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Introduction à la linguistique : Jérôme Jaquin année 2017-2018 Flavia von Xylander

Chapitre 1 : la science du langage


• Science ?
Ce qui définit La science, c’est la recherche et l’acquisition de connaissances par la réalisation d’études.
Ce qui définit La science, c’est la portée universelle des descriptions qu’elle produit et des abstractions qu’elle propose.
C’est la posture de mise à distance qu’elle implique, c’est-à-dire le fait qu’elle entend poser son objet sur la table pour en proposer
une étude vérifiable. Il s’agit d’une démarche descriptive et non prescriptive (normative).
Ce qui définit Une science, c’est à la fois l’objet qu’elle se donne et la méthode qu’elle confectionne pour étudier cet objet.
• Langage ? Qu’est-ce que le langage, qu’est-ce qu’une langue ?
Différence entre langage et langue ?
Spécificité du langage humain ?
Fonctions du langage ?
Rapport du langage à son extérieur ?
Forme, structure des langues ? linguistique ≠ comment on doit parler
—> comprendre/analyser qui, comment on parle et pourquoi
=> Le langage peut être étudié :
a) Dans la dimension biologique et psychologique, qui fait du langage une faculté spécifique de l’homme.
b) Dans sa dimension sociale et fonctionnelle, qui fait du langage un outil pour atteindre des fins, pour interagir avec autrui et se
situer vis-à-vis de lui.
c) Dans sa dimension interne et formelle, qui fait du langage un système structuré en unités et en niveaux.
La science du langage : Constitution du langage comme objet d’analyse en propre :
- Ferdinand de Saussure, Genève
- Impact considérable de son approche structurale des langues, au-delà de la linguistique.
- On lui doit la proposition de plusieurs dichotomies (opposition de concepts) :
Cours de linguistique générale : Il a lancé le courant du structuralisme dans les sciences humaines et sociales
débat social sur les langues : souvent une polarisation sur une dimension de la langues en oubliant les autres --> il faut rester ouvert d'esprit et
comprendre qu'on ne peut pas régler un seul problème relatif a une de ces dimensions
(ex : pronom iel)

Langage vs Langue Langue vs Parole Approche synchronique vs Diachronique Signe vs Référen Signifiant vs Signifié Rapports
syntagmatques vs Paradigmatiques
En français, deux termes : Langage et langue jamais accès au langage pur car communication à travers les langues spécifiques

- Au niveau anthropologique, le langage est une faculté humaine spécifique, liée à la capacité d’utiliser des signes pour
communiquer.
- Au niveau interne, le langage est un concept qui réunit la variété des langues particulières. C’est l’universel derrière la diversité
des langues.
- Une langue est un système de signes spécifiques, instrument d’une communauté d’individus qui partagent ce système. Langage
s’oppose au terme de langue. Désigne des signes spécifiques appartenant à des groupes d’individus utilisant les mêmes.
=> la langue française, allemande, italienne etc.
- La langue est un système formel génératif. Certaine structure, organisée à tous ses niveaux, de manière que tout homme peut y
accéder et même « inventer ».
- La langue est un moyen de structurer la pensée et le monde. Les langues fournissent certaines catégories de pensées. Palettes de
pensées.
- La langue est une institution. Les gens qui parlent s’organisent activement ex : dictionnaire qui organise et répertorie une langue.
- La langue est un facteur de cohésion (conflictuelle) et d’appartenance (ça peut donner une insécurité linguistique car en
minorité).
- La langue est un lieu de construction de l’individu. On apprend une langue avant le langage, peut-être parce que ça facilite la
construction de relations.
- La langue est une ressource pour gérer la relation à autrui.
De la parole à la langue :
Les locuteurs des langues sont les premiers à les analyser. Beaucoup de changements linguistiques viennent de l’intérieur et sont adoptés
et non de l’extérieur.
La linguistique est confrontée à un problème d’observation qui se pose à deux niveaux :

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- Niveau 1 : le langage n’est pas observable en tant que tel, il n’est accessible qu’au travers de la diversité des langues. C’est pas
comme la bio par exemple, car quand on parle de linguistique on est obligés de parler, même quand on veut exposer les généralités
d’une langue.
Mais qu’en est-il de l’accès à ce qu’est une langue ? Une langue = un système de signes spécifiques, un instrument partagé par une
communauté particulière pendant une certaine période.
accès à la langue par la parole
- Niveau 2 : les langues ne sont accessibles qu’au travers des réalisations effectives, qui sont autant d’indices de la présence d’une
langue. Ces réalisations concrètes et toujours singulières, c’est la parole. L’enfant apprend une langue à partir de la parole, la
linguistique étudie la langue à partir de la parole.
ð La linguistique se sert de ces réalisations pour abstraire une langue : il tire du général à partir des régularités qu’il observe dans la
parole. Une langue st donc toujours un construit théorique et approximatif.

Synchronie et diachronie (Distinction importante car avant on faisait que la


linguistique diachronique) :
- La langue est un construit collectif. Elle évolue au fil du temps, au gré des
modifications de la parole proposées par les utilisateurs et adoptés par la
communauté. La langue est quelque chose de dynamique qui évolue au fil des
générations.
- La linguistique diachronique considère les mutations successives d’une langue.
Elle trace son évolution. à T
- La linguistique synchronique propose un arrêt sur image, elle considère la
langue en un instant donné et dégage sa forme et son fonctionnement.
Métaphore de Saussure : le jeu d’échecs. Un regard synchronique sur une langue, c’est une photographie du plateau à un moment de la
partie. Cette photo est forcément réductrice, mais elle permet d’étudier les éléments et leurs relations. Un regard diachronique, c’est par
contre retracer le parcours d’une pièce et le déroulement de la partie.

Enfant : langue --> parole


Linguiste : parole --> langue

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La variation :
Au niveau sociétal, inter-individuel :
- Variation diachronique (dans le temps)
- Variation diatopique (dans l’espace = lieu), jusqu’au apparitions de dialectes.
- Variation diastratique (selon la classe, l’appartenance) Origine sociale d’une personne.
Au niveau individuel :
- Variation diaphasique (selon la situation ; style, niveau, registre). Lorsqu’une personne change sa façon de parler ou son style. Ex :
contexte formel ou non formel.
- Variation diamnésique (selon le canale ; oral, écrit, multimodal) Manière dont une langue est utilisée.

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Chapitre 2 : La langue comme système de signes
• Saussure définit les langues comme systèmes de signes. Qu’est-ce qu’un signe ? En quoi les signes sont-ils organisés en système
dans une langue ?
Le signe linguistique
Mot (signe) = moyen de faire référence à qqch ≠ la chose en elle-même
• Triangle sémiotique
Soit le mot « poisson » dans « moi j’avais un gros poisson dans la main ».
- Ce mot « poisson » est un signe.
- Ce n’est pas la chose à laquelle il renvoie (tel ou tel poisson dans l’eau ou dans la main du locuteur). Un signe peut ainsi parler de
quelque chose qui n’est pas là.
- Seul le mot peut être traduit (fish). Chaque langue manipule ses propres signes.
Compication : la diversité des langues.

Bœuf I Ox -> animal une idée qui est véhiculée par des signes qui
I Beef-> viande n'est pas la même dans toutes les langues

è Les mots ne font pas que que réfléter la réalité (ce ne sont pas des etiquettes collées sur une réalité déjà découpée en parties).
Ils la catégorisent, ils proposent des concepts (le bœuf-animal vs le bœuf-viande)
è Le choix des mots n’est jamais neutre, il représente la manière dont on va représenter/visualiser la réalité. La réalité ne se
présente pas avant les signes mais plutôt après.
è « Le signe linguistique unit non une chose et un nom, mais un concept et une image acoustique […]. Nous proposons de
conserver le mot signe pour désigner le total, et de remplacer concept et
image respectivement par signifié et signifiant. » (Saussure)

è Le signe a lui-même deux faces. Signifiant et signifié sont les deux faces
d’une feuille, la totalité renvoie au poisson.
--> image acoustique : signe oral et pas signe écrit

Signifiant ≠ son (poisson) = empreinte


psychique
5 —> le son poisson que tout le monde
comprend
Pour que le signe fonctionne, il faut qu’il y ait suffisamment de points communs pour qu’on se comprenne. Ex : féminisme, mot
qui pose un problème dans la compréhension.

Signe = association entre un signifiant (image acoustique) et un signifié (concept)

Les propriétés du signe linguistique : signifiant abstrait : —> le mot que l'on dit n'est pas
partagé car tout le monde parle de manière
• Le signe est abstrait différente

=> autant le signifié (le concept) que le signifiant (l’image acoustique,


l’image que l’on a de la matérialité du signe, ou encore de la façon dont le
signe est généralement prononcé) sont abstraits. Un signe linguistique
n’unit pas une chose et un nom, mais un concept et une image acoustique.
• Le signe est arbitraire
=> Caractère arbitraire du lien entre signifiant et signifié : rien dans le
concept de /poisson/ ne motive le fait qu’on utilise le signifiant /pwason/.
La preuve c’est qu’en anglais on utilise tout un autre signifiant. Il n y a pas de relation nécessaire entre le signe et sa réalité

=> Caractère arbitraire du lien entre et le référent : rien dans le signe « poisson » ne motive le fait qu’il renvoie à
Le signe est arbitraire, revu par Benveniste « Entre le signifiant et le signifié, le lien n’est pas arbitraire, au contraire, il est nécessaire. Le
concept (« signifié ») « bœuf » est forcément identique dans ma conscience à l’ensemble phonique (« signifiant ») böf. Comment en serait-
il autrement ? Ensemble les deux ont été imprimés dans mon esprit, ensemble, ils évoquent en toute circonstance. […] Le signifiant est la
traduction phonique d’un concept, le signifié est la contrepartie mentale du signifiant. Cette consubstantialité du signifiant et du signifié
assure l’unité structurale du signe linguistique. » en gros -> Signe et signifiant arrivent en même temps, ça ne peut pas être arbitraire. Ça
ne veut pas dire que c’est libre.
• Le signifié est conventionnel ça ne vaut pas dire qu'il y a une liberté de choix
=> « Arbitraire » n’implique pas la liberté de choix. Du fait du caractère partagé de la langue, le lien qui unit signe et référent est
imposé à celui ou celle qui l’apprend.
• Le signe est discret : Les signes sont clairement délimitables et identifiables selon le couple présence/absence. Ainsi, de
« poisson » et « boisson » (signe phonique), il n’y a pas de degrés, mais une rupture. Soit c’est « poisson » soit c’est « boisson ».

