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1 LA PRAGMATIQUE

La pragmatique est l’étude des actes du langage ou du langage en acte accompli par la
parole individuelle et contextuelle.

Tous les comportements humains apparaissent comme un ensemble d’actes finalisés


c’est-à-dire d’actes qui répondent aux soucis de parvenir aux objectifs. Il n’y a pas
d’objectif sans intention et sans tentative de réalisations. Etant donné que le langage est une
composante essentielle du comportement humain il faut lui aussi concevoir comme un
ensemble d’acte finalisé. Et puisque grâce à lui on communique, la communication
linguistique consiste elle-même en acte.

Avant Austin les théoriciens se sont intéressés avant tout au rôle du langage dans la
recherche et l’expression de la vérité. Par vérité on entend la correspondance ou la d’équation
entre le réel (en fait un fragment du réel), D’une part et le sens de l’énoncé d’autre part.
L’énoncé est vrai si cette correspondance est jugé satisfaisante ; dans le cas contraire il est
faux.

Ainsi le langage actif a été laissé de côté au profit du langage assertif. Jusqu’à une
époque très récente, la grammaire n’a distingué que 4 formes de phrase :

 Les affirmatives
 Les négatives
 Les interrogatives
 Les exclamatives

Les trois premiers ont trait à la vérité :

1. affirmer une phrase


a. c’est la donner comme vrai
2. la nier
a. c’est la donner comme fausse
3. Interroger
a. C’est solliciter sous forme de réponse une affirmation qu’on n’est pas soit
même en état de le faire.
La forme exclamative échappe à cette dimension VERICONDITIONNELLE et on a
complètement omis la forme impérative.

Cette façon d’envisager le langage laisse évidement peu de place à autre chose qu’au
transfert d’information. Le locuteur est considéré comme émetteur d’énoncé affirmatif ou
négatif c’est-à-dire des descriptions de la réalité.

lainga marina
mandainga
marina diso
Ainsi conçu, l’échange langagier vise avant tout, l’enrichissement des connaissances
des interlocuteurs. Et que dire sur le mensonge où le locuteur donne comme vrai ce qu’il
sait être faux  ? Austin en étudiant les vérités vériconditionnelles a observé qu’il avait lieu de
remettre en cause les conceptions traditionnelles qu’il juge trop étroites. Bien des phrases
courantes et tout à fait correctes ne peuvent être dites ni vrai ni fausse : « donnes moi du
pain ! » ; « je vous remercie ! » ; « vas t’en ! »….

2 ENONCÉ CONSTATIF ET ÉNONCÉ PERFORMATIF

D’un côté les énoncés qu’on peut qualifier de vrai ou faux sont des énoncés constatifs et de
l’autre côté ce qui échappe à cette catégorisation mais qui réussissent ou échouent sont
des énoncés performatif. Mais rare sont les exemples d’énoncés que l’on peut ranger
sans hésitation dans l’une ou l’autre catégorie. Soit l’énoncé performatif : « donnes
moi du sel ! », si le destinataire lui donne du sucre il y a quand même échec, mais pas
du même ordre qu’un refus pur et simple. Il s’agit ici d’une erreur du destinataire car il
a donné quelque chose qui ne correspondait pas à la réalité « sel ». Il y a donc une
partie descriptive dans cet énoncé.

De même l’énoncé constatif : « il pleut ! » n’est pas purement descriptif. Il y a toujours une
intention derrière donc une finalité.

Autant dire qu’il faut distinguer l’objet d’une intention lié à l’acte : son objectif ; et le résultat
de l’acte. Sans objectif il n’y a pas d’acte digne de ce nom. Alors que la présence ou
l’absence de résultat détermine seulement le succès ou l’échec. Les objectifs ne
peuvent être isolés de l’acte de parole tandis que les résultats viennent après coup donc
ils ne font pas parti de l’acte de parole. De plus, il y a des objectifs vains (résultat
inaccessible) qu’on réalise avec des actes comme les souhaits : « pourvu qu’il fasse
beau ! »  « Si tu étais venu… !».

