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COURS UE SYSTEME VOCALIQUE ET CONSONANTIQUE

PLAN DE COURS

Bases de la phonation et de l’audition

Introduction

I. Qu’est-ce que la phonétique ?

1. Généralités
2. La phonétique, une science carrefour
3. Les domaines de la phonétique et ses applications

II. Les organes de la phonation et de l’audition

1. L’appareil phonatoire
2. L’appareil auditif

III. La production des unités phoniques des langues naturelles

1. La production des consonnes


2. La production des voyelles
3. Les supra-segments : l’accent, les tons et l’intonation

BIBLIOGRAPHIE

1) Clarenc, J. (2006-2007). Phonétique générale/Phonétique du français, Parcours FLE


2) Ladefoged, P. (1968). A phonetic study of west african languages : an auditory-instrumental Survey.
Cambridge, University Press.
3) (1996). Elements of acoustic phonetics. Chicago,University of Chicago Press.
4) Landercy, A. et R. Rénard (1977). Eléments de phonétique. Bruxelles, éd. Didier.
5) Malmberg, B. (1974). Manuel de phonétique générale : introduction à l’analyse
scientifique de l’expression du langage. Paris, A. & J. Piard.
6) (2002). La phonétique. « Que sais-je », n° 200è mille. France, Presses

Universitaires de France.
7) Marchal, A. (1981). Les sons et la parole. Montréal, éd. Guérin.

Bases de la phonation et de l’audition

INTRODUCTION

Tout homme dans son milieu d’existence est le siège de perceptions diverses, mais il éprouve
aussi bien souvent le besoin d’exprimer d’une certaine façon ses pensées, ses émotions,
ses sensations etc., à ses semblables. Il a pour cela à sa disposition l’outil de
communication le plus efficace et le plus économique par son caractère oral, la langue.

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Communiquer avec la langue recouvre donc chez l’homme deux activités essentielles qui sont
d’une part, la production et d’autre part, la perception et l’interprétation de signaux ou
messages reçus. Ces deux activités sont elles-mêmes sous-tendues par des processus
physiques, physiologiques et psychologiques qui intéressent la phonétique. En quoi consistent
ces processus et comment participent-ils aux deux activités majeures de la communication
verbale ? Telles sont les questions auxquelles nous nous efforcerons de donner des réponses.
Dans la première partie, nous nous intéresserons aux organes de la production et de la
perception des unités phoniques et nous décrirons la façon dont ces derniers sont produits.
Dans la deuxième partie, nous décrirons les sons en tant que phénomènes vibratoires.

I. Qu’est-ce que la phonétique ?

1. Généralités

De la phonétique on a une idée très générale liée aux exercices de prononciation, de diction,
parce que traditionnellement, cette discipline s’est longtemps préoccupée de la description
des sons tels qu’ils sont perçus par l’oreille. Selon cette tradition, on peut citer des travaux de
grande précision qui sont l’Astadhyahya de PANINI (V ou IVè S av. J.C.), un traité de
phonétique du Sanskrit (langue de rites religieux hindou) comprenant huit (8) livres; les
travaux de mise au point d’alphabets en vue des traductions de la bible et des écritures saintes
dans différentes langues; l’Edna (1222) du scandinave, SNORRI STULUSSON, qui est un
précis de phonétique du vieux norrois, ancêtre des langues scandinaves; le De Literis Libri
duo du danois, J. MATTIAS (1538-1586).
La question des troubles de la parole surtout des sourds-muets a été abordée par JOHN
WILLIS dans Grammatica Lingua anglicanae (oxford, 1652).
Cette tradition de la phonétique s’est prolongée jusqu’au 20è S, époque de l’éclosion
de « l’école de la phonétique classique » qui a fait connaître des phonéticiens de renom
comme EDWARD SIEVERS, HENRY SWEET et PAUL PASSY, dont l’œuvre a abouti
surtout à l’élaboration en 1888 d’un Alphabet Phonétique International (A.P.I).

Au fil du temps, il est apparu que la phonétique est une discipline qui couvre un
champ d’étude plus vaste dont l’aspect auditif est un domaine ou une des applications
particulier(es).

2. La phonétique, une science carrefour

La phonétique peut être définie comme la science générale des sons ou des phénomènes sonores.
Par son objet, elle entretient des relations étroites avec plusieurs disciplines scientifiques ayant
leurs méthodes d’investigation propres, en particulier avec la linguistique, science du langage.
L’étude de nos perceptions sonores peut être abordée à divers points de vue mettant en relief
leurs diverses caractéristiques. En effet, les sons partent d’une source émettrice. Et dans une
situation de communication, ils sont destinés à être transmis de la source vers un point ou une
entité réceptrice qui va à son tour les analyser et les interpréter. A ces différentes étapes
(production – transmission – réception), plusieurs phénomènes interviennent qui donnent une
idée des domaines où la recherche en phonétique peut s’effectuer et s’appliquer.

