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Qu’est-ce que la linguistique ?

Lingua e Linguistica Francese 1 (V. Zotti)


Origines de la linguistique
• Terme – début du XIXe siècle (1833 chez J. Nodier): il
désignait à la fois l’étude de la langue et celle de la
littérature.
• Le terme « philologie » est resté en usage longtemps dans ce sens après 1833, jusqu’au
jour où une distinction s’imposa du fait qu’on se mit à étudier des langues qui n’avaient
pas de littérature. Actuellement « l’étude et l’interprétation d’anciens textes littéraires».
• La «linguistique» ne peut négliger la littérature, écrite ou orale, mais elle la considère
comme une manifestation supérieure et, si l’on peut dire, comme une utilisation
artistique de la langue.

• Discipline scientifique – fin du XIXe siècle

Grands noms :
• William D. Whitney (1827-1894)
• Ferdinand de Saussure (1857-1913)
• Edward Sapir (1884-1939)
• Leonard Bloomfield (1887-1949)
• Emile Benveniste (1902-1976)
• André Martinet (1908-1999)
But de la linguistique
➢(Approche historique du XIXe siècle) NON. Ne plus recenser des
petits faits dans le détail de telle ou telle langue et leur évolution
historique.

➢Le linguiste étudie la langue «en soi et pour soi».

➢Essayer de saisir la nature du langage de façon théorique.

➢C’est pourquoi on trouve chez tous ces penseurs une réflexion


donnant l’impression de repartir de zéro sur ces concepts
fondamentaux que sont :
langage, langue, discours, parole, signe linguistique…
Objectifs et méthodes
• La linguistique s’est ramifiée en de nombreuses écoles et de
nombreux domaines nouveaux sont apparus.

Costantes :
• Le désir de créer des concepts (notions)
• Le souci d’appliquer à l’étude du langage des méthodes scientifiques.
• La volonté de s’écarter de toute idée de norme, comme de tout parti
pris esthétique, moral ou évaluatif.
Considéré comme l'acte de naissance de la linguistique moderne:

Ferdinand de Saussure, Cours de linguistique générale,


édition originale : 1916, édition 1979 : Payot, Paris.
Saussure (1857-1913) et le structuralisme
• Saussure représente l’aube de la linguistique contemporaine
(début du XXe siècle).
• Les fondements de l’apport saussurien se résument dans les
trois distinctions (dichotomies) qu’il a mises en évidence:
➢Langue / parole (collectif / individuel): l’objet unique de la
linguistique est la langue (trésor, dictionnaire, code). La parole est
l’exploitation individuelle de la langue.
➢Signifiant / signifié : la langue est constituée de signes linguistiques,
qui se décomposent en signifié (concept) et signifiant (image
acoustique). Le signe linguistique est arbitraire.
➢Synchronie / diachronie : l’étude de la langue peut soit envisager
son évolution (grammaire et phonétique historique), soit envisager
le système de la langue à un moment donné de son histoire
(linguistique).
Quel est l’objet de la linguistique ?
• On peut dire, tout d’abord, que la linguistique étudie tout ce
qui a trait au langage: « Science du langage ».
• On peut dire également qu’elle étudie les langues.

• Chez le linguiste suisse Saussure apparaît le concept de


langue (au singulier). Ce concept prend son sens au sein de
l’opposition langue / parole.
• Sous son influence, la linguistique structurale se définira
comme objet l’étude de la langue (au singulier).
LANGUE
• Il existe une opposition entre « la langue » au singulier
et « les langues » au pluriel.

• Dans la première phase de son existence (XIXe siècle), la


linguistique a été intéressée par la pluralité des langues.
Un linguiste connaissait parfaitement plusieurs langues
et pouvait les décrires (ex. les grammaires et les
dictionnaires de Oudin etc.)

