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COURS 1

LA THÉORIE DU SIGNE LINGUISTIQUE COMME BASE MÉTHODOLOGIQUE


DU SAVOIR GRAMMATICAL

Plan :
1. De l'origine de la notion de signe
2. Qu’est-ce qu'un signe? La définition du signe
3. Le classement des signes
4. Les constituants d'un signe linguistique.
5. Les relations sémiotiques des signes linguistiques
6. Types de signes linguistiques
7. Les aspects d’étude des signes linguistiques

1. DE L'ORIGINE DE LA NOTION DE SIGNE


De nos jours, la notion du signe linguistique se trouve au centre de toutes les sciences linguistiques. Les
premières idées corrélatives au signe linguistique furent exprimées par les linguistes antiques. Plusieurs
esprits de l’antiquité cherchaient à comprendre comment fonctionnent les mécanismes de la formation et de
1’expression de la pensée humaine. Le philosophe grec (Cratile Platon (428-438 avant J.-C.)) oppose dans
son œuvre deux protagonistes dont l’un soutient que les mots signifient par convention (thései), et l’autre
croit que la signification des mots résulte de la nature des objets désignés (phusei), comme c’est le cas des
onomatopés.
Les Stoïciens accordaient une grande importance au problème du signe. Ils distinguaient, par exemple,
dans la structure du mot, trois aspects différents : le sémaïnon (signifiant), le sèmaïnomenon (signifié), le
tunkanon (objet). Cette triple approche se réalisera au XXIème s. dans la notion de “triangle sémiotique”.
Pour certains logiciens du Moyen Age, dits “modistes” (P. Abelard, Albert de Saxe, P. d’Espagne), la
forme matérielle de la vox (mot) peut entrer dans deux rapports absolument differents :
1) celui de signification (significatio), qui se manifeste entre une vox et la représentation
intellectuelle d’un fait réel qui lui est associée conventionnellement ;
2) celui de supposition (suppositio), qui unit la vox aux objets extérieurs.
P. ex. :
Les hommes étaient heureux ; Les hommes seront heureux
“homme” ne représente pas les mêmes individus. (1) ou il s’agit d’êtres d’antant (2) ou il s’agit
d'êtres future.
Un grand apport à 1’étude du signe linguistique est dû aux linguistes de Port-Royal – B. Pascal, A.
Arnauld, P. Nicole, Cl. Lancelot et d’autres. Il y a deux ouvrages dans lesquels les linguistes de Port-
Royal exposent leurs idées sur le signe : La logique ou l’art de penser et La grammaire générale et
raisonnée.
Les logiciens de Port-Royal ont démontré que le contenu sémantique est structure de deux entités
tout à fait différentes, dont 1’une est “la compréhension de l’idée” et 1’autre “l’étendue de l’idée”.
Par exemple, la signification du mot arbre est, selon ces linguistes, sa compréhension, et tous les
végétaux, auxquels ce mot peut être appliqué, constituent son étendue.
Etienne Bonnot de Condillac (1715-1780). Destutt de Tracy (1759-1836)
Ces deux penseurs examinent des signes dans l’esprit de la philosophie sensualiste. Condillac
distingue deux types de pensées : celles qui viennent directement de nos sensations, et celles qui
résultent d’une élaboration des premières. Les pensées du premier type s’expriment à l’aide de signes
naturels dans le “langage d’action”, celles du deuxième type s’expriment dans le langage articulé à
l’aide de signe artificiels.
Destutt de Tracy, céateur du terme “idéologie”, à la différence de Condillac, qui examinait plutôt
1’aspect philosophique du problème de signes, Destutt de Tracy en examine 1’aspect linguistique. II
commence son étude par constater que “les mots que nous prononçons sont les signes de nos idées et
n’ont de valeur que par le rapport qu’ils ont avec elles : sans cela ils ne seraient qu’un vain bruit”
[Destutt de Tracy, p. 302]. D’après Destutt de Tracy, le signe peut revêtir différentes formes matérielles
de différentes origines. Bref, “tout ce qui représente nos idées est donc un signe… [Destutt de Tracy, p.
309].
Destutt de Tracy parle déjà du système de signes qui forme une langue ou un langage – question
qui sera examinée par F.de Saussure au début du XXième siècle.
Destutt de Tracy, de même que Condillac, distingue deux types de langages : le langage d’action
et le langage artificiel. Selon lui, à 1 origine de chaque langage artificiel se trouve un langage d’action.
Le savant explique ensuite comment ce langage primitif, composé de gestes, de cris et d attachements,
se transforme en un langage artificiel. Tout s’explique finalement par l’usage. Grâce à lui, le langage
action se perfectionne, devient “chaque jour plus fin, plus varié, et plus circonstancié”. Destutt de Tracy
est aussi le premier à indiquer le caractère social du signe linguistique. D’après lui, “un homme isolé
n’aurait jamais conçu l’idée de se faire une langue ; il n’en aurait pas éprouvé le besoin, il n’aurait pas
deviné que cela pût lui être d’aucun avantage” [ibid., p. 322].
Les idées scientifiques de Destutt de Tracy peuvent être considérées comme annonciatrices de la
théorie de signe, dont les assises ont été établies par des linguistes de la fin du XIX ième siècle et de la
première moitié du XX siècle tels que Ch. S. Peirce (Ecrits sur le signe), F. de Saussure (Cours de
linguistique général), Ch. Morris (Foundations of the Theory of signs), Ch. Ogden et I. Richards
(The meaning of meaning) et plusieurs autres.

2. QU’EST-CE QU'UN SIGNE ? LA DEFINITION DU SIGNE


Au sens le plus général, un signe est une chose qui tient lieu d’une autre chose. Ch. Morris affirme
qu’une chose n’est qu’un signe en tant qu’elle est interprétée par qn (un interprète) comme signe d’une autre
chose.
En expliquant la nature du signe, les sémioticiens indiquent plusieurs caractéristiques qui lui sont
propres :
1. Un signe tient d’une chose, qui est son objet. Le rapport du signe à son objet est arbitraire. Il est
établi par pure convention. Cela signifie qu’entre un signe et ce qu’il représente il n’y a pas de
rapports objectivement motivés.
2. Il tient lieu de cet objet, non à tous égards, mais par référence à une sorte d’idée.
3. La substitution sémantique d’un objet par un autre (qui est son signe) présuppose l’activité
intellectuelle de l’homme. “Une chose n’est un signe que parce qu’elle est interprétée comme le
signe de quelque chose par un interprète [Morris, p. 17]. C’est la condition majeure de
1’existence d’un signe.
4. Vu que l’activité intellectuelle de l’homme a un caractère psychologique, le signe est considéré
comme une entité purement psychique, surtout le signe linguistique. Comme 1’indique F. de
Saussure, “le signe linguistique unit non une chose et un nom mais un concept et une image
acoustique. Cette dernière n’est pas le son matériel, chose purement physique, mais 1’empreinte
psychique de ce son (...). Le signe linguistique, – pursuit l’auteur, – est donc une entité
psychique a deux faces...” [Saussure, p. 98]. Cet éminent savant insiste particulièrement sur
l’idée que la langue humaine est “comparable à une feuille de papier : la pensée est le recto et le
son le verso; on ne peut découper le recto sans découper en même temps le verso; de même,
dans la langue, on ne saurait isoler le son de la pensée, ni la pensée du son; on n’y arriverait que
par une abstraction dont le résultat serait de faire ou de la psychologie pure ou de la phonologie
pure’’ [ibid., p. 157].
5. Par son origine et son rôle chaque signe est un fait social. Un objet devient signe d’une chose par
convention entre les gens qui l’utilisent dans leurs relations en lui attribuant un sens. Ceci
explique son caractère arbitraire, qui, selon beaucoup de linguistes, est une to plus
importantes particularités du signe.
6. Un signe n’existe pas comme une unité isolée. Chaque signe a des relations avec d’autres signes,
et forme avec eux un système de signes qui définit sa valeur significative.
7. Tout signe s’expose aux modifications. Les modifications peuvent se produire en diachronie ou
en synchronie et peuvent porter sur sa forme ainsi que sur son contenu.
Les modifications diachroniques sont liées à l’évolution historique du signe. Elles montrent
comment une chose acquiert la faculté de représenter une autre chose “en 1’évoluant à titre de
substitut” [ibid., p. 51]. Par exemple, le mot “université” provient du mot latin “universitas” qui
signifie “ensemble”. On voit qu’à la suite de son évolution le signe “universitas” a légèrement
modifié sa forme et acquis un autre sens, c’est-à-dire, sa dénotation (objet désigné) a
complètement changé.
Les modifications synchroniques concernent les changements qu’un signe subit au cours de son
utilisation. Par exemple, les mots “marbre”, “peinture”, “eau” changent de sens, quand ils sont
pris au pluriel.
3. LE CLASSEMENT DES SIGNES
Il existe donc différents systèmes de signes. Chaque système a ses propres moyens d’expressions, son
propre mode opératoire et sa sphère d’utilisation.
II n’y a pas de systèmes synonymiques, c’est-à-dire, on ne peut pas exprimer la même chose par
différents systèmes sémiotiques. Par contre, les systèmes existants peuvent s’interpréter. Par exemple, le
système des feux de trafic routier peut être interprété à 1’aide de gestes de 1’agent qui régularise le trafic, ou
bien à 1’aide du langage. La langue est le plus important de tous les systèmes sémiotiques. Seule la
langue est capable d’interpréter tous les autres systèmes, у compris elle-même. “La langue nous donne,
– constate E. Benveniste, – le seul modèle d’un système qui soit sémiotique à la fois dans sa structure
formelle et dans son fonctionnement :
1) elle se manifeste par 1’énonciation qui porte référence à une situation donnée ; parler, c’est toujours
parler de ;
2) elle consiste formellement en unités distinctes, dont chacune est un signe ;
3) elle est produite et reçue dans les mêmes valences de référence chez tous les membres d’une
communauté ;
4) elle est la seule actualisation de la communication intersubjective.
Les linguistes distinguent le signe linguistique de tous les autres types de signes, tels que icône, indice,
symbole, signal.
L’icône est un signe qui renvoie à 1’objet qu’il désigne simplement en vertu des caractères qu’il possède,
autrement dit ce signe ressemble a ce qu’il désigne, a son référent. C’est le cas des images, des
onomatopées, etc.
L’indice est un phénomène le plus souvent nature1, immédiatement perceptible, qui nous fait connaitre
quelque chose au sujet d’un autre phénomène non immédiatement perceptible, tels les symptômes d’une
maladie, la baisse du baromètre, la fumée, la table dressée, etc.
Le symbole renvoie à 1’objet qu’il désigne par la force d’une loi ou par la force d’une tradition qui
détermine son interprétation par référence à 1’objet en question. C’est le cas de toutes les armoiries, du coq
gaulois ou du napperon brode ukrainien.
Le signe-signal, comme le signe-indice, fait connaitre une chose au sujet d’un fait. Pourtant il diffère de
celui-ci par son caractère volontaire et conventionnel. Par exemple, les panneaux lumineux sur la route, les
signaux horaires, etc.
Le signe linguistique diffère de tous les autres signes par ce que son lien avec le référent est médiatisé par
un concept, qu’il a un caractère arbitraire, et que son existence est double. D’une part il existe comme une
entité matérielle, d’autre part comme une entité psychique soudant en un tout indissoluble un concept et une
image acoustique.
4. LES CONSTITUANTS D'UN SIGNE LINGUISTIQUE
F. de Saussure la linguistique fait une distinction entre trois notions fondamentales de cette science, qui
sont : 1) la langue, 2) le langage et 3) la parole (ou le discours).
La langue est un ensemble des signes linguistiques et des procédures opérationnelles de leur utilisations
communicative propres à une communauté sociale et culturelle des gens.
Le langage est considéré comme la faculté humaine d’apprendre et d’utiliser systèmes symboliques que sont
les langues, autrement dit, c’est la capacite humaine de produire et d’interpréter les signes linguistiques.
La parole est la réalisation individuelle de ses capacités du langage dans le cadre d’une langue : l’individu
utilise les éléments de la langue et ses capacités langagières (son intelligence et son appareil phonatoire)
pour exprimer ses pensées.
Ainsi, chaque signe a deux modes d’existence : 1) il existe en tant qu’une unité de la langue (mode
sémiotique de son existence) et 2) il existe en tant qu’une unité de la parole (mode sémantique de son
existence).
Dans la langue le signe est une entité psychique à deux faces. Il se compose d’une image acoustique, appelé
signifiant et d’un concept, appelé signifie.
F. de Saussure le représente par cette figure :

Concept

Image
acoustique
Dans le discours, le signe linguistique est une entité triadique. A ses deux composants qui sont ceux de
signifiant et de signifie, s’ajoute un troisième, appelé dans la littérature linguistique “référent” ou
“dénotatum”. Ce troisième élément représente 1’objet de la réalité dont il s’agit dans le discours.
La structure du signe actuel (employé dans le discours) est toujours triadique.
Elle comprend :

