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La discipline qui se donne la traduction pour objet d’étude est apparue dans la seconde moitié
du XXe siècle, mais elle a reçu plusieurs appellations éphémères (science de la traduction,
translatologie, etc.) avant de devenir la « Traductologie » en français et « Translation Studies
» en anglais.
Son champ d’étude a été rigoureusement défini, pour la première fois, par James Holmes
(1972) dans un article intitulé « The Name and Nature of Translation Studies ». Dans cet
article, Holmes distingue deux grandes branches : la « traductologie théorique » et la «
traductologie appliquée ». La première (théorique) a pour objet la description des
phénomènes de traduction, la définition des principes explicatifs et la théorisation des
pratiques traductionnelles ; la deuxième (appliquée) vise la mise en œuvre des principes et
des théories pour la formation des traducteurs, le développement d’outils d’aide à la
traduction ou encore la critique des traductions.
Pour Holmes, ces deux branches entretiennent une relation dialectique et ne doivent, en
aucun cas, être perçues de façon exclusive ni unidirectionnelle. En effet, la traductologie
théorique nourrit les applications pratiques, et la traductologie appliquée permet d’enrichir la
réflexion théorique. Elles sont mises sur le même plan, et c’est pourquoi il convient
d’accorder à chacune une égale attention. Ce faisant, Holmes ne définit pas d’objet d’étude
unique à la traductologie : il envisage aussi bien l’étude du produit (le texte traduit) que celle
du processus (le déroulement de la traduction). Selon lui, l’étude traductologique peut être «
générale », c’est-à-dire embrasser la totalité de la discipline, ou bien « restreinte » à certains
domaines, types de textes, problèmes spécifiques ou époques historiques. L’essentiel est que
le centre d’intérêt soit la « traduction » et non pas, par exemple, la « langue », le « langage »,
la « psychologie », la « sociologie » ou encore la « technologie », même si ces aspects
peuvent être importants dans le produit ou le processus de traduction. Tout est question de
focalisation et de point de vue.
Car la traductologie a dû lutter pour trouver sa place parmi les autres disciplines qui se
disputaient son objet d’étude. Ainsi, la traduction a été envisagée tour à tour comme une
branche de la linguistique contrastive, de la linguistique appliquée, de la linguistique
textuelle, de la psycholinguistique, ou encore comme une forme de communication
multilingue ou bien de communication interculturelle ; sans oublier les approches littéraires,
philosophiques ou anthropologiques auxquelles elle a pu donner lieu au fil du temps.
Bref, la traduction a été abordée suivant de multiples angles, mais aucune perspective d’étude
n’a épuisé son objet ni ses problématiques, c’est pourquoi elle a évolué vers une discipline
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Ainsi, la traductologie nécessite une interrogation sur ses fondements et sur les conditions de
sa validité. Cette approche épistémologique est une réflexion critique concernant la démarche
intellectuelle et les méthodes de tous ceux qui s’intéressent à l’activité de traduction.
Les questions sont de deux sortes : dans quelle mesure la traductologie peut-elle être une
discipline autonome ? Que peut être et que doit être une discipline de la traduction ? Il est
difficile de répondre à ces questions parce qu’il y a peu d’ouvrages qui abordent directement
la réflexion épistémologique.
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Aussi, l’objet de la traductologie est bien la traduction dans toutes ses manifestations. Qu’il
s’agisse de traduction orale ou écrite, générale ou spécialisée, le traductologue réfléchit sur
toutes les formes d’intervention du traducteur. Même si elle a été envisagée jusqu’ici comme
une branche de la traductologie, la « théorie de la traduction » se confond en réalité avec la
pratique du traducteur.
I/ -2.Épistémologie générale
La traductologie est traditionnellement classée parmi les sciences humaines et elle est souvent
considérée comme une science du langage. Il existe pourtant des études qui recherchent des
principes généraux applicables à tous les types de textes, voire des « théorèmes pour la
traduction » (Ladmiral 1994). Certaines études empruntent même leurs postulats et leurs
méthodes à la neurologie, et veulent rattacher la traduction aux sciences naturelles en centrant
la recherche sur le sujet humain.
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domaine des sciences du langage n’est aussi avancé dans l’automatisation que la traduction. Il
suffit de parcourir la liste des outils informatiques disponibles sur le marché pour se
convaincre de la volonté des chercheurs d’introduire la rigueur des mathématiques et de la
logique dans la discipline traductologique.
