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CM – Langue et société

Sciences du langage, Sociolinguistique, Langue et Société (Université


Clermont-Auvergne)

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CM – Langue et société (Damien CHABANAL, bureau 321)

LANGUE ET SOCIETE
Objectif du cours : étudier la coordination, le rapport entre la langue et la société (ceux qui
utilisent la langue) // sociolinguistique (Discipline, des A60)

 Quels sont les enjeux de la sociolinguistique ?

. La langue fait l’usage d’un code qui permet de communiquer et d’avoir un certain
positionnement social. Q° de la langue, de la norme. Langue = moyen qui nous permet
d’écrire, de dire des choses. Elle possède certaines attentes dans ses usages. On doit se plier
aux attentes des normes linguistiques imposées par la société. Derrière la langue il y a des
attendus, et des sanctions si on ne respecte pas les codes. Langue -> moyen de réussir
socialement/scolairement. Ex : la question de l’orthographe

. La pluralité des usages, diversité linguistique


Jusqu’où on accepte des usages différents d’une langue ?

Problématique = rapport entre l’usage de la langue et la société

CHAPITRE 1 – QU’EST-CE QUE LE LANGAGE ? QU’EST-CE


QU’UNE LANGUE ?

I – LE LANGAGE ET SA DEFINITION

1. Définition
Langage = un système de signes (écrit/graphèmes, oraux/phonèmes) identifiés permettant une
communication entre une ou plusieurs entités.
Càd que chaque élément d’1 langue a un rôle ds 1 système de communication, et c’est pr ça
que le système fonctionne. Ex : Une phrase doit contenir souvent, au min un sujet et un objet.
Rq : En phonologie, les phonèmes fonctionnent par système d’opposition ex : bateau/gâteau
(le b et le g s’opposent)

2. Chez l’homme vs chez l’animal


 Le système de langue existe aussi chez les animaux.
 Chez l’homme, le langage est la capacité d’exprimer une pensée et de communiquer au
moyen d’un système de signes par un support extérieur ou non (par des gestes).
On peut dire qu’il y a langage à chaque fois qu’il y a existence d’un système de signes
formant un code et destiné à transmettre une information.
Langage = capacité à communiquer, à dire et à SE dire, par le biais d’un code organisé par des
signes pour transmettre une info.

3. Vie sociale et relation entre langage et société


Claude Lévi-Strauss, anthropologue
Pr lui, la vie sociale se définit par un ensemble de communication de 3 ordres :
- L’échange d’informations : par le langage
- L’échange de biens : par l’économie
- L’échange de personnes : par des rites ex : le mariage

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. La relation du langage à la société = le fait que l’on parle à une ou plusieurs personnes. La
relation du langage à la société est facilement constatable, puisque la vie sociale n’est
constituée qu’en grande partie par l’échange d’info, par la communication des individus entre
eux.
. Le langage a pour force de constituer la vie sociale. La société va aussi apporter au langage.
Il y a donc un rapport univoque entre langage et société. La société influence le langage :
des groupes sociaux qui veulent se différencier d’autres (à travers un lexique particulier).
Univoque = Qui n'est susceptible que d'une seule interprétation
Il y a une dynamique perpétuelle et indéniable dans l’évolution du langage et de la société.
(par ex : essor et règlementation autour des langues régionales).

4. Langages naturels et artificiels


Il existe :
- Des langages naturels : les langues du monde
- Des langages artificiels, formalisés : informatique (langage binaire)

Les langages naturels utilisent tous une sémantique et une syntaxe. Il y a respectivement un
sens accordé aux mots (sémantique) et une construction de ces éléments entre eux (syntaxe,
grammaire). => notion de système

En sémantique on ordonne, structure les mots entre eux afin de constituer un système et
d’avoir une organisat° de mot.
En syntaxe, on articule les signes entre eux. Ex : organisation affirmative en articulant la
phrase avec un objet et un complément.
Cela permet de faire une économie de moyen = faire 1 minimum de chose en réorganisant les
éléments de manière différente. Ex : Il vient demain VS vient-il demain ? (Mêmes éléments
inversés)

Rq : cela relève du système linguistique, capacité que nous avons nous seuls êtres humains.
Pdv philosophique : Le langage est aussi la faculté de produire de la pensée, qui permet
d’exprimer les pensées de celui qui l’utilise.

II – LE LANGAGE HUMAIN ET LE LANGAGE ANIMAL

1. Transmission d’information animale


 Est-ce que l’homme parle comme l’oiseau chante ?
Les abeilles, peuvent transmettre des informations sur la situation géographique des fleurs. Du
pdv de la communication ça ne pose aucun doute sur la procession d’un langage. Il y a bien
transmission d’une information.
Les oiseaux, ont des chants différents pour signaler soit leur présence, soit pour séduire une
partenaire.
Certaines espèces utilisent des cris d’alerte différents pour signaler soit la menace d’un
serpent, d’un aigle, d’un léopard.
 Donc on a 1 transmission d’info par un code différent suivant le message voulu. De ce
pdv, communication animale et humaine sont identiques.

2. Créativité du langage humain


La différence entre langage humain et langage animal, repose sur la q° de la créativité. Le
langage hum a la capacité d’exprimer un nb de significations quasi illimité. Alors que la
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communication animale se limite à quelques messages stéréotypés qui se cantonnent à l’appel,


l’alerte, la demande. (La danse des abeilles peut indiquer aux ouvrières la distance de la
source de nectar.)
Le langage hum permet de décrire des objets, des situations, qu’ils soient dans le passé, le
présent ou le futur.
Cette créativité du langage hum résulte de 2 autres particularités ( la double articulation)

3. La double articulation
Le langage h umain est construit à partir d’unités élémentaires : de sons, de sens ; qui
s’assemblent pour former des milliers de mots et de phrases. Le locuteur humain a la capacité
de produire une infinité d’énoncés avec un nb limité de signes (et ça aucun animal n’en est
capable). //Descartes, exemple du perroquet et de l’enfant débile (cf. cours de philosophie du
langage)
+ Le terme technique de « compétence » désigne la capacité qu’a le locuteur-auditeur idéal
d’associer son et sens en accord strict avec les règles de sa langue. (source : Noam Chomsky,
La nature formelle du langage)
Ex : en français, il y a 36 phonèmes, voire 34.
DC l’humain a cette capacité à créer par la combinaison
 C’est ce que les linguistes appellent la DOUBLE ARTICULATION du langage. //
André Martinet

Il y a 2 types d’articulations qui fondent le langage humain :


1ère articulation : les unités sonores, les phonèmes qui peuvent être assemblés pour former
des mots différents.
- Grâce à la combinaison d’éléments entre eux, on peut arriver à former des mots.
Ex : /r/ /v/ /i/ /a/ -> ravi, varie, arrive, vira…
Rq : il y a des contraintes par ex le noyau vocalique. Les langues vont générer des
contraintes de combinaison.
- Grâce à l’opposition : des sons différents entrainent un changement de sens
Ex : /b/ et /g/ ; [bato] bateau VS [gato] gateau
ème
2 articulation : les unités de sens, elles permettent par combinaison de composer une
infinité d’énoncés. Ex : l’organisation grammaticale d’une phrase
 L’humain est doté de cette double articulation contrairement à l’animal.

4. La représentativité
Autre différence hormis la créativité, c’est la représentativité.
Un mot n’est pas seulement un signal, qui peut exprimer une émotion. Le langage humain
repose sur des signes arbitraires qui renvoient à des représentations du monde.
Ex : Paul est à Lyon -> je peux me représenter cette personne et donner des infos sur sa
situation.

Résumé
. On peut définir le langage comme une capacité à communiquer à l’aide d’un code
commun que l’on appellera la langue.
. Ce code commun est inhérent à une communauté linguistique.
. Il y a différents types de langue et de systèmes de communication (Langues naturelles /
langues artificielles)
. A la différence du langage animal, le langage humain est doué de créativité, de
représentativité et d’une double articulation, lui permettant d’engager un nombre illimité
d’énoncés à partir d’un nombre limité d’éléments linguistiques.

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III – QU’EST-CE QU’UNE LANGUE ?

1. Définition
Langue = l’outil qui permet de rendre le langage effectif. (Le langage est une fin et la langue
en est le moyen.) C’est un système de signes commun à un groupe social voire à une
communauté linguistique. C’est une convention, un accord (entre francophones par ex).

2. Caractéristiques
Remarque : Il y a différents types de langues : les langues naturelles, et les langues
artificielles. La linguistique analyse surtout l’étude des langues naturelles.
 La langue est vue comme ce système de signes doublement articulée avec des unités
distinctives, minimales (les phonèmes) et des unités significatives (les morphèmes =
morceaux qui ont une signification). Ex : parti/ra -> deux morphèmes.
 Une langue est un code partagé, reconnu, dans 1 communauté donnée.
 Du pdv sociolinguistique, on peut s’interroger sur la langue française comme une et
indivisible. Mais aussi des autres langues : des informaticiens, des médecins, des
enfants. Toutes ces langues répondent aussi à cette même définition de la langue une,
la langue française.
 Comment les langues parlées dans des communautés diverses sont reconnues, comment
elles fonctionnent et est-ce qu’elles coexistent avec la langue nationale ?
La langue est un code, ayant une communauté derrière et une identité qui peut naître d’une
opposition à la langue nationale.

IV – LA LANGUE COMME OBJET DE LA LINGUISTIQUE

A/ La linguistique
La linguistique est une science humaine récente du début XXe. Elle a le besoin de délimiter
son objet d’étude. Avant, on se contentait de comparer les langues entre elles. On n’avait pas
de méthode scientifique pour appréhender le langage.

B/ Ferdinand de Saussure
. C’est Ferdinand de Saussure qui va être le père de la linguistique moderne. (Cf. le cours de
linguistique général).

 LE LANGAGE EST MULTIFORME ET HÉTÉROCLITE


Selon lui, le langage est multiforme et hétéroclite (= dont la déclinaison, la conjugaison ne
suit pas la règle ordinaire). Càd que nous avons tous une ID vocale qui fait que notre
réalisation sonore est différente. Et lorsque la même personne prononce une même syllabe
plusieurs fois, la sonorité sera quand même différente.
Devant ce chaos de variations permanentes, Saussure fait un choix épistémologique. Il décide
de faire une distinction entre langue et parole (dichotomie = Division en deux).

 ETUDE DE LA REALISATION LINGUISTIQUE (L’utilisation du langage


dans les faits)
Saussure va étudier la langue, sa réalisation linguistique.
Saussure va distinguer à l’intérieur du langage, l’ensemble des phénomènes liés - de près ou
de loin - à son utilisation ; qu’il regroupera sous le nom de « parole ». Et de l’autre, l’objet du

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linguiste càd l’aspect de ces phénomènes sur lequel le linguiste doit se pencher à savoir la
langue. Il le ramène à un système déshumanisé, sans se soucier de qui sont les locuteurs.
. Il voit la langue comme un objet stable et invariant. C’est un modèle qui ne prend pas en
compte les usagers qui parlent. Est-ce qu’on peut se passer d’une réflexion sur qui parle
lorsqu’on étudie la langue ?

 LA LANGUE VS LA PAROLE
Langue = Objet stable et invariant que Saussure va appeler ce « bien collectif »
Parole = utilisation individuelle, qui est forcément différente d’un individu à l’autre dans son
utilisation
=> Vision dichotomique, linéaire.
+ On appelle en linguistique invariants les éléments qui restent constants (ou que l'on
considère comme constants), par opposition aux variables, dont on étudie les diverses valeurs,
par exemple lorsque l'on met en rapport une série de faits (sociaux) et une autre série de faits
(linguistiques).
Ex : Si l'on compare le comportement linguistique d'un individu à deux périodes de sa vie,
l'individu lui-même, dans son intégrité physique, est l'invariant ; les variations de son
comportement seront ramenées à la variable temps (modification de sa personnalité,
influences sociales, par exemple). (Source : CNRTL)

 LA LANGUE FAIT L’USAGE D’UN CODE


Ce code pour Saussure est un ensemble de règles qui s’imposent à l’ensemble des usagers.
Les règles du code concernent les correspondances qui ont lieu entre les composants du
langage. Et à travers cette composante du langage, le signe linguistique.
Le signe linguistique a deux faces (idée de médaille) :
- Le signifiant : la réalisation sonore, l’image acoustique
- Le signifié : le concept abstrait
L’organisation des signes en séquences, comme des phrases, repose sur l’exploitation
individuelle de la langue, càd la parole. C’est à moi que revient la décision d’organiser l’ordre
que je souhaite donner à ma phrase.
La démarche de Saussure est épistémologique (= qui se rapporte à l'acte de connaissance
scientifique).

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CHAPITRE 2 – NAISSANCE DE LA SOCIOLINGUISTIQUE


Rappel : Une langue : un code, une norme sociale
Problématique : est-ce qu’on parle tous le même français ? Est-ce qu’on respecte tous la
même norme du français ? Existe-t-il d’autres formes de codes et de normes ? Si oui,
comment co-existent-ils ?
Question de l’évaluation : il y a-t-il une langue qui est mieux/plus reconnue/officielle que
l’autre ? Question sociolinguistique

I - FERDINAND DE SAUSSURE ET ANTOINE MEILLET : DEUX


CONCEPTIONS SOCIALES DE LA LANGUE

1. Exposition des différentes conceptions de la langue

Pour Ferdinand de Saussure, la langue est séparée de la parole. Elle doit être étudiée en elle-
même et pour elle-même. Donc loin de ses utilisateurs et loin de la réalisation individuelle
qu’il assimile à la parole. En effet, il exerce une dichotomie (opposition) entre langue et
parole.
La langue, on peut l’étudier mais sans les locuteurs qui la parlent, car il y a selon lui, autant de
réalisation de la langue qu’il y a d’individus, et donc autant de réalisations qui font qu’on ne
peut jamais appréhender la langue comme un système stable.
L’objet seul de la linguistique c’est la langue càd l’élément que l’on doit soustraire des
utilisateurs, pour bien étudier intrinsèquement la linguistique, et en extraire toute subjectivité.
Comme si la langue était un trésor collectif qui nous est donné à la naissance.
 Langue = Trésor politique qu’on peut décrire sans faire appel aux usagers

Antoine Meillet, linguiste français, dialectologue, il s’occupe de recueils exhaustifs des


différents usages du français d’un village à l’autre, et il en reprend la diversité.
Il souligne à l’opposé de Saussure, le caractère social de la langue. Il la définit comme un fait
social. « Les limites des diverses langues tendent à coïncider avec celles des groupes sociaux
qu’on nomme des nations. »
 C’est le groupe social qui créé lui-même la langue.

Emile Durkheim « la langue existe indépendamment de chacun des individus qui la parlent
et bien qu’elle n’ait aucune réalité en dehors de la somme de ces individus, elle est cependant
de par sa généralité extérieure à lui. »
 S’il n’y avait pas de locuteurs, il n’y aurait pas de langue. Ce qui fait exister une langue
c’est les locuteurs. Il y a donc un double mouvement de l’intervention du locuteur sur la
langue ; et la langue a sa propre évolution indépendamment du locuteur.
Il y a à la fois un caractère d’extériorité de la langue face à l’individu ; mais aussi de
coercition (= fait de contraindre), qui fonde le caractère social même de la langue.

Contexte historique :
D’une part, groupe de certaines linguistiques ayant une approche descriptive.
D’autre part, groupe de certaines linguistiques ayant une approche scientifique (ex :
Saussure).
Son but est de dégager des principes linguistiques qui définissent les langues du monde.
Démarche épistémologique.

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2. Réponse de Meillet
Antoine Meillet, après avoir lu le CDLG, dit qu’en séparant le changement linguistique des
condition extérieures dont il dépend, Saussure le prive de sa réalité. Il le réduit à une
abstraction qui est nécessairement inexplicable. (Abstraction = la langue aurait son propre
moteur d’évolution  Théorie néogrammairienne.)
 Or, celui qui fait la langue, c’est le locuteur, par un besoin de précision, de
communication. Par exemple : besoin de créer de nouveaux mots pour le langage
informatique.

3. Différentes approches de la linguistique


Linguistique externe : analyse de ce qui concerne la langue en fonction des environnements
de cette langue. Elle conditionne notre discours, notre code.
Ex : « je dois me casser j’ai faim ». vs « Monsieur, j’ai grand appétit, je dois m’en aller ».
-> Ce que Meillet souhaite.
Linguistique interne : quand on travaille sur la grammaire (pas en lien avec les individus) ->
approche de Saussure.
 Saussure sépare l’approche interne de la linguistique, de l’approche externe ; tandis
que Meillet associe ces deux approches.

On peut aussi séparer la linguistique selon deux types d’étude :


Etude diachronique = évolution des usages suivant le temps
Etude synchronique = étudier la langue à un moment donné
 Meillet pense qu’on peut combiner les deux types d’études

4. Différents objectifs
Saussure cherche à mettre au point un modèle à afficher de la langue.
Meillet est dans l’entre 2, entre la reconnaissance du fait social - et le système où tout se tient
(régularité, stabilité). Meillet se demande comment faire apparaître l’homogénéité dans
l’hétérogénéité. C’est une question qui va traverser toute la sociolinguistique.

 Peut-on décrire la langue française, en lui donnant différente modalités possibles, suivant
des critères définis ?
La langue française est parlée par les locuteurs francophones, mais peut-être qu’il y a des
similitudes parmi les jeunes francophones, les séniors francophones, les enfants
francophones… Donc on admet qu’il y a des groupes sociaux différents qui parlent
différemment le français. MAIS on peut trouver des récurrences et un système propre, à
chacun de ces groupes sociaux différents.