3 LES DIFFERENTES FORMES D’ENONCE PERFORMATIF

D’après Austin il y a donc deux sortes de verbes :

 Les verbes constatifs


o Qui servent à décrire la réalité (ex : pleuvoir, bouger, grossir…)
 Les verbes performatifs
o Qui accomplissent un acte en parlant (ex : demander, déclarer, souhaiter…)

Ainsi, un énoncé est dit performatif s’il contient un verbe performatif :

 Je vous demande de venir me voir !


 Je vous déclare : mari et femme !

Mais on peut exprimer la performativité autrement ; notamment en substituant le verbe


performatif par un procédé grammatical :

 une demande par le mode impératif :


o Venez me voir !
 Un souhait par une forme interrogative
o Est-ce que je peux participer à ce débat ?

Il existe même des énoncés à performativité non exprimé

 Vous êtes bien gentil de venir me voir.

4 ACTES LOCUTOIRES, ILLOCUTOIRE ET PERLOCUTOIRES

Austin appelle locutoire dans une énonciation tout ce qui est uniquement sous la
dépendance de l’énonciateur. C’est-à-dire tout ce qui est constutif de l’énoncé lui-même et de
sa production.

L’illocutoire par contre est tout ce qui est dans l’énoncé et l’énonciation. Si l’acte
locutoire a été correct le destinataire a en principe à sa disposition l’ensemble des signaux
nécessaires à la reconstruction de l’illocutoire. L’énonciateur visait un ou plusieurs objectifs
qualifié de perlocutoire c’est-à-dire visé « au moyen de parole »mais dont la réalisation est
encore à venir quand out ce qui est proprement communicationnelle s’est bien passé.

On conclura que l’énonciateur essaie

 que son énoncé soit correctement constituer (acte locutoire).


 Que son sens soit reconnu (acte illocutoire)
 Et qu’il provoque chez l’auditeur telle ou telle réaction (acte perlocutoire)

5 SENS DÉSCRIPTIF ET SENS PRAGMATIQUE

Vu l’importance de l’énonciation, on doit distinguer le sens de l’énoncé (son sens en


dehors de tout contexte) du sens de l’énonciation dont l’analyse relèverai quant à elle de la
pragmatique. Cette dernière recense les formes linguistiques dont la signification est
pragmatique plutôt que descriptive et elle explicite leur signification en leur assignant des
conditions d’usages que chaque énoncés doivent être pris en considération pour déterminer
leurs significations

Mais si l’on envisage les messages sous cet angle, il faut rendre compte des
implications relationnelles qui sont les leurs dans chaque contextes particuliers. On distingue
alors dans un énoncé verbal un sens descriptif : sans contenu informatif ; et un sens
pragmatique qui désigne le fait qu’un énoncé assume une fonction et crée une relation entre
les interlocuteurs.

Pour les auteurs, comme AUSTIN Grice, SEARLE un modèle de la communication


doit rendre compte du sens des phrases en fonction des usages auxquelles elles serrent car
parler c’est faire, c’est accomplir un acte (une demande, un remerciement, une excuse…). Or
en parlant et agissant de la sorte le locuteur entre nécessairement en relation avec son
allocutaire et crée entre eux une véritable relation social analysable en terme de rôle et de
position (exemple : donner un ordre c’est se placer en position de supérieur hiérarchique). Les
différents auteurs s’en tiennent également aux aspects linguistiques des actes de paroles, on
perçoit néanmoins combien la notion d’acte focalise l’attention sur les sujets communicants et
sur l’engagement que constitue pour chacun d’eux leurs paroles. Nos actes de paroles se
présentent comme des actions dont l’objectif est de transformer la situation d’interlocution.
En toute évidence « la langue est donc plus qu’un instrument pour communiquer des
informations : elle comporte, inscrit dans sa syntaxe et le lexique, tout un code de rapport
humain ». (Ducrot ; 1972 : 98).
En prenant en considération les actes de paroles la pragmatique a découvert du même
coup des sujets s’impliquant dans la communication, s’obligeant mutuellement, jouant des
rôles et occupant des places, bref des sujets interagissant au sens fort du terme. Communiquer
ce n’est pas simplement emmètre un message. C’est surtout par le moyen des différentes
composantes intervenant dans un acte de communication instauré ou tenter d’installer une
relation dans laquelle chaque partenaire se voit attribuer un rôle, une position, une place, ou
encore une image de soi.