Il y aurait ainsi une traductologie interne qui ne s’intéresserait qu’au processus de la
traduction et une traductologie externe qui s’intéresserait à la traduction en tant que produit
des facteurs politiques, historiques, sociologiques ou autres. Mais dans les deux cas, il s’agit
d’une traductologie ouverte aux influences et aux acquis des sciences humaines et sociales.
Ce sont là les lignes de force et de démarcation de la discipline.
Sa spécificité réside dans son empirisme : l’homme a de tout temps pratiqué la traduction,
mais il ne l’a pas toujours théorisée. Il a également traduit dans des proportions sans
commune mesure avec sa réflexion sur la traduction. Il s’ensuit que la traductologie est
aujourd’hui fondée avant tout sur l’empirisme, c’est-à-dire sur la pratique traductionnelle et
sur l’observation des faits de traduction. Elle a acquis son autonomie en s’intéressant d’abord
aux phénomènes traductionnels tels qu’on peut les observer à travers des textes traduits, des
corpus et des productions attestées (Toury 1995). Il faut ici replacer dans leur contexte
historique et didactique les approches prescriptives de la traduction qui visaient à soumettre
les traducteurs à telle ou telle norme ou règle préétablie. Elles sont datées et largement
dépassées.
En tant que discipline empirique et descriptive, la traductologie tente d’identifier, à partir de
l’observation, des principes et des phénomènes récurrents dans l’activité de traduction.
L’ensemble organisé des principes et des phénomènes ainsi identifiés forme une théorie. La
théorie du « sens-texte » de l’École de Paris (D. Seleskovitch) en est une illustration.
Comme pour toute discipline empirique, l’élaboration d’un cadre théorique propre à la
traductologie passe par trois étapes : l’observation, l’hypothèse et la vérification.
1) L’observation consiste dans l’examen détaillé des faits de traduction. Elle est en partie
construite et orientée, parce qu’elle est soumise à la perception de l’observateur. Certaines
composantes de l’observation traductologique ne sont pas négligeables : la compétence
linguistique préalable, le degré de culture du sujet, les contraintes institutionnelles, etc. Pour
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ne pas ajouter à la complexité de cette étape, le principe de base est que l’observateur
n’exerce pas son observation sur ses propres traductions afin de séparer méthodologiquement
le sujet observateur de l’objet observé.
3) La vérification permet de confirmer l’hypothèse : si celle-ci n’est pas infirmée, elle peut
prétendre au statut de règle ou de loi. Mais la vérification nécessite des allers-retours
incessants entre la théorie et la pratique traductionnelle. C’est le propre de la méthode
empirico-déductive.
Ces principes relèvent d’une épistémologie générale et sont en grande partie applicables à la
traductologie. Mais la traduction possède des particularités qui appellent également une
épistémologie spécifique.
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(approche normative) mais à vérifier si la traduction envisagée est valide ou non (approche
descriptive).
Autre question problématique : sur quels critères peut-on juger que telle traduction est
acceptable ou non ? La question de la critique et de l’évaluation de la qualité des traductions
est complexe et elle a donné lieu à de nombreuses études (House 1997).
En tout état de cause, l’acceptabilité d’une traduction est fondée à la fois sur le jugement des
sujets traducteurs et sur l’application d’un ensemble de principes qui font partie de l’univers
de référence de ces sujets et qu’il appartient au traductologue d’identifier et de décrire.
S’il est acquis aujourd’hui que l’étude traductologique est de nature descriptive et non pas
prescriptive, cela ne signifie pas que l’activité de traduction telle qu’elle s’exerce n’est pas
soumise à des règles et à des normes. Celles-ci peuvent être consciemment respectées ou
inconsciemment intériorisées, mais elles existent toujours en fonction des contextes et des
finalités de la traduction. D’où l’intérêt d’une réflexion épistémologique propre à la discipline
traductologique.
Pour Pergnier (1978 : 7), même les travaux les plus importants, comme ceux de Vinay et
Darbelnet, Mounin, Catford, « sont en réalité bien plus des théories de la langue appliquées à
la compréhension des difficultés inhérentes à tout acte de traduction que des prolégomènes à
une science de la traduction ».
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Steiner (1975 : 74-75) s’est justement intéressé à la mise au point de ces « prolégomènes ».
Son livre After Babel est une contribution majeure à la réflexion sur l’importance et le rôle de
la traduction tout au long de l’histoire. Cette histoire de la traduction est analysée en termes
de systèmes : monadistes, dualistes, triadiques et, enfin, quadripartites. Dans cette
perspective, Steiner se fait le promoteur d’une déontologie de la traduction intégrant une
rigueur épistémologique qui passe par une révision de la terminologie utilisée par les
traductologues.
