Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
CM – Langue et société
LANGUE ET SOCIETE
Objectif du cours : étudier la coordination, le rapport entre la langue et la société (ceux qui
utilisent la langue) // sociolinguistique (Discipline, des A60)
. La langue fait l’usage d’un code qui permet de communiquer et d’avoir un certain
positionnement social. Q° de la langue, de la norme. Langue = moyen qui nous permet
d’écrire, de dire des choses. Elle possède certaines attentes dans ses usages. On doit se plier
aux attentes des normes linguistiques imposées par la société. Derrière la langue il y a des
attendus, et des sanctions si on ne respecte pas les codes. Langue -> moyen de réussir
socialement/scolairement. Ex : la question de l’orthographe
I – LE LANGAGE ET SA DEFINITION
1. Définition
Langage = un système de signes (écrit/graphèmes, oraux/phonèmes) identifiés permettant une
communication entre une ou plusieurs entités.
Càd que chaque élément d’1 langue a un rôle ds 1 système de communication, et c’est pr ça
que le système fonctionne. Ex : Une phrase doit contenir souvent, au min un sujet et un objet.
Rq : En phonologie, les phonèmes fonctionnent par système d’opposition ex : bateau/gâteau
(le b et le g s’opposent)
p. 1
. La relation du langage à la société = le fait que l’on parle à une ou plusieurs personnes. La
relation du langage à la société est facilement constatable, puisque la vie sociale n’est
constituée qu’en grande partie par l’échange d’info, par la communication des individus entre
eux.
. Le langage a pour force de constituer la vie sociale. La société va aussi apporter au langage.
Il y a donc un rapport univoque entre langage et société. La société influence le langage :
des groupes sociaux qui veulent se différencier d’autres (à travers un lexique particulier).
Univoque = Qui n'est susceptible que d'une seule interprétation
Il y a une dynamique perpétuelle et indéniable dans l’évolution du langage et de la société.
(par ex : essor et règlementation autour des langues régionales).
Les langages naturels utilisent tous une sémantique et une syntaxe. Il y a respectivement un
sens accordé aux mots (sémantique) et une construction de ces éléments entre eux (syntaxe,
grammaire). => notion de système
En sémantique on ordonne, structure les mots entre eux afin de constituer un système et
d’avoir une organisat° de mot.
En syntaxe, on articule les signes entre eux. Ex : organisation affirmative en articulant la
phrase avec un objet et un complément.
Cela permet de faire une économie de moyen = faire 1 minimum de chose en réorganisant les
éléments de manière différente. Ex : Il vient demain VS vient-il demain ? (Mêmes éléments
inversés)
Rq : cela relève du système linguistique, capacité que nous avons nous seuls êtres humains.
Pdv philosophique : Le langage est aussi la faculté de produire de la pensée, qui permet
d’exprimer les pensées de celui qui l’utilise.
3. La double articulation
Le langage h umain est construit à partir d’unités élémentaires : de sons, de sens ; qui
s’assemblent pour former des milliers de mots et de phrases. Le locuteur humain a la capacité
de produire une infinité d’énoncés avec un nb limité de signes (et ça aucun animal n’en est
capable). //Descartes, exemple du perroquet et de l’enfant débile (cf. cours de philosophie du
langage)
+ Le terme technique de « compétence » désigne la capacité qu’a le locuteur-auditeur idéal
d’associer son et sens en accord strict avec les règles de sa langue. (source : Noam Chomsky,
La nature formelle du langage)
Ex : en français, il y a 36 phonèmes, voire 34.
DC l’humain a cette capacité à créer par la combinaison
C’est ce que les linguistes appellent la DOUBLE ARTICULATION du langage. //
André Martinet
4. La représentativité
Autre différence hormis la créativité, c’est la représentativité.
Un mot n’est pas seulement un signal, qui peut exprimer une émotion. Le langage humain
repose sur des signes arbitraires qui renvoient à des représentations du monde.
Ex : Paul est à Lyon -> je peux me représenter cette personne et donner des infos sur sa
situation.
Résumé
. On peut définir le langage comme une capacité à communiquer à l’aide d’un code
commun que l’on appellera la langue.
. Ce code commun est inhérent à une communauté linguistique.
. Il y a différents types de langue et de systèmes de communication (Langues naturelles /
langues artificielles)
. A la différence du langage animal, le langage humain est doué de créativité, de
représentativité et d’une double articulation, lui permettant d’engager un nombre illimité
d’énoncés à partir d’un nombre limité d’éléments linguistiques.
p. 3
1. Définition
Langue = l’outil qui permet de rendre le langage effectif. (Le langage est une fin et la langue
en est le moyen.) C’est un système de signes commun à un groupe social voire à une
communauté linguistique. C’est une convention, un accord (entre francophones par ex).
2. Caractéristiques
Remarque : Il y a différents types de langues : les langues naturelles, et les langues
artificielles. La linguistique analyse surtout l’étude des langues naturelles.
La langue est vue comme ce système de signes doublement articulée avec des unités
distinctives, minimales (les phonèmes) et des unités significatives (les morphèmes =
morceaux qui ont une signification). Ex : parti/ra -> deux morphèmes.
Une langue est un code partagé, reconnu, dans 1 communauté donnée.
Du pdv sociolinguistique, on peut s’interroger sur la langue française comme une et
indivisible. Mais aussi des autres langues : des informaticiens, des médecins, des
enfants. Toutes ces langues répondent aussi à cette même définition de la langue une,
la langue française.
Comment les langues parlées dans des communautés diverses sont reconnues, comment
elles fonctionnent et est-ce qu’elles coexistent avec la langue nationale ?
La langue est un code, ayant une communauté derrière et une identité qui peut naître d’une
opposition à la langue nationale.
A/ La linguistique
La linguistique est une science humaine récente du début XXe. Elle a le besoin de délimiter
son objet d’étude. Avant, on se contentait de comparer les langues entre elles. On n’avait pas
de méthode scientifique pour appréhender le langage.
B/ Ferdinand de Saussure
. C’est Ferdinand de Saussure qui va être le père de la linguistique moderne. (Cf. le cours de
linguistique général).
p. 4
linguiste càd l’aspect de ces phénomènes sur lequel le linguiste doit se pencher à savoir la
langue. Il le ramène à un système déshumanisé, sans se soucier de qui sont les locuteurs.
. Il voit la langue comme un objet stable et invariant. C’est un modèle qui ne prend pas en
compte les usagers qui parlent. Est-ce qu’on peut se passer d’une réflexion sur qui parle
lorsqu’on étudie la langue ?
LA LANGUE VS LA PAROLE
Langue = Objet stable et invariant que Saussure va appeler ce « bien collectif »
Parole = utilisation individuelle, qui est forcément différente d’un individu à l’autre dans son
utilisation
=> Vision dichotomique, linéaire.
+ On appelle en linguistique invariants les éléments qui restent constants (ou que l'on
considère comme constants), par opposition aux variables, dont on étudie les diverses valeurs,
par exemple lorsque l'on met en rapport une série de faits (sociaux) et une autre série de faits
(linguistiques).
Ex : Si l'on compare le comportement linguistique d'un individu à deux périodes de sa vie,
l'individu lui-même, dans son intégrité physique, est l'invariant ; les variations de son
comportement seront ramenées à la variable temps (modification de sa personnalité,
influences sociales, par exemple). (Source : CNRTL)
p. 5
Pour Ferdinand de Saussure, la langue est séparée de la parole. Elle doit être étudiée en elle-
même et pour elle-même. Donc loin de ses utilisateurs et loin de la réalisation individuelle
qu’il assimile à la parole. En effet, il exerce une dichotomie (opposition) entre langue et
parole.
La langue, on peut l’étudier mais sans les locuteurs qui la parlent, car il y a selon lui, autant de
réalisation de la langue qu’il y a d’individus, et donc autant de réalisations qui font qu’on ne
peut jamais appréhender la langue comme un système stable.