5. La question du caractère social de la langue


Pour Antoine Meillet, on ne peut rien comprendre à la langue et à son étude sans faire
référence au social, à la diachronie, càd à l’histoire de ces individus engagés dans leur
langue. Qu’est-ce qui a amené aujourd’hui les jeunes à parler ainsi ? Tous ces éléments ont
une causalité à rechercher dans les faits sociaux. (Ex : le langage sms)
Sur ce point Saussure est obligé de reconnaitre l’influence du social, que la langue est une
institution sociale. Mais il ne se donne aucun moyen de le démontrer.
Antoine Meillet, apporte des éléments méthodologiques. Il dit « La langue, est un fait social,
ainsi il en résulte que la linguistique est une science sociale, et que le seul élément variable

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auquel on puisse recourir pour rendre compte du changement linguistique, est le changement
social. »  Donc l’analyse de l’évolution de la langue ne peut se faire que par l’étude de ce
qui a motivé ce changement.
6. Résumé
. Pour Saussure, la langue est élaborée par la communauté (ex : communauté francophone),
en cela elle est sociale. Mais ce social est homogène, tout le monde parle la même langue
indépendamment de l’histoire des individus et de leur intervention. Il distingue donc, de
manière très étanche : la langue - et les locuteurs qui la parlent, càd la réalisation
individuelle soit la parole.
. Pour Meillet, la langue est un fait social, et l’influence du social est au fondement du
changement linguistique.

 Autrement dit ; ils ont différentes entreprises


Louis Jean Calvet, a beaucoup travaillé sur la mort des langues.
Il dit que l’entreprise de Meillet est programmatique, car Meillet souhaite que l’on insère
dans la linguistique cette dimension sociale.
Il dit que l’entreprise linguistique de Saussure est terminologique, car Saussure veut
élaborer le vocabulaire de la linguistique pour asseoir théoriquement cette science. Il veut
créer les conditions de l’existence d’une science humaine que serait la linguistique.

CONCLUSION
Saussure a un discours de caractère structural qui permet d’étudier les aspects formels de la
langue, càd comment elle s’organise, de quoi elle se compose.
Meillet a un discours qui va viser les fonctions sociales. Quelles fonctions, impact sociétal ça
a sur la langue ?
Remarque : au 20ème siècle, l’usager est omniscient dans la langue

II – BASILE BERNSTEIN ET LA QUESTION DES HANDICAPS


LINGUISTIQUES

A/ Présentation

 Qui est Basile Bernstein ? Quel est son domaine d’étude ?


Basile Bernstein est un sociologue de l’éducation. Il n’est pas linguiste !! Il va se pencher
sur des corpus linguistiques (enregistrements audio, rédactions, textes) d’enfants,
d’adolescents ; et mettre en relation ces corpus avec l’appartenance sociale des locuteurs.
Il veut voir si les enfants de milieux défavorisés réussissent moins bien à l’école. (Il est dans
la tradition de Meillet). Il veut voir ce que le milieu social entraine du point de vue des
usages linguistiques. Nouvelle démarche : on s’intéresse aux différences sociologiques.

 En quoi consiste son expérience ?


Il fait passer des tests à des enfants dont il retient l’origine sociale des parents (classe
ouvrière, moyenne, supérieure, prestige). L’expérience porte sur une bande dessiné muette.
Les enfants doivent remplir les bulles des BD. Il y a notamment une planche où des garçons
jouent au ballon. Le ballon s’envole et brise une vitre dans le voisinage. Un homme apparaît
qui réprimande les enfants. La scène est observée par une femme accoudée à sa fenêtre. Les
garçons s’en vont. L’enfant est chargé de rédiger ces différentes actions dans les bulles.

 Que constate-t-il ?

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Basile Bernstein constate la chose suivante :


Les enfants issus de milieux défavorisés vont produire un texte qui ne fait que peu de sens
sans le support des images. Ils restent très terre-à-terre, sur des faits, sans reconstruire d’eux
même abstraitement, rationnellement, un texte structuré. Pas d’aspect réflexif, d’outil pour
argumenter, raisonner.
Les enfants de milieux favorisés produisent un texte autonome, plus normé et très bien
articulé avec des connecteurs logiques, qui montrent une relation de cause/conséquence, une
temporalité. Ex : « des enfants jouent au football, l’un chute, le ballon traverse la fenêtre et
casse le carreau. »
 Basile Bernstein va faire l’hypothèse de : la capacité de raisonnement - ou de logique
- différent d’un milieu à l’autre.

B/ Quel est le but de l’expérience ?

 CONTEXTE
USA, années 60, énorme échec scolaire. Il remarque que les enfants de la classe ouvrière
présentent un taux d’échec bcp + grd que ceux des classes aisées.

 Distinction de deux codes


Après avoir établi ces différences, il va parler de deux codes :
- Code restreint : grande prédictibilité syntaxique
- Code élaboré : faible prédictibilité syntaxique
Remarque : C’est une façon maladroite de définir les codes // déterminisme.
On prédit rapidement que l’enfant du code restreint va utiliser avec récurrence les mêmes
formes syntaxiques + absence de connecteurs logique.
 Basile Bernstein met en avant la fréquence égocentrique càd que l’enfant du milieu
défavorisé dit souvent « moi je » et n’arrive pas à se décentrer et à parler des autres et dire par
ex « l’enfant » pour donner de la hauteur à son discours.

 Quelle est la thèse principale de Bernstein ? Quel observation fait-il ?


Dans ses travaux, Basile Bernstein travaille principalement sur des problèmes de
logique et de sémantique. (Les enfants d’un milieu défavorisé manquent de logique, de
raisonnement, d’abstraction. Ils ne parviennent pas à s’extraire de l’immédiat.)
Sa thèse principale est que l’apprentissage et la socialisation sont marquées par la famille
dans laquelle les enfants sont élevés. Que la structure sociale détermine entre autres
choses les comportements linguistiques.
Le code restreint m’empêche de développer ma pensée. C’est par les structures
complexes, variées, que je dvlp ma pensée et mon raisonnement. La langue de l’école,
selon Bernstein est basée sur cette attente-là. Si la langue de l’enfant est la langue de
l’école (càd un code élaboré) alors l’enfant dvlp sa pensée et il réussit socialement…
=> reproduction sociale, déterminisme.
 Bernstein pose ici objectivement la question de l’héritage linguistique qui va
conditionner notre réussite scolaire, sociale et notre dvlpmnt de la pensée.
Remarque : Le caractère dramatique de cette théorie est que les enfants venant de
milieux défavorisés, sont défavorisés linguistiquement et aussi intellectuellement. Les
éléments linguistiques conditionnent les dispositifs cognitifs (raisonnement,
mémoire…) ET l’école renforce les inégalités sociales. Au lieu de s’adapter, l’école
facilite les favorisés, et fait chuter d’autant plus ceux des milieux défavorisés.
 L’observation de Bernstein est que l’école ne comble pas les écarts entre les enfants,
mais à tendance à les creuser.
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C/ Quelles suites à cette étude ?

A partir de cette étude, qui a marqué l’entrée de la sociolinguistique dans la sphère scolaire, il
y a eu 2 thèses qui se sont opposées et qui ont développé 2 façons de concevoir les résultats de
Basile Bernstein : la thèse du déficit, et la thèse de la différence.

1° LA THESE DU DEFICIT

 Définition
La thèse du déficit : La langue y est vue ici comme un éventail de ressources.
Les membres des classes populaires ne font usage que d’un groupe restreint de ses
potentialités. Alors que ceux des classes sociales élevées jouent sur ce que l’on va appeler un
« clavier étendu ».
Càd que les enfants provenant des milieux favorisés peuvent jouer plusieurs notes sur
une gamme étendue. Alors que ceux provenant des classes défavorisées peuvent jouer
seulement sur un ou deux registres.

 Il y a-t-il une corrélation entre niveau de langue et langage ?


Bernstein décide de vérifier la corrélation d’un pdv socio-différentiel :
CODE RESTREINT CODE ELABORE
Exemple de « Ils étaient entrain de jouer au ballon et ils « Trois garçons sont en train de
production shootent et il s’en va et il casse la fenêtre et jouer au ballon. Un des garçons
ils sont tous entrain de regarder et il vient et frappe violemment la balle et elle
il crie sur eux pasqu’ils l’ont cassé. Alors ils traverse la fenêtre. Le ballon brise
s’en vont et elle les regarde et elle dit de la vitre et les garçons sont entrain
partir. » de regarder. Un homme sort et il
crie sur eux parce qu’ils ont cassé
la vitre. Alors ils s’en vont en
courant. Une dame regarde à sa
fenêtre et elle dit aux enfants de
s’en aller. »

Analyse . Caractère implicite des informations . 8 noms et 6 pronoms


données (ils, elle, il, ?) . Plusieurs qualificateurs : trois, un
. Association immédiate aux éléments sans des garçons
recul (je vois ceci et je ne me pose pas de . Présence de pronoms
question sur ce que je vois) impersonnels (permet la mise à
. Prédictibilité syntaxique du langage (Bcp distance)
de répétition de « et » x7)
. 2 noms et 16 pronoms = manque de
richesse lexicale
. Compréhension du récit très difficile en
dehors de la situation de référence. 
insécurité linguistique

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Donc = le milieu social a offert à l’enfant des façons de s’adapter, des structures syntaxiques
différentes. Ce qui conditionne la réussite, c’est souvent le stock lexical de l’enfant, (dès la
petite section). L’école ne va lui apporter que 10% de ce stock lexical.
Selon Basile Bernstein la réussite, des membres de la classe supérieure, est attribuable à la
maitrise qu’ils ont des instruments, d’expressions symboliques qu’ils ont en usage dans la
société.
 Les classes défavorisées sont victimes, pour Bernstein, de leur handicap linguistique, qui
joue un rôle sur leur dvlpmnt social et scolaire.

 A quoi est dû ce manque de précision et de langue ?


Insécurité linguistique = sentiment qu’a le locuteur quand il n’est pas certain de pouvoir
donner la langue attendue par l’interlocuteur.  Manque de raisonnement ? Manque de
langue ? ou manque de connaissance ?
Ce manque de précision et de langue a une explication qui viendrait du milieu social, dans le
discours et dialogue entre parent et enfants. Il y a dans le mode éducatif des différences
cruciales qui ont un impact sur la façon de parler, de développer un discours.
Basile Bernstein avance comme argument que le mode verbal le plus présent est : le
mode impératif, sans explication de principe didactique : « tu manges, t’as pas le droit,
tu sors pas ». Cela révèle qu’il n’y a pas d’explication ni de dialogue avec l’enfant.
Cela génèrerait en lui un manque de raisonnement.
Alors que pour les enfants venant de milieux favorisés, en générale on va leur expliquer, donc
avancer des arguments logiques « si tu ne vas pas à l’école ce matin, soit tu auras 0, soit tu
devras t’expliquer avec ton enseignant, soit tu es vraiment malade ».

 Conclusion des travaux de Bernstein


Basile Bernstein a développé « la thèse du déficit » : Objectivement, il y aurait un déficit
mental lié à des performances.
On conclut à ses travaux que la relation qu’il fait entre le handicap social et le handicap
linguistique est circulaire.
 À une condition sociale défavorisée, correspond un certain déficit expressif, qui en
retour bloque toute possibilité de promotion sociale.
On s’est aperçu que ceux qui ne parviennent pas à dépasser leurs difficultés scolaires sont
encore plus culpabilisés.

 Le déterminisme social
L’accès aux privilèges sociaux permet à chaque individu qui a une bonne scolarité et avance
loin dans les études, d’être normalement le plus protégé socialement (en termes de sécurité, de
confort de travail…).
Cet accès aux privilèges dépend visiblement de la maîtrise de tous les instruments
d’expression symboliques en usage dans le groupe. Càd les éléments langagiers qui
sont le symbole d’1 bonne réussite sociale, qui sont les attendus de l’école et plus tard
de la société. Ce sont les divers aspects de la variété standard de la langue.
La langue est une arme fatale de lutte symbolique. Symboliquement, être doté de ces
armes, permettrait de se faire une place dans une société.
Il y a à l’école, dans les institutions scolaires, une violence symbolique caractérisée par
le fait qu’1 individu en échec scolaire subit violement la culpabilité, l’abandon,
l’échec. Elle est caractérisée aussi par de la sanction sociale. C’est ainsi qu’est née
une marche au mérite.
 Basile Bernstein a fait entrer sociologiquement la question du déterminisme social.

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 Isomorphisme entre construction linguistique et cognitivisme.


Isomorphisme = On dit qu'il y a isomorphisme entre deux structures de deux ordres
différents de faits quand elles présentent toutes deux le même type de relations combinatoires.
« Parce que je suis intelligent, je parle bien ; et
parce que je ne suis pas intelligent, je ne parle pas bien. »
-L’absence d’une distinction lexicale renverrait à un déficit conceptuel.
-La complexité syntaxique démarquerait la complexité de la pensée.
-La non utilisation de connecteurs logique signifierait qu’il n’y a pas de connexion logique
entre les évènements pour l’enfant.
 L’école va construire le raisonnement de l’enfant grâce à des raisonnements hypothético-
déductifs.
Hormis la critique qui est faite sur la simplicité de cette relation entre construction
linguistique et cognitivisme ; il y a une énorme différence entre la fonction même de la
langue - càd donner une information - et, la belle langue.

 La pression évaluative
Lorsque l’on fait passer des tests (condition de passation), il y a ce sentiment d’insécurité
linguistique qui va impliquer deux types de fonctionnement :
 La notion d’inhibition (=Arrêt, blocage d'un processus psychologique faisant obstacle à la
prise de conscience, à l'expression, à la manifestation, au développement normal de certains
phénomènes psychiques.)
Elle consiste à : (1) ne pas montrer que l’on ne sait pas, ET (2) vouloir être sûr que ce
que l’on va écrire est juste.
Elle se manifeste par : des phrases courtes et un vocabulaire très simple.
Donc : La pression évaluative, a un effet inhibiteur. Elle me fait dire « j’en fais le
moins possible pour ne pas me tromper, et je réponds au minimum ».
Remarque : Elle pèse bcp plus sur les enfants venant des milieux défavorisés car ils
connaissent déjà l’échec. Donc ce n’est pas le manque de raisonnement cognitif qui
est en jeu ici, mais la pression sociale sur une passation.
 L’hyper-correction (= Le fait de se corriger à outrance, allant même jusqu’à du coup faire
des fautes).
La pression sociale peut mener au phénomène de l’hyper-correction. Le problème
c’est que je ne maîtrise pas parfaitement la langue et je vais faire apparaitre là,
également des fautes qui sont inhabituelles.

2° LA THESE DE LA DIFFERENCE

 Quelle est l’hypothèse de William Labov ?


La thèse de la différence est argumentée par un sociolinguiste : William Labov, dans les
années 60, lors un contexte d’échec scolaire. (Rq : Bernstein, lui, ne proposait rien en termes
de nouveauté pour améliorer l’échec scolaire.)
William Labov, va travailler pour mieux comprendre l’échec scolaire et pour légitimer,
rendre raison à des langues vernaculaires (= dialectes issus de groupes sociaux différents.)
VNA = vernaculaire nord-américain.
Il a une entreprise descriptive : bcp d’études, de recueils d’utilisation de ces langues.
Son hypothèse : ces langues sont tout aussi complexes et riches, que la langue standard. Il n’y
a pas de langue « meilleure » qu’une autre, de langue « déficitaire », il y a : deux langues
différentes. Elles sont toutes deux structurées, complexes, mais elles ne se ressemblent pas.

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(Rq : Le principal reproche qu’on peut faire à Bernstein, c’est d’avoir fait une distinction
entre les langues : standards/élaborées.)

 L’observation participante
William Labov quitte le terrain expérimental. Il faut recueillir les usages naturels, spontanés,
pour éviter la pression sociale.
Il va faire de l’observation participante, càd qu’il va faire appel à des locuteurs issus d’un
même milieu ou même bande, qui acceptent de recueillir des recueils de donnés de la façon
dont ils parlent. Ainsi, les individus parlent librement.
Résultats : il n’y a aucun déficit de la part des locuteurs. Certes les structures, les mots sont
différents de l’anglais standard. Mais le lexique et la construction syntaxique sont tout aussi
variés.

 Qu’est-ce que William Labov observe et que cherche-t-il à décrire ?


Si j’observe un discours, une langue avec une grille (notre langue) ; je n’obtiens pas de
résultat car ma grille ne correspond pas à la réalité de la langue.
William Labov va avoir pour condition de décrire cette langue et de montrer
toute sa complexité. Son analyse est de prendre des groupes sociaux, d’observer leurs usages
et leurs normes. Il va dire que chaque groupe social développe ses propres normes
linguistiques. Les normes par rapport auxquelles les membres du groupe ont à se situer.
On cherche à rentrer dans une démarche d’objectivité. Comme pour tout groupe
social, il va observer que les acteurs les ‘’plus légitimes’’ du groupe (les chefs de bande) ; ce
sont ceux qui se conforment le plus strictement à ces normes (notamment les professeurs).
Ceux qui par contre sont à la marge de cette norme, ont tendance à en sortir, on les figure de
‘’marginaux’’.
William Labov va parvenir à décrire des usages existants dans des groupes sociaux
déterminés.
Dans son analyse vernaculaire, il va bien entendu répondre aux thèses de Bernstein.
Cf. discours d’un adolescent qui ne s’exprime pas très bien sur la mort. La forme n’est pas
très élaborée mais il formule 3 hypothèses et son discours tient une logique.

 Quelle est la démarche de William Labov ?


Les études sociolinguistiques montrent qu’il y a une existence plurielle des langues, de
l’anglais. La crise des conflits de l’anglais standard serait due à un conflit politique. Donc si
on change de regard sur ces langues non standard, si on laisse rentrer à l’école cette « culture
de rue », il y a des chance qu’un autre regard soit posé sur eux et qu’ils apprennent plus
facilement.
La démarche de Labov est de légitimer l’ensemble des langues qui coexistent sur un
territoire. A partir de là, on pourra sortir d’une crise linguistique sur l’enseignement
d’une langue standard.
C’est à la lumière des forces sociales que l’on peut comprendre les crises linguistiques. Donc
ce n’est pas en corrigeant et en sanctionnant les fautes de langue qu’on parviendra à résoudre
ce problème de l’échec scolaire.
Qu’il s’agisse de Bernstein ou de Labov, c’est bien d’une demande dont il s’agit. La
sociolinguistique nait de cette crise de l’enseignement de la langue standard.