L’originalité du parcours herméneutique proposé dans son ouvrage se distingue nettement de
l’ensemble des publications théoriques sur la traduction : il est clair que Steiner fait partie de
la liste restreinte de ceux qui ont écrit quelque chose de fondamental et de novateur sur la
traduction.
Dans le sillage de Steiner, il faut insister sur un point méconnu : traduire, c’est déjà faire de la
traductologie. Parfois consciemment mais bien souvent inconsciemment. L’activité de
traduction suppose, en effet, une conscience traductologique minimale. Même dans le cas
d’un apprentissage « sur le tas », l’expérience montre qu’il existe une réflexion
traductologique latente qui préside au travail de l’apprenti traducteur. Cette réflexion n’est
pas toujours bien conceptualisée mais elle existe. L’exemple des traducteurs compétents qui
n’ont jamais suivi le moindre enseignement de traduction le montre assez.
Cela ne signifie nullement que la traductologie est amenée à cesser tout rapport avec les
autres disciplines, afin d’affirmer et de préserver son autonomie. La diversité des situations et
des pratiques montre la richesse indéniable des approches interdisciplinaires, mais il est
indispensable d’apporter quelques précisions sur ce type d’approche.
Lorsque les acquis des recherches traductologiques sont mis au service d’autres disciplines,
l’autonomie de la discipline est d’autant plus forte, puisqu’on est dans le domaine de la
traductologie appliquée. C’est le cas, par exemple, de l’apport de la traductologie à
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L’objet de la traductologie
Décrire le produit d’une traduction, c’est démontrer les éléments qui le composent, mais
auxquels il ne se réduit pas. Analyser le processus traductionnel revient à mettre en évidence
les diverses manières de procéder et d’organiser ces éléments.
Mais la diversité des configurations professionnelles tend à rendre ces opérations plus
complexes qu’il n’y paraît. La traduction est, en effet, prise dans un faisceau d’intérêts,
d’intentions, de contraintes, d’instructions, d’attentes, de fonctions et de technologies, qui
dépassent largement le cadre des questions purement traductologiques.
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L’objet à traduire
L’objet à traduire est communément désigné dans la littérature traductologique par « texte de
départ » ou « texte source » ou encore « texte original ».
Nonobstant les nombreux débats sur la terminologie, le texte donné à traduire désigne l’objet
initial destiné à la traduction, c’est-à- dire la commande et la matière première sur laquelle
travaille le traducteur.
Cette commande peut revêtir des formes diverses et variées : texte écrit, article de presse,
roman, publicité, site web, etc. Mais elle est généralement envisagée en termes de spécificités
linguistiques et stylistiques, rarement dans un cadre polysémiotique. Cela s’explique
essentiellement par le fait que le volume des « textes » demeure prédominant dans la
pratique, en comparaison avec les autres supports de traduction.
L’objet destiné à la traduction subit des traitements successifs, suivant des modes
d’interprétation individuels et parfois collectifs pour aboutir au produit final. Certes, il existe
des règles d’analyse pour comprendre le texte de départ, mais les règles de conversion pour
produire le texte d’arrivée ne sont pas toujours normées ni uniformes ; elles dépendent de la
compétence, de la personnalité et des contraintes propres à chaque traducteur. Ainsi, l’objet à
traduire est conçu comme une construction perceptive unique, qui emploie des règles pouvant
être combinées et itérées différemment selon les individus. Cette idée de l’objet comme
construction modulée et dynamique permet de produire un grand nombre de traductions
différentes et néanmoins acceptables.
L’objet traduit
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principes et les outils. Il est possible ainsi d’avoir accès à un volume considérable de données
et de matériaux concernant le résultat concret de la traduction.
En théorie, le texte traduit (ou texte d’arrivée) s’oppose au texte à traduire (ou texte de
départ) comme l’actualisation individuelle et personnelle (par la traduction) d’un objet
générique et impersonnel (la commande soumise à la traduction).
En pratique, le texte traduit est un produit individuel prenant la forme d’un essai de
compréhension et de reformulation entre deux langues qu’il est possible de décrire et de
comparer à d’autres essais de traduction. La notion d’« essai », au sens fort du mot, est
importante ici parce qu’elle permet d’observer des variations individuelles dans la traduction
des mêmes textes.
Le sujet traducteur
Le processus de traduction
Les sciences cognitives montrent que le sujet humain (le traducteur) a un rôle central dans le
processus de traduction mais qu’il ne maîtrise pas totalement ce processus. Le fait
d’envisager la traduction comme résultat de processus psychiques et mentaux complexes, qui
nous échappent en partie, conduit à revoir la représentation interprétative des textes et la
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place du traducteur dans ces processus. L’enjeu est de mettre en relation l’activité de
traduction avec des phénomènes déterminants tels que la perception, la compréhension ou la
mémorisation.
