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LANGAGE ET COMMUNICATION

Objectif général : à la fin de ce chapitre, l’apprenant serait en mesure de :


- Appréhender la notion du langage et sa valeur dans la vie sociale des hommes.
Introduction
Dès les premiers instants de sa naissance, l’enfant cri et son entourage lui sourit
en parlant autour de lui. C’est donc évident que le langage est ce à quoi l’homme se
familiarise très tôt. De tous les éléments culturels auxquels il doit s’initier, le langage
est l’élément privilégié qui permet à l’homme d’exprimer sa pensée, de transmettre un
savoir, de saisir et d’assimiler les valeurs morales, les interdits et les traditions de son
milieu. Préoccupant la réflexion philosophique, ledit chapitre cherche à examiner les
questions ci-après : l’homme exerce-t-il le monopole du langage ? Quel est la nature
du rapport entre le langage et la pensée ou entre le langage et le silence ? À quoi sert le
langage ? (Les fonctions du langage).

I/ Conceptualisation

Objectif spécifique
- À la fin de cette partie l’apprenant serait en mesure de : Définir et expliquer les
notions ci-dessous :

. Le langage : C’est un ensemble ou un système de signes (vocaux, gestuels ou


graphiques) permettant la communication ou de communiquer.
. La langue : C’est un système de signes conventionnellement admis par un
groupe social (ethnie, tribu ou peuple) pour rendre possible la communication.
. La parole : C’est l’usage individuel et vocal de la langue.
. La communication : C’est la transmission d’information, l’échange des
pensées par la parole.
. La pensée : C’est une activité psychique, rationnelle et consciente de l’esprit,
la faculté de juger en partant des réalités matérielles et sociales.

II/ La communication animale et le langage humain : Le langage est-il une


spécificité humaine ? ou le propre de l’homme ?
Objectif spécifique : À la fin de cette partie l’apprenant serait en mesure de :
- Identifier les différences entre le langage humain et la communication animale en vue
de montrer la spécificité humaine du langage.
1- La communication animale
Les animaux expriment leurs besoins et leurs émotions par des cris connus et
partagés par l’ensemble du groupe d’espèce. Ces animaux se communiquent à travers
des cris dictés par leur nature biologique et instinctive. C’est ainsi que le Zoologiste
autrichien Karl Von FRISCH avait montré la communication chez les abeilles à
travers des danses où il montrait qu’une abeille peut signaler la direction et la distance
d’une source de nourriture à travers des danses variantes. Le Zoologiste a puis décodé
chez les abeilles la danse à huit (8), moyen par lequel elles se communiquent. On
appelle ce langage le langage dansé des abeilles.
Georges MOUNIN pour sa part nous éclaire en montrant que « Chez les corbeaux
on a inventorié une quinzaine de cris correspondant à des situations et à des
comportements distincts. Chez les singes on a répertorié 70… ». Comme on peut le
constater on peut oser conclure qu’il y a un langage animal, et c’est d’ailleurs le point
de vue de MONTAIGNE qui déclare : « Les bêtes parlent ainsi que nous ».
2- Le langage : un fait spécifiquement humain
Le langage relève de la faculté pensante de l’homme. C’est ce que DESCARTES
affirme en disant : « Ce qui fait que les bêtes ne parlent point comme nous est
qu’elles n’ont aucune pensé ». Ainsi, le langage présuppose la pensée ; donc pas de
pensée pas de langage.
Le langage est un fait éminemment culturel, il relève de l’apprentissage, de
l’éducation, de la formation, bref de l’acquisition sociale. C’est ce qui explique le fait
que la communication animale se distingue du langage humain par la fixité du
contenu, la nature indécomposable d’une énoncée ; bref la communication animale ne
fait pas appel à un dialogue.
Comme on peut le constater le langage est l’apanage de l’homme. Claude LÉVI-
STRAUSS, dira pour ce fait que : « le langage m’apparait comme un fait culturel
par excellence ». Lors d’une expérience de Karl Von FRISCH sur les abeilles, le
savant a hissé une vase d’eau sucré au-dessus de la ruche. Les abeilles qui ont
découvert la vase n’ont pas pu communiquer avec leurs congénères la position de leur
nourriture. Le savant conclut que c’est parce qu’il n’y a pas l’expression significatif "
en haut " dans le langage des abeilles et aussi c’est parce qu’aucune fleur ne pousse dans
les nuages. Dans cette perspective ARISTOTE affirme : « Seul parmi les animaux,
l’homme possède le langage ». Max MÜLLER renchérit en disant : « le langage est
un Rubicon qu’aucun animal ne franchira jamais ».
Sujets de réflexion
1. Peut-on parler de l’existence du langage chez les animaux ?
2. L’homme exerce-t-il le monopole du langage ?