L’objet seul de la linguistique c’est la langue càd l’élément que l’on doit soustraire des
utilisateurs, pour bien étudier intrinsèquement la linguistique, et en extraire toute subjectivité.
Comme si la langue était un trésor collectif qui nous est donné à la naissance.
Langue = Trésor politique qu’on peut décrire sans faire appel aux usagers
Emile Durkheim « la langue existe indépendamment de chacun des individus qui la parlent
et bien qu’elle n’ait aucune réalité en dehors de la somme de ces individus, elle est cependant
de par sa généralité extérieure à lui. »
S’il n’y avait pas de locuteurs, il n’y aurait pas de langue. Ce qui fait exister une langue
c’est les locuteurs. Il y a donc un double mouvement de l’intervention du locuteur sur la
langue ; et la langue a sa propre évolution indépendamment du locuteur.
Il y a à la fois un caractère d’extériorité de la langue face à l’individu ; mais aussi de
coercition (= fait de contraindre), qui fonde le caractère social même de la langue.
Contexte historique :
D’une part, groupe de certaines linguistiques ayant une approche descriptive.
D’autre part, groupe de certaines linguistiques ayant une approche scientifique (ex :
Saussure).
Son but est de dégager des principes linguistiques qui définissent les langues du monde.
Démarche épistémologique.
p. 6
2. Réponse de Meillet
Antoine Meillet, après avoir lu le CDLG, dit qu’en séparant le changement linguistique des
condition extérieures dont il dépend, Saussure le prive de sa réalité. Il le réduit à une
abstraction qui est nécessairement inexplicable. (Abstraction = la langue aurait son propre
moteur d’évolution Théorie néogrammairienne.)
Or, celui qui fait la langue, c’est le locuteur, par un besoin de précision, de
communication. Par exemple : besoin de créer de nouveaux mots pour le langage
informatique.
4. Différents objectifs
Saussure cherche à mettre au point un modèle à afficher de la langue.
Meillet est dans l’entre 2, entre la reconnaissance du fait social - et le système où tout se tient
(régularité, stabilité). Meillet se demande comment faire apparaître l’homogénéité dans
l’hétérogénéité. C’est une question qui va traverser toute la sociolinguistique.
Peut-on décrire la langue française, en lui donnant différente modalités possibles, suivant
des critères définis ?
La langue française est parlée par les locuteurs francophones, mais peut-être qu’il y a des
similitudes parmi les jeunes francophones, les séniors francophones, les enfants
francophones… Donc on admet qu’il y a des groupes sociaux différents qui parlent
différemment le français. MAIS on peut trouver des récurrences et un système propre, à
chacun de ces groupes sociaux différents.
p. 7
auquel on puisse recourir pour rendre compte du changement linguistique, est le changement
social. » Donc l’analyse de l’évolution de la langue ne peut se faire que par l’étude de ce
qui a motivé ce changement.
6. Résumé
. Pour Saussure, la langue est élaborée par la communauté (ex : communauté francophone),
en cela elle est sociale. Mais ce social est homogène, tout le monde parle la même langue
indépendamment de l’histoire des individus et de leur intervention. Il distingue donc, de
manière très étanche : la langue - et les locuteurs qui la parlent, càd la réalisation
individuelle soit la parole.
. Pour Meillet, la langue est un fait social, et l’influence du social est au fondement du
changement linguistique.
CONCLUSION
Saussure a un discours de caractère structural qui permet d’étudier les aspects formels de la
langue, càd comment elle s’organise, de quoi elle se compose.
Meillet a un discours qui va viser les fonctions sociales. Quelles fonctions, impact sociétal ça
a sur la langue ?
Remarque : au 20ème siècle, l’usager est omniscient dans la langue
A/ Présentation
Que constate-t-il ?
p. 8
CONTEXTE
USA, années 60, énorme échec scolaire. Il remarque que les enfants de la classe ouvrière
présentent un taux d’échec bcp + grd que ceux des classes aisées.
A partir de cette étude, qui a marqué l’entrée de la sociolinguistique dans la sphère scolaire, il
y a eu 2 thèses qui se sont opposées et qui ont développé 2 façons de concevoir les résultats de
Basile Bernstein : la thèse du déficit, et la thèse de la différence.
1° LA THESE DU DEFICIT
Définition
La thèse du déficit : La langue y est vue ici comme un éventail de ressources.
Les membres des classes populaires ne font usage que d’un groupe restreint de ses
potentialités. Alors que ceux des classes sociales élevées jouent sur ce que l’on va appeler un
« clavier étendu ».
Càd que les enfants provenant des milieux favorisés peuvent jouer plusieurs notes sur
une gamme étendue. Alors que ceux provenant des classes défavorisées peuvent jouer
seulement sur un ou deux registres.
p. 10
Donc = le milieu social a offert à l’enfant des façons de s’adapter, des structures syntaxiques
différentes. Ce qui conditionne la réussite, c’est souvent le stock lexical de l’enfant, (dès la
petite section). L’école ne va lui apporter que 10% de ce stock lexical.
Selon Basile Bernstein la réussite, des membres de la classe supérieure, est attribuable à la
maitrise qu’ils ont des instruments, d’expressions symboliques qu’ils ont en usage dans la
société.
Les classes défavorisées sont victimes, pour Bernstein, de leur handicap linguistique, qui
joue un rôle sur leur dvlpmnt social et scolaire.
Le déterminisme social
L’accès aux privilèges sociaux permet à chaque individu qui a une bonne scolarité et avance
loin dans les études, d’être normalement le plus protégé socialement (en termes de sécurité, de
confort de travail…).
Cet accès aux privilèges dépend visiblement de la maîtrise de tous les instruments
d’expression symboliques en usage dans le groupe. Càd les éléments langagiers qui
sont le symbole d’1 bonne réussite sociale, qui sont les attendus de l’école et plus tard
de la société. Ce sont les divers aspects de la variété standard de la langue.
La langue est une arme fatale de lutte symbolique. Symboliquement, être doté de ces
armes, permettrait de se faire une place dans une société.
Il y a à l’école, dans les institutions scolaires, une violence symbolique caractérisée par
le fait qu’1 individu en échec scolaire subit violement la culpabilité, l’abandon,
l’échec. Elle est caractérisée aussi par de la sanction sociale. C’est ainsi qu’est née
une marche au mérite.
Basile Bernstein a fait entrer sociologiquement la question du déterminisme social.
p. 11
La pression évaluative
Lorsque l’on fait passer des tests (condition de passation), il y a ce sentiment d’insécurité
linguistique qui va impliquer deux types de fonctionnement :
La notion d’inhibition (=Arrêt, blocage d'un processus psychologique faisant obstacle à la
prise de conscience, à l'expression, à la manifestation, au développement normal de certains
phénomènes psychiques.)
Elle consiste à : (1) ne pas montrer que l’on ne sait pas, ET (2) vouloir être sûr que ce
que l’on va écrire est juste.
Elle se manifeste par : des phrases courtes et un vocabulaire très simple.
Donc : La pression évaluative, a un effet inhibiteur. Elle me fait dire « j’en fais le
moins possible pour ne pas me tromper, et je réponds au minimum ».
Remarque : Elle pèse bcp plus sur les enfants venant des milieux défavorisés car ils
connaissent déjà l’échec. Donc ce n’est pas le manque de raisonnement cognitif qui
est en jeu ici, mais la pression sociale sur une passation.
L’hyper-correction (= Le fait de se corriger à outrance, allant même jusqu’à du coup faire
des fautes).
La pression sociale peut mener au phénomène de l’hyper-correction. Le problème
c’est que je ne maîtrise pas parfaitement la langue et je vais faire apparaitre là,
également des fautes qui sont inhabituelles.
2° LA THESE DE LA DIFFERENCE
p. 12
(Rq : Le principal reproche qu’on peut faire à Bernstein, c’est d’avoir fait une distinction
entre les langues : standards/élaborées.)
