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Annalisa Guzzardi
Master 1 PSL-ENS
Introduction
Dire presque la même chose est un riche essai d’Umberto Eco sur la traduction, publié pour la
première fois en 2003. Le discours procède par plusieurs exemples qui viennent de l’expérience
personnelle de l'auteur. La réflexion générale recueille, en outre, toute une série de séminaires et
conférences tenues par Eco précédemment à l’Université de Toronto, Oxford et Bologne.
Le but du livre est de chercher à comprendre comment, même si on sait que dans la traduction on
ne dit jamais la même chose, on peut tout de même dire presque la même chose, comme l’auteur
déclare dans son Introduction. Alors l’important ne serait plus la même chose, ou la chose elle-même,
mais l’idée de ce presque. Justement Genette pose, en fait, la traduction sous le signe du palimpseste,
un manuscrit dont on a frotté la première inscription pour y superposer une autre, mais de façon qu’on
puisse lire encore en transparence l’ancien sous le nouveau.
L’élasticité et l’extension de ce presque dépendrait alors d’un certain point de vue et de certains
critères à négocier préalablement. Dire presque la même chose est donc pour Eco est un procédé qui
tourne autour de la négociation, comme il va répéter tout au long du texte. À propos du concept de
fidélité au texte, ensuite, il dit qu’elle devra plutôt s’exprimer dans le but du traducteur de rendre –
tout dans la sensibilité et la culture du lecteur – l’intention du texte (plus que celle de l’auteur), c’est-
à-dire ce que le texte dit posé dans sa langue et son contexte culturel. Chaque texte traduit, en fait,
présentera des marges d’infidélité, mais le rapport de ces marges au centre de fidélité au texte est
encore une fois question de négociation.
Ensuite, Eco explore la distinction entre traduction target oriented et traduction source oriented,
c’est-à-dire une traduction orientée au texte de départ, ou au texte et au lecteur de destination. Ces
termes utilisés par la théorie de la traduction regardent l’interrogation que déjà dans le XIXe siècle
Humboldt et Schleiermacher (et après Berman aussi) s’étaient posé : la traduction doit-elle conduire
le lecteur à comprendre l’univers linguistique et culturel du texte d’origine, ou doit-elle transformer
le texte original pour le rendre acceptable au lecteur de la langue et de la culture de destination ? Ce
qui intéresse notre théoricien est, alors, le processus qui s’écoule entre texte source et texte cible.
Les théories de la traduction proposent l’alternative entre moderniser et archaïser le texte, mais
Eco distingue cette opposition de celle entre foreignizing et domesticating, c’est-à-dire entre
estrangement et domestication, et considère premièrement cette opposition. Comme exemple de
domestication il propose la traduction de la Bible de Luther, qu’il voit aussi comme la plus
provocatoire. Après, il reprend la distinction de Humboldt entre ce qui est Fremdheit, « étrangeté »
et ce qui est Das Fremde, « l’étranger » : le lecteur ressent l’étrangeté quand le choix du traducteur
semble incompréhensible, comme une erreur, tandis qu’il ressent en revanche l’étranger quand il est
face à une manière peu familière de lui présenter quelque chose qu’il pourrait reconnaître, mais qu’il
a l’impression de voir véritablement pour la première fois. Eco associe cette idée d’étranger à l’« effet
de estrangement » des formalistes russes, grâce auquel l’artiste conduit le lecteur à percevoir la chose
décrite sous un profile et une lumière différente pour la comprendre mieux qu’avant.
Pour ce qui concerne, par ailleurs, l’opposition entre moderniser et archaïser, Eco prend l’exemple
des traductions du livre de la Bible intitulé Ecclésiaste. Il fait remarquer comme ces différentes
traductions cherchent soit à rendre accessible à la culture des destinataires la nature de la figure dont
vient le nom du livre, soit à conduire les destinataires à comprendre le monde hébreu où il parlait.