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CHAPITRE 3 : OFFICIALISATION DE LA
SOCIOLINGUISTIQUE COMME DISCIPLINE
INTRODUCTION
Beaucoup d’éléments ont participé à la construction de l’officialisation de la
sociolinguistique comme discipline.

En mai 1964, est apparu un colloque à Los Angeles qui a celé officiellement la
naissance de la sociolinguistique. (Colloque = ensemble de chercheurs qui se réunissent
pendant 2 à 4 jours pour débattre, pour présenter leurs travau,x et discuter). Lors de ce
colloque, un certain nombre de chercheurs étaient présents, dont William Labov. Il y avait en
tout 26 participants.

Parmi les thèmes abordés :


 La question du changement linguistique
- Qu’est-ce qui fait que la langue évolue ? Est-ce corrélé ou non à des causes sociales ?
 La question des langues véhiculaires (= dont le code est simplifié et qui servent de moyen
de communication entre des populations différentes)
- Etudier quelles sont ces langues loin d’être standards (opposé de : langue
vernaculaire).
 La question de l’identité du locuteur
- Comment définir l’ID sociale d’un locuteur ? Comment définir l’ID du destinataire ?
Comment définir le contexte ?  Trouver les moyens de dire qu’un individu donné
parle avec un autre individu donné, dans un contexte donné ; et analyser cet échange.
- Comment on peut dire que le discours du locuteur en fonction de son ID sociale,
traduit un certain nb de codes linguistiques ?  C’est parce que je connais bien le
statut de mon locuteur/destinataire/contexte que je peux essayer de systématiser ce
contexte et ce type de discours.
 Les croyances concernant les usages linguistiques (les représentations)
- Qu’est-ce que la langue française représente pour la plupart des locuteurs
francophones en termes d’esthétisme, d’affect ?
- Qu’est-ce que cela conditionne sur l’évaluation des autres discours (//orthographe) ?
 Plus on maitrise une orthographe difficile, plus on est intelligent => croyance. On
croit à la langue française car elle est d’une certaine manière l’histoire du pays, de
Marianne.

Les axes du colloque = 3 grands objectifs


Parmi la conclusion, on va orienter la sociolinguistique en 3 branches :
1. La sociolinguistique comme diagnostique des structures sociales
Càd comme faisant partie d’une analyse ; côté interventionniste. Quels diagnostiques
peut-on faire ? // contraintes sociales qui pèsent sur un pays.
2. L’étude du facteur socio-économique
Quelle importance posent les classes sociales, les CSP (catégories socio-
professionnelles) ? Faire des liens entre le monde socio-économique et la langue.
3. L’aide à la planification
Qu’est-ce que l’on peut mettre en place pour améliorer les situations
sociolinguistiques difficiles ? Une langue ou un pays peut être en situation
diglossique.

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Le concept de diglossie = quand on a dans un même espace géographique, une langue


dominante/officielle - et une ou plusieurs langues dites dominées - qui coexistent, et
vivent plus ou moins bien cet cohabitation. Càd qu’il n’y a pas de statut égal entre les
langues.  Ces situations diglossiques existent de par le monde. Le rôle de la
sociolinguistique est en partie d’améliorer cette cohabitation.

I – QUEL EST LE CONTEXTE QUAND CES 26 CHERCHEURS SE


REUNISSENT ?
Tous les participants sont dans une situation de défensive (offensive). Il y a un danger.

 La grammaire générative de Chomsky


Ces chercheurs se sentent menacés par la linguistique générale, de Noam Chomsky.
Père de la linguistique générative = elle prétend que tout individu dès sa naissance a
en lui une grammaire intériorisée constituée d’un ensemble de règles préétablies, une
« grammaire innée » chez tout locuteur ; qui va se dvlper indépendamment de
l’environnement de l’enfant. Boite noire = le cerveau.
Les enfants peuvent produire des phrases qu’ils n’ont jamais entendu auparavant, donc il y a
une faculté à produire des phrases nouvelles. Ces règles se génèrent elles même (d’où le terme
« générative »). On est tjrs dans la question de l’analyse d’une langue une et indivisible
qui ne doit rien à la question du social.
Le statut de l’environnement ou des parents serait seulement un élément déclencheur. On peut
comparer la question de l’acquisition de la langue, à l’acquisition pour l’araignée de tisser sa
toile. Personne n’a expliqué à l’araignée comment le faire.

Noam Chomsky met en avant une autre dichotomie que Saussure.


Compétence VS Performance
Compétence = ensemble de règles qui vont permettre à l’individu de réaliser la langue, et qui
nous régissent tous locuteurs.
Performance = réalisation individuelle de cette compétence.
 Ce qui l’intéresse ce n’est pas le produit de l’activité verbale, mais la compétence
concernée.

Face à cette lgstq générale et générative, les linguistes sont assez inquiets. Ils
recommandent l’accentuation sur les communautés lgstq et sur leur répertoire. Montrer qu’il y
a des variations à ce qu’on pretend être la langue une et indivisible. La sociolinguistique est
née contre le générativisme.

 La linguistique basée sur l’abstraction


La lgstq qui a dominé le 20e s (de Saussure à Chomsky) était basée sur une abstraction (= càd
qqch de non lié à celui qui la parle.) On parlait de la langue comme un concept (ou on parlait
de ‘compétence’ dans le cas de Chomsky).
Faire de la langue une abstraction, rendait impossible la compréhension des phénomènes
de communication. On déshumanisait l’usage de la langue, on confondait communication
avec des codes. On tentait d’extraire la matière, de l’organe vivant - qui conditionne cette
matière. Soit on évoquait - dans le cas de Saussure – des éléments figés, au sens unique, hors
contexte. Soit des machines à produire des phrases – dans le cas de la grammaire générative.

A partir de là, 2 tendances vont se dégager :


1/Soit une rupture radicale avec la lgstq structurale

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Gumperz = il souhaite une rupture épistémologique avec la lgstq (=discipline qui


étudie l’histoire et la conceptualisation des sciences) càd repenser la lgstq autrement,
avec une autre démarche scientifique. Il souhaite « mettre systématiquement l’accent
sur ce que nous considérions à l’époque comme les relations entre structures lgstq et
structures sociales. »  On doit partir de la lgstq sociale, pour ensuite remonter à une
analyse de la langue.
2/Soit une cohabitation, un ajout de la dimension sociale dans la lgstq structurale.
 expliquer un usage qui n’est pas conforme aux normes, se demander s’il n’y a pas
un groupe qui fait cette même faute, et faire devenir cette « faute » comme un usage
admis dans la société.

II - LA DEFINITION DE LA SOCIOLINGUISTIQUE EN 1966

 Expliquer la covariance linguistique comme corrélée aux différences sociales


Citation de William BRIGHT « La tâche de la sociolinguistique est donc de montrer la
covariance systématique des structures linguistiques et des structures sociales, et peut-être
même de montrer une relation causale dans un sens ou dans l’autre. »
Covariance = fait que les choses varient l’une par rapport à l’autre. Une structure lgstq va
varier en fonction d’une structure sociale, et réciproquement.
 Pose la question de la langue seconde, de la langue de l’apprenant… Ex : l’argot a été créé
par les voyous qui ne voulaient pas être reconnus par la police.
« Les sociolinguistes s’opposent à la lgstq générale, sur un point, à savoir qu’ils considèrent
que les langues ne sont pas homogènes et monolithiques, mais qu’elles sont soumises à des
variations. » Il insiste en disant que « l’une des tâches principales de la sociolinguistique, est
de montrer qu’une telle variation ou diversité n’est en fait pas libre, mais qu’elle est corrélée
aux différences sociales systématiques. »
Monolithique = Qui est tout d'une pièce, sans nuance, rigide, inébranlable.
 On peut déceler dans l’hétérogénéité - des usages qui sont communs, et des phénomènes
qu’on peut décrire. Cet hétérogène est structuré par des causalités sociales, et structurable
d’un pdv linguistique.

 L’éthnographie de la communication
Il va émerger dans un 1er temps, un consensus (=accord) sur un objet d’étude : l’ethnographie
de la communication. (Ethnographie : méthode en sciences sociales dont l’objet est l’étude
descriptive et analytique sur le terrain des moeurs et des coutumes de populations
déterminées.)
-Reflexion antrophologique qui consitait à voir les rites culturels, sociaux. Ethnographie,
analyse de la communication, du langage dans ces communautés avec l’outil méthodologique
déjà existant.
-Approche sociologique : on va donner une importance décisive au contexte dans lequel se
déroule l’interaction (dialogue entre 2 personnes min.)
 Quel est le contexte physique et socio-culturel de cette interaction ? Qui parle ? Dans quel
endroit ? Dans quel but ? En fonction de quelle culture ?

 Expliquer les usages linguistiques grâce aux contextes


Gumperz affirme que la signification, la structure et l’emploi du langage sont socialement et
culturellement relatifs. Les modes d’actions ne viennent pas in abstencia (à partir de rien), ils
proviennent de contextes culturels et sociaux. Si on veut expliquer les usages lgstq, il faut
expliquer les contextes qui ont donné existence aux usages. Il veut étudier la manière dont

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les structures lgstq sont utilisées par différents groupes sociaux qui interagissent et comment
elles deviennent des répertoires spécifiques.

 La compétence communicative
Del Hymes, va mettre en avant le concept de compétences communicatives. Ce concept fait
écho aux concepts de compétence de Chomsky, (qui est un pur produit cognitif - qui lui est
construit sans lien avec l’environnement social.)
. Hymes, lui va mettre en avant que la langue doit être vue comme un instrument de
communication qui n’est pas indépendant de son dévlpment et de son utilisation. La
compétence communicative va au-delà du code lgstq. Elle prend en compte le savoir social et
culturel. « Pour parler il faut aussi savoir utiliser la langue de manière appropriée dans une
grande variété de situations. » La langue c’est aussi qqch qui est dépendant d’un savoir
culturel et social pour l’utiliser dans des situations adaptées, et il y a réellement une
compétence à acquérir : la compétence communicative. Savoir quel type de discours
utiliser selon quel type de contexte. Selon Hymes, on doit savoir utiliser la langue de manière
appropriée, dans une grande variété de situations.
Ex : Il y a des codes culturels qui ne sont pas partagés par toutes les cultures (faire la
bise) au-delà du code linguistique. Cette compétence va s’acquérir à travers les
interactions qu’on a.
Ex : Savoir gérer les tours de paroles ; savoir de quoi parler dans quelle situation (ex :
demander à qqn pour quel président il a voté en France vs. aux Etats Unis).
. Avec la compétence communicative, son but est de comprendre pq il y a des langues
différentes et pq il y a des conflits entre ces langues. Son idée est la suivante : les besoins
communicatifs d’une société ou d’une communauté ont une influence directe sur le
comportement langagier. Il y a donc des rapports entre la structure de la communication et
la structure sociale, ainsi qu’entre structures et fonctions communicatives.
=>L’objectif de l’ethnographie c’est de pouvoir découvrir ces structures, décrire les règles
communicatives, les rituels d’interaction entre les locuteurs d’une même communauté, et qui
peuvent varier d’une situation à l’autre, d’où l’importance du contexte.

 Etude des rites d’interaction quotidiens


Erwin Goffmann, sociologue, a étudié les rites d’interaction de la vie quotidienne. Il prend
l’exemple d’un serveur de restaurant qui a une face public (servir des clients -> démarche
calme, sourire, qui font partie d’un rituel). Il a aussi accès à la cuisine où il peut parler avec
ses collègues (tout autre langage, rapidité, pression -> le discours ne peut pas être le même).
Et c’est une même personne ! Donc : Si on veut comprendre la langue, il faut étudier les
contextes. Car la langue de ce serveur est à la fois la langue devant les clients, et aussi celle
de la cuisine.

III - LES 3 GRANDS AXES DE LA SOCIO-LINGUISTIQUE

1/ Tendance à une linguistique d’urbanisation


L’urgence de traiter des questions sociolinguistiques dans les grandes villes. La question des
banlieues, l’urbanisation, l’arrivée des populations -> tous les individus d’origine sociale
différente se retrouvent dans un même espace. Le but est de montrer que la standardisation
d’une langue, sa stabilisation etc, est en rapport direct avec le degré d’urbanisation de
ses locuteurs. L’urbanisation d’une ville engendrerait une standardisation.

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2/ Tendance à l’ethnographie de la communication


Elle va glisser vers la sociolinguistique en réalité // Del Hymes

3/ La question du plurilinguisme et de la politique linguistique


Comment gérer cette coexistence entre les langues et vis-à-vis d’une langue officielle ?
Plurilinguisme = pluralité de langues dans un même espace. Comment se passe
l’enseignement d’une langue nationale VS d’une langue régionale ? Quelle place leur fait-on ?
 Cela nécessite de connaître la culture et langue afin de déterminer une politique
linguistique.

IV – LES INTERETS DE LA SOCIOLINGUISTIQUE


Les 3 axes de la sociolinguistique sont dépendants de 4 préoccupations.

 1ère préoccupation
La linguistique de terrain ou lgstq appliquée (en opposition à la « linguistique de
laboratoire »), c’est aller voir comment les gens parlent, et dans quelles conditions, et de
relier ces conditions d’énonciation à la parole. Il faut prendre compte des usagers et
contextes pour pouvoir étudier la langue.
Cette idée d’analyse du terrain vient rompre avec l’idée de la langue comme structure
invariante. Effectivement, si un seul linguiste prend ses propres usages, les décortique, et
déclare à partir de cela, que la langue qu’il emploi est la langue du monde ; il va définir une
structure invariante. Or ce n’est pas scientifique, cela ne constitue aucune validité car c’est
son usage personnel. Il y a des linguistes qui ont travaillé sur des usages différents en
Norvège, au Paraguay, à Chicago, à NY - et ont déclaré que la langue a bien des usages
différents selon qui la parle.
Il y a un glissement : on parlait à la base d’un ‘informateur’ pour décrire la langue
(introspection // grammaire générative). Càd que le linguiste, par introspection, était en
mesure d’aller retrouver la structure même de sa langue. (L’introspection était une pratique au
cœur du début de la psychologie.) On a pensé que le sujet était le meilleur représentant de
son comportement mental. Ce qui a très vite été rendu inapte à la science : difficultés du
sujet à s’auto-analyser et aussi il y a autant d’analyse que de personnes : impossible d’en faire
une science.  Cette introspection va être relâchée en lgstq au profit de l’analyse de
communautés ; par exemple l’origine géographique. Ce sont des variables indépendantes.

 2nd préoccupation
La question du changement linguistique = l’évolution de la langue mise en relation
avec des faits sociaux. Ce sont les locuteurs qui, pour des besoins socio-économiques ou
socio-identitaires, font évoluer la langue. Ex : besoin d’un nouveau lexique pour des
innovations technologiques. C’est un facteur primordial. L’individu socialement marqué dans
un groupe va faire évoluer la langue.
Deux hypothèses que la langue évolue :
1° Elle évolue en elle-même et pour elle-même. Il n’existe en elle qu’un moteur de
développement, une dynamique, qui n’a aucun rapport avec l’intervention des locuteurs. Elle
évolue par son dynamisme.
2° La langue n’évolue que par les contacts et le besoin de sa communauté.
Labov a étudié les locuteurs qui font - selon lui - évoluer la langue le plus vite. Etude à
NY, dans différents milieux avec une variable de genre (femme/homme). Il s’est aperçu qu’en
terme d’évolution cognitive de l’anglais ; ce sont les locuteurs femmes de la classe moyenne

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qui tendent à faire évoluer de manière significative la langue anglaise, par un besoin
d’émancipation, et par besoin de se démarquer de la classe moyenne en créant de nouveaux
usages.

 3ème préoccupation
La question des préoccupations sociales et le déficit linguistique.
Préoccupations sur le problème des déficits linguistiques, et de l’enseignement de l’anglais
aux enfants de classes sociales défavorisées. On peut identifier les causalités de l’échec
scolaire par la situation de la communauté étrangère trop éloignée de la langue standard. //
Bernstein

 4ème préoccupation
La question de la politique linguistique
Le concept de diglossie montre que dans certains pays, des langues ne sont pas sur le même
pied d’égalité. Depuis les années 60, beaucoup de travaux sur la diglossie. La politique lgstq a
reçu un statut favorable. Enquêtes, planifications lgstq.

CONCLUSION
 Plus de 50 ans après cette réunion, les problèmes ne semblent pas réglés, il y a une
dispersion des intérêts, il n’y a pas de théorie unifiante, ni de force institutionnelle. Peut-être
que ce manque de cohésion résulte du concept même de la lgstq. Il est parfois difficile
d’opérer une transversalité entre les différences linguistiques.
 Il y a tjrs de la sociolingstq qui existe ajd et qui fait un travail considérable de « trait
d’union » avec la didactique (l’enseignement), et le milieu social. Est-ce que les inégalités
sociales renforcent les inégalités scolaires ? (réponse au niveau de la sociolgstq sur la qualité
de la langue environnante). On parle aussi de socio-cognition : Quel est l’impact de la
mémoire dans le langage et dans l’acquisition ? Est-ce que la mémoire est dépendante d’un
niveau social ? // échec scolaire. On peut traiter de la sociolgstq à travers des éléments socio-
cognitifs.
 Ce qui est nouveau : la conscience et le rôle du politique, càd les besoins d’une politique
en matière de plurilinguismes qui vont pousser à institutionnaliser la sociolinguistique. Càd
prendre en compte la question sociale. Problèmes de polyvalence. La sociolinguistique reste
une discipline diverse qui va donner lieu à deux courants majeurs, qui sont l’interactionnisme
et le variationnisme.

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CHAPITRE 4 : LES DEUX GRANDS COURANTS DE LA


SOCIOLINGUISTIQUE
INTRODUCTION
Ce qui a donné lieu à ces deux grands courants s’explique en partie par la rpst° et
conceptualisat° qu’on peut avoir du monde social. On peut regarder la structure de la société
de manières différentes.