Signifié
(contenu sémantique associé par
convention ç la forme)
Y

Z Référent
Signifiant X
(objet de la parole, que le signe
(forme extérieur du signe)
en tant que phénomène de la
langue évoque dans l’esprit de
ceux qui s’entretiennent)
5. LES RELATIONS SEMIOTIQUES DES SIGNES LINGUISTIQUES
Les signes linguistiques sont organisés selon deux types de relations : relations paradigmatiques et relations
syntagmatiques.
Les relations paradigmatiques. Les relations paradigmatiques sont celles de ressemblance et de
substitution. Les éléments qui se trouvent en relations paradigmatiques ont la même nature grammaticale
leur permettant de se substituer dans un environnement donné. Par exemple :
1. Un élevé apprend sa leçon.
2. L’étudiant étudie le français.
Dans ces deux phrases il у a trois groupes de mots entre lesquels il existe des relations paradigmatiques au
niveau de la langue :
1) un, l’, sa, le (déterminants);
2) élève, étudiant, leçon, français (noms);
3) étudie, apprend (verbes).
Les éléments entre lesquels il existe des relations paradigmatiques forment ensemble un paradigme. Ainsi,
nous avons reçu trois paradigmes de mots dans les deux phrases : 1) déterminants ; 2) noms ; 3) verbes.
Les relations paradigmatiques peuvent réunir différents éléments de la langue, à partir des flexions
morphologiques (par exemple, paradigme des terminaisons du pluriel des noms: -s, -x, -z) et à finir par des
phrases (par exemple, paradigme des phrases nominales). Quand le terme “paradigme” est appliqué aux
mots, il correspond au terme “partie du discours”.
Les éléments d’un paradigme constituent un système. Le terme système nous vient d’Etienne de Condillac
(Traite des systèmes). Il est interprété le plus souvent comme un ensemble des éléments homogènes
(éléments ayant la même nature et le même statut fonctionnel), “liés entre eux et se déterminant
mutuellement”. Un système élémentaire comportera au minimum deux unités. Ainsi, en ancien français, le
système casuel du nom n’avait que deux formes : cas sujet (murs) et cas régime (mur).
Le système assigne à chaque signe, qui le constitue, une valeur sémantique, et un emploi déterminé. C’est
pourquoi, chaque signe ne se définit comme tel qu’au sein d’un ensemble d'autres signes qui l’entourent et
forment avec lui un système.
Les paradigmes, pris ensemble, structurent la langue, formant un tout linguistique aux relations qui unissent
les éléments d’un système. La structure de la langue, c’est un ensemble des éléments hétérogènes où
élément dépend des ensembles des autres et ne peut être ce qu’il est que dans et par sa relation avec eux.
Nous venons de dire, que les éléments d’un paradigme peuvent se substituer dans une position donnée,
ajoutons encore qu’ils ne peuvent pas, à de rares exceptions, se combiner. Nous pouvons remplacer dans la
première phrase de notre exemple chaque élément par un terme correspondant (paradigmatique) de la
deuxième phrase (comparez : Un étudiant apprend le français. L’étudiant étudie le français. L’étudiant
étudie sa leçon. L’élève étudie le français, etc.), mais nous ne pouvons pas combiner ces mêmes éléments
dans une phrase sans recourir à l’aide des éléments appartenant à un autre paradigme. Il est impossible de
dire Un élève étudiant apprend sa leçon ou Un élève étudie apprend sa léçon.
Les signes linguistiques considérés comme éléments de la langue sont systématisés et structurés et
forment un tout aux relations paradigmatiques.
Les relations syntagmatiques. Les signes linguistiques, considérés comme éléments de la parole,
entrent dans les relations syntagmatiques qui s’observent entre les termes d’une même construction
syntaxique. Ainsi dans la phrase Les petits ruisseaux font les grandes rivières, les adjectifs “petits” et
“grandes“ sont en relations syntagmatiques avec l’article défini “les” qui les précède et avec les substantifs
“ruisseaux” et “rivières” qui les suivent.
Les éléments se trouvant en relations syntagmatiques appartiennent aux différentes classes
paradigmatiques ou, autrement dit, aux différents systèmes de la langue. Ils peuvent se combiner mais sont
incapables de se remplacer dans une structure syntagmatique. Le choix d’un élément dans la suite
syntagmatique dépend de ses possibilités combinatoires et il est sujet à toutes sortes de restrictions, imposées
par la grammaire. Par exemple, dans la phrase citée nous ne pouvons pas dire : Le petit ruisseau font les
grandes rivières. Les petits ruisseaux fait les grandes rivières à cause de l’accord grammatical.
L’emploi d’un élément linguistique est déterminé par l’interaction de l’axe paradigmatique (les
relations paradigmatiques) et de 1’axe syntagmatique (les relations syntagmatiques).
6. TYPES DE SIGNES LINGUISTIQUES
En règle générale, on distingue quatre types de signes : 1) phonèmes ; 2) morphèmes; 3) mots; 4) phrases.
1. Phonèmes. Ce sont les plus petites unités de langue, dont la fonction est de constituer les
signifiants des signes et de les distinguer entre eux. Par exemple : [sœ: r – кœ: r – рœ: r].
Dépourvus en eux-mêmes de sens, les phonèmes s, k, p servent à distinguer le sens des mots
transcrits.
2. Morphèmes. Il existe quelques espèces de morphèmes. On distingue, en général, les morphèmes
lexicaux, appelés souvent “lexèmes” (fleur, pomme), les morphèmes dérivationnels (-iste=fleuriste;
-ier= pommier) et les morphèmes grammaticaux qui s’ajoutent aux mots dans le discours (fleuriste
-s; pommier -s).
Les morphèmes forment le niveau supérieur à celui des phonèmes, et inférieur à celui des mots. Par
la forme, ils peuvent s’identifier à un phonème (-ons [õ]; -ait [ɛ]) ou à un mot âge, eau).
3. Mots. Les mots sont considérés par la grande majorité des linguistes comme un signe-type. Ils
constituent le niveau supérieur par rapports aux morphèmes. Généralement les mots sont formés de
deux ou de plusieurs morphèmes, mais il arrive que le mot comporte un seul morphème : en ce cas,
ils se confondent, comme dans le, notre, eau, table, beau, etc.
4. Phrases. De suites de mots, ordonnées d’après les règles de grammaire, et exprimant un sens,
constituent le niveau supérieur, celui de phrase.
Les derniers temps, nombreux linguistes accordent au texte le statut d’un signe linguistique.
7. LES ASPECTS D’ETUDE DES SIGNES LINGUISTIQUES
On distingue trois aspects dans l’étude du signe : 1) syntaxique, 2) sémantique et 3) pragmatique.
L'aspect syntaxique (on dit parfois syntactique) a pour objet d’étude les relations formelles des
signes entre eux dans la chaine parlée.
Chaque signe dans une suite syntagmatique est caractérisé structurellement. Il est situé soit au début,
soit à la fin, ou entre d’autres signes. Il forme avec d’autres signes des groupes cohérents qui peuvent être
remplacés par d’autres signes. Au moyen de signes de base on peut former, a 1’aide de certaines règles de
construction, des suites de signes. Ces suites de signes s’appellent la syntaxe d’une langue.
L’aspect sémantique. Un signe linguistique n’entre pas seulement en rapport avec d’autres signes, il
signifie quelque chose. L’aspect sémantique a donc pour but d’étudier les relations du signe aux objets,
auxquels il est applicable. Cette relation engendre la signification du signe, en d’autres termes, elle fait naitre
son sens. La sémantique est liée avec l’étude du sens.
Pour beaucoup d’entre eux, le sens d’un signe linguistique est constitué par la représentation suggérée
par ce signe, lorsqu’il est actualisé dans un énoncé. C’est une représentation individuelle, de nature
associative, que chaque personne, qui utilise le signe, se forme dans sa pensée. Par contre, la signification du
signe linguistique c’est quelque chose de commun pour tous ses usagers. Autrement dit, c’est le contenu
sémantique du signe qui constitue son signifie. Ce terme est aussi vague que le terme sens.
En général, les linguistes français ne voient pas beaucoup de différence entre les termes : signification
et sens. Nous aliens comprendre par la signification d’un signe son signifié.
L’aspect pragmatique. Cet aspect d’étude du signe linguistique est très présent dans les recherches
linguistiques d’aujourd’hui. Les spécialistes interprètent différemment cette nouvelle discipline linguistique
et ses objectifs.
Selon de nombreux auteurs, la pragmatique vise à expliquer la présence humaine dans la nature
fonctionnelle du signe.
Par exemple, je m’adresse à vous, à mes interlocuteurs en la situation, en disant: Aujourd’hui il у a
une rencontre avec le président de l’université. Ayant entendu cette phrase, vous commencez à raisonner :
Les universitaires auront aujourd’hui une rencontre avec la personne qui est actuellement le président de
l’université. Ça, c’est une information du code linguistique, l’information contenue dans les mots qui
composent mon énoncé. Mais cette information n’est point suffisante pour pouvoir comprendre mes
intentions discoursives dans leur intégrité. Alors votre conscience continue à produire des raisonnements du
type: Pourquoi donc le prof nous le dit-il? Qu’est-ce qu’il у a de si important pour que le président organise
cette rencontre? Est-ce que notre prof у est convoqué? Quand cette rencontre aura-t-elle lieu? Allons-nous
participer à cette rencontre? Peut-être le prof le dit pour expliquer pourquoi il est oblige d’annuler les cours
d’aujourd’hui? Et ainsi de suite. Toutes ces pensées relèvent de la pragmatique. Et les opérations de la
pensée permettant au destinataire de tirer le sens implicite des énoncés, s’appuyant sur les différentes
composantes du contexte s’appellent “inférences discursives”. Les pragmaticiens distinguent les inférences
contextuelles (notre exemple) et les inférences situationnelles, lorsque le sujet interprétant l’énoncé recourt
aux données de la situions. Par exemple : Il fait froid ici. Le sens implicite de cette phrase est bien
transparent, parce que vous, comme destinataire de ce message, vous vous trouvez ici.
La pragmatique a pour tâche de décrire, à l’aide de principes non linguistiques, les processus
d’inférences nécessaires pour accéder au sens implicite communiquer par l’énoncé.
La syntactique, la sémantique et la pragmatique sont trois différents aspects d’une même science,
nommée par F. de Saussure sémiologie. “La sémiologie” est définie comme une science linguistique, “qui
étudie les systèmes d’unités à deux faces” [Martinet J., p. 170], c’est-à-dire, les signes linguistiques, tandis
que la “sémiotique” est une science générale des signes et des systèmes de communication verbales et non
verbales.
Questions de contrôle
Bibliographie
Benveniste E. Problèmes de la linguistique générale. Paris, 1966. T. 1.356 p.; 1974. T. 2. 286 p.
Chevalier, Jean – Claude. Histoire de la grammaire française. Paris, 1994.
Chevalier, Jean-Claude. Grammaire du français contemporain. Paris, 1994.
Larousse. Grammaire du XX-ième siècle. Paris, 1992.
Popovych M.M. Cours théorique de grammaire française. Morphologie. Чернівці, 2010. 287 с.
COURS 2
LA GRAMMAIRE THEORIQUE ET SON OBJET D’ETUDE
Plan :
1. Définition de la grammaire
2. Les objets d’étude de la grammaire
3. Types de grammaires
4. Le problème de la distinction de la morphologie et de la syntaxe
5. Les liens de la grammaire avec d’autres disciplines linguistiques