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Une sensation sonore est produite par le contact (choc ou frottement) entre plusieurs éléments
ou objets (ex. battement des mains, un objet contondant contre un mur ou sur le so l, particules
d’air contre une surface, un orifice etc.) et peut se propager dans un milieu donné (eau, air,
solide etc.). Le contact entre ces éléments donne lieu à des vibrations. L’étude des sons
consistant à les analyser comme des phénomènes vibratoires relève de la recherche
fondamentale en acoustique et en sciences physiques.
Pour la production et la perception des sons de la parole, un certain nombre d’organes
interviennent. Ce sont les organes que l’on trouve dans les zones parcourues par l’air
provenant des poumons, de la cage thoracique aux cavités buccale et nasale et, sous certaines
formes, dans différentes parties de l’oreille. L’étude des mécanismes par lesquels les
différents organes mus par divers muscles ou ligaments… interviennent dans la production et
la perception des sons de la parole intéresse des disciplines qui sont l’anatomie, la physiologie
et la neurologie.
A la réception, les sons sont non seulement transmis aux différentes parties de l’oreille
(l’oreille externe, l’oreille moyenne et l’oreille interne), mais aussi interprétés (perçus,
identifiés) au niveau du cerveau. Ici peuvent intervenir non seulement l’acoustique, la
physiologie, l’anatomie, mais aussi la psychologie ou la psycho-acoustique et la neurologie.

3. Les domaines de la phonétique et ses applications

Il existe plusieurs domaines où la phonétique s’applique. Elle peut s’intéresser aux règles de
la « bonne » prononciation. On parle de phonétique normative ou orthoépie.
Elle intervient dans l’enseignement des langues où elle permet la maîtrise des systèmes de
sons et l’intonation.
Par la meilleure connaissance des phénomènes impliqués dans la production, la transmission
et la perception des sons qu’elle permet, la phonétique permet de bien décrire les productions
des sujets pathologiques et de proposer des méthodes de correction et de traitement de
différentes pathologies du langage. Ceci concerne l’orthophonie.
La phonétique peut intervenir aussi au niveau de l’ingénierie du son, dans la recherche sur la
communication homme – machine, soit au niveau de la synthèse, soit au niveau de la
reconnaissance de la parole. Et enfin, la phonétique joue un rôle important dans la description,
l’analyse et la définition des sons de la parole, d’où sa relation étroite avec la lingu istique.

Suivant le parcours du son depuis sa genèse jusqu’à sa réception et au regard des phénomènes
physiques et psychiques qu’il implique, nous pouvons globalement délimiter trois principaux
domaines où s’exerce la recherche en phonétique :

- la phonétique acoustique qui traite le son comme le résultat de vibrations de particules d’air
relativement à la variation de la pression atmosphérique. Le son devient une réalité mesurable,
quantifiable.
- la phonétique articulatoire et physiologique identifie les organes, les muscles… qui
interviennent dans la production du son, et s’intéresse à leur fonctionnement. Ex. poumons,
larynx, cordes vocales, langue, dents …
- la phonétique perceptive ou neuro-physiologique essaie d’expliquer les mécanismes de
perception, d’identification et /ou de mémorisation impliqués dans l’interprétation des sons

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II. Les organes de la phonation et de l’audition

Les différents organes qui interviennent dans la production et la perception des sons des langues
ont des fonctions bien précises parmi un ensemble d’autres organes qui forment les appareils
phonatoire et auditif.

1. L’appareil phonatoire

L’appareil de phonatoire se subdivise globalement en trois parties qui sont :

1) l’ensemble constitué, d’une part par les poumons d’où part l’air nécessaire à la phonation,
lequel air est expulsé (expiré) par l’action de muscles divers de l’abdomen (sangle
abdominale) et les intercostaux, reliant les côtes entre elles et les scalènes, reliant ces
dernières aux vertèbres cervicales et aux clavicules. Cet ensemble comprend d’autre part, la
trachée artère qui canalise l’air expiré vers le larynx. Les poumons et la trachée artère forment
ce qu’on appelle la soufflerie subglottique,

2) le larynx qui est fixé sur la trachée artère à laquelle il est relié par des muscles et des
ligaments. C’est un ensemble de trois os cartilagineux emboîtés les uns dans les autres et
reliés par des muscles et tendons. Ce sont le thyroïde, formé de deux faces, à la manière d’un
livre ouvert, en position debout; le cricoïde ou chaton cricoïdien, à la base du thyroïde dont
le bord supérieur est surmonté, à l’arrière, des aryténoïdes, deux petits os cartilagineux très
mobiles. Les aryténoïdes sont, par leur partie antérieure, rattachés à des replis musculaires
formés sur la paroi interne de chaque côté du tyroïde qui sont appelés les cordes vocales.
C’est le jeu des mouvements très rapides de va-et-vient des aryténoïdes qui va imprimer un
rythme de vibration aux cordes vocales. L’écartement des cordes vocales décrit un angle
d’ouverture appelé la glotte par lequel s’échappe l’air sortant des poumons lors de
l’expiration. Mince, souple et de forme ovale, l’épiglotte est situé derrière le thyroïde auquel il
est rattaché par un ligament et agit comme un clapet fermant la glotte pour empêcher qu’un
corps étranger ne pénètre dans la trachée et les poumons.
Larynx est la source vocale car c’est l’état des cordes vocales à l’arrivée de l’air
expiratoire (sortant des poumons) qui détermine la présence ou l’absence de voix : la variation
de la pression d’air expiratoire va obliger les cordes vocales en position resserrée à s’écarter
l’une de l’autre puis à se resserrer rapidement par intervalles de temps plus ou moins
réguliers. La vibration des cordes vocales va entraîner la vibration de l’air sortant des
poumons, produisant la voix ou ton laryngien.
Par contre, lorsqu’à l’arrivée de l’air expiratoire les cordes vocales sont en position
écartée, il n’y a pas de vibration, donc pas de voix. Mais, il peut arriver qu’au contact de l’air
expiratoire, les cordes vocales restent en position resserrée laissant un petit passage pour un
écoulement continu du souffle d’air. C’est le chuchotement.