 Comment pouvons-nous penser la sociolinguistique ?


. On peut la penser très fermée et avec une vision verticale des choses càd qu’il y aurait
différentes classes sociales (classes populaires, moyennes, sup, aisées) et les plus grands
garderaient les meilleures places dans la société. Il y aurait une structure pyramidale : les
places les plus chères en haut. Vision qui va impacter sur la socio-lgstq : + on a d’arme sur le
plan linguistique (=mots qu’on organise pour parler, l’orthographe) et langagier
(=compétence qu’on a à communiquer dans une situation donnée, et à modifier notre
discours afin qu’il soit adapté à la situation), + on peut monter les échelons. Idée de
déterminisme linguistique car il y a une pré-determination de la société.  Cette vision va
donner lieu à un courant appelé le variationnisme.
. Ou on peut la penser horizontale, bcp plus ouverte. But : qu’on parvienne dans un contexte
précis à pouvoir s’adapter à notre environnement et à réguler notre langue. Je suis en mesure
de parler dans une situation donnée et d’être l’égal de mon interlocuteur ; càd faire disparaitre
mon histoire sociale en face d’un individu d’un autre milieu.  Cette vision va donner lieu à
un courant appelé l’interactionnisme.

Ces deux visions vont scinder la sociolgstq en deux :


-Corréler linguistique et parole. Est-ce que le profil social dont dépend un archétype,
peut être balayé au profit de l’interaction ? Ex : qqn de bien habillé qui au final est
mécanicien. A partir de quand oriente-on notre avis sur notre niveau de langue et niveau social
d’une personne?
-Montrer les capacités d’un locuteur lors d’un moment d’interaction avec lui.
Le mot « personne » vient du latin qui veut dire masque. Avec cette idée de masque, vient
celle d’un ensemble de discours. Je suis en mesure de mettre différents masques et m’adapter
à différentes situations.

I - LE VARIATIONNISME

William Labov, va établir une correspondance entre la stratification des usages


linguistiques et les différentes couches sociales de la communauté. (CSP = catégorie socio
professionnelle). Labov va opposer les gens d’origines sociales, géographiques d’un même
milieu. Idée de corrélation entre un milieu et une langue.

 Hétérogénéité de la langue au sein d’un groupe social donné


Ce découpage enterre l’idée selon laquelle toute communauté est homogène. On perd
l’idée du structuralisme. Cette approche défend l’illusion selon laquelle tout locuteur
s’exprime pareillement, ou que tout changement opéré est le produit d’un consensus de toute
la communauté, ce qui, de manière implicite, signifie l’apparition de la variation comme
phénomène erratique et accidentel ou comme usage commun à l’ensemble d’une
communauté. Si on perçoit le monde social comme homogène, la langue est partagée
communément par l’ensemble des locuteurs. Or, il y a bien des personnes avec des usages

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communs (ex : français à la France). Cependant, il faut selon lui reconnaître que
l’environnement sociale est stratifié en communauté différentes.
Le fait de découper le monde social en catégorie, va faire émerger l’idée qu’il n’y a
pas une langue mais des langues, en lien avec un groupe social donné. On va travailler sur
la variation dans un conditionnement logique et sociolinguistique. La présence ou l’absence
d’une variable indépendante - comme le milieu social ou le contexte linguistique - détermine
des usages différents au niveau de la communauté reconnue comme hétérogène.
On va reprocher à Labov que ses données sont trop quantitatives et qu’il n’a pas assez
étudié les individus qui constituent ces statistiques. Néanmoins, Labov - aidé des théories et
des méthodes sociologiques - va réussir d’une part à montrer qu’une communauté
linguistique peut avoir en son sein des langages diversifiés, d’autre part que loin d’être
accidentels, ces usages peuvent faire partie de la compétence du sujet parlant, càd
l’ensemble des règles générales construites par le locuteur.

 La liaison obligatoire / liaison facultative


Selon Chomsky, on a tous intégré des règles catégoriques, qu’on ne fait que
découvrir lorsqu’on vient au monde car elles sont déjà là. Parmi ces règles catégoriques, il y a
la liaison obligatoire, ex : dire « un nami » vs. liaison facultative, ex : dire « il est allé ».
Pour Labov ce n’est pas suffisant de prétendre que ces règles sont innées. Il se
demande pourquoi on prononce la liaison obligatoire / pourquoi on ne la prononce pas ? Peut-
être que si on regarde la corrélation par rapport au locuteur, on pourra estimer les raisons pour
lesquelles le locuteur produit ou non cette liaison.
La liaison facultative est un marqueur sociolinguistique. Plus je monte dans l’échelle
sociale, plus la liaison facultative est réalisée. La sociolinguistique a une valeur socio-
différentielle. C’est un phénomène intéressant car on passe d’une analyse de la langue en tant
qu’homogène – à des écueils.

 Variations cognitives : analyse lexicale vs réalisation phonétique


Les variables de la langue vont permette à la sociolinguistique variationniste, d’établir la
variabilité comme système et non comme un phénomène aléatoire. Labov va beaucoup
travailler sur les variables cognitives, qui deviennent son matériel pour montrer les
corrélations entre langue et milieu social.  Les variations cognitives pour Labov ont un côté
naturel c’est à dire qu’il n’y a pas de surveillance particulière de l’activité cognitive quand on
parle.
La sociolinguistique cherche à décrire les usages réels des locuteurs. Or, c’est
compliqué si je prends par exemple une analyse lexicale (=des mots). Ex : Automobile /
voiture / caisse / bagnole. Parce qu’avec le lexique, il y a une surveillance de l’activation
linguistique qui fait qu’on ne perçoit pas le réel, le spontané, le naturel chez les locuteurs.
Alors que dans la réalisation phonétique, le locuteur ne peut quasiment plus maitriser. Ex :
le R en final de mot, après consonne : « for » (en anglais). Les locuteurs de milieu modeste
suppriment d’avantage le R que ceux de milieux aisés.  Sur cette base, Labov va explorer la
nature de ces corrélations.

 Variables cognitives : le phonème « r »


Focalisation sur les variables phonétiques pour expliquer les variables relationnelles.
Dans son enquête à NY, Labov met en lumière le fait qu’un individu de la « lower class », a
une tendance manifeste à supprimer plus facilement le phonème « r » en contexte final
postvocalique (le r après une voyelle), que des locuteurs dans la « upper-class ». Le « r » est
une variable sociolinguistique, catégorisé variable de prestige.

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Partant de cette hypothèse, il va faire une enquête dans les grands magasins new-yorkais, son
idée, est que les vendeurs - suivant la clientèle qu’ils ont - vont s’efforcer à plus ou moins
produire ce « r » final. Il choisit 3 magasins classés socialement de manière différente : le
premier, un magasin de vêtement de luxe. Plus l’échelle sociale est haute, plus ils vont le
faire.
Procédure : d’une part il enregistre ces locuteurs ; puis il prend ces mêmes locuteurs et leur
demande s’il est bien ou non de produire le R en contexte postvocalique. Tous les locuteurs
lorsqu’on leur demande sont d’accord pour respecter le bon usage de l’anglais standard.
Cependant, les personnes venant des milieux défavorisés produisent peu le R. Il y a donc un
écart mystérieux entre la conscience de l’usage, et les usages réels.
Analyse - Deux informations intéressantes :
1) il y a un décalage entre l’idée que l’on se fait de l’usage de la langue – et la langue que l’on
parle. On est tjrs convaincus que l’on parle mieux que ce que l’on parle réellement. C’est une
tendance du locuteur d’aller dire qu’il parle bien (alors que non bande de fdp).
2) Les locuteurs n’ont même pas conscience qu’ils ne produisent pas ces réalisations
cognitives. DONC : il y a un paradoxe entre la conscience subjective de l’usage du R et son
usage réel.

Labov va tenter des corrélations purement statistiques entre les usages et le milieu :
Milieu défavorisé Milieu favorisé
Taux de présence 30 / 300 r produits 50/100 r produits
10% 50%
CCL : plus la population est défavorisée, moins ils produisent de r
Ainsi, on montre que les usages sont différents, et on peut les rattacher à des catégories
sociales.

 Variation socio-stylistique
Autre problématique que va avoir Labov : Lorsqu’il regarde dans le milieu défavorisé, dans
ce même groupe, il y a des personnes qui n’auront pas tout à fait les mêmes réalisations. Càd
que l’écart- type est grand. Ce ne sont que des tendances qui ne correspondent pas à la
réalité individuelle des membres du groupe.  Ces variations semblent irrégulières du pdv
des individus, mais elles montrent des régularités statistiques systématiques au niveau des
faits sociaux.
Variation socio-stylistique = il n’y a pas seulement le milieu d’où l’on vient qui détermine
les usages ; mais il y a le milieu où l’on est à un moment précis. C’est à dire que l’origine
sociale peut s’effacer temporairement, lorsqu’on est contraints de moins faire de variations.

 Pourquoi avoir choisi cette variable (phonétique) ?


Plusieurs raisons : les variables phonétiques permettent de recueillir l’usage naturel de la
langue, puisqu’elles échappent souvent au contrôle métalinguistique conscient et relève
d’un processus automatique et quotidien de mise en parole. C’est à dire qu’elles échappent
à la possibilité de surveiller son langage, donc on obtient un enregistrement qui témoigne de
la manière dont les locuteurs parlent réellement.
Nous portons beaucoup moins de contrôle sur la phonétique, que la construction d’une
grammaire, ou la question des choix des mots. Ex : la marche, l’équilibre sur un vélo, la
conduite d’une voiture, la quantité d’éléments sonores qui sont présents dans un discours. 
On n’y prête plus attention, cela devient automatique. Un locuteur a tendance à produire un
certain type de variables stigmatisés mais n’explique pas ce qui motive cette tendance à ce
sujet. Labov a créé le courant variationniste.

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 Le concept d’habitus
Pierre Bourdieu a créé le concept d’« habitus ».1982, Ce que parler veut dire.
L’habitus c’est un ensemble de dispositions socialement façonnées qui impliquent une
certaine propension (=capacité) à parler et à dire des choses déterminées.
Le locuteur va développer un ensemble de comportements typiques de son milieu,
comportements sociaux, professionnels, à parler et à dire des choses déterminées. Le locuteur
va rappeler dans ses interactions la position sociale qui est la sienne, càd qu’on va pouvoir
lire dans le discours de l’autre d’où il provient socialement. C’est-à-dire que
l’extériorisation de ce qu’on a intériorisé, fait construire en nous un ensemble de
comportement que nous (ré)intériorisons. Les échanges linguistiques ne sont jamais de
simples interactions, et ne se laissent comprendre que rapportés au marché linguistique et à la
structure sociale dans son ensemble.

 Le marché linguistique
Le marché linguistique c’est le système de sanction et de censure spécifique à la langue.
L’idée est simple : si on prend l’image du marché économique, on a ce qu’on appelle des
biens qui valent plus cher que d’autres sur le marché éco. Plus nos biens prennent de la valeur
plus on obtient un patrimoine économique important.
L’idée de Bourdieu c’est que c’est pareil pour la langue, il y a un marché linguistique. Bien
parler, avec les liaisons facultatives, c’est avoir une valeur importante sur le marché
linguistique, et ceci, c’est accéder et réussir socialement. Bien écrire rapporte énormément de
points sur le marché linguistique. On reproduit ce que l’on a vécu et ce que l’on nous a dit,
reproduction sociale.

II - L’INTERACTIONNISME

Le second courant de la sociolinguistique, à savoir l’interactionnisme, critique


l’approche comportementaliste des variationnistes. Nous avons un conditionnement de
l’environnement sur notre acquisition du langage. Le comportementalisme né dans les années
40, prône le conditionnement, et du coup la reproduction de comportements.

 Conscience linguistique & capacité de co-construction de l’interaction


Selon les interactionnistes en revanche, le locuteur est conscient de reproduire tel ou tel
type de langue en fonction du contexte dans lequel il se trouve. Eux ne parlent pas de
contraintes mais de choix conscients des locuteurs à des fins pragmatiques. C’est à dire
que si la situation m’impose de parler de telle façon j’ai les moyens linguistiques de le faire,
et de gommer mon histoire sociale.
La sociolinguistique interactionnelle a pour principe de déduire seulement de
l’interaction, des modes socio-culturels, que le locuteur a délibérément utilisé pour parvenir à
son discours. C’est dans cette idée là qu’il n’y a pas d’histoire liée à la langue, pas de
contraintes mais des choix conscients d’un locuteur à un moment donné. Ainsi les locuteurs
ne seraient pas - en quelque sorte prisonniers - de leur profil social et de leurs usages, mais
seraient libres de modifier leur personnage et leur discours selon les circonstances.
Nous aurions tous en nous la capacité de s’adapter une situation face à certains locuteurs,
en renforçant certains comportements linguistiques attendus par le contexte.
=Connaissance intuitive d’un certain nombre de postures, de manières de se présenter à
l’autre.
= capacité à prendre en compte le contexte et à co-construire l’espace d’interaction.
 Influence d’un locuteur sur un milieu d’un lieu donné.

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 Pourquoi peut-on dire qu’il n’existe pas de communauté linguistique fermée ?


Interactionnisme = dans une situation qui ne nous ait pas favorable ; tous les éléments que je
neutralise autour de la négociation du discours, vont me permettre de passer d’une situation
asymétrique entre deux locuteurs – à une situation de collaboration.
DONC : il n’existerait pas selon les sociologues interactionnistes de communautés
linguistiques fermées et structurées fonctionnant avec des codes linguistiques et sociaux
particuliers. Ces groupes sociaux que l’on a construit, n’ont pas forcément d’influence
marquée sur la langue pour les interactionnistes. Notion de subjectivité : des personnes de
certaines catégories qui n’ont pas les comportements attendus.
Pour montrer cette polyvalence, on prend l’exemple d’un serveur de restaurant, qui
navigue entre la cuisine et la salle de restaurant.  La langue ne s’analyse qu’en fonction des
situations, des contextes où elle se produit. Le seul apprentissage est d’adapter son langage
aux attentes d’un contexte social donné.

 En quoi la variation est-elle au cœur de l’interactionnisme ?


Durant l’interaction, certaines différences sociales initiales peuvent se neutraliser, puisque
les acteurs de cette interaction construisent au fur et à mesure leur attitude conversationnelle.
Comme si les partenaires négociaient et ajustaient en permanence leurs conceptions
respectives des normes conversationnelles.
 Donc, la variation est au cœur de l’interactionnisme. Elle serait une donnée
manipulable par tous les locuteurs pour servir leur intérêt : varier d’un discours à l’autre.
(Idée de la sociolinguistique inversée par rapport au variationnisme). Car pour
l’interactionnisme : il faut partir de la situation de communication et tenter de
comprendre ensuite quelle représentations sociales et culturelles de celles-ci ont permis
la sélection de tel ou tel type de discours, ou de tel type de variante.

CONCLUSION
Ces deux conceptions de la sociolinguistique donnent lieu à deux approches
méthodologiques différentes :
-l’approche macro-socio-linguistique ; ou variationniste – qui se caractérise par des
études quantitatives. Echantillons de locuteurs, ou grande masse de données issues d’un seul
locuteur. Le but ici est de faire construire par des moyens statistiques, les facteurs
sociaux (gens, âge, catégorie sociale), qui conditionnent la variation.
Dans l’enquête de ce type, la situation d’interaction est utilisée comme une variable
indépendante, construite et manipulée par l’enquêteur, dont on recueille l’effet sur la
variation (VD). La VI nous permet de mesurer les effets de quelque chose (ce n’est pas la
cause).
Les études partent de l’idée que - ce sont le social et les conditions de l’échange - qui
déterminent la variable linguistique.
-l’approche micro-socio-linguistique ; ou interactionniste, va établir, à partir de
données réduites, pourquoi et comment le locuteur utilise ses compétences sociolinguistiques
(variantes, stratégies expressives…) au sein de l’interaction.

III - LES REGLES VARIABLES


Exemple de formation des variationnistes

 Par quoi est régi la variation selon les variationnistes ?


Le projet des variationnistes consiste à démontrer que la variation est régie par une structure
dépendante des facteurs sociaux et linguistiques. Cette variation est ordonnée, et intégrée

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différemment suivant l’appartenance à tel groupe social ou selon l’influence des situations de
communication.
Comment montrer d’une manière formelle, générale, ce fait d’un pdv grammatical ?
Comment intégrer que les usages sont différents suivant le locuteur, la situation – mais qu’ils
répondent à des principes généraux et prévisibles ? Comment montrer de l’homogène dans le
l’hétérogène ?

 Les règles innées // grammaire générative


La grammaire générative a défini un certain nombre de règles « innées ». Il y aurait un
programme dès notre naissance, qui générerait les phrases que l’on produit à travers des règles
définies et précises. Les règles phonologiques génératives sont prédictives d’un pdv
linguistique (ex : faire la liaison face à un nouveau mot).
Il y a aussi des critères socio-stylistiques. Ex : les locuteurs d’un milieu favorisé produisent
plus la liaison facultative que les autres. Je peux dire que cette règle varie dans son utilisation
en fonction de critères sociaux.
 Donc la question pour la grammaire générative est de rajouter un critère en plus de la
langue, à celui du milieu social. Il y a une réalité pas seulement linguistique mais aussi
dépendante de la situation dans laquelle on est.

 Comment estimer le taux d’application d’une règle variable ?