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langage étranger —> on ne
maitrise pas les signes = bruit
Dans « poisson », on a soit « p » soit « b », mais plus ou moins « p ». continu

=> Comprendre un message, c’est « discrétiser » (segmenter) le flux de la parole en signes. En vrais les signes sont tous attachés.
• Le signe est linéaire C'est nous-mêmes qui segmentons le discours d'autrui
=> l’expression du signifiant implique de prononcer les sons les uns après les autres. --> en réalité on parle en continue (à part quand on fait des
=> La parole est comme une ligne où tous les signes sont juxtaposés (vs dessin). pauses)

=> Impossibilité de prononcer deux signes en même temps. L'ordre des éléments que je prononce a une
=> Impossibilité à l’oral d’effacer ce qui a été prononcé. importance considérable

• Le signe linguistique face aux autres types de signes :


Impact de balle = lien § Indice : l’indice renvoie au référent du fait qu’il est réellement affecté par ce référent. Il peut dans certains cas entretenir aussi
iconique car il y a la
trace de la balle
un lien iconique avec le référent, mais il ne s’y résume pas. Un petit peu plus abstrait, le signe devient le résultat du référent.
Fumée est un signe du feu car la fumée existe à cause du feu. => Causalité.
§ Icône : l’icône renvoie au référent du fait que le signifiant rappelle la forme du référent (il lui ressemble). L’icône est un signe
Icône : essaie de
motivé, non discret et souvent non linéaire (ex, panneaux de routes). ressembler à ce à quoi
§ Symbole : Le symbole renvoie au référent en vertu d’une loi, d’une convention qui les associe. ex : drapeau suisse elle fait référence
• Le langage des abeilles
- Karl von Frish : La danse des abeilles est un fait de communication symbolique. La transmission de l’information concerne
essentiellement l’emplacement de la nourriture : danse en cercle vs. Danse en huit. L’inclinaison du 8 par rapport au soleil indique
la direction de la cible.
- Emile Benveniste : Comparaison de la symbolisation de l’abeille avec celle du langage humain : une abeille peut pas relayer un
signe produit par un autre ; le lien avec la réalité objective est nécessaire ; le signe de l’abeille est un décalque (une expérience) un
signe, sans variation).
langue = système de signe
La notion de système : (Saussure)
système = signe ont une relation entre eux

§ La métaphore du jeu d’échecs :


- « Une partie d’échec est comme la réalisation artificielle de ce que la langue nous présente sous une forme naturelle […] Un
état du jeu correspond bien à un état de langue. La valeur respective des pièces dépend de leur position sur l’échiquier, de
même que dans chaque terme à sa valeur par son opposition avec tous les autres termes ».
- => Au sein d’une langue, chaque signe possède une valeur relative n’et oppositive : il est ce que les autres ne sont pas. Si on

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enlève ou on ajoute un signe (une pièce dans le jeu d’échecs), c’est tout le système qui bouge (problématique de l’évolution des
langues).
• La question de la valeur des signes
L’existence des synonymes peut être remise en question. « Dans l’intérieur d’une même langue, tous les mots qui expriment des
tous les termes ont idées voisines se limitent réciproquement : des synonymes comme redouter, craindre, avoir peur n’ont de valeur propre que par
une valeur différente leur opposition : si redouter n’existait pas, tous son contenu irait à ses concurrents. […] Ainsi la valeur de n’importe quel terme est
—> nuance entre les
mots (même petite) déterminée par ce qui l’entoure. »
il n’y a pas de synonyme, chaque mot est défini par ce que les autres mots ne sont pas
• « Signification » vs valeur des signes
« français mouton peut avoir la même signification que l’anglais sheep, mais non la même valeur, et cela pour plusieurs raisons, en
particulier parce qu’en parlant d’une pièce de viande apprêtée et servie sur table, l’anglais dis mutton et non sheep. La différence
de valeur entre sheep et mouton tient à ce que le premier a à côté de lui un second terme, ce qui n’est pas le cas pour le mot
français. »
ATTENTION : Ici « signification » = « référence ».
Axe paradigmatique et axe syntagmatique
• Axe de sélection VS axe de combinaison
Du fait du caractère linéaire de la parole, parler implique une double opération : la sélection des signes et leur combinaison. La
sélection d’un signe se fait au sein d’un paradigme (axa paradigmatique) tandis que la combinaison implique d’articuler des signes
entre eux en syntagmes linéaires (axe syntagmatique).
• En lien avec la question de l’aphasie aphasie : trouble de la communication
- Sélectionner et combinaison sont liées à deux types d’aphasie.
- L’aphasique sur l’axe de la sélection peine à substituer un signe à un autre. Par exemple, impossible de trouver l’équivalent
« homme ou femme non marié(e) » pour « célibataire ». Si quelqu’un pointe un
crayon, cet aphasique n’arrivera pas à dire « crayon » mais dira « pour écrire ».
- L’aphasique sur l’axe de combinaison n’aura aucune difficulté à trouver les
signes et à les substituer les uns aux autres, mais peinera à les combiner dans
des énoncés ayant du sens.

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article mahmoudian : propriétés fondamentales des langues :
- universalité des langues : communication dans tous les domaines - instrument de communication
≠ autres systèmes sémiologiques - caractère économique
—> plus grande puissance sémiologique grâce aux articulations - caractère universel

le nombre des articulations qui caractérisent un système de


signes est fonction de sa puissance sémiologique

communication = transmission intentionnelle de l’information


- la communication implique que l’information soit transmise (autre personne reçoit le message)
- toute transmission d’information ne relève pas de la communication (habits)
- dans tout acte de communication, un signifié (pas toujours manifeste) est associé à un signifiant

le contenu linguistique est indissolublement lié au monde et à l'expérience que l'homme en a; ce qui explique la diversité de ce contenu à
travers l'espace etson évolution à travers le temps
Chapitre 3 : La double articulation
Le linguiste Angré Martinet attribue aux langues naturelles la propriété d’être doublement articulée. En quoi consiste cette double
articulation ?
Un principe d’économie :
- Le langage est un moyen d’expression et de communication.
—> abeilles qui n’ont qu’à communiquer l’emplacement de la
- Les expériences susceptibles s’être exprimée et communiquées sont en nombre infini. nourriture
- Or, il ne serait pas économique (voir possible du point de vue de la charge mémorielle et des capacités de perception) que chaque
expérience soit communiquée grâce à un message complètement original. ressource limités (mémoire) pour exprimer une infinité de chose
- On n’utilise donc pas un nouveau signe pour parler d’un « poisson » lorsqu’il est gros, petit, long ou joli. De même, on peut
réutiliser l’expression « dans ma main » dans tous les cas.
- On n’utilise pas de sons/lettres à chaque fois différents pour construire ces signes. On réutilise et combine différemment un
nombre limité de sons/lettres. on change le signifiant
- => Les langues naturelles sont doublement, c’est-à-dire qu’elles utilisent à deux niveaux le principe de composition d’un tout à
partir d’unités plus petites.
- La première articulation, c’est la combinaison de différents signes (signifiant + signifié) dans la chaîne parlée. Il est possible
d’utiliser le signe « poisson » aussi bien dans un message comme « j’avais un gros poisson dans mes mains » que dans un message
comme « le poisson se mange frais ». => économie mémorielle : pas deux messages complètement différents pour parler de ces
deux expériences. wagons pour construire le train
- La seconde articulation, c’est la combinaison de différents éléments phoniques en nombre limité pour construire l’ensemble des
signifiants (et donc de signes) d’une langue et en générer de nouveaux. Ainsi, on peut passer de « poisson » à « boisson »,
« poison » ou encore « poisse » en changent qu’une seule partie du signifiante.
- => Grâce à une liste fermée de sons/lettres, on peut générer l’ensemble des signifiants (et donc de signes) d’une langue qui,
combinés les uns aux autres, permettent de générer une infinité de messages (creativité).
- L’étude de l’émergence et de l’évaluation des langues des signes montre que la seconde articulation apparaît après la première :
lorsque les unités de la première articulation deviennent particulièrement nombreuses, les signifiants commencent à être trop
proches les uns des autres. Le développement d’une phonologie (d’une « cherologie » dans le cas du langage des signes) permet
alors de rationaliser les signifiants.
au début : peu de signes qui ne se ressemblent pas car on n’a pas bcp de choses à exprimer
plus tard : les mots deviennent trop proches —> deuxième articulation
9 apparition de nouvelles langues naturelles : langues des signes
- Chaque articulation s’analyse suivant les deux axes.