Les recherches consacrées à l’étude des genres et des types de textes ont permis de définir
plusieurs modes de traduction en fonction de la nature du texte à traduire. Mais d’autres
études ont pu montrer que la description de l’objet traductionnel reste incomplète, si l’on ne
prend pas en compte le lien entre l’activité de traduction et l’activité cérébrale et
émotionnelle du sujet traduisant.
Les processus mentaux liés à cette activité sont modulaires, comme l’ensemble des processus
cognitifs. « Modulaires » signifie qu’ils sont décomposables en systèmes spécialisés (ou
modules), notamment selon l’objet à traduire et selon la fonction de la traduction. Chaque
type de traduction obéit à des principes spécifiques de représentation et de traitement des
informations. Dès lors, réfléchir sur l’acte de traduire revient à décrire ces « modules » en
identifiant leurs caractéristiques communes, leurs spécificités individuelles et leurs
interactions dans divers contextes.
Voilà donc les enjeux qui se présentent à la traductologie en ce début de XXI e siècle. En se
donnant pour objet englobant le processus de traduction, elle s’efforce de dégager les tenants
et les aboutissants de l’activité de communication inter-langues, c’est-à-dire qu’elle occupe
l’espace qui sépare le point de départ (le texte à traduire) du point d’arrivée (le texte traduit).
Elle tente d’identifier et de décrire l’ensemble des relations, principes, règles et procédés qui
caractérisent chaque traduction individuellement et comparativement. Les deux démarches
sont complémentaires même si la première tire la traductologie du côté des sciences de la
nature et la seconde, du côté des sciences humaines.
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Faire le point
Dans ce premier chapitre, nous avons tenté de situer la traductologie par rapport
aux autres disciplines. Pour cela, il a d’abord fallu mener une réflexion
épistémologique générale pour savoir dans quel type de « science » la classer :
Bref, sur le plan épistémologique, elle semble être une discipline aux directions
multiples, sans objet unique ni méthode exclusive. Elle est d’essence
interdisciplinaire.
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Il n’est pas question non plus de forcer la main aux défenseurs de l’indépendance
de la traductologie pour les faire rentrer à tout prix dans les cadres d’une
quelconque discipline, comme ce fut le cas pendant des décennies, notamment par
rapport à la linguistique. L’identité de la traductologie est aujourd’hui affirmée
un peu partout dans le monde par des chercheurs et des praticiens qui s’en
réclament haut et fort ; cela suffit à en attester l’autonomie et la vigueur.
C'est d'un regard résolument neuf jeté sur la traduction, à la faveur d'une ouverture de la
réflexion sur le langage en général, qu'est né ce qu'il est désormais convenu d'appeler
traductologie ou, plus modestement, Théorie de la Traduction.
En effet, pendant des siècles, la traduction avait été une pratique, des plus active certes,
attestée, en particulier, par l'épanouissement de l'École de Tolède au 12 ème siècle, ou, avant
elle, l'École de Baghdad, mais qui n'avait jamais manifesté de vraies propensions à
s'interroger sur son objet, de façon systématique et suivie. Chaque période fixait ses modes et
genres traductionnels selon des critères correspondants, le plus souvent, à ses intérêts
culturels, ses croyances, ses polémiques, ses tendances esthétiques. Le moyen-âge se fait une
spécialité des textes religieux et philosophiques : la traduction est littérale, la lettre étant
sacrée ; la Renaissance occidentale découvre la science arabe, qui avait vu son apogée dans
les Universités de Séville et de Cordoue, ainsi que les traductions des écrits scientifiques des
Grecs anciens exécutées par les érudits arabes, traductions elles-mêmes… traduites, au XVè
siècle, en latin, par les docteurs juifs réfugiés dans le Midi de la France, par exemple, et
fuyant les persécutions espagnoles. La Renaissance prône également la mise à l'honneur des
langues nationales, comme le firent M. Luther (en traduisant le Nouveau Testament en
allemand, vers 1520, dans sa retraite du château de Wartburg, Saxe) et J. DuBellay, dans sa
Défense et Illustration de la Langue Française en 1949.