Le développement de la pragmatique a ouvert l’étude de l’énoncé à la notion de


contexte. Cette notion de contexte s’est encore imposée du fait de la nécessité de prendre en
compte au-delà des aspects sociaux de la communication les aspects cognitifs relatifs à la
compréhension. Un énoncé en effet doit être interpréter pour être compris. Il faut inférer à
partir de ce qu’il dit le vouloir dire du locuteur dans le contexte de l’énonciation.

6 CLASSIFICATION DES ÉNONCES PERFORMATIFS

John SEARLE, élève d’Austin à oxford classe les actes de langages en 5 grandes
catégories.

6.1 LES ACTES AFFIRMATIFS

Où on affirme la vérité d’une proposition. (Savoir, conclure, croire,…) ;

6.2 LES ORDRES

Où on tente de faire accomplir une action par l’autre (ordonner, demander, inviter) ;

6.3 LES ENGAGEMENTS

Où on assume l’obligation d’accomplir une action. (Promettre, jurer de,…) ;

6.4 LES ACTES EXPRESSIFS

Où on fait part de son état psychologique de ses sentiments. (S’excuser, remercier


souhaiter …) ;

6.5 LES ACTES DECLARATIFS

Parce qu’on est investi de l’autorité nécessaire on transforme un état de fait


institutionnel (déclarer, condamner, nommer …)
Notons que la production de ses actes de paroles dépend de l’intention du locuteur.
Leurs réussites dépendent de la d’équation de cette intention aux contextes et de la sincérité
de l’énonciation. Le seul fait que l’interlocuteur ne conteste pas leur validité. Revient à
reconnaitre leurs légitimités et leurs effets.

7 DROITS, DEVOIRS ET RÔLES

Partant du point de vue que tout acte illocutoire est destiné à transformer la réalité Ducrot
s’attache à définir quelles sont les modifications qu’apporte l’énonciation. Il spécifie en ses
termes : l’acte illocutoire apparait comme un cas particulier d’un acte juridique comme un
acte juridique accompli par la parole. Et c’est en cela que l’énonciation crée des obligations
entre le locuteur et l’auditeur : « il s’agit écrit-il d’une transformation juridique, d’une
création de Droits et de Devoirs pour les interlocuteurs ». (Ducrot 1972 a : 286). Chaque type
d’acte serait donc créateur d’un type de contrat particulier : à la question correspond
l’obligation de répondre, à l’ordre et a promesse celle de faire et à l’assertion celle d’être cru.

Prenons le cas particulier de l’interrogation. Certes, la question exprime de la part du


locuteur une incertitude, une volonté de savoir ou un désir d’information. Mais elle est plus
qu’une simple demande de renseignement : elle met le destinataire dans l’obligation de
répondre, elle l’oblige à prendre la parole à son tour au risque de devoir avouer son
ignorance ; « le pouvoir proprement interrogatif de la question doit donc être fondé sur une
sorte de déontologie (qui n’a rien de naturelle) et qui attribue à certaines formules prononcées
dans certaines circonstance le pouvoir (exorbitant) d’obliger le destinataire à continuer le
discours». (ibid : 4). On voit ainsi que la langue comporte une grande variété de rôle, et de
rapport interhumain parmi lesquelles le locuteur se choisi le sien et impose à l’auditeur le rôle
complémentaire. Sur ce point, les conceptions de Ducrot, Austin et Recanati convergent : les
actes de discours renvoient à des rôles illocutoires qui correspondent quant à eux à des rôles
sociaux. Prenons l’exemple d’un soldat qui donne un ordre à son supérieur, il est évident que
la forme linguistique de l’acte illocutoire permet au locuteur de se poser comme s’il avait
l’autorité nécessaire pour obliger l’autre à obéir. Ce qui rend la tentative dérisoire c’est bien
sûr la contradiction entre le rôle institutionnel attaché à l’acte proférer et la position du
locuteur (un soldat) face à son interlocuteur (son supérieur). Ce qui se trouve rejeté dans ce
cas ce n’est pas l’acte de discours mais la prétention du locuteur à assumer le rôle social que
lui confère l’acte proféré puisque les conditions de félicité ne sont pas remplies.
Mais cette dernière remarque laisse néanmoins entrevoir les possibilités de négociation
des rapports sociaux qu’implique l’échange de parole. Il existe en effet de nombreuse
interaction dans lesquelles l’enchaînement des actes de langages modifie ou même crée la
situation social. La plupart du temps, le jeu de la reconnaissance mutuelle à travers les
échanges communicationnels se réalise sans être dit sans apport explicite de la part des
protagonistes.

