Vous êtes sur la page 1sur 8

See discussions, stats, and author profiles for this publication at: https://www.researchgate.

net/publication/286649680

Le concept de « communauté linguistique » face à la réalité du terrain

Article  in  Lengas · June 2015


DOI: 10.4000/lengas.866

CITATIONS READS

0 1,911

2 authors, including:

Carmen Alen
Paul Valéry University, Montpellier 3
23 PUBLICATIONS   12 CITATIONS   

SEE PROFILE

Some of the authors of this publication are also working on these related projects:

Les romanistes face à l'émergence d'une "nouvelle langue": le galicien View project

All content following this page was uploaded by Carmen Alen on 19 October 2016.

The user has requested enhancement of the downloaded file.


Lengas
Revue de sociolinguistique
77 | 2015
« Communauté linguistique » : un concept, des
terrains

Le concept de « communauté linguistique » face à


la réalité du terrain
Lo concèpte de comunautat lingüistica acarat a la realitat del terren

Carmen Alén Garabato et Alexia Kis-Marck

Éditeur
Presses universitaires de la Méditerranée

Édition électronique
URL : http://lengas.revues.org/866 Ce document vous est offert par
DOI : 10.4000/lengas.866 Bibliothèque Interuniversitaire de
ISSN : 2271-5703 Montpellier

Référence électronique
Carmen Alén Garabato et Alexia Kis-Marck, « Le concept de « communauté linguistique » face à la
réalité du terrain », Lengas [En ligne], 77 | 2015, mis en ligne le 15 juin 2015, consulté le 19 octobre
2016. URL : http://lengas.revues.org/866 ; DOI : 10.4000/lengas.866

Ce document a été généré automatiquement le 19 octobre 2016.

© PULM
Le concept de « communauté linguistique » face à la réalité du terrain 1

Le concept de « communauté
linguistique » face à la réalité du terrain
Lo concèpte de comunautat lingüistica acarat a la realitat del terren

Carmen Alén Garabato et Alexia Kis-Marck

1 Pour le sociolinguiste, la notion de communauté linguistique est un point d’ancrage


essentiel pour l’observation et l’analyse des phénomènes linguistiques et sociaux car c’est
au sein de cet espace de pratiques/usages et de représentations partagées, socialement
structuré, qu’il est en mesure d’analyser le rapport entre langues et sociétés. Comme le
souligne Martinet (1969 : 130), « la notion de communauté linguistique est non seulement
utile, mais inévitable dans notre discipline dès qu’une langue est conçue comme un
instrument de communication s’adaptant aux besoins du groupe qui l’utilise :
"communication" implique "communauté" ». Centrale mais néanmoins complexe ; aussi
évidente et acquise qu’elle puisse sembler de prime abord, la notion de communauté
linguistique est difficile à définir. Sa nature, son étendue, ses limites varient en effet en
fonction de ce que l’on considère comme commun aux individus (une langue ? une langue
additionnée d’un ou plusieurs autres critères ?), en fonction de ceux qui la définissent ou
qui la décrivent (ses membres, les chercheurs, les membres d’une autre/ d’autres
communauté/s linguistique/s, les médias ?) et parce qu’un même individu pourra
inévitablement, selon le ou les critère/s choisi/s, appartenir à une ou plusieurs
communauté/s. Face à la variété des situations linguistiques et des critères sélectionnés
pour les décrire, les contours de la communauté linguistique dans laquelle le sociolinguiste
devrait « ancrer l’étude du langage » (Boutet et Heller 2007 : 306) semblent parfois plus
symboliques que réels. Ouvrons donc ce dossier dédié à la notion par un petit tour
d’horizon des questions qu’elle soulève.
2 Dans son acception la plus simple et la plus évidente, une communauté linguistique pourrait
être définie comme un groupe de personnes parlant la même langue. C’est dans ce sens en
effet que Bloomfield définissait la communauté de langue (Speech Community), comme un
« ensemble de locuteurs qui agissent au moyen du discours » (1970 : 44). Mais cette
définition est inopérante pour décrire la réalité d’un groupe de locuteurs qui, s’il partage

