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INTRODUCTION

Le dictionnaire Larousse définit la traduction comme l'énonciation dans une autre langue
(ou langue cible) de ce qui a été énoncé dans une langue (langue source) en conservant les
équivalences sémantiques et stylistiques. C’après la démocratisation de la traduction et son
expansion dans les écoles que sont nées les théories de la traduction. Celles-ci avaient pour but de
conceptualiser la traduction en décrivant, en expliquant ou en modelant le processus de
traduction. Les théories pouvaient s’inspirer des concepts existants et proposaient une réflexion
centrée sur la traduction uniquement. À contrario, les approches de la traduction désignaient
l’orientation générale des études à partir d’un point de vue disciplinaire particulier comme la
linguistique, la sémiotique, le pragmatisme, etc. Ainsi, les approches de la traduction tendent à
rattacher la traduction à des disciplines instituées. Le domaine de la traduction regroupe plusieurs
théories contemporaines qui peuvent être divisées en six approches ou courants majeurs tels que
l'approche sociolinguistique, l'approche communicationnelle, l'approche herméneutique,
l'approche linguistique, l'approche littéraire et l'approche sémiotique.

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1. L´APPROCHE HERMENEUTIQUE

- Friedrich Schleiermacher, George Steiner le mot herméneutique signifie à l´origine


« comprendre, expliquer » (du grec), mais il a fini par désigner un courant et une méthode d
´interprétation initiée par les auteurs romantiques allemands. Le principal promoteur de cette
méthode dans le domaine de la traduction est Friedrich Schleiermacher (1767-1834).
L'herméneutique existait déjà bien avant Schleiermacher, mais elle ne représentait pas une
discipline générale, mais était, du moins selon ses dires, scindée en diverses herméneutiques
régionales telles que l'exégèse théologique, la philologie, la jurisprudence et les ssciences
historiques. Bien que Schleiermacher n'ait pas été le premier à proposer une théorie générale de
l'interprétation (le théologien Johann Conrad Dannhauer avait, dès 1630, jeté les bases théoriques
d'une herméneutique universelle). Schleiermacher est néanmoins considéré comme celui ayant
réussi à concrètement unifier le projet herméneutique dans une science autonome de la
compréhension.

Pour lui, la traduction est un processus de compréhension et qui doit mener à la


compréhension du texte, dans lequel le traducteur se met dans la peau de l´auteur pour essayer de
ressentir ce qu´il a senti et réfléchir comme lui. Le traducteur herméneutique est censé
aborder le texte source de façon subjective et essayer d´intérioriser le point de vue de l´auteur.
La véritable traduction doit se lire comme une œuvre étrangère et elle doit faire transparaître la
langue de l´œuvre originale. Schleiermacher se fait ainsi partisan de la traduction exotisante,
étrangéisante (Gromová, Rakšányiová, 2005 : 41-42). L´herméneutique traductionnelle selon
George Steiner Dans After Babel : Aspects of Language and Translation (1975), George Steiner
affirme que comprendre, c´est traduire (voir le titre du premier chapitre de son livre). Pour
rendre compte de la difficulté de l´interprétation en traduction, Steiner rappelle qu´ « il n´est pas
deux lectures, pas deux traductions identiques » ; « le travail de traduction est toujours
approximatif » ; « tout modèle de communication est en même temps un modèle de traduction ».
Il refuse la linguistique pour l´étude de la traduction à cause de « son stade d´évolution encore
peu avancé pour être capable d´apporter des réponses à des questions essentielles ». Steiner
propose son modèle dynamique et herméneutique en quatre phases visant la « bonne traduction ».

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«1/ Dans la première phase herméneutique, celle d´un « élan de confiance », le traducteur « se
soumet » au texte source et lui « fait confiance » en se disant qu´il doit bien « signifier » quelque
chose, malgré son caractère totalement « étranger » à première vue. S´il ne plaçait pas sa foi dans
le texte, il ne pourrait pas le traduire ou il ferait des traductions littérales. 2/ la deuxième phase est
celle de « l´agression ». Le traducteur s´attaque au texte, « fait une incursion » (envahissement,
intrusion) pour extraire le sens qui l´intéresse. Il n´est plus dans une position passive mais active
et conquérante. 3/ la troisième phase est celle de « l´incorporation ». Elle est encore plus
agressive que la précédente, car le traducteur rentre chez lui, dans sa tribu, avec le butin conquis
(le sens qu´il a voulu emporter dans sa langue). Si le traducteur s´arrête à cette étape, il produira
des « traductions assimilatrices » qui gomment toute trace de l´origine étrangère. 4/ la quatrième
phase est celle de la « restitution » : le traducteur recherche la fidélité au texte. Il rétablit l
´équilibre des forces entre la source et la cible. Il « restitue » ce qu´il avait volé, répare ce qu´il
avait détruit, par souci éthique. Les deux phases centrales du processus, « l´agression » et « l
´incorporation » mettent en avant le caractère conquérant de la traduction et la violence qui l
´accompagne. Le livre de Steiner a inspiré en partie les études idéologiques sur la traduction,
notamment de la traduction comme reflet de l´impérialisme et du colonialisme. » (Guidère,
2010 : 48-50).

