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Le langage
Définition : La parole est la “faculté de s’exprimer par le langage articulé”, c’est la “capacité à
parler”. Elle est aussi définie comme “mot prononcé, phrase exprimant une pensée, un sentiment”.
En philosophie, la parole se définit comme la mise en pratique du langage. Bien que le verbe
“parler” renvoie à la pratique orale, la parole peut également être écrite.
La parole est donc une expression orale, ou écrite, individuelle à la différence du langage qui est
un fait social. Le langage est la “capacité, observée chez tous les hommes, d’exprimer leur
pensée et de communiquer au moyen d’un système de signes vocaux.”.
Quelles sont les différences entre les signes du langage et les signaux animaux ?
Lorsque l’on dit que le langage est une faculté propre à l’homme, cela ne signifie pas que les
animaux sont incapables de communiquer, mais ce n’est pas une forme de langage. Pour affirmer
ces propos, il est nécessaire de distinguer deux termes : le signal et le signe.
Du latin classique « signum », le signal est “tout signe, geste, cri, son, etc., destiné à avertir, à
donner une consigne, un ordre”.
Les espèces animales de même espèce échangent entre elles des signaux qui leur permettent de
se nourrir, se défendre, d’alerter ses congénères, de se reproduire…Ces signaux peuvent être :
- visuels comme l’expression faciale du singe ou du chat ;
- sonores tels que le chant des oiseaux ;
- tactiles comme la vibration de la toile d’araignée ;
- électriques comme l’émission ainsi que la réception électrique chez certains poissons.
Les animaux utilisent donc des signaux de communication pour échanger des informations, mais
ceux-ci sont limités. Les réactions à ces signaux sont toujours déterminées à l’avance. Mais quelle
est la différence entre un signal et un signe ?
Également issu de « signum », le signe est “ce qui permet de connaître ou de reconnaître, de
deviner ou de prévoir quelque chose”, c’est un geste ou une “mimique permettant de faire
connaître une pensée ou de manifester un désir, un ordre”.
Le signe est donc une intention, un signal volontaire : exprimer un signe de tête pour dire bonjour
à quelqu’un est un signal volontaire de bienvenue. L’individu n’est pas obligé de le faire.
Bien que les signes soient limités, l’être humain dispose d’une capacité qui lui est propre pour
dialoguer avec ses semblables : le langage. La prise de parole permet d’exprimer une pensée
originale. L’être humain possède donc une faculté qui ne le limite pas à échanger des signaux
pour se nourrir ou pour alerter ses congénères, mais qui lui permet d’exprimer ses pensées avec
ses semblables.
L’expression de la raison de l’être humain
Le langage est une faculté propre à l’être humain qui lui permet d’exprimer ses pensées. Cette
capacité est un signe qui prouve la présence d’une pensée, de la raison, dans un corps. Lorsqu’il
compare les animaux (animal-machine) et les hommes, Descartes met en évidence cette idée :
même si certains animaux, tels que le perroquet, disposent d’organes propres à la parole, ils ne
peuvent que reproduire les sons et pousser des cris ≠ de discours raisonnables, car l’expression
de la pensée via le langage n’est accessible qu’à l’être humain.
Ainsi, les animaux ne peuvent qu’exprimer leur besoin, liés à l’instinct, là où les hommes, “même
le + stupide”, utilisent le langage pour véhiculer leurs pensées.
ET il utilise le contre-exemple du muet pour démontrer que le langage n’est pas dépendant du
corps : lorsqu’un homme se trouve privé de l’organe de la parole, il lui est possible d’exprimer ses
pensées en utilisant un système de signes.
Si les mots sont compris, c’est qu’ils se rapportent à des pensées. Leur signification dépend de la
compréhension, de l’interprétation, par une conscience qui leur donne du sens :
* les mots utilisés ont du sens par celui qui parle, car il les emploie pour exprimer qlq chose
* ces mots sont ensuite entendus et compris par celui qui écoute et a un sens en lui
La richesse de la langue
Étant donné que le rapport entre les mots et leur signification n’est pas toujours évident, il nous
est possible de jouer avec le langage. Nous pouvons alors créer des décalages entre les mots et
le vrai message en utilisant :
- l’ironie qui permet d’énoncer une pensée en disant le contraire de ce qu’on veut exprimer ;
- le double sens qui permet de jouer sur la double signification d’un même mot ;
- les sous-entendus qui permettent de suggérer une idée sans l’énoncer complètement =
déduire l’implicite.