• Au XXe siècle on a vu l’apparition d’une linguistique


monolingue: le linguiste s’intéresse avant tout à sa
langue maternelle.
LANGUE selon Saussure
• Selon Saussure, la langue est un code, c’est-à-dire un
ensemble de règles qui s’imposent à l’ensemble de ses
usagers (ex. Si je parle français, je connais ce code).
• Ce code existe en dehors d’eux: les usagers n’ont aucune prise
directe sur lui.

• Selon Saussure, la langue est un système de signes (signifiant


+ signifié): une sorte de dépôt qui contient l’ensemble des
signes isolés ; tout au plus ces signes sont classés.
système action
ce que l’individu prononce ce qui est partagé par la communauté
LANGUE selon Saussure
• La langue est vue comme un phénomène
social, comme un fait collectif: c’est en fait
un produit social de la faculté de langage et
un ensemble de conventions que le corps
social adopte pour permettre l’exercice de
cette faculté par les individus.

• La parole, quant à elle, est individuelle.


LANGUE dans d’autres linguistiques structurales
• Les linguistes structuralistes qui ont suivi Saussure se sont
souvent positionnés par rapport à l’opposition
langue/parole.
• Le linguiste danois L. Hjelmslev a estimé que l’étude de la langue
était quand meme trop empreinte de sociologie. Sa vision de la
langue, qu’il rebaptise schéma, en est exempte.
• G. Guillaume insiste sur le caractère de «puissance» de la langue
et sur l’«effet» de la parole qu’il renomme discours.
• Quels que soient les aménagements apportés, ces linguistes
reconnaissent la fonction méthodologique de cette
opposition, car, selon eux, en opposant langue/parole, on
arrive mieux à rendre compte des phénomènes complexes
du langage.
LANGAGE

LANGUE

PAROLE

(selon De Saussure)
-
Ma Langue dans Ta Poche #1
https://www.youtube.com/watch?v=Y3EoAizjvtc
UN LANGAGE
• Selon les théories de la communication, il y a langage
chaque fois qu’il y a système de signes destinés à
transmettre une information.

• Dans de nombreuses disciplines scientifiques


(mathématiques, informatique, etc.) le mot langage reçoit
un sens technique bien précis: par ex. l’algol, le cobol sont
des ensembles de signes ou des codes destinés à donner
des instructions à des ordinateurs.
• Par opposition à ces langages artificiels, les langues du
monde sont appelées des langages naturels (TALN). Tous
utilisent une sémantique et une syntaxe (des universaux du
langage) en donnant un sens aux signes qu’ils utilisent.
LE LANGAGE
• Les philosophes avaient donné au mot langage la
signification de «faculté d’expression».
• De plus, on a souvent attribué au langage :
– la fonction de communiquer ;
– la fonction d’exprimer les pensées de celui qui l’utilise
(intentionnalité du langage).