Après, il propose aussi l’exemple de trois traductions françaises de la Divine Comédie, encadrées
dans les infinies tentatives de rendre dans une autre langue la prosodie, la tierce rime, le lexique
dantesque. Il met ces exemples en ordre décroissant d’archaïsation : le premier est celui du XIXe
siècle de Littré, après on a celui classique de Pézard et finalement la traduction plus récente de Risset.
Eco voit dans cette dernière un cas où la traductrice prend une position en faisant un choix net : elle
constate et décide que les valeurs de substance comme le mètre, la rime et le lexique avec ses effets
phonosymboliques, bien que fondamentales dans l’original, ne peuvent être récupérés en traduction.
Alors, Risset accepte l’idée que la traduction soit un « processus décisionnel » – un concept
qu’Eco lie à son idée de négociation – et choisit de privilégier plutôt la rapidité fébrile du récit
dantesque, en restant le plus littéral possible et en adoptant une prosodie moderne. On serait là face à
un exemple non pas de domestication, mais surement de modernisation.
Dans un chapitre très dense, Eco reprend trois types de traduction indiqués par Jakobson dans son
essai sur les aspects linguistiques de la traduction. Il s’agit de la traduction intralinguistique,
interlinguistique et intersémiotique. La traduction interlinguistique est celle dans une langue à l’autre,
quand on a « une interprétation de signes verbaux par de signes de quelque autre langue » : c’est la
traduction proprement dite.
La traduction intersémiotique est celle où on a « une interprétation de signes verbaux par un
système de signes non verbaux », par exemple quand on « traduit » un roman en film. Jakobson
appelait cette traduction aussi transmutation. Mais, avant ces deux, il citait la traduction
intralinguistique, dite aussi reformulation, c’est-à-dire « une interprétation de signes verbaux par
d’autres signes de la même langue ». Eco fait remarquer que, comme il existe reformulation à
l’intérieur d’une même langue, ainsi il y a des formes de reformulation à l’intérieur d’autres systèmes
sémiotiques, par exemple quand on transpose de tonalité une composition musicale.
En parlant de transmutation, Jakobson pensait à la version d’un texte verbal dans un autre système
sémiotique, mais il ne considérait pas la transmutation à partir d’autres systèmes que celui
linguistique, comme par exemple, nous dit Eco, la version en ballet de L’après-midi d’un faune de
Debussy.
Mais pour notre auteur le problème plus important est que Jakobson utilisait le même mot
interprétation pour les trois types de traduction, ce qui laissait une certaine ambiguïté : est-ce que
Jakobson a voulu dire que ces trois types de traduction sont des interprétations, et que donc la
traduction est une espèce du genre « interprétation » ?
Dans la suite de l’argumentation, Eco nous fait remarquer que dans « reformulation » on a une
grande variété de types d’interprétation, et nous éloigne de la tentation d’identifier la totalité de la
sémiotique avec l’opération de la traduction, c’est-à-dire identifier le concept de traduction avec celui
d’interprétation, ce qu’Eco s’apprête à démentir.
À ce point, pour éclairer ces concepts, et notamment la différence entre notion de traduction et
d’interprétation, il lie les positions de Jakobson à celles de Peirce. Le premier était fasciné par le fait
que Peirce avait utilisé l’idée de traduction pour définir la notion d’interprétation. L’idée de Peirce
était que la signification d’un signe est exprimée par son interprétation à travers un autre signe ; d’où
son principe qui établit que toute « équivalence » de signification plus ou moins insaisissable entre
deux expressions peut être donnée seulement par l’identité de conséquences qu’elles impliquent ou
implicitent.
Peirce affirme que la signification dans son acception primaire est la « traduction d’un signe dans
un autre système de signes ». Mais Eco souligne qu’il utilise traduction en sens figuré, comme
synecdoque pour indiquer la totalité de l’interprétation. Peirce, en voulant expliquer ce
qu’interprétation signifie, utilise la notion de traduction et veut implicitement dire, comme Eco
explicite, que la traduction d’une langue à l’autre est l’exemple le plus évident de comment on cherche
à dire avec des systèmes de signes différents la même chose.