Les règles variables, ainsi que les contraintes sociales et linguistiques - imposées à ces règles -
sont partagées par tous les membres du groupe, et les contraintes sont indépendantes les
unes des autres. Les taux d’application de ces règles dépendent de facteurs lgstq, sociaux, et
contextuels. Les enquêtes sociolgstq des variationnistes permettent de donner les taux de
réalisation à l‘intérieur d’un groupe social, dans tel type de contexte lgstq.
Ex : l’absence ou présence du « ne » dans la négation : ‘Je ne viens pas’ vs ‘Je viens
pas’. On pourra dire que de ce que l’on a constaté vis-à-vis des milieux sociaux ; la
règle de négation se réalise en français sous sa forme élidée (il y a élision, càd
suppression du ‘ne’) a un taux d’application de 75% dans tel groupe social et dans tel
environnement lgstq.
Donc en multipliant le poids des facteurs sociaux et lgstq, on obtient une estimation de la
fréquence de production dans un groupe donné et pour une situation donnée. On considère
alors que les locuteurs d’un même groupe ont intériorisé ces probabilités, et que leur
production oscille toujours autour de cette évaluation. (càd que par conditionnement il va
reproduire ce taux de pourcentage lorsqu’il va reproduire cette variation).

 Critiques
. On ne voit pas comment les sujets auraient une connaissance à intérioriser
d’application des règles dont la justification est d’être quantitative ; et de formaliser par
l’usage du coefficient numérique, une compétence redéfinie statistiquement. Selon les facteurs
de cette hypothèse, les règles de variables ne seraient qu’un moyen d’enregistrer des
informations attestées quantitativement, mais elles n’ont pas de pouvoir explicatif. 
Pourquoi tel milieu enregistrerait tel pourcentage ?
. Les règles variables ne supposent qu’une simple extériorisation d’une probabilité
intériorisée. C’est donc une hypothèse de simple conditionnement : je suis conditionné par
les usages de mon milieu et je les reproduis. Dans ce cas précis on ne met pas en avant la
capacité du locuteur à moduler ce taux de variation.
. L’intentionnalité du locuteur, sa capacité de surveillance de son activité linguistique
n’est pas prise en compte.  On peut donc comparer l’utilisation des règles variables aux
lois probabilistes auxquels sont soumis les objets physiques (pièce de monnaie…). La

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réalisation - ou la non-réalisation - d’une occurrence semble donc abandonnée aux


probabilités et aux lois du hasard.  Cette conception va écarter toute possibilité de contrôle
sur la sélection des variantes en fonction de connaissances sur leurs valeurs sociales.

 Hypothèses sur l’élision chez les personnes de milieux défavorisés


- Connaissance de l’enjeu de la valeur social de tel ou tel discours
-La question de la surcharge cognitive (qd on produit du langage, on multiplie les activités
cognitives, on va retrouver en mémoire des mots, des structures, c’est de la quantité
d’attention consommée). Or l’attention de tous est limité  surcharge : blanc, hésitations,
euh… Je ne peux pas tout surveiller car mon attention est limitée. Cet effort va engendrer des
erreurs du pdv de la performance, de la réalisation de la langue.
-Il y a chez le sujet, plus ou moins de processus automatiques qui fait qu’il surveille + ou –
bien ce qu’il dit.
=> L’idée de règle variable est la première qui prend en compte l’hétérogénéité des usages.
Mais elle est insuffisante pour déterminer les causes de ces variations.

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CHAPITRE 5 : VARIATIONS, VARIANTES, VARIABLES

I - DEFINITION
1965, Martinaut « Tout peut changer dans une langue : la forme et la valeur des mots
(c’est-à-dire la morphologie) et le lexique, l’agencement des mots dans l’énoncé (c’est-à-dire
la syntaxe), la nature et les conditions d’emploi des unités distinctives (c’est-à-dire la
phonologie). »  Il y a donc 4 niveaux selon lui, auxquels la langue peut varier.

 Qu’est-ce qui distingue une variation d’une variable ?


Les matériaux de construction sont le produit d’une histoire linguistique qui subit une
constante évolution. On a coutume de dire que la langue varie d’un pdv interne et d’un pdv
externe. Ces deux modalités peuvent être interdépendantes, ou fonctionner en toute
indépendance.  Il y a des variables qui semblent fonctionner sans l’intervention d’un
locuteur et qui modifient inconsciemment leur usage. Tandis que sous l’action de ces mêmes
locuteurs, des fossilisations sur certains changement sonores s’opèrent ; engendrant pour
certaines variantes le passage d’un statut de variable aléatoire et passagère, inhérente au
système, - à celui de variable régulière, symbole de reconnaissance sociale et de
stigmatisation consciente.
C’est-à-dire que toutes les variations qui apparaissent - du système linguistique lui-même
(ex : prononciation de épais/épée) - sont inscrites dans notre langue, mais n’ont pas atteint ce
statut de variable régulière. Il n’y a pas une prononciation meilleure qu’une autre. (pas un
marqueur sociolgstq)  Le choix de ce type de variable, résulte d’un besoin de
reconnaissance sociale.

 Comment passe-t-on d’une variation phonétique à une variable sociale ?


Le passage de ces variations phonétiques à celui de variables linguistiques s’opère avec le
temps. Labov montre que la prononciation du « e » final, a subi un petit changement
progressif, jusqu’à sa perte totale. L’élection d’une variable, proviendrait d’une couche
sociale pour marquer son identité propre. Labov constate que c’est particulièrement parmi
la population féminine (de la petite bourgeoisie) qu’on constate une accélération et
propagation d’un changement phonétique vers la formation d’une variable sociale. Car selon
Labov, il y a ce désir de se démarquer des classes les moins favorisées en proposant un
autre usage, et de rejoindre par le langage, les classes très favorisées.  Soit elles
s’approprient et propagent une variante réservée à l’élite, soit elles diffusent un nouvel usage
provenant de phénomènes internes causant la variation. Par ailleurs, lorsqu’elles sont mères,
leur rôle va être central en tant que vecteur transmettant ces changements, à travers des
interactions avec leur enfant, qui va lui aussi ensuite transmettre ces usages.

II – LES VARIABLES PHONETIQUES

 Les variables, éléments porteurs d’une identité sociale


Tout d’abord la variable, c’est une entité abstraite du système linguistique qui va se réaliser
sous plusieurs variantes (càd plusieurs réalisations linguistiques concrètes, plusieurs
manifestations, et qui vont répondre au principe d’équivalence référentiel.) Ex : le
phonème /r/ a des réalisations, des variantes : [ʀ] ; [ʁ]. Ce principe d’équivalence référentiel
restreint considérablement le choix de variables autres que phonétiques.

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Autre exemple, dans la variable « véhicule » : automobile, caisse, bagnole, voiture. Quand je
dis « caisse » et quand je dis « automobile », j’ai une connotation donc un registre différent.
Cette démarche de choix, fait qu’on ne sait pas si c’est le parler spontané d’un locuteur, ou si
c’est calculé. On n’est pas dans le réel de la langue. C’est pour cette raison que la
sociolinguistique s’est basée à l’origine, sur les variables phonétiques.

 Quelles sont les deux caractéristiques principales de la variable phonétique ?


Les variantes d’un item lexical ne peuvent manifester les mêmes caractères naturels
et inconscients dont sont dotés les variantes phonétiques. Càd qu’à partir du moment où je
produis le R roulé ou le R basique, cela n’implique pas un changement sémantique pour le
mot dans lequel il va. On pourrait donc dire que la variable phonétique se décline comme
autant de façons de dire la même chose ; elle ne modifie donc en rien le sens du message.
Cette caractéristique nous conforte dans l’idée que le locuteur n’a pas besoin de contrôler
ce type de processus pour faire du sens. Les modifications opérées sont naturelles et
échappent plus facilement à l’intention délibérée.  De ce fait, les variables phonétiques
nous font saisir la langue du milieu auquel appartient le sujet, et les types de variations
qu’il met en place.
La seconde caractéristique d’une variable phonétique est d’être + ou – sensible au type
d’interaction qu’elle rencontre. C’est ce qui en fait une variable sociostylistique.
Parmi les variantes possibles d’une variable, il peut y avoir l’absence de réalisation. En
français, on peut observer la chute des consonnes liquides en fin de mots. (en anglais : chute
du R ; floor/flo).

Etude faite par Chabanal - L’emploi du R ou du L chez les enfants


Problématiques :
-Est-ce que le milieu social dès l’enfance a un impact sur la réalisation des phonèmes /ɭ/
et /ʀ/ ? (question de sociolinguistique développementale)
-Est-ce que les connaissances de l’écriture peuvent modifier les représentations de
lexique ?

 Sur quoi porte l’étude ?


L’étude portait sur des enfants âgés de 6 ans => l’entrée au CP, âge des apprentissages
alphabétiques, de la conscience phonologique (=lien que le locuteur fait entre phonème et
graphème).
Est-ce que pour un enfant qui entend [cartab] et non [cartable] ; l’effet de l’orthographe va
redistribuer l’écart d’un pdv sociolgstq ? Est-ce que ce sont ces éléments écrits - liés à la
mémoire visuel - les lettres, qui permettent de prononcer cartable et non cartab ?
Etude sur les influences possibles de l’orthographe et du milieu social pour l’encodage
des variables / ɭ / et / ʀ / en contexte post consonantique final, dans le lexique mental
(=l’ensemble des mots que l’on mémorise et qui sont inscris dans notre mémoire) de
l’enfant en cours de préparation.
Encodage = inventaire de la connaissance des sons du mot.
 Est-ce que les connaissances de l’écriture peuvent modifier les représentations de lexique ?

 PROCEDURE
Pour se faire, on a observé les taux de suppressions de ces variables, et dans un deuxième
temps, on a observé si dans certains mots, ces sons étaient absents des représentations
lexicales subjacents. Afin de voir si les enfants avaient ou pas le L en mémoire.
Ex : demander à l’enfant si on peut dire « cartable » ou « cartabe » ?

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Le test a été proposé à 24 sujets :


- 12 enfants favorisés (catégories professionnelles des parents)
- 12 enfants venant de milieux défavorisés.
Autre variable (de genre) : 6 filles et 6 garçons par groupes.
L’enfant était reçu individuellement, situation de mise en confiance. Puis on présentait à
l’enfant un imagier avec : sable, cartable, fenêtre, thermomètre, règles… (mots qui
comprenaient le L et le R comme consonne).
On a cherché à voir si la syllabation avait un impact. Car le fait de découper les syllabes,
favorise la prononciation du « ble » de cartable.

Seconde étape : l’évaluation.


On composait deux formes, avec et sans variables, que l’on faisait produire aux enfants. Si je
te dis « cartab » répète. Puis si je te dis « cartable », répète. Donc on faisait produire les mots
aux enfants et puis on leur demandait selon eux quelle forme était juste.

 RESULTATS
Tri croisé entre milieux social, genre, mots, production…

1°) On s’est focalisé d’abord sur l’influence du contexte du mot, et de son


enseignement pour l’encodage du mot dans son entier. Qu’est-ce qui fait qu’un RE /ʀ/ ou
un LE /ɭ/ était plus reconnu dans un mot qu’un autre ?
 On observe une très grande différence entre deux mots : thermomètre et propre
thermomètre = le /ʀ/ était reconnu par quasiment tous les enfants (90% ?)
propre = les enfants ont reconnu le /ʀ/ dans 50 pourcent des cas
Pourquoi ? Hypothèse : Pour propre, ce mot est souvent entendu dans l’environnement de
l’enfant, dès son plus jeune âge sous la forme ‘prop’ sans le RE /ʀ/ et ce mot ne serait pas
encodé avec le /ʀ/ chez les enfants de cet âge. Les enfants auraient donc tendance à
sélectionner la forme qu’ils entendent le plus souvent.
En revanche, pour thermomètre, et s’agissant sans doute d’un terme savant appris à l’école, il
aurait été vu, entendu, et mémorisé avec le phonème /ʀ/.
 C’est donc l’apprentissage en contexte formel qui favoriserait la mémorisation de la
forme lexicale complète. Dans le cas de mots savants ou de mots rares, le mot est
uniquement présent à l’écrit donc uniquement mémorisé avec cette variable. Si en revanche,
on a une autre forme qui vient en compétition (la forme orale), il y a donc deux formes qui
cohabitent, et on va privilégier la forme que l’on emploi le plus souvent, (donc la forme
orale). L’écrit est ce qui permet de maintenir une certaine tenue de la langue, car elle permet
de codifier.

2°) Tous les enfants en général, quel que soit leur milieu, produisent identiquement ces
variables. C’est donc l’influence de l’orthographe qui semble prépondérante puisqu’il
n’y a plus aucune différence sociale significative. Il apparait donc comme un symbole
majeur dans la mémorisation des formes.
Remarque : Il est intéressant de constater que ces différences nulles à 6 ans, vont devenir
importantes à l’âge adulte. On aura pu montrer ici que ce n’est pas une question de
connaissances, mais de volonté, de démarche, de produire ces phonèmes.

3°) On s’est aperçu que dans les deux mots arbre et orchestre les /ʀ/ étaient moins
produits que dans les autres mots. Car il y a 3 consonnes à la suite, ce qui rend la réalisation
de ces mots plus difficile. On pourrait dire que la variation ici ne concerne pas véritablement
le milieu social, mais concerne la question du poids de l’écrit et de la maturité

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articulatoire. Ce sont donc des contraintes linguistiques, et cognitives (avec la mémoire des
mots), et non des contraintes sociales (pas de différences entre les milieux) – pour ces
variables-là.

On a dans ce chapitre définit un croquis de l’analyse sociolinguistique ; sur les discours, les
questionnaires, visant à montrer quel est l’intérêt de la langue.
III - CONCLUSION

Variabilité (=capacité que le locuteur a à varier).

Le phénomène de variation pourrait provenir de 3 faits :

1/ Une adaptabilité fonctionnelle du locuteur en contact avec une structure


linguistique trop complexe. Càd qu’on ne voit pas apparaître de la variation n’importe où. Par
exemple dans ‘brioche’, ‘boulangerie’, ‘bateau’, il n’y pas de variation car le be est en début
de mot et ce n’est pas couteux à produire. Lorsque la réalisation est couteuse, on met en
avant la tendance du locuteur à s’adapter à ses limites.

2/ La variabilité intrinsèque au locuteur, inhérente à ces purifications


articulatoires et à ces commandes cérébrales.
Les études ont montré qu’un même locuteur ne produisait jamais exactement le même son
parce que la planification (= le fait de prévoir l’ensemble des gestes) - et les commandes -
sont différentes. Ce résultat différent provient des planifications cérébrales, des réseaux
neuronaux ; l’ensemble des commandes qu’on lui fait qui vont nous amener au résultat final.
On est intrinsèquement variables en tant que locuteurs. Cette petite différence n’est pas
problématique mais elle existe et est dépendante du locuteur lui-même.

3/ La variabilité provient d’une influence + ou – marquée des représentations


sociales sur les variables, pouvant agir différemment selon les types d’interaction.
Plus j’ai été éduqué au fait qu’il est bon de produire des variables phonétiquement marquées,
plus je vais aller dans ce sens. Moins je vais être influencé par mon milieu, moins je vais
produire ces variables. Si cette représentation est plus ou moins éloignée, elle est plus ou
moins convenable du point de vue des attentes sociales.
Comme les locuteurs des milieux défavorisés ne produisaient peu ou pas certaines variables,
on en a déduit qu’ils ne faisaient pas d’effort et qu’ils sont fainéants. (fenêtre/fenète). OR, il
s’agit ici de dire qu’il y a un désir de bien parler moins marqué, au profit d’une
communication fonctionnelle.

p. 30

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CHAPITRE 6 : SITUATION DE LA NOTION DE VARIABLE


DANS LE CHAMP LINGUISTIQUE ACTUEL
I – CONTROLE ET GESTION DE L’INTERACTION

Le niveau phonétique, qui intervient en dernier ressort dans la construction d’un message
(Caron, 1995), est un processus automatique de bas niveau qui a une tendance à l’économie,
quand on n'y prête pas attention. Or, les ressources attentionnelles qui permettent le contrôle
sur l’activité langagière sont plutôt utilisées dans les premières étapes concernant la
construction du message (niveau syntaxique et sémantique) puis dans le suivi de l’interaction.
En revanche, les locuteurs ne portent pas habituellement attention, aux automatismes de la
parole, comme on l'a montré, (Chevrot, 1994). L'étude de ce mécanisme phonétique est donc
d'un grand intérêt pour la sociolinguistique qui veut saisir les usages échappant à la
conscience, les plus révélateurs de l'origine sociale.

Les mécanismes de l’articulation portent en eux des informations sur l’identité sociale du
locuteur puisqu’ils sont le reflet des automatismes de la parole "dont l’acquisition a été la
plus précoce dans la biographie du locuteur ou ceux qu’il utilise le plus souvent dans ses
échanges quotidiens" (Chevrot,1994).

La simplicité et l'économie articulatoire sont donc des facteurs importants de la variation.


Toutefois le fait que cette variation s'oriente vers la norme voire la surnorme (notion
d'hypercorrection) dans les situations formelles amène à penser que, dans certaines situations,
dans certains contextes sociaux, il existe un contrôle sur l'activité phonétique en fonction
d'intentions pragmatiques. La variation pourrait donc s'établir sur un continuum allant d'une
simplicité maximale au respect des normes sociolinguistiques légitimes.

