« Tristesse du réveil. Il s’agit de redescendre, de s’humilier.

L’homme retrouve sa défaite : le

quotidien. » dit Henri Michaux, écrivain, poète et peintre belge. En effet, j’apprécie la
manière dont il se moque de la condition humaine en rejetant l’idéalisation du quotidien dans
son œuvre Un certain Plume. Il s’agit d’un recueil de textes poétiques en prose qu’il écrit en
1930. Le succès de Michaux est grandissant avec son œuvre La nuit remue écrite en 1935,
notamment grâce à son style d’écriture sombre, souvent teinté d’humour et de cruauté. Il
écrit ces textes dans l’époque du surréalisme qui refuse toute considération logique ou
morale, en ne distinguant plus le réel de l’imaginaire. Celui-ci se base plutôt sur l’exploration
du monde onirique, tout en déconstruisant les règles établies en littérature. De plus, l’auteur
fait beaucoup appel à l’humour pour questionner ou dénoncer de manière détournée les
comportements sociaux et politiques de l’époque. Ce recueil est composé de 13 chapitres
présentés sous la forme de courts récits consacrés au quotidien de Plume. Ceux-ci mettent
en scène le personnage éponyme face à différentes situations, parfois rocambolesques et
surréalistes, qui le mettent dans l’embarras et révèlent son inadaptation à la vie en
communauté. De ce fait, ces poèmes retracent le quotidien absurde et grotesque de Plume
ancré par l’absence de contexte, y ajoutant ainsi une poignée d’humour noir.

Ainsi, j’ai choisi de présenter cette œuvre car dès le 1er poème intitulé Un homme paisible, la
dimension absurde et extravagante mise en avant par l’auteur m’a profondément intriguée et
questionnée : j’ai longuement cherché du sens au texte avant de comprendre que Plume est
un personnage candide, décalé, incompris et inadapté ce qui en fait un personnage
particulièrement attachant. Suivre ensuite ses aventures devint un réel plaisir. C’est ainsi
qu’avec une certaine mise à distance, le personnage principal Plume, étant en décalage
constant avec le monde qui l’entoure, a suscité en moi le rire.
En outre, j’ai quelquefois pu m’identifier aux traits de caractère de Plume car dans le passé,
il m’arrivait de subir certaines situations par manque de résistance ou même par souci de
discrétion avant de réaliser que je devais contrôler mon destin et non pas le subir.
De plus, malgré la tonalité comique de cette œuvre anticonformiste, le poète propose une
réflexion sur la relation entre l’Homme et la société et sur la condition humaine. Plume étant
le symbole de la condition tragique et absurde de l’Homme.
Enfin, je me suis particulièrement intéressée à la dimension autobiographique du personnage
puisqu’il reflète le mal de vivre et la souffrance de Michaux, qui le dit lui-même « Oui, à cette
époque de ma vie, Plume tout plume – était moi-même ». Michaux, d’abord en se soignant
lui-même, nous offre ainsi un recueil à effet thérapeutique, visant à exorciser l’angoisse due
au tragique de la condition humaine.