L’observation participante
William Labov quitte le terrain expérimental. Il faut recueillir les usages naturels, spontanés,
pour éviter la pression sociale.
Il va faire de l’observation participante, càd qu’il va faire appel à des locuteurs issus d’un
même milieu ou même bande, qui acceptent de recueillir des recueils de donnés de la façon
dont ils parlent. Ainsi, les individus parlent librement.
Résultats : il n’y a aucun déficit de la part des locuteurs. Certes les structures, les mots sont
différents de l’anglais standard. Mais le lexique et la construction syntaxique sont tout aussi
variés.
p. 13
CHAPITRE 3 : OFFICIALISATION DE LA
SOCIOLINGUISTIQUE COMME DISCIPLINE
INTRODUCTION
Beaucoup d’éléments ont participé à la construction de l’officialisation de la
sociolinguistique comme discipline.
En mai 1964, est apparu un colloque à Los Angeles qui a celé officiellement la
naissance de la sociolinguistique. (Colloque = ensemble de chercheurs qui se réunissent
pendant 2 à 4 jours pour débattre, pour présenter leurs travau,x et discuter). Lors de ce
colloque, un certain nombre de chercheurs étaient présents, dont William Labov. Il y avait en
tout 26 participants.
p. 14
Face à cette lgstq générale et générative, les linguistes sont assez inquiets. Ils
recommandent l’accentuation sur les communautés lgstq et sur leur répertoire. Montrer qu’il y
a des variations à ce qu’on pretend être la langue une et indivisible. La sociolinguistique est
née contre le générativisme.
p. 15
L’éthnographie de la communication
Il va émerger dans un 1er temps, un consensus (=accord) sur un objet d’étude : l’ethnographie
de la communication. (Ethnographie : méthode en sciences sociales dont l’objet est l’étude
descriptive et analytique sur le terrain des moeurs et des coutumes de populations
déterminées.)
-Reflexion antrophologique qui consitait à voir les rites culturels, sociaux. Ethnographie,
analyse de la communication, du langage dans ces communautés avec l’outil méthodologique
déjà existant.
-Approche sociologique : on va donner une importance décisive au contexte dans lequel se
déroule l’interaction (dialogue entre 2 personnes min.)
Quel est le contexte physique et socio-culturel de cette interaction ? Qui parle ? Dans quel
endroit ? Dans quel but ? En fonction de quelle culture ?
p. 16
les structures lgstq sont utilisées par différents groupes sociaux qui interagissent et comment
elles deviennent des répertoires spécifiques.
La compétence communicative
Del Hymes, va mettre en avant le concept de compétences communicatives. Ce concept fait
écho aux concepts de compétence de Chomsky, (qui est un pur produit cognitif - qui lui est
construit sans lien avec l’environnement social.)
. Hymes, lui va mettre en avant que la langue doit être vue comme un instrument de
communication qui n’est pas indépendant de son dévlpment et de son utilisation. La
compétence communicative va au-delà du code lgstq. Elle prend en compte le savoir social et
culturel. « Pour parler il faut aussi savoir utiliser la langue de manière appropriée dans une
grande variété de situations. » La langue c’est aussi qqch qui est dépendant d’un savoir
culturel et social pour l’utiliser dans des situations adaptées, et il y a réellement une
compétence à acquérir : la compétence communicative. Savoir quel type de discours
utiliser selon quel type de contexte. Selon Hymes, on doit savoir utiliser la langue de manière
appropriée, dans une grande variété de situations.
Ex : Il y a des codes culturels qui ne sont pas partagés par toutes les cultures (faire la
bise) au-delà du code linguistique. Cette compétence va s’acquérir à travers les
interactions qu’on a.
Ex : Savoir gérer les tours de paroles ; savoir de quoi parler dans quelle situation (ex :
demander à qqn pour quel président il a voté en France vs. aux Etats Unis).
. Avec la compétence communicative, son but est de comprendre pq il y a des langues
différentes et pq il y a des conflits entre ces langues. Son idée est la suivante : les besoins
communicatifs d’une société ou d’une communauté ont une influence directe sur le
comportement langagier. Il y a donc des rapports entre la structure de la communication et
la structure sociale, ainsi qu’entre structures et fonctions communicatives.
=>L’objectif de l’ethnographie c’est de pouvoir découvrir ces structures, décrire les règles
communicatives, les rituels d’interaction entre les locuteurs d’une même communauté, et qui
peuvent varier d’une situation à l’autre, d’où l’importance du contexte.
p. 17
1ère préoccupation
La linguistique de terrain ou lgstq appliquée (en opposition à la « linguistique de
laboratoire »), c’est aller voir comment les gens parlent, et dans quelles conditions, et de
relier ces conditions d’énonciation à la parole. Il faut prendre compte des usagers et
contextes pour pouvoir étudier la langue.
Cette idée d’analyse du terrain vient rompre avec l’idée de la langue comme structure
invariante. Effectivement, si un seul linguiste prend ses propres usages, les décortique, et
déclare à partir de cela, que la langue qu’il emploi est la langue du monde ; il va définir une
structure invariante. Or ce n’est pas scientifique, cela ne constitue aucune validité car c’est
son usage personnel. Il y a des linguistes qui ont travaillé sur des usages différents en
Norvège, au Paraguay, à Chicago, à NY - et ont déclaré que la langue a bien des usages
différents selon qui la parle.
Il y a un glissement : on parlait à la base d’un ‘informateur’ pour décrire la langue
(introspection // grammaire générative). Càd que le linguiste, par introspection, était en
mesure d’aller retrouver la structure même de sa langue. (L’introspection était une pratique au
cœur du début de la psychologie.) On a pensé que le sujet était le meilleur représentant de
son comportement mental. Ce qui a très vite été rendu inapte à la science : difficultés du
sujet à s’auto-analyser et aussi il y a autant d’analyse que de personnes : impossible d’en faire
une science. Cette introspection va être relâchée en lgstq au profit de l’analyse de
communautés ; par exemple l’origine géographique. Ce sont des variables indépendantes.
2nd préoccupation
La question du changement linguistique = l’évolution de la langue mise en relation
avec des faits sociaux. Ce sont les locuteurs qui, pour des besoins socio-économiques ou
socio-identitaires, font évoluer la langue. Ex : besoin d’un nouveau lexique pour des
innovations technologiques. C’est un facteur primordial. L’individu socialement marqué dans
un groupe va faire évoluer la langue.
Deux hypothèses que la langue évolue :
1° Elle évolue en elle-même et pour elle-même. Il n’existe en elle qu’un moteur de
développement, une dynamique, qui n’a aucun rapport avec l’intervention des locuteurs. Elle
évolue par son dynamisme.
2° La langue n’évolue que par les contacts et le besoin de sa communauté.
Labov a étudié les locuteurs qui font - selon lui - évoluer la langue le plus vite. Etude à
NY, dans différents milieux avec une variable de genre (femme/homme). Il s’est aperçu qu’en
terme d’évolution cognitive de l’anglais ; ce sont les locuteurs femmes de la classe moyenne
p. 18
qui tendent à faire évoluer de manière significative la langue anglaise, par un besoin
d’émancipation, et par besoin de se démarquer de la classe moyenne en créant de nouveaux
usages.
3ème préoccupation
La question des préoccupations sociales et le déficit linguistique.
Préoccupations sur le problème des déficits linguistiques, et de l’enseignement de l’anglais
aux enfants de classes sociales défavorisées. On peut identifier les causalités de l’échec
scolaire par la situation de la communauté étrangère trop éloignée de la langue standard. //
Bernstein
4ème préoccupation
La question de la politique linguistique
Le concept de diglossie montre que dans certains pays, des langues ne sont pas sur le même
pied d’égalité. Depuis les années 60, beaucoup de travaux sur la diglossie. La politique lgstq a
reçu un statut favorable. Enquêtes, planifications lgstq.