Comparaison avec d’autres systèmes sémiotiques :


- Rappel : pour parler de double articulation, il faut qu’une
première articulation permette de construire un message à partir
de signes minimaux qui possèdent signifié et signifiant et que ces
signes soient eux-mêmes décomposables (seconde articulation) en
unités matérielles qui n’ont pas de sens, qui sont en nombre limité
et qu’on retrouve dans d’autres signes.
le 2 représente deux choses, il a une valeur
- Notation algébrique ? « 1+2 = 3 »—> numéro de téléphone : le 2 n’a pas de valeur, il signifie juste 2
« 1 » « + » « 2 » « = » « 3 » = cinq signes (qui ont un signifiant et un signifié). L’algèbre est dont articulé selon la 1ère articulation. Il
n’est par contre pas doublement articulé car les signes ne laissent pas se décomposer en nombre limité d’éléments sans sens dont
la combinaison permettrait de générer les signes. un signe
- Système de référence des bibliothèques ? « FM3160 » 2nde articulation car les 4 chiffres n’ont pas de signification
« F » « M » « 3 » « 6 » « 0 » = cinq unités sans signifié et qui, articulés ensemble, permettent de construire le signe (avec signifiant
et signifié). Ce code ne possède pas la seconde articulation car les signes ne se combinent pas ensemble pour construire des
messages.
- Feux de signalisation :
Code sans articulation : un signe = un message (rouge = s’arrêter ; jaune=attention ; vert = passer)
Code à première articulation : chaque message est composé d’une articulation de deux signes : la couleur du feu (rouge, jaune,
vert) et la direction (tout droit, gauche, droite).
- Panneaux de signalisation : Code à 1ère articulation uniquement. Chaque élément du graphique est conventionnellement doté de
signification et, combiné avec d’autres, permet de construire un message (un panneau). Il n’y a par contre pas de liste finie
d’unités non signifiantes permettant de construire les signes.
- Numéros de téléphone
0041216923011 pas de la 2nde articulation car les deux « 1 » ont un sens, le
0041 21 692 30 11 premier 1 vaut 10 et le deuxième vaut 1

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« Suisse » « Vaud » « Université » 30 11
=> présence de la première articulation
0041 = 00 41
21 = 2 1 aujourd’hui : disparition de la première articulation
=> présence de la deuxième articulation.
Les numéros de tel sont doublement articulés. Mais si tout message codé par un numéro de téléphone peut être reformulé en
langue naturelle. L’inverse n’est pas vrai. La numérotation téléphonique a été élaborée et peut être modifiée par les langues
naturelles. Le contraire est impossible. La numérotation téléphonique a été réalisé dans un but bien précis et spécialisé.
- Code binaire ?
1. « la double articulation, c’est économique »= « La » + « double »…
2. « La » = « L » + « a » ; « double = « d »+ « o »+ « u »
? 3. « L » = 01001 100, « a » = 01 100001…
=> il ne s’agit pas d’une troisième articulation, dans le sens où les unités comme « a » ou « b » ne sont pas de nature différent de
« 0 » et « 1 » (ils codent tous les deux des signifiants). On change simplement un code à 26 particules (le code français écrit) par un
code à 2 particules. Le code binaire vient seulement reformuler le signifiant de la langue naturelle. Le code binaire et donc un
code à seconde articulation uniquement.
- La communication animale
- Le langage des abeilles : non doublement articulé. Chaque message est constitué d’un seul signe (qui donne certes plusieurs
indications), non décomposable en unités autonomes petites.
- Le langage des mésanges à têtes noires : ces mésanges disposent d’une syntaxe ouverte mais minimale. Fondée sur des
combinaisons de quatre notes. Les calculs statistiques montrent que les combinaisons ne sont pas le fruit du hasard et donc qu’elles
codent des significations (informations concernant le producteur ; signalements de prédateurs, appels de contact).
La seconde articulation
Phonétique et phonologie intérêt pour les éléments de la seconde articulation —> qui n’ont pas de sens
- Deux disciplines s’intéressent à la face « signifiante » des singes linguistiques : la phonétique et la phonologie. Ces deux disciplines
proposent des angles d’attaque radicalement différents.

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- Rappel de la distinction entre langue et parole : la langue, c’est un système abstrait, déposé dans le cerveau de chaque individu
partageant une même langue ; la parole, c’est ce qui est effectivement réalisé, ce qui correspond à l’usage concret dans des
situations de communication à chaque fois singulières.
- La phonologie considère le signifiant des signes du point de vue de la langue. Elle vise à dégager les phénomènes d’une langue
spécifique, c-à-d les sons (et leurs caractéristiques) qui permettent, dans une langue, de distinguer des signes différents. Ex :
l’opposition entre les sons « s » et « z » est pertinente en français (il s’agit de deux phonèmes en français), mais ce n’est pas le cas
en espagnol. essayer de décrire le système sonore/phonologique de chaque langue
La première articulation
Morphologie et syntaxe
- La morphologie considère la forme et le
sens des signes (unités de première articulation).
Elle entend dégager et classer les signes minimaux
(les morphèmes, parfois appelés monèmes) et
étudier leur assemblage en unités plus grande, les
mots.
- La syntaxe étudie les différents modes de
combinaisons de ces mots en unités plus grandes,
jusqu’à la phrase.
- On parle parfois de morpho-syntaxe ou
plus simplement de grammaire pour rendre
compte de l’articulation de ces deux niveaux
d’analyse. Chaque langue possède une morpho-
syntaxe propre, tout comme elle possède un
système phonologique propre.

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Chapitre 4 : La phonétique
Définition : L’analyse physique des sons et de la parole : Description des unitié concrètes, des réalisations effectives. Tel son produit à tel
moment en un tel lieu, indépendamment de la question de connaître sa fonction dans une langue. Description de la part matérielle des
signifidiant mobilisés dans la parole. Essayer de retransmettre difficilement les sons qu’on produit par écrit.
- La phonétique articulatoire : études des mécanismes de production des sons. -> comment les sons sont produits.
o L’appareil phonatoire :
§ Pas d’organe dédié exclusivement à la production de la parole, mais un ensemble de parties du corps mobilisés
conjointement : lèvres, dents, langue, bouche, larynx, cordes vocales, poumons.
§ La production d’un son implique a) l0usage de l’appareil respiratoire pour produire du souffle (poumon). B) Ce
souffle passe au travers du larynx (dont les cordes vocales). C) Finalement, la trajectoire de ce souffle déjà modifié
par le larynx est encore modulée par les différents résonateurs supralaryngiques (essentiellement les cavités
buccales et nasales). les cordes vocale produisent une vibration (fermées) ou pas de vibration (ouverte)
§ Le classement des sons :
• Sourd vs. Sonore : si les cordes vocales vibrent lors du passage du souffle par le larynx, il s’agit d’un son
SONORE. Sinon, il s’agit d’un son SOURD. Les voyelles sont le plus généralement sonores (sauf en cas de
chuchotement), mais les consonnes peuvent être sourdes et sonores.
• Nasal vs. Oral : selon la position de la luette (à l’arrière de la voile du palais) l’air peut passer ou non par la
cavité nasale. On parlera de voyelles ou de consonnes nasales s’il y a usage de la cavité nasale et orales dans
le cas contraire.
• Voyelle vs. Consonnes : lors de la production d’une voyelle, l’air passe librement par la bouche (et évite le
nez). Dans le cas des consonnes, le passage de l’air est obstrué au niveau de la bouche. On distingue
différentes natures et différents lieux d’obstruction (d’articulation).
§ Le classement des consonnes :
• Combinaison nécessaire du A) mode d’articulation (le comment) et du B) point (ou lieu) de l’articulation (le
où).
o A) le mode de l’articulation = nature de l’articulation (de l’obstruction) : consonnes occlusives
(blocage total et momentané du passage de l’air) VS consonnes constrictives (blocage partiel du
réduction du passage de l’air
pour créer un frottement

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passage de l’air) Vs consonnes vibrantes (battement rapide ou série de blocages) VS latérales
(passage de l’air sur les côtés de la langue).
+ action ou non des cordes vocales : consonnes sonores Vs sourdes.
+ action ou non de la cavité nasale : consonnes nasales VS orales.
o B) Le point (ou lieu) d’articulation : moyen utilisé pour l’obstruction (totale ou partielle). Les deux
lèvres (bilabiales), les lèvres inférieures et les dents supérieures (labio-dentales), la langue et les
dents (dentales), la langue et les alvéoles (alvéolaires), la langue et le voile du palais (vélaires, la
langue et la luette (uvulaire).

Cases grises : éléments qui a priori ne sont pas possibles


mode lieu d’articulation à prononcer physiologiquement.
d’articulation
Cases blanches vides : sons qui sont physiquement
possibles mais qu’on n’a pas encore remarqué dans les
langues.
Le bébé arrive à produire tous les sons puis plus tard
spécialisation.
Du plus devant de la bouche au plus derrière.
• Classement des voyelles :
o A) zone d’articulation (position de la langue) :
antérieure (devant), centrale, postérieure (derrière)
o B) degré d’ouverture de la bouche : fermé, mi-fermé, mi-ouvert, ouvert.
o C) Forme des lèvres : arrondie vs non arondie.
o D) Action ou non de la cavité nasale : nasale vs orale
cases grises : anatomiquement impossible
cases blanches : anatomiquement possible mais pas documenté

deux dans une case : celui de gauche est sourd et celui de droite est sonore

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o Toutes ces voyelles sont nasalisables, mais dans ce tableau il n’y a que des voyelles non nasales, s’il y a
nasalité on ajoute une vaguelette sur la lettre.
• Cas les plus complexes :
o Le cas semi-consonnes (ou semi-voyelles) : sons qui ne sont ni des
voyelles (libre passage de l’air) ni des consonnes constrictives
(friction). Le français moderne en connaît 3 : [w] : semi-consonne
labio-vélaire sonore ;(loi [lwa]), [h(à l’envers)] semi-consonne
labio-palatale sonore (lui) ; [j] semi-consonne palatale sonore
(abeille [abeij].
o Le cas des diphtongues et des affriquées : Diphtongue = une
voyelle qui change de timbre en cours de l’émission. Le français
moderne, sauf Québec, ne connaît plus de diphtongues VS anglais (house, fine), ce n’est pas 2 voyelles
consécutives mais une qui change de son au cours du temps. Affriquée = une consonne occlusive dont
le relâchement provoque une friction. Le français moderne ne connaît plus d’affriquée VS espagnol
(mucho). On peut toutefois citer des cas d’emprunts comme « tchô » ou « jazz » ou de contraction
comme « t’sais ». Une consonne qui est produite de manière différente (donc utilise d’autres
mécanismes buccaux) pour la même voyelle.
o Caractéristiques supplémentaires : on parle de phénomènes « suprasegmentaux » pour qualifier ce
qui vient s’ajouter à la production de chaque son, qui vient en moduler la production.
§ La variation de quantité renvoie à la durée de production du son : long (i:) VS bref (¡). En suisse
romande, on peut ainsi opposer un ami (am¡) d’une « amie » (am¡).
§ La variation d’intensité permet de démarquer certaines syllabes. Dans certaines langues (ex.
français), un accent vient marquer la dernière syllabe du groupe. Dans d’autres, il y a un accent
par mot et celui-ci peut soit être mobile (en anglais, on oppose subject et to subject, soit fixe
(par exemple ne tchèque).
§ Finalement, on constate aussi des variations de hauteurs (de ton) des sons. En français, on
marque par exemple les questions par une intonation ascendante (les sons finaux sont plus