III/ Rapport entre le langage - la pensée et le silence : Qui est antérieur à


l’autre ? (Le problème de l’œuf et de la poule)
Objectif spécifique : À la fin de cette partie l’apprenant serait en mesure de :
- Montrer le rapport entre le langage et la pensée.

1) Antériorité de la pensée par rapport au langage


D’ordinaire on a le sentiment qu’on pense avant de trouver les mots pour nous
exprimer. Le langage devient alors le produit finit de nos pensées, de nos idées, et
leurs extériorisations par la parole. C’est d’ailleurs pourquoi Nicolas
BOILEAU déclare : « Tout ce qui se conçoit bien s’énonce clairement et les mots
pour le dire arrivent aisément ».

2) Le langage précède la pensée


L’analyse faite sur les enfants nous autorise de dire que le langage précède la
pensée. Car, selon ALAIN : « l’enfant parle naturellement avant de penser ». La
compréhension qui relève de cette pensée consiste à montrer que dans l’enfance
l’individu enchaine seulement les mots sans avoir le sens de ce qu’ils véhiculent. C’est
en grandissant qu’on arrive à percevoir la signification des mots utilisés dans
l’enfance. À en croire Léon BRUNSCHVIG : « Héritage des mots, Héritage
d’idées ». Pour ces raisons, nous pouvons soutenir que l’homme parle d’abord et
pense ensuite.

3) Coexistence ou concomitance entre le langage et la pensée

On ne peut concevoir séparément le langage de la pensée ; les deux forment un tout


inséparable. Il existe une interaction et interdépendance entre les deux notions. Dans la
logique de Oscar WILDE : « Nos pensées naissent tout habiller ». Comme on peut
le constater la pensée est un langage intérieur et le langage, une pensée extériorisée.
Ainsi, « Vouloir séparer le langage de la pensée est une tentative insensée » nous
dit HEGEL.

Remarque : Il y a des réalités qui échappent à la traduction langagière ou des


pensées in-extériorisables qui débouches sur le silence (autre forme du langage) ; c’est
ce que Henri BERGSON appelle l’ineffable, c’est-à-dire l’indicible, l’inexprimable,
l’incommunicable. On évoque entre autres les réalités sentimentales, métaphysiques.
Selon André GILSON : « ce que nous disons n’épuise parce que nous pensons ».

Sujet de réflexion : Peut-on dire du langage qu’il est un déguisement de la


pensée ?

IV/ Les fonctions du langage

Objectif spécifique : À la fin de cette partie l’apprenant serait en mesure de :


- Appréhender les fonctions du langage.
1) Les fonctions sans implication
a) La fonction communicative
La communication est perçue comme la première fonction du langage. C’est
grâce à elle que les hommes arrivent à exprimer leurs idées, leurs sentiments, leurs
émotions aux autres. C’est par le langage et à travers la communication que les
hommes arrivent à s’échanger. C’est ainsi que Georges MOUNIN affirme : « la
communication est la fonction première et originelle du langage ».