8 NON-DITS ET RE-CONSTRUCTION DE SENS

8.1 LA PRESUPOSITION

Un présupposé est une donnée à partir de laquelle on parle mais qui n’est pas
directement en jeu dans la parole. Exemple : Paul ne fume plus ! (Présupposé) : Paul fumait
avant.

Pour Ducrot l’acte de présupposition comme tout acte illocutoire produit une
transformation de la relation qui s’instaure entre les interlocuteurs. « Présupposé un certain
contenu c’est placé l’acceptation de ce contenu comme condition du dialogue ultérieur ». On
voit alors pourquoi le choix des présupposés nous apparait comme un acte de parole
particulier : en accomplissant, on transforme du même coup les possibilités de parole de
l’interlocuteur.

Il ne s’agit pas là d’une transformation du type causale (une cause un effet), lié au fait
que toute énonciation influx sur les croyances, désirs et intérêts de l’auditeur. Il s’agit au
contraire d’une transformation institutionnelle juridique : ce qui est modifié chez l’auditeur
c’est son droit de parole.

 Dans la mesure tout au moins où il veut que sa parole s’inscrive à l’intérieur du


dialogue précédent. Les présupposés limitent la liberté de l’auditeur en
l’obligeant à les prendre pour cadre de sa propre parole

On comprend tout l‘intérêt que les présupposés représentes lors de conversation


comme les débats quand il s’agit enfermer l’interlocuteur dans une représentation de la réalité
qu’il admet de fait s’il ne conteste pas immédiatement le présupposé.

La conversation où le débat se présent de ce point de vue pragmatique bien plus


comme une lutte pour le pouvoir, comme un perpétuelle effort pour enfermer l’autre dans un
univers qu’on construit avec des énoncés que comme échanges d’informations.
8.2 L’ELLIPSE

Elle consiste à ne pas exprimer un segment d’énoncer en laissant à l’auditeur ou en les


lecteurs le soin de le rétablir. Dans les cas les plus faciles, ce dernier se rend compte de par sa
compétence grammaticale qu’il manque quelque chose dans l’énoncé pour qu’il soit
syntaxiquement correcte et il va chercher dans les contextes de quoi combler la lacune.

8.3 L’INFÉRENCE

L’inférence concerne des conclusions intuitives que les usagers du langage tirent en
fonction de leurs compétences logiques, autrement dit de leur capacité à mener des
raisonnements non formalisés. Exemple : il va pleuvoir demain ! (inférence : il faut apporter
des parapluies ou un imperméable)

Remarque : il faut naturellement nous demander pourquoi on procède constamment par


énoncés incomplets. Une des raisons est qu’il serait impossible de tout dire d’un raisonnement
un peu complexe ou d’un évènement auquel on a assisté sans allonger démesurément l’énoncé
et de simple raison pratique et de bon fonctionnement de la communication incite à sous-
entendre ce que l’auditeur reconstruira sans trop de peine. Cependant un tel motif explique
pourquoi on ne dit pas tout. Il n’explique pas pourquoi on choisit de dire telle chose et ne pas
dire telle autre.

9 LOIS DU DISCOURS ET MAXIMES CONVERSATIONNELLES

9.1 GRICE ET LA LOGIQUE DE LA CONVERSATION

Grice suppose que les interlocuteurs qui participent à une conversation commune
respectent le principe de coopération : les participants s’attendent à ce que chacun d’entre eux
contribue à la conversation de manière rationnelle et coopérative pour faciliter l’interprétation
de ses énoncés.