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hauts). En vietnamien, les variations tonales permettent de distinguer des mots (on parle alors
de langues à tons).
- La transcription phonétique : Consignes et conseils :
o On place un crochet [ au début et un crochet ] à la fin d’une transcription phonétique.
o Ne pas confondre les lettres « c », « x » ou encore « h » avec les sons que ces symboles représentent [c], [x] ou [h].
o Se méfier de l’orthographe ! il n’y a qu’un son dans « eau » et le « e » de « table » ne se prononce généralement pas.
o Aucun signe typographique (majuscules, espaces, virgules ou points).
o Transcrivez fidèlement ce que vous entendez ou ce que vous prononcez, tout en vous demandant s’il existe une autre
norme.
- Quelques éléments de phonétique combinatoire : articulation des sons entre eux
o L’articulation de chaque son est susceptible d’exercer des pressions sur celles des adjacents. Ces pressions peuvent aller de
la simple influence jusqu’au changement radival de nature (par exemple assimilation).
o Exemples de l’influence(changement de coloration) : « ré » VS « rot » : le r de ré est plus palatal que vélaire du fait que
l’antérioté de la voyelle [e] (par rapport à [o]. Voir aussi le son [k] dans « chic » vs « choc » ou encore « qui » vs « cou ».
Légère variation car on a anticipation de la voyelle qui suit.
o Exemple assimilation articulatoire (son assimilé à un autre) : « anecdote ». Le son sourd [k], du fait de l’anticipation du son
[d] sonore, devient sonore à son tour ([g]).
- Ouverture des problèmes de phonologie :
o Les sons, qui sont l’objet de la phonétique, sont toujours uniques et par conséquent ne font pas l’objet d’un partage au sein
d’une communauté linguistique. Par exemple le son k prononcé lors de l’utilsation de « arc » est phonétiquement unique.
o Rappel : ce qui est partagé par une comunauté linguistique (= ce qui compose sa langue), ce ne sont pas les sons
effectivement produits, mais les images acoustiques (les signifiants) dont ces sons sont les réalisations. Les images
acoustiques des signes sont abstraites (tout comme les signifiés) ; c’est ce à quoi doit ressembler un son ou une suite de
les sons changent selon les mots + tout le monde prononce les
sons pour être interprétés comme un signe.
sons de manière différente
o La phonologie se donne pout but de dégager les phonèmes des langues (et non les sons de la parole) : en français, tous les
sons k sont phonétiquement différents, mais phonologiquement identiques : tous les sons k sont des réalisations du
phonème /k/ qui compose l’image acoustique du signe « arc ».
Langue = Phonologie = phonèmes Parole = phonétique = sons

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o Face à une langue particulière, c’est la phonologie qui pourra dire s’il est pertinent (ou sans importance) pour un locuteur
de savoir différencier les voyelles brèves des longues, la sonorité de la surdité des occlusives, etc.
o Par exemple, l’espagnol ne connait pas de phonème /v/ et donc n’utilise pas les sons [v] de façon distinctive. Face à un
locuteur francophone, un locuteur espagnol aura tendance à entendre et répéter le son le plus prohce que le système
phonologique de sa langue connaît (f ou b).
o Autre exemple : l’opposition en français entre en et in est en train de disparaôtre (au profit du seul en) car elle distingue à
peine « brin/brun) ou « empreint/emprunt ».
- Phonétique acoustique : étude de la matérialité des sons eux-mêmes. Le son a été produit en tant que tel.
- Phonétique perceptive : Étude de la réception et de l’interprétation des sons.
Outre la participation à la linguistique (phonologie, morphologie, syntaxe) la phonétique à deux types d’application : une finalité corrective
(logopédie) et une finalité industrielle (reconstitution synthétique et reconnaissance automatique de la parole).

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phonétique : analyse de la réalité physique des sons
phonologie : analyse de la contribution des sons au fonctionnement linguistique

3 types d’études :
- analyse des conditions et des modalités physiologiques
—> son analysé comme produit d’un ensemble de mouvements articulatoires (organes)
analyse très ancienne mais MTN : méthode expérimentale au lieu de l’auto-analyse
—> objectivité et finesse de l’analyse physique

- étude de la transmission du son : phonétique acoustique


—> analyse acoustique du son (comme un phénomène vibratoire qui se propage dans l’air) indépendamment de la perception
chaque son est produit à une certaine hauteur, intensité, durée et timbre
chaque son est un ensemble de traits acoustiques (qui sont établis à partir de formants)

- analyse de la perception des sons : phonétique auditive/perceptive


—> le son n’est pas physiquement invariant : mécanisme d’interprétation des sons

phonétique articulatoire
Chapitre 5 : phonologie
L’analyse fonctionnelle des sons d’une langue.
- Dégager les phonèmes d’une langue, c’est abstraire, à partir des sons produits dans la parole, les sons pertinents à la langue.
- Pertinent signifie ici « qui assume une fonction distinctive ». Dégager les phonèmes d’une langue, c’est donc considérer les sons qui
permettent de distinguer un signe de l’autre.
- En francais, derrière l’infinité de réalisations concrètes de [f], il n’y a qu’un seul phonème /f/, l’unité abstraite qui est partagée au
sein d’une communauté et qui permet de distinguer « fer » de « ver » ou « café » de « carré ».
- La substance du phonème /f/ n’a d’importance que dans la mesure où elle permet de distinguer des signes différents. Les petites
variations de réalisations seront de ce point de vue traitées sans importance.
- Ex : en français, tant que l’interlocuteur entendra une constrictive labio-dentale sourde, il l’entendra comme un /f/ (et donc comme
le signe « fer »). Mais si, à la place, il entend une sonorité, alors il entendra /v/ (et donc « ver »).
L’analyse fonctionnelle des sons d’une langue :
Idée de système, de structure : les éléments n’ont pas de valeur eux-mêmes, ils en reçoivent une dans la mesure où ils intègrent une
structure qui leur donne une place spécifique.
Chaque cadre symbolise la zone de réalisation dans laquelle un certain son est interprété comme un certain phonème. Chaque son est
limité par l’extension de la zone adjacente. Ainsi, en français, le phonème /f/ s’arrête là où la sonorité
commence /v/.
Analorgie avec les couleurs : on ne perçoit pas deux zones distinctes qui si on dispose les deux catégories
correspondantes. L’analogie ne fonctionne pas jusqu’au bout, il n’y a pas plus ou moins de /p/, soit c’est
« pierre » soit c’est « bière ». On retrouve ici le caractère discret des unités linguistiques. Les variations qui
interviennent entre les quatre réalisations du /f/ dans la case correspondante ne sont pas distinctives.

le meilleur moyen de définit un signe, c’est en le mettant en relation avec d’autres signes
on essaie de comprendre la zone de définition d’un signe

ça ne sert a rien de chercher tout ce qu’est un signe, de chercher sa substance mais il vaut
mieux le comprendre en rapport à d’autres choses, ou se situe le basculement entre deux
éléments

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«Chaque idiome compose ses mots sur la base d’un système d’éléments sonores dont chacun forme une unité nettement délimitée et dont le
nombre est parfaitement déterminé. Or ce qui les caractérise, ce n’est pas, comme on pourrait le croire, leur qualité propre et positive, mais
simplement le fait qu’ils ne se confondent pas entre eux. Les phonèmes sont avant tout des unités oppositives, relatives et négatives.
Ce qui le prouve, c’est la latitude dont les sujets jouissent pour la prononciation dans la limite où les sons restent distincts les uns des autres.
Ainsi en français, l’usage général de grasseyer l’r n’empêche pas beaucoup de personnes de le rouler ; la langue n’en est nullement troublée ;
elle ne demande que la différence et n’exige pas, comme on pourrait l’imaginer, que le son ait une qualité invariable» (Saussure, 1916, p.
164-165).
Ces variations sont négligeables si on les compare à la différence qui oppose les quatre points du /f/ avec les six points du /v/.
L’espagno ne possède pas de phonème /v/ qui cumulerait les traits distinctifs de la
constriction, de la sonorité et de la labio-dentalité. Par conséquent, un locuteur espagnol
aura tendance à entendre et répéter [fo] ou [bo] lorsqu’on lui soumet [vo].
Principes de l’analyse phonologique :
Comment dégager un phonème d’une langue, en quoi consiste l’analyse phonologique ?
- Intérioriser l’ensemble des sons d’une langue dans le tableau phonétique.
- Considérer les plus légères variations phonétiques porteuses de changements de signification, c-à-d les variations dotées d’une
fonction distinctive (qui permettent de distinguer deux signifiants et donc deux signes).
- Travailler grâce à des paires minimales, càd des couples de signifiants qui se distinguent par une petite (mais alors fondamentale)
variation.