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Schéma 2 : Le larynx et ses cartilages
Source : http://www.univ-brest.fr/S_Commun/Biblio/ANATOMIE/Web_anat/Tete_Cou/Larynx/Cartilage_Larynx

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3) Les cavités supraglottiques (au-dessus de la glotte) encore appelées résonateurs
supraglottiques, parce qu’elles sont parcourues par le ton laryngien auquel elles font subir des
effets de résonance en modifiant sa qualité. Ce sont :

1- la cavité pharyngale est limitée en bas par le larynx et l’oesophage et s’étend vers le haut
jusqu’au seuil des cavités nasale et orale. C’est un conduit musculo-membraneux long d’environ
15 cm au repos. La contraction de ses 3 muscles constricteurs permet à sa paroi postérieure
d’être portée vers l’avant ou de rapprocher l’une de l’autre ses parois latérales, modifiant son
diamètre. Ses six muscles élévateurs peuvent aussi se contracter pour permettr e ses
déplacements verticaux ainsi que ceux du larynx.
2- la cavité buccale, qui s’étend de la limite de la luette aux incisives et, qui est constituée de
la majorité des organes articulateurs dont les supports sont le maxillaire supérieur et le
maxillaire inférieur. Le maxillaire supérieur se compose de plusieurs organes et zones
anatomiques. Il y a à l’avant les incisives. Le palais ou voûte palatine, la partie la plus vaste,
se subdivise en trois zones : à l’arrière des incisives, se trouvent de petits creux appelés
alvéoles, puis la partie centrale appelée palais dur, subdivisée à son tour en trois zones (pré-,
médio- et post-) et enfin, le palais mou ou vélum qui est la partie la plus molle du palais. Le
vélum se prolonge en une sorte de bourrelet de chair appelé l’uvule ou la luette qui est mobile.
Dans sa position abaissée, il permet l’écoulement d’une partie de l’air expiratoire par les
fosses nasales et dans sa position élevée, il ferme l’accès aux fosses nasales, obligeant la totalité
de l’air expiratoire s’écouler par la cavité buccale.
Au maxillaire inférieur se rattachent les dents et la langue, organe musculaire de forme
ovoïde et très mobile. Par sa position et sa forme, en effet, langue va définir la forme et le
volume de la cavité buccale. La langue peut être divisée en trois parties principales : la pointe
de la langue ou apex, de mobilité exceptionnelle, le dos de la langue ou dorsum qui est la
partie centrale la plus ventrue et relativement mobile, et la racine de la langue ou radix qui est
la partie la plus postérieure de la langue.
3- la cavité labiale déterminée par la forme que prennent les lèvres pendant l’articulation de
certains sons, sous l’action synergique des muscles abaisseurs et élévateurs.
4- la cavité nasale, creux sinueux taillé dans l’os du maxillaire supérieur, dont l’intérieur est
tapis de couches cornées, limité à vers le bas par l’os du palais, vers l’avant par les narines, et
l’arrière par la luette en position relevée.

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Schéma 3 : Les zones anatomiques et les points d’articulation dans les cavités supra-glottiques
Source : www.ann.jussieu.fr/.../Bio/Ventil.VAsup.html

Schéma 4 : Les résonateurs principaux (cavités supraglottiques) de l’appareil phonatoire


Source : www.ann.jussieu.fr/.../Bio/Ventil.VAsup.html

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2. L’appareil auditif

L’appareil auditif se compose de trois parties qui sont l’oreille externe, l’oreille moyenne et
l’oreille interne :
1) l’oreille externe : elle comprend le pavillon auditif, sorte de cornet acoustique mince,
sinueux placé au dessous de la tempe qui reçoit les ondes sonores qu’il guide vers le conduit
auditif externe, sorte de tuyau d’environ 25mm de long et 6 à 8mm de diamètre. Le conduit
auditif amplifie l’onde sonore qu’il canalise vers le tympan,
2) l’oreille moyenne : elle comprend le tympan, membrane élastique, mince et circulaire,
sensible aux variations de la pression acoustique. Le tympan est placé du côté visible d’une
sorte de caisse remplie d’air et traversée par une chaîne d’osselets reliés entre eux par des
articulations peu mobiles. Ce sont le marteau rattaché au tympan par un ligament, l’enclume
puis l’étrier, qui ferme l’entrée (fenêtre ovale) du premier organe de l’oreille interne appelé le
vestibule. Pour garder un certain équilibre de la pression aérienne contenue dans la caisse du
tympan, un conduit, la trompe d’Eustache, relie la caisse du tympan au pharynx. L’oreille
moyenne transforme la pression sonore en vibrations mécaniques et la chaîne d’osselets
multiplie environ par trois l’énergie sonore reçue par le tympan,
3) l’oreille interne ou labyrinthe : elle se présente comme un ensemble de canaux
labyrinthiques taillés dans l’os de la tempe. C’est un milieu fortement liquidien. Elle
comprend l’organe d’équilibration, formé de deux cavités et des canaux semi-circulaires, et de
l’appareil auditif proprement dit, constitué du limaçon ou cochlée de forme conique (25 à
35mm de long) enroulé sur un peu plus de deux tours et demi. La cochlée contient une
membrane (la membrane basiliaire) qui serait le lieu de perception de la hauteur des sons et
d’où partirait le nerf auditif ou nerf cochléaire qui établit la connexion entre l’oreille et le
cerveau, où les signaux sonores sont interprétés.
L’oreille interne convertit les vibrations mécaniques des osselets en influx nerveux envoyés
vers le cerveau.