Au même temps, il voulait dire que cette capacité et cette laboriosité interprétative ne sont pas
propre seulement à la traduction d’une langue à l’autre, mais aussi de chaque tentative de clarifier la
signification d’une expression. Peirce, en fait, était conscient que la traduction est un phénomène
spécifique par rapport aux autres moyens d’interprétation.
Ensuite, Eco rappelle que l’idée que chaque activité d’interprétation est une traduction, a des
origines profondes dans la tradition herméneutique : du point de vue herméneutique, en fait, tout
processus interprétatif est une tentative de compréhension de mot autrui, et en ce sens la traduction
est, comme Gadamer disait, une forme du dialogue herméneutique.
D’un côté, Gadamer affirme que « chaque traduction est toujours une interprétation » et souligne
que toute traduction arrive comme accomplissement d’une interprétation que le traducteur a donné
du texte auquel il se rapporte, et Eco se trouve bien d’accord avec cette argumentation. De l’autre
côté, Gadamer cherche à montrer la profonde identité structurale entre interprétation et traduction,
qu’il pose sous le signe du compromis, c’est-à-dire ce qu’Eco appelle négociation. Mais il affirme
aussi que si chaque traducteur est un interprète, cela ne vaut pas à l’envers.
Finalement, si comme dit Peirce, la signification d’un signe est le signe dans lequel il doit être
traduit, alors l’acte de traduction est le premier acte de signification, et les choses signifient grâce à
un acte de traduction qui y est interne. C’est ce que dit Fabbri, qu’Eco cite, pour arriver à soutenir
que le principe de traduction est la pulsion fondamentale de la sémiotique, et que donc chaque
interprétation est avant tout une traduction.
Mais en tout cas, après Fabbri se rend compte qu’il y a une limite à la traduction, quand on a
« diversité dans la matière de l’expression » – et Eco va illustrer ce cas dans les derniers chapitres de
son livre, comme on va voir – et que donc on devrait dire qu’au moins dans un cas il y a des formes
d’interprétation qui ne sont pas totalement assimilables à la traduction entre langues naturelles.
L’univers des interprétations est, en fait, plus vaste que celui de la traduction au sens propre.
Le remaniement radical
Dans ses chapitres finals, Eco prend en considération le cas du remaniement radical tout d’abord
en prenant comme exemple sa traduction des Exercices de style de Raymond Queneau, et après en se
dédiant plus largement au « cas Joyce ». Joyce propose un exemple très fort de traduction target
oriented : sa propre traduction de l’épisode de Finnegans Wake dit « Anna Livia Plurabelle ». Il s’agit
d’un cas très particulier de remaniement radical parce que Joyce, pour rendre le principe fondamental
qui domine Finnegans Wake, celui du pun, du mot-valise, n’a pas hésité à réécrire et reconcevoir
radicalement son texte.
Finnegans Wake se présente plutôt comme un texte plurilingue, donc il semblerait inutile de le
traduire car il est déjà traduit ; mais en fait il n’est qu’un texte plurilingue pour la langue anglaise,
c’est-à-dire un texte plurilingue comment pouvait le penser un anglophone. Alors le choix de Joyce
traducteur de soi-même a été de penser au texte de destination, français ou italien, comme un texte
plurilingue conçu par un francophone ou un italophone. Ainsi, par exemple dans sa traduction
italienne, Joyce emploie des mots beaucoup plus longs que ceux de l’original. Finnegans Wake utilise
aussi, certes, des mots composés plutôt longs, mais normalement il recourt à la fusion de deux mots
brefs. Vu que l’italien ne se prêtait pas à cette solution, Joyce a fait le choix opposé : il a cherché un
rythme polysyllabique.