Deux précautions :
- Etre attentif aux sons qui ne commutent
pas. Par exemple espagnol, [ ] n’arrive
jamais seul, il est toujours accompagné de
[t] « mutcho » ; il est impossible de
commuter t avec un autre son. Il s’agit
d’une affriquée, qui vaut pour un seul
phonème.
- Etre attentif au fait que 2 sons peuvent
être deux variantes ‘un même phonème,
soit parce qu’ils s’agit de la liberté de tout
locuteur (variantes libres) soit parce qu’il

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s’agit de deux prononciations conditionnées par les sons environnants (variantes combinatoires, qui n’apparaissent jamais dans le
même environnement).
La variation libre : une variation libre n’est pas distinctive d’un point de vue linguistique : elle ne permet pas d’opposer deux mots
différents, il s’agit que de réalisations différentes. Elle peut aussi renseigner sur l’appartenance sociale et/ou géographique du locuteur.
La variation combinatoire :
- Rappel : la phonétique combinatoire étudie les pressions que l’articulation d’un son subit du fait des sons qui l’environnent. Le sujet
parlant n’a pas le choix de faire varier le son.
- Ainsi, en français, il n’y a qu’un seul phonème /k/ qui sera réalisé différemment selon le contexte articulatoire de sa réalisation et
sans que ces variations ne soient distinctives (impossibilité de construire des paires minimales).
La notion de trait distinctif :
- D’un point de vue phonétique : l est une consonne :
o Latérale
o Alvéolaire
o Sonore
- D’un point de vue phonologique : /l/ et en français une consonne
o Latérale : ce trait distingue cette consonne de toutes les autres
o Alvéolaire
o Sonore
- => en français, produire/entendre un son latéral suffit pour produire/entendre le son /l/. Le son peut être alvéolaire ou non, sonore
ou non, cela n’a pas d’importance.
- D’un point de vue phonétique : p est une consonne
o Occlusive
o Bilabiale
o Sourde
- D’un point de vue phonologique : /p/ est, en français, une consonne
o Occlusive pas important car il n’y a pas d’autre occlusive sourde

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o Bilabiale
o Soude
Neutralisation et achiphonème :
- Il peut arriver qu’une opposition phonologique pertinente en une certaine position ne le soit plus dans une autre. On parlera alors
de neutralisation et on appelle archiphonème (noté en majuscule) le phonème résultant de cette neutralisation.
- Ex : l’opposition entre /e/ et /ai/ est distinctive en syllabe ouverte finale (les-lait, prendrai-prendrais) mais elle est neutralisée par la
syllable fermée (permis). Dans ce cas, l’archiphonème est /E/.
La notion de système phonologique :
- En dégageant progressivement les phonèmes d’une langue, leurs traits distinctifs et les règles d’application pour les cas de
distribution complémentaire et de neturalisation, on parvient à établir un système phonologique d’une langue, c’est-à-dire une
matrice phonique abstraite qui permet de générer l’ensemble des signifiants d’une langue.
- Le système phonologique d’une langue peut être plus ou moins économique. Le français compte entre 33 et près de 40 phonèmes
(selon les régions et selon le traitement de certaines voyelles), l’anglais environ 44. Le Rotokas (langue de la Papouasie-Nouvelle-
Guinée) en compte 11 (5 voyelles et 6 consonnes). La langue Taa, possèderait, selon les variantes, plus d’une centaine de
consonnes.
De l’oral à l’écrit : l’oral arrive avant l’écrit
- Le passage de l’oral à l’ecrit peut être considéré comme une opération de standardisation, c’est une proposition de formes fixes
8rigides et fixables).
- L’introduction d’une écriture (et de l’opération corrélative de la lecture) est d’une importance capitale pour l’histoire des cultures.
Ici, on ne considère que le passage du signe à la substance phonique au signe à la substance scripturale.
- Deux grands types d’écritures : les écritures qui représentent le signifié vs écritures qui représentent le signifiant.
Quelques éléments sur l’écriture :
- Les écriturent qui représentent le signifié :
o l’écriture pictographique : l’écriture prend la forme d’un dessin qui transmet l’ensemble d’un message. Le signe est alors
iconique et n’est pas doublement articulé.

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o L’écriture idéographique : segmentation du message en unité de signification (en mots) représentés sous la forme de
dessins stylisés en nombre fini.
o Jeu de la polysémie : selon le contexte, un pied pourra vouloir dire pied ou « marcher ».
o Jeu sur l’homophonie pour les concepts abstraits : en Sumérien, le son /t/ signie aussi bien « flèche » que « vie »et donc un
dessin de flèche peu représenter les deux.
- Les écritures représentant le signifiant :
o L’écriture alphabétique vise à transcrire exclusivement le signifiant des signes. Il s’agit d’une écriture phonologique : elle ne
vie qu’a transcrire ce qui est pertinent. Il y a plusieurs façons de prononcer le phonème r du français, mais un seul « r » est
suffisant. Le problème viens néanmoins de l’écart entre le nombre de phonèmes et le nombre de lettres. Un phonème peut
être transcrit par une lettre (monogramme), deux lettres (digramme) ou trois lettres (trigramme).

22
Chapitre 6 : morphologie

Définition : la morphologie est


l’étude
A. Des plus petites unités
dotées de sens (les morphèmes)
B. De leur combinaison en
unités plus grandes (les mots).
Morphèmes et mots :
- Le mot comme unité
minimale de signification ? Non !
c’est une définition graphique
(impossible à l’oral), instable ou du
moins très variable (autant
« poisson » que « donnais » sont
des « mots ») et variant très
fortement entre les langues.
- « Je donnais » : deux mots
donc deux signes ?
o Il y a au moins 3 signes minimaux dans « je donnais », combinant chacun un signifiant et un signifié « je donnais » est la
résultante d’une combinaison de trois signes choisis librement : Je + donner + temps imparfait
o L’unité minimale de signification est le « morphème ». La morphologie se donne pour but de dégager les morphèmes des
langues ainsi que leurs modes d’assemblage en unités plus grandes, qui sont les mots.
- Les différents sens du mot « mot » :
o A. mot type ou mot occurrence.
o B. mot phonologique ou orthographique.

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o C. Mot grammatical représenté par le mot orthographique ou phonologique.
o Lexème, unité abstraite qui se présente sous différentes formes phonologiquement différentes ou orthographique.
o « On était tous là comme ça autour d’une table. Oui, tous ».
o A. 12 mots occurrence pour 11 mots type (deux fois « tous »).
o B. /étai/ est un mot phonologique qui peut correspondance aux mots orthographiques « étais », « était » et « étaient ».
o C. Ce mot phonologique (et ces trois mots orthographiques) correspond à 4 mots grammaticaux différents : première,
deuxième et troisième personne du pluriel de l’imparfait.
o D. ces mots grammaticaux constituent des manifestations d’un même lexème, le verbe « être » (entré du dictionnaire).
- Comment dégager les morphèmes ? Par la commutation.

o En faisant commuter « je » et « tu », le sens de « je donnais » change (vs « tu donnais ») mais le sens de « donnais » reste le
même.
o Pour dégager un morphème, il faut donc s’assurer :
§ Que l’élément commuté possède une signification propre (qu’il soit un signe).
§ Que l’élément non commuté soit lui-même composé d’un signe (ou de plusieurs dont le signifié participe à la
signification du tout).
§ « Poisson » : aucun élément ne peut être commuté (mot non construit).
§ « Nous avons parlé » : 3 mot, combien de morphèmes ?
• Le signifié (première personne pluriel) se distribue sous deux mots (nous et avons).
• Le signifié passé composé se distribue sur deux mots « avons » et « parlé ».
• Le mot « parlé » incorpore deux morphèmes : passé composé + parler.
• Dans nous avons parlé il y a 3 morphèmes, pour trois mots, mais aucun mot ne correspond « simplement » à
un morphème.
• Pour les cas où le même morphème est distribué à plusieurs endroits du message, on parle de morphème
discontinu. Le pluriel est très souvent discontinu : « le cheval est rapide », « les chevaux sont rapides ».
§ « Je vais », « j’irais », « j’allais » quel est le morphème du verbe aller ?

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• Les trois formes (/v-) ; (/ir-/ et /all-/ sont des allomorphes du morphème (aller).
§ « Au » comme dans « aller au restaurant », un morphème ? 2 morphèmes ?
• Il s’agit d’un cas d’amalgame : deux morphèmes (« à » + « le ») sont fusionnés en un seul signifiant.
o Deux classes de morphèmes :
§ Morphèmes lexicaux : ± les entrées du dictionnaire, liste ouverte (créativité, emprunts).
• Disposant d’une certaine autonomie syntaxique (vs. -erie, pluriel, etc).
• Pouvant fonctionner comme radical
§ Morphème grammaticaux : ensemble clos et limité (évolution sur un temps très long). Expression d’un petit nombre
de catégories et de relations. Ne peuvent pas servir de radical (càd de base).
• Conjonctions (et, ni, donc, qui, que,…)
• Pronoms et déterminants (le, mon, ce, je, tu…)
• Formes verbo-temporelles (présent, accords de personne…)
• Marques de nombre et de genre (féminin, pluriel…).
§ Deux grands principes de composition :
• L’affixation : processus qui combine une base (morphème lexical) et des affixes (préfixes, infixes ou suffixes),
unités morphologiques non autonomes. Ex : découragés : dé-courag-é-s (un préfixe, deux suffixes).
o Par flexion : l’affixe qui donne un trait grammatical à la base (genre, temps…) ex : « gentil-le-s » ,
« chante-r-ai », « girl-s » etc.
o Par dérivation : modification du contenu ou de la catégorie de base ex : « joliment » (-ment est un
suffixe de dérivation en adverbe), « repartir » (re- est un préfixe de dérivation ajoutant du contenu).
§ Les affixes de dérivation (-erie, -eur, -ation, -iser, etc.) sont considérés comme des morphèmes
quasi-lexicaux (liste courte mais relativement ouverte et pouvant avoir un sens lexical).
• La composition : processus de combinaison de plusieurs morphèmes lexicaux (qui sont donc susceptibles de
fonctionner comme bases d’autres constructions).
o Ex : « morpho-logie » (morph-èmes, logi-que), « islamophobe » (isla-mique, phob-ique).
o On parle aussi de synthèmes pour parler des constructions du « type machine » à écrire ou « tableau
noir ». Le synthème est un assemblage de morphèmes lexicaux qui fonctionne syntaxiquement