Lengas, 77 | 2015
Le concept de « communauté linguistique » face à la réalité du terrain 2

le même code linguistique, n’en demeure pas moins travaillé par la variation
géographique, sociale, professionnelle et par la variété des situations de communications
qu’il peut rencontrer. On sait aujourd’hui l'influence des facteurs sociaux sur la
diversification des pratiques et des formes linguistiques. Fishman (1971 : 43-49) mettait
l’accent sur la présence de différents registres qui coexistent très souvent à l’intérieur
d’une communauté linguistique et qui rend caduque ainsi l’idée du partage d’une
« même » langue : la langue parlée par un individu n’est jamais strictement la même que
celle parlée par un autre (n’en déplaise à Saussure). Sans compter que la communauté,
aussi unilingue qu’elle puisse paraître, se laisse néanmoins traverser par d’autres langues
(nationales, régionales, étrangères…) et que tout ou partie des membres d’une
communauté peut disposer de plusieurs langues, à l'égard desquelles leurs attitudes
peuvent également être variables. À quelle communauté linguistique appartiennent alors
les locuteurs ? Ne serait-ce pas l’individu, plus que la langue, qui détermine son
appartenance à une ou plusieurs communautés ? C’est ce que semble sous-entendre
Louis-Jean Calvet (2005 : 83-84) lorsqu’il cite l’exemple d’un citoyen sénégalais dont la
langue maternelle est le peul, la langue véhiculaire le wolof et la langue officielle de son pays le
français, que sa réalité est trilingue, et que selon les moments de sa vie quotidienne, les situations
de communication, il va s’insérer dans l’une ou l’autre de ces communautés. L’individu, ici,
détermine son appartenance à une communauté linguistique en fonction de la situation
sociale ou de communication dans laquelle il se trouve. Cette idée rejoint celle portée par
Gumperz et Hymes (1972 : 35-71) qui investissent la notion d’une fonction sociale : ce
serait moins l’usage d’une langue qui définirait la communauté linguistique que la manière
dont ses membres feraient interagir les langues en contact en fonction des rôles qu’ils ont
à tenir dans la vie sociale. L’individu, disposant d’un répertoire à plusieurs codes
linguistiques, jonglerait ainsi de l’un à l’autre et, s’adaptant à la situation en optant pour
le code approprié au contexte, passerait ainsi d’une communauté à l’autre. Nous
pourrions donc dire qu’un individu appartiendrait en substance à plusieurs
communautés. Cette idée nous amène à considérer la distinction entre l’appartenance et
la participation à une communauté linguistique, évoquée par Hymes (1974 : 50) : tous les
locuteurs d’une langue font partie du vaste ensemble des locuteurs de cette langue mais
la variété de la langue utilisée dans un certain contexte ou dans la région où ils habitent
délimiterait plus précisément la communauté dont ils sont membres.
3 Cette question de l’appartenance conduit à une nouvelle interrogation : le fait de parler
telle ou telle langue suffit-il à faire naître le sentiment d’appartenir à une communauté ?
La conscience d’appartenance de ses membres nous semble constituer un critère essentiel
pour définir ce que peut être une communauté linguistique. Mais comment évaluer et
percevoir le sentiment d’appartenance chez les locuteurs pour lesquels il est souvent
difficile de faire la part des choses entre leurs pratiques linguistiques réelles et la
représentation qu’ils en ont ? Puisque la langue ne semble pas suffire à définir une
communauté et qu’il est complexe d’interroger la conscience des individus, la question se
pose de savoir si la communauté linguistique, malgré les différentes descriptions qui en sont
faites, est une réalité sociale observable et non une unité virtuelle. Celle-ci n’est-elle pas
toujours « construite » et imaginée par celui qui la décrit ? Est-ce l’auteur de sa
description qui, en observant et en sélectionnant un ou plusieurs éléments partagés,
définit le groupe ? Ou bien les membres d’une communauté peuvent-ils eux-mêmes se
définir et délimiter ses contours ? Autrement dit, il nous faut nous demander comment
ces mêmes membres déterminent leur appartenance à une ou plusieurs communauté(s)
linguistique(s).

Lengas, 77 | 2015
Le concept de « communauté linguistique » face à la réalité du terrain 3