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Schéma 5 : Les principaux organes de l’appareil auditif
Source : 2006-03-27-TraitParole-SE-06-C2-Signal-de-parole.pdf
III. La production des unités phoniques des langues naturelles

Le matériel sonore des langues naturelles se répartit en plusieurs catégories ou classes présentant
des caractéristiques qui peuvent être mises en rapport avec les processus articulatoires qui en
génèrent les unités. Une distinction est généralement faite entre les unités segmentales que l’on
classe en consonnes et en voyelles, et les unités supra-segmentales qui sont le matériel sonore
non segmental s’associant aux segments pour la construction des messages linguistiques.
Ce qui distingue les voyelles des consonnes, c’est que les premières sont les articulations pour
lesquelles l’air provenant des poumons s’écoule librement dans les différentes cavités
supraglottiques sans rencontrer d’obstacle, tandis que pour les dernières, l’air provenant des
poumons rencontre un obstacle plus ou moins important.

1. La production des consonnes

Les consonnes ne mobilisent la vibration des cordes vocales que pour certaines d’entre elles
seulement. Elles ont la caractéristique d’être des espèces de bruits pour l’articulation
desquelles l’air expiratoire, vibré ou non, rencontre, par le fait des mouvements articulatoires,
soit un obstacle complet, une fermeture totale, soit un rétrécissement (goulot d’étranglement),
à un point donné du tractus vocal, soit les deux à la fois.

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Les consonnes peuvent être décrites selon un certain nombre de traits caractéristiques relevant
d’un certain nombre de paramètres articulatoires. Pour la description et la classification des
consonnes, on retient les dénominations qui correspondent chacune à un trait caractéristique
relevant d’un paramètre donné.

1.1. Les paramètres et les traits articulatoires des consonnes

1.1.1. Le mode d’articulation

Il précise la nature de l’obstacle qui s’oppose au passage de l’air expiratoire dans le tractus
vocal. Sur ce paramètre, on peut avoir pour l’articulation des consonnes une :
- occlusion : elle désigne la présence d’un obstacle qui s’oppose complètement au passage de
l’air expiratoire, à un point donné du tractus vocal. Elle comprend trois phases qui sont (a) la
fermeture correspondant à la mise en place de l’obstacle, (b) la tenue correspondant à l’intervalle
de temps pendant lequel les organes articulateurs maintiennent la fermeture totale, et (c)
l’explosion qui correspond au brusque relâchement de l’obstacle. Les consonnes qui présentent
cette caractéristique sont appelées consonnes occlusives. Celles-ci sont attestées dans la
majorité sinon la totalité des langues du monde. [p], [t] et [k] que l’on trouve en français
dans respectivement pile, ton et coup en sont une illustration.
- constriction : elle désigne la présence d’un obstacle au passage de l’air caractérisé par un
rétrécissement ou une constriction à un point donné du tractus vocal. On parle ici de
consonnes constrictives. Mais de façon précise, ce rétrécissement peut provoquer un
frottement de l’air en mouvement contre les parois du tractus vocal et cela s’accompagne
généralement d’un bruit de friction. Un tel phénomène donne naissance aux consonnes dites
fricatives. Ces consonnes se rencontrent dans beaucoup de langues. Elles peuvent être
illustrées par [f], [s] et [ʃ] respectivement dans les mots français fil, salle et chasse, [] dans
l’exemple anglais birth « naissance » et [ç] dans le mot allemand mich « moi ».
Il y a des consonnes complexes qui impliquent successivement une occlusion puis une
constriction avec bruit de friction, en des positions données de la cavité buccale. Comme elle s
vont d’une articulation requérant une occlusion vers celle requérant une constriction avec un
bruit de friction, ces consonnes sont appelées consonnes affriquées, du latin ad-fricatum
« vers la friction ». On les rencontre dans un certain nombre de langues africaines et
européennes. Par exemple [ts] se rencontre en allemand dans Herz « cœur ». De même
l’affriquée [t] est attestée en anglais comme dans le mot chair « chaise ».