Bien que, pour la traductologie contemporaine, l'herméneutique soit souvent considérée


comme une approche marginale et hautement spécialisée, il semble pourtant que ces deux
concepts : herméneutique et traduction coexistent dans un rapport très étroit au moins
depuis l'antiquité et ce n'est certainement pas un hasard si plusieurs figures marquantes de
l'herméneutique étaient également des théoriciens ou praticiens de la traduction. Par
ailleurs, un simple recours à l'étymologie illustre à quel point l'acte de traduire est
fondamentalement herméneutique: les Grecs, encore étrangers au concept culturel de
traduction écrite ou orale comme on l'entend de nos jours, utilisaient justement le terme
« hermeneuin » pour désigner le transfert de sens d'une langue à l'autre, un concept
ambigu et polysémique qui peut selon le contexte également vouloir dire « annoncer », «
interpréter » (comme en français, autant pour l'interprétation orale instantanée que celle de
textes) « éclaircir » et « expliquer ». Tel que le fait remarquer Gadamer dans Le dictionnaire
historique de la philosophie, herméneutique semble également faire écho à Hermès, le messager
des Dieux, responsable de faire parvenir leurs demandes aux mortels. Or, pour accomplir cette

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tâche, il est évident qu'Hermès ne peut se contenter de transmettre tel quel ce qu’ont dit les
Dieux, mais il doit expliquer aux hommes dans une langue qu’ils sont en mesure de comprendre
quels sont les ordres divins. En d’autres termes, il doit, par le biais d'un langage commun, leur
transmettre un message de façon intelligible, ce qui ne peut se produire sans une certaine
adaptation du dire des Dieux au langage et aux capacités cognitives propres à l'homme mortel.
Bien que philologiquement, le rapport entre Hermès et herméneutique soit controversé, ce
rapprochement permet de souligner plusieurs regroupements thématiques entre la traduction et
l’herméneutique, dont la transmission par le langage, la médiation par un interprète et la
compréhension intersubjective. L’herméneutique et la traduction ont également en commun
d'avoir longtemps été subordonnées à la rhétorique, discipline fondamentale de l'antiquité
classique et néoclassique qui porte sur l'analyse de la composition des textes, autant selon une
approche théorique que pratique, dans le cas des orateurs par exemple. C’est de la tradition
rhétorique que nous provient le désormais fameux postulat du cercle herméneutique qui désigne
la relation réciproque entre les parties et le tout d'un texte et suppose que l'on ne peut comprendre
une partie d’un texte qu'à partir d'une idée générale de son tout, mais que, d'un autre côté, on ne
peut comprendre le tout qu'à partir de chacune de ses parties, d’où la circularité. Bien que ce
cercle se développera en un problème épistémologique, à savoir, celui de l’explication ou de la
justification d'un savoir circulaire, il représente originairement une exigence de composition de
texte, selon laquelle les parties d’un discours doivent exister en harmonie avec le tout de façon à
ce que l'ensemble forme un corps organique. Déjà dans le Phèdre (264 c), Platon proposa la
métaphore du texte comme étant un être vivant avec des pieds, une tête, un centre et des
membres, une idée qui sera d'ailleurs reprise par Aristote dans sa Poétique (23, 1459 à 20) et dont
on en retrouve encore aujourd'hui l'écho12. Si ce cercle évoque dès l'antiquité que
l'interprétation des textes doit suivre les règles de grammaire pour comprendre le sens
d'un mot dans une phrase et doit analyser formellement et la composition et le style d'un
texte en supposant la cohérence de l'ensemble, ces indications seront complétées, dans la
foulée du romantisme et du développement de la conscience historique, par la nécessité de
considérer l'œuvre et la vie de l'auteur, ainsi que le rapport entre l'époque particulière à
laquelle appartient le texte et l'histoire universelle.