4 Une réponse rapide invoque le rôle du territoire : on conçoit avant tout la communauté
linguistique comme une entité localisée géographiquement. Et il est vrai que c’est dans
cette direction que vont la plupart des études sociolinguistiques décrivant des pratiques
linguistiques attachées à certains pays du monde, à certaines régions, à certains
villagesmême. Cette idée de lieu (Baggioni et al. : 1997 : 89), d’espace linguistique, que
constituerait la communauté linguistique soulève toutefois quelques questions : où
commence et où s’arrête-t-elle ? L’espace des langues correspond rarement à des entités
administratives ou étatiques fixes : on peut rencontrer plusieurs langues dans un
territoire, même réduit, et au contraire, une langue s’exporte et s’utilise dans plusieurs
autres lieux, aussi éloignés soient-ils. À l’heure de la mobilité et du plurilinguisme, le
changement de territoire impliquerait-il alors un changement de communauté
linguistique ? Quelle serait alors la durée d’appartenance à une communauté ?
5 Une définition de la communauté linguistique, qui se veut univoque, a été apportée par la
Déclaration Universelle des droits linguistiques1, qui
entend par communauté linguistique toute société humaine qui, installée
historiquement dans un espace territorial déterminé, reconnu ou non, s’identifie en
tant que peuple et a développé une langue commune comme moyen de
communication naturel et de cohésion culturelle entre ses membres.
6 Cette même Déclaration fait la différence entre « communauté linguistique » et « groupe
linguistique », dont les droits ne sont pas identiques, défini comme
tout groupe social partageant une même langue installé dans l’espace territorial
d’une autre communauté linguistique mais n’y ayant pas d’antécédents historiques
équivalents.
7 Ces définitions, bien que probablement opératives juridiquement, ne sont pas suffisantes
pour le sociolinguiste car (pour les besoins d’un texte à caractère universel), elles
négligent la complexité des situations de contact de langues et de communautés (ou de
groupes) et les dynamiques engendrées par ces contacts. Dynamiques soumises aux
représentations sociolinguistiques qui pèsent d’un poids très lourd dans la gestion civile
et/ou institutionnelle de telles situations (cf. Boyer 2003) et qui, en définitive
conditionnent l’existence même de ces groupes et/ou communautés.
8 Etant donné les considérations soulevées au cours de ce parcours définitionnel, on
pourrait dégager un consensus a minima entre les sociolinguistes : on reconnaît
aujourd’hui que l’utilisation de la langue parlée sur le territoire d’origine ne suffit plus à
définir une communauté linguistique et que pour pouvoir considérer qu’ils forment une
communauté, il est nécessaire que les locuteurs partagent autre chose que des
compétences linguistiques. Plusieurs autres critères doivent être pris en compte et
notamment l’importance des représentations partagées par le groupe. Labov (1976 : 338)
affirmait ainsi qu’ « il serait faux de concevoir la communauté linguistique comme un
ensemble de locuteurs employant les mêmes formes. On la décrit mieux comme étant un
groupe qui partage les mêmes normes quant à la langue ». Même s’il semble difficile de
saisir les attitudes, les valeurs, les images qui sont affectées (implicitement et
explicitement) aux pratiques linguistiques et à leurs formes, cette idée que la
communauté serait aussi définie par des représentations sociolinguistiques, mais aussi
sociales, que partageraient ses membres, semble s’être imposée aujourd’hui.
9 En plus d’un imaginaire collectif, partagé par le groupe, d’autres facteurs sont aujourd’hui
intégrés dans la description de communautés linguistiques ; que ces critères soient définis
par le chercheur, les médias ou par les membres eux-mêmes. Le sentiment d’appartenir à

Lengas, 77 | 2015
Le concept de « communauté linguistique » face à la réalité du terrain 4