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comme un morphème unique et dont le sens ne se laisse pas décomposer. Ainsi « chemin de fer »
peut être remplacé par « rails », rien ne peut être intercalé.
§ 4 types de linguistiques : Les langues possèdent des tendances morphologiques différentes, dans le sens où elles
intègrent plus ou moins d’informations sur la construction du message dans les mots eux-mêmes (et non dans la
syntaxe, càd l’ordre des mots). Les langues sont rarement d’un seul type.
• Tendances isolantes : la forme des mots ne varie pas. Aucune flexion ou dérivation n’es possible. Les infos
grammaticales sont donc données pr l’ordre des mots ou grâce à l’ajout de mots spécifiques (par ex, ajout
d’un mot pour dire le pluriel) ex : chinois.
• Tendance agglutinante : les instructions grammaticales sont ajoutées aux morphèmes lexicaux par des
suffixes successifs. Ex : turc où le suffixe -a marque le datif et « -lar » le pluriel, ainsi, un terme au datif pluriel
sera accompagné de « lar + a ».
• Tendance flexionnelle : les instructions grammaticales sont combinées dans des suffixes amalgamés. Ex :
latin, où dans le « em » de « regem » on a l’addition de l’accusatif et du singulier.
• Tendance polysynthétique : toutes les relations grammaticales sont exprimées par affixation ou par
transformation ou par transformation d’un seul radical. Ex : Groenlands.
§ Éléments de sémantique lexicale :
• L’analyse en traits sémantiques : décomposer le sens d’un mot en composantes différenciatrices qu’on
retrouve ou non dans d’autres mots.
o Ainsi, le sens de « jument » peut s’appréhender suivant les traits : cheval + adulte + femelle (-mâle).
• L’analyse prototypique : problème de
l’analyse en sèmes : trop d’exceptions. Par
exemple, l’autrcuhe est classée dans les oiseaux,
mais elle ne vole pas, Donc on ne classe pas un
élément dans une clasee en vérifiant
systématiquement le respect de tous les
critères.
o Catégorisation par proximité à un prototype (représentant privilégié) : chaque élément est comparé
relativement à un modèle.

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Chapitre 7 : syntaxe
- Définition : l’étude des règles de combinaison des mots et phrases.
- Phrase et énoncé : « j’ai fait un drôle de rêve cette nuit. »
En tant que phrase En tant qu’énoncé
= point de vue de la LANGUE. = point de vue de la PAROLE.
Type général, unité abstraite. Non singulière, répétable à Tel énoncé produit dans tel contexte. Ils ne sont jamais les
l’identique mêmes selon contexte différents.
// phonème Occurrence particulière, unité concrète résultat produit d’une
énonciation.
// son
- Deux grandes traditions syntaxiques :
o Grammaire distributionnelle : analyse visant à décrire la structure des phrases par l’établissement de « classes
distributionnelles, càd de classes d’éléments susceptibles d’occuper une même position sur l’axe syntagmatique. Ex : «
gros » est une classe distributionnelle car il fait partie de la classe des adjectifs. (Bloomfield).
§ Les unités :
• La phrase : combinaison de mots relativement autonome d’un point de vue syntaxique,
typographique/intonatif et sémantique. Phrase : « je partirais et je prendrais le bus ».
• La proposition : combinaison de mots autour d’un noyau verbal. Proposition 1 : « je partirai » ;2 : « je
prendrai le bus ».
• Le syntagme : groupe de mots recevant une fonction grammaticale dans la proposition. Selon le type de mot
qui en constitue la tête, on distingue syntagme nominal (SN), le synt. Verbal (SV), le synt. Adjcetival (SA) et
le syntagme prépositionnel (SP).

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SN : « je » + « le bus ». SV : « partirai »
+ « prendrai le bus ».
• Les différents types de mots (nom, verbe,
etc.).
• Conception de l’apprentissage :
o L’apprentissage d’une langue est
appréhendé comme l’accroissement de capacité
de l’apprenant à commuter des éléments pour
construire des phrases différentes. (Plus on a d
legos, mieux on connaît la langue). On soumet à
l’apprenant des suites de phrases dont au moins
un àl ément a été commuté (mon frère => ma sœur, mon père, etc ; a proposé => « a vendu », « a
offert » etc.). Par la répétition, l’apprenant doit intégrer des automatismes de commutation
(technique des labos de langue).

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o => pas de prise en compte de l’intuition de l’apprenant ni de différents types d’erreurs (l’erreur ne
nous apprend rien).
o Chaque langue est appréhendée comme un système formel propre au sein duquel il s’agit d’éviter
toute interférence lors des commutations.

o Grammaire générative : Analyse visant à expliquer la puissance générative du langage et des langues par l’identification
des règles permettant de passer d’un petit nombre de structures élémentaires (potentiellement universelles) à l’infinité des
phrases d’une langue (Chomsky). Ce qui intéresse ne sont pas les structures mais des règles/processus. Idée qu’il y aurait
une grammaire universelle chez tout le monde. Comment ça se fait qu’on puisse produire autant de phrases qu’on a jamais
entendu avant ?
§ Critique du modèle distributionnel (structural) :
il y a pas de confirmation que le corpus est valable pour toute
• Logique de corpus : les observations ne sont valables que pour un ensemble restreint et limité de phrases
la communauté
ils peuvent même être faux donc certaines peuvent même être agrammaticales. -> dans un échantillon de phrases sélectionnée par ces
rien n’est grammaticalement juste pour TOUT LE MONDE
linguistes, ils peuvent tomber sur des phrases fausses et y’a aucun moyen de savoir si elles sont justes ou
fausses vu qu’elles sont quand même utilisées (oral).
• Modèle descriptif et non explicatif et prédictif : le modèle ne permet pas d’expliquer le caractère génératif
du langage et des langues et ne permet pas de prédire les phrases grammaticales VS agrammaticale.
• Aucune prise en compte de l’intuition des locuteurs : le modèle structural n’intègre pas le fait que les
locuteurs soient capables, sans effort, de distinguer les phrases grammaticales des agrammaticales.
• Vise un modèle génératif : expliquer la faculté de langage en tant que capacité des sujets à générer des
énoncés et évaluer leur grammaticalité.
§ Notions fondamentales :
nous différencie des animaux soi disant • A. compétences vs Performances : ± langue vs parole (même opposition mais du point de vue de l’individu et
non du groupe).
o Performance : mobilisation de la compétence dans un acte concret (ce que la personne a en effet
réalisé).

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o Compétence : capacité de chaque individu de générer et interpréter l’infinité de phrases
grammaticalement correctes d’une langue. Serait fondée sur la capacité innée, liée à la faculté de
langage.
• B. Structure profonde vs de surface
o Profonde : schémas syntaxiques abstraits qui, par l’application de diverses règles de transformation,
donnent lieu à telle ou telle structure de surface = ce qu’on peut voir en haut des arbres syntaxiques.
« Tronc, ramification, etc. ».
o Surface : phrases telles qu’elles se perçoivent au niveau de la phonétique/graphique) = ce qu’on peut
voir en bas des arbres syntaxiques. « Feuillage de l’arbre ».
• Selon lui, chaque arbre a une structure profonde commune à plusieurs langues. Il pense qu’il y a un nombre
de petits schémas qui sont universelles, innées. Finalement on arrive à ces petits schémas qui peuvent
construire une infinité de choses possibles.
• Exemples :
o « mon frère adore Véronique » (surface : petite fleur) ; « ma boulangère me fait toujours une
remarque lorsque je suis mal habillé a dévoré les chocolats que je lui ai offert » (surface : petit
buisson ».
§ Structure de surface très différentes, mais structures profondes identiques :
§ SN (« mon frère », « ma boulangère…mal habillée ») + V (« adore », « a dévoré ») + SN
(« Véronique », « les chocolats que je lui ai offert »).
o « J’ai fait chauffer du lait au barman » ; « j’ai fait chauffer du lait au bébé ».
§ Structure de surface semblable (en surface on dirait presque deux petites fleurs identiques,
mais lorsqu’on va creuser on se rend compte qu’il y a des structures bien différentes), mais
structures bien différentes :
§ [J’ai fait [barman chauffer du lait]] , [j’ai fait [ x chauffer du lait au bébé]]
o « J’ai lu la critique d’Einstein. »
§ Une seule structure de surface, mais deux structures profondes différentes :
§ J’ai lu : 1. [x critique Einstein]
2 : [Einstein a critiqué x]

30
§ Un seul arbre SN-V-SN dans le cadre de la grammaire distributionnelle.
o « Jean aime Marie » ; « Marie est aimée par Jean » ; « Marie aime Jean ».
§ « Pierre » et « Marie » entretiennent les mêmes relations avec le verbe « aimer »dans p6
(actif) et p7 (passif), mais pas dans p8.
• Progressivement, la grammaire générative a dégagé les règles de transformation (très complexes) qui
permettent à partir d’un petit nombre de structures profondes élémentaires, de générer les structures de
surface d’une langue.
• En identifiant ces structures profondes et ces règles de transformation au travers la diversité d’une
grammaire universelle. Celle-ci serait innée (substrat biologique) et expliquerait la facilité d’acquisition de la
langue par l’enfant et la rapidité de l’évaluation de la grammaticalité d’une phrase.
• Conception de l’apprentissage :
o L’apprentissage d’une langue est appréhendé par la capacité de l’apprenant à a) mobiliser sa
connaissance des structures profondes (universelles et plus ou moins innées) et b) à acquérir les
éléments de surface nécessaires (par exemple le lexique), de manière à générer des phrases d’une
langue particulière.
o En ce sens, la L1 est considérée comme tremplin pour l’apprentissage de L2 : seule structure de
surface qui change.
o Prise en compte de l’intuition de l’apprenant.
o Prise en compte des erreurs : fautes « bêtes » (structure de surface ex : faute d’inattention) Vs fautes
« intelligentes » (structure profondes : ex : généralisation abusive).
- Vers d’autres modèles :
o Développement de modèles émergentistes (grammaire émergente), situés (grammaire contextualisées).
o Les connaissances grammaticales sont vues comme des ressources mobilisées dans des contextes particuliers.
o Les connaissances grammaticales se construisent dans l’interaction sociale (cognition située et distribuée).
o Retour à des corpus, mais des corps d’énoncés et non pas de phrases (situations de parole, d’interaction sociale).