Grice explicite ce principe en proposant quatre maxime qui en découlent :

9.1.1 LA MAXIME DE QUANTITÉ

Elle impose que la contribution du locuteur contienne autant d’information qui n’est
nécessaire dans la situation et pas plus ;

9.1.2 LA MAXIME DE QUALITÉ


Elle suppose la sincérité du locuteur qui doit avoir de bonne raison d’affirmer ce qu’il
affirme ;

9.1.3 LA MAXIME DE RELATION OU DE PERTINANCE

Elle impose que l’on parle à propos, c’est-à-dire, en relation avec ses propres énoncés
précédents et ceux des autres ;

9.1.4 LA MAXIME DE MANIÈRE

Elle veut que l’on s’exprime clairement sans ambiguïté en respectant l’ordre dans
lesquelles les informations doivent être données pour être comprises

9.2 DUCROT ET LES LOIS DU DISCOURS

Ducrot énonce 5 lois du discours

 La loi de la sincérité : en vertu de laquelle on est tenu de dire seulement ce que


l’on croit vrai
 La loi de l’intérêt : il ne faut parler à quelqu’un que de ce qui est susceptible de
l’intéressé
 La loi de l’informativité : il n’est pas licite de donner à quelqu’un des
informations qu’il possède déjà.
 La loi de l’exhaustivité : sur un point que le locuteur a choisi d’évoquer, il doit
indiquer l’extension exacte des faits rapportés ni plus ni moins ;
 La loi de la litote : consiste à dire moins qu’on ne pense par modestie par égard
ou même par artifice mais avec l’intention de ne pas tromper son interlocuteur.

9.3 LA PERTINENCE DE SPERBER ET WILSON

Sperber et Wilson sont porches intellectuellement de la grammaire générative. Elle


s’est développé autour de N. Chomsky (1950) et s’appuyait à ses début sur 3 notion
fondamentale : Celle de transformation de structure de surface, et de structure profonde.
L’hypothèse est : « Chaque phrase a une structure de surface et une structure profonde que
l’analyse syntaxique a pour fonction de récupérer ». Les transformations sont ce qui opère sur
la structure profonde pour obtenir la structure de surface lors de la production de la phrase.
Selon Sperber et Wilson le module linguistique livre une première interprétation de
l’énoncé (sa structure profonde ou sa signification) qui se présente comme une forme
logique : une suite ordonné de concept (les composantes linguistiques de la phrase). Les
concepts donnent accès aux informations qui formeront les prémisses utilisés dans les
processus inférentielles d’interprétation de l’énoncé. Ces prémisses correspondent à ce qu’il
est convenu d’appeler les connaissances encyclopédiques c’est-à-dire à l’ensemble des donnés
dont un individu dispose sur les mondes.

Comme Sperber et Wilson ont une vision cognitive du langage et de sa fonction. Pour
eux, la fonction du langage est d’abord, et avant toute chose, de représenter l’information et
de permettre par la communication verbale entre autre aux individus d’augmenter leur stock
de connaissance.

Sperber et Wilson appellent environnement cognitif d’un individu tout contexte


composé à la fois de connaissance encyclopédique auxquelles on a accès par les concepts de
la forme logique, de données immédiatement perceptibles tirés de l’interprétation des énoncés
précédents.

D’autre part, ils distinguent deux sortes d’intention :

 L’intention informative : c’est-à-dire l’intention qu’a le locuteur d’amener


son interlocuteur à la connaissance d’une information donnée ;( c’est
l’ensemble des mots)
 L’intention communicative : c’est-à-dire l’intention qu’a le locuteur de faire
connaitre à son interlocuteur son intention informative. (c’est l’ensemble des
gestes).

La notion de communication ostensive-inférentielle de Sperber et Wilson est


directement liée à l’intention informative et à l’intention communicative. On peut la définir de
la façon suivante : il y a communication ostensive-inférentielle quand un individu fait
connaitre à un autre individu par un acte quelconque l’intention qu’il a de lui faire connaitre
une information quelconque.