1. DEFINITION DE LA GRAMMAIRE
Les linguistes donnent quelques définitions à la notion « grammaire»:
 - « science d’écrire correctement, de concevoir correctement ce qui est écrit, et de prononcer
correctement ce qui est conçu » – la plus ancienne conception de la grammaire;
 - «la grammaire est l’art de parler » – les linguistes de Port-Royal ;
 - «la grammaire est ensemble des règles à suivre pour parler et écrire correctement une langue » – Le
Petit Robert ;
 - «la grammaire est la science des signes » – Destutt de Tracy;
La GRAMMAIRE est une science linguistique qui a pour but d’étudier la nature des signes
linguistiques en tant qu’unités de la langue et les particularités de leur fonctionnement dans les
actes de la parole ou, autrement dit, dans le discours.
2. LES OBJETS D’ETUDE DE LA GRAMMAIRE. 3. TYPES DE GRAMMAIRES
Le mot « grammaire» est polysémique, et de ce fait désigne divers objets:
1) ensemble des connaissance intuitives qui permettent à l’homme de parler ; 2) étude systématique des
éléments constitutifs d’une langue ; 3) livre présentant les résultats de cette étude ; 4) discipline
d’enseignement.
Il y a différents types de grammaires avec leurs propres objets d’étude. On distingue deux types de
grammaires : la grammaire théorique et la grammaire pratique.
Le but de la grammaire pratique c’est la présentation des règles de grammaire nécessaires pour
l’organisation et la compréhension correcte de l’énoncé.
Le but de la grammaire théorique c’est l’explication de ces règles d’un certain point de vue dans la
théorie linguistique en général.
Il y a beaucoup de types de grammaires pratiques.
La grammaire descriptive se limite à la description des faits du système grammatical de la langue.
Elle a pour but de décrire la langue comme un système de signes linguistiques.
La grammaire prescriptive (normative) s’occupe spécialement de l’analyse des faits de la langue
par rapport à la norme, en remarquant ce qui est correct et ce qui n’est pas correct dans telle ou telle
tournure. Un exemple de grammaire normative c’est la grammaire de M. Grevisse ”Le Bon Usage” (10-e
éd., 1975), de même les dictionnaires de difficultés grammaticales (Encyclopédie du bon français dans
l’usage contemporain, 1972).
La grammaire synchronique qui décrit un état donné d’une langue, qu’il soit contemporain ou
ancien. La grammaire diachronique qui étudie les différentes étapes de l’évolution d’une langue. La
grammaire comparée qui confronte deux ou plusieurs langues dans un ou plusieurs domaines pour établir
entre elles des différences et des ressemblances typologiques. La grammaire générale qui se propose
d’étudier les faits linguistiques propres à plusieurs langues, de décrire les principes généraux du
fonctionnement du langage humain.
Les types de grammaires théoriques
Il existe plusieurs types de grammaires théoriques. Leurs variétés sont établies à partir des relations
sémiotiques entre trois réalités : 1) l’homme parlant ; 2) le signe linguistique ; 3) les objets de la réalité
désignés par les signes linguistiques. On distingue, donc :
a) La grammaire formelle (structurale) qui tâche d’expliquer les faits de la langue par les rapports
internes, qui s’établissent entre les signes, laissant en ombre la pensée, la réalité du monde environnant et la
psychologie du sujet parlant.
A la grammaire formelle s’oppose la grammaire sémantique, qui tâche d’expliquer les faits de la
langue en rapport avec la réalité. On distingue beaucoup de types de grammaires sémantiques : grammaire
logique, grammaire fonctionnelle, grammaire cognitive, grammaire psychologique, etc.
Dans le cadre de la grammaire structurale (formelle) on distingue aussi deux types de grammaires: I -
la grammaire descriptive qui s’appuie sur la méthode distributionnelle qui a à la base les rapports
syntagmatiques entre les éléments de la langue, c’est la grammaire distributive (exemple je) et II – la
grammaire transformationnelle qui se base sur les rapports paradigmatiques entre les éléments de la langue.
(Exemple mère)
La grammaire théorique que nous nous proposons d’enseigner peut être définie comme la
grammaire linguistique. Elle a pour visée de décrire la morphosyntaxe de la langue française sous deux
aspects : sémantique et fonctionnel.
4. LE PROBLEME DE LA DISTINCTION DE LA MORPHOLOGIE ET DE LA SYNTAXE
La grammaire c’est le compartiment de la linguistique qui étudie les lois des changements des mots et
les rapports entre eux, formant des énoncés logiques.
La grammaire à son tour a deux compartiments : la morphologie et la syntaxe.
La morphologie c’est la science qui s’occupe des changements des mots et la syntaxe c’est la science
qui étudie les relations des mots dans la phrase.
La morphologie étudie les morphèmes grammaticaux et les valeurs grammaticales qu’ils expriment.
La syntaxe étudie les questions liées à l’organisation de la phrase, les relations et les fonctions des
mots dans la phrase, l’emploi des mots outils, l’ordre des mots, les valeurs exprimées à l’aide des moyens
phrastiques.
5. LES LIENS DE LA GRAMMAIRE AVEC D’AUTRES DISCIPLINES LINGUISTIQUES
La grammaire est en liaison directe avec toutes les autres disciplines ou compartiments de la langue :
la lexicologie où on étudie le lexème, la phonétique – le phonème, la morphologie – le grammème, la
syntaxe – le syntaxème (le syntagme).
La lexicologie étudie le mot du point de vue de son sens et de sa formation, fait qui est à la frontière
de la lexicologie et de la grammaire ; c’est pourquoi on l’étudie tantôt dans la lexicologie, tantôt dans la
grammaire.
La grammaire est liée avec les autres compartiments de la linguistique d’après le principe que chaque
unité du niveau inférieur sert de base pour former une unité de niveau supérieur : les phonèmes se combinent
en formant des morphèmes, les morphèmes – forment des mots, les mots – des groupements de mots etc.
La grammaire est aussi en liaison avec la stylistique car les moyens grammaticaux servent à former
les styles fonctionnels de la langue, les moyens affectifs du langage : la correctitude, la précision,
l’expression du langage, la synonymie grammaticale, le sens figurés et les fonctions secondaires des moyens
grammaticaux – c’est là le contact entre la grammaire et la stylistique.
La liaison de la grammaire avec l’histoire de la langue s’explique par le fait que le côté grammatical
de la langue évolue plus lentement que le côté lexical et phonétique. Dans la structure grammaticale, on peut
toujours rencontrer des formes archaïques : je / moi, tu / toi, il / lui – deux formes, mais : elle- elle – une
seule forme, tout cela trouve son explication dans l’évolution des formes, c’est-à-dire, dans l’histoire de la
langue.
Enfin la grammaire a des liens communs avec la typologie. La comparaison de la langue française
avec la langue maternelle permet de rétablir les lois communes du fonctionnement des deux systèmes
grammaticaux (français et roumain) et en même temps de voir en quoi consiste leur différence, relever les
moments d’interférence et d’éviter les fautes.
4. Mentionnez les liens de la grammaire avec d’autres disciplines linguistiques.
COURS 3
LA CATEGORIE GRAMMATICALE
Plan :
1. La notion de la catégorie grammaticale
2. La valeur grammaticale
3. La forme grammaticale
4. Types de morphèmes grammaticaux
5. La structure de la catégorie
6. Types de catégories grammaticales
7. L’asymétrie structurale de la forme et de la valeur grammaticales
8. Traits pertinents de l’analytisme français
1. LA NOTION DE LA CATEGORIE GRAMMATICALE
L’élément de base de l’organisation grammaticale de la langue c’est la catégorie grammaticale.
Le terme catégorie désigne une classe dont les membres figurent dans les mêmes environnements
syntaxiques et entretiennent entre eux des relations particulières «Dictionnaire de linguistique».
La catégorie grammaticale représente l’unité dialectique de la valeur grammaticale et de la forme
grammaticale. Par ex., les mots: chaise, table, bibliothèque etc. qui peuvent figurer dans le même
environnement syntaxique (Pierre essuie la table, la chaise, la bibliothèque) appartiennent à la même
catégorie.
2. LA VALEUR GRAMMATICALE
Le sens grammatical est a) une composante obligatoire d’un mot ; b) il diffère du sens lexical auquel il
s’intègre.
Les problèmes concernant la valeur grammaticale découlent de ceux de la forme. Chaque forme est destinée
à exprimer plus d’une valeur grammaticale.
Par ex., la forme : nous allons – possède la valeur de personne, de nombre, de temps ; la forme : une
maisonnette exprime le genre, le nombre et une valeur diminutive.
Ici il s’agit de la valeur d’une forme morphologique. Mais si l’on passe à la syntaxe, alors on a affaire avec
les parties du discours en fonction des termes de la proposition et ici apparaissent les valeurs de ces
catégories syntaxiques comme sujet, prédicat etc.
La valeur grammaticale est plus vaste que celle lexicale. D’habitude elle comprend un noyau constitué le
plus souvent par une catégorie morphologique et une périphérie où se trouvent d’autres moyens
(grammaticaux et lexicaux) exprimant la même valeur.
Dans chaque secteur de la structure de la langue on distingue le noyau et la périphérie. Par exemple, les
noms d’être et de chose c’est le noyau du substantive, tandis que les noms abstraits sont à la périphérie. Ils
n’ont pas de nombre qui est une catégorie constitutive du nom. La formation du pluriel des substantifs à
l’aide de la terminaison –s représente le noyau tandis que les formes supplétives oeil-yeux, travail-travaux se
trouvent à la périphérie. Les formes personnelles du verbe c’est le noyau du système verbal, les formes non-
personnelles (infinitif, participes, gérondif) sont à la périphérie, elles ne jouent pas le rôle du prédicat dans la
proposition.
La valeur grammaticale diffère de la valeur lexicale par les traits suivants:
 le sens lexical s’exprime par un seul mot (un groupe de mots - en cas de synonymes), tandis que le
sens grammatical s’étend à toute une classe de mots ou bien à une grande partie des mots de la classe.
P.ex.: la catégorie du genre est propre à tous les noms mais la catégorie du nombre seulement à les
noms nombrables;
 le sens grammatical est toujours catégoriel de par sa nature;
 extention à une grande série de mots (la valeur lexicale se manifeste dans un seul mot ou dans un
groupe de mots de la même famille);
 caractère obligatoire pour une classe de mots donnée (tout substantif français doit être du masculin ou
du féminin);
 le sens grammatical ne peut pas modifier la signification, alors que l’adjonction d’un élément lexical
modifie la référence du mot, et il commence à désigner un autre objet. P.ex.: maison – maisons;
maison – maisonette. Le morphème -s ne change pas la valeur lexicale du mot maison tandis que
maison – maisonette s’appliquent à des objets différents; le sens grammatical. Exceptions: un livre –
une livre; une aide – un aide, etc.
 caractère fermé du système. La quantité des catégories grammaticales est limitée et reste la même
pendant des siècles, tandis qu’on voit apparaître de nouveaux lexèmes. Les autres deviennent
archaïques et disparaissent de l’usage. P.ex.: Le nom en a quatre au niveau morphologique:
substantivité, genre, nombre, détermination; le verbe en a six: action, temps, mode, aspect, personne,
nombre.
3. LA FORME GRAMMATICALE
La forme grammaticale est appelée «morhème» ou encore «grammème». La forme grammaticale est
l’union d’une valeur grammaticale (le sens) et d’une valeur lexicale (la forme) qui vise à exprimer une
valeur catégorielle (lexico – grammaticale) de telle ou telle partie du discours.
La difference entre grammèmes et lexèmes
 Critère de sens. Le sens d’un lexème est individuel, alors le sens d’un grammème est commun.
 Critère formel. Les morphèmes grammaticaux sont le plus souvent monosyllabiques, et de par leur
nature peuvent être indépendants d’un lexème ou dépendant. P. ex.: les hommes, ai dit, au cinéma,
répondez, tables, beaux.
 Critère quantitatif. Les morphèmes grammaticaux constituent des ensembles clos et très restreints.
Leur nombre dans chaque langue est limité. P. ex.: le nombre d’articles et le nombre de noms
(néologismes, archaïsmes).
 Critère fonctionnel. Les morphèmes lexicaux regroupent deux sortes d’éléments: 1) ceux, qui
expriment un sens lexical de façon autonome: lire, livre, magnifique; 2) ceux, qui servent à
former d’autres mots: -ant → étudiant, -eur → rougeur, «morphèmes dérivationnels». Les morphèmes
grammaticaux contribuent à l’organisation grammaticale de la phrase, qu’il s’agisse des marques
morphosyntaxiques (les désinences) ou des mots-outils, qui servent à exprimer les relations entre mots
et groupements de mots dans la structure phrastique (prépositions et conjonctions), qui assurent
l’actualisation des mots dans le discours (déterminants) ou qui servent à former des temps verbaux
(les auxiliaires).
 Critère de Boas (linguiste américain Franz Boas). Les morphèmes grammaticaux ont le caractère
obligatoire.
Le morphème grammatical a pour devoir d’exprimer un sens grammatical. Or, tout élément
linguistique qui exprime un sens grammatical doit être classé dans la catégorie de morphème.
4. TYPES DE MORPHEMES GRAMMATICAUX

Formes synthétiques Formes analytiques

Les mots-utils qui accompagnent les


La supplétion qui s’exprime par la lexèmes autonomes en les aidant à exprimer
modification du radical du mot, ou même par les valeurs grammaticales: le livre, aussi
l’hétéronymie. beau que, en bois, etc.
Par exemple: œil - yeux, bon - meilleur, ciel -
cieux, bel — beaux, (je) suis — (tu) es.

Différents types de flexions qu’on additionne L’environnement du mot dans la chaîne


au mot (phénomène d’agglutination) ou bien parlée. Ce procédé aide les mots autonomes
qu’on modifie dans la structure du mot à réaliser leurs fonctions syntaxiques. P.ex.,
(phénomène de déclinaison et de l’ordre des mots sert à distinguer les
conjugaison). Par exemple : catégories de sujet et d’objet : La mère aime
son enfant/L’enfant aime sa mère. L'enfant
Agglutination : étudiant - étudiante,
de l’ami est venu / L’ami de l’enfant est
livre - livres. venu. Il parle à son ami / Il parle de son ami,
etc.
Déclinaison : heureux - heureuse,
veuf - veuve, époux - épouse.
Conjugaison : parlons - parlez-parlent.

