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Colloque international co-organisé par

ESIT, Sorbonne Nouvelle, Paris 3 (France) et Université de Moncton (Canada)

« Écrire et (auto-)traduire des langues autochtones :


engagement et créativité »

ESIT, Sorbonne Nouvelle, Paris 3 ; les 18, 19, 20 juin 2020

Des recherches collectives récentes en traductologie et politique publique (p.ex., Mus et

Vandemeulebroucke 2011 ; Lane-Mercier et al. 2014) se penchent sur le plurilinguisme – officiel ou non

– des sociétés dans le monde, et sur la place de la traduction et de l’interprétation dans la négociation

interlinguistique et interculturelle, y compris « les enjeux manifestes de l’exercice de traduction dans les

luttes de pouvoir » (Lavorel 2015). Si des travaux portant précisément sur les langues et cultures

autochtones et les enjeux de la traduction et de l’interprétation ont été publiés (pensons à Nevo et Fiola

2002 ; Cardinal 2004, 2005, 2014 ; Collombat 2014 ; Moyes 2016 ; Henzi 2017), ils sont néanmoins

moins nombreux – du moins jusqu’à tout dernièrement – que ceux portant sur les langues officielles et

traduction, disséminés dans des publications diverses. Les revendications des peuples autochtones et les

efforts de l’UNESCO, entre autres organismes internationaux, ont braqué les projecteurs sur la fragilité

des langues et cultures autochtones, lesquelles, malgré le statut de langues (et de cultures) nationales, ne

bénéficient généralement ni des ressources humaines (c’est-à-dire traducteurs et interprètes maîtrisant

ces langues) et financières ni de la volonté politique nécessaires pour assurer leur survie (voir, p. ex., le

collectif pluridisciplinaire de Lane-Mercier et al. 2018). Le francoprovençal (France, Suisse et Italie), la

langue Tamazight (Maghreb), les langues pama-nyungan, la famille de langues aborigènes d’Australie,

l’innu et le cri (Canada) étaient traditionnellement perçues comme étant les langues autochtones vouées

à l’extinction par les langues-cultures dominantes, généralement colonisatrices. Si certaines langues

autochtones sont reconnues comme langues officielles, p. ex. le quechua (Pérou, 1975), le māori

(Nouvelle-Zélande, 1987), l’inuktitut et l’inuinnaqtun (Nunavut, 1999), « [p]lusieurs études


d’anthropologie et de sociologie juridique ont en effet révélé que la plupart des Autochtones du monde

n’exercent pas les droits qui leur sont pourtant reconnus, en raison de leur méconnaissance de ces

droits » (Lavorel 2015). Par conséquent, ils ne sont pas en mesure de participer à titre de citoyens

engagés à leurs sociétés plurilingues respectives, contribuant ainsi involontairement à miner « [l]es

sociétés démocratiques […] basées sur l’idéal de citoyenneté participative » (Meylaerts 2011, 743). Une

autre entrave à la citoyenneté participative est l’absence d’« une politique de traduction équitable »

(ibid.) qui harmonise les sanctions et les critères pour leur application. De fait, en 2015, Lavorel est

arrivée à une conclusion similaire et a identifié comme « écueil » à l’égalité linguistique « l’absence de

véritables politiques nationales de traduction, faute de volonté et/ou faute de moyens ».

Au XXIe siècle, une des tâches des traducteurs est de trouver des solutions créatives et engagées,

c’est-à-dire « impliquées activement dans le cours du monde » (Ladrière, Lecarme et Moatti 2018), pour

favoriser, grâce à leur travail de traduction ou d’interprétation, et à des politiques de traduction adaptées

au contexte et renforcées par des sanctions et des critères pour leur application, le développement

sociolinguistique des peuples autochtones et minoritaires. Pour se rapprocher de cet objectif, ce colloque

invite les propositions de communication qui s’inscrivent dans les axes de réflexion suivants (la liste ne

se veut toutefois pas exhaustive) :

 Politiques de traduction et d’interprétation, sanctions et critères pour leur application

 (Auto-)traduction de la part des auteurs et créateurs autochtones

 Rédaction bilingue

 Particularités et écueils de la traduction et de l’interprétation juridiques et médicales depuis et

vers les langues autochtones

 Traduction littéraire au sens large (littérature orale)

 Études de cas de traduction ou d’interprétation « engagées »


Nous sollicitions des propositions de communication afin de promouvoir le dialogue sur ces

questions. Les échanges viseront à approfondir la compréhension des enjeux et de ce que l’engagement

des traducteurs et interprètes implique. Les langes du colloque sont l’anglais et le français.

