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Daniel Gouadec
Dans Langages 2005/1 (n° 157), pages 14 à 24
Éditions Armand Colin
ISSN 0458-726X
ISBN 9782035770790
DOI 10.3917/lang.157.0014
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Terminologie, traduction et rédaction spécialisées
1. TERMINOLOGIE ET TRADUCTOLOGIE
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2. TERMINOGRAPHIE ET TRADUCTION
1. Matériau primaire = tout matériau existant déjà dans la langue de traduction et que le traduc-
teur doit, pour des raisons diverses, intégrer dans la traduction.
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Chacun sait aussi que les terminologies sont le support de systèmes de valeurs
parfois conflictuels, le motif de litiges sérieux dans leurs conséquences bien qu’ils
soient parfois futiles dans leurs causes, et la source de contestations infinies. Tout le
monde s’accorde à dire que les terminologies sont de véritables «þmines anti-traduc-
teursþ» ou, selon les métaphores du risque qu’affectionnent les professionnels, des
«þgrenades dégoupilléesþ». Il importe donc que les valeurs attachées aux termes
soient connues et, pour qu’elles soient connues, il faut qu’elles soient recensées. D’où
l’intérêt de la terminographie et des terminographes.
Et, dans leur conscience aiguë des motifs d’acceptation ou de rejet de leurs
productions, les traducteurs demandent, depuis fort longtemps, que les terminolo-
gies dont ils ont besoin soient «þdisponiblesþ». Alternativement, ils se sont vite
convaincus qu’il était de leur intérêt de maîtriser parfaitement l’ensemble des straté-
gies, techniques, procédures, et ressources de la terminographie traductive. Ainsi, les
traducteurs ont parfaitement ‘intégré’ l’intérêt de la terminographie, au point, géné-
ralement, d’en avoir fait l’un de leurs métiers annexes ou connexes.
En ce qui concerne la disponibilité des terminologies, la question mérite considé-
ration. Les utilisateurs veulent, désirent, souhaitent et réclament des collections
terminologiques disponibles au prix d’un seul clic de la souris, gratuites, fiables. Ils
veulent les vecteurs des plus importantes plus-values sans risque et au plus faible
coût. Rien que de très naturelþ; mais rien de bien simple non plusþ: la disponibilité
de ressources dont l’élaboration, la mise à jour et la viabilisation requièrent, par défi-
nition, un temps considérable, n’est guère facile à assurerþ; la gratuité n’est guère
envisageable sauf si le créateur de la ressource y trouve un intérêt réelþ; et la fiabilité
ne se conçoit qu’au prix de délais accrus de mise à disposition et de coûts addition-
nels significatifs. On comprend que l’effort terminographique ne soit pas à la mesure
de l’ampleur des marchés terminologiques de la traduction humaine, de la traduc-
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leurs contrats et, accessoirement, de bénéficier d’un avantage concurrentiel sur les
autres prestataires de service en vertu de la disponibilité d’une large part de la
matière première requise.
En tout état de cause, le coût de la terminographie délibérée tend à être prohibitif,
y compris lorsque les terminologies visées ou obtenues sont d’ordre vital et répon-
dent à un besoin clairement identifié de l’institution ou organisme producteur ou
financeur. On comprend donc que cette activité soit le fait des traducteurs (qui se
gardent généralement d’en diffuser les résultats, sauf lorsqu’ils sont sur le point d’en
perdre l’exclusivité), d’étudiants exécutant, selon une tradition discutable, leurs
travaux forcés de terminologie 2 , d’institutions et organismes dont la mission
consiste, entre autres choses, à faciliter ou même assurer la communication interlin-
guistique (structures fédérales, pays ou provinces bilingues ou multilingues), d’asso-
ciations professionnelles, qui y trouvent un puissant vecteur de communication et
d’information sur leurs objectifs, actions, et activités, et d’amateurs éclairés, sinon
passionnés. Bref, la terminographie délibérée intervient lorsqu’elle sert un intérêt
commercial crucial (exécution de prestations), une obligation absolue (dossier de
terminologie de l’étudiant), des intérêts supérieurs d’institutions et collectivités
diverses, ou une passion.
À la terminographie délibérée et systématique est en train de se substituer la
terminographie dynamique, évolutive, fugace, sans cesse modifiée. Tout simplement
parce que les conditions du traitement des matériaux linguistiques et connexes ont
changé. Il y a conjonction, pour la première fois, de gisements terminogènes sura-
bondants, d’outils d’exploration et exploitation de ces gisements, et d’outils de
gestion des données et informations constituées par le biais d’explorations de ces
corpus construites selon des stratégies terminographiques. Il est ainsi devenu
possible à quiconque – au moins dans le cas de langues fortement représentées sur le
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2. Pour des raisons liées aux connotations respectives des deux termes, nul ne songerait à parler
ici de ‘terminographie’ alors même que c’est bien de cela qu’il s’agit dans la plupart des cas.
3. La formulation évite de s’interroger sur la double nature du terme mais il est bon de préciser
que la désignation donne accès à la fois aux informations sur la valeur conceptuelle désignée et
sur la désignation elle-même.
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4. RÉORIENTATIONS TERMINOGRAPHIQUES
6. Pour le rédacteur, il peut s’avérer extrêmement utile de disposer d’un répertoire terminologique
qui recense les relations de cause à effet entre concepts s’il a, par exemple, identifié la désignation
de la cause et perçu que le concept dont il recherche la désignation est l’effet de cette cause.
7. On note avec le plus grand intérêt que des moteurs de recherche comme Google proposent
désormais une recherche systématique de définitions et que «þGoogle terminologique Eurek@þ»
propose de véritables fonctions d’exploration ciblée de répertoires terminologiques et diction-
naires divers, en attendant que se spécialisent les explorations sur d’autres catégories de données
ou de relations.
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6. BILAN
Conjoindre terminologie(s), traduction et rédaction, c’est nécessairement
s’appuyer sur une perspective de praticien et sur la réalité de besoins professionnels.
C’est adopter une perspective essentiellement terminographique, centrée à la fois sur
la collecte, le traitement, la gestion et la mise en œuvre des entités terminologiques.
C’est en même temps faire intervenir dans l’analyse tous les déterminants des condi-
tions d’exécution de prestations. C’est donc d’abord placer le besoin (réel ou
supposé) au centre de gravité de l’analyse. C’est aussi donner leur place légitime – et
incontournable – aux divers outils et instruments d’aide à l’exécution des prestations
qui préfigurent souvent de manière rudimentaire les évolutions vers l’automatisa-
tion. C’est enfin faire jour à un principe de réalité qui vise un rendement maximal de
l’activité terminographique pour une consommation minimale de ressources.
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