5. LA STRUCTURE DE LA CATEGORIE
L’opposition des valeurs et des formes grammaticales est la condition nécessaire de l’existence d’une
catégorie grammaticale. S’il n’y a pas d’opposition de valeurs grammaticales rendues par des formes
différentes, la catégorie grammaticale n’existe pas. L’opposition binaire est tenue pour la condition
minimale de l’existence d’une catégorie. Par exemple, la catégorie du genre du nom français oppose deux
valeurs grammaticales: le féminin et le masculin.
Les valeurs opposées s’appellent “sous-catégories”. Par exemple, la catégorie du temps verbal comprend
plus de vingt temps différents dont les oppositions se reflètent dans plusieurs sous-catégories: présent -
passé; passé non-actuel - passé actuel; passé inachevé -passé achevé, passé antérieur au présent - passé
postérieur au présent, passé réel – passé. La catégorie du genre en français comprend deux sous-catégories:
le féminin et le masculin.
6. TYPES DE CATEGORIES GRAMMATICALES
Il existe les catégories morphologiques et les catégories syntaxiques.
Les catégories morphologiques sont conçues comme un système de valeurs grammaticales, propres
aux unités lexicales isolées de chaque partie du discours.
Par exemple, le nom français possède trois catégories morphologiques, celles indiquant la substance,
le genre et le nombre.
Beaucoup de grammairiens considèrent la combinaison de l’article avec un nom comme une
“molécule syntaxique”. Certains linguistes, prenant l’article pour un morphème, y ajoutent encore la
catégorie de la détermination.
Les catégories syntaxiques. A la différence des catégories morphologiques, qui ont pour devoir de
former l’aspect grammatical d’un mot isolé, les catégories syntaxiques font double emploi. 1) D’une part,
elles définissent le rôle du mot dans la phrase, qui peut être celui du sujet, du prédicat, du complément, de
l’attribut et ainsi de suite, 2) d’autre part, elles établissent ses rapports syntagmatiques avec d’autres mots
qui structurent la même phrase. Ainsi, les catégories syntaxiques contribuent à l’organisation sémantique et
structurale de chaque phrase.
Le classement des catégories morphologiques
Les catégories morphologiques se prêtent aux différents classements. Considérées du point de vue de leurs
rapports avec la réalité extralinguistique, certaines de ces catégories sont appelées significatives (ayant un
contenu sémantique) et d’autres non-significatives (privées de contenue sémantique). Par exemple, la
catégorie du temps verbal est significative en tant que la réflexion grammaticale du temps ontologique. Au
contraire, les catégories du nombre et du genre des adjectifs sont non-significatives, parce qu’elles ne
correspondent à rien de concret dans la réalité extralinguistique.
Prenant en considération le facteur humain, on divise les catégories significatives en catégories subjectives
et objectives : “les catégories objectives reflètent les propriétés et les rapports entre objets, indépendamment
de la vision subjective du sujet parlant”. Ce sont: le genre, le nombre et d’autres. “Les catégories subjectives
(...) reflètent les relations et les propriétés des objets du point de vue des locuteurs”. Ce sont: la personne, la
voix, le mode, la détermination et d’autres.
On distingue quatre groupes de catégories morphologiques:
 celles qui préparent les mots à jouer un rôle dans la phrase et qui, dans l’acte concret du discours,
expriment les rapports de ces mots avec d’autres mots: les formes casuelles du substantif et du
pronom, les formes finies et infinies du verbe, les catégories du genre et du nombre dans l’adjectif et
dans le verbe - catégories qui servent à assurer leur accord avec le substantif, etc.
 celles qui reflètent les formes d’existence des phénomènes donnés dans la réalité objective: la
catégorie du nombre du substantif, les catégories du temps et de l’aspect verbal, les degrés de
comparaison des adjectifs, etc.;
 celles qui reflètent différentes attitudes du sujet parlant face aux phénomènes donnés: la catégorie du
mode verbal, la catégorie de la détermination du substantif;
 celles qui servent à classer les phénomènes: les catégories du genre et du nombre des substantifs, la
catégorie de la personne du pronom, etc
Le classement des catégories morphologiques
On distingue les catégories proprement grammaticales et les catégories lexico-grammaticales.
Les catégories proprement grammaticales se rapportent à toutes les unités lexicales de la même classe.
Par exemple, le temps verbal est une caractéristique catégorielle de tous les verbes sans exception.
Les catégories lcxico-graminaticales sont propres seulement à une partie d’unités lexicales de la même
classe. Par exemple, la catégorie des degrés de comparaison des adjectifs ne concerne que les adjectifs
qualificatifs; le pluriel des noms s’exprime seulement par des noms comptables.
Les derniers temps, sous l’influence de la théorie fonctionnelle de la langue, qui a donné naissance à
la grammaire fonctionnelle (cette grammaire étudie les fonctions de chaque forme, en signalant son
caractère sémantique ou non-sémantique), certaines catégories grammaticales sont examinées comme un
champ sémantico-fonctionnel, ayant son centre grammatical et sa périphérie lexico-grammaticale. Une
telle organisation est propre, par exemple, à la catégorie de la détermination du nom. Elle comprend un
noyau, constitué par l’article (c’est son centre grammatical), et une périphérie, constituée par tous les
éléments lexicaux et tous les procédés grammaticaux, qui peuvent exprimer les mêmes valeurs
catégorielles que l’article.
7. L’ASYMETRIE STRUCTURALE DE LA FORME ET DE LA VALEUR GRAMMATICALES
Entre une forme grammaticale et son contenu il n’y a pas de proportions quantitatives régulières, parce
qu’une seule forme peut exprimer plusieurs valeurs grammaticales et, au contraire, la même valeur peut
s’exprimer à l’aide de différentes formes.
Par exemple, la flexion -s sert à exprimer le pluriel des noms, des adjectifs et de différents déterminatifs, la
première et la deuxième personne du singulier de beaucoup de verbes aux différents temps, etc. D’autre part,
le pluriel des noms s’exprime en français à l’aide des désinences -s, -x, -z et beaucoup d’autres formes
grammaticales.
Un tel déséquilibre dans le fonctionnement de deux composantes de la catégorie grammaticale est considéré
comme l’asymétrie de sa structure.
L’asymétrie entre la forme et le contenu de la catégorie a trois plans d’expression:
1. le plan sémiotique;
2. le plan paradigmatique;
3. le plan syntagmatique.
Chaque plan présente deux types d’asymétrie.

Le plan sémiotique Le plan paradigmatique Le plan syntagmatique

La forme zéro a lieu, L’asymétrie de la forme La forme amalgamée est en


quand une valeur polysémique consiste en fait une forme polysémique
grammaticale ne s’exprime ce qu’un seul morphème qui cumule plusieurs valeurs
pas au moyen d’un exprime différentes valeurs grammaticales.
morphème, mais au moyen grammaticales.
d’un lexème.
P.ex.: les formes “le”, P.ex.: le morphème -ions
P.ex.: l’absence de “la”, “les” remplissent dans “Nous chantions”
marqueur du masculin noir deux rôles en français, exprime les valeurs
- noire; l’absence de marquant les valeurs des grammaticales suivantes: le
marqueur du nombre articles définis et celles des mode (indicatif), le temps
singulier étudiant . pronoms personnels. (imparfait), la voix (active),
la personne (première) et le
nombre (pluriel).

La forme vide se Les formes synonymiques La forme analytique est


manifeste, quand un signe, sont celles qui servent à structurée par des éléments
intégré au mot, n’est exprimer dans la langue les séparables exprimant
porteur d’aucun sens. mêmes valeurs ensemble un contenu
grammaticales. grammatical.
P.ex.: le suffuixe –iss- du
2ème groupe des verbs. P.ex.: le pluriel des noms P.ex.: plusieurs temps
s’exprime en français au verbaux se forment en
moyen des terminaisons -s, français par la voie
-x, -z; la première personne analytique, c’est-à-dire, à
du singulier des verbes au l’aide d’un verbe auxiliaire
Présent s’exprime par -e combiné avec le participe du
(Je parle), -s (je dis), -x (je verbe qu’on veut conjuguer.
veux). La langue française, où les
formes analytiques
prédominent, est classée
comme une langue
analytique.
8. TRAITS PERTINENTS DE L’ANALYTISME FRANÇAIS
Dans les langues analytiques beaucoup de mots restent morphologiquement invariables. Autrement
dit, ils s'écrivent et se prononcent toujours de la même manière.
Il est important de souligner, que le français n’est pas une langue analytique pure, mais plutôt une langue
flexionnelle:
Le français a une conjugaison très riche. Les verbes ne s'écrivent pas de la même manière en fonction du
sujet, du temps et du mode. Un verbe possède en général au moins 35 flexions différentes.
Un nom commun, un adjectif et un article s'écrivent différemment en fonction du genre et du nombre. On
parle dans ce cas de déclinaison.
Singulier
Français L'enfant de ma vieille voisine a vu le cheval blanc qui tirait la charrette.
Anglais The child of my old neighbour saw the white horse who pulled the cart.
Pluriel
Français Les enfants de mes vieilles voisines ont vu les chevaux blancs qui tiraient les charrettes.
Anglais The children of my old neighbours saw the white horses who pulled the carts.
L’analytisme français se caractérise par les traits suivants:
 La réduction des formes synthétiques qui cèdent la place aux formes analytiques. Autrement dit, la
flexion disparaît graduellement du français, surtout dans le code oral. P.ex.: le pluriel des noms et des
adjectifs ne se fait plus distinguer en oral.
 L’abondance des formes analytiques. En français les sémantèmes ne peuvent pas être actualisés dans
le discours sans l’aide des mots-outils. “molécules syntaxiques”.
 L’ordre des mots dans la phrase française est fixe et progressif. La structure standard de la phrase
française est: sujet + prédicat + compléments. Un tel ordre des mots dans la phrase s’appelle logique
ou encore thémo-rhématique.
 Le français est également caractérisé par le manque de disjonction des groupes syntaxiques. C’est-à-
dire, que les mots unis étroitement par le sens, normalement, ne peuvent pas être séparés. Par
exemple, dans la phrase “Ça fait déjà longtemps que je ne l'ai pas vu” aucun élément ne peut être
déplacé ni omis sans que ça structure et son contenu sémantique ne soient modifiés.