CONCLUSION
Plus de 50 ans après cette réunion, les problèmes ne semblent pas réglés, il y a une
dispersion des intérêts, il n’y a pas de théorie unifiante, ni de force institutionnelle. Peut-être
que ce manque de cohésion résulte du concept même de la lgstq. Il est parfois difficile
d’opérer une transversalité entre les différences linguistiques.
Il y a tjrs de la sociolingstq qui existe ajd et qui fait un travail considérable de « trait
d’union » avec la didactique (l’enseignement), et le milieu social. Est-ce que les inégalités
sociales renforcent les inégalités scolaires ? (réponse au niveau de la sociolgstq sur la qualité
de la langue environnante). On parle aussi de socio-cognition : Quel est l’impact de la
mémoire dans le langage et dans l’acquisition ? Est-ce que la mémoire est dépendante d’un
niveau social ? // échec scolaire. On peut traiter de la sociolgstq à travers des éléments socio-
cognitifs.
Ce qui est nouveau : la conscience et le rôle du politique, càd les besoins d’une politique
en matière de plurilinguismes qui vont pousser à institutionnaliser la sociolinguistique. Càd
prendre en compte la question sociale. Problèmes de polyvalence. La sociolinguistique reste
une discipline diverse qui va donner lieu à deux courants majeurs, qui sont l’interactionnisme
et le variationnisme.
p. 19
I - LE VARIATIONNISME
p. 20
communs (ex : français à la France). Cependant, il faut selon lui reconnaître que
l’environnement sociale est stratifié en communauté différentes.
Le fait de découper le monde social en catégorie, va faire émerger l’idée qu’il n’y a
pas une langue mais des langues, en lien avec un groupe social donné. On va travailler sur
la variation dans un conditionnement logique et sociolinguistique. La présence ou l’absence
d’une variable indépendante - comme le milieu social ou le contexte linguistique - détermine
des usages différents au niveau de la communauté reconnue comme hétérogène.
On va reprocher à Labov que ses données sont trop quantitatives et qu’il n’a pas assez
étudié les individus qui constituent ces statistiques. Néanmoins, Labov - aidé des théories et
des méthodes sociologiques - va réussir d’une part à montrer qu’une communauté
linguistique peut avoir en son sein des langages diversifiés, d’autre part que loin d’être
accidentels, ces usages peuvent faire partie de la compétence du sujet parlant, càd
l’ensemble des règles générales construites par le locuteur.
p. 21
Partant de cette hypothèse, il va faire une enquête dans les grands magasins new-yorkais, son
idée, est que les vendeurs - suivant la clientèle qu’ils ont - vont s’efforcer à plus ou moins
produire ce « r » final. Il choisit 3 magasins classés socialement de manière différente : le
premier, un magasin de vêtement de luxe. Plus l’échelle sociale est haute, plus ils vont le
faire.
Procédure : d’une part il enregistre ces locuteurs ; puis il prend ces mêmes locuteurs et leur
demande s’il est bien ou non de produire le R en contexte postvocalique. Tous les locuteurs
lorsqu’on leur demande sont d’accord pour respecter le bon usage de l’anglais standard.
Cependant, les personnes venant des milieux défavorisés produisent peu le R. Il y a donc un
écart mystérieux entre la conscience de l’usage, et les usages réels.
Analyse - Deux informations intéressantes :
1) il y a un décalage entre l’idée que l’on se fait de l’usage de la langue – et la langue que l’on
parle. On est tjrs convaincus que l’on parle mieux que ce que l’on parle réellement. C’est une
tendance du locuteur d’aller dire qu’il parle bien (alors que non bande de fdp).
2) Les locuteurs n’ont même pas conscience qu’ils ne produisent pas ces réalisations
cognitives. DONC : il y a un paradoxe entre la conscience subjective de l’usage du R et son
usage réel.
Labov va tenter des corrélations purement statistiques entre les usages et le milieu :
Milieu défavorisé Milieu favorisé
Taux de présence 30 / 300 r produits 50/100 r produits
10% 50%
CCL : plus la population est défavorisée, moins ils produisent de r
Ainsi, on montre que les usages sont différents, et on peut les rattacher à des catégories
sociales.
Variation socio-stylistique
Autre problématique que va avoir Labov : Lorsqu’il regarde dans le milieu défavorisé, dans
ce même groupe, il y a des personnes qui n’auront pas tout à fait les mêmes réalisations. Càd
que l’écart- type est grand. Ce ne sont que des tendances qui ne correspondent pas à la
réalité individuelle des membres du groupe. Ces variations semblent irrégulières du pdv
des individus, mais elles montrent des régularités statistiques systématiques au niveau des
faits sociaux.
Variation socio-stylistique = il n’y a pas seulement le milieu d’où l’on vient qui détermine
les usages ; mais il y a le milieu où l’on est à un moment précis. C’est à dire que l’origine
sociale peut s’effacer temporairement, lorsqu’on est contraints de moins faire de variations.
p. 22
Le concept d’habitus
Pierre Bourdieu a créé le concept d’« habitus ».1982, Ce que parler veut dire.
L’habitus c’est un ensemble de dispositions socialement façonnées qui impliquent une
certaine propension (=capacité) à parler et à dire des choses déterminées.
Le locuteur va développer un ensemble de comportements typiques de son milieu,
comportements sociaux, professionnels, à parler et à dire des choses déterminées. Le locuteur
va rappeler dans ses interactions la position sociale qui est la sienne, càd qu’on va pouvoir
lire dans le discours de l’autre d’où il provient socialement. C’est-à-dire que
l’extériorisation de ce qu’on a intériorisé, fait construire en nous un ensemble de
comportement que nous (ré)intériorisons. Les échanges linguistiques ne sont jamais de
simples interactions, et ne se laissent comprendre que rapportés au marché linguistique et à la
structure sociale dans son ensemble.
Le marché linguistique
Le marché linguistique c’est le système de sanction et de censure spécifique à la langue.
L’idée est simple : si on prend l’image du marché économique, on a ce qu’on appelle des
biens qui valent plus cher que d’autres sur le marché éco. Plus nos biens prennent de la valeur
plus on obtient un patrimoine économique important.
L’idée de Bourdieu c’est que c’est pareil pour la langue, il y a un marché linguistique. Bien
parler, avec les liaisons facultatives, c’est avoir une valeur importante sur le marché
linguistique, et ceci, c’est accéder et réussir socialement. Bien écrire rapporte énormément de
points sur le marché linguistique. On reproduit ce que l’on a vécu et ce que l’on nous a dit,
reproduction sociale.
II - L’INTERACTIONNISME
p. 23
CONCLUSION
Ces deux conceptions de la sociolinguistique donnent lieu à deux approches
méthodologiques différentes :
-l’approche macro-socio-linguistique ; ou variationniste – qui se caractérise par des
études quantitatives. Echantillons de locuteurs, ou grande masse de données issues d’un seul
locuteur. Le but ici est de faire construire par des moyens statistiques, les facteurs
sociaux (gens, âge, catégorie sociale), qui conditionnent la variation.
Dans l’enquête de ce type, la situation d’interaction est utilisée comme une variable
indépendante, construite et manipulée par l’enquêteur, dont on recueille l’effet sur la
variation (VD). La VI nous permet de mesurer les effets de quelque chose (ce n’est pas la
cause).
Les études partent de l’idée que - ce sont le social et les conditions de l’échange - qui
déterminent la variable linguistique.
-l’approche micro-socio-linguistique ; ou interactionniste, va établir, à partir de
données réduites, pourquoi et comment le locuteur utilise ses compétences sociolinguistiques
(variantes, stratégies expressives…) au sein de l’interaction.
p. 24
différemment suivant l’appartenance à tel groupe social ou selon l’influence des situations de
communication.
Comment montrer d’une manière formelle, générale, ce fait d’un pdv grammatical ?
