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Lecture cursive

Albert Camus, L'Etranger, 1942

Présentation de l'auteur

Mondivi (Algérie), 1913 – Villeblevin, 1960.

Il est le fils de Lucien Camus, père décédé durant la Première Guerre Mondiale lors de la bataille de la
Marne, et de Catherine Sintès mère d'origine espagnole qui se retrouve seule pour élever Albert Camus ainsi
que son frère aîné. Illétrée elle accepte des ménages, et s'installe dans un quartier pauvre d'Alger.

Grâce à son instituteur Monsieur Germain, Albert Camus obtient une bourse qui lui permet d'échapper à
son destin de tonnelier en entrant au lycée. C'est à ce moment qu'il se passionne à la fois pour le football et
pour la philosophie.
L'homme est rapidement rattrapé par la tuberculose. Il renonce ainsi à la carrière de footballeur à
laquelle il pensait, et à l'agrégation de philosophie.

Après ses études, Albert Camus devient journaliste. Il va explorer durant sa vie, différentes formes
d'écriture dont l'essai et le théâtre. Mais c'est par le roman qu'il ouvre sa réflexion philosophique puisque
selon lui « On ne pense que par image. Si tu veux être philosophe, écris des romans. »
En 1942 paraissent l'Etranger et le Mythe de Sisyphe. Il accède ainsi à la notoriété, et en tant qu'ecrivain
reconnu, il rencontre plusieurs auteurs dont Jean-Paul Sartre, Louis Aragon et Francis Ponge. Parallèlement,
il va entrer dans la Résistance et prendre en charge le journal clandestin Combat dont il devient le rédacteur
en chef à la Libération.

L'oeuvre d'Albert Camus est marquée par son humanisme et sa lutte contre toutes les formes de
totalitarismes, politique et intellectuel. On retrouve également dans son oeuvre les traces d'une enfance à la
fois pauvre mais heureuse, vécue proche de la mer sous le soleil d'Alger.

Présentation de l'oeuvre

L'Etranger est le premier roman de l'auteur. Le récit est achevé dès mai 1940, mais publié en 1942. Il
connaît aussitôt un immense succès. Il faut savoir que c'est aujourd'hui le troisème roman francophone le
plus lu après Le Petit Prince d'Antoine de Saint-Exupéry et Vingt mille lieues sous les mers de Jules Verne.
1. Résumé :
Première partie

« Aujourd'hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. » ; c'est ainsi que commence
l'oeuvre. Meursault le protagoniste et narrateur, est un modeste employé algérois. Il enterre sa mère
sans manifester la moindre émotion. Dès le lendemain, il noue une relation avec Marie : ils se
baignent, vont au cinéma ensemble et deviennent amants. Là encore, Meursault ne démontre aucun
sentiment à son égard. Un dimanche, Raymond son voisin de palier et ami peu recommandable,
invite le couple dans un cabanon sur la plage. C'est à ce moment-là qu'ils rencontrent des Arabes
avec lesquels Raymond, a déjà eu un différend. Après une bagarre, Meursault retrouve par hasard un
des Arabes sur la plage, qui semble le narguer avec un couteau. Meusault le tue de coups de révolver.
Seconde partie

Meursault est de fait, arrêté et jugé. Dans cette partie, il est alors question de son procès qui s'appuie
davantage sur l'indifférence du personnage lors du décès de sa mère que sur l'acte criminel. La
sentence est la condamnation à mort.

2. Les thèmes majeurs de l'oeuvre :

• L'absurde.

Le roman entre dans une trilogie sur l'absurde comprenant une pièce de théâtre (Caligula) et un essai
(Le Mythe de Sisyphe).
Meursault symbolise et incarne l'absurde. Selon Albert Camus, le monde n'a pas de sens, la société a
voulu lui donner un sens sous la forme d'une comédie au sein de laquelle chacun va devoir jouer un rôle.
Dans cette oeuvre, le personnage n'est pas condamné pour son crime mais davantage parce qu'il a fait
preuve d'insensibilité durant l'enterrement de sa mère, et parce qu'il n'éprouve pas de regret après le meurtre
de l'Arabe. Ainsi, on le condamne moins pour le meurtre que pour son refus de jouer le rôle que l'on attend
de lui (deuil du fils et repentir du meurtrier). Dans une préface , Albert Camus écrit que « le héros du livre
est condamné parce qu'il ne joue pas le jeu ».
Ici, la notion d'absurde pose alors la question du sens de la vie humaine, soumise à une mécanique sans
perspective. Elle remet en question les institutions, leur fonctionnement ainsi que les normes et les valeurs de
la société.