La constriction peut avoir lieu sans entraîner un bruit de friction, mais par simple
écoulement de l’air par les bords latéraux de la langue appliquée aux bords de la voûte
palatale. Les consonnes ainsi produites sont appelées latérales comme [l] que nous avons
dans le mot français lait.
L’air peut être aussi soumis à différentes sortes de vibration. On parle alors de consonnes
vibrantes illustrées par les différents « r ». Il y a le « r » à un battement ou « r » battu, [ɾ],
dans lequel intervient la partie antérieure de la langue, au contact des alvéoles. On le
rencontre dans des mots dans beaucoup de langues africaines comme l’agni, le bété etc…
Il y a aussi le « r » dit alvéolaire « roulé » impliquant le roulement de l’air au niveau de la
partie avant de la langue, au contact des alvéoles, représenté par [r]. Le roulement de l’air au
niveau de la partie arrière de la langue au contact de l’uvule, qu’on appelle « r » grasseyé que
nous représentons par [R]. On peut aussi avoir un « r » produit au fond de la cavité buccale,
sans roulement, au contact entre la langue et l’uvule, qu’on appelle le « r parisien »,
représenté par[ʁ].

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Si pour certaines langues comme le portugais, la distinction entre les différents « r » implique
une différence de signification comme dans [karu] « cher » et [kaʁu] « voiture », en français
par contre elle n’implique aucune différence de signification : [ra] ~ [ʁa] ~ [Ra] désignent la
même réalité.

La constriction est d’autant beaucoup moins importante pour un certain nombre de


consonnes que l’air expiratoire circule plus aisément. Ces dernières se rapprochent de ce point
de vue de certaines voyelles qui comme indiqué plus haut requièrent une absence d’obstacle
au passage de l’air expiratoire. C’est pourquoi elles sont tantôt appelées semi-voyelles, tantôt
semi-consonnes. Nous pouvons citer [j] que nous avons en français dans les mots paille,
yahourt, et [w] que nous avons dans le mot watt.

1.1.2. Le lieu ou le point d’articulation ou la position

Le lieu d’articulation désigne la zone anatomique qui est mise à contribution pour la production
des sons. Pour la caractérisation du lieu d’articulation des consonnes, on a parfois recours, soit
à la dénomination de la zone anatomique ou à celle de l’organe articulateur impliqué, soit à la
fois à la dénomination de la zone anatomique et à celle de l’organe articulateur. Ainsi, de
la cavité labiale jusqu’au larynx, on peut avoir différents lieux d’articulation. Celles des
occlusives dont l’articulation fait intervenir les deux lèvres seront dites (occlusives) bilabiales
car ce sont ces organes qui créent le mécanisme d’occlusion. [p] en est un exemple. Certaines
seront dites (occlusives) avléolaires ou apico-alvéolaires car pour elles, le mécanisme
d’occlusion fait intervenir les alvéoles et l’apex. [t] en est un exemple. D’autres seront
dites (occlusives) vélaires ou dorso-vélaires car leur production se fait dans la zone du vélum
où le mécanisme d’occlusion fait intervenir le dos de la langue qui s’applique contre le palais
mou comme dans la production de [k] etc.
De même, on parlera de (fricatives) labio-dentales pour désigner celles des fricatives dont la
production fait intervenir les incisives et les lèvres comme [f] ou de (fricatives) dentales ou
apico-dentales pour désigner les fricatives pour lesquelles le mécanisme de friction se fait au
niveau des incisives ou fait appel à l’apex et aux incisives. C’est le cas [] que l’on retrouve
en anglais. Les fricatives dont la production met à contribution la zone alvéolaire et l’apex
sont appelées (fricatives) apico-alvéolaires, comme la consonne [s]. Celles dont la production
met en jeu la zone prépalatale vers laquelle s’élève le dorsum sont appelées (fricatives) dorso-
prépalatales. La consonne [ʃ] en est un exemple.
Pour la production d’un certain nombre de consonnes, c’est le dorsum qui intervient en
s’élevant vers la zone du palais dur. Ces dernières, au nombre desquelles nous pouvons citer
la semi-voyelle [j], sont dites consonnes palatales.
Il y a des consonnes dont l’articulation requière deux lieux d’articulation, c’est -à-dire pour
lesquelles sont mobilisés deux organes articulateurs en deux points donnés du tractus vocal. Il
y a par exemple celles qui mobilisent aussi bien les lèvres que le dorsum agissant au niveau
du vélum. Ces consonnes sont dites labio-vélaires comme l’occlusive [kp] qu’on rencontre dans
de nombreuses langues africaines. Il peut être illustré en nouchi dans les mots [kpa] signifiant
« attraper » et [kpata] signifiant « beau / belle ». Celles dont la production fait intervenir
les lèvres et le dorsum agissant au niveau du palais dur sont dites labio -palatales comme la
semi-voyelle [ɥ] que nous avons en français dans huit.

1.1.3. La sonorité

Ce paramètre articulatoire permet de caractériser les consonnes du point de vue de l’état du


larynx (ou des cordes vocales) pendant leur production. Ainsi, pour certaines consonnes, les

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cordes vocales ne vibrent pas permettant à l’air en provenance des poumons de s’échapper
librement par la glotte. On parle alors de surdité ou de non-voisement, et les consonnes ainsi
produites sont dites sourdes ou non-voisées. Mais pour d’autres consonnes, les cordes vocales
entrent en vibration pour transformer l’air provenant des poumons en voix. On parle alors de
sonorisation ou de voisement. Les consonnes qui en résultent sont dite sonores ou voisées.
Les occlusives [p], [t], [k] et [kp] sont des consonnes sourdes et ont respectivement pour voisées
correspondantes les consonnes [b] que nous avons en français dans le mot bas, [d] dans le
mot dix, [ɡ] dans le mot gamme et [ɡb] que nous avons dans le mot nouchi gbév qui signifie
« bouche ».
De même, les fricatives [f], [s] et [ʃ] ont respectivement pour voisées correspondantes [v] que
nous avons en français dans le mot ville, [z] dans le mot français zone et [ʒ] dans le mot je.
On peut percevoir la distinction de sonorité en appliquant l’index et le pouce des deu x côtés
de la pomme d’Adam lors de l’articulation des consonnes.