Comment intégrer que les usages sont différents suivant le locuteur, la situation – mais qu’ils
répondent à des principes généraux et prévisibles ? Comment montrer de l’homogène dans le
l’hétérogène ?
Critiques
. On ne voit pas comment les sujets auraient une connaissance à intérioriser
d’application des règles dont la justification est d’être quantitative ; et de formaliser par
l’usage du coefficient numérique, une compétence redéfinie statistiquement. Selon les facteurs
de cette hypothèse, les règles de variables ne seraient qu’un moyen d’enregistrer des
informations attestées quantitativement, mais elles n’ont pas de pouvoir explicatif.
Pourquoi tel milieu enregistrerait tel pourcentage ?
. Les règles variables ne supposent qu’une simple extériorisation d’une probabilité
intériorisée. C’est donc une hypothèse de simple conditionnement : je suis conditionné par
les usages de mon milieu et je les reproduis. Dans ce cas précis on ne met pas en avant la
capacité du locuteur à moduler ce taux de variation.
. L’intentionnalité du locuteur, sa capacité de surveillance de son activité linguistique
n’est pas prise en compte. On peut donc comparer l’utilisation des règles variables aux
lois probabilistes auxquels sont soumis les objets physiques (pièce de monnaie…). La
p. 25
p. 26
I - DEFINITION
1965, Martinaut « Tout peut changer dans une langue : la forme et la valeur des mots
(c’est-à-dire la morphologie) et le lexique, l’agencement des mots dans l’énoncé (c’est-à-dire
la syntaxe), la nature et les conditions d’emploi des unités distinctives (c’est-à-dire la
phonologie). » Il y a donc 4 niveaux selon lui, auxquels la langue peut varier.
p. 27
Autre exemple, dans la variable « véhicule » : automobile, caisse, bagnole, voiture. Quand je
dis « caisse » et quand je dis « automobile », j’ai une connotation donc un registre différent.
Cette démarche de choix, fait qu’on ne sait pas si c’est le parler spontané d’un locuteur, ou si
c’est calculé. On n’est pas dans le réel de la langue. C’est pour cette raison que la
sociolinguistique s’est basée à l’origine, sur les variables phonétiques.
PROCEDURE
Pour se faire, on a observé les taux de suppressions de ces variables, et dans un deuxième
temps, on a observé si dans certains mots, ces sons étaient absents des représentations
lexicales subjacents. Afin de voir si les enfants avaient ou pas le L en mémoire.
Ex : demander à l’enfant si on peut dire « cartable » ou « cartabe » ?
p. 28
RESULTATS
Tri croisé entre milieux social, genre, mots, production…
2°) Tous les enfants en général, quel que soit leur milieu, produisent identiquement ces
variables. C’est donc l’influence de l’orthographe qui semble prépondérante puisqu’il
n’y a plus aucune différence sociale significative. Il apparait donc comme un symbole
majeur dans la mémorisation des formes.
Remarque : Il est intéressant de constater que ces différences nulles à 6 ans, vont devenir
importantes à l’âge adulte. On aura pu montrer ici que ce n’est pas une question de
connaissances, mais de volonté, de démarche, de produire ces phonèmes.
3°) On s’est aperçu que dans les deux mots arbre et orchestre les /ʀ/ étaient moins
produits que dans les autres mots. Car il y a 3 consonnes à la suite, ce qui rend la réalisation
de ces mots plus difficile. On pourrait dire que la variation ici ne concerne pas véritablement
le milieu social, mais concerne la question du poids de l’écrit et de la maturité
p. 29
articulatoire. Ce sont donc des contraintes linguistiques, et cognitives (avec la mémoire des
mots), et non des contraintes sociales (pas de différences entre les milieux) – pour ces
variables-là.
On a dans ce chapitre définit un croquis de l’analyse sociolinguistique ; sur les discours, les
questionnaires, visant à montrer quel est l’intérêt de la langue.
III - CONCLUSION
p. 30
Le niveau phonétique, qui intervient en dernier ressort dans la construction d’un message
(Caron, 1995), est un processus automatique de bas niveau qui a une tendance à l’économie,
quand on n'y prête pas attention. Or, les ressources attentionnelles qui permettent le contrôle
sur l’activité langagière sont plutôt utilisées dans les premières étapes concernant la
construction du message (niveau syntaxique et sémantique) puis dans le suivi de l’interaction.
En revanche, les locuteurs ne portent pas habituellement attention, aux automatismes de la
parole, comme on l'a montré, (Chevrot, 1994). L'étude de ce mécanisme phonétique est donc
d'un grand intérêt pour la sociolinguistique qui veut saisir les usages échappant à la
conscience, les plus révélateurs de l'origine sociale.
Les mécanismes de l’articulation portent en eux des informations sur l’identité sociale du
locuteur puisqu’ils sont le reflet des automatismes de la parole "dont l’acquisition a été la
plus précoce dans la biographie du locuteur ou ceux qu’il utilise le plus souvent dans ses
échanges quotidiens" (Chevrot,1994).
II – LAPSUS ET HYPERCORRECTION
p. 31
Levelt (1989), montre que dans une expression comme tool kits pouvant prêter à un
lapsus, les locuteurs - conscients que l'inversion de // par pourrait provoquer un mot
grossier (tits = nichons) - vont significativement faire plus de lapsus sur le mot tool et
produire l'énoncé fautif kool kits, plus souvent que kool tits ou tool tits. Ce fait nous est
confirmé par des tests de mesure électrodermale des sujets, les réponses les plus "tabou" étant
marquées.
Les épenthèses remarquées par Chevrot (1991) sont à ranger sous le même ordre de faits.
Les /R/ ajoutés dans "trois ou quat' tree shirt", "la hauteur de la paroi représentre quat 'fois les
Alpes" - proviennent d'une action erronée d'un dispositif de contrôle sur la sélection des
variantes, qui contribue ordinairement à la préservation des /R/ post-consonantiques finaux.
Comme le précise Gadet (1996), le terme de variante ainsi que tout le champ lexical
attenant (variation, règle variable, variabilité, variationnisme) ne semblent pas clairement
définis et arrêtés pour les linguistes. Elle remarque en effet que sur seize dictionnaires de
linguistique consultés (en français, en espagnol, anglais et allemand, parus entre 1963 et
1988) "variante" par exemple, ne figure qu’au sens structuraliste du terme avec "variante
libre" ou "variante combinatoire".
Il convient de s’attarder sur cette constatation qui semble soulever trois questions :
1/ Pourquoi le terme de "variable", et ce qui s’y rapporte, est-il rarissime dans des
dictionnaires de linguistique ?
2/ Pourquoi ses acceptions sont-elles réduites au domaine structuraliste ?
p. 32
3/ Quelles sont les tentatives conceptuelles des sociolinguistes pour la décrire et les
limites qui en émergent ?
p. 33
Prévoir et systématiser voilà justement l’objectif de Labov qui, comme l’écrit Gadet (1992),
"explore le concept vague de variation libre des structuralistes, qui indubitablement au fait
des variations sociales et stylistiques, ne cherchaient guère à les expliquer". Mais sitôt que
l’on recherche d’une manière précise les causes qui motivent l’apparition d’une variable dans
ce champ d’étude on se disperse. En effet, les critères socio-quantitatifs mis en place par les
variationnistes ne sont pas assez pertinents et précis pour exprimer explicitement les liens
entre sujet, langage et société. Les variables indépendantes utilisées en sociolinguistique (les
catégories socio-professionnelles, le sexe, l'âge, la situation, l’ethnie, l’époque, l’origine
géographique, etc.) pour montrer le caractère motivé du lien entre langage et société à travers
des groupes sociaux ou géographiques rend selon Gadet (1996) "presque indispensable le
recours à la variation inhérente dont l’existence même affaiblit les classements voire annihile
l’idée même de classement ou de distinction".