• L'indifférence.

Le protagoniste se montre indifférent à tout ce qui l'entoure : les évènements, les êtres et cela va jusqu'à
lui-même qui ne manifeste ni goûts, ni préférences, ni aversion pour quoi que ce soit.

• La sensualité.
S'il y a une chose à laquelle Meursault n'est pas insensible, c'est la sensualité. On note en effet
l'expression de la sensualité à travers la jouissance de la vie au bord de la mer (baignades...), la chaleur du
soleil et la beauté du ciel. Ses sensations de bonheur, de malaise, d'ennui sont parfaitement exprimées. Il
s'agit d'un personnage qui fonctionne de façon instinctive, dans l'instant.

3. L'écriture

L'emploi du « je » et l'apparente transparence du langage de Meursault qui explique les faits, montre que
le roman emprunte au genre du journal intime. On le remarque aussi avec l'emploi du présent de l'indicatif
qui transmet ce qui arrive dans le for intérieur du personnage. On remarque qu'il a un rapport particulier au
temps, c'est-à-dire qu'il n'est ni dans le passé ni dans une projection de l'avenir. Il se situe dans le présent,
uniquement dans la jouissance sensorielle des choses. On note qu'il ne se pose pas de questions, ne se livre à
aucune interprétation et à aucun épanchement affectif.
Cela explique le choix stylistique de l'auteur qui établit une succession de phrases descriptives qui
laissent l'interprétation des évènements ouverte. La pensée du narrateur est destructurée. Sartre dit au sujet de
l'oeuvre que « chaque phrase de l'Etranger est une île ». En revanche, le procureur va s'emparer de l'histoire
de Meursault : il en fait un récit au passé simple et interprète les évènements en tirant des conclusions à
propos de son caractère.

4. Citations

« Le type qui donnait toutes les promesses et qui travaille maintenant dans un bureau. Il ne fait rien
d'autre part, rentrant chez lui, se couchant et attendant l'heure du dîner en fumant, se couchant à nouveau et
dormant jusqu'au lendemain. Le dimanche, il se lève très tard et se met à sa fenêtre, regardant la pluie ou le
soleil, les passants ou le silence. Ainsi toute l'année. Il attend. Il attend de mourir. À quoi bon les promesses,
puisque de toute façon... »
Carnets, 1937

Albert Camus et la littérature engagée.

Après l'affaire Dreyfus, à la fin du XIXe siècle, l'écrivain engagé, c'est-à-dire celui qui prend parti
devient un « intellectuel ». Nomination donnée pour la première fois de façon péjorative par Maurice Barrès
en 1898, mais qui désigne à présent tous ceux qui produisent des idées et qui s'engagent pour elles.
La littérature engagée est l'héritière de la critique naturaliste qui se positionne contre l'illusion
romantique propre à la littérature de divertissement.
Dans la première moitié du Xxe siècle, l'engagement de l'écrivain est avant tout intellectuel : il s'agit à
présent de soumettre la réalité à un examen critique et de dépasser l'école dite « réaliste ».

De fait, quand un critique qualifie l'Etranger de roman réaliste, Albert Camus répond :
« Vous me prêtez l'ambition de faire réel. Le réalisme est un mot vide de sens. [...] Je ne m'en suis pas
soucié. S'il fallait donner une forme à mon ambition, je parlerais au contraire de symbole ». (cité dans
l'édition de La Pléiade, Tome I). En effet, selon l'auteur, l'héroïsme de Meursault ne ressemble pas ici à
l'héroïsme exalté des autres romans, il se situe dans l'anticonformisme du personnage qui refuse de jouer « le
jeu de la société ». En d'autres termes, le personnage est quelqu'un qui n'entre pas dans les codes sociaux : il
fait donc peur. C'est un étranger parce qu'on ne peut pas le faire entrer dans une case, il est impossible de
l'identifier.

Impressions de lecture

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