Attention! Meme s’il est possible de lire dans la forme des nuages
l’annonce d’une évolution météorologique pour les jours prochains,
on ne pourra pas dire qu’il y a langage, parce qu’il n’y a pas
communication entre les nuages et le météorologue.
LE LANGAGE animal
• La question du langage animal a beaucoup fasciné dans
l’histoire, et continue d’être débattue.
• Au XVIIe siècle, R. Descartes disait que, du fait que les
animaux ne parvenaient pas à assembler des mots
différents de manière à témoigner d’une pensée, le langage
était le propre de l’homme.
• Aujourd’hui nous connaissons mieux les langages animaux
(ex. les abeilles sont capables de transmettre à leurs
congènères des informations très précises sur la situation
géographique des fleurs).
• Du point de vue de la communication, les animaux
possèdent donc indiscutablement un langage.
LE LANGAGE chez l’homme
• Le langage est un fait chez l’homme.
• C’est d’abord une performance qui met en oeuvre
certaines organes du corps (origine animale).
• Il s’agit aussi d’une faculté qui a des fondements
biologiques. La neurolinguistique montre que cette
faculté dépend de la mise en activité de certaines zones
du cerveau (comme la faculté motrice, par ex.)
• Cette faculté s’acquiert et peut subir des pathologies.
• Sa spécificité : le langage humain articule des unités
successives, qu’il s’agisse de phonèmes, de mots, de
phrases, ce qui n’est pas le cas des langages animaux…
LANGAGE
selon Saussure et aujourd’hui
LES UNIVERSAUX DU LANGAGE
• Aux XVIIe et XVIIIe siècles, des philosophes et des grammairiens
se sont demandés s’il n’y avait pas, entre toutes les langues
qu’on connaissait, des principes communs.
• L’idée de la Grammaire générale est qu’il devait y en avoir,
puisque toutes les langues représentaient la pensée et les
schémas de pensée étaient les mêmes partout.
• Cette idée n’a jamais convaincu. Il y a toujours eu des penseurs,
surtout au XXe siècle, pour estimer qu’à chaque langue
correspond un modèle de pensée, un monde de représentation
et d’organisations différents (dans certaines langues, ex. angl., il
est impossible de trouver un équivalent à ce que nous appelons
langage).
LES UNIVERSAUX DU LANGAGE
• D’une certaine manière, le problème central de la
linguistique est d’expliquer:
– d’un côté, comment les langues sont variées, chacune différente,
– de l’autre côté, comment elles supportent toutes la traduction.
• Les linguistes ont toujours été guidés par le désir de
rapprocher les langues. Souvent leur tâche était motivée par
la perspective de l’apprentissage de ces langues.
• Aujourd’hui la question des U.L. a aussi un aspect pratique
dans certains domaines de la linguistique:
– le Traitement Automatique des Langues (formalisation d’UL),
– la didactique des langues étrangères,
– la linguistique cognitive,
– la sémantique (ex. animé ou inanimé), etc.
LES UNIVERSAUX DU LANGAGE
• La linguistique générale estime que tout langage verbal humain
fait s’articuler:
• une phonologie
• un lexique
• une sémantique
• une morphologie
• une syntaxe
• Dans chaque langue, la compétence minimale requise est de:
• disposer d’un inventaire de sons, en connaître le système
• disposer d’un lexique
• savoir que certaines séquences de sons ont une signification ou
renvoient à un concept
• savoir que certaines phrases sont possibles et d’autres impossibles
LES UNIVERSAUX DU LANGAGE
• L’idée d’un caractère universel de la compétence fonde la
démarche du linguiste américain Noam Chomsky, le créateur de
la Grammaire Générative.
• D’autres faits très généraux peuvent etre affirmés de toutes les
langues connues au monde:
• toutes changent avec le temps
• toutes font usages de signes pour la plupart arbitraires
• toutes sont susceptibles d’intégrer de nouveaux mots
• toutes utilisent des unités segmentées
• Les différents domaines de la linguistique sont à la recherche
d’U.L. plus particuliers:
• ex. l’hypothèse de la Grammaire générative est qu’il existe des processus
universels de transformation des phrases qui peuvent faire postuler,
comme au XVIIIe siècle, l’existence d’une grammaire générale, ou d’un
fonctionnement universel des règles de grammaire.
Saussure (1857-1913) et le structuralisme
• Saussure représente l’aube de la linguistique contemporaine
(début du XXe siècle).
• Les fondements de l’apport saussurien se résument dans les
trois distinctions (dichotomies) qu’il a mises en évidence:
➢Langue / parole (collectif / individuel): l’objet unique de la
linguistique est la langue (trésor, dictionnaire, code). La parole est
l’exploitation individuelle de la langue.
➢Signifiant / signifié : la langue est constituée de signes linguistiques,
qui se décomposent en signifié (concept) et signifiant (image
acoustique).
➢Le signe linguistique est arbitraire.
➢Synchronie / diachronie : l’étude de la langue peut soit envisager
son évolution (grammaire et phonétique historique), soit envisager
le système de la langue à un moment donné de son histoire
(linguistique).
LE SIGNE LINGUISTIQUE
Une unité complexe à double face :