1.1.4. La nasalité

C’est le paramètre qui permet de distinguer les consonnes pour la production desquelles une
partie du flux d’air expiratoire s’échappe par la cavité nasale dont l’accès est laissée libre du
fait de la position abaissée de la luette, de celles pour lesquelles la totalité du flux d’air
s’échappe par la cavité buccale, l’accès à la cavité nasale étant fermé du fait de la position élevée
de la luette. Pour les premières on parle de consonnes nasales et pour les dernières de consonnes
orales. [m], [n] et [ɲ] que nous avons respectivement dans les mots français mal, nez, et
pagne sont des consonnes nasales, tandis que celles que nous avons citées plus haut sont
toutes des consonnes orales.

1.2. Quelques articulations consonantiques particulières ou caractéristiques phonétiques


particulières de consonnes

Certains phénomènes affectent les articulations consonantiques et il existe des particularités


articulatoires qui s’attachent à certaines consonnes.

1.2.1. La consonne glottale [Ɂ] ou le « coup de glotte »

Cette consonne a les caractéristiques d’une occlusive. En effet, pour sa production, il y a


fermeture de la glotte par le resserrement des cordes vocales formant un obstacle, suivie d’un
relâchement de celles-ci sous la force de la pression d’air. Cette consonne fait partie du stock
de consonnes d’un grand nombre de langues africaines et non africaines, mais en français, il
s’emploie généralement en début d’énoncé comme membre d’une syllabe énergique
traduisant un certain état d’esprit. Ex. ˈattention ! ˈAllume ! ˈimbécile !

1.2.2. L’aspiration [h]

L’aspiration est en elle-même une articulation caractérisée par un souffle créé au niveau de la
glotte lorsque les cordes vocales sont resserrées ne laissant qu’un petit passage pour
l’écoulement de l’air expiratoire. Elle existe dans de nombreuses à l’instar de l’anglais, dans
le mot heat « chaleur ». Mais l’aspiration accompagner en tant qu’articulation secondaire
certaines consonnes sourdes. Comme telles, ces consonnes sont notées avec le symbole de
l’aspiration [h] en exposant et sont dites aspirées. Les consonnes [ph], [th], [kh] que l’on
rencontre dans des langues comme l’ébrié en sont des exemples. Mais dans d’autres langues,

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elles ne sont attestées que contextuellement. Ainsi en anglais, on ne les rencontre qu’à
l’initiale des mots. Ex. pull « tirer »/ spoon « cuillère », tool « outil »/ shoot « tir », cool /skull.

1.2.3. L’allongement ou gémination consonantique

L’allongement ou gémination consonantique est un phénomène qui se traduit par une durée de
réalisation plus grande. La consonne qui est produite avec une durée plus grande est dite
consonne longue ou géminée, celle qui est produite avec une durée plus courte est dite brève.
La consonne longue se note, soit en redoublant le symbole, soit en faisant suivre celui-ci de
deux points (:).
L’allongement peut être une propriété caractéristique des ou d’un groupe de consonnes
propres à une langue donnée. C’est le cas de l’italien où la distinction entre consonne brève et
consonne longue implique une différence de signification. Ex. [pala] « pelle » / [palla] ~
[pal:a] « balle ». Il peut aussi découler du contexte, lorsqu’un mot se termine par une
consonne identique à la consonne initiale du mot qui le suit. Par exemple en français pomme
mûre où il y a une gémination de la consonne [m]. Il peut enfin être le fait de celui qui parle
(le locuteur), renseignant sur l’état d’esprit de ce dernier. Par exemple en français le mot lâche
employé avec une gémination de la consonne initiale [l:ɑʃ] traduit le mépris du locuteur, ce
qui n’est pas le cas lorsque la consonne initiale est produite sans gémination [lɑʃ].

2. La production des voyelles

Les voyelles sont des unités phoniques segmentales dont la production requière la vibration
des cordes vocales qui transforme l’air expiratoire en voix. Mais ce qui les caractérise, c’est
l’absence d’obstacle à la voix dans l’une des cavités supra-glottiques. La voix subit diverses
transformations ou modulations au cours de son passage à travers les cavités supra-glottiques
et il en résulte différents timbres vocaliques. La qualité de ces timbres est elle-même déterminée
par les différents volumes et formes des cavités déterminés par les positions et les formes des
organes articulateurs.
Comme dans le cas des consonnes, la description des segments vocaliques peut se
faire selon plusieurs paramètres articulatoires.