Plus tard, l'Encyclopédie de D. Diderot consacre tout un article à la traduction, tandis que
1'école des Encyclopédistes est d'avis de "ne rien retrancher ni déplacer" d'un texte (cité par
Meschonnic, 1973) les 176 et 18è siècles s'affranchissent des contraintes et recréent les
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œuvres : c'est le triomphe des Belles Infidèles (Mounin, 1955 Zuber, 1968) ; le Romantisme
érige l'individuel et le littéral en principes, tandis que la fin du 19è siècle privilégie une tra-
duction érudite dont le chef de file, en France, est le poète Leconte de Lisle (Amos, 1920;
Cuendet, 1933 de Pucciarelli, 1970; Redouane, 1981).
Cependant, comme le dit assez justement le linguiste G. Mounin, ces praticiens "proposaient
ou codifiaient des impressions générales, des intuitions personnelles, des inventaires
d'expériences et de recettes artisanales. En rassemblant... toute cette matière, on obtenait un
empirisme de la traduction, jamais négligeable, mais un empirisme tout de même" (Mounin,
1959).
Rompant avec cette tradition empirique, la théorie de la traduction, elle, va naître dans le
sillage de la linguistique, mais très vite affirmer son indépendance.
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La démarche traductionnelle, par essence morcelée, inachevée, portant sur des bribes
(syntagmes) de langue, est sous-jacente à n'importe quelle étude de linguistique contrastive,
voire de simple sémantique. À titre d'illustration, disons que c'est une méthode abondamment
utilisée par un sémanticien comme S. Ullman, qui tisse autour de ce procédé une partie de son
ouvrage Semantics : An Introduction to the Science of Meaning (pp. 123 et suivantes, par
exemple), où l'allemand, l'italien et le français sont appelés à la rescousse dans
1'approfondissement de la connaissance (étymologique, morphologique, etc ...) de l'anglais.
C'est cette démarche traductionnelle, encore, qu'adoptera un linguiste comme R. Jakobson
dans On Linguistic Aspects of Translation, ou même MM. J.P Vinay et J. Darbelnet dans leur
ouvrage fondamental Stylistique comparée du français et de l'anglais (pp. 38 et suivantes, par
exemple). Un autre sémanticien M. Bréal, dans son ouvrage Essai de sémantique science des
significations (1924) écrit bien "Les langues indo-européennes sont condamnées au langage
figuré : elles ne peuvent pas plus y échapper que l'homme, selon le proverbe arabe, ne saurait
sauter hors de son ombre" (p. 3. C'est nous qui soulignons). Cette métaphore-calque n'est-elle
pas la meilleure preuve que la démarche traductionnelle, méthode ponctuelle par excellence,
sert de nombreux objectifs expérimentaux de la linguistique D'ailleurs, le linguiste M.
Wandruszka ne s'y est pas trompé, qui note : Pour mieux comprendre la nature de nos langues
humaines, la linguistique se tourne aujourd'hui vers la traduction.
C'est, en effet, dans la traduction qu'apparais sent au grand jour les convergences et les
divergences entre les formes et les structures de nos langues particulières, que se dévoilent les
universaux du langage humain… / Pour toute inter - linguistique, il n'y a pas de méthode plus
sûre, plus féconde, plus riche d'enseignement..." (Vers une linguistique de la traduction ;
1973 p. 67). C'est sans doute l'écrivain allemand Goethe, lui-/ même traducteur de Mme. De
Staël, qui résume le mieux la situation dans un aphorisme sous forme de boutade : « qui ne
connaît pas les langues étrangères ne connaît pas la sienne ». /Pour le théoricien russe A.
Schweizer, la méthode traductionnelle est un "laboratoire expérimental naturel" (Schweizer,
1985).
Mais qu'en est-il de l'activité de traduire, fin en soi, tendue vers l'achèvement, face à la
démarche traductionnelle, cet utile tremplin vers autre chose, si abondamment utilisé ?
Il semblait, il y a une quinzaine d'années, d'autant plus urgent de s'interroger à ce propos que
l'essor même de la linguistique contrastive et, de façon générale, l'étude des langues dans
leurs rapports respectifs, entrainaient des assimilations et amalgames jugés abusifs par les
praticiens éclairés de l'activité traduisante. MMmes Seleskovitch et Lederer notent, dans la
préface à leur ouvrage Interpréter pour traduire :
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"Puis elle [la traduction] a tout naturellement glissé vers un exercice de comparaison et de
substitution, chacun des composants de la langue de départ, caractères d'écriture, marque
grammaticale, lexème, syntagme, proposition ou phrase, devant trouver un correspondant
dans la langue d'arrivée. Ont été ainsi appelés "traduction" des exercices d'acquisition des
langues étrangères, de comparaison de structures linguistiques et de substitution des unes
aux autres" (p. 7).