COURS 4

LA THÉORIE DU MOT
Plan :
1. Définition du mot. Notion lexicale et grammaticale du mot. Les caractéristiques du mot. Mot,
sémantème et molécule syntaxique.
2. Types de mots : significatifs, mots – phrases, mots-outils: a) valeurs des mots-outils; b) valeurs des
mots significatifs. Forme analytique du mot et mot analytique.
La notion du mot, passant généralement pour claire, est en réalité une des plus ambiguës qu’on
rencontre en linguistique. C’est parce qu’en définissant le mot on le place tantôt au point de vue du lexique,
tantôt à celui de la grammaire. Dans le premier cas on appelle mots les signes exprimant les idées énoncées
dans le discours ou les choses dont on parle. Dans le second cas on considère mots des unités de discours
inanalysables comme forme : parle, ou composées d’éléments analysables dans le discours et qui existent
comme pièces autonomes : parl- ons.
Le défaut consiste encore en ce qu’on considère mot seulememnt ce qui est audible dans l’oral et
visible dans l’écrit, en ne tenant pas compte du fait qu’il y a une discordance toujours possible entre le
signifiant et le signifié (forme et contenu). En d’autres termes, on considère mot seulement les signes qui ont
une représentation matérielle, mais ce n’est pas correct, car ceux sans représentation matérielle ont autant de
réalité que les premiers. Ils sont présents dans la pensées et sans eux le discours serait inintelligible. Par
exemple, dans marche : on sous-entend et (tu) le pronom – sujet de la II-ème personne singulier et la valeur
modale de l’impératif (l’ordre).
Ainsi ce qu’on appelle mot est tantôt un signe purement lexical sans aucun ingrédient grammatical :
chat, tantôt un complexe indécomposable de signes qui fonctionne dans le discours grâce à un certain
nombre d’actualisateurs, de ligaments grammaticaux. Par exemple, loup est un signe purement lexical tandis
que lup-us du latin, la flexion –us lui confère une valeur grammaticale de nominatif. Au signe loup du
français correspond le radical lup du latin qui n’a aucune autonomie syntaxique (il ne peut pas être élément
d’une phrase). Le loup du français n’est guère plus autonome dans le discours que le lup du latin car il ne
peut pas figurer à lui seul dans une phrase. Pour remplir une des fonctions du substantif (sujet, complément
d’objet, et du nom…) il doit être actualisé, car on ne peut pas dire : Je vois loup ou Loup mange. Donc, tout
signe purement lexical : a) simple – loup, chat; b) suffixal – bleuâtre; c) composé – rouge-gorge est appelé
sémantème et tout complexe actualisé formé d’un sémantème et d’un ou plusieurs signes grammaticaux
(actualisateurs ou ligaments) nécessaires et suffisants qu’il fonctionne dans une phrase est appelé molécule
syntaxique : chat – c’est un sémantème, mais ce chat – est une molécule syntaxique, car sans l’élément ce
l’élément chat ne peut pas entrer dans une phrase;
march-ons est molécule grâce à la désinence -ons et marche grâce à la désinence zéro (dans l’oral). Ce
concepte est appelé différemment par de différents linguistes : Ch.Bally l’appelle molécule syntaxique; A.
Martinet – syntagme autonome; B.Pottier – lexie et E. Benveniste l’appelle synapsie.
Les éléments d’une molécule peuvent être séparés tout en laissant celle-ci indivisible du point de vue
de la valeur, par exemple, dans la molécule : Je vois on peut intercaler encore un élément : Je (le) vois – les
éléments sont séparés mais le sens (ou la valeur) de la molécule n’est pas détruit. Ils peuvent aussi changer
de place, la molécule restant intacte : il change / change- t-il? Tout simplement cela prouve le fait que la
molécule française est plus analytique que celle latine.
Donc, la question de l’autonomie du mot est ramenée à celle du sémantème. La question est la
suivante : un sémantème, peut-il être en même temps une unité fonctionnelle, c’est-à-dire, une molécule?
Par exemple, loup est-il en même temps sémantème et molécule? Ou le sémantème est complètement
indépendant des autres éléments de la molécule? Bien sûr que non, dans : tu march-ais le sémantème march-
est lié à tu et à –ais (tu---march---ais). Dans les langues indoéuropéennes archaïques, où le lexique est
enchevêtré avec la grammaire, le sémantème est noyé dans la molécule. Par exemple, en latin le
sémantème coïncide avec la molécule, par exemple, dans : dominum sont inclus le sens lexical + une valeur
grammaticale de l’accusatif. C’est un facteur de synthèse; le sémantème enchevêtre la molécule dans les
langues synthétiques. C’est le cas où il.
Il paraît que le français dégage le sémantème de sa grammaticale en le laissant plus indépendant par
rapport à la molécule. En effet les ont été remplacées par les mots-outils : pronoms – sujets, articles,
prépositions, verbes auxiliaires etc. qui devraient libérer le sémantème de la molécule, mais non, la tendance
condensatrice a pour effet d’asservir le sémantème. Tendance condensatrice, selon Ch. Bally, c’est ce qui
rapproche le français du synthétisme, ce qui amène au passage de l’autonomie du mot à l’autonomie du
groupe syntaxique, dont la soudure de éléments est bien évidente. Donc, il en résulte qu’il n’y a aucun mot
français qui soit totalement indépendant.
2. Types de mots
On connaît des mots significatifs ou notionnels (à valeur pleine nominative) qui représentent des
faisceaux de valeurs linguistiques différentes qui forment un seul bloc comme quelque chose d’unique et
d’indissoluble. Il y a aussi des mots- outils et des formes analytiques du mot.
À côté de mots notionnels, dits significatifs, il existe une espèce très particulière de vocables qui se
caractérisent par une valeur non conceptuelle, expressive et émotive. Ce sont les interjections, les
onomatopées, les formules de politesse, telles que Bonjour! Salut! etc.
La fonction de ces mots est purement communicative. Ils ne prennent point part à la formation de la
pensée au niveau des conceptes et s’emploient souvent seuls en qualité de mots-phrases. Ces mots ne
contiennent qu’une seule valeur et se distinguent par leur valeur invariable. Ils ne peuvent pas se combiner
avec les mots- outils qui développent habituellement le contenu des mots notionnels.
Une troisième espèce de mots sont les mots- outils, privés, eux aussi, de valeur nominative,
notionnelle. Mais ils se distinguent des mots – phrases (non conceptuels, interjections…) par leur caractère
logique d’un côté et par leur caractère auxiliaire et dépendant de l’autre côté. Leur rôle consiste en ce qu’il
accompagnent les mots nominatifs en marquant toutes sortes de rapports entre eux. Leur fonction est
semblable à celle des affixes à l’unique différence que les mots-outils sont des vocables à part, fait qui les
raproche aux mots à valeur pleine si on ne tient pas compte de la profonde différence qui existe entre eux
tant sur le plan fonctionnel que sur celui sémantique. Car les mots-outils sont incapables de nommer et ne
reflètent les faits du monde environnant que combinés avec les mots notionnels. Leurs valeurs sont comme
celles des affixes purement grammaticales. Dans les langues comme le français les mots à valeur pleine
n’acquièrent une forme qu’en se combinant avec les mots-outils. C’est une forme analytique qui s’organise
en paradigme comme toute forme synthétique :
lupus / je parle / le livre
lupi / tu parles / du livre
lupo / il parle / au livre
lupum un livre
mon livre
On voit que dans les paradigmes mentionnés ce sont les mots-outils qui varient, les mots notionnels
sont invariables. Ces combinaisons attestent une intégrité intérieure: sémantique, structurale et phonétique.
Les mots-outils se distinguent des affixes par leur mobilité. L’affixe est formellement soudé à son
radical et ne peut pas se déplacer. Le mot-outil, par contre, laisse s’insérer entre lui et le mot significatif un
certain nombre d’autres vocables. Cela ne veut pas dire que la place du mot-outil dans la phrase est libre :
une femme bonne / une bonne femme, dans le II-ème cas la soudure sémantique est plus évidente. Le fait de
pouvoir être séparés des mots pleins parle de leur autonomie relative.
Dans les phrases elliptiques ils peuvent même s’employer seuls:
– Connaissez - vous les Concuguenais ?
– Les ?
– Les Concuguenais. Les habitants du Concugnan.
Au contraire dans le langage parlé ils peuvent être omis, laissant ainsi les mots significatifs sans appui
formel : Vu! Compris! Les valeurs grammaticales des mots- outils sont plus abstraites par rapport aux
valeurs lexicales des mots notionnels, ce qui mène à une soudure plus ou moins idiomatique entre eux.
Les mots-outils proviennent tous des mots nominatifs. A force d’accomplir un rôle accessoire de
mettre en vedette les relations entre les choses, ils laissent en ombre les choses elles-mêmes, ainsi les mots
notionnels se transforment graduellement en mots-outils. Ce phénomène est accompagné d’un
affaiblissement et souvent même d’une modification de la valeur primitive du mot correspondant. Ce
processus s’appelle grammaticalisation. Le degré de grammaticalisation des mots-outils est différent de là
et le degré de cohésion entre les éléments des mots analytiques est différent.
Le I-e degré de soudure : les structures analytiques sont près des structures à syntaxe libre: vouloir,
pouvoir, commencer à + infinitif.
Il y a au contraire des structures analytiques qui se distinguent par un grand degré d’interpénétration
entre les composants : le nom et son article ou le déterminatif, aller + infinitif, venir de + infinitif etc.
Les plus autonomes sont les pronoms conjoints par rapport au verbe car ils gardent une partie de la
valeur primitive des pronoms disjoints avec la même forme. En certains cas ils peuvent même s’employer de
façon absolue sans que le verbe soit sous-entendu. Mais ces cas sont extrêmement rares :
– Qu’ils entrent!
– Qui? Ils?
Au sein d’une forme analytique le mot-outil n’est porteur que d’une seule valeur grammaticale de
base et quelques valeurs grammaticales élémentaires qui se réalisent en même temps. Par exemple, les
verbes auxiliaires dans les temps composés marquent la personne, le nombre, le temps etc. ; l’article devant
le nom marque le nombre, le genre, la détermination, l’indétermination etc.
Dans les structures analytiques ce sont les mots-outils qui varient tandis que les mots significatifs
restent invariables ou amorphes : les participes dans les temps composés, les infinitifs dans les temps
immédiats etc.
Quand on parle des structures analytiques des mots on est en présence d’un paradoxe bien évident :
d’un côté on voit une intégrité intérieure de ces structures, d’un autre côté ces formes se composent des mots
ayant une existence individuelle.
A côté des formes analytiques des mots on a encore des mots analytiques. Dans ce cas il ne s’agit pas
de l’union entre le grammatical et le lexical. C’est la valeur nominative du mot qui s’exprime au moyen
d’une structure analytique. Ça peut être deux ou plusieurs mots notionnels : mettre fin (finir), faire la guerre
(lutter), prendre fin (finir) etc., ou un mot notionnel et un mot outil : de fer (ferré), à vent etc.
Valeurs des mots significatifs
Le mot dit significatif est le support d’une valeur lexicale (nominative) et de plusieures valeurs
grammaticales (non nominatives) qui l’accompagnent. Son contenu global peut contenir un certain nombre
de valeurs connotatives (stylistiques, émotives, expressives etc.) qui constituent le côté affectif du mot.
La valeur lexicale du mot qui réside dans son radical reflète directement la notion du fait
correspondant. Les valeurs grammaticales qui s’expriment par des affixes ou par les mots-outils ont un
caractère accessoire non notionnel. Leur rôle est de créer le fond sur lequel évolue le concepte exprimé par
le radical, en marquant le rapport de ce concepte avec d’autres conceptes ou faits de la réalité objective. Ces
rapports se divisent en plusieurs catégories : a. rapports entre les conceptes dans leur interaction (les
fonctions syntaxiques des mots dans la phrase) : Michel marche (rapport entre le sujet et le prédicat,
l’action); b. rapport entre le concept et les conditions où se manifeste le phénomène qu’il représente : temps,
personne, nombre, aspect (dans le verbe).
Dans ce cas on ne nomme pas les faits, on les indique à travers leurs relations avec d’autres faits,
phénomènes. Donc, les valeurs grammaticales ne se manifestent autrement que par l’intermédiaire des
valeurs lexicales et leur rôle est d’organiser la matière lexicale. Les conceptes par eux-mêmes ne forment
pas un énoncé tant qu’on ignore les rapports entre eux et la réalité. De cette manière les valeurs
grammaticales organisent la matière lexicale.
Donc, il ressort que la valeur globale du mot notionnel renferme tous les éléments nécessaires à son
fonctionnement tant dans le système de la langue que dans le discours. L’intégrité intérieure et l’autonomie
relative rendent le mot facile à manier. On le détache sans peine des autres mots, on le déplace et on l’extrait
de la phrase.
Ce caractère intègre et relativement indépendant du mot est bien remarqué surtout dans les langues
synthétiques où dans le système virtuel de la langue le mot se multiplie en formant des systèmes de formes
appelés paradigmes. Ces formes ayant le même radical et des affixes différents reflètent les emplois
possibles du mot dans l’acte de la parole (le paradigme du verbe, par exemple).
Dans la phrase, au contraire, les mots se lient dans une chaîne en entrant les uns avec les autres en
rapports syntagmatiques.
Conclusions
Les mots d’une langue se répartissent selon le type d’information qu’il portent et le rôle qu’il jouent
dans la formation de la phrase. Sur le plan structural les mots se divisent en :
a) mots simples ( synthétiques, amorphes);t
b) mots analytiques.
Sur le plan fonctionnel les mots se divisent en :
a) mots nominatifs (conceptuels);
b) mots-outils (qui expriment les rapports entre les conceptes).
c) des mots à fonction communicative : interjections et onomatopées qui n’expriment ni conceptes, ni
rapports entre eux, mais qui servent à fixer et à transmettre une certaine information essentiellement
affective.
Ce qui est commun pour tous les mots c’est leur autonomie relative.
L’intégrité intérieure des mots est assurée par leur structure morphologique modelée.
C’est donc l’autonomie relative qui constitue la propriété fondamentale du mot, en tant qu’unité
principale du langage, qui enregistre l’information qui vient du monde extérieur.
A partir de cette caractéristique du mot H.Sweet le qualifie comme unité minimale capable de
constituer une phrase. L.Bloomfield le considère l’élément linguistique jouissant du minimum de liberté
(Bloomfield, Language, Londres, 1935).
Néanmoins, il faut noter, que les linguistes …. (Продовження дивися на зображенні нижче).
Devoirs :
Interrogation orale :

1. Quels sont les traits essentiels du mot français?


2. Le caractère arbitraire du mot en français, c’est quoi?
https://fr.wikipedia.org/wiki/Arbitraire
https://www.sfu.ca/fren270/semiologie/page2_6.html
3. Faites la distinction entre : mot, molécule syntaxique et sémantème. Identifiez les critères en base
desquels on effectue l’analyse. À quel niveau de la grammaire on les identifie?
4. Quels sont les types de mots que vous connaissez?
5. Évaluez les traits spécifiques des mots significatifs, des mots outils et des mots phrase.
6. Faites valoir la différence entre le mot et la partie du discours; traits pertinents.

COURS 5
LA THEORIE DES PARTIES DU DISCOURS ET SES
POINTS LITIGIEUX

1. Origine et développement de la théorie des parties du discours 2.


Définition de la notion “partie du discours”
3. Les critères de l’indetification des parties du discours
4. Les innovations conceptuelles dans l’étude des parties du discours 5.
L’inventaire des parties du discours
6. La transposition fonctionnelle des parties du discours
1. ORIGINE ET DÉVELOPPEMENT DE LA THÉORIE DES PARTIES DU DISCOURS

L’histoire des parties du discours résume l’histoire de la science grammaticale, qui débute au moment, où les
linguistes commencent à s’intéresser à la constitution de la chaîne parlée et à la découper en fragments .

Platon Le philosophe stoïcien Varron Aelius Donatus


Aristote Denys de Thrace
philosophe grec Chrysippe grammairien grec (IVe siècle de
(384-322 av. J.-C.) (170-90 av. J. C.)
(428-348 av. J.-C.) (II s. av. J.-C.) (Ier siècle av. J-C.) notre ère)

Dans la phrase il y a Il distinguait Il y a six parties du Il établit une liste de Sa classification a Il a établi une liste
deux parties: quatre classes de discours: huit parties du pour base deux de parties du
onoma et rhèma qui mots: Onoma (nom); discours: aspects du signe discours qui reste
correspondent à la Rhèma (verbe); Nom linguistique: toujours valide.
dichotomie logique Onoma (nom); Pronom sa forme Elle comprenait:
sujet-prédicat: onoma Rhèma (verbe); Sundesmos Article morphologique 4 parties
sert à désigner des (conjonction); Verbe (variabilité en cas déclinables: nom,
objets et rhèma sert à Sundesmos Arthron (article, Participe et en temps) et son pronom, verbe,
affirmer quelque chose (conjonction); pronom); Adverbe rôle fonctionnel participe;
de ces objets. Selon les Arthron (article, Préposition ( “mots servant à 4 parties
historiens de la pronom). Antônymia (pronoms Conjonction désigner”, “mots à indéclinables:
grammaire, ces deux personnels, pronoms et porter un adverbe,
parties de la phrase adjectifs possessifs); jugement”, “mots conjonction,
correspondent Epirhèma (adverbe). auxiliaires”, “mots préposition,
au nom et au verbe. formant une classe interjection
de réunion”.

Les grammairiens français ont commencé à s’intéresser au problème du classement des mots en parties du
discours et à y apporter des innovations seulement à la fin du XVIs. Ainsi, dans le système des parties du
discours propres à la langue française sont apparues trois nouvelles classes de mots: adjectifs, article et
particule.
2. DÉFINITION DE LA NOTION “PARTIE DU DISCOURS”

Bien qu’on étudie les parties du discours depuis l’antiquité, jusqu’à présent on n’a pu leur donner une définition
satisfaisante. Le plus souvent on considère les parties du discours comme les classes (ou espèces) des mots qui
ont:

un sens lexico-grammatical commun;

des traits morphologiques communs;

des fonctions syntaxiques communes.

Le classement des mots en parties du discours doit avant tout être fondé sur des faits linguistiques propres à
chaque mot. Traditionnellement on prend en considération quatre propriétés linguistiques des mots classifiés:
leur contenu sémantique, leur forme morphologique, leur fonction syntaxique, et leur capacité de se combiner
avec d’autres mots.