10 LE PRINCIPE DE PERTINENCE

Pour Sperberg et Wilson, l’activité cognitive a pour but, la construction et la


modification de la représentation du monde que se fait l’individu. La communication doit
jouer un rôle dans ce processus, en lui permettant d’ajouter des nouvelles informations à celle
dont il dispose déjà. Toutefois, pour que l’activité cognitive ait un intérêt quelconque, il faut
que cette représentation du monde soit vraie. Et à cet effet, toutes les maximes peuvent être
remplacées par une seule maxime : la maxime de relation qui enjoint d’être pertinent. En
effet, être pertinent suppose que l’on donne la quantité d’information requise, que l’on dise la
vérité et que l’on parle clairement et sans ambiguïté.

Ce principe de pertinence découle de la notion même de communication ostensive-


inférentielle car tout énoncé suscite chez l’interlocuteur l’attente de sa propre pertinence.

D’où les formules suivantes :

- Moins un acte de communication ostensive-inférentielle demande


d’effort pour son interprétation plus cet acte est pertinent
- Plus un acte de communication ostensive inférentielle fournis d’effet
plus cet acte est pertinent

Et comme il a 3 sortes d’effet cognitif au terme du processus inférentiel :

- La jonction d’une nouvelle information


- Le changement dans la force de conviction avec laquelle une croyance
est entretenue
- La suppression d’une information ancienne lorsque celle-ci est
contredites par une information plus convaincante.

Mais un acte de communication ostensive-inferentiel n’est pertinent pour un


interlocuteur que si les efforts qu’il a fournis pour l’interpréter sont récompensés par des
effets suffisant qui en valait la peine.

11 LA THÉORIE DE L’AGIR COMMUNICATIONEL DE J. HABERMAS

Habermas postule une faculté de communication qui s’ajoute à la faculté de langage.


La faculté de langage est l’objet d’une théorie générale de la grammaire (cf : N. Chomsky).
La faculté de communication consiste à utiliser des phrases grammaticales (compréhensibles)
dans des situations où elles sont appropriées (ainsi, la phrase devient un énoncé.)
La tâche de la pragmatique universel est d’expliqué comment des phrases peuvent en
principe se transformer en énoncé approprié à certains contextes. (Explication du pourquoi du
comment des phrases dans les situations)

Dans tout acte de langage, le locuteur assume la responsabilité de justifier son acte par
rapport à des critères que l’allocutaire peut évaluer. Habermas propose de distinguer 3 types
de validité universel, postulé et reconnu dans tout agir humain :

- Le critère correspondant au monde objectif, donc de la nature externe,


est celui de la vérité (marina), comparaison avec ce qui se passe.
- Tout acte communicationnel est situé également dans le monde
normatif des règles et de conventions. Il peut être évalué selon sa
justesse (rariny). C’est-à-dire le locuteur est conforme à l’ensemble des
normes auxquelles il croit être soumis dans la même mesure que
l’interlocuteur. Comparaison avec ce que va penser la société
- Le locuteur exprime dans sa parole un état de conscience (croyance,
désire, intention…). C’est la sincérité de son acte qui est en question.
(miteny amin’ny fo). C’est le but de ce qu’il dit, son propre but à lui.

Mode de communication Type d’acte de Thème Critère de


langage validité
Cognitif Affirmatif Contenu VÉRITÉ
propositionnel
Interactif Régulateur Relation JUSTESSE
interpersonnel
Expressif Représentatif Intentionnalité du SINCERITE
locuteur
Chacun des 3 critères situent l’acte de langage dans des séquences d’interaction car le
locuteur propose à l’allocutaire un engagement par rapport auquel celui-ci doit implicitement
ou explicitement prendre position pour que cet engagement puisse être reconnu et validé.