Veuillez envoyer votre proposition de communication (20 minutes) de 300 mots d’ici le 30

septembre 2019 simultanément à :

Isabelle Collombat (isabelle.collombat@sorbonne-nouvelle.fr)

Fayza El Qasem (fayza.el-qasem@sorbonne-nouvelle.fr)

Denise Merkle (denise.merkle@umoncton.ca)

Références
Cardinal, Philippe. 2004. « Xhuyaa et Ts’ehk’i : les traductions de deux versions des hauts faits du
corbeau et l’éthique de la traduction des récits traditionnels des Premières Nations ». TTR, 17, 2,
p. 131-41.
———. 2005. « Why Do They Do It?—A Brief Inquiry into the Real Motives of Some of the
Participants in the Recording, Transcribing, Translating, Editing, and Publishing of Aboriginal
Oral Narrative ». TTR, 18, 2, p. 135-59.
———. 2014. « Cross-Purposes: Translating and Publishing Traditional First Nations Narratives in
Canada at the Turn of the Millennium ». Translation Effects. The Shaping of Modern Canadian
Culture, Kathy Mezei, Sherry Simon et Luise von Flotow, dirs. Montréal, McGill Queen’s
University Press, p. 271-89.
Collombat, Isabelle. 2014. « Babel 2.0 : Mondialisation, traduction et glottodiversité ». Synergies Chili,
10, p. 15-30.
Henzi, Sarah. 2017. « Narratives of Indigenous place(s), space(s) and citizenship(s) ». Indigenous
Places and Colonial Spaces. The Politics of Intertwined Relation, Nicole Gombay et Marcela
Palomino-Schalscha, dirs. London, Routledge.
Ladrière, Jean, Jacques Lecarme et Christiane Moatti. 2018. « Engagement ». Encyclopædia
Universalis. Consulté le 13 septembre 2018. En ligne :
https://www.universalis.fr/encyclopedie/engagement/
Lane-Mercier, Gillian, Denise Merkle et Reine Meylaerts, dir. 2014. Numéro thématique : « Traduction
et plurilinguisme officiel ». Meta, 59, 3. En ligne : https://www.erudit.org/fr/revues/meta/2014-
v59-n3-meta01706/1028652ar/
Lane-Mercier, Gillian, Denise Merkle et Jane Koustas, dir. 2018. Minority Languages, National
Languages, and Official Language Policies. Montréal, McGill-Queen’s University Press.
Lavorel, Sabine. 2015, 2 mars. « La revitalisation des langues amérindiennes en Amérique latine ». Sens
public Revue Web.
http://sens-public.org/IMG/pdf/SP1138_laRevitalisationDesLanguesAmerindiennes.pdf
Meylaerts, Reine. 2011. « Translation justice in a multilingual world: An overview of translation
regimes ». Meta, 56, 4, 743-57. DOI:10.7202/003675ar
Moyes, Lianne. 2016. « Listening to ‘Mes lames de tannage’: Notes toward a Translation ». Canadian
Literature, 230-231, p. 86-105.
Mus, Francis et Karen Vandemeulebroucke, dirs. 2011. La traduction dans les cultures
plurilingues. Arras, Artois Presses Université.
Nevo, Denise et Marco A. Fiola. 2002. « Interprétation et traduction dans les territoires : hors de la
polarité traditionnelle des langues officielles ». TTR, 15, 1, p. 203-21. DOI :
https://doi.org/10.7202/006806ar

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