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Chapitre 8 : linguistique textuelle
La linguistique textuelle poursuit l’analyse linguistique au-delà de la proposition/phrase.
Définition : elle est l’étude du rapport que les propositions/phrases entretiennent entre elles pour former les unités de communication
complexes que sont les textes (écrits ou oraux).
è Deux exemples : les connecteurs et les anaphores
o A) les connecteurs argumentatifs : mais, donc, si, or, parce que, puisqu’etc. = unités qui relient deux propositions (d’une
ou deux phrases différentes) de manière à ce que l’une soutienne ou contredise l’autre.
« C’est jaune, c’est moche, ça ne va avec rien MAIS ça peut vous sauver la vie. » : Mais introduit contre argument fort : il
est plus important d’être en vie que d’être à la mode.
o B) les anaphores : Unités qui permettent de reprendre un objet de discours (appelé « support ») introduit
précédemment (« genou », « poisson »).
Unités qui assurent la progression du texte en jouant sur la mémoire (parler de la même chose, marquer la continuité
thématique).
§ Pronominales (par pronom) : reprise totale (genou <- il) ou partielle (« Marie a acheté trois croissants, elle en a
déjà mangé un » d’un groupe nominal introduit précédemment.
§ Nominales (par un groupe nominal) :
• Anaphore fidèle : même nom, mais souvent avec un changement de déterminant (un gros poisson <- le
poisson).
• Infidèle : changement de nom (« Peugeot a annoncé des licenciements : ce constructeur est en perte de
vitesse).
• Conceptuelle (ou résomptive) : l’expression condense le contenu d’une proposition/phrase (« Cette
nouvelle est très préoccupante pour la France »).
• Associative : l’expression reprend un élément par une association d’idées (« il entra dans la pièce, la
fenêtre était fermée).
• Adverbiales (par un adverbe) : « Milan. C’est là qu’il faut aller ».

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o Anaphores et connecteurs sont des exemples d’analyses dites « transphrastiques » : travail sur couples de
propositions/phrases pour identifier les unités qui assurent la transition. => grammaire transphrastique = premier
niveau de la linguistique textuelle.
o Mais on peut aussi aller plus loin, en se donnant comme objet les textes eux-mêmes et en cherchant à dégager les
principes d’organisation sur lesquelles ils reposent. => linguistique textuelle.
o NB : pour certains, les combinaisons de phrases/propositions entre elles constituent une troisième articulation !
è Deux principes : la cohésion et la cohérence
o Deux principes qui assurent la solidité du liage entre des propositions/phrases d’un texte, càd les assemblages en
« paquets ».
o Cohésion : lien grammatical et sémantique entre propositions/phrases, qui fait du texte une structure où les unités sont
articulées = par ex les connecteurs et les anaphores.
o Cohérence : lien pragmatique entre les propositions/phrases, qui fait du texte une unité de sens et un acte de
communication. Elle se fonde sur la cohésion.
è La structuration des textes (plans, séquences, thèmes) :
o L’unité « texte » : un texte, c’est une suite linguistique finie (une ou un ensemble de proposition(s)/phrase(s)) qui
constitue un acte de communication dans une situation donnée. Cette linguistique est sensible aux enjeux de cohésion
et cohérence.
§ Plans de textes : la structure des textes est plus ou moins contrainte, càd que les textes sont plus ou moins
planifiés.
• Plans fixes (ou conventionnels) : ex : la tragédie classique en 5 actes ; la dissertation ; recette de cuisine
etc. = formes figées qui viennent pré-structurer le texte et qui aident par conséquent le récepteur à
ajuster ses attentes.
• Plans occasionnels : = formes flexibles, que le locuteur va proposer à son récepteur pour l’aider à
appréhender le texte. Souvent plus explicite que les plans fixes car moins attendus. NB : le plan de texte
est un paramètre pertinent pour produire/reconnaître un genre de texte (la lettre commerciale, le roman,
le cours, l’examen oral etc.)
§ La structuration séquentielle : Les textes peuvent comporter une ou plusieurs séquences. Une séquence est un
assemblage de propositions/phrases d’un certain type et qui entre dans la composition du tout textuel.

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Séquence Les différentes propositions/phrases s’assemblent pour :
Descriptives Etablir un portrait (d’un objet, d’une personne, d’une scène, etc.)
Narratives Faire succéder causalement des actions et des évènements.
Argumentative Défendre une thèse en introduisant des arguments qui la soutiennent.
Explicative Présenter le cheminement permettant d’arriver à un résultat.
dialogale Coordonner des prises de parole de locuteurs différents.
• Ex : un conte pour enfants sera structuré comme une séquence narrative et comportera probablement un
certain nombre de séquences descriptives enchâssées qui viendront donner chair aux personnages.
o La macrostructure sémantique = gestion de l’information (des thèmes) à l’échelle du texte en son entier. Quels
contenus sont introduits et développés à quel moment ?
§ Intérêt pour :
• Les ressources d’introduction des thèmes (p.ex. dislocations)
• Les processus de développement des thèmes (succession, découpage en partie, alternance).
• Les ressources de reprises de thèmes précédemment introduits.
• Le rapport entre gestion des thèmes et plans de texte.
• Le rapport entre gestion des thèmes et structuration séquentielle.

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Chapitre 9 : Les schémas de la communication et fonctions du langage :
Éléments de cadrage :
- En 1938, Charles Morris propose de distinguer trois manières d’aborder les signes linguistiques :
o La syntaxe : traite de la relation entre les signes (description des règles de combinaison entre les signes pour former des
propositions, des phrases et par extension des textes). -> s’intéresse à la distribution des signes entre eux.
o La sémantique : traite de la relation des signes aux objets du monde (description du signifié des signes et de la signification
des phrases hors contexte).
o La pragmatique : traite de la relation des signes à leurs utilisateurs, et plus généralement au contexte ou à la situation de
communication. -> un rapport du signe en usage de l’individu dans le mode de communication. Ainsi, faire de la
pragmatique implique :
• D’identifier les paramètres pertinents des situations de communication :
o -> les fonctions du langage selon Jackobson
o -> le modèle de Speaking de Hymes.
• Puis de considérer en quoi et à quel degré les langues codent en leur sein certains de ces paramètres :
o -> l’inscription dans la langue de la situation de communication -> linguistique énonciative (cf.
chapitre 10)
o -> l’inscription dans la langue des actes réalisables en parlant -> la théorie des actes de langage (cf.
chapitre 11)
Les fonctions du langage :
- Roman Jackobson : linguiste russe et membre du Cercle de Prague, a proposé un schéma de la communication, toujours pertinent
(1963 pour le version française) => voir schémas sur slides, c’est plus clair.
Contexte
Destinateur (ce n’est pas émetteur, car ce n’est pas quelque chose dit aléatoirement, mais bien l’idée qu’il est destiné à quelqu’un)
– Message -> Destinataire (idem pour destinataire, ce n’est pas seulement un récepteur mais bien quelqu’un qui se met dans
l’optique de recevoir une info. C’est donc bien social (peut-être mieux mettre une double flèche).
Contact (moyen de communication utilisé, quel est le support pour s’assurer que destinateur/destinataire soient en

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contact).
Code (la ressource qui va être utilisé pour transmettre le message. Utilisation de signes, tissu de conventions).
- L’approche de J. peut être considérée comme fonctionnelle : il s’agit de rendre compte de la variété des fonctions que la langue
peut remplir. Chaque composante du schéma est liée à une fonction linguistique différente.
o Destinateur => fonction expressive : *expression directe de l’attitude du destinateur à l’égard de ce dont il parle. Elle tend à
donner l’impression d’une certaine émotion, vraie ou feinte ».
§ ex d’interjection : « aie » est un élément que je peux utiliser pour exprimer l’étant dont je suis (dans ce cas, douleur).
§ Ex de modulation phonique : selon la tonalité, je peux exprimer d’être énervé, impatient, euphorique, etc.
o Destinataire => fonction conative : « trouve son expression grammaticale la plus pure dans le vocatif et l’impératif […].
L’impératif ne peut pas provoquer la question « est-ce vrai ou n’est-ce pas ? », qui toutefois peut parfaitement se poser
après des phrases telles que « on buvait », on « boira », « on boirait » ». La fonction conative renvoie à ce qui engage le
destinataire. -> dans le cas de l’impératif, l’attention est vraiment mise sur le destinataire « Maximilien, viens à mon
bureau », on sort de l’idée « est-ce vrai ou faux », qui est plutôt une réflexion philosophique.
o Contexte => fonction référentielle : la fonction réferentielle renvoie au fait que tout acte de communication parle, au moins
minimalement du monde (du contexte) en ce qu’il n’est ni du destinateur, ni du dentinaire. -> on veut vraiment rendre
compte du monde qui nous entoure, c’est finalement des messages « neutres ». Ce n’est pas forcément un monde qui
existe.
o Contact => fonction phatique : « il y a des messages qui servent essentiellement à établir, prolonger ou interrompre la
communication, à vérifier si le circuit fonctionne (« Allo, vous m’entendez ? »), à attirer l’attention de l’interlocuteur ou à
s’assurer qu’elle ne se relâche pas. C’est aussi le cas par exemple, de l’ouverture et clôture des conversations. -> il y a
beaucoup de fonctions du langage qui vise surtout à assurer le fil conducteur, s’assurer d’une bonne communication. Une
nouveauté pour l’époque car on ne les calculait pas trop avant. Après J. la fonction phatique est devenue une espèce de
poubelle pour le langage, car on y mettait un peu tout ce qu’on ne savait pas quoi faire avec.
o Code => fonction métalinguistique : « une distinction a été faite […] entre deux niveaux de langage, le « langage-objet »,
parlant des objets, et le « métalangage », parlant du langage lui-même. Mais le métalangage n’est pas seulement un outil
scientifique […] ; il joue aussi un rôle important dans la langue de tous les jours […] (« je ne vous suis pas, que voulez-vous
dire ? ») ». Très présente dans la phase d’acquisition de langage.