II – LAPSUS ET HYPERCORRECTION

Labov (1976) avait remarqué un comportement d'hypercorrection chez les classes de la


petite bourgeoisie (lower middle class) qui se caractérisait par le rajout de /R/ incongrus :
idear pour idea, lawr pour law, etc. Chevrot (1991), en France, a pu recueillir des
occurrences du type : "artistre", "soixantre" dans des énoncés de pré-adolescents et d'adultes.
Cette épenthèse (=phonème non étymologique qui contribue à faciliter l’articulation d’un mot ou
groupe de mots) est analysée chez les sociolinguistes comme traduisant une volonté
d'appartenir, par équivalence langagière, aux classes de prestige. Boyer et Prieur (1996)
écrivent :
« Elle traduit pour Labov un comportement d'hypercorrection qui relève de
l'application déplacée d'une règle imparfaitement maîtrisée. Tentant d'articuler des
formes qu'il ne maîtrise pas, le locuteur "petit bourgeois" s'assimile à des pratiques
linguistiques vécues comme prestigieuses. »

L'approche psycholinguistique peut expliciter cette théorie sociolinguistique en des termes


plus cognitifs. En effet, alors que la sociolinguistique interprétait ces hypercorrections en
termes identitaires - démontrant ainsi la volonté d'identification à une classe sociale différente
-, les psycholinguistes les interprètent en termes de système de contrôle permettant de
surveiller la parole.

p. 31

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La psycholinguistique prouve avec différentes expériences menées notamment par Levelt


(1989) qu'il existe une capacité de correction de l'activité phonétique puisque certains
locuteurs parviennent, en amont du message ou après coup, à détecter puis à corriger des
lapsus qui viennent parasiter leur discours. Les lapsus remarqués plus haut seraient dus ainsi à
la production d'un /R/ après coup, manquant dans le(s) mot(s) précédent(s).
Il faut savoir qu'il existe différents types de lapsus.
-On assiste généralement à des substitutions du type "un berre de vière" ou "tu
sémeras ce que tu as récolté",
-à des déplacements : "je le n'ai pas vu aujourd'hui"
-ou à des adjonctions comme l'ont noté Labov (1976) et Chevrot (1994).
D'après Levelt (1989), la correction de l'activité linguistique apparaît à tous les niveaux
(syntaxique, phonétique) et peut intervenir de deux manières.
1°) Soit le locuteur s'apercevant de son erreur, marque alors une pause et reprend la bonne
forme de l'énoncé,
2°) soit il planifie et répare intérieurement les lapsus prêts à être réalisés.

Levelt (1989), montre que dans une expression comme tool kits pouvant prêter à un
lapsus, les locuteurs - conscients que l'inversion de // par  pourrait provoquer un mot
grossier (tits = nichons) - vont significativement faire plus de lapsus sur le mot tool et
produire l'énoncé fautif kool kits, plus souvent que kool tits ou tool tits. Ce fait nous est
confirmé par des tests de mesure électrodermale des sujets, les réponses les plus "tabou" étant
marquées.
Les épenthèses remarquées par Chevrot (1991) sont à ranger sous le même ordre de faits.
Les /R/ ajoutés dans "trois ou quat' tree shirt", "la hauteur de la paroi représentre quat 'fois les
Alpes" - proviennent d'une action erronée d'un dispositif de contrôle sur la sélection des
variantes, qui contribue ordinairement à la préservation des /R/ post-consonantiques finaux.

Cette correction consciente témoigne de deux éléments essentiels concernant le caractère de


simplicité dans la variation phonétique :
1° le contrôle de l'activité phonique est possible même s'il est limité nécessairement
par la difficulté à intervenir à ce niveau très automatisé et par sa polyvalence, puisqu'il se
répartit sur plusieurs niveaux du message,
2° ce contrôle est également commandé par des normes socio-langagières. Nous
avons pu remarquer la censure qui pouvait s'opérer quant à la possibilité de produire des mots
jugés vulgaires, et la focalisation portée à la production de variantes de prestige du type /R/.

III – QUESTIONNEMENT AUTOUR DU TERME DE ‘VARIANTE’

Comme le précise Gadet (1996), le terme de variante ainsi que tout le champ lexical
attenant (variation, règle variable, variabilité, variationnisme) ne semblent pas clairement
définis et arrêtés pour les linguistes. Elle remarque en effet que sur seize dictionnaires de
linguistique consultés (en français, en espagnol, anglais et allemand, parus entre 1963 et
1988) "variante" par exemple, ne figure qu’au sens structuraliste du terme avec "variante
libre" ou "variante combinatoire".

Il convient de s’attarder sur cette constatation qui semble soulever trois questions :
1/ Pourquoi le terme de "variable", et ce qui s’y rapporte, est-il rarissime dans des
dictionnaires de linguistique ?
2/ Pourquoi ses acceptions sont-elles réduites au domaine structuraliste ?

p. 32

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3/ Quelles sont les tentatives conceptuelles des sociolinguistes pour la décrire et les
limites qui en émergent ?

 1* Pourquoi le terme de "variable", et ce qui s’y rapporte, est-il rarissime dans


des dictionnaires de linguistique ?
En réponse à la première question, invoquer que ce terme est trop récent ne saurait
refléter la réalité. La variation phonétique a toujours été le fruit de recherches, les variantes
étant reconnues comme marqueurs stylistiques dans les premières études littéraires. On sait
d’autre part qu’au dix-neuvième siècle des dictionnaires de patois voyaient le jour. D'après
Bergounioux (1992) : "les linguistes eurent à se démarquer des valeurs produites sur le
marché langagier en consacrant une part de leur travail scientifique à la recension et après
1850 à l’objectivation des variations langagières".
Evoquer le manque d’intérêt des recherches en matière de variation serait tout aussi faux. Les
travaux qui se réalisent en sociolinguistique variationniste sont prolixes (=trop abondants, trop
longs), même s’ils sont beaucoup moins nombreux en France (Gadet, 1996). En réalité, si ce
terme n’est pas lexicalisé dans des dictionnaires de linguistique autrement que dans les
deux syntagmes créés par le courant structuraliste, c’est probablement parce qu'il ne fait
pas l’objet de consensus et de clarté.
En fait, il semble que son utilisation soit galvaudée (=déprécié), variable indiquant
finalement tout ce qui apparaît contraire à la norme. La définition de ce terme se résout
d'une part à ce qui peut être expliqué par des phénomènes internes dont on a pu rendre
compte et le reste, du domaine de l’imprévisible ou de la valeur symbolique, impossible de
ce fait à ranger sous un principe explicatif définitif. On peut, pour exemple, citer la
définition que propose Mounin (1974) dans "le dictionnaire de la linguistique".
Il évoque la variante dans son sens général en ces termes : "un phonème connaissant des
champs de dispersion plus ou moins vastes, c'est-à-dire une latitude de réalisations
différentes pour chaque émission du phonème". Puis distingue, dans la tradition structuraliste,
la variante combinatoire "dépendant de l’entourage phonique donc des pressions de la
chaîne", de la "variante libre" (celle que le contexte dans la chaîne ne permet pas de prévoir).

 2* Pourquoi ses acceptions sont-elles réduites au domaine structuraliste ?

p. 33

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Prévoir et systématiser voilà justement l’objectif de Labov qui, comme l’écrit Gadet (1992),
"explore le concept vague de variation libre des structuralistes, qui indubitablement au fait
des variations sociales et stylistiques, ne cherchaient guère à les expliquer". Mais sitôt que
l’on recherche d’une manière précise les causes qui motivent l’apparition d’une variable dans
ce champ d’étude on se disperse. En effet, les critères socio-quantitatifs mis en place par les
variationnistes ne sont pas assez pertinents et précis pour exprimer explicitement les liens
entre sujet, langage et société. Les variables indépendantes utilisées en sociolinguistique (les
catégories socio-professionnelles, le sexe, l'âge, la situation, l’ethnie, l’époque, l’origine
géographique, etc.) pour montrer le caractère motivé du lien entre langage et société à travers
des groupes sociaux ou géographiques rend selon Gadet (1996) "presque indispensable le
recours à la variation inhérente dont l’existence même affaiblit les classements voire annihile
l’idée même de classement ou de distinction".

 3* Quelles sont les tentatives conceptuelles des sociolinguistes pour la décrire


et les limites qui en émergent ?
Les critères mis en place par les sociolinguistes sont résumés par Moreau (1997) qui en
dénombre quatre :
1/ la variation diastratique. Elle marque la variation observée entre les différentes
classes sociales, dans les sociolectes,
2/ la variation diaphasique. On évoque ce type de variation quand on observe des
différences d'usage en fonction des situations, elle est plus souvent évoquée en termes
de variation dite "stylistique",
3/ la variation diachronique. Elle permet de voir comment la langue varie au cours
du temps,
4/ la variation diatopique. Elle s'intéresse aux différences d'usage d'une langue
suivant les régions.

Mais ces critères ne sont pas exhaustifs, Gadet (1996) ajoute la variation dite "diastratale"
et la variation "épikairique", ce qui témoigne une fois de plus d'une certaine confusion et
impose de penser la variation à partir du sujet qui reste dépendant d’un champ social qu’il
intègre à sa manière.

CONCLUSION

La variation linguistique nous semble donc revêtir un caractère dynamique dont le


potentiel peut varier selon les sujets sociaux. On a vu l’importance de suivre au plus près :
-les facteurs inhérents au sujet, c'est-à-dire sa capacité articulatoire ou cognitive propre
à reproduire des outputs identiques,
-les facteurs inhérents aux connaissances qu’il détient sur les valeurs sociales d’une
variante.
C’est dans cette dialectique (=raisonnement) que la variabilité semble se réaliser. Cette
dialectique constitue de ce fait, le fondement du concept variationnel tel que nous le
concevons dans le champ socio-cognitif de cette recherche. Elle rend d'autre part toute son
importance aux théories variationnistes puisqu’elle emprunte sa méthode, cherche à
découvrir de l’invariant dans la variation et admet la redistribution des outputs à partir de
données sociales. La seule différence est qu‘elle ne pense pas le sujet comme équivalent à un
groupe social, géographique, ethnique, sexuel, etc.

p. 34

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C’est pourquoi elle recherche chez chacun quelles connaissances linguistiques et


extralinguistiques peuvent déterminer des conduites variationnelles mais aussi quels types
de processus d'apprentissage sont mis en place. Il convient de rajouter pour être complet que
la variabilité peut apparaître également du fait de notre constitution d'humain puisque
naturellement il peut exister des phénomènes instables dus au fonctionnement même de
notre cerveau, dont les activations renferment une part d'aléatoire.

En effet l'apport des méthodes d'imagerie cérébrale à l'étude du langage permet, grâce à
l'enregistrement de la variation du débit sanguin (possibilité de voir en temps presque réel
quels neurones sont plus irrigués et dans quel lieu du cerveau) d'apercevoir qu'à des
stimulations similaires, correspondent des activations localisées différemment. Ce qui permet
à Besson (2000) de poser l'hypothèse que "si l'organe du langage existe, il n'est pas localisé
dans une même structure spécifique, mais comprend plutôt des réseaux de structures
cérébrales en proie à variation".

Les sciences cognitives s'intéressent donc à la variabilité à plusieurs niveaux, car il faut
reconnaître qu'elle est efficiente tant au niveau biologique (en rapport avec l'anatomie du
cerveau, la physiologie des cellules, etc.) qu'au niveau plus conscient des états mentaux
internes (connaissances, images mentales).

CHAPITRE 7 : NORMES ET VARIATIONS


Ce chapitre est consacré à la norme linguistique et à ses usages.
Norme linguistique = point de repère visé par une institution et qui dresse une conduite à
tenir, un modèle.  de quoi est constitué ce modèle ? que s’écarte de ce modèles ? (les
variations)
1. Est-ce que l’on peut définir une façon de bien parler une langue ? Se mettre
d’accord sur, telle norme est la meilleure façon de produire une langue ? Est-ce que l’on peut
et est-ce que l’on doit montrer, enseigner une et une seule norme ? Est-ce qu’on a la capacité
de le faire, est-ce que c’est possible d’enseigner qu’une seule norme qui garantirait de bien
parler ?
2. Est-ce que le bien parler est un usage qui garantit une meilleure communication ?
Est-ce que la forme construite avec une norme est garante avec une bonne communication,
au-delà des aspects esthétiques ?
3. Est-ce que le bien parler n’est pas au contraire, simplement une façon de parler qui
est valorisé par la société ?
L’idée ici est de montrer comment la norme se situe et comment nous devons nous situer par
rapport à elle.

I – DIFFERENTES CONCEPTIONS DE LA NORME

La conception de la norme dans les sciences de l’homme et de la société


On donne 3 sens à cette notion de normes et de normale :

1. La norme statistique

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= La norme équivaut à la moyenne, ou au comportement de la majorité


Ex : si la moyenne nationale du nb d’enfant par couple est de 2,3 ; un couple avec 3 enfant
sera davantage dans la moyenne qu’un couple avec 6. C’est un sens essentiellement
statistique.
Est-ce que la norme linguistique est une norme statistique ? Ou bien est-ce que la norme lgstq
c’est la grammaire qui dit « on doit dire ça » ?
La norme statistique est la norme par rapport à ce qui devrait être ou ce qui doit être.

2. La norme sociale
= La norme est ce qu’une société ou un groupe social valorise ou trouve convenable
On change d’échelle, on apporte une évaluation.
Ex : on dira que dans notre société il est normal que les parents se soucient de la scolarité de
leurs enfants. Ce sens-là renvoi aux valeurs qui encourent dans une société ou dans un
groupe ; et il renvoi en même temps aux pressions qui s‘exercent sur l’individu pour qu’il se
comporte. Conformément à ces valeurs.

3. La norme fonctionnelle
= La norme décrit ce qui fonctionne conformément à ses fins
Ex : on dira qu’un groupe fonctionne normalement lorsque les conflits entre personnes dans
ce groupe ne gênent pas la tâche qu’il doit effectuer. Ex : des gens qui ont réussi à s’entendre
dans un même projet. On parle de norme fonctionnelle.

II – LE DOMAINE DES ETUDES SUR LE LANGAGE

Les linguistes ont défini plusieurs types de normes linguistiques. On peut les regrouper sur
deux orientations : la norme subjective, et la norme objective. Leur définition renvoie toujours
à l’un ou l’autre des trois sens de la norme. Quel que soit le sens donné au mot ‘norme’, la
norme linguistique n’est qu’un aspect de l’ensemble des normes sociales.

1. La norme subjective

C’est la façon dont les locuteurs qui parlent une langue se représentent la façon de bien
la parler. C’est une rpst° de la correction linguistique. Ces représentations sont subjectives
parce qu’elles dépendent en partie des conceptions de chacun. En effet, chacun d’entre nous a
une idée de la façon dont on doit parler.
Ex : pallier à un inconvénient VS pallier un inconvénient (la deuxième forme est la correct)
Après qu’il a mangé VS Après qu’il ait mangé (la première forme est la correct)  on
n’utilise pas le subjonctif avec « après que » (mais on l’utilise avec « avant que »).

Ces normes subjectives ont deux caractéristiques :

1° Premièrement, elles sont des représentations qui motivent des attitudes prescriptives.
Autrement dit, les locuteurs exerceront des pressions sur les autres locuteurs pour qu’ils
utilisent des formes conformes à leurs attitudes ou leurs sentiments normatifs. C’est le cas

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des enseignants qui vont refuser certaines tournures dans les copies ou dans la parole de leurs
élèves. C’est aussi le cas des parents qui reprennent leurs enfants.

2° Deuxièmement, elles sont évaluatives, elles portent un jugement. Elle classe les formes
linguistiques en deux catégories.
- D’un côté, celles qui sont correctes, logiques, et distinguées,
- de l’autre, celles qui sont incorrectes, illogiques, et vulgaires.
Au-delà du placement des formes linguistiques, on classe aussi les personnes, c’est-à-dire
qu’à travers le jugement sur les formes, on évalue aussi les personnes qui les emploient. (On
va dire qu’une personne est vulgaire car elle emploie des mots vulgaires).
Ce jugement peut prêter aux locuteurs des traits particuliers de caractère.
-Etudes des accents régionaux de l’anglais : les locuteurs qui parlent l’anglais avec un
accent régional sont perçus comme sérieux, ayant une bonne nature et de l’humour. A
l’inverse, les locuteurs sans accents régional sont vus comme ambitieux, confiants en
eux, intelligents et déterminés.  Donc il y a à travers l’usage de la parole une
interprétation.
Ce jugement peut aussi classer le locuteur dans un groupe social. On parle de jugement
intuitif. Dans les romans ou dans les BD, les auteurs suggèrent l’appartenance sociale des
personnages issus du milieu populaire en transcrivant des formes réputées incorrectes dans
leurs paroles (ex : Les Bidochons). Des linguistes ont exploré ces classements intuitifs utilisés
par les auteurs de romans ou de BD

 Etude de Labov, 1963 sur les jugements intuitifs


William Labov va réaliser une grande enquête sur ces classements intuitifs dans les années
1963 à New York. Son but va être de faire entendre différentes professions.
. Dans un premier temps, Labov va enregistrer des paires de phrases. Chaque paire va être
enregistrée par la même locutrice, et dans chaque paire une phrase contient des traits
phonétiques censés recevoir une évaluation sociale et l’autre phrase n’en contient pas.
. Dans un deuxième temps, il va faire un montage de façon à mélanger les phrases. L’intérêt,
c’est qu’il devient donc difficile de s’apercevoir à l’écoute que la même voix revient deux
fois : mélange aléatoire.
. Dans un troisième temps, il fait écouter cet enregistrement à 200 Newyorkais. Il demande
aux auditeurs de se mettre dans la peau d’un chef de personnel de recrute. Il demande aux
new-yorkais de décider pour quel emploi le locuteur enregistré est apte, c’est-à-dire les classer
etc. Pour aider les auditeurs à décider, on va leur demander de positionner le candidat fictif
sur une échelle professionnelle, parmi une liste restreinte.
Phrase A : Phrase B : sans trait ce
avec trait phonétique soumis phonétique d’évaluation
à l’évaluation social social
Vedette TV
Secrétaire de direction
Hôtesse
Appréciation 1 Appréciation 2
Standardiste
Vendeuse
Ouvrière

Une fois retenu cela, Labov compare pour chaque trait phonétique les appréciations (en
fonction de ce que l’auditeur entend) dans la phrase qui contient ce trait, et dans la phrase qui
ne le contient pas. Ensuite, il compte le pourcentage d’auditeurs qui ont une appréciation plus

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basse dans la phrase qui contient ce trait.  Cette technique d’exploration des normes
subjectives est connue sous le nom de test de réaction subjective : « matched guise »,
technique d’appariement masqué.
Les résultats sont basés sur une variante particulière : le phonème « Th », qui est une
fricative inter dentale, qui consiste à expirer l’air en plaçant la pointe de la langue entre les
incisives. Il est courant de prononcé ce phonème comme un «t».