Pour Habermas, la société se présente à la fois comme monde vécu (et comme système
« donné »). Il s’agit alors de rendre compte de cette action du point de vue de celui qui agit.
Le système et la société observé de l’extérieur ; chaque activité est alors vue comme fonction
de la conservation du système. Et ce point de vue oblige à faire abstraction de l’intention et de
la volonté des acteurs. Seuls comptent les effets de l’action.
Dans le monde vécu, les actions sont coordonnées par leur orientation et par la
communication. Dans le système, les actions sont coordonnées par leur conséquence. Dans le
monde vécu, la situation met en jeu 3 domaines de réalité :

- Le domaine objectif : c’est dans l’ordre des faits qu’on peut décrire
par des propositions cognitives (mampahalala zavatra) et
instrumentales (hibaikona, hampitahorana, demander de faire une
action).
- Le domaine social : ce sont les normes auxquelles adhèrent les
participants, le cadre de leurs relations intersubjectives.
- Le domaine subjectif : la personnalité et les goûts de chacun.

Chacun des types de proposition prétend à une validité universelle qui la rend
compréhensible et discutable par les interlocuteurs. Dans l’interaction, les trois domaines sont
toujours liés. La définition de la situation qui mobilise les trois aspects doit être commune aux
participants sans quoi il faudra redéfinir la situation par la négociation et la discussion. C’est
ce qu’Habermas appelle l’agir communicationnelle. (fifanarahana no atao, ady hevitra l). Ce
monde vécu se distingue de la situation en ce qui constitue à la fois un savoir d’arrière-plan et
un horizon. Toute situation est découpage à l’intérieur du monde vécu. Le monde vécu est
l’ensemble constitué par la culture et le langage et plus exactement une réserve de savoir
organisé par le langage. Il est ce par quoi l’action et la communication sont possibles, Horizon
indépassable constitutif de l’intercompréhension. Cet ensemble de culture et de langage que je
présuppose quand je parle, je le prolonge et le renouvelle chaque fois que je parle. En parlant,
je fais vivre, perdurer le monde de sens. Si la société se régule de moins en moins par l’agir
communicationnelle mais par l’argent et le pouvoir alors ce qui fait sens échouera à se
perpétuer.

11.1 LES DIFFERENTES SORTES D’AGIR

Il y a deux sortes d’agir :

- L’agir stratégique : par lequel on cherche à exercer une certaine


influence sur l’autre. (exemple la publicité ou la propagande politique)
- L’agir communicationnelle : par lequel on cherche à s’entendre avec
l‘autre de façon à interpréter ensemble la situation et à s’accorder
mutuellement sur la conduite à tenir.
Habermas analyse ainsi les conditions de cette intercompréhension : il faut un discours
sensé qui n’exprime ni intimidation ni menace et susceptible d’être admis par chacun comme
valable. Pour se faire, Habermas demande à ce que la représentation du monde évolue dans le
sens de la rationalité par un double processus de décentration (c’est-à-dire intégrer le point de
vue des autres) et de structuration (c’est-à-dire la différenciation des aspects de la réalité) qui
permet de saisir leurs relations.

Au niveau du système, la rationalité se fait par l’argent et le pouvoir.


L’intercompréhension est court-circuité par l’argent (je paie un service et n’est donc plus à
discuter). On gagne en vitesse et efficacité, mais au détriment de l’activité inter
communicationnelle. Il ne s’agit plus comme dans l’intercommunication de chercher la vérité
mais d’agir sur les motivations empiriques (à pas de gain, crainte ou espoir d’accroitre le
pouvoir…).

12 LES CARACTÉRISTIQUES DE L’ECOUTE ACTIVE

12.1 L’ATTITUDE

« C’est ce qui est supposé être derrière le comportement ; c’est-à-dire des


prédispositions à agir. C’est une cause … Clé de voute de la représentation de la situation
l’attitude va jouer un rôle majeur dans la situation de communication.» (Jean C. ABRIC ;
2010 : 24-27)

12.2 LA FONCTION DES ATTITUDES

1- Une fonction cognitive car elle organise les perceptions. Exemple : dans un
ensemble de mot, ceux qui correspondent ou se rapporte aux valeurs dominantes
du sujet, c’est-à-dire à ses attitudes sont le mieux reconnus et perçu ;
2- Une fonction énergétique car elle détermine la nature et l’intensité des
motivations ;
3- Une fonction régulatrice : elle unifie les opinions d’un individu, génère et gère la
cohérence interne des opinions et des comportements et sont en ce sens très proche
des représentations.