Mais ces critères ne sont pas exhaustifs, Gadet (1996) ajoute la variation dite "diastratale"
et la variation "épikairique", ce qui témoigne une fois de plus d'une certaine confusion et
impose de penser la variation à partir du sujet qui reste dépendant d’un champ social qu’il
intègre à sa manière.
CONCLUSION
p. 34
En effet l'apport des méthodes d'imagerie cérébrale à l'étude du langage permet, grâce à
l'enregistrement de la variation du débit sanguin (possibilité de voir en temps presque réel
quels neurones sont plus irrigués et dans quel lieu du cerveau) d'apercevoir qu'à des
stimulations similaires, correspondent des activations localisées différemment. Ce qui permet
à Besson (2000) de poser l'hypothèse que "si l'organe du langage existe, il n'est pas localisé
dans une même structure spécifique, mais comprend plutôt des réseaux de structures
cérébrales en proie à variation".
Les sciences cognitives s'intéressent donc à la variabilité à plusieurs niveaux, car il faut
reconnaître qu'elle est efficiente tant au niveau biologique (en rapport avec l'anatomie du
cerveau, la physiologie des cellules, etc.) qu'au niveau plus conscient des états mentaux
internes (connaissances, images mentales).
1. La norme statistique
p. 35
2. La norme sociale
= La norme est ce qu’une société ou un groupe social valorise ou trouve convenable
On change d’échelle, on apporte une évaluation.
Ex : on dira que dans notre société il est normal que les parents se soucient de la scolarité de
leurs enfants. Ce sens-là renvoi aux valeurs qui encourent dans une société ou dans un
groupe ; et il renvoi en même temps aux pressions qui s‘exercent sur l’individu pour qu’il se
comporte. Conformément à ces valeurs.
3. La norme fonctionnelle
= La norme décrit ce qui fonctionne conformément à ses fins
Ex : on dira qu’un groupe fonctionne normalement lorsque les conflits entre personnes dans
ce groupe ne gênent pas la tâche qu’il doit effectuer. Ex : des gens qui ont réussi à s’entendre
dans un même projet. On parle de norme fonctionnelle.
Les linguistes ont défini plusieurs types de normes linguistiques. On peut les regrouper sur
deux orientations : la norme subjective, et la norme objective. Leur définition renvoie toujours
à l’un ou l’autre des trois sens de la norme. Quel que soit le sens donné au mot ‘norme’, la
norme linguistique n’est qu’un aspect de l’ensemble des normes sociales.
1. La norme subjective
C’est la façon dont les locuteurs qui parlent une langue se représentent la façon de bien
la parler. C’est une rpst° de la correction linguistique. Ces représentations sont subjectives
parce qu’elles dépendent en partie des conceptions de chacun. En effet, chacun d’entre nous a
une idée de la façon dont on doit parler.
Ex : pallier à un inconvénient VS pallier un inconvénient (la deuxième forme est la correct)
Après qu’il a mangé VS Après qu’il ait mangé (la première forme est la correct) on
n’utilise pas le subjonctif avec « après que » (mais on l’utilise avec « avant que »).
1° Premièrement, elles sont des représentations qui motivent des attitudes prescriptives.
Autrement dit, les locuteurs exerceront des pressions sur les autres locuteurs pour qu’ils
utilisent des formes conformes à leurs attitudes ou leurs sentiments normatifs. C’est le cas
p. 36
des enseignants qui vont refuser certaines tournures dans les copies ou dans la parole de leurs
élèves. C’est aussi le cas des parents qui reprennent leurs enfants.
2° Deuxièmement, elles sont évaluatives, elles portent un jugement. Elle classe les formes
linguistiques en deux catégories.
- D’un côté, celles qui sont correctes, logiques, et distinguées,
- de l’autre, celles qui sont incorrectes, illogiques, et vulgaires.
Au-delà du placement des formes linguistiques, on classe aussi les personnes, c’est-à-dire
qu’à travers le jugement sur les formes, on évalue aussi les personnes qui les emploient. (On
va dire qu’une personne est vulgaire car elle emploie des mots vulgaires).
Ce jugement peut prêter aux locuteurs des traits particuliers de caractère.
-Etudes des accents régionaux de l’anglais : les locuteurs qui parlent l’anglais avec un
accent régional sont perçus comme sérieux, ayant une bonne nature et de l’humour. A
l’inverse, les locuteurs sans accents régional sont vus comme ambitieux, confiants en
eux, intelligents et déterminés. Donc il y a à travers l’usage de la parole une
interprétation.
Ce jugement peut aussi classer le locuteur dans un groupe social. On parle de jugement
intuitif. Dans les romans ou dans les BD, les auteurs suggèrent l’appartenance sociale des
personnages issus du milieu populaire en transcrivant des formes réputées incorrectes dans
leurs paroles (ex : Les Bidochons). Des linguistes ont exploré ces classements intuitifs utilisés
par les auteurs de romans ou de BD
Une fois retenu cela, Labov compare pour chaque trait phonétique les appréciations (en
fonction de ce que l’auditeur entend) dans la phrase qui contient ce trait, et dans la phrase qui
ne le contient pas. Ensuite, il compte le pourcentage d’auditeurs qui ont une appréciation plus
p. 37
basse dans la phrase qui contient ce trait. Cette technique d’exploration des normes
subjectives est connue sous le nom de test de réaction subjective : « matched guise »,
technique d’appariement masqué.
Les résultats sont basés sur une variante particulière : le phonème « Th », qui est une
fricative inter dentale, qui consiste à expirer l’air en plaçant la pointe de la langue entre les
incisives. Il est courant de prononcé ce phonème comme un «t».
Observation n° 1 : tous les locuteurs Quel que soit le milieu social des auditeurs, la
prononciation en [t] ou en [d] donne lieu à des réactions négatives (=dire qu’il n’est pas bien
de prononcer t ou d) chez plus de la moitié d’entre eux. Cette information pourrait vouloir dire
que la norme subjective est relativement bien partagée.
Observation n°2 : (sur la représentation des usages en fonction des milieux) : + le locuteur est
issu d’1 milieu social élevé + il perçoit négativement la réalisation d’une prononciation non
standard. Donc bien que cette norme soit partagée, on observe des fluctuations très nettes
selon le milieu. Le % de réaction négative augmente quand on s’élève dans la hiérarchie des
catégories socio-professionnelles. En l’occurrence de 58% dans le sous prolétariat à 98% dans
la classe supérieure. Il y a une stratification = organisation en couche sociale. Rq :
Cependant, nous ne sommes pas allés voir si cette catégorie supérieure effectue vraiment la
prononciation « th ».
Conclusion sur la norme subjective
Cette notion renvoi au 2ème sens de norme et de normale ; càd que la norme subjective renvoie
aux évaluations des locuteurs sur la façon convenable d’utiliser leur langue. Ces
appréciations reposent sur des valeurs (bonne éducation, politesse, bon goût, prestige
professionnel, valeurs individuelles…) Elles peuvent donner lieu à des pressions sur autrui.
Ces appréciations peuvent varier selon certaines caractéristiques du locuteur, ici par exemple,
le milieu social.
Le sens de ‘norme subjective’ est proche de celui qu’on donne à ‘normes linguistiques’ dans
les conversations courantes. Au contraire, quand les linguistes parlent de norme objectives, il
s’agit d’un terme technique peu employé dans le langage courant.
a) La norme fonctionnelle
= la conformité au système de la langue (ex : dans telle situation, on accorde avec le
participe passé, etc.) et à sa fonction principale, permet la communication avec une
économie de moyen. Elle est reliée au principe de double articulation.
Certains usages peuvent être conformes à cette norme fonctionnelle, bien qu’ils soient jugés
incorrects par des locuteurs qui fondent leur jugement sur leurs normes subjectives.
p. 38
Usage qui est courant depuis le milieu du 20e siècle, mais qui reste critiqué. Selon la norme
subjective de certains, on devrait dire « je lui téléphone régulièrement juste après qu’il a
mangé » avec un indicatif – et non pas « je lui téléphone régulièrement juste après qu’il ait
mangé ».