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2. APPROCHE LINGUISTIQUE DE LA TRADUCTION

Une approche désigne l’orientation générale des études à partir d’un point de vue disciplinaire
particulier. Les approches de la traduction tendent à rattacher la traduction à des disciplines
instituées.

L’approche linguistique de la traduction consiste en l’utilisation des ressources linguistiques


telles que la sémantique, la morphologie, la syntaxe et la phonétique pour traduire un document.
Elle se fonde principalement sur les théories linguistiques de la traduction énoncées par Vinay et
Darblrnet et se découpe en plusieurs approches comme :

a. L’APPROCHE DE CATFORD

Pour Catford, la traduction consiste en la substitution d’un texte dans langue source à un texte
dans une autre langue. Il ramène ainsi l’équivalence comme étant au centre de la pratique de la
traduction. Il distingue ainsi deux types d’équivalences dont l’équivalence textuelle et la
correspondance formelle.

L’équivalence textuelle est toute forme de texte cible dont l’observation permet de dire
qu’elle est l’équivalent d’une forme de texte source (1965 : 27). Tandis que qu’il y’a
correspondance lorsque les différentes catégories de langue cible occupent la même place que
celles de la langue source. C’est de ces concepts que sont nées les techniques de traductions par
écart « shifts » comprenant ainsi le « level shift », « unit shift ».

b. L’APPROCHE DE VINAY ET DARBELNET

Dans leur ouvrage Stylistique comparée du français et de l’anglais sorti en 1958, ils tentent de
développer la traduction à partir d’une étude comparative du français et de l’anglais et à cet effet,
ils estiment que la traduction est le passage d’une langue A à une langue B. Ainsi, seule la
stylistique comparée permettrait de mieux traduire un document en respectant la structure
linguistique de la langue A et de la langue B. Pour Vinay et Darbelnet, il existe deux stratégies
possibles de traduction : la traduction directe ou la littérale et la traduction oblique.

Vinay et Darbelnet (1995 : 30-40) sont les auteurs de sept procédés de traductions dont
l’emprunt, le calque, la traduction littérale, la transposition, la modulation, l’équivalence et
l’adaptation.

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a) Méthodes de traduction

 La méthode directe : elle consiste à associer à chaque mot de la langue source un mot ou
une expression dans la langue cible. On parle de corrélation unidirectionnelle et il n’y a
donc pas d’étape intermédiaire entre l’analyse et la génération du texte. Cette méthode est
aussi appelée transposition. Mais lorsqu’elle s’avère impossible à cause des différences
structurelles et métalinguistiques entre la langue source et la langue cible, la traduction
oblique s’impose (Vinay & Darbelnet 1995 : 31). Ex : la phrase « les propositions ne
seront pas mises en application » sera traduite en « the proposal wiil not now be
implemented ».

 La méthode par transfert : En ce qui concerne l’approche par transfert, l’analyse produit
une représentation abstraite du texte source. Celle-ci va être transcrite dans une autre
représentation abstraite correspondant au texte cible. L’étape de génération utiliser alors
cette nouvelle représentation pour générer le texte cible.
La représentation abstraite du texte source est généralement une représentation
linguistique du sens des mots et des phrases dans le langage source. L’étape intermédiaire
utilise alors des règles de transfert qui s’appuient sur cette représentation linguistique pour
trouver la représentation linguistique équivalente dans le langage cible
 La méthode par langage pivot : Dans l’approche utilisant un langage pivot, le résultat de
l’analyse est le texte source, transcrit dans un langage intermédiaire, indépendant de la
langue source, qui va servir de support pour générer le texte cible. La génération ne
s’opère qu’à partir du langage intermédiaire que l’on nomme langage pivot. Ce langage
pivot est un langage neutre, totalement artificiel qui sert pour l’ensemble des différentes
langues à traduire.

4. L’APPROCHE SÉMIOTIQUE

L’approche sémiotique se définit comme une théorie de la signification, distingue différent


niveaux de profondeur et d’appréhension du texte. Cette approche se fixe comme but d’élucider
les conditions de production du sens du texte, a mis en place, plus qu’une typologie des signes.