Le problème des parties du discours est très contreversé. Les points litigieux les plus importants de la théorie des
parties du discours en français sont:

1) la nécessité de la distinction des parties du discours qui est contesté, par exemple, par la grammaire formelle
distributive, et d’autre part par certaines théories négligeant les différences de structure entre les unités
sémantiques de la langue; 2) les principes de la distinction des parties du discours ; 3) leur inventaire; 4) la
hiérarchie des parties du discours .
3. LES CRITÈRES DE L’INDETIFICATION DES PARTIES DU DISCOURS
Prenant en considération les propriétés précitées des mots, les grammairiens utilisent traditionnellement quatre critères permettant de classer
les mots en parties du discours. Compte tenu des sphères linguistiques que ces critères couvrent, on peut les répartir en trois groupes:
1) critères de langue; 2) critères de parole; 3) critères sémiologique.
CRITÈRES DE LANGUE

CRITÈRE SÉMANTIQUE CRITÈRE MORPHOLOGIQUE

Il a pour point de repère la signification des mots (lexicale et Au premier abord, le critère morphologique paraît être très efficace.
grammaticale). Les linguistes distinguent les parties du discours Mais en réalité, les possibilités classificatoires de ce critère sont fort
essentielles (majeures) et des parties du discours subsidiaires limitées. En premier lieu, il est inapplicable à la majorité des mots
(mineures). outils. En deuxième lieu, il est souvent contradictoire. Ceci est dû à
ce que les mots, appartenant à la même classe sémantique, peuvent
Les parties du discours dites essentielles regroupent les mots à se distinguer par leurs formes morphologiques.
valeur dénominative (on dit encore “conceptuelle” ou “notionnele”).
Ce sont: les noms, qui désignent les objets matériels (choses et Par exemple, les adjectifs relatifs et un certain nombre d’adjectifs
êtres) et les notions abstraites; les verbes, qui expriment les qualificatifs (aîné, cadet, carré, rond, principal, intérieur et d’autres)
processus générés par les objets; les adjectifs, qui désignent des ne forment pas de degrés de comparaison. Cela veut dire, que si le
qualités, qui n’existent pas en dehors des substances individuelles classement des mots en parties du discours était fait exclusivement à
où ils se réalisent; les adverbes, qui nomment les qualités des la base du critère morphologique, on devrait reconnaître que ces
processus. Chaque partie du discours essentielle correspond à une adjectifs, faute de catégorie de comparaison, forment une partie du
façon différente de représenter le monde extralinguistique. discours à part.

Les parties du discours subsidiaires regroupent les mots-outils, qui


marquent les relations entre mots et groupes de mots dans la
structure phrastique (prépositions et conjonctions), qui aident les
mots nominatifs à s’actualiser dans le discours (déterminatifs), qui
servent à exprimer différents sens modaux (particules), enfin ceux,
qui servent à remplacer les parties dénominatives du discours
(pronoms).
3. LES CRITÈRES DE L’INDETIFICATION DES PARTIES DU DISCOURS

CRITÈRES DE PAROLE
Critère syntaxique Critère distributionnel
On a essayé alors de répartir les mots en parties du Le critère distributionnel ainsi que le critère
discours en se basant sur leur fonction syntaxique, syntaxique fait valoir les particularités fonctionnelles
c’est-à-dire dans leur capacité d’assumer le rôle de tel des mots classés, qu’ils manifestent dans le discours.
ou tel terme de la proposition. Dans les actes de parole La distribution d’un mot, c’est l’ensemble des
il n’y a pas de “noms”, “verbes”, “adjectifs”, environnements dans lequel il peut paraîre dans la
“pronoms”, etc., mais il y a des éléments de langage phrase. Par exemple, le verbe français se rencontre
qui composent des énoncés (des phrases). assez souvent dans les positions suivantes:
1. N + V: L ’étudiant travaille.
Vue sous cet angle, chaque partie du discours peut 2. N + V + Adv: L’étudiant travaille bien.
jouer n’importe quel rôle dans la structure syntaxique 3. Pr + V: Il travaille.
de la phrase. Par exemple, l e nom peut fonctionner 4. Pr + V + Adv: Il travaille bien.
dans la phrase comme: sujet, complément (direct, 5. Part + V + Part: L’étudiant ne travaille pas, etc
indirect, circonstanciel), complément de nom, attribut,
apposition, complément d’agent. Analyse distributionnelle: déterminer les rapports
syntagmatiques et paradigmatiques d’une unité.
D’autre part, le même tenue de la phrase peut s’exprimer R a p po rt s s yn t agmatique s : tous les contextes (i.e.
à l’aide de différentes parties du discours. Par exemple, environnements) linguistiques dans lesquels une unité
le sujet s’exprime en français par: le substantif, l’adjectif, s’emploie.
le pronom, l’adverbe, les mots-outils. R a p po rt s p ar adigmatique s : les relations de
Le critère fonctionnel est peu sûr comme instrument de d’équivalence entre une unité et toutes celles qui
classement des mots en parties du discours, parce qu’il pourraient lui être substituées dans les mêmes
permet de réunir dans la même classe fonctionnelle des contextes.
unités sémantiquement et morphologiquement différentes.
3. LES CRITÈRES DE L’INDETIFICATION DES PARTIES DU DISCOURS
Critère sémiologique
Le critère sémiologique montre comment le mot classé présente l’objet de sa référence. Quatre fonctions langagières de signes
linguistiques: 1) nommer; 2) exprimer; 3) indiquer; 4) prononcer. A partir de ces fonctions des signes, il distinguait quatre parties du
discours, qui sont: 1) des substantifs “pour nommer tous les objets dont nous pouvons parler”; 2) des adjectifs “pour en exprimer toutes
les qualités”; 3) des prépositions “pour en indiquer les rapports”; 4)des verbes “pour prononcer tous nos jugements” [Condillac, p. 427].
Dans sa théorie d’incidence, G.Guillaume a examiné ce critère de manière plus approfondie. Selon ce savant, l’incidence est un
mécanisme qui régit la relation entre apport de signification (signe linguistique) et support de signification (réfèrent du signe ) [Guillaume,
1971, p. 149-155]. D’après G. Guillaume, cette relation liée au mot de la langue, est le déterminant majeur des parties du discours.
Guillaume distingue quatre régimes d’incidence des mots :
1. L’incidence interne. C’est une incidence de langue qui n’est propre qu’aux substantifs. Le substantif est un mot qui montre la
nature de l’objet désigné (= le support) au niveau de la langue. Par exemple, le mot “table” ne peut désigner que le meuble (=
support), répondant à la qualification de ce meuble. L’incidence interne est donc le propre des signes référentiels, qui servent à
dénommer les objets du monde.
2. L’incidence externe. C’est une incidence de discours. Elle est propre aux adjectifs et aux verbes, dont l’apport (=la signification
lexicale) n’annonce pas le support (= l’objet désigné) au niveau de la langue. Ces deux classes de mots peuvent se dire, en discours,
de toutes sortes de supports. Par exemple, l’adjectif “grand” peut qualifier un homme, un arbre, un livre, un sentiment, un univers et
des milliers d’autres objets, qui peuvent se présenter comme ses supports dans le discours.
3. L’incidence externe de second degré. Cette incidence a lieu quand le mot se lie avec son support moyennant des mots, se trouvant
déjà en régime d’incidence externe. C’est une incidence à une incidence. Elle caractérise les adverbes, qui n’indiquent pas
directement l’objet de la réalité, auquel ils se rapportent, mais le font indirectement, à l’aide d’un verbe, ou d’un adjectif. Par
exemple, dans la phrase “Il parle correctement", l’adverbe “correctement” se rapporte à “il” (à son support), grâce à la forme verbale
“parle”.
4. La suspension du mécanisme d’incidence. Selon G. Guillaume, le mécanisme d’incidence cesse de fonctionner entre deux termes
de phrase, reliés par une prépostion. . “La préposition apparaît ainsi comme un mot ayant son incidence à un intervalle entre deux
mots, porteur d’une suspension du mécanisme d’incidence” [Guillaume, 1971, p. 154].
La théorie d’incidence de G. Guillaume est fort originale, mais elle laisse de côté beaucoup de mots-outils comme, par exemple, particules,
articles, conjonctions, interjections, certains pronoms et déterminatifs.
Ainsi, aucun des critères que nous venons d’examiner n’est suffisant pour définir les parties du discours de façon non contradictoire. La
cause en est que toute partie du discours se présente comme un phénomène linguistique dont la nature est déterminée par le contenu
sémantique des éléments lexicaux classés, par leurs formes grammaticales, par leurs fonctions syntaxiques et par leurs relations sémio-
tiques.
4. Les innovations conceptuelles dans l’étude des parties du discours
Plusieurs linguistes, trouvant la partition traditionnelle insatisfaisante dans ses fondements théoriques, ont proposé
d’autres principes de classement des mots. Voilà quelques exemples.
1. Les essences logiques de J. Damourette et E. Pichon. Selon ces linguistes, en français il y a quatre catégories de
mots. Un autre type de classement des mots, fait par ces deux grammairiens, est nommé “répartitoire de classes”.
De la combinaison des catégories avec des classes de mots les grammairiens tirent douze essences logiques qui
bouleversent la classification traditionnelle des mots en parties du discours.
Nom Verbe Strument
sémiomes libres susceptibles d’être sémiomes (forme du mot) libres taxiomes (morphèmes
assemblés par l’intermédiaire des jouant dans la phrase un rôle indépendants) “existant dans le
struments et des verbes constructif langage à l’état libre”

Factif
Factif verbal Factif strumental
est le mode d’expression se
Factif nominal (Interjection) (Verbes aux formes personnelles) (Adverbes: oui, si, non, voici,
déroulant essentiellement dans le
voilà)
temps

Substantif
Substantif
nominal Substantif verbal
La substance, que le substantif Substantif strumental (Pronom)
(Nom ou substantif) (Verbe à
représente
l’infinitif)

Adjectif
Adjectif strumental
Adjectif nominal Adjectif verbal
qui exprime les qualités applicables (Article, adjectifs pronominaux,
(Adjectif (Participe)
aux substances noms de nombre)
qualificatif)

Affonctif
Affonctif
Affonctif Affonctif verbal strumental
nominal
qui exprime les modalités (Participe présent précédé de (Adverbe, conjonction, préposition)
(Adverbe)
en)
4. Les innovations conceptuelles dans l’étude des parties du discours
2. L’hypostase logique de Brandal. Brandal distingue en tout 15 parties du discours parmi lesquelles chaque langue choisit les
siennes. Viggo Brandal voulant renouveler l’étude des parties du discours, se donne pour base l’idée que les langues ont un
fondement logique. Il a défini les différentes parties du discours logiquement possibles, à partir de quatre catégories
fondamentales: substance (R), relation (r), quantité (D), qualité (d).
Ces quatre catégories, prises isolement, ou dans leurs combinaisons logiquement cohérentes, permettent de définir les parties
du discours potentielles. Ainsi, on aura Rd pour le nom, rd pour le verbe, RD pour les pronoms personnels, Rr pour les
pronoms possessifs, r pour la préposition, d pour adverbe, et rRDd pour l’interjection, etc.
3. Les “espèces de mots ” de L. Tesnière. Il distingue différentes “espèces de mots”.
1) L’aspec t morphologiqu e des mots lui permet de distinguer les mots variables (les noms, les verbes, les adjectifs et plusieurs
pronoms ) et les mots invariables (tous les mots-outils ). 2) Prenant en compte l e rôl e syntaxiqu e du mot dans la phrase,
L.Tesnière fait la distinction entre les mots constitutifs et les mots subsidiaires. Les mots constitutifs sont toujours autonomes
comme terme de la phrase, alors que les mots subsidiaires n’en sont que des satellites. 3) Le critèr e sémantiqu e sert à répartir les
unités lexicales en mots pleins et mots vides. Les mots pleins possèdent une valeur dénominative autonome, et “représentent les
choses elles-mêmes ou “les idées générales” d’elles: cheval, mer, bonheur, écrire, etc. Ils se subdivisent en définitive e n quatr e
e s p è ce s : substantifs (“mots pleins exprimant l’idée d’une substance”), verbes (“mots pleins exprimant l’idée d’un procès”),
adjectifs (“mots pleins exprimant les attributs abstraits des substances”) et adverbes (“mots pleins exprimant les attributs
abstraits de procès”). Les mots vides comprennent: a) les jonctifs, dont la fonction est d’unir entre eux les mots pleins
(conjonctions); b) les translatifs, qui permettent le passage des mots pleins d’une catégorie dans une autre (prépositions,
articles); c) les indices, qui ont pour fonction de révéler les catégories grammaticales des mots pleins (pronoms conjoints,
déterminatifs, etc.); d) lesanaphoriques, dont le rôle est de remplacer les mots pleins (différentes espèces de pronoms et articles).
4. Les classes de mots d’A. Sauvageot. A. Sauvageot met en pièces l’inventaire traditionnel des parties du discours qui, selon
lui, ne correspond pas aux réalités de la langue française. Il prend pour base un critère purement formel: la distribution des
éléments dans la phrase. Il distingue ainsi troi s classe s d e mot s : noms, verbes, particules (mots-outils). Il distingue quatr e
e s pè c e s : détermintifs nominaux (article, etc.), déterminatifs verbaux (pronoms conjoints), particules rectives (prépositions),
éléments articulatoires (conjonctions). Le trait positif de cette systématisation est le désir de prendre en considération la
fonction du mot, notamment, la différence entre fonction autonome et fonction non-autonome, négligée quelque peu par la
classification traditionnelle. Mais en même temps l’auteur déroge à son principe d’environnement, omettant les pronoms
autonomes et les adverbes, qui ont pourtant une distribution spécifique.
Ces quelques points de vue sur les nouveaux principes de classement des mots en parties du discours montrent en premier lieu
que les linguistes ne peuvent pas se passer de notions et de termes traditionnels, surtout quand il s’agit des parties du discours
essentielles; en second lieu, ils montrent que la science grammaticale n’a pas encore donné de réponse définitive à la question
de ce qu’est une partie du discours, qu’elle est sa nature linguistique, quels éléments lexicaux la structurent et combien il y en a
en tout.
5. L’INVENTAIRE DES PARTIES DU DISCOURS
L’inventaire des parties du discours en français n’est pas établie de façon définitive. Selon les auteurs,
leur nombre varie de 2 à 12. Par exemple, J. Vendryes ne reconnaît que deux espèces de mots, celles
du nom et du verbe [Vendryes, p. 138]. R.-L. Wagner et J. Pinchon distinguent 8 parties du discours,
M. Grevisse - 9, Bonnard - 14, V. Brondal - 15. Dans la langue française le classement des mots en
partie du discours est très controversé, et que le débat sur les parties du discours reste toujours
ouvert. En conséquence nous allons distinguer neuf parties du discours qui seront interprétées comme
suit:
1. Le substantif (le nom). Ce sont des mots morphologiquement variables, qui servent à nommer les
entités statiques du monde physique (arbre, maison, enfant) et du monde psychique (joie, idée, vol),
qui se manifestent à l’esprit de l’homme pensant, et ne sont pas sujettes au temps.
2. Le verbe. Ce sont des mots morphologiquement variables, qui servent à désigner les phénomènes
dynamiques qui se révèlent dans la nature ou dans l’existence des entités statiques, et qui s’écoulent
dans le temps: L'arbre pousse; la maison est construite; l’enfant joue; le vol se déroule.
3. L'adjectif. Ce sont des mots morphologiquement variables, qui servent à caractériser les entités
statiques, à dire comment elles sont: Les arbres verts et feuilles; la maison paternelle; un enfant
intelligent.
4. L’adverbe. Ce sont des mots morphologiquement invariables, qui ont double fonction: d’une
part, ils servent à caractériser les phénomènes dynamiques, à monter comment ils se manifestent
(pousser vite; bien construire; jouer tranquillement; s’exprimer librement), d’autre part, à
préciser le sens d’un adjectif ou d’un autre adverbe: Un enfant très intelligent. L’arbre pousse bien
vite.
5. Le pronom. Ce sont des mots morphologiquement variables, qui servent à indiquer les participants à
l’acte communicatif (je, tu, nous, vous, on, qui), à représenter les entités statiques (le, les, en, que,
celui, le mien, chacun) et les phénomènes dynamiques (Faut-il faire cela? Il le faut), à substituer
tout un énoncé (Qui a fait ce travail? Moi = J’ai fait ce travail).
5. L’INVENTAIRE DES PARTIES DU DISCOURS
6. Le déterminant. Ce sont des mots morphologiquement variables, qui servent à exprimer toutes sortes
d’informations supplémentaires, propre aux entités statiques: leur nombre, leur existence réelle ou
irréelle, leur présence ou absence dans une situation déterminée, leur appartenance à qn, si elles sont
connues ou inconnues des personnes qui en parlent, etc.