b) La fonction créative
Par le langage les hommes arrivent à créer des choses. Cette fonction a été bien
exécutée dans la Bible dans son livre de la Genèse où Dieu dit : « Que la lumière soit
et la lumière fut ». De nos jours et grâce à la technologie, l’homme aussi peut se
substituer à Dieu en faisant apparaitre les choses par le simple pouvoir de la parole.
c) La fonction magique
Il constitue un moyen par lequel les hommes agissent surnaturellement ou
métaphysiquement par des envoutements, des incantations, des malédictions sur leurs
prochains. Victor HUGO a raison d’estimer que : « Met un mot sur un homme,
l’homme frissonne, sèche et meurt ».
d) La fonction thérapeutique (guérison)
Le langage permet de guérir les personnes atteintes de maladies incurables ou
non. Dans la bible on peut observer des guérisons qu’à opérer Jésus comme : « prends
ta natte et marche », « ouvre tes yeux et vois maintenant ». Par ailleurs dans les cinq
leçons sur la psychanalyse de FREUD, le Dr Joseph BREUER a pu guérir Anna O de
ses traumatismes psychiques ou troubles mentaux.
e) La fonction manipulatrice et fascinatrice
C’est par la fonction manipulatrice que, certains escrocs, politiciens, pasteurs…
arrivent à manipuler et convaincre le peuple ; tels les sophistes de l’époque de la Grèce
antique. La fonction fascinatrice pour sa part consiste à détourner la conscience de
l’autre.
2) Les implications du langage : valeur sociale du langage

a) Langage comme facteur de division


La diversité linguistique et la polysémie des mots conduisent souvent les
gens dans la division. Un mot introduit par un interlocuteur peut être interpréter de
différentes manières. C’est ce qui conduit les hommes dans les malentendus, les
querelles, les séparations etc… La pluralité des cultures qui a pour conséquence la
naissance de plusieurs langues, prédisposent les hommes à l’incompréhension. C’est
l’exemple de la tour de Babel dans la bible ou la pluralité des langues avait dispersée
le peuple. Outre cela, le verbe "Mokusatsu" utilisé par le 1er Ministre Japonais Suzuki
lors de sa conférence avait en moyenne cinq sens selon Marthe ROBERT dans son
ouvrage vérités littéraires.
- Traité quelqu’un avec mépris
- Rester dans l’expectative ou l’indifférence
- Passer sous silence, avoir pris bonne note…
Ce verbe mal interprété serait à l’origine du bombardement d’Hiroshima le 06
Août 1945 au Japon. C’est ainsi que Brice PARAIN cité par Jean Paul SARTRE
disait : « Les mots sont des pistolés chargés ».
b) Langage comme facteur de rapprochement
C’est par le langage que les hommes arrivent à se communiquer et à se
comprendre. Pour cela, il permet aux hommes de se rapprocher, de s’unir, de se prêter
mutuellement et de faire route ensemble. C’est par le langage que les différents
(conflits) entre les hommes arrivent à trouver leurs consensus. À en croire André
MARTINET : « c’est la communication, c’est-à-dire la compréhension mutuelle
qu’il faut retenir comme fonction centrale de cet instrument qu’est la langue ».
Par ailleurs, le langage permet aux hommes de cultiver l’unité dans la diversité
culturelle à travers la maîtrise de la langue de l’autre ou des us et coutumes ne faisant
pas partie de ses usages. Dans cette logique, Amadou HAMPATÉ BÂ conçoit que :
« Parler une langue c’est assumé tout une culture ».
c) Ambivalence du langage
S’il y a division entre les hommes pour cause du langage, c’est par le même
langage qu’on arrive à les rapprocher. Tout part du langage et finit par le langage. Dès
lors, le langage est comme un couteau à double tranchant. « Le langage est ce qu’il y
a de meilleur et ce qu’il y a de pire » nous dit ESOPE.
Sujets de réflexion
Le langage ne sert -il qu’à communiquer ?

V / Langage et communication : la problématique de la cybernétique (Exposé)

Objectif spécifique : à la fin de cette partie l’apprenant serait en mesure de montrer la


nuance entre le langage humain et la communication des
machines

Conclusion

Somme toute, le langage est l’élément fondamental par lequel les hommes
arrivent à se communiquer et à se comprendre. En effet, il relève d’un fait culturel par
excellence. C’est pourquoi il est l’apanage de l’homme. Au même moment, il peut se
révéler tantôt comme un facteur qui divise les hommes par sa mauvaise interprétation,
et tantôt comme un élément par lequel les hommes arrivent à se rapprocher et s’unir.

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