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L’approche sémiotique permet également de rentrer dans les profondeurs abyssales du texte. Pour
cette raison, il lui faut un lecteur averti, un lecteur qui ne se contente pas de survoler son texte
mais qui soit capable de saisir le sens et de le faire émergé les différentes significations aussi
profondes et complexes soient-elle.

En effet, il faut qu’on prenne conscience que toutes les interprétations ne sont pas possibles et
que certaines peuvent entrer en contradiction avec le contenu même du texte car le texte est une
multitude de signe. De ce fait, le sens n’est pas donné facilement, il se construit dans la relation
entre le texte, le lecteur, et l’expérience sociale et culturelle dans laquelle celui-ci s’inscrit.

La sémiotique concerne tous les types de signes et de symbole, et pas seulement les mots,
domaine de la sémantique. Même un geste ou un son sont considérés comme des signes. Même
des images des concepts, des idées ou des pensées peuvent être des symboles. La sémiotique
fournit les outils nécessaires à l’examen critique des symboles et des informations dans les
domaines divers.

Actuellement, depuis Charles W. Morris on distingue trois dimensions de la sémiotique :


 La sémantique : la relation entre les signes et ce qu’ils signifient (relations interne entre
signifiant et signifié ou relation externe entre le signe global et le référent).
 La syntaxe : les relations entre les signes.
 La pragmatique : la relation entre les signes et leurs utilisateurs.

La sémiotique, qui plonge ses racines dans l’épistémologie, la philosophie des sciences, la
logique formelle et pour Saussure, dans la linguistique, prend de plus en plus d’importance au
regard des sciences et de la technologie.

Cette tripartition a été remise en cause par des linguistes et sémanticiens tels qu’Oswald
Ducrot ou François Rastier.

Sémiotique de la traduction littéraire par Sunduz Ozturk Kasar

La traduction est par excellence un acte de signification ; signification en tant que


processus de la construction de la construction du sens. Face à un discours à saisir et à rebâtir, le
traducteur se présente en tant que sujet de quête dans les méandres de la signification. D’abord,
dans la signification d’un texte original à décrypter, ensuite dans la signification d’un texte à

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reproduire dans une autre langue. Sa tâche devient encore plus hardie lorsqu’il s’agit de la
traduction littéraire étant donné que le texte littéraire est un lieu où la langue abolit ses propres
lois. Et le malheur n’en reste que par la car le texte devient un espace ludique pour tout le
stratagème que les auteurs mettent en place pour rendre leur texte incomparable. Alors, la
reconstruction du sens s’avère l’enjeu majeur de l’activité traduisant et cet enjeu ne pourra être
traité à juste par une discipline qui étudie la production et la saisie du sens, autrement dit la
sémiotique.

5. L’APPROCHE COMMUNICATIONNELLE

Aussi appelée l’approche interprétative et considéré comme courant dit interprétatif :


théorie du sens de l’Ecole supérieure d’interprètes et de traducteurs (E.S.I.T.), fondée
principalement sur la pratique de l’interprétation de conférence. Elle est élaborée principalement
sur la base des expériences d’interprétation de conférences. Dans l’ouvrage Interpréter pour
traduire (2014)1, Danica Seleskovitch et Marianne Lederer soutiennent qu’il faut traduire le sens
et non la langue étant donné que la langue ici n’est considéré juste comme un véhicule pour le
message et pourrai être considérée comme un obstacle à la compréhension. C’est pour cette
raison que lorsqu’on traduit, il faut toujours éviter de transcoder mais plutôt procéder à la
déverbalisation.

La démarche est très simple, elle consiste à comprendre le sens du texte d’origine et
l’exprimer dans la langue d’arrivée. Les approches communicationnelles aboutissent à
l’identification de la théorie interprétative à une traduction par équivalence contrairement à la
traduction linguistique qui serait une traduction par correspondances.

5.1. L’APPROCHE DE EDMOND CARY (1912 – 1966)

Cette approche est fondée sur des théories littéraires. Selon l’auteur d’origine russe, Edmond
Cary, de son vrai nom Cyrille Znosko Borowsky on ne traduit pas de la même façon « chaque
pays, chaque culture n’a pas la même attitude en face des divers mots, des parties du discours, de

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Celle-ci est édition revue et corrigée. La première édition est parue en 1984.