une communauté nationale, s’il s’est formé originellement autour de la langue, peut
également être renforcé par le partage d’une religion ou d’une confession, d’une idéologie
politique, d’un mode de vie, d’un système économique, de rites ou de mœurs. Dans
certaines communautés, l'homogénéité des répertoires linguistiques est un facteur
admissible de l'appartenance de ses membres ; dans d'autres cas, on fera aussi appel à
l'histoire, aux critères géographiques ou politiques pour les définir et les circonscrire.
10 Polysémique et protéiforme, faut-il pour autant abandonner la notion de communauté
linguistique2 ? Aussi complexe soit-elle à définir et à délimiter, la communauté
linguistique et le sentiment d’appartenance qu’elle induit n’en jouent pas moins un rôle
essentiel dans la construction identitaire des individus ; elle aide à se reconnaître des
solidarités d'attitudes, de jugements, de comportements. Il semble donc que ce soit dans
l’observation de cas concrets, dans la description de communautés qu’on perçoit le mieux
ce qu’elle signifie, dans l’étude de sa variabilité qu’on parvient le mieux à délimiter ses
contours. Car la communauté linguistique semble être constituée d’éléments partagés,
variables, qu'il conviendra chaque fois et au cas par cas, de déterminer. C’est la direction
prise par ce dossier de Lengas qui présente des études de cas où la notion de communauté
linguistique ne va pas de soi. Les contributions soumises, centrées sur des terrains
concrets, font état d’une réflexion autour des pratiques/usages et des représentations
sociolinguistiques en proposant un éclairage sur différents aspects de la communauté
linguistique : sa construction (rôle de l’école, de l’Etat, des médias), son rapport avec la
société, la religion, sa différence avec les notions de communauté ethnique ou de groupes
linguistiques.
11 Ce dossier est le résultat des réflexions menées au sein de l’axe Sociolinguistique et
Anthropologie des pratiques linguistiques du Laboratoire DIPRALANG (EA 739) et naît
notamment d’une séance de travail doctoral centrée sur la notion de communauté
linguistique à laquelle se voient confrontés dans le cadre de leurs recherches un bon
nombre de jeunes doctorants de l’équipe : quel/s critère(s) adopter pour délimiter le/les
terrain(s), la/les population(s) et l’/les échantillon(s) sur lesquels ancrer leur étude ?
12 Les articles présentés diversifiés quant aux terrains, aux situations sociolinguistiques et
aux corpus analysés, sont issus de recherches doctorales (parfois en cours) de jeunes
chercheurs et aussi de travaux de chercheurs confirmés de l’EA 7393. Ils s’appuient pour la
plupart sur des enquêtes de terrain et notamment de corpus d’entretiens semi-dirigés
auprès des membres des communautés (linguistiques) analysées : il s’agit alors de
déterminer comment les membres de ces communautés complexes définissent leur
identité et l’identité du groupe avec lequel ils s’identifient (et/ou avec lequel on les
identifie) : les Kurdes dans l’article d’N. Ali Hussein, les Algériens dans celui de C. Dahou,
les Kanaks auxquels s’intéresse F. Roche ou les Indiens sur lesquels porte l’article de M.
Joshi. Deux articles fondent leurs réflexions sur des corpus documentaires : K. Djordjevic
Léonard s’intéresse aux Bosniaques du Sandjack et analyse des publications récentes
internationales et locales ainsi que des médias électroniques régionaux (médias dont on
connait l’importance dans les processus de construction et de cohésion des identités) et A.
Kis-Marck situe ses observations à l’extérieur de la communauté qu’elle étudie, l’Ukraine,
afin de confronter les hétéro-représentations de la fracture en deux communautés
linguistiques fabriquées et diffusées par les médias français (selon leur propre imaginaire
ethnosociolinguistique), avec la réalité du terrain bien plus complexe.
13 On pourra observer à la lecture de tous ces travaux sur divers terrains que la notion de
« communauté/s linguistique/s » est associée à celle d’autres « communautés » :

Lengas, 77 | 2015
Le concept de « communauté linguistique » face à la réalité du terrain 5

rattachées à un territoire (communauté régionale / locale…), définies par des croyances


(communauté religieuse/musulmane/ Bene Israël) et/ou en rapport avec les
appartenances ethniques voire de caste. La question de l’identité (linguistique, nationale,
politique, régionale, religieuse…) apparaît comme un élément central dans un nombre
important des cas traités : une identité souvent conflictuelle, perturbée par des péripéties
historiques qui ont mis en contact et en conflit des peuples et des langues. Ainsi, F. Roche
nous parle, outre de l’arrivée d’une nouvelle langue (le français), du déséquilibre entre les
différentes langues kanak, conséquence de la colonisation en Nouvelle-Calédonie ; pour
les Kurdes irakiens ayant répondu à l’enquête de N. Ali Hussein, c’est l’arrivée d’immigrés
et de réfugiés Arabes irakiens qui menacerait leur langue et leur identité. M. Joshi étudie
« l’émergence d’identifications régionales et religieuses à partir d’un aperçu sur le
processus de création des Etats fédéraux en Inde ».
14 Parmi les éléments qui définissent la communauté (linguistique), la langue semble
occuper une place importante (c’est le cas pour la communauté kurde) mais qui ne saurait
à elle seule être un trait déterminant si on ne l’associe pas à d’autres éléments, qui
peuvent varier selon les situations : la religion, la géographie, l’histoire, la caste, les
habitudes sociales… Les rapports entre la communauté et la/les langue/s apparaissent
dans ce dossier dans toute leur complexité :
- Dans certains cas, la maitrise et/ou la pratique de la langue ne semblent pas être
indispensables au sentiment d’appartenance à la communauté (linguistique) : c’est ainsi
dans la société plurilingue de la Nouvelle-Calédonie, pour les jeunes kanaks nés à Nouméa
dans les années 80 et 90 interviewés par F. Roche ; ou encore pour les jeunes Algériens
partagés, comme le montre l’enquête de C. Dahou, entre une pratique courante mais
dévalorisée du darija, et un rapport très problématique à la langue de religion.
- La question de la norme (et de la variation) et du standard revient dans plusieurs articles :
la norme locale des Bosniaques du Sandjak, qui « ne constitue pas nécessairement un
élément central dans la définition de la « communauté idéologique » dont il est question
dans l’article de K. Djordjevic Léonard ; les dialectes kurdes, favorisés par la séparation
politique et géographique des Kurdes, qui résistent à la standardisation et constituent à
être une pierre d’achoppement pour la « nation kurde » (N. Ali Hussein).
- La complexité apparaît aussi par rapport aux divers statuts des langues qui composent
le/les répertoire/s des membres de la communauté(résultat des particularités
historiques, sociales, politiques et/ou culturelles inhérentes à chaque situation) : il est
question dans les articles qui composent ce dossier de langues officielles/nationales/
locales/ethniques ; de langue de la colonisation, de langue de la religion ;de langues
majoritaires/ minoritaires, de langues dominantes/ dominées/en danger ; de langues
premières/maternelles/de scolarisation/secondes/ étrangères ;de langues standards,
véhiculaires, sacrées… autant de statuts qui rendent compte des rapports multiples entre
les langues et les individus, les groupes, les communautés et/ ou la société.
15 Ce dossier se termine sur une brève contribution d’Henri Boyer qui revient sur
l’association de la notion de communauté linguistique (Labov) à celle de marché linguistique
(Bourdieu et Rossi-Landi) en montrant les incidences de l’imaginaire collectif sur la
variation linguistique en France.
16 Cet ensemble de travaux n’a pas la prétention de traiter de manière exhaustive la
question de la communauté linguistique, mais il nous semble qu’il peut apporter des
éléments de réflexion qui seront sans aucun doute enrichis et complétés par des travaux
en cours et à venir.