Pour obtenir ce résultat, souvent il ne s’est pas intéressé au fait que le texte italien pouvait dire des
choses différentes que l’original. Ce qui intéressait Joyce était, en fait, de montrer ce qu’on pouvait
faire avec l’italien, le thème devenait en ce sens un prétexte.
Eco fait remarquer que, en se traduisant en italien, évidemment Joyce « se chantait » des possibles
néologismes italiens, mélodramatiquement sonores, il excluait ceux qui ne lui sonnait pas bien et, par
exemple, négligeait des références textuelles comme les innombrables noms de fleuves présents dans
le texte anglaise. Dans le moment de la traduction, en fait, il ne jouait plus avec l’idée des fleuves
mais avec la langue de destination.
Eco admet que pour les traductions que Joyce fait de soi-même on ne peut pas parler de
réversibilité, ce n’est pas un exemple de traduction « fidèle ». Néanmoins, en lisant sa traduction, en
voyant le texte completement repensé dans une autre langue, on en comprend les mécanismes
profonds, le type de jeu qu’on entend entreprendre avec le lexique, l’effet d’un univers de flatus vocis
qui constamment se décompose et se réagrège dans des nouvelles dispositions moléculaires, au-delà
de la fidélité aux renvois des citations.
Joyce, alors, reste tout de même dans les frontières de la traduction proprement dite et ne se
disperse pas dans le marécage des libres interprétations. Il signe un confine extrême, peut-être
infranchissable : cependant, « les frontières ne sont pas faites seulement pour établir ce qui en reste
dehors, mais aussi pour définir ce qui en reste dedans ».
Le changement de matière
Eco considère, finalement, le cas des mutations de matière, comme quand on adapte un roman en
bande-dessiné, par exemple. Il commence en définissant parasynonymie les cas spécifiques
d’interprétation où pour clarifier la signification d’un mot ou d’un énoncé, on recourt à un interprétant
exprimé en différente matière sémiotique (ou vice versa). Un cas de parasynonymie est, par exemple,
la substitution des signes d’un langage gestuel par des mots. Mais si on considère le critère de la
réversibilité, on ne peut pas parler de traduction au sens propre pour cette forme d’interprétation.
Dans ce cas, on passe non seulement d’un système sémiotique à l’autre, comme dans la traduction
interlinguistique avec ses changements de substance, mais aussi d’une matière à l’autre. Eco alors
veut voir le poids de ce phénomène dans la traduction intersémiotique, que Jakobson appelait
transmutation et d’autres appellent adaptation.
Avant tout, avec Fabbri, Eco avertit que la vraie limite de la traduction serait dans la différence
des matières de l’expression ; cette diversité de matière est, par ailleurs, un problème fondamental
pour toute théorie sémiotique. Aussi, dans le passage de matière à matière on est forcé à expliciter
des aspects qu’une traduction laisserait indéterminés, en autres mots à dire plus ou à dire moins que
l’original. En ce cas, Eco rappelle, il faut se souvenir de la distinction de Lessing entre arts dans le
temps et arts dans l’espace, parce que justement dans le passage, par exemple, entre poésie et tableau
on a une mutation de matière.
La transmutation de matière ajoute des significations, ou rend forcément pertinentes des
connotations qui ne l’étaient pas originalement. On a ce qu’Eco appelle interprétation par
manipulation, où dans le passage de matière en matière l’interprétation est médiée par l’adaptateur,
et non pas laissée au destinataire. Il y a des cas où dans cette opération l’interprétation est forcée à
dire plus que l’original, comme quand un film est obligé à montrer quelle jambe a perdu le capitaine
Achab dans Moby Dick, ou bien des cas où elle ne peut que dire moins, comme quand une image doit
représenter le mouvement à spiral des quatre Vivants décrit dans l’Apocalypse.
L’adaptation constitue toujours une prise de position critique, comme d’ailleurs la traduction au
sens propre ; mais dans la traduction l’attitude critique du traducteur est justement implicite, tandis
que dans l’adaptation elle devient principale et constitue le centre même de l’opération de
transmutation.