12.3 TYPOLOGIE DES ATTITUDES

Largement inspiré des travaux de Porter cette typologie nous permet de comprendre
comment toute attitude détermine un certain type de relation.
12.3.1 L’ATTITUDE D’INTERPRETATION

Qui consiste à formuler, à verbaliser à l’autre les raisons qui sous-tendent ce qu’il
vient de dire ou de faire. Cette attitude crée une relation hiérarchisée au bénéfice de celui qui
interprète. Une sorte de relation de dépendance de l’interprété à l’interprétant ;

La nature de la dépendance est fondée sur la relation de savoir : l’interprétant se pose


en détenteur de savoir. Plus j’interprète moins je permets à l’autre de s’exprimer réellement,
personnellement, profondément.

12.3.2 L’ATTITUDE D’EVALUATION

Elle consiste à formuler un jugement positif ou négatif par rapport à ce que l’autre
exprime ou à ce qu’il fait. Cela crée une différence de statut entre les locuteurs. (Évalué et
évaluateur). Et renforce une relation de dépendance de l’évalué par rapport à l’évaluateur.

Conséquence possible : un blocage de la communication surtout après une évaluation


négative ; mais même avec une évaluation positive il y a un risque d’induction autrement dit
l’évalué sélectionne consciemment ou non, les informations ou sentiments.

12.3.3 L’ATTITUDE D’AIDE OU DE CONSEIL

Consiste à proposer à l’autre, des solutions ou des éléments de solution (ce qui
manifeste un intérêt pour l’autre). Cette attitude crée une dépendance entre le conseilleur et le
conseillé ; plus je l’aide et le conseille, plus il est dépendant de moi.

Conséquence possible : cette attitude rend le discours de l’autre superficielle ; le


conseilleur tend à se substituer à l’autre, à prendre en charge ses problèmes, réduisant ainsi
ses possibilité à résoudre ses problèmes par lui-même. On peut aussi canaliser manipuler
l’expression de l’autre. Mais la pire forme d’attitude d’aide est l’attitude rassurante (ce n’est
pas grave ! tu t’en sortiras !...) qui marque en fait une incompréhension d’une non pris en
compte du vécu de l’autre, c’est-à-dire d’une non-écoute réelle de ce qu’il dit.

En conclusion, l’attitude d’aide et de conseil ne peut pas fonder une communication


authentique entre les personnes ; elle en est l’aboutissement : on l’aide en lui permettant un
cheminement interne et externe de réflexion et d’expression qui va favoriser la prise en charge
par lui-même de ses propres problèmes.
12.3.4 L’ATTITUE DE QUESTIONNEMENT OU D’ENQUETE

Elle consiste à lui poser des questions pour lui permettre de s’exprimer. Cette attitude
crée aussi une différence de statut entre le questionné et le questionneur et renforce une
relation de dépendance entre les deux.

Conséquence : la superficialité de la personne questionnée, la canalisation et


manipulation de l’expression de l’autre par la sélection de question : fermé ou ouverte, à
piège…

Conclusion : plus je pose des questions, moins je permets à l’autre de s’exprimer


profondément et authentiquement mais il y a des questions indispensable donc
incontournable.

12.3.5 L’ATTITUDE DE COMPREHENSION

Consiste à manifester à l’autre que l’on s’intéresse à ce qu’il dit et que l’on l’écoute
pour essayer de le comprendre et non pas de le juger. Mais cette attitude risque aussi de créer
une relation de dépendance entre les deux interlocuteurs même si la compréhension est la
seule attitude que privilégie l’autre.

Conséquence : création d’un climat relationnel facilitateur de l’expression ;


approfondissement de l’expression ; mais un risque d’interprétation (comprendre mais pas
interpréter)

Conclusion : la compréhension est l’une des composantes de la situation optimale de


communication visant l’expression de l’autre.

En résumé les cinq caractéristiques définissant l’écoute active sont :

- La non-évaluation
- La non-interprétation
- Le non-conseil
- Le non-questionnement systématique
- La compréhension ou la reformulation.

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