Résultats : Pourcentage de réaction négative à la prononciation de [t] ou [d] du « th »


Trait phonétique « th » prononcé [t] ou [d]
Sous prolétariat 58%
Ouvrier 76%
Classe moyenne 81%
Classe supérieure 92%
Sous prolétariat, dans 58% disent qu’il n’est pas correct de prononcer t ou d… Plus la classe
sociale est élevée, plus ils jugent négativement ce type de prononciation.

Observation n° 1 : tous les locuteurs Quel que soit le milieu social des auditeurs, la
prononciation en [t] ou en [d] donne lieu à des réactions négatives (=dire qu’il n’est pas bien
de prononcer t ou d) chez plus de la moitié d’entre eux. Cette information pourrait vouloir dire
que la norme subjective est relativement bien partagée.
Observation n°2 : (sur la représentation des usages en fonction des milieux) : + le locuteur est
issu d’1 milieu social élevé + il perçoit négativement la réalisation d’une prononciation non
standard. Donc bien que cette norme soit partagée, on observe des fluctuations très nettes
selon le milieu. Le % de réaction négative augmente quand on s’élève dans la hiérarchie des
catégories socio-professionnelles. En l’occurrence de 58% dans le sous prolétariat à 98% dans
la classe supérieure. Il y a une stratification = organisation en couche sociale. Rq :
Cependant, nous ne sommes pas allés voir si cette catégorie supérieure effectue vraiment la
prononciation « th ».
 Conclusion sur la norme subjective
Cette notion renvoi au 2ème sens de norme et de normale ; càd que la norme subjective renvoie
aux évaluations des locuteurs sur la façon convenable d’utiliser leur langue. Ces
appréciations reposent sur des valeurs (bonne éducation, politesse, bon goût, prestige
professionnel, valeurs individuelles…) Elles peuvent donner lieu à des pressions sur autrui.
Ces appréciations peuvent varier selon certaines caractéristiques du locuteur, ici par exemple,
le milieu social.
Le sens de ‘norme subjective’ est proche de celui qu’on donne à ‘normes linguistiques’ dans
les conversations courantes. Au contraire, quand les linguistes parlent de norme objectives, il
s’agit d’un terme technique peu employé dans le langage courant.

2. Les normes objectives


Il existe 2 sortes de norme objectives : a) la norme fonctionnelle, et b) la norme statistique.

a) La norme fonctionnelle
= la conformité au système de la langue (ex : dans telle situation, on accorde avec le
participe passé, etc.) et à sa fonction principale, permet la communication avec une
économie de moyen. Elle est reliée au principe de double articulation.
Certains usages peuvent être conformes à cette norme fonctionnelle, bien qu’ils soient jugés
incorrects par des locuteurs qui fondent leur jugement sur leurs normes subjectives.

Exemple n°1 : après que + subjonctif.

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Usage qui est courant depuis le milieu du 20e siècle, mais qui reste critiqué. Selon la norme
subjective de certains, on devrait dire « je lui téléphone régulièrement juste après qu’il a
mangé » avec un indicatif – et non pas « je lui téléphone régulièrement juste après qu’il ait
mangé ».
Et pourtant, l’utilisation du subjonctif obéit au principe d’analogie. Ce principe apparaît très
tôt chez l’enfant. Selon ce principe, les locuteurs tendent à régulariser la langue et à
aligner les cas irréguliers sur des cas réguliers, donc à rendre la langue plus facile à
apprendre et utiliser, donc plus fonctionnelle. Car moins j’ai d’exception ni de règle, moins
j’ai d’effort à fournir. Il semble donc qu’on place le subjonctif avec « après que » par analogie
avec « avant que ».
D’un pdv sémantique, les deux conjonctions servent à situer temporellement deux évènements
l’un par rapport à l’autre. Ils ont la même valeur, la même fonction. Ils sont analogues.
D’un pdv syntaxique, les propositions « avant » et « après » se construisent avec un infinitif :
après être partie, avant de partir.
Il est donc probable que les locuteurs utilisent le subjonctif avec « après que » pour compléter
sa ressemblance avec « avant que ». L’ensemble formé par les deux conjonctions forment un
système régulier sans que le passage au subjonctif nuise à la compréhension.

Exemple n°2 : la prononciation de « parce que »


2 prononciations : paRce que, avec le « r » / pace que, sans le « r »
Si on demande à un locuteur francophone quelle est la prononciation correcte selon lui (càd
selon SA norme subjective), il va répondre « paRce que ». OR la deuxième prononciation
avec la suppression du « r » obéit à une logique. Elle évite une prononciation ‘Receque’ qui
est très rare en français et qui présente une grande difficulté sur le plan articulatoire =>
produire 3 consonnes à la suite est couteux (dépense d’énergie). Face à cette difficulté, le
locuteur va à l’économie et ne prononce pas le « r ».  La variante « paceque » est plus
conforme à la structure phonologique des mots du français. Et cette modification ne nuit
pas à la compréhension.
L’épenthèse = elle vise à ajouter une voyelle dans un schéma complexe
Pour conclure, cette norme fonctionnelle renvoi au 3ème sens de norme : est fonctionnel
tout usage qui permet de communiquer avec une économie de moyens.

b) La norme statistique
= usage de la majorité ou l’usage du moyen. Renvoi au 1er sens de norme, càd ce qui est
conforme à la moyenne statistique des usages linguistiques.
D’un pdv méthodologique, pour établir une norme statistique, il suffit de faire des enquêtes
linguistiques pour recueillir l’usage d’un échantillon de locuteur (on parle notamment de
corpus oraux). Cette donnée statistique nous situe sur la manière dont le locuteur parle
réellement. En effet, certains usages peuvent être ceux de la majorité et ne pas correspondre
aux sentiments normatifs qui reposent sur nos normes subjectives. Rq : On serait les premiers
surpris de s’entendre parler par rapport à la manière dont on pense que l’on parle.

Exemple n°1 : émission Apostrophe


L’émission « Apostrophe » est une émission littéraire à forte pression normative.
Léon et Tennant, 2 linguistes ont enregistré 34 invités qui étaient pour la plupart des gens
cultivés, des écrivains ou des journalistes. Ils ont étudié la prononciation de « parce que ».
Les invités, en situation de surveillance absolue ne vont pas produire « pace que » mais
« paRce que ». Malgré tout, ils constatant des pourcentages de suppression du « r » qui sont
importants. Ils observent que dans 86% en moyenne, les apparitions du pace que, sont
prononcés sans R chez les 17 messieurs. ET 62% en moyenne chez les 17 dames.  Il

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semblerait donc que la norme statistique de la prononciation de « parce que » soit bien
la forme sans R.

Exemple n°2 : l’accord du participe passé


Tout le monde pense que le participe passé en français s’accorde avec le sujet s’il est
accompagné de l’auxiliaire être ; et avec le COD s’il est employé avec l’auxiliaire avoir et si
ce COD est placé devant le verbe. C’est la représentation subjective.

La linguiste Monique Audibert-Gibier a observé cet accord. Dans 300 participes passés
recueillis dans des énoncés oraux. Ils ont été produits par des locuteurs de niveaux d’études
variés :
Contexte du participe passé Exemple Pourcentage d’accord
Auxiliaire être J’ai été mise / mis dans la boue 61%
(si c’est une femme qui parle)
Auxiliaire avoir, le COD est Ces choses ne m’ont pas 58%
un indice personnel satisfaite / satisfait (c’est
toujours une femme qui parle)

Auxiliaire avoir, le COD est La première sortie qu’on a faite / 24%


le pronom relatif « que » fait

On observe que : L’accord est majoritaire dans deux cas, 1/ avec l’auxiliaire être et 2/ avec
l’auxiliaire avoir si le COD est un indice personnel. En revanche il est minoritaire, si le COD
est un pronom relatif.
Si les locuteurs enregistrés sont représentatifs de l’ensemble des français, alors la norme
statistique de l’accord du participe passé accompagné de l’auxiliaire avoir avec un COD
pronom relatif, et bien ce n’est pas d’accord. Dans ce cas la norme statistique ne coïncide
pas avec notre appréciation subjective de ce qu’est la correction linguistique.

Labov avait posé une question en ces termes : « Pourquoi les locuteurs ne parlent-ils pas
comme ils le devraient ? ». Il y a un décalage entre la manière de parler et la manière dont on
parle réellement. On a une estime supérieure à celui qu’on a effectivement. Qu’est ce qui se
passe ? Est-ce que c’est un manque d’attention ? Une incapacité à gérer les règles ?

III – EXISTE-IL PLUSIEURS NORMES ?

 Problématiques
Il existe différentes définitions de la norme en fonction de langage. Il reste deux questions
importantes que l’on doit se poser au sujet des normes subjectives et des normes
statistiques.
 1° La norme statistique est-elle unique ? Un usage est majoritaire dans un groupe
ou dans une situation, peut-il être minoritaire dans un autre groupe ou une autre situation ?
Est-ce que les usages des français varient selon certaines caractéristiques des locuteurs ou
selon la situation ? Est-ce qu’on peut relever des régularités sur des groupes sociaux
uniquement ?
 2° La norme subjective est-elle unique malgré quelques divergences ?
Autrement dit, tous les locuteurs d’une langue partagent-ils la même conception de la bonne
façon de parler ?

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Pour répondre à cette deuxième question, il nous faut évoquer ce qu’on appelle la norme
légitime. Nous avons vu avec Labov que les locuteurs new-yorkais partageaient plus ou
moins la même norme subjective au sujet de la prononciation de « th ». Dans tous les milieux
sociaux, la majorité des locuteurs condamnaient les variantes « theu ».

La fameuse question de Labov = pourquoi les locuteurs ne parlent pas la langue comme ils le
voudraient ou comme ils le prétendent ? Labov dans une autre étude a souhaité comparer la
façon dont les locuteurs jugent certaines variantes et la façon dont les mêmes locuteurs
prononcent certaines variantes. Te, de ou the.
Il n’a pas seulement comparé les normes subjectives des new-yorkais, il a aussi exploré les
normes objectives statistiques. Autrement dit, il les a enregistrés puis a écouté les variantes
dans leurs paroles. Il a constaté un écart réel entre ce que les gens pensaient dire et ce qu’ils
disaient réellement. Il a observé et comparé la façon dont les locuteurs jugent cette variante
avec la façon dont les mêmes locuteurs prononcent ces mêmes variantes.

Le tableau ci-dessous représente les normes subjectives pour la prononciation « th » -> « t »


ou « d »
% de locuteurs qui jugent % moyen de prononciation
négativement le trait /t/ ou /d/ de « th »
phonétique « th »
prononcé /t/ ou /d/
Sous-prolétariat 58 % 93 %
Ouvriers 76 % 70 %
Classe moyenne 81 % 28 %
Classe supérieur 92 % 14 %

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réel
.En psychologie sociale, on parle de représentation figée.
 Onpa rled’unenor meq uis eraitofficiel
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le,qu’ona ppe lleé galementunesur
- norme.

NORMES OFFICIELLES, DOMINANTES, IDEALES OU « SURNORMES »

 Que se cache derrière l’appellation « officielle » ?


On parle de norme légitime ou officielle, parce qu’il s’agit d’une conception de la
correction linguistique qui est promut par les institutions. Comme s’il y avait une norme
officieuse, voilée qu’il ne fallait pas montrer. La norme officielle est ni plus ni moins que celle
de l’état, des institutions. Elle est transmise par le système éducatif, à travers les enseignants
depuis la maternelle jusqu’à l’université. Elle est promue par l’Etat à travers le JO (le journal
officiel) qui va indiquer des recommandations mais aussi des interdictions sur le langage.
Ex : interdiction d’un certain nombre d’emprunt à l’anglais.

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On a une conception de la correction linguistique qui est associée aux institutions. Elle est
associée aux échanges entre les représentants et ses institutions, et aux échanges entre ces
institutions et nous. De ce fait, cette conception de la correction linguistique se trouve aussi
associée aux valeurs et aux objectifs de ces institutions. A savoir la transmission du savoir et
de la culture, la garantie de l’ordre et de la justice, etc.
Que fait-on des langues régionales par rapport à la norme officielle ? Comment l’Etat se
positionne-t-il pour prendre du recul ou promouvoir certaines langues régionales dans les
institutions nationales ? Identité oui mais jusqu’à quel point ? Cet Etat valorise le statut de
langue, de quelle langue ? de quelle culture ? Il y a une question de choix.
On est tous et on a tous été dépendants de choix quand nous avons acquis la langue. Les
conséquences peuvent être assez pernicieuses : on peut être tout à fait jugés de la part de
l’Etat. Par exemple on entend dire que, les formes, qui dérogent à cette norme manquent de
logique ou ne permettent pas de s’exprimer clairement. Certaines formes seraient
incohérentes, mal construites ; donc la norme officielle ne garantit pas un certain ordre ni une
certaine légitimité.

 Comment l’Etat a varié dans ses discours officiels sur les apprentissages de la
langue écrite, la lecture ?
Il y a eu des tendances sur la méthode globale vs la méthode syllabique et phonologique. Il
y a eu des ministres qui se sont succédés et qui ont employé ces diverses méthodes, ainsi qu’à
la fusion de ces deux méthodes. Les enfants qui réussissent le + à la méthode globale sont
ceux qui viennent de milieux aisés. Il y a eu des chercheurs qui se sont positionnés et qui ont
été porte-parole d’une méthode ou d’une autre.

 L’acquisition de la culture
Cette norme légitime, les linguistes l’appellent aussi norme dominante. Les façons de parler
valorisées par cette norme, sont plus proche des usages des individus qui occupent une
position sociale dominante. Autrement dit, ce sont les individus qui exercent les professions
les plus prestigieuses, qui disposent des plus haut revenus, et qui ont acquis les diplômes les
plus recherchés sur le marché du travail. C’est là où les inégalités apparaissent : ceux qui ont
la chance d’avoir un patrimoine linguistique important ont de grandes chances d’avoir de
grandes places dans la société. Cette langue dominante est finalement composée de la classe
supérieure qui ont des revenus importants. Tout ça en font des locuteurs d’une position
sociale dominante, car on a construit notre modèle de manière verticale.

 Un idéal de perfection qui outrepasse la fonction de communication


Cette norme idéale n’est qu’une approximation des usages linguistiques des individus
dominants. Si on revient à la prononciation du « th », on s’aperçoit que les membres de la
classe supérieure produisent quand même « t » et « d » dans 14% des cas alors que la norme
dominante prescrit de prononcer « th » dans tous les cas.  La norme idéale, en plus d’être
dominante et officielle, ne rend pas compte de l’usage réel d’un locuteur.
On parle de surnorme, car cette norme légitime outrepasse la norme fonctionnelle. Dans une
forme de perfection qui n’est pas forcément utile à la communication. Les règles de la norme
légitime, qu’on va appeler surnorme, sont plus contraignantes que les règles nécessaires pour
communiquer.
Exemple :
(1) Elle a un nounours sans lequel elle ne peut pas dormir.
(2) Elle a un nounours qu’elle peut pas dormir sans.
(3) Ça dépend du douanier sur lequel on tombe.
(4) Ça dépend sur le douanier qu’on tombe.
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Les phrases (1) et (3) sont conformes aux normes officielles. Les phrases (2) et (4), ont
respectivement le même sens que les phrases (1) et (3), et sont compréhensibles, malgré le fait
qu’elles ne respectent pas les normes officielles.

La question qui peut se poser, est la suivante :


-Est-ce qu’il existe d’autres normes que cette surnorme légitime dominante ou idéale ?
-Est-ce qu’il existe d’autres façons de concevoir un usage, avec un ensemble de conventions -
et jusqu’à quel point cet usage a-t-il place dans la norme officielle ?

LES NORMES SUBJECTIVES

Labov va distinguer deux types de normes subjectives :


-D’un côté, selon lui, il existerait effectivement des normes subjectives légitimes.
Elles sont soutenues, elles sont véhiculées par les institutions et les classes sociales
dominantes. Les formes linguistiques promues par ces normes sont associées aux valeurs
attachées à la réussite sociale, à une éducation, une ambition, ou efficacité professionnelle.
Rq : Labov disait, « il n’est de linguistique que de sociolinguistique ». On ne déconnecte pas
les usages linguistiques des représentations sociales sur le classement de l’individu.
-Mais il existerait aussi selon lui, des normes subjectives cachées. Elles sont
soutenues par les valeurs de groupes sociaux qui n’occupent pas ces positions sociales
dominantes. Labov prend l’exemple des ouvriers. Ces formes linguistiques valorisées par ces
normes cachées, seraient associées à la solidarité et à la loyauté envers le groupe. Egalement
associées aux qualités relationnelles, sympathie, convivialité, chaleur, mais aussi à la rudesse
et à la virilité.
Rq : Lors des enquêtes, le locuteur n’avoue pas ses préférences cachées aux enquêteurs car les
enquêteurs sont perçus comme des intellectuels qui représentent l’institution, et qui rpst les
valeurs dominantes.

Labov a quand même réussi à mettre en évidence les normes cachées. Il a montré que les
paroles enregistrées d’un ouvrier new-yorkais étaient jugées + favorablement dans 2 cas :
. Dans le premier cas, en réponse à la question : « Quelle chance cet homme aurait-il
de devenir un de vos amis ? ».  Les auditeurs du milieu ouvrier préfèrent le locuteur du
même milieu qu’eux. Question de solidarité, loyauté. Représentation commune qui se forme
et se traduit par la ressemblance à un discours d’une même classe.
. Dans le deuxième cas, en réponse à la question : « Si cet homme se trouvait prit dans
une bagarre, quelles chances aurait-il de gagner ? »  Les auditeurs placent le locuteur
ouvrier au-dessus (favorisent) du locuteur issu de la classe sociale sup, car ils véhiculent des
valeurs liées à la virilité, au combat etc.

Un autre chercheur nommé Trudgill a fait une enquête en Angleterre, à Norwich. Lors des
entretient, certains locuteurs disaient parler affreusement mal. Les linguistes leur ont demandé
s’ils souhaiteraient améliorer leur langage. Réponse : ils ne souhaitent pas changer car pensent
que leur famille les considéreraient comme déloyaux ou arrogants.