Dans ces cas, on pourrait aussi parler de transmigration d’un thème, et du texte de départ comme
stimulation d’où en dégager des idées et inspirations pour ensuite produire son propre texte. Eco se
réjouit, en fait, des nombreuses et fertiles aventures de la transmutation, c’est-à-dire de la traduction
intersémiotique, mais les conçoit plutôt comme des infinies aventures de l’interprétation que de la
traduction.
Conclusion
Pour conclure, dans son dernier chapitre Eco se demande s’il serait possible d’éviter une notion
de traduction comme négociation. Il faudrait penser qu’on pourrait rendre les propositions d’une
langue à l’autre en vertu du fait que deux différents énoncés puissent exprimer la même proposition.
Mais ce raisonnement implique l’existence d’une langue parfaite, une « langue de la pensée »
universelle : on devrait pouvoir exprimer cette proposition dans un langage neutre par rapport aux
langues naturelles comparées.
Après avoir considéré brièvement ces hypothèses et avoir montré qu’il ne serait pas utile à la
traduction de raisonner en ces termes, Eco nous réaffirme qu’en absence d’une langue-paramètre on
ne peut que s’appuyer sur le processus continu de la négociation, à la base duquel il y a une
comparaison des structures de langues différentes, et où chaque langue peut devenir métalangage
d’elle-même.
Il dit aussi qu’il est vrai que, dans l’interprétation du monde autour de nous, et dans celle des
mondes réels ou fictifs dont parlent les livres qu’on traduit, on se déplace déjà dans un système
sémiotique que la société, l’histoire et l’éducation ont organisé pour nous. Toutefois, si c’était
seulement ainsi, la traduction d’un texte qui vient d’une autre culture devrait être en théorie
impossible. Mais si les différentes organisations linguistiques peuvent apparaître réciproquement
incommensurables, elles restent tout de même comparables.
Eco remarque comment il est justement le succès de tant d’opérations de traduction à reproposer
à la philosophie le problème philosophique par excellence : s’il existe une façon dont les choses vont,
indépendamment de comment nos langues les font aller. Mais un traducteur, plutôt que se poser ces
problèmes ontologiques, ou rêver de langues parfaites, exerce un « raisonnable polyglottisme »,
comme Eco indique.
Il termine son exposition avec des considérations sur quelque chose à laquelle nous croyons de
nous rapporter sans problèmes particuliers dans notre propre langue : les couleurs. Il nous montre, en
revanche, comment la manière de distinguer, segmenter, organiser les couleurs varie d’une culture à
l’autre. Bien qu’on ait individué des constantes transculturelles, il semble difficile de traduire entre
langues lointaines dans le temps ou de civilités différentes les termes de couleur.
La couleur est, en fait, une question culturelle. Quand on énonce un terme de couleur, on ne point
pas directement à un état du monde, mais au contraire on lie ce terme avec ce qu’Eco a appelé Type
Cognitif et Contenu Nucléaire. Cette transformation des stimulations sensorielles dans une perception
est, en quelque façon, déterminée par le rapport sémiotique entre l’expression linguistique et le
contenu à elle culturellement corrélé.
Pourtant, la traduction d’un système de segmentation à l’autre n’est pas impossible : en comparant
des moyens différents de segmenter le spectre, par exemple. Il faut alors tenter de repenser le monde
comme l’auteur qu’on veut traduire pouvait l’avoir vu.
Ainsi, la proclamée « fidélité » des traductions n’est pas un critère qui conduit à l’unique
traduction acceptable. La fidélité pour Eco est plutôt la tendance à croire que la traduction est toujours
possible si le texte source a été interprété avec passionnée complicité : elle est l’engagement à
identifier ce que pour nous est le sens profond du texte, et la capacité de négocier à chaque instant la
solution qui nous semble plus juste.