe DAK DAK.

Pour Benveniste « Problèmes de linguistique générale, chapitre 4


« Nature du signe linguistique », la relation Sa/sé est « contraignante » et
non « arbitraire » (comme le dit Saussure) mais la relation Signe et
« chose » du monde, quant à elle, est arbitraire.

b- Le Signifiant est linéaire : en prononçant un mot ou en l’écrivant,


on remarque que le Sa est linéaire. En effet le signifiant s’inscrit dans une
temporalité. Un son prononcé deux fois freinerait la communication. De
nature auditive, le SA s’iscrit dans une ligne, celle du temps.

c- Mutabilité ou immutabilité du signe :


Immutabilité : l’individu ne peut à sa guise remplacer un signifiant par un
autre. Même le groupe ne peut le faire. Un contrat social lie les individus et
la masse sociale avec la langue en tant que trésor conventionnellement
protégé. La langue est un héritage que l’on transmet aux autres générations.
Le concept de l’arbitraire du signe nous fait croire que l’on peut remplacer
un mot par un autre. Bien au contraire. C’est justement ce côté arbitraire
qui la protège car aucun lien logique contestable n’existe entre le son et
l’idée.

Mutabilité : La langue résiste peu au temps. Ce dernier peut l’altérer. On


assiste un déplacement de la relation Sa/ Sé. En plus de certains
changement phonétiques.

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Pour ce déplacement Sa/Sé, Saussure donne l’exemple du verbe « noyer »
qui a un sens différent de celui d’aujourd’hui. Elle signifiait en
latin« necaré » : tuer. On a un déplacement entre l’idée et le signe.
Le signe peut changer selon les contextes et désigner autre chose. Un signe
peut désigner « vélo » en même temps autre chose.
La langue évolue. Rien ne peut empêcher les mots de changer de sens.

d- Valeur du signe : le sens d’un mot dépend de la relation qu’il


entretient avec les autres mots de la langue. Le signifié du signe « viande »
dépend de sa relation avec « mouton », « vache »…un mot ne peut avoir du
sens que dans une relation avec les autres signes de la langue. « lham, hbra,
houli, … » entretient une relation entre eux. Ils constituent un système. Le
locuteur comprend les mots quand ils font partie d’un système.

e- Synchronie/diachronie

Au XIX siècle, on pratiquait la linguistique historique. Les études de


langues étaient comparatives. On étudiait l’évolution des langues. On
reconstituait les éléments pour déterminer les origines d’un mot, son
étymologie, son évolution et les règles morpho-syntaxiques qui le régissait.
Dans son livre CLG, Saussure faisait le distinguo entre la linguistique
statique et la linguistique diachronique.

a- La synchronie : la linguistique synchronique s’occupe de


l’étude de la langue à un moment précis sans se soucier des
moments antérieurs. En effet, on peut parler une langue
(arabe) sans se référer à l’arabe classique, ou à l’arabe du

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coran. Comme la langue est considérée comme un système,
on peut la parler sans connaître l’étymologie des mots.

b- La diachronie : la linguistique diachronique s’occupe, quant


à elle, de l’évolution d’un mot et aux transformations qu’il a
subies. Elle compare et décrit les différents états de langues

2- La langue est un système (de Saussure à Hjelmslev)

a- Le point de vue Saussure

Selon Saussure, la langue est un système. Les mots entretiennent des


relations entre eux. La modification d’un mot dans une phrase par exemple
altérer le sens.
Les mots qu’on prononce se situent sur un axe
Prenons un exemple :
Farid est joyeux
Est joyeux Farid
Joyeux Farid est
L’ordre des mots joue un rôle important. On reconnaît que la première
phrase est la plus correcte.
Une relation horizontale lie les mots entre eux : Sujet/verbe/complément.
Les mots peuvent avoir une relation de verticalité : Farid est heureux, Said
semble satisfait, Il parait triste. Quand on parle ou écrit les axes
syntagmatiques et paradigmatiques sont toujours présents.
On parlera de permutation quand sur le plan syntagmatique, quand les
mots peuvent se combiner entre eux et de substitution quand on peut

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remplacer un mot par autre. Je viendrai ce soir ; ce soir, je viendrai
(permutation). Je viendrai ce soir, ….demain, dans un mois…) (substitution).
La langue est une forme qui exprime une réalité extralinguistique.

b- Le point de vue de Hjelmslev : la langue est une forme

Le linguiste danois a repris la distinction saussurienne Sa/ Sé pour la


préciser davantage. Il va partir de la distinction forme qui correspond à la
structure de la langue et substance la réalité extralinguistique pour dire que
le signe comporte deux substances et deux formes.
Signe : Expression/contenu.

La substance du contenu : la réalité extralinguistique non structurée par


la langue. Arc en ciel dans le ciel

Forme du contenu : le signifié. Le découpage instauré par la langue entre


les sept couleurs : violet, indigo, bleu, vert, jaune, orange, rouge)

Substance de l’expression : la masse de sons : la masse de sons articulées

Forme de l’expression : c’est le signifiant comme pour Saussure ; ex : les


sept signifiants violet, indigo, bleu, vert, jaune, orange et rouge)

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Exercices

1-Les onomatopées sont-elles à votre avis des signes, où la relation Sa/sé est
nécessaire ?
2- La distinction signifiant/signifié suffira-t-elle pour analyser des séries
comme :
- Godasse, chaussure, soulier, godillot
- Livre, bouquin
- Aller au boulot ; aller au travail, aller trimer,

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