7. La préposition. Ce sont des mots morphologiquement invariables, qui servent à exprimer différents
types de rapports qui existent entre les entités statiques, et les phénomènes dynamiques: une tasse de
café; commencer à parler; beaucoup de gens; en face de la maison; penser à eux; belle à ravir, etc.

8. La conjonction. Ce sont des mots morphologiquement invariables, qui servent à relier les mots à
l’intérieur de l’énoncé (ou de la phrase), à exprimer les rapports sémantico-syntaxiques entre deux (ou
plusieurs) parties prédicatives de la phrase.

9. La particule. Ce sont des mots morphologiquement invariables, qui servent à exprimer le but
communicatif de l’énoncé ainsi que les valeurs modales de son contenu discursif: Bref, il n ’a pas oublié
ce jour-là.
5. L’INVENTAIRE DES PARTIES DU DISCOURS
Ainsi peut-on distinguer trois espèces de parties du discours:
1. Celles, qui ont pour principe de classement la référence à la réalité objective (critère
ontologique): le nom, le verbe, l’adjectif et l’adverbe. Ces quatre parties du discours sont
considérées dans la plupart des grammaires comme essentielles ou principales.
Quant à la hiérarchie des parties du discours essentielles, il existe trois théories différentes:
1) la théorie de l’égalité et de l’interdépendance du nom et du verbe auxquels sont
subordonnés respectivement l’adjectif et l’adverbe; “égales en droits”
2) la théorie nominocentrique qui part de la valeur dénominative des mots et place au
sommet de la hiérarchie le substantif, seul susceptible de nommer les choses de façon
absolument autonome; le verbe et l’adjectif se subordonnent au substantif, l’adverbe à ces
derniers;
3) la théorie verbocentrique qui prend pour base le rôle constituant du mot dans la phrase
et voit le terme régissant absolu dans le verbe qui a sous sa dépendance le nom et l’adverbe.
Chacune de ces théories met en relief l’un des traits existant dans la réalité.
2. Celles, qui ont pour principe de classement le rôle syntaxique dans la phrase, (critère
syntagmatique): la préposition, la conjonction, la particule. Ces parties du discours sont
appelées subsidiaires. Privées de fonction nominative, elles servent à exprimer différentes
valeurs grammaticales propres aux parties du discours essentielles.
3. Celles, qui cumulent les deux principes. D’une part, elles font référence à la réalité
objective, d’autre part, elles servent à remplacer les parties essentielles du discours en
marquant leurs rapports logico-syntaxiques: le pronom et le déterminant.
6. LA TRANSPOSITION FONCTIONNELLE DES PARTIES DU DISCOURS
Le classement des mots en parties du discours se complique par le fait de transposition, qui
permet aux mots de remplir dans le discours les fonctions de différentes parties du discours.
Par exemple, le verbe peut se transformer en nom (“La théorie, c 'est le superlatif du
comprendre ” - G. Guillaume), le nom peut fonctionner comme un adjectif (un plat maison),
l’adjectif remplit très souvent le rôle de l’adverbe (voir rouge, manger froid, s'habiller
triste) et l’adverbe, à son tour, peut être utilisé comme un adjectif (un type bien, le siège
avant, une place debout), etc. A la suite de Ch. Bally, qui est considéré à juste titre comme
le fondateur de la théorie de la transposition dans la linguistique française, nous allons
comprendre par ce terme la capacité d’un signe linguistique à assumer la fonction
grammaticale d’une autre classe lexicale à laquelle il n’appartient pas, tout en conservant
son sens sémantique et sa classe d’appartenance. Bref, la transposition fonctionnelle
c’est la modification de la nature grammaticale des éléments lexicaux qui élargit
leurs ressources discursives.
Les linguistes qui étudient le problème de la transposition fonctionnelle distinguent deux
niveaux de sa réalisation: 1) le niveau syntaxique (la transposition syntaxique); 2) le niveau
morphologique (la transposition morphologique). La transposition syntaxique a lieu, quand
le mot remplit la fonction syntaxique d’une autre partie du discours sans modifier sa forme
morphologique et sans quitter sa propre classe d’appartenance. Par exemple: adjectifs dans
le rôle des adverbes travailler ferme, les noms dans le rôle de l’adverbe voter français, etc.
La transposition morphologique se produit quand on attribue au mot de nouvelles valeurs
grammaticales sans modifier son contenu sémantique. Nous tenons à souligner avec cela,
que la morphologie du mot transposé s’adapte à la morphologie des éléments de la classe
dont il accomplit les fonctions grammaticales.
6. LA TRANSPOSITION FONCTIONNELLE DES PARTIES DU DISCOURS

La conversion affecte les unités lexicales de toutes les classes grammaticales, mais les
transpositions les plus nombreuses enrichissent la classe de noms.
Un nom peut devenir:
adjectif: des rubans roses, les masses travailleuses, un cheval de course;
adverbe: agir avec courage, parler avec véhémence.
Un nom peut dériver:
d’adjectifs: le vrai, un rapide, des malades, les permanents;
de pronoms: un rien, des ça, les moi divers, ces autres toi-même;
de verbes (à l’infinitif ou au participe): un être, le boire, des rires étouffés; de vagues
repentirs, des avoirs, etc;
d’adverbes: les pourquoi, les pourtant, des comment, des lendemains;
de prépositions: les avants, un contre;
de conjonctions: des si, des mais, les ça.
Ainsi, nous pouvons constater, que la transposition morphologique des mots se fait à l’aide
des mots-outils (déterminatifs, prépositions) et des morphèmes flexionnels qui modifient non
seulement les valeurs grammaticales du mot transposé, mais aussi bien son “apparence
externe”.
LE VERBE
LE CLASSEMENT DES FORMES VERBALES
1. Définitions du verbe
2. La sous-catégorisation lexico-grammaticale des verbes et de leurs formes
2.1. Classement lexico-sémantique des verbes
2.2. Classement lexico-grammatical des verbes
2.3. Classement morphologique des formes verbales

1. DÉFINITIONS DU VERBE
Les grammaires traditionnelles définissent le verbe comme le mot qui exprime le procès ;
une action, un état, un changement d’état.
Bien des grammairiens de nos jours critiquent la définition sémantique du verbe parce
qu’elle permet, selon eux, de rapporter à cette classe de mots les noms d’actions, qui
désignent, eux-aussi, des procès, comme par exemple : l'arrivée, le départ, la lecture, la
marche, le vol, la sortie, etc.
II faut quand même remarquer qu’entre un nom d’action (on dit encore “un nom verbal”)
et un verbe il y a des différences notables, consistant en ce que:
1) l’action verbale s’écoule dans le temps et cet écoulement est morphologiquement
marqué, tandis que le procès, désigné par le nom d’action n’a pas de marques de temps;
2) l’action verbale suppose un agent d’action, ce qui fait naître la catégorie de la personne.
L’action dénotée par le nom d’action n’a pas d’agent d’action ;
3) l’action verbale est caractérisée par des adverbes, qui se trouvent avec les verbes en
rapports d’adjacence. Les noms d’action sont caractérisés par des adjectifs qui sont avec eux
en rapport de l’accord.
Notons aussi, que les verbes diffèrent des noms d’action non seulement par leurs
caractéristiques morphologiques mais aussi bien par leurs fonctions syntaxiques : le verbe
est le terme central de la phrase autour duquel s’organisent tous les autres éléments
syntaxiques.
Compte tenu de la valeur sémantique des unités de la classe verbale et de leurs variations
morphologiques, nous estimons que, les verbes sont des morphologiquement variables, qui
servent à désigner les phénomènes dynamiques se déroulant dans le temps, propres aux
entités statiques, par exemple : l’arbre pousse ; la maison est construite ; l’enfant dort ; la
joie rayonne ; l’idée s’exprime ; le vol se déroule.
2. LA SOUS-CATÉGORISATION LEXICO-GRAMMATICALE DES
VERBES ET DE LEURS FORMES
2.1. Classement lexico-sémantique des verbes
Compte tenu du sens de chaque unité, le savant (F. Brunot) groupait les verbes en: 1)
verbes de production: chanter, faire, couper, produire, cultiver; 2) verbes instrumentaux:
raboter, bêcher, scier; 3) verbes de matière: argenter, crémer, bétonner, 4) verbes de
manière: escalader, serpenter, bourdonner, 5) verbes de renouvellement: recommencer
renouveler, renfermer, 6) verbes négatifs: mépriser, déshabiller, édenter et ainsi de suite.
En tout le savant distingue treize groupes lexico-sémantiques de verbes [Brunot, p. 216-
219].
Bien que cette classification fut souvent critiquée, le principe de grouper les mots autour
d’une idée centrale a servi du point de départ à l’étude des champs lexico-sémantiques et
conceptuels de mots, ainsi qu’à l’établissement de leurs classes thématiques. Actuellement,
on distingue les verbes de mouvement, de perception, de sentiments, de pensée, de
possession, d’existence et d’autres. Un tel groupement thématique des verbes a son
importance grammaticale. Par exemple, dans la langue française, les verbes de sentiments
exigent l’emploi du subjonctif, les verbes de pensée et de perception demandent souvent la
concordance des temps, les verbes de mouvement ne forment pas la voix passive, etc.
D’après R. Wagner et J. Pinchon (Grammaire du français classique et moderne), “les
notions évoquées par le verbe peuvent être réparties en trois groupes principaux :
1. Des actions. Ex.: boire, frapper, marcher, etc.
2. Des états. Ex.: dormir, peiner, s'ennuyer, etc.
3. Des modifications. Ex.: s’évanouir, pâlir, etc.” [Wagner, p. 218].

V. G. Gak a proposé un autre principe de classement lexico- sémantique des verbes. Il


prend en considération le fait de la modification ou du déplacement spatial des actants,
auxquels est liée la sémantique du verbe. De ce point de vue, il subdivise les verbes en
statiques et dynamiques.
Les verbes statiques désignent des procès au cours desquels le sujet ou l’objet de l’action
ne changent pas sa localisation et ne connaissent pas de modifications intérieures. Par
exemple: habiter, voir, dormir, demeurer, etc.
Les verbes dynamiques désignent des actions produisant des changements extérieurs ou
intérieurs de ses actants. Par exemple: aller, nager, sortir, travailler, écrire, etc.
En fonction de cette caractéristique, les verbes se subdivisent en perfectifs (terminatifs, à
terme fixe, ponctuels) et imperfectifs (cursifs, duratifs, sans terme fixe).
Les verbes perfectifs désignent un procès limité dans sa durée. Le terme final de son
accomplissement est impliqué dans le sens s de ces verbes. Par exemple, les verbes entrer,
sortir, naître, mourir, fermer, ouvrir, casser, etc. sont perfectifs dans leur nature sémantique.
Mais le procès qu’ils expriment ne peut être prolongé, mais il peut éventuellement
recommencer, alors il devient cyclique: Elle sort tous les soirs. Chaque soir il ferme la porte
à clé. Au printemps la nature renaît.
Les verbes imperfectifs présentent le procès dans son déroulement, sans visée d’un
terme final. Ce procès est indéfini, et il peut se prolonger indéfiniment, à moins qu’un autre
événement ne vienne l’interrompre. C’est le cas des verbes aimer, marcher, travailler,
regarder, durer, voler, etc.