2.1. Les paramètres et traits articulatoires des voyelles

2.1.1. Le lieu d’articulation ou la position articulatoire

C’est le paramètre dont les traits sont déterminés par les mouvements de la langue. On en
dénombre généralement trois qui sont la position antérieure, la position centrale et la position
postérieure. Les voyelles de trait de position antérieur sont celles pour lesquelles, c’est la
partie antérieure de la langue qui s’élève d’un certain cran en direction du palais dur. [i], [e]
et [ε] que l’on rencontre respectivement dans les mots français bile [bil], épée [epe] et lait [lε],
sont dites voyelles antérieures. De même, est antérieure la voyelle [æ] que l’on rencontre en
anglais dans les mots bag [bæɡ] et cat [kæt].
Les voyelles de trait postérieur sont celles pour lesquelles la partie postérieure de la langue se
courbe et s’élève en direction du palais mou. Ces voyelles sont dites postérieures. [u] illustré
dans le mot français pou [pu], [o] dans le mot seau [so], [ɔ] dans le mot botte [bɔt] et [ɑ] dans
les mots pâle et tâche sont des voyelles postérieures.
Les voyelles de trait central sont celles pour lesquelles le corps de la langue est au repos
appliqué contre le maxillaire inférieur. Les voyelles centrales sont attestées en français. Tel

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est le cas de [a] et de ce qu’on nomme le schwa ou l’ « e » caduc, [ə], que nous avons dans les
mots patte [pat] et je [ʒə].

2.1.2. Le degré d’aperture

Ce paramètre permet de définir pour les classes de voyelles une hauteur caractéristique de la
partie de la langue qui est mise à contribution pour le lieu d’articulation. Le degré d’aperture
c’est l’écart entre la voûte palatale et la partie de la langue qui intervient pour le lieu
d’articulation. Le nombre de degrés d’aperture varie selon les timbres vocaliques identifiés dans
les langues. Mais en général, il y a au plus quatre degrés (traits) d’aperture. Le degré fermé ou
haut, qui correspond à l’écart le plus petit, est caractéristique des voyelles dites hautes ou
fermées. Comme voyelles hautes nous pouvons citer [i], [y] illustrée dans le mot puce, et [u].
[ɩ] et [ɷ] sont aussi des voyelles hautes qu’on peut rencontrer dans les mots abouré sɩ «
griller » et p ɷ « être fatigué ». Le degré mi-fermé ou mi-haut correspond à un écart plus
grand que celui du degré fermé et est caractéristique des voyelles mi-fermées ou mi- hautes au
nombre desquelles on peut citer [e], [ø] illustré dans le mot français jeu, et [o]. Le degré mi-
ouvert ou mi-bas correspond à un écart plus grand que celui du degré mi-fermé. Comme
voyelles mi-ouvertes ou mi-basses, nous pouvons citer [ɛ], [œ] illustré en français
dans le mot fleur et [ɔ]. Enfin, le degré bas ou ouvert, qui correspond à l’écart le plus
important est caractéristique des voyelles [æ], [a] et [ɑ].

2.1.3. La nasalité

Ce paramètre permet de répartir les voyelles en deux catégories, les voyelles orales et les
voyelles nasales. Le timbre oral ou nasal des voyelles dépend de la position relevée ou abaissée
de la luette au passage du flux laryngé, qui lui permet, soit en partie de s’échapper par la
cavité nasale, soit en totalité de s’échapper par la cavité buccale. Les voyelles nasales sont notées
par la suscription (au-dessus) ou la souscription (au-dessous) au symbole de la voyelle orale
correspondante du diacritique « ~ » qu’on appelle le tilde. Selon les langues, le nombre de
timbres vocaliques nasals varie. Le français en a quatre. La voyelle [ε] qu’on a
dans le mot pain [pɛ̰] par opposition à sa correspondante orale [ε] qu’on a dans paix [pε]; la
voyelle [œ̰] qu’on a dans le mot vingt [vœ̰] par opposition à sa correspondante orale [œ]
qu’on a dans voeux [vœ]. En français moderne, [œ̰] ne semble plus distincte de [ɛ̰], dans ses
emplois. Le mot un, par exemple, se prononcera [œ̰] ou [ɛ̰], tout comme vingt se prononcera
[vœ̰] ou [vɛ̰]. Sont aussi voyelles nasales [ɔ̰] qu’on a dans le mot bronche [brɔ̰ʃ], par
opposition à sa correspondante orale [ɔ] qu’on a dans broche [brɔʃ]; la voyelle [a̰] qu’on a
dans le mot pan, par opposition à sa correspondante orale [a] illustrée dans pas [pa].
Dans de nombreux documents scientifiques et des dictionnaires de la langue française, il est
admis que la voyelle basse [a] est réalisée postérieure lorsqu’elle est nasalisée. Ainsi, elle est
transcrite [ɑ]. Mais, dans la pratique, en français aujourd’hui, la distinction entre « a » central
[a] de patte et « a » postérieur [ɑ] de pâte n’est pas toujours clairement établie.

2.1.4. L’arrondissement ou le trait de labialité

Ce paramètre permet distinguer trois classes de voyelles sur la base des mouvements des
lèvres. Lorsque pour une classe, les lèvres sont arrondies et projetées vers l’avant formant la
cavité labiale, on obtient les voyelles dites arrondies ou voyelles labiales. Ce sont par
exemple [y], [ø], [œ], [œ̰], [u], [ɷ], [o], [ɔ], [ɔ̰] etc. En revanche, lorsque pour une classe, les
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lèvres sont étirées vers l’arrière, on obtient des voyelles étirées ou non-arrondies. Comme

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voyelles étirées, on peut citer [i], [ɩ], [e], [ε], [ε] etc. Mais lorsque, pour une classe, les lèvres ne
sont ni arrondies, ni étirées, on obtient des voyelles neutres, comme [ə] et [a].