Et pourtant, l’utilisation du subjonctif obéit au principe d’analogie. Ce principe apparaît très
tôt chez l’enfant. Selon ce principe, les locuteurs tendent à régulariser la langue et à
aligner les cas irréguliers sur des cas réguliers, donc à rendre la langue plus facile à
apprendre et utiliser, donc plus fonctionnelle. Car moins j’ai d’exception ni de règle, moins
j’ai d’effort à fournir. Il semble donc qu’on place le subjonctif avec « après que » par analogie
avec « avant que ».
D’un pdv sémantique, les deux conjonctions servent à situer temporellement deux évènements
l’un par rapport à l’autre. Ils ont la même valeur, la même fonction. Ils sont analogues.
D’un pdv syntaxique, les propositions « avant » et « après » se construisent avec un infinitif :
après être partie, avant de partir.
Il est donc probable que les locuteurs utilisent le subjonctif avec « après que » pour compléter
sa ressemblance avec « avant que ». L’ensemble formé par les deux conjonctions forment un
système régulier sans que le passage au subjonctif nuise à la compréhension.
b) La norme statistique
= usage de la majorité ou l’usage du moyen. Renvoi au 1er sens de norme, càd ce qui est
conforme à la moyenne statistique des usages linguistiques.
D’un pdv méthodologique, pour établir une norme statistique, il suffit de faire des enquêtes
linguistiques pour recueillir l’usage d’un échantillon de locuteur (on parle notamment de
corpus oraux). Cette donnée statistique nous situe sur la manière dont le locuteur parle
réellement. En effet, certains usages peuvent être ceux de la majorité et ne pas correspondre
aux sentiments normatifs qui reposent sur nos normes subjectives. Rq : On serait les premiers
surpris de s’entendre parler par rapport à la manière dont on pense que l’on parle.
p. 39
semblerait donc que la norme statistique de la prononciation de « parce que » soit bien
la forme sans R.
La linguiste Monique Audibert-Gibier a observé cet accord. Dans 300 participes passés
recueillis dans des énoncés oraux. Ils ont été produits par des locuteurs de niveaux d’études
variés :
Contexte du participe passé Exemple Pourcentage d’accord
Auxiliaire être J’ai été mise / mis dans la boue 61%
(si c’est une femme qui parle)
Auxiliaire avoir, le COD est Ces choses ne m’ont pas 58%
un indice personnel satisfaite / satisfait (c’est
toujours une femme qui parle)
On observe que : L’accord est majoritaire dans deux cas, 1/ avec l’auxiliaire être et 2/ avec
l’auxiliaire avoir si le COD est un indice personnel. En revanche il est minoritaire, si le COD
est un pronom relatif.
Si les locuteurs enregistrés sont représentatifs de l’ensemble des français, alors la norme
statistique de l’accord du participe passé accompagné de l’auxiliaire avoir avec un COD
pronom relatif, et bien ce n’est pas d’accord. Dans ce cas la norme statistique ne coïncide
pas avec notre appréciation subjective de ce qu’est la correction linguistique.
Labov avait posé une question en ces termes : « Pourquoi les locuteurs ne parlent-ils pas
comme ils le devraient ? ». Il y a un décalage entre la manière de parler et la manière dont on
parle réellement. On a une estime supérieure à celui qu’on a effectivement. Qu’est ce qui se
passe ? Est-ce que c’est un manque d’attention ? Une incapacité à gérer les règles ?
Problématiques
Il existe différentes définitions de la norme en fonction de langage. Il reste deux questions
importantes que l’on doit se poser au sujet des normes subjectives et des normes
statistiques.
1° La norme statistique est-elle unique ? Un usage est majoritaire dans un groupe
ou dans une situation, peut-il être minoritaire dans un autre groupe ou une autre situation ?
Est-ce que les usages des français varient selon certaines caractéristiques des locuteurs ou
selon la situation ? Est-ce qu’on peut relever des régularités sur des groupes sociaux
uniquement ?
2° La norme subjective est-elle unique malgré quelques divergences ?
Autrement dit, tous les locuteurs d’une langue partagent-ils la même conception de la bonne
façon de parler ?
p. 40
Pour répondre à cette deuxième question, il nous faut évoquer ce qu’on appelle la norme
légitime. Nous avons vu avec Labov que les locuteurs new-yorkais partageaient plus ou
moins la même norme subjective au sujet de la prononciation de « th ». Dans tous les milieux
sociaux, la majorité des locuteurs condamnaient les variantes « theu ».
La fameuse question de Labov = pourquoi les locuteurs ne parlent pas la langue comme ils le
voudraient ou comme ils le prétendent ? Labov dans une autre étude a souhaité comparer la
façon dont les locuteurs jugent certaines variantes et la façon dont les mêmes locuteurs
prononcent certaines variantes. Te, de ou the.
Il n’a pas seulement comparé les normes subjectives des new-yorkais, il a aussi exploré les
normes objectives statistiques. Autrement dit, il les a enregistrés puis a écouté les variantes
dans leurs paroles. Il a constaté un écart réel entre ce que les gens pensaient dire et ce qu’ils
disaient réellement. Il a observé et comparé la façon dont les locuteurs jugent cette variante
avec la façon dont les mêmes locuteurs prononcent ces mêmes variantes.
Plusona ppart
ientàunec las sesoc ialesupé r
ieure,plusons er a pprochedelanormeob j
e c
tive.
Ilyaunes t
rati
ficationde sus ag es,c ’
es t
-à-
di r
eq ues ionpr e ndl ’
ima gedel’é
chellesocia l
e,
d’unpoi ntdevuev e r
ti
ca l
,ons ’ape r
ç oitq u’
ilaunec orré lat
ione ntrelamont éedec es
barre
auxe tl
amont é ede sus ages.Ilyaunec ontr
adic t
ionda nsl esf a
it
spuisqu’
il
sj ugente ux-
mê mesc eq u’i
lspr oduisent .Doncl esl ocuteursdec esde uxmi li
euxc ondamne ntl es
prononcia ti
onsqu’ ilsut ilisentpour tantl epl usf r
é quemme nt ,cequis uggèr equ’ une
normes ubj ecti
veuni ques ’impos eàt ousl eslocute ursq uelq ues oi
t,parai
ll
eurs,leurusa ge
réel
.En psychologie sociale, on parle de représentation figée.
Onpa rled’unenor meq uis eraitofficiel
,idé a
le,qu’ona ppe lleé galementunesur
- norme.
p. 41
On a une conception de la correction linguistique qui est associée aux institutions. Elle est
associée aux échanges entre les représentants et ses institutions, et aux échanges entre ces
institutions et nous. De ce fait, cette conception de la correction linguistique se trouve aussi
associée aux valeurs et aux objectifs de ces institutions. A savoir la transmission du savoir et
de la culture, la garantie de l’ordre et de la justice, etc.
Que fait-on des langues régionales par rapport à la norme officielle ? Comment l’Etat se
positionne-t-il pour prendre du recul ou promouvoir certaines langues régionales dans les
institutions nationales ? Identité oui mais jusqu’à quel point ? Cet Etat valorise le statut de
langue, de quelle langue ? de quelle culture ? Il y a une question de choix.
On est tous et on a tous été dépendants de choix quand nous avons acquis la langue. Les
conséquences peuvent être assez pernicieuses : on peut être tout à fait jugés de la part de
l’Etat. Par exemple on entend dire que, les formes, qui dérogent à cette norme manquent de
logique ou ne permettent pas de s’exprimer clairement. Certaines formes seraient
incohérentes, mal construites ; donc la norme officielle ne garantit pas un certain ordre ni une
certaine légitimité.