Lengas, 77 | 2015
Le concept de « communauté linguistique » face à la réalité du terrain 6

BIBLIOGRAPHIE
BACHMANN C., LINDELFELD J. et SIMONIN J., 1981, Langages et communications sociales, Paris, Crédif-
Hatier.

BAGGIONI D. et al, 1997, « Communauté linguistique », in Moreau (éd.) Sociolinguistique : les concepts
de base, Sprimont, Editeur Pierre Mardaga, p. 88-93.

BIICHLÉ L. et ABOUZAÏD M., 2011, « Ainsi meurt la « communauté linguistique »… », Carnets


d’Ateliers de Sociolinguistique (CAS) n° 3, en ligne https://www.u-picardie.fr/LESCLaP/
spip.php ?article62 (consulté en septembre 2015)

BLOOMFIELD L., 1970, Le langage, Paris, Payot.

BOURDIEU P., 1982, Ce que parler veut dire, Paris, Fayard.

BOUTET J. et HELLER M., 2007, « Enjeux sociaux de la sociolinguistique : pour une sociolinguistique
critique », Langage et société, 121-122, p. 305-318.

BOYER H., 2003, « Le poids des représentations sociolinguistiques dans la dynamique d’un conflit
diglossique », in A. Boudreau, L. Dubois, J. Maurais et G. McConnell éds., Colloque international sur
l’Ecologie des langues (21-23 août 2002, Memramcook, Nouveau Brunswick).Paris, L’Harmattan,
p. 171-184.

BRETEGNIER A., 2010, « Renoncer à la « communauté linguistique » ? », in H. Boyer (dir), Pour une
épistémologie de la sociolinguistique, Limoges, Ed. Lambert-Lucas, p. 107-115.

CALVET Louis-Jean, 2005, La Sociolinguistique, Paris, PUF, 5 ème édition.

FISHMAN J.A., 1971, Sociolinguistique, Paris, Nathan.

GUMPERZ J., HYMES D. (eds.), 1972, Directions in sociolinguistics: the ethnography of communication, New
York, Holt, Rinehart et Winston.

HYMES D., 1974, Studying the interaction of language and social life, in Foundations in
sociolinguistics, London, p. 29-66.

LABOV W., 1976, Sociolinguistique, Paris, Minuit.

MARTINET A., 1969, Langue et fonction, Paris, Gauthier/Denoël.

NOTES
1. Document signé à Barcelone en juin 1996 par l'UNESCO, les PEN clubs et divers organismes non
gouvernementaux.
2. Cette question a été soulevée par plusieurs chercheurs (cf. Bretegnier 2010, Biichlé et Abouzaïd
2011).
3. Ces travaux ont fait l’objet d’une double évaluation anonyme à laquelle ont participé, outre les
coordinatrices de ce numéro : Henri Boyer, Ksenija Djordjevic Léonard, Philippe Martel, Bruno
Maurer et Jean-Marie Prieur. Nous tenons à les remercier vivement de leur contribution
précieuse et efficace.

Lengas, 77 | 2015

View publication stats

Vous aimerez peut-être aussi