La langue est une richesse qui donne tous les moyens nécessaires afin qu’un individu soit en
capacité de s’exprimer comme il le souhaite.
En plus d’exprimer des pensées, la parole est créatrice permettant au locuteur d’avoir des effets
sur le monde extérieur, c’est ce qu’on nomme “l’acte de langage”.
Les “énoncés performatifs” : décrit l’action de celui qui les utilise, et qui, parallèlement, implique
cette action elle-même. Ainsi, diverses formules telles que “je jure que…”, “je te conseille de…”,
“je t’ordonne de…”, réalisent l’action qu’elles expriment au moment où elles sont énoncées.
Ex : le “Oui, je le veux” prononcé lors d’un mariage ne fait pas le reportage d’un mariage. Le “Oui”
à la valeur de serment et rend effectif l’union OU « je vous déclare mari et femme »
en prononçant certaines paroles, on réalise certaines actions.
La prise de parole
La langue est “la première institution sociale”, c’est une institution commune à un groupe, tandis
que la parole est une performance individuelle.
La parole et la langue ne sont pas similaires. Le langage étant extérieur à l’individu, son
apprentissage ne lui conférera pas nécessairement une totale maîtrise de la langue, car celle-ci
dépend de chaque individu.
Le langage mène à la prise de parole, mais cette dernière n’est pas la même pour tous puisque
certains sont plus à l’aise que d’autres à l’oral : certains ont la capacité d’exprimer aisément leur
pensée en prenant la parole quand d’autres s’expriment de façon confuse. Cela n’est pas dû à
une insuffisance de pensée ou par une mauvaise maîtrise de la langue, mais à l’exercice de la
prise de parole qui est vécue de façon différente en fonction du locuteur. Par ailleurs, la rhétorique
(art de bien parler) étant dépendant de critères culturels et sociaux, ne sera pas maîtrisé de la
même façon en fonction du locuteur.
Un outil de domination
Nous avons tendance à faire preuve de respect lorsqu’une personne donne l’apparence de
maîtriser parfaitement son sujet comme lorsque nous faisons intervenir des spécialistes pour
parler d’un sujet en particulier. Pour autant, ce n’est pas parce que l’on maîtrise le sujet dont on
parle qu’ils expriment forcément la vérité. En effet, c’est ce sur quoi se base l’argument
d’autorité qui soutient qu’une affirmation est juste simplement parce qu’elle se fonde sur le fait
qu’une autorité l’a affirmé comme étant vraie.
Ex : “D’après une étude de l’AESA, 97 % de nos aliments contiennent des pesticides”. Dans cette
phrase, l’Autorité Européenne de Sécurité des Aliments (AESA) fait figure d’autorité bien que
l’affirmation soit décontextualisée et tronquée.
Les arguments d’autorité permettent donc de prendre pour vrai quelque chose qui ne l’est pas
forcément, simplement parce qu’une figure d’autorité l’a affirmé.
L’art de la rhétorique en tant qu’outil de domination était déjà dénoncé par Platon lorsqu’il
critiquait les sophistes*, maîtres dans l’art de la persuasion, qui défendaient des idées au
détriment de la vérité.
Aujourd’hui, on a tendance à adresser le même reproche aux démagogues (homme politique) qui
ont pour objectif de flatter un groupe de personnes afin de gagner leur adhésion et/ou
d’augmenter leur popularité.
* le sophiste : « maître de rhétorique et de philosophie qui enseignait l’art de parler en public et de
défendre toutes les thèses »
On peut se demander s’il est possible de tout dire, non pas au sens de la capacité car on vient de
voir qu’il était impossible de tout dire, mais au sens de la légitimité : est-il permis de tout
dire ? Non, il n’est pas permis de tout dire.
Conclusion :
Le langage est une faculté propre à l’homme qui permet d’exprimer une pensée. Si celle-ci est
compréhensible par les autres, c’est simplement parce que les mots employés ont un sens
général qui fait écho à tous les individus ≠ lorsque l’on essaie d’exprimer les émotions, cela
devient beaucoup plus complexe, car les sentiments ressentis sont singuliers à chaque individu.
Si le langage est riche et que nous avons énormément de mots à disposition pour pouvoir
s’exprimer (Le Robert en recense 90 000), il arrive encore que nous n’ayons pas les mots pour
décrire ce que nous ressentons.
Le langage est un pouvoir qui est maîtrisé de façon différente par les individus, en fonction de
leurs appartenances sociales et culturelles, mais également de leurs connaissances propres.
Utilisé à mauvais escient, le langage peut s’avérer être dangereux en étant employé comme outil
de domination.