1. signifiant – formelle (phonique, graphique)

2. signifié – à ne pas confondre avec le référent


(alors que le référent est un fragment de
réalité, le signifié est une représentation de
cette réalité)
Le lexique
• Le lexique est fait d’un ensemble de signes
• Les signes sont pris dans une double série de renvois:
1. Ils renvoient au monde extralinguistique
Ils sont en effet munis d’un référent, qui est soit un
objet, être, notion (cet arbre que je vois), soit une
classe d’objets, êtres ou notions (arbre)
2. Ils renvoient les uns aux autres
Ils sont en effet pris dans des réseaux
associatifs formels ou sémantiques
On peut ainsi dresser le schéma suivant:

La relation du signe au référent est placée sous le


signe de l’arbritaire
Saussure (1857-1913) et le structuralisme
• Saussure représente l’aube de la linguistique contemporaine
(début du XXe siècle).
• Les fondements de l’apport saussurien se résument dans les
trois distinctions (dichotomies) qu’il a mises en évidence:
➢Langue / parole (collectif / individuel): l’objet unique de la
linguistique est la langue (trésor, dictionnaire, code). La parole est
l’exploitation individuelle de la langue.
➢Signifiant / signifié : la langue est constituée de signes linguistiques,
qui se décomposent en signifié (concept) et signifiant (image
acoustique).
➢Le signe linguistique est arbitraire.
➢Synchronie / diachronie : l’étude de la langue peut soit envisager
son évolution (grammaire et phonétique historique), soit envisager
le système de la langue à un moment donné de son histoire
(linguistique).
Les SIGNES LINGUISTIQUES n’entretiennent aucune
relation naturelle avec ce à quoi ils renvoient.

Entre le mot arbre et les arbres du monde, il n’y a aucun


lien décelable.

La preuve en est que les différentes langues n’utilisent


pas les mêmes mots : albero, tree………

Ex. Un bébé qui apprend à parler … (paille / tuyau)


De la sorte :

le SIGNE LINGUISTIQUE
est
ARBRITAIRE

Dans certains secteurs de la langue, cette affirmation doit etre


nuancée.
Par ex. dans les onomatopées : des signes qui miment la réalité (des
bruits : boum, crac). Certains sont en partie iconiques et diffèrent de
langue à langue (fr. cocorico, it. Chichirichi, fr. chut, it. shhh)
LE SIGNE LES JEUX
LINGUISTIQUE est SURREALISTES
ARBRITAIRE

➢cannuccia
➢ FR. paille

➢tubo, tubatura ➢ SP. pajita

➢canna ➢ SP. MEX. popote

➢ INGL. straw, pipe


➢stelo
➢TED. Halm, Trinkhalm
➢(filo di) paglia
La division de l’espace sémantique
n’est pas identique dans toute langue.
➢pipa L. Hjelmslev (1957) > tree, wood, forest
L. Zgusta (1971) > anisomorphisme
Partitioning of the TREE-WOOD-FOREST semantic domain
(Hjelmslev)
caffettiera / cafétière ?
référent différent
Références bibliographiques
• Dominique Maingueneau, Aborder la linguistique, Paris, Seuil, 2009 nouvelle éd., «Points –
Essais».
– Chap. 1 De la grammaire à la linguistique, p. 9-18
– Chap. 2 La linguistique science du langage, p. 19-28
– Chap. 3 Quelques propriétés du langage, p. 29-37
– Chap. 6 Les branches de la linguistique, p. 73-95.
– Chap. 8 Le structuralisme linguistique, p. 111-117

• L. Kukenheim, Esquisse historique de la linguistique française, Universitaire Pers Leiden, 1966.

• G. Siouffi, D. Van Raemdonck, 100 Fiches pour comprendre la linguistique, Rosny, Bréal.

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