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la syntaxe… » (Bocquet, 2008 : 77- 78). « … la traduction dans une langue donnée d’un des
rapports existant entre ces deux langues. » (Cary, 1985 :49). Il considère que la traduction n’est
pas une opération linguistique mais plutôt une opération littéraire. En d’autre termes : pour
traduire de la poésie il faut être poète. Les mots sont en quelque sorte une cristallisation du vécu
historique d’une culture, ce qui leur donne une force et c’est cette énergie qu’il faut traduire.

5.2. L’APPROCHE DE JACOBSON

Roman Jacobson (1896- 1982) un penseur russe qui devint l’un des linguistes les plus
influents du XXe siècle développe une approche qui se concentre sur la manière par laquelle la
structure du langage permet de communiquer. Etant donné qu’il constate la différence qui peut
exister entre le message émis et le message reçu. Il élabore un schéma (schéma de la
communication) développé à la suite des études de Karl Buhler, dont le modèle se limitait aux
fonctions émotive(expressive), conative et référentielle.

CONTEXTE (référentielle)

DESTINATEUR(expressive) - MESSAGE(poétique) - DESTINATAIRE(conative)

CONTACT(phatique)

CODE(métalinguistique)

Ce schéma veut simplement dire que le destinateur envoie un message au destinataire. Pour
que le message puisse être compris, il faut un contexte que Jakobson appelle également référent.
Ce contexte doit être verbal ou capable d’être verbalisé et compréhensible pour le destinataire. Le
message nécessite également un code commun au destinataire et au destinateur et, enfin, un
contact, c’est- à- dire un canal physique.

5.3. L’APPROCHE DE NIDA

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Il met en relief le sens, la fonction, le lecteur (récepteur) et sa réaction au texte traduit.
Les notion clés de Nida sont : la communication, la fonction, la situation communicationnelle,
l’inter- culturalité, la situation pragmatique du texte. Nida et Charles Taber (1969) admettent la
possibilité de plusieurs traductions correctes d’un seul texte. Il veut que le traducteur saisisse le
sens de la traduction avant de traduire.

6. APPROCHE SOCIOLINGUISTIQUE

L’approche sociolinguistique est celle basée sur la théorie sociolinguistique qui situe le
sujet ou objet d’étude dans un contexte social que l’on essaye d’expliquer à travers de sa portée
linguistique. En outre, la sociolinguistique affirme des liens très étroits avec la sociologie,
l’anthropo-/ethnologie, la psychologie, etc. Cet ensemble de disciplines comprises dans le
domaine d’étude de la sociolinguistique situent cette dernière dans le sillage d’une
interdisciplinarité comprenant tant les sciences sociales que la linguistiques et autres disciplines.

En ce qui concerne l’approche sociolinguistique dans le domaine de la traduction elle est


celle qui intègre les aspects culturels de la langue dans la traduction. Ici, deux notions sont
fondamentales comme le signale la théorie de Nida, dont les travaux sont principalement orientés
vers la traduction biblique. Il s’agit des notions de récepteur et de langue réceptrice.

La traduction sociolinguistique se rapproche de la traduction communicative car toutes les


deux fondent leur démarche sur une tentative de reproduction du même effet sur les lecteurs du
texte en langue d’arrivée que celui produit par l’original sur les lecteurs du texte en langue de
départ. À titre d’illustration on peut faire référence aux différentes théories construites comme
celles d’Annie Brisset qui soutient qu’il faut prendre en compte lors d’un exercice de traduction
d’un texte les formes d’adaptation de ce dernier, ses sources ainsi que son rapport à une réalité
sociale, politique et culturelle car l’exercice de traduction, tout comme les textes, ne sont pas un
simple ensemble d’écrits couchés sur un papier, mais ils sont surtout une praxis, une action qui
cherche à susciter une autre action.

Cette approche de la traduction rejette également l’idée d’intraduisibilité d’un texte mais
soutient cependant l’idée d’équivalent le plus naturel du message. Cette équivalence s’appuie sur

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des aspects comme le niveau de sens et le niveau du style. Par ailleurs, ce courant explique que
c’est le cadre social dont est issu le texte qui définit ce qui est acceptable de ce qui ne l’est pas, ce
qui est traduisible de ce qui ne l’est pas. Il se sert pour cela des mécanismes de sélection, de
filtration et même ceux de censure. De de fait, on considère le traducteur est le produit d’une
société, c’est pour cela qu’il traduit toujours à partir d’un bagage socio-culturel qui lui est propre.