Ainsi donc, l'exercice de la traduction était de plus en plus confondu avec une approche
servant une tout autre fin ; la traduction semblait condamnée à une vue essentiellement
réductionniste de son champ d'application.
Mais les praticiens, alertés par le danger et ressentant, pour l'avoir intériorisée, que leur
activité était irréductible à un simple exercice linguistique (fût-il de linguistique appliquée) de
recherche d'équivalences, ont voulu démontrer en quoi consistait l'autonomie de la traduction
vraie, la rendant du même coup justifiable d'une tentative de théorisation. Ils ont été mis sur
la voie d'une analyse novatrice des fondements même d'une activité dont ils découvraient,
chemin faisant, à côté d'une indiscutable dimension artistique, des spécificités codifiables, des
constantes, une nature et une finalité propres. C'est ainsi que fut repensée une activité dont on
tenait pour acquis qu'elle se situait aux confins du hier écrire la traduction sortait de son
ghetto esthétisant et, s'adaptant à des exigences sociales nouvelles, apprenait à redéfinir son
objet.
Avec le recul du temps et à la faveur de la maturité acquise, depuis peu, par la théorie de la
traduction, il n'est pas exagéré de dire qu'elle est née par réaction à une tentative de
"récupération" de l'opération traduisante par une science linguistique triomphante. Très vite,
cette réaction s'affirmait de type nettement "séparatiste" et indépendantiste (Cary, 1957 &
1963). C'est à partir de ce sursaut que devaient se multiplier les travaux théoriques sur la
traduction, travaux qui ont acquis profondeur et subtilité d'analyse, et qui -point capital- sont
l'œuvre de praticiens véritables, préoccupés de "produire" c'est-à-dire exerçant une activité à
vocation sociale, donc également avertis des aspects authentiquement pratiques du "fait
traduisant".
Face aux théories dites "linguistiques" de Fédorov (1953), Jakobson (1966), Catford (1965),
et, dans une moindre mesure, de Mounin (1963), et Vinay-Dar-belnet (1958), apparaissent
celle, plus nuancée, de Nida et Taber (1974), la théorie interprétative de la traduction, ou
théorie du sens, de l'équipe de Paris III (Esit), celle de Newmark (1982) ... elles rendent à la
linguistique sa véritable place, non négligeable, dans la théorie de la traduction -donc
reconnaissent leur dette envers elle, mais démontrent d'autres appartenances, jusque-là
insoupçonnées ou insuffisamment mises en lumière.
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La traductologie, science relativement nouvelle qui, en une vingtaine d'années, s'est dotée
d'instruments d'analyse approfondie, a trouvé ses penseurs, peut désormais puiser dans une
foule de travaux de référence, dispose de quantités de revues spécialisées, se trouve au centre
de multiples séminaires et col loques, a atteint une phase de maturité, donc de relative
sérénité. Il est possible, à l'heure qu'il est, de la considérer avec un certain recul et, c'est
pourquoi, elle fait désormais l'objet d'un enseignement spécifique au sein des Instituts de
formation universitaire, car elle est un complément ressenti comme de plus en plus
indispensable pour éclairer une pratique toujours possible sans elle, certes, mais combien
aléatoire. Car, la pratique plus ou moins réussie de la traduction, toujours réalisable de
manière empirique et intuitive, s'enrichit considérablement de l'élaboration d'une méthode,
d'un modèle analytique
"qui puisse intégrer et hiérarchiser tous les paramètres en cause dans l'opération de passage à'
une langue à une autre " (H. Van Hoof - Recherche d'un modèle d'analyse en traduction - p.
83).
Il faut que la théorie puisse rendre compte de ces paramètres pour tenter d'en tirer des lois
générales -où des règles qui s'en rapprochent- valables, statistiquement, en un nombre de
circonstances aussi grand que possible, lois susceptibles de servir une meilleure pratique,
celle-ci venant, à son tour, enrichir la théorie d'exemples nombreux, tirés de la réalité vivante
du langage.
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Pendant de longues années, après le renouveau qui avait marqué la Renaissance, la traduction
s'était cantonnée dans un genre quasi-exclusif : celui de la traduction dite littéraire. Au début
du vingtième siècle encore, les grands traducteurs étaient, le plus souvent, écrivains eux-
mêmes, et Valery Larbaud pouvait écrire en toute bonne conscience, apparemment :
" ... tout morceau de littérature a un sens moins apparent [que le sens matériel et littéral] et
qui seul crée en nous l'impression esthétique voulue par le poète. Eh bien, c'est ce sens-là
qu'il s'agit de rendre ... s'il [le traducteur n'en est pas capable, qu'il se contente d'être un
lecteur ; ou bien, s'il tient absolument à traduire, qu'il s'attaque à n'importe quelle matière
imprimée ou manuscrite ... Mais qu'il laisse la littérature tranquille". (Sous l'invocation de St
Jérôme).