Comment l’Etat a varié dans ses discours officiels sur les apprentissages de la
langue écrite, la lecture ?
Il y a eu des tendances sur la méthode globale vs la méthode syllabique et phonologique. Il
y a eu des ministres qui se sont succédés et qui ont employé ces diverses méthodes, ainsi qu’à
la fusion de ces deux méthodes. Les enfants qui réussissent le + à la méthode globale sont
ceux qui viennent de milieux aisés. Il y a eu des chercheurs qui se sont positionnés et qui ont
été porte-parole d’une méthode ou d’une autre.
L’acquisition de la culture
Cette norme légitime, les linguistes l’appellent aussi norme dominante. Les façons de parler
valorisées par cette norme, sont plus proche des usages des individus qui occupent une
position sociale dominante. Autrement dit, ce sont les individus qui exercent les professions
les plus prestigieuses, qui disposent des plus haut revenus, et qui ont acquis les diplômes les
plus recherchés sur le marché du travail. C’est là où les inégalités apparaissent : ceux qui ont
la chance d’avoir un patrimoine linguistique important ont de grandes chances d’avoir de
grandes places dans la société. Cette langue dominante est finalement composée de la classe
supérieure qui ont des revenus importants. Tout ça en font des locuteurs d’une position
sociale dominante, car on a construit notre modèle de manière verticale.
Les phrases (1) et (3) sont conformes aux normes officielles. Les phrases (2) et (4), ont
respectivement le même sens que les phrases (1) et (3), et sont compréhensibles, malgré le fait
qu’elles ne respectent pas les normes officielles.
Labov a quand même réussi à mettre en évidence les normes cachées. Il a montré que les
paroles enregistrées d’un ouvrier new-yorkais étaient jugées + favorablement dans 2 cas :
. Dans le premier cas, en réponse à la question : « Quelle chance cet homme aurait-il
de devenir un de vos amis ? ». Les auditeurs du milieu ouvrier préfèrent le locuteur du
même milieu qu’eux. Question de solidarité, loyauté. Représentation commune qui se forme
et se traduit par la ressemblance à un discours d’une même classe.
. Dans le deuxième cas, en réponse à la question : « Si cet homme se trouvait prit dans
une bagarre, quelles chances aurait-il de gagner ? » Les auditeurs placent le locuteur
ouvrier au-dessus (favorisent) du locuteur issu de la classe sociale sup, car ils véhiculent des
valeurs liées à la virilité, au combat etc.
Un autre chercheur nommé Trudgill a fait une enquête en Angleterre, à Norwich. Lors des
entretient, certains locuteurs disaient parler affreusement mal. Les linguistes leur ont demandé
s’ils souhaiteraient améliorer leur langage. Réponse : ils ne souhaitent pas changer car pensent
que leur famille les considéreraient comme déloyaux ou arrogants.
p. 43
Dans quel contexte les normes cachées peuvent être utilisées ? Quelles sont
les conséquences d’une confrontation avec les normes légitimes ?
Bourdieu suggère que les normes cachées ne peuvent être mises en pratiques que dans
certaines situations de communication qui sont les marchés francs. En dehors de ces marchés
francs, elles n’ont pas le droit d’exister. Cette limitation des normes cachées à certains
marchés linguistiques a une conséquence : un locuteur qui valorise les normes cachées ne peut
pas toujours éviter les marchés dominants. La confrontation avec le réel, avec les normes
légitimes est problématique pour ceux qui ne maîtrisent que les normes cachées.
On peut penser à un jeune d’une bande qui doit prendre la parole dans un cours, à ce même
jeune chez un médecin inconnu, dans ces cas, le locuteur est soumis à la norme légitime et il
subit une pression pour utiliser des formes linguistiques conformes à cette norme.
-S’il ne le fait pas, son attitude peut provoquer des sanctions. Parler à un professeur ou à un
juge avec les formes linguistiques qu’on utilise avec sa bande peut faire mauvaise impression.
-Si au contraire ce locuteur accepte de se conformer à la norme dominante, il se place dans
une situation de conflit intérieur, à savoir conflit entre les normes cachées qu’il valorise et la
norme dominante qui s’impose à lui.
=>Il y a donc conflit entre deux systèmes de valeurs, par exemple entre les valeurs
véhiculées par l’école et les valeurs prônées par la bande. C’est une difficulté pour certains
adolescents d’adopter à l’école la façon de s’exprimer valorisée par des enseignants.
IV - CONCLUSION
p. 45
Cette deuxième conception, poussée à l’extrême, peut conduire à une attitude normative
inversée. Par soucis de réhabiliter le parler des jeunes noirs des ghettos, Labov a été tenté
d’opposer la concision et la précision de leur parler vernaculaire (langue standard) - à la
verbosité et au remplissage, dans le parler issu des classes supérieures. Il a voulu justifier les
normes cachées comme d’autres justifient les normes légitimes. Cette attitude n’est plus
celle d’un linguiste : le linguiste décrit la réalité de manière objective, ce n’est pas de dire
telle langue ou telle norme est mieux que d’autres et de juger. On peut reprocher à Labov de
prendre position, même si son côté militant est justifié.
Sur le terrain de l’école, si un enseignant adoptait ce relativisme absolu : il aurait tendance à
accepter que ses élèves utilisent les formes linguistiques qu’il souhaite dans le cadre de sa
classe quel que soit la situation de communication, qu’il s’agisse d’un exposé, d’une
discussion amicale ou d’une réaction écrite. Il aurait tendance à laisser penser à ses élèves que
le jugement linguistique n’existe pas. Il prend comme risque que ses élèves rencontrent plus
tard quelques difficultés lors d’un oral d’examen, ou lors d’un entretien d’embauche.
p. 46
INTRODUCTION
D’un pdv historique, les contacts entre les langues reposent sur des projets politique
de société. La colonisation, l’immigration, le concept de multiculturalisme et puis aussi les
concepts liés à l’assimilation et à l’intégration.
Assimilation = processus de synthétisation, de transformation culturelle que subissent les
groupes sociaux minoritaires au contact d’un groupe majoritaire. Cela se traduit par l’adoption
progressive par des sujets d’un groupe minoritaire, des traits culturels du groupe qui les
accueille, jusqu’à la disparition progressive de tous les traits culturels initiaux. C’est la perte
de toute identité.
L’intégration = un concept semblable qui apparaît après la colonisation. L’individu ou le
groupe minoritaire doit s’intégrer au groupe majoritaire mais à la différence de l’assimilation,
tout en adoptant les valeurs, la culture du groupe majoritaire on en conserve certains traits
initiaux, comme la justice et l’école.
Puis il y a le niveau en dessous qui concerne la subjectivité, les sujets qui vivent ces contacts à
l’intérieur d’eux-mêmes ? Que fait-on de la mémoire de ces sujets, par rapport aux relations,
aux regards d’autrui ? En termes de construction identitaires, qu’en est-il de réussites
sociales ? Il y a donc un rapport entre langue et identité.
La question de la politique linguistique va être au cœur de tout cela. Jusqu’où aller pour
faire apprendre la langue donnée ?
Remarque : L’analyse sociolinguistique doit porter sur le contexte et non pas sur des données
du locuteur, de son histoire sociale etc. L’important c’est ce qui constitue le moment où on va
produire l’interaction. Ce n’est pas l’individu en tant que prisonnier de ses usages.
p. 47
p. 48
II – EMPRUNT ET INTERFERENCE
Qui dit langues sans contacts, dit mélangent et donc interférences.
- Les interférences phoniques : c’est quand on applique à sa propre langue des éléments
de la langue étrangère. En anglais, la longueur du son [i] est pertinente et nous permet de
différencier des mots entre eux. Ex : Sheep vs Ship. See vs Sea.
- Les interférences syntaxiques : l’organisation d’une phrase dans une langue B selon
celle de la première langue A. Ex : Suona il telefono sonne le téléphone.
p. 49