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INTRODUCTION
- Parler est un acte qui peut sembler anodin : nous parlons tous les jours et
sommes, quasiment en permanence, exposés au langage (à travers nos
rapports sociaux, mais aussi au travers des médias, etc.) A priori cela ne
pose pas de problème particulier : nous parlons pour communiquer. Le
langage sert d’instrument de communication pour que nos pensées
puissent être partagées au sein de la société.
Orwell, 1984.
Thèse 1 : nous parlons pour Thèse 2 : nous parlons pour penser
communiquer
Argument : c’est la fonction Argument : même lorsque nous ne
principale du langage que de communiquons pas, notre pensée
matérialiser nos pensées pour les faire prend la forme du langage, ce qui
parvenir à autrui. Cela présuppose que laisse entendre qu’elle n’existe pas
la pensée est première et que le avant le langage.
langage est une invention pour
l’exprimer.
Limite : cependant, à quoi Limite : mais pour inventer le
ressemblerait une pensée sans langage, il a bien fallu que la pensée
langage ? existe.
Enjeu : si nous ne pensons effectivement que dans les mots, alors il est urgent
de connaître parfaitement notre langue afin de pouvoir penser correctement.
Cela a des implications dans le domaine politique. Cf. Orwell.
DÉVELOPPEMENT
Bilan : nous parlons donc pour communiquer nos idées, nos expériences, nos
pensées. Le langage sert à matérialiser nos pensées pour les autres, dans le but
de les transmettre, chose impossible en dehors de l’utilisation des mots. Bref, le
langage est un instrument de communication. Pour aller plus loin, quelles sont
les conséquences de l’invention du langage dans l’existence humaine ? Que
permet cette communication ?
Bilan : le langage permet donc la vie en société en coordonnant les actions des
hommes pour les rendre plus efficaces, plus organisées, que ce soit dans la
recherche de connaissance (transmission du savoir), dans l’exploitation des
ressources (travail et économie) ou dans la défense face à l’adversité (guerre).
Cependant, d’autres animaux possèdent aussi la faculté de communiquer sans
avoir rencontré le même succès qu’Homo Sapiens. Comment expliquer cela ? Le
langage humain doit-il être distingué de tous les autres langages animaux ?
Bilan : alors que les animaux possèdent des systèmes de communication innés et
figés, l’homme est capable d’inventer un système de communication
potentiellement infini et qui peut exprimer toutes ses idées, y compris
lorsqu’elles sont très abstraites et éloignées de la réalité. On ne peut pas donc
pas parler de langage animal. Leurs systèmes de communication sont très
éloignés du langage humain.
Texte de Rousseau
« Les idées générales ne peuvent s'introduire dans l'esprit qu'à l'aide des mots, et
l'entendement ne les saisit que par des propositions. C'est une des raisons pour
quoi les animaux ne sauraient se former de telles idées, ni jamais acquérir la
perfectibilité qui en dépend. Quand un singe va sans hésiter d'une noix à l'autre,
pense-t-on qu'il ait l'idée générale de cette sorte de fruit, et qu'il compare son
archétype à ces deux individus ? Non sans doute ; mais la vue de l'une de ces
noix rappelle à sa mémoire les sensations qu'il a reçues de l'autre, et ses yeux,
modifiés d'une certaine manière, annoncent à son goût la modification qu'il va
recevoir. Toute idée générale est purement intellectuelle ; pour peu que
l'imagination s'en mêle, l'idée devient aussitôt particulière. Essayez de vous
tracer l'image d'un arbre en général, jamais vous n'en viendrez à bout, malgré
vous il faudra le voir petit ou grand, rare ou touffu, clair ou foncé, et s'il
dépendait de vous de n'y voir que ce qui se trouve en tout arbre, cette image ne
ressemblerait plus à un arbre. Les êtres purement abstraits se voient de même,
ou ne se conçoivent que par le discours. La définition seule du triangle vous en
donne la véritable idée : sitôt que vous en figurez un dans votre esprit, c'est un
tel triangle et non pas un autre, et vous ne pouvez éviter d'en rendre les lignes
sensibles ou le plan coloré. Il faut donc énoncer des propositions, il faut donc
parler pour avoir des idées générales ; car sitôt que l'imagination s'arrête, l'esprit
ne marche plus qu'à l'aide du discours. »
Rousseau, Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les
hommes, 1754, Première partie, Le livre de poche, 1996, p. 94-95
Bilan : selon Rousseau, il serait vain de vouloir penser sans les mots, si on
entend par là une pensée intellectuelle, conceptuelle. La réflexion n’est possible
que dans le langage. Mais si on ne pense qu’avec les mots, alors on ne peut pas
concevoir de pensée avant l’institution du langage et la langue que nous parlons
détermine les pensées que nous pouvons avoir. Comment comprendre cela ?