2.1.5. L’avancement ou A.T.Rité

Ce paramètre permet de dégager des classes de voyelles sur la base de la position de la racine
linguale ou radix, à la base de la langue, lors de leur production. Le terme généralement
retenu pour caractériser cette position est ATR, sigle du terme anglais « Advanced Tongue
Root ». Lorsque la racine linguale est en position de repos ou en position rétractée, les
voyelles produites sont dites rétractées ou –ATR. Ce sont par exemple [ɩ], [ε], [ɷ], [ɔ], [a]
etc. En revanche, lorsque la racine linguale est portée vers l’avant, les voyelles produites sont
dites avancées ou + ATR. Au nombre de celles-ci, on peut citer [i], [e], [u], [o] etc.

Tels sont les paramètres d’après lesquels les timbres vocaliques peuvent être décrits. Il faut
préciser que les cavités supraglottiques dont les différents organes articulateurs déterminent la
qualité finale du timbre vocalique n’interviennent pas indépendamment les unes des autres.
Au contraire, les timbres vocaliques sont le résultat de l’action synergique des cavités et de
leurs organes articulateurs.

2.2. Quelques caractéristiques phonétiques particulières des voyelles

Comme les consonnes, les voyelles présentent des caractéristiques phonétiques particulières.

2.2.1. L’ « e » caduc et les voyelles [ø] et [œ]

La voyelle [ǝ] est dite « e » caduc, parce que la réalité sonore qu’elle représente peut être
omise dans certains contextes, comme dans les mots français tirelire qui peut se prononcer
[tirǝlir] ou [tirlir].
Les voyelles [ø] et [œ] sont de plus en plus interchangeables, si bien que leur valeur
distinctive tend à disparaître en français moderne. Ex. b œuf [bœf] ou [bf], neuf [nøf] ou
[nœf]. Par ailleurs, [ø] et [ǝ] s’emploient souvent de façon complémentaire : on n’emploiera
[ǝ] lorsque la réalité sonore qu’elle représente dans le mot peut être omise (peut ne pas être
prononcée). Mais lorsque cette réalité sonore ne peut être omise dans le mot, on la
représentera par [ø]. Ex. monsieur le maire [mǝsjølǝmεr] ou [msjølmεr], le petit chat
[lǝpǝtia] ou [lptia]

2.2.2. L’allongement vocalique

L’allongement peut, dans une langue donnée, être une caractéristique propre à la voyelle qu’il
frappe. Dans cette langue la distinction entre voyelle longue et voyelle brève implique une
distinction au niveau de la signification. Il se marque par les deux points « : » après le
symbole de la voyelle en question. En anglais, les voyelles longues peuvent s’opposer à des
voyelles brèves, mais cette opposition est doublée de l’opposition tendu / lâche. En effet, la
voyelle longue est tendue, tandis que la voyelle brève est lâche. Ex. heat [hi:t] « chaleur » / hit
[hɪt] « coup »; pool [pu:l] « bassin » / pull [pʊl] « attrait, influence ». L’allongement peut

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aussi être un phénomène contextuel. Il se manifeste lorsqu’une voyelle à la fin d’un mot est
identique à celle à l’initiale du mot qui suit ou encore comme, c’est le cas en français, il se

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manifeste lorsqu’une voyelle est suivie d’un « r » non prononcé, à la fin d’un mot ou de
syllabe. En français, la séquence Atta a ri sera prononcé [ata:ri]. Le mot cœur peut être prononcé
[k r] ou [k :] et car, [kar] ou [ka:].
L’allongement peut aussi être lié à un fait de prosodie (accent, ton, intonation) affectant une
syllabe donnée dont la voyelle devient tonique, claire et longue et cela peut traduire un certain
état d’esprit du locuteur. Par exemple, la phrase Paul a ri avec la dernière syllabe ri affecté d’un
accent ou d’une certaine intonation traduisant l’étonnement.

2.2.3 La diphtongaison et la triphtongaison

La diphtongaison est un phénomène articulatoire qui aboutit à la formation d’articulations


vocaliques complexes appelées diphtongues. Il consiste dans le passage des positions
articulatoires caractéristiques d’un timbre vocalique donné à celles d’un autre timbre. La
diphtongue se note par les symboles représentant les timbres en jeu. Les diphtongues se
rencontrent dans un certain nombre de langues au nombre desquelles l’anglais et l’allemand.
[ǝʊ], [ɔɪ] et [aɪ] sont des diphtongues qu’illustrent respectivement les mots anglais suivants
no [nǝʊ] « non », boy [bɔɪ] « garçon » et tie [taɪ] « nœud ».
Les triphtongues sont aussi des articulations complexes pour la production desquelles
les positions articulatoires caractéristiques d’un timbre donné passent à celles d’un deuxième
timbre puis à celles d’un troisième. En anglais, le mot fire [faɪǝ] « feu » illustre la triphtongue
[aɪǝ], le mot our [aʊǝ] « notre / nos », la triphtongue [aʊǝ].

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