Le ton de l'auteur exprime assez dans quel mépris était tenue "la matière imprimée ou
manuscrite" non classée œuvre littéraire : la traduction était littéraire ou n'était point ! Hors la
littérature, point de salut. Ce ton péremptoire fait sourire le traducteur moderne qui, même s'il
conserve pour la traduction des ouvrages littéraires un faible contre lequel il ne peut se
défendre, sait que les traducteurs exclusivement littéraires constituent, de nos jours, une très
faible minorité de l'ensemble des traducteurs professionnels et que le gros de la matière à
traduire n'est plus de nature littéraire (Cary, 1956).
Car, depuis une cinquantaine d'années, une série de phénomènes économiques, politiques et
socioculturels a été à l'origine d'une réévaluation en profondeur de la notion même de
traduction, q u i s'est dilatée bien au-delà de cette conception esthétisante ayant prévalu
pendant si longtemps. L'activité de traduction a été soumise à une véritable mutation, en
raison d'un élargissement considérable du champ de la connaissance scientifique et technique,
entraînant un brassage des multiples formes de savoir, une multiplication des échanges,
rendus indispensables par l'interdépendance de plus en plus étroite des pays. Le regain
d'intérêt suscité par les problèmes du bilinguisme, déjà existant dans un pays comme le
Canada, mais rendus plus aigus par l'accession des pays anciennement colonisés à une
indépendance politique qui, pour certains (dont l'Algérie), signifiait réhabilitation de la
langue nationale, a largement contribué aux orientations de "la nouvelle traduction".
Toute cette évolution est rendue manifeste par la masse d'information (écrite et orale) dont il
faut assurer le traitement et la circulation, ces besoins correspondant eux-mêmes aux
exigences d'un monde où la communication est sacrée reine./Par ailleurs, l'intensification des
rencontres internationales et régionales et, dans leur sillage, la création d'une multitude
d'institutions spécialisées, en même temps que l'accroissement des relations
intergouvernementales, ont donné un nouvel essor à la traduction politique, scientifique et
technique, et à sa sœur orale, l'interprétation. Cette diversification de l'activité traduisante est
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caractéristique de notre époque et a culminé dans les tentatives, qui se poursuivent encore,
d'expérimenter la machine à traduire dont certaines applications semblent se révéler
probantes.
De plus, en raison même de ce foisonnement révolutionnaire qui créait des besoins nouveaux,
\apparaissaient des Instituts et Ecoles de Traduction, à vocation universitaire, dont l'objectif
était la formation de traducteurs et interprètes, formation fondée, dans un premier temps, sur
une rationalisation des leçons et des expériences tirées de la pratique. Très vite, ces
institutions pédagogiques devaient devenir le point de jaillissement privilégié d'une réflexion
théorique, de mieux en mieux entrevue grâce au concours expérimental inestimable
qu'apporte, en toutes circonstances mais surtout dans l'institution pédagogique, l'analyse
systématique de l'erreur ; en effet, l'erreur de l'élève est un "raté" dans le mécanisme dont elle
révèle, du même coup et a contrario, le fonctionnement idéal pouvant servir de modèle dans
la définition de principes méthodologiques qui sont autant de jalons pédagogiques. Sous
l'impulsion d'équipes de recherche dynamiques, le domaine de la traduction s'enrichit
régulièrement aujourd'hui de travaux, de thèses de doctorat, de contributions diverses,
d'articles publiés dans des revues spécialisées ou d'intérêt général, tous ces efforts assurant à
la théorie de la traduction une audience de plus en plus large et un plus grand rayonnement.
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Faire le point
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La traduction : Le verbe traduire est introduit en français au XVI e siècle : « C’est en 1539
que l’humaniste, lexicographe et traducteur Robert Estienne a lancé le vocable « traduire » ;
l’année suivante, Étienne Dolet enchaînait sur « traduction » et « traducteur » » (Cary 1963 :
6).
Comme l’explique Larose (1989 : 3), le verbe traduire trouve son origine dans un « très vieux
verbe latin irrégulier dont les formes à l’infinitif présent étaient transferre, et au participe
passé, translatus ». Le mot interpres, quant à lui, désignait le traducteur en latin courant,
comme jadis drogman en italien (drogomanno). Ce dernier mot provient de l’arabe
turjumân, issu lui-même de l’assyrien ragamou. Molière l’emploiera plus tard sous la forme
truchement.