Il est dès lors important de mettre l’accent sur la dimension culturelle de la transmission
du message parce que celui qui traduit fait partie intégrante d’un univers qu’il doit prendre en
compte lorsqu’il traduit car le traducteur est en prise avec la réalité. Cette idée est développée par
Jean Peeters quand il dit en parlant des traductologues que ceux-ci, « Intéressés par des lois, des
opérations, des mécanismes, des normes, etc., ils en auraient presque oublié que les traducteurs
sont en prise avec la réalité et que ce ne sont pas des agents désincarnés » (Peeters, 2009 : 40).
C’est un courant de pensée déjà développé par ce qu’on a appelé l’École de Tel-aviv avec des
théoriciens comme Even-Zohar, pionnier de la théorie des polysystèmes et de celle des
répertoires culturels, ou bien par Gideon Toury avec ses différentes normes (simplification, loi de
la standardisation croissante, loi d’interférence), sans oublier leurs successeurs dont Annie Brisset
et Lambert, entre autres. L’École de Tel-Aviv dont les travaux s’inspirent des travaux des
formalistes russes et qui perçoivent les domaines de l’activité humaine en termes de systèmes qui
s’influencent mutuellement. La traduction est axée sur le texte d’arrivée et son intérêt porte sur
l’analyse du texte traduit sans tenir compte des transformations que le traducteur a dû proposer.

Ceci dit, l’on pourrait conclure en disant que la traduction est dans les mots et hors des
mots. Le fait de traduire un texte implique que l’on ne prenne pas uniquement le texte dans sa
dimension linguistique, en tant qu’échange verbal mais qu’il soit également considéré dans sa
dimension sociologique. En effet, « les textes n’existent pas seuls. Dans le même temps où ils
expriment du sens, ils instaurent également du lien social et en témoignent ». (Peeters, 2009 : 53).
En d’autres termes, traduire ne veut pas seulement dire transmettre le message inscrit dans le
texte mais transmettre aussi le message et éléments liés à la société et culture dont est issu le texte
initial de façon à ce que le message soit bien transmis, et même accepté, dans le texte de la langue
d’arrivée car « l’analyse textuelle s’appuie nécessairement sur des facteurs culturels,
sociologiques et historiques qui déterminent sa forme finale et sa réception dans la culture
d’arrivée ». (Mitura, 2008 : 29).

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CONCLUSION

Arrivés au terme de ce travail qui consistait à présenter les différentes approches de


traduction, l’on peut dire que parler des approches de la traduction revient à parler des différentes
démarches utilisées pour parvenir à bien réaliser l’exercice de traduction. En effet, que ce soit
l’approche herméneutique, l’approche linguistique, l’approche littéraire, l’approche sémiotique,
l’approche communicationnelle ou l’approche sociolinguistique, chacune d’entre elles ont un seul
objectif : celui de communiquer l’essence du texte de départ à celui d’arrivée. Que la traduction
se base sur des aspects inhérents au texte, propres à la culture, le point de vue ou la position de
l’auteur du texte source, le sens profond du texte, etc., son but principal sera toujours de faire
transmettre l’idée, rapprocher le sens du texte de départ aux différents lecteurs du texte d’arrivée
car le but ultime de toute traduction comme outil de communication est justement celui de
communiquer.

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REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

— BOCQUET, C. (2008), La traduction juridique: fondement et méthode, Bruxelles, De


Boeck.
— CARY, E. (1985), Comment faut-il traduire ?, Villeneuve-d’Ascq, Presses Universitaires
du Septentrion.
— CATFORD, I. (1965), A Linguistic Theory of Translation, Londres, Oxford University.
— GUIDÈRE, M. (2010), Introduction à la traductologie, Bruxelles, De Boeck.
— MITURA, M. (2008), L’écriture vianesque: traduction de la prose, Berne, Peter Lang.
— NIDA, E. et C., TABER (1969), The theory and practice of translation, Leiden, E. J.
Brill.
— PEETERS, J. (2009), “Sociolinguistique et sociologie de la traduction” Conférence
invitée au II Coloquio Internacional de Vigo Sobre Paratraducción, Vigo.
— SELESKOVITCH, D. et M., LEDERER (2014), Interpréter pour traduire, Paris, Les
Belles Lettres.
— STEINER, G. (1975), After Babel: Aspects of language and translation, Oxford, Oxford
University Press.
— VINAY, J-P. et J., DARBELNET (1995), Comparative Stylistics of French and English.
A Methodology for Translation, Amsterdam, John Benjamin Publishing.

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