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o Message => fonction poétique : elle renvoie au travail opéré sur la matérialité du langage, sur le « coté palapable des
signes ».
- L’usage du langage ne se résume pas à la transmission/communication d’informations.
- un acte de communication n’est jamais monofonctionnel, mais une fonction domine souvent sur les autres selon la situation de
communication.
- Pour la linguistique, l’intérêt est de considérer les ressources qui permettent l’expression de ces fonctions.
- Principale limite du modèle de J. : considérer la communication dans un seule sens (émetteur-récepteur) et non comme un
phénomène négocié à plusieurs (le récepteur est passif chez J.) le récepteur est passif chez J.)
S-P-E-A-K-I-N-G
- Dell Hymes, linguiste et anthropologue américain a cherché à identifier les paramètres de la compétence de communication qui
viennent s’ajouter au connaissances lexicales et grammaticales.
- Tous les paramètres pour être compétents en communication :
o S : Setting & Scene : temps et espace & représentation culturelle et psycho de la situation (par ex : degré de formalité). Ex :
se rendre compte de l’ampleur d’une salle, on va parler plus fort plus l’espace est grand. Ou bien en cours, savoir le temps
limité disponible pour transmettre son message.
o P : participants : Locuteurs & allocutaire(s) (= ceux qui sont là, ce que le locuteur prend en compte quand il parle) + autres
participants à la communication (= ceux qui ne sont pas présents, que le locuteur ne peut pas prendre en compte car ils sont
imprévisibles, typiquement au discours à la télé) ex : vidéo
o E : End(s) : Raisons, buts et résultats de l’évènement de communication.
o A : Act sequence : forme et contenu de ce qui est dit (y compris structure de l’évènement). -> qu’est ce qu’il va se passer
dans le moyen de communication ?
o K : Keys : éléments qui inscrivent la tonalité, l’attitude et l’esprit de l’acte de communication. Ex : lorsqu’on fait un cours, on
peut être + sérieux à un moment et faire des blagues à d’autres.
o I : Instrumentalitie(s) : Support (oral/écrit) et style de parole (registre formel ou informel).
o N : Norms : Normes sociales qui gouvernent l’évènement et les actes de communication produits.
o G : genre : type d’évènement de communication.

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Chapitre 10 : L’énonciation
Rappel : phrase Vs énoncé
- Phrase : unité de la langue, abstraite et répétable
- Énoncé : unité de parole, concrète et singulière. énoncé produit dans un certain contexte
Énoncé VS énonciation :
- Énonciation : « mise en fonctionnement de la langue par acte individuel d’utilisation » = acte de production d’un énoncé, qui
constitue son produit.
L’énonciation :
- Renvoie à l’acte de production/fabrication d’un énoncé dans un contexte particulier. -> Transmission de la mise en contexte du
discours du langage impliquant des éléments formes de la communication et des interlocuteurs (je, tu, ici).
- La linguistique de l’énonciation ne vise pas à étudier l’acte de produit lui-même, mais à considérer :
o En quoi les énoncés contiennent des traces des actes de production qui les ont générés ?
o Partant, en quoi la langue est préconfigurée en vue de sa mobilisation effective dans des situations de communication ?
- Exemples :
o « Le nouvel IPad sot demain »
o « Il est tombé là-bas ».
o Demain : « le jour suivant immédiatement celui où l’on parle, ou celui où est censée parler la personne dont on rapporte les
paroles » (petit robert).
o Là-bas : « À quelque distance plus ou moins grande du lieu où l’on est) ».
- Embrayage VS débrayage
o Pour comprendre à quoi « demain » et « là-bas » font référence, il faut connaître le moment et le lieu d’énonciation, càd
de production des énoncés. = exemples d’unités qui « embraient » l’énoncé sur l’énonciation, qui « font coller » l’énoncé à
l’acte d’énonciation. = des « embrayeurs » ou « déictiques ».
o Les deux procédures générales ou principales du brayage linguistique sont l’embrayage et le débrayage. Il y a embrayage en
direction de l’homme, de l’homme du monde, ou du moi : de la situation de l’énonciation ; il y a débrayage en direction du
monde, du monde de l’homme, ou du soi : du site de l’énoncé.

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§ « je me suis beaucoup entraîné hier. Demain, peut-être que je ne m’entraînerais pas. » je (je,me), hier, demain +
besoin du contexte = énoncés embrayés
§ « Jean Baptiste Mathias meurt le 22 mai 1974 : le lendemain Louis Marré devient sénateur » ø embrayeurs – besoin
du contexte = énoncés débrayés.
- L’appareil forme de l’énonciation (AFE) : au cœur de la langue, il y a un ensemble d’unités spécialisées pour inscrire le locuteur et
la situation d’énonciation dans l’énoncé.
o Je = désigne la personne qui parle
o Tu = désigne la personne à qui on parle
o Maintenant + Présent = désigne le moment à partir duquel on parle.
o Les trois sont des déictiques qui sont au centre de l’AFE.
- La référence personnelle :

Intérêts de l’approche énonciative :


o Dépasser la seule perspective morpho-syntaxique qui établit la liste / le répertoire des « pronoms personnels » et étudie
leur position dans les phrases.
o Identifier les différences de valeur fondamentale entre les pronoms
o Proposer une description dynamique des pronoms : en se plaçant comme « JE », le locuteur installe automatiquement un
« TU » auquel il s’adresse et avec laquelle il est susceptible d’échanger sa place.

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o Plus généralement, reconsidérer les unités de la langue du point de vue de leur fonction de communication.
o Que faire du monologue intérieur ? que faire de la politesse ?
- La référence temporelle :

Toutes ces unités sont des embrayeurs


temporels (ou déictiques temporels) : il faut
connaître la situation s’énonciation pour
calculer leur référent (le moment réel dont ils
parlent) = LA DEIXIS -> les unités qui se
comprennent que par rapport au moment
d’énonciation/le moment où le mot a été utilisé,
le demain d’ajd n’est pas le même que celui
qu’on prononcera dimanche.

Toutes ces unités sont des dérayeurs


temporels (ou anaphoriques temporels) : leur
référent n’est pas calculé à partir du moment
d’énonciation, mais d’un élément précisé dans
le texte.

Les deux nous donnent l’instruction j+1, mais


« le lendemain » n’est pas une énonciation :
« le lendemain nous demande de préciser le
lendemain de quoi et pas de l’instant présent.

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o Le cas du repérage combiné
o Les références temporelles absolues = toutes les unités qui
renvoient directement à leur référent, sans passage par un
repère. Elles se basent sur un savoir encyclopédique partagé au
sein d’une communauté.
Le 28 janvier 2013, à 17h15 ; La semaine 42 de l’année 2013.
Ces unités servent très souvent de repères pour les
anaphoriques : Le 28 janvier 2013, il partit marcher dans la
montagne. Il ne revint que deux jours plus tard.
- La référence spatiale : les déictiques spatiaux :
o Là-bas : « à quelque distance plus ou moins grande du lieu où l’on
est. »
o Ici : quelque chose d’extrêmement relatif, dont la définition varie avec le temps. A partir de quel moment se termine le
« ici » et à quel moment le « là-bas » ?
o Là : était un mot qui s’opposait à ici, mais une modification orale a
fait qu’on peut dire aussi bien « viens ici » que « viens là », on a
donc ajouté « là-bas » pour ne pas avoir de confusion. Il y a donc
une signification du « lé » à deux niveaux, le « là » de proximité et
le « la » d’éloignement.
o Les anaphoriques spatiaux = unités dont la référence spatiale est
calculée à partir d’un lieu précis dans le teste qui sert de repère.
Ex : « il s’arrêta devant l’église, il y avait là des dizaines de personnes » ; « Carl Lewis franchit la ligne d’arrivée. À vingt
mètres de là, les journalistes attendent déjà. »
o Les références spatiales absolues = unités qui réfèrent directement à un lieu de passage par un repère (qu’il soit le moment
de l’énonciation ou un autre lieu). Ex : À Hong Kong ont conduit à gauche.
- Deixis et acquisition :
o La dexis pose souvent un problème dans l’acquisition du langage chez l’enfant (référence instable). Ex : un père qui dit à son
enfant « tu veux venir sur mes genoux » et l’enfant répond « veux venir sur mes-genoux ».

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o Les parents parlent souvent avec des références absolues : « Maman aime pas quand Nathan triste ».
o L’acquisition de la référence temporelle combinée en langue étrangère est relativement complexe (cas du discours
rapporté).
- La représentation du discours d’autrui (aussi nommé le discours rapporté) : Une pratique courante : énoncer les popos de
quelqu’un d’autre dans son propre énoncé. = une énonciation qui rapporte un autre acte d’énonciation.
o Le discours direct : « hier, il me dit : « je passe te voir demain ». Aujourd’hui, personne… » => l’énoncé de base est respecté
(mode de citation, avec des guillemets). Il y a donc deux moments d’énonciation exprimés, avec leurs déictiques propres :
« demain » et « aujourd’hui » réfèrent au même jour et le « je » de « je passe » renvoie à un autre locuteur que celui énonce
le tout.
o Discours indirect : « il m’as dit qu’il passerait le lendemain (< « je passe te voir demain ») » => l’énoncé de base est
syntaxiquement enchâssé dans un énoncé qui impose son régime (mode de transposition). Il n’y a qu’un seul moment
d’énonciation (celui de la proposition principale) et les déictiques initiaux sont dont transformés en anaphoriques : « je »=>
« il » ; « demain »=> « le lendemain ».
o Discours indirect libre : « il fulminait, il enrageait, il passerait demain, c’est bien ce qu’il avait promis. » =y Le texte paraît
pris en charge par un seul locuteur, mais quelques éléments témoignent de la présence d’un autre locuteur. Ici, le texte
est pris en charge par un narrateur, mais on ne peut lui attribuer le déictique « demain »(« demain » ne désigne pas le
lendemain du narrateur , c’est un « demain » attibuable à la voix du personnage) : on attendrait plutôt un « le lendemain ».

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