La difficulté de donner une définition unique de l’acte de traduire tient à la multiplicité de ses
formes et de ses domaines d’application. Le mot « traduction » – ainsi que les autres mots de
la même famille – renvoient à des réalités distinctes et évolutives, comme par exemple le fait
de traduire de l’écrit ou de l’oral, vers une seule ou plusieurs langues, à partir d’un support
papier ou électronique, seul ou avec l’aide de la machine, de façon ponctuelle ou régulière,
pour le plaisir ou avec un objectif précis, etc. Dans chaque cas, le mot « traduction » désigne
une conception particulière et une pratique spécifique : traduction simultanée d’un discours,
sous-titrage d’une pièce de théâtre filmée, adaptation d’un site Web ou encore veille
multilingue sur un sujet d’actualité.
Le mot "traduction" est éminemment polysémique, d'une polysémie qui n'est pas sans
expliquer, en partie, qu'à ses débuts la théorie de la traduction ait été la victime d'une
confusion majeure — l'amalgame dont nous avons parlé —, qui, elle-même, a été à l'origine
d'une plus grande rigueur dans la définition méthodologique de l'opération de traduction. Il
n'est donc pas inutile, à titre de rappel, d'ébaucher une distinction des différentes acceptions
de ce terme, les unes courantes, les autres correspondant davantage à une optique
épistémologique.
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"Avec le vingtième siècle, c'est au seuil d'un âge nouveau que nous arrivons, l'âge de la
traduction par excellence". (La traduction dans le monde moderne, 1956) C’est à ce titre,
également, que la collection "Demain, les cadres", éditée par l'A. P.E.C fait paraître une étude
dont il ressort que le marché mondial de la traduction connait une croissance exponentielle de
9 à 10% par an *.
c) - La traduction est encore le résultat tangible des deux activités précédentes, leur
aboutissement matériel : le texte traduit, sur lequel on porte un jugement de valeur et à partir
duquel on remonte jusqu’aux mécanismes mis en mouvement par l'opération traduisante. Il
est, en général, dans sa perfection on son imperfection, le reflet des choix et des décisions du
traducteur, en même temps qu'un révélateur de tout premier ordre, un élément de dissection
expérimentale, à des fins de démonstration. Il est la synthèse de la première activité,
processus intellectuel de nature analytique, et de la deuxième qui, elle, est au service des
collectivité, donc de nature sociale. Ces deux activités fusionnent dans le texte traduit, en une
synthèse de l'individuel et du social puisque l'exercice de la traduction est un champ où
doivent sélectivement se déployer aptitudes et goûts. C'est ainsi qu'il a beaucoup été question,
dans les milieux littéraires, des retraductions de F. Kafka et de M. Kundera, par exemple. Ce
produit fini qu'est, alors, la traduction est denrée dont la qualité est passée au cible de la
critique et soumise, peu ou prou, aux lois de la compétition économique, de l'offre et de la
demande.
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e) - En effet, d’un point de vue résolument moderne, la traduction peut être “tout processus
de change de forme dans son universalité” (L. Robel, 1973). C'est ainsi que E. Meschennic a
pu écrire : "nous sommes traduits par ce que nous traduisons" (1973, p. 361), laissant
entrevoir, par-delà la formule lapidaire, ce qu'un texte traduit révèle de la psychologie du
traducteur et de sa subjectivité. D'un point de vue philosophique, celui de M. Serres, nous
traduisons notamment dans la mesure où nous ne connaissons les choses que par les systèmes
de transformation des ensembles qui les comprennent, évoluant ainsi et selon les cas, dans les
domaines de la déduction (aire logico-mathématique) de l’induction (qui est un champ
expérimental), de la production (domaine de la pratique) ou de la traduction, qui est une
transformation dans le temps et dans l'espace. Ainsi donc, une adaptation de roman sous
forme cinématographique peut être considérée comme une traduction.
Dans une perspective encore plus ouverte, c'est toute la sémiotique qui est mise en cause par
cette interprétation de la traduction.
L'utilisation du terme "traduction" se fait donc presque toujours dans une optique
métonymique. La théorie de la traduction, elle, porte sur la traduction prise dans sa
première acception surtout, mais utilise le texte traduit (c) (troisième acception) comme
matériau expérimental, en fixant comme un de ses objectifs, l'amélioration du savoir-faire
qu'est la traduction (deuxième acception).
A suivre …
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