LES MARCHÉS LINGUISTIQUES

Pierre Bourdieu, a longtemps été professeur de sociologie au Collège de France. // ‘’La


sociologie est un sport de combat’’, film où il explique le poids de la langue

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Bourdieu reconnaît bien l’existence de normes cachées différentes de la norme dominante et il


est plus précis que Labov. Il explique comment ces deux types de normes subjectives
coexistent dans la société, comment elles se partagent le terrain social.
Pour Bourdieu, les situations de communications sont à rapporter dans des marchés
linguistiques càd des lieux où les énoncés produits par les locuteurs prennent une certaine
valeur en fonction des normes qui y sont appliquées. Il y aurait autant de marchés que de
normes attachées à ces marchés. Il y a en dehors de l’aspect purement communicatif, cette
notion de bien économique, de valeur, sur le marché linguistique (intérêt pour la société).

Selon lui il en existerait trois types de marchés :


1°) les marchés où règnent la norme légitime, aussi appelés les marchés dominants.
Par exemple les échanges de biens dans le cadre des institutions, entre enseignants et
étudiants au sein d’un cours, les échanges dans le cadre de l’institution judiciaire lors d’un
procès.
2°) les marchés francs, où s’imposent les normes cachées.
Par exemple les échanges entre les membres d’une bande d’adolescents. Les normes qui
s’appliquent dans ces cas-là sont en rupture avec la norme légitime. Elles instaurent ce que
Bourdieu appelle : une contre légitimité linguistique. Cela se traduit par une résistance aux
conventions de la norme légitime, et un devoir de transgresser cette norme légitime, càd une
langue qui va s’éloigner de ce qui est attendu. Il y a un effort pour ce devoir de
transgression, par exemple parler systématiquement en verlan, qui demande une certaine
capacité phonologique et il est tout aussi difficile de parler en verlan que d’employer
l’imparfait du subjonctif.
3°) le marché où les normes se relâchent, un marché intermédiaire, qu’ils s’agissent
de la norme dominante ou des normes cachées. Il s’agit essentiellement des échanges entre
familiers dans un cadre privé.

 Dans quel contexte les normes cachées peuvent être utilisées ? Quelles sont
les conséquences d’une confrontation avec les normes légitimes ?
Bourdieu suggère que les normes cachées ne peuvent être mises en pratiques que dans
certaines situations de communication qui sont les marchés francs. En dehors de ces marchés
francs, elles n’ont pas le droit d’exister. Cette limitation des normes cachées à certains
marchés linguistiques a une conséquence : un locuteur qui valorise les normes cachées ne peut
pas toujours éviter les marchés dominants. La confrontation avec le réel, avec les normes
légitimes est problématique pour ceux qui ne maîtrisent que les normes cachées.
On peut penser à un jeune d’une bande qui doit prendre la parole dans un cours, à ce même
jeune chez un médecin inconnu, dans ces cas, le locuteur est soumis à la norme légitime et il
subit une pression pour utiliser des formes linguistiques conformes à cette norme.
-S’il ne le fait pas, son attitude peut provoquer des sanctions. Parler à un professeur ou à un
juge avec les formes linguistiques qu’on utilise avec sa bande peut faire mauvaise impression.
-Si au contraire ce locuteur accepte de se conformer à la norme dominante, il se place dans
une situation de conflit intérieur, à savoir conflit entre les normes cachées qu’il valorise et la
norme dominante qui s’impose à lui.
=>Il y a donc conflit entre deux systèmes de valeurs, par exemple entre les valeurs
véhiculées par l’école et les valeurs prônées par la bande. C’est une difficulté pour certains
adolescents d’adopter à l’école la façon de s’exprimer valorisée par des enseignants.

IV - CONCLUSION

 Quelles attitudes pouvons-nous adopter face à la norme linguistique ?


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Pour conclure, il y a vraisemblablement trois façons possibles de se situer par rapport à la


question de la norme linguistique. L’attitude qu’on développe par rapport à la norme va
orienter nos pratiques pédagogiques. Si nous sommes pour l’orthographe, avec la norme
telle qu’elle est fixée, on aura une sévérité plus forte, mais on peut être plus tolérants, sans
être démagogique (démagogie = recherche de la faveur du peuple pour obtenir ses suffrages et le
dominer).

 1ère attitude : La justification de la norme légitime


La première attitude concerne la justification de la norme légitime : elle consiste à trouver
des justifications pour affirmer que finalement la norme légitime est la meilleure.
Les justifications sont : « c’est plus beau de dire ceci que cela », plus logique et
fonctionnelle : « ce n’est pas conforme à la logique de la langue française » « ce n’est pas
clair de dire... ».
Il est facile de rejeter les justifications esthétiques, on a été conditionné à trouver belle les
formes linguistiques qu’on retrouve souvent dans la bouche des locuteurs légitimes, que la
société désigne comme des locuteurs qui parlent bien, ceux qui possèdent une culture
académique. Autrement dit, le jugement esthétique est en fait un jugement subjectif et
social.
Les justifications fonctionnelles sont plus difficiles à réfuter, on peut trouver des arguments,
dire qu’une forme n’est pas conforme au système de la langue française, mais on peut trouver
des arguments inverses qui suggèrent que cette même forme est conforme au système de la
langue française. Il n’y a pas une logique ; mais plusieurs, dans un système linguistique.
Une forme peut sembler moins logique d’un point de vue sémantique et plus logique du
point de vue syntaxique. Un enfant dit « papa parti auto » : pas de logique syntaxique mais le
sens y est. « La terre est bleue comme une orange » : la syntaxe est complétement correcte
mais la sémantique est moins facile d’accès.  Donc ce qui peut être aujourd’hui proposé
comme un usage correct, pourra dans quelques années devenir un usage courant. Certaines de
ces 3 logiques peuvent varier avec le temps. Autrement dit il est difficile de mettre un terme
au débat de ce qui est correct ou non. Selon cette attitude, ce qui vaut c’est ce qui est
fonctionnel.
Si on applique ces réflexions sur le terrain de l’enseignement, de l’école : un enseignant qui
adhère à ses justifications de la norme légitime considérera que certaines formes
linguistiques sont plus belles, plus logiques, qu’elles permettent de s’exprimer plus
clairement, que les élèves qui emploient peu ces formes parlent mal ou manquent de logique.
Et donc qu’il faut tout mettre en œuvre pour que ces élèves malheureux accèdent au « beau
langage ». L’enseignant qui adopte cette attitude risque fort de ne pas comprendre
pourquoi certains élèves particulièrement attachés aux normes cachés rejettent ce « beau
langage» et sont imperméables à son apprentissage.

 2ème attitude : le relativisme absolu


On ne peut pas prouver qu’une forme linguistique est plus efficace ou plus belle qu’une
autre en soi. Donc on en vient à la conclusion que toutes les formes linguistiques se valent
et ceci dans toutes les situations. Ce raisonnement est juste sur la forme linguistique mais il
est faux sur le plan sociologique. En effet on l’a bien noté, on ne peut pas faire abstraction du
jugement social sur les formes linguistiques, on ne peut pas faire abstraction des valeurs
différentes, qu’elles reçoivent sur les différents marchés, ni des jugements sur le locuteur qui
découlent de ces valeurs, et enfin on ne peut pas faire abstraction des sanctions que ces
jugements peuvent occasionner.

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Cette deuxième conception, poussée à l’extrême, peut conduire à une attitude normative
inversée. Par soucis de réhabiliter le parler des jeunes noirs des ghettos, Labov a été tenté
d’opposer la concision et la précision de leur parler vernaculaire (langue standard) - à la
verbosité et au remplissage, dans le parler issu des classes supérieures. Il a voulu justifier les
normes cachées comme d’autres justifient les normes légitimes. Cette attitude n’est plus
celle d’un linguiste : le linguiste décrit la réalité de manière objective, ce n’est pas de dire
telle langue ou telle norme est mieux que d’autres et de juger. On peut reprocher à Labov de
prendre position, même si son côté militant est justifié.
Sur le terrain de l’école, si un enseignant adoptait ce relativisme absolu : il aurait tendance à
accepter que ses élèves utilisent les formes linguistiques qu’il souhaite dans le cadre de sa
classe quel que soit la situation de communication, qu’il s’agisse d’un exposé, d’une
discussion amicale ou d’une réaction écrite. Il aurait tendance à laisser penser à ses élèves que
le jugement linguistique n’existe pas. Il prend comme risque que ses élèves rencontrent plus
tard quelques difficultés lors d’un oral d’examen, ou lors d’un entretien d’embauche.

 3ème attitude : La légitimité des usages linguistiques


La troisième attitude, c’est la prise en compte du fait sociologique, de la légitimité des
usages linguistiques. Elle est très liée à la pensée de Bourdieu.
Elle consiste d’abord à admettre qu’il est impossible de justifier sur le plan linguistique la
norme légitime ou les normes cachées. Pour le dire plus simplement, un fils de ministre
n’est pas plus verbeux qu’un adolescent des cités est concis.
Elle consiste également à prendre en compte l’existence du fait sociologique de la légitimité
des usages linguistiques. Plus clairement : dans notre société il existe une norme légitime.
Elle est particulièrement active dans toutes les situations qui conditionnent l’insertion
scolaire et professionnelle. Dans notre société, la réussite scolaire dépend principalement de
la langue et notre norme légitime.
Du point de vue de l’enseignement, cette attitude a trois conséquences pratiques :
-s’abstenir de juger les élèves à travers leurs usages linguistiques, adopter une position
d’objective. Ex : lors d’une interrogation orale ou d’un exposé.
-Ensuite, apprendre aux élèves à s’adapter aux différents marchés (« vous pouvez dire ça à
tel moment... mais vous devez dire ça à tel moment... »). Dans certaines situations de la vie
scolaire, c’est pouvoir permettre que les élèves utilisent des formes linguistiques que la norme
légitime réprouve. Ex : lors d’une conversation amicale entre élève et enseignant, ou d’un
travail en groupe.Et puis, dans d’autres situations, c’est essayer d’obtenir des énoncés
conformes à la norme légitime.
-Enfin, troisième conséquence, c’est d’amener les élèves à se situer en tout conscience vis-à-
vis de ces questions de la norme linguistique. Ex : les rendre conscient de l’existence de
marchés linguistiques différents. Leur faire observer les normes qui régissent ces marchés et
des inconvénients qui peuvent résulter de leur transgression.

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CHAPITRE 8 - NORMES SANS CONTACT

INTRODUCTION

La problématique du contact des langues vient d’un constat simple : on a connaissance


de 6,000 à 7,000 langues différentes qui se diffuseraient, coexisteraient dans environ 200
pays. Il est donc probable qu’il y ait en moyenne 30 langues par pays.
Le constat est réel : le monde est plurilingue et les communautés linguistiques se côtoient
et se superposent sans cesse, ce qui donne à la question de la frontière géographique un
aspect bien superficiel. Ce plurilinguisme fait que les langues sont constamment en contact,
en voisinage. Le lieu de ces contacts peut être l’individu, ou la communauté. Le résultat de
ces contacts est l’un des objets de la sociolinguistique. Il va être question de la classe sociale.
Certains pays vivent des situations diglossiques, avec des langues rejetées et dévalorisée par
rapport à une autre.

D’un pdv historique, les contacts entre les langues reposent sur des projets politique
de société. La colonisation, l’immigration, le concept de multiculturalisme et puis aussi les
concepts liés à l’assimilation et à l’intégration.
Assimilation = processus de synthétisation, de transformation culturelle que subissent les
groupes sociaux minoritaires au contact d’un groupe majoritaire. Cela se traduit par l’adoption
progressive par des sujets d’un groupe minoritaire, des traits culturels du groupe qui les
accueille, jusqu’à la disparition progressive de tous les traits culturels initiaux. C’est la perte
de toute identité.
L’intégration = un concept semblable qui apparaît après la colonisation. L’individu ou le
groupe minoritaire doit s’intégrer au groupe majoritaire mais à la différence de l’assimilation,
tout en adoptant les valeurs, la culture du groupe majoritaire on en conserve certains traits
initiaux, comme la justice et l’école.
Puis il y a le niveau en dessous qui concerne la subjectivité, les sujets qui vivent ces contacts à
l’intérieur d’eux-mêmes ? Que fait-on de la mémoire de ces sujets, par rapport aux relations,
aux regards d’autrui ? En termes de construction identitaires, qu’en est-il de réussites
sociales ? Il y a donc un rapport entre langue et identité.
 La question de la politique linguistique va être au cœur de tout cela. Jusqu’où aller pour
faire apprendre la langue donnée ?

Remarque : L’analyse sociolinguistique doit porter sur le contexte et non pas sur des données
du locuteur, de son histoire sociale etc. L’important c’est ce qui constitue le moment où on va
produire l’interaction. Ce n’est pas l’individu en tant que prisonnier de ses usages.

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I – RECONNAISANCE, STATUT, ET PROJET CONCERNANT LES


LANGUES EN CONTACT

- Au niveau mondial : il y a un consensus (=un accord). Il y a deux institutions :


l’UNESCO, la commission européenne et le Conseil de l’Europe qui ont tous deux adopté une
perspective voisine visant à promouvoir la diversité des langues nationales enseignées
comme langue étrangère, et valoriser les langues régionales et minoritaires. La dimension
économique aussi. Il a été adopté en 1992 une charte qui contient 98 articles de manière à
rendre le plus exhaustif possible.

- Au niveau européen : cela se concrétise par le biais d’échanges culturels scolaires


par exemple, les bourses, programme Leonardo, qui visent à l’échange et à l’accueil. Il y a
cependant de moins en moins d’intérêt pour les langues du le pays d’accueil (ex : un étudiant
étranger qui vient en France mais qui a des cours en anglais). Se manifeste ici le caractère
utile des langues : aller étudier dans un pays pour apprendre pas forcément la langue que l’on
aimerait, mais celle qui nous serait utile d’un pdv économique.

- Au niveau national : au cours de la constitution, on a souhaité un Etat unifié et


centralisé, on a souhaité une volonté d’uniformisation à la fois politique et administrative.
On va avoir un gommage, une répression des provinces, des institutions culturelles, des «
parler », qui sont perçus comme menaçant, empêchant l’uniformisation.
Il faudra attendre 1951 pour voir apparaître un retour aux langues régionales qui va se traduire
par une autorisation de l’Etat à enseigner facultativement certaines langues locales. La France
va signer en 1992 la charte proposée par le conseil. Cela va devenir un vrai sujet de société en
1996 en France, entre deux opposants : ceux pour qui le français doit être la langue à usage
unique et ceux ouverts à la promotion des langues parlées dans les régions. En 1996 le
conseil d’Etat français va rendre un avis défavorable à l’adoption de la charte.
En 1997, les rapports écrits par les linguistes, dont Bernard Cerquiglini. Selon lui 75 langues
pourraient rentrer dans cette charte. Il va proposer plusieurs langues notamment celles des
populations migrantes qui sont exclues normalement par la charte (le rom par exemple).
Parmi ces langues, on va retrouver des langues territorialisées c’est- à-dire des langues
ancrées historiquement en France : l’occitan, le basque, le corse, des langues parlées sur le
territoire français mais qui ne sont pas langues officielles dans leur territoire d’origine (le
berbère, etc.). On compte aussi les langues minoritaires comme le romani, les langues des
DOM TOM, des langues amérindiennes parlées en Guyane, de Polynésie, et des langues
parlées à Mayotte. La charte est signée en 1999, elle rend officielle le statut minoritaire
des langues régionales.
Même réponse du conseil constitutionnel : cette charte est « contrainte aux principes de la
constitution dont l’indivisibilité de la République, l’égalité devant la loi, et unicité du peuple
français la mesure où elles tendent à conférer des droits spécifiques à des groupes.
On sait que 93% des français considèrent ces langues comme patrimoine culturel. Cette
forte demande sociale est un véritable enjeu pour la démocratie. Ces langues font parties du
patrimoine culturel, elles sont sa grande richesse. Favoriser le bilinguisme, c’est permettre
aux citoyens de développer des capacités cognitives. Si on regarde le débat du point de vue
de l’enseignement, les directives de Bruxelles sont convoquées pour établir un modèle à trois
langues : le français, langue de la république, dont ils convient de permettre une meilleure
qualité d’enseignement (l’anglais, l’espagnol). Mais les langues régionales non, les langues
doivent être de la réussite sociale : le français et puis les langues étrangères.

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CM – Langue et société (Damien CHABANAL, bureau 321)

II – EMPRUNT ET INTERFERENCE
Qui dit langues sans contacts, dit mélangent et donc interférences.

L’interférence signifie le remaniement de structure qui résulte de l’introduction


d’éléments étrangers dans les domaines les plus fortement structurés de la langue, comme
l’ensemble du système phonologique, une grande partie de la morphologie et de la syntaxe et
certains domaines du vocabulaire.

- Les interférences phoniques : c’est quand on applique à sa propre langue des éléments
de la langue étrangère. En anglais, la longueur du son [i] est pertinente et nous permet de
différencier des mots entre eux. Ex : Sheep vs Ship. See vs Sea.

- Les interférences syntaxiques : l’organisation d’une phrase dans une langue B selon
celle de la première langue A. Ex : Suona il telefono  sonne le téléphone.

- Les interférences lexicales : nous avons des faux amis.


Le français du Québec par exemple va créer le mot «vivoir» pour salon (de living room).
En français d’Afrique, le terme «gagner» est plutôt dans le sens « posséder, avoir ». On peut
trouver en français africain « ma femme a gagné petit » qui veut dire qu’elle a eu un enfant.
Plutôt que de chercher dans sa langue un équivalent difficile à trouver d’un mot de
l’autre langue, on utilise directement ce mot, en l’adaptant à sa propre prononciation.

 Quelle est la différence entre interférence et emprunt ?


L’interférence est individuelle. L’emprunt est un phénomène collectif.
Toutes les langues ont été empruntées à des langues voisines, et nous particulièrement de
façon passive (parking, camping, web...). L’emprunt vise à emprunter le mot dans une langue
sans le transformer et en adopter le sens.

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