2.2. Classement lexico-grammatical des verbes

1. Les verbes significatifs et auxiliaires et 2. Les verbes transitifs et intransitifs

LES VERBES SIGNIFICATIFS ET AUXILIAIRES

Les verbes significatifs gardent dans tous leurs emplois la plénitude de leur propre sens, cela
veut dire, qu’ils indiquent les actions faites ou subies par le sujet.

Les verbes auxiliaires sont ceux qui peuvent se désémantiser et fonctionner comme des
morphèmes grammaticaux en exprimant différentes valeurs grammaticales des autres verbes.

Vu le rôle des auxiliaires dans la formation des temps verbaux, et dans l’expression de
certaines valeurs modales ou aspectuelles des verbes, on peut les subdiviser en trois groupes :

1. Les auxiliaires fondamentaux (principaux, réguliers, proprement dits, purs), représentés


par les verbes être et avoir. Ces verbes, ayant une signification bien déterminée (celle
d’existence : Je pense donc je suis et celle de possession : J’ai trois cours par jour), sont le plus
souvent employés comme des morphèmes grammaticaux.

Le verbe être fonctionne comme morphème grammatical :


• quand il sert à former les temps composés : Elle est arrivée de France ;
• quand il sert à former la voix passive : Cet exercice est déjà fait ;
• quand il fonctionne dans le rôle de copule : Il est étudiant (intelligent) ;
• dans les périphrases : Il est sur le point (en train, en passe, en voie) défaire qch.
Le verbe avoir se transforme en morphème grammatical dans deux cas :
• dans la formation des temps composés : Il a appris cette leçon ;
• dans les périphrases : il a à faire ce travail. Il n’a qu’à dire la vérité.
2. Les auxiliaires occasionnels (secondaires). C’est le cas des verbes aller et venir,
quand ils servent à former les temps immédiats (Elle va (allait) partir. Lui, il vient (venait)
d’arriver).
3. Les semi-auxiliaires. Dans le groupe des semi-auxiliaires on place différents verbes,
capables de former un prédicat composé. Comme nous l’avons déjà dit, la liste de tels verbes
n’est pas stable. Le plus souvent on y classe les verbes à valeur modale, tels que vouloir,
pouvoir, devoir, laisser, faire, faillir, paraître, sembler [Grevisse, p. 643-649].
Les auteurs de la Grammaire méthodique du français subdivisent les semi-auxiliaires en
auxiliaires aspectuels, qui permettent de présenter “le procès à différents stades de sa
réalisation” et les auxiliaires modaux, servant à exprimer la probabilité, la possibilité,
l’obligation et d’autres colorations modales.
LES VERBES TRANSITIFS ET INTRANSITIFS
1. Les verbes transitifs “sont ceux qui expriment une action sortant du sujet et passant
sur un objet” [Grevisse, p. 579]. Par exemple : Il fait un cours. Nous prenons des
notes.

2. Les verbes intransitifs “sont ceux qui expriment une action limitée au sujet et ne
passant sur aucun objet” [Grevisse, p. 579]. Par exemple : L'enfant dort. Le soleil
brille.

La grammaire Le Bon usage, en partant des caractéristiques sémantico-syntaxiques des


verbes, en distingue trois sous-classes :
1) les verbes transitifs directs : Je prends ce livre ; 2) les verbes transitifs indirects - le
passage de l’action verbale sur un objet se fait par le moyen d’une préposition : Elle s'intéresse
à la grammaire. L'homme obéit à la nécessité ; 3) les verbes intransitifs : La neige tombe. Le
chat dort [Grevisse, p. 580].
Avec la notion de la transitivité est étroitement liée la notion de la valence grammaticale
du verbe, c’est-à-dire le nombre de ses liaisons syntaxiques avec d’autres lexèmes.
Traditionnellement on distingue trois types de constructions verbales :

1) constructions monovalentes (S-V) – l’action verbale est limitée au sujet et ne passe


sur aucun objet : L'enfant dort. La neige tombe. Nous voyageons. Sont monovalents les
verbes intransitifs;
2) constructions bivalentes (S-V-C) – l’action verbale sortant du sujet passe sur un
complément (direct ou indirect) : Il fait son devoir. Il sort sa voiture. Il obéit à son père.
Il pense à ses parents ;
Pour la plupart des verbes français bivalents il est difficile de dire s’ils sont transitifs ou
intransitifs ;
3) constructions trivalentes (S-V-Cdir -C indir) – l’action verbale sortant du sujet passe
sur un complément direct et indirect: Il lit un journal aux enfants. Il écrit le texte avec un
stylo. Il donne un livre à son ami. Il parle à son éditeur de son futur livre.

2.3. CLASSEMENT MORPHOLOGIQUE DES FORMES VERBALES

Selon les indices morphologiques, les formes verbales se divisent en formes personnelles,
impersonnelles, pronominales et nominales.

FORMES PERSONNELLES

Ces formes doivent leur nom à ce qu’elles désignent la personne, l’auteur ou le patient de
l’action. Autrement dit, ces formes verbales se caractérisent par la catégorie de la personne, qui
s’exprime au moyen des flexions ou des pronoms personnels conjoints. Les formes
personnelles, assumant le rôle du prédicat de la phrase, varient en nombre (singulier et pluriel)
et en personne: 1) celle, qui parle (locuteur): Je travaille. Nous travaillons ; 2) celle, à qui parle
le locuteur (interlocuteur, destinataire, allocutaire): Tu travailles. Vous travaillez ; 3) celle, dont
on parle (délocuteur, personnes de délocution) : Il travaille. Ils travaillent.

FORMES IMPERSONNELLES

On qualifie par ce terme les formes des verbes, qui ne s’emploient qu’à la troisième personne
du singulier, “sans relation à un sujet déterminé” [Grevisse, p. 600].
Par analogie avec les autres verbes, on leur donne comme sujet le pronom il. Mais dans cet
emploi le pronom il n’est pas représentant, il ne réfère à aucun agent de l’action, exprimée par
le verbe. Il n’est que l’indice morphologique pourvu de la fonction structurale. C’est le signe
d’absence de l’agent d’action.
Comme les verbes impersonnels ne s’emploient qu’à la troisième personne, certains
grammairiens préfèrent les appeler verbes unipersonnels (Grevisse, p. 600; Grammaire
Larousse, p. 316].
Les grammairiens distinguent les verbes impersonnels proprement dits et les emplois
impersonnels des verbes personnels.
Au groupe de verbes impersonnels (on les appelle encore “verbes statutairement
impersonnels”) appartiennent les verbes marquant un phénomène de la nature : Il pleut, il
neige, il tonne, il bruine, il gèle, etc. Plusieurs grammairiens y rangent aussi le verbe falloir et
le verbe faire formant des locutions impersonnelles : Il fait chaud, il fait beau, il fait du vent, il
fait mauvais, il fait du soleil, il fait nuit et beaucoup d’autres [Grammaire Larousse, p. 316;
Chevalier, 1988, p. 325; Grevisse p, 601].
Un grand nombre de verbes personnels peuvent se présenter à la forme impersonnelle dans le
discours, c’est-à-dire, peuvent s’employer impersonnellement : Il arrive que..., il s'agit de..., il
convient de..., il est temps de..., il est dit que... etc. Ils sont alors suivis d’un nom, d’un pronom,
d’un infinitif, d’une proposition complétant le sujet il. Traditionnellement ces compléments du
sujet il sont considérés comme “sujet réel”.
Prenant en considération ce fait, ainsi que le fait, que les verbes impersonnels peuvent
fonctionner au sens figuré comme des verbes personnels (par exemple : Des pétales neigent sur
le tapis (A. Gide). Les boulets pleuvaient (Hugo). Une artillerie tonnait désormais à l'oreille du
peuple (Michelet) certains linguistes (L. Ilya) préfèrent parler de l’emploi impersonnel des
verbes et non pas des verbes impersonnels. Il s’ensuit que, dans la langue française il n’y a pas
de verbes statutairement impersonnels.

FORMES PRONOMINALES

On qualifie traditionnellement de “pronominales” les formes verbales “qui sont


accompagnées d’un des pronoms personnels me, te, se, nous, vous, représentant le même être
ou la même chose que le sujet” [Grevisse, p. 593] : Je me lave. Tu t'habilles. Elles se regardent.
Une telle définition regroupe des unités verbales de différente nature sémantique ce qui rend
leur classement très délicat. Les grammaires françaises pratiquent deux approches de cette
question : 1 ) les verbes pronominaux sont opposés aux verbes non-pronominaux (Grammaire
Larousse, M. Grevisse, R. Wagner et J. Pinchon); 2) les verbes pronominaux sont opposés aux
constructions pronominales (M. Riegel).
Du point de vue du sens, les formes pronominales des verbes se divisent en quelques classes
sémantiques. On distingue notamment les formes réfléchies, réciproques, subjectives et
passives.
1. Formes pronominales réfléchies. Le propre de ces formes est ce, que le pronom
complément (direct ou indirect) y est coréférentiel au sujet. Dans Jean s'habille ou Jean
se lave les mains le sujet Jean est à la fois la source et le but de l’action, exprimée par les
verbes s’habiller et se laver. L’action faite par Jean retourne (se réfléchit) sur lui-même.
2. Formes pronominales réciproques. Ces formes sont pratiquement identiques aux formes
réfléchies, elles ne diffèrent que par le nombre de participants à l’action verbale :
plusieurs sujets exercent une action qui retourne définitivement sur eux-mêmes. Par
exemple : Pierre et Marie s'embrassent. Ils se battent tous les jours. Les enfants se
cherchent dans le jardin.

L’interprétation des formes pronominales réciproques dépend, d’une part, de nos


considérations pragmatiques, et de l’autre, du sens lexical du verbe employé. Par exemple, la
forme verbale se lavent dans Les enfants se lavent peut-être considérée comme réfléchie
(chaque enfant du groupe se lavé) ou comme réciproque (les enfants lavent l ’un l ’autre).
Lorsqu’on dit que les élèves d’une classe se sont battus, cela ne signifie pas que tous les élèves
étaient appliqués à cette action, que chaque élève est au moins une fois l’origine et une j fois le
but du procès se battre.
La valeur des formes pronominales réciproques est parfois renforcée par l’adjonction
d’éléments spécificateurs : réciproquement, mutuellement, l’un l’autre, les uns les autres, entre
eux. Souvent elle est marquée par le préfixe entre (Ils s ’entraident, s'entretiennent,
s’entredévorent, etc.), ou par le contexte.

3. Formes pronominales subjectives. Selon M. Grevisse, dans ces formes le pronom me,
te, se, etc., incorporé au verbe, “ne joue aucun rôle de complément d’objet et sert
simplement (...) à mettre en relief l’activité personnelle du sujet ou à marquer un intérêt
particulier de ce sujet dans l’action ; ce pronom conjoint me, te, se, etc. est une sorte de
particule flexionnelle, de morphème verbal, de “reflet” du sujet et ne doit pas, dans
l’analyse, être distingué de la forme verbale” [Grevisse, p. 597]. Tels sont les emplois des
verbes se douter, se coucher, se moquer, se repentir, se souvenir, s'endormir, se taire, se
tromper et d’autres.

Dans la Grammaire méthodique du français ces formes sont définies comme “neutres”, car ici
il est impossible d’interpréter le complément réfléchi comme un véritable objet, il marque
simplement “la limite finale d’un procès verbal tout entier confiné dans la sphère du sujet”
[Riegel, p. 260].

4. Formes pronominales passives. Ces formes diffèrent des formes précédentes par
quelques traits distinctifs : 1) elles ne s’emploient qu’à la troisième personne ; 2) elles ne
sont possibles qu’avec les verbes transitifs ; 3) l’agent de l’action n’y est pas exprimé, on
présuppose seulement sa participation à l’action exercée. Par exemple : Ce roman se vend
très bien. Ce bois se travaille aisément. Les feuilles mortes se ramassent à la pelle. Le
président se désigne à la majorité absolue.
Dans toutes ces phrases le sujet est présenté non pas comme l’origine mais comme le
point d’aboutissement de l’action verbale, ainsi il acquiert les propriétés interprétatives du
complément d’objet du verbe: On ramasse les feuilles mortes à la pelle. Il en résulte, que
le pronom conjoint se perd sa valeur grammaticale du complément et s’incorpore au verbe
comme morphème verbal.
L’agent du procès de telles constructions pronominales reste implicite, mais il est
généralement restituable à partir des données contextuelles ou situationnelles. Cet agent
implicite est on dans la plupart des cas.

FORMES NOMINALES

Le système verbal du français comprend trois formes nominales : l’infinitif, le participe


(présent et passé) et le gérondif.
Comme ces formes ne se conjuguent pas et sont privées donc de catégorie de la
personne, certains grammairiens leur donnent le nom de “formes non-personnelles”, en
les opposant aux formes personnelles.

Infinitif est une forme grammaticale qui réunit en elle certaines qualités du verbe et du
nom. C’est pour cela que l’оn appelle tantôt “nom verbal” (Grammaire Larousse), tantôt
“nominatif verbal” ou bien “nom d’action” (M. Grevisse).
L’infinitif tient du verbe sa signification lexicale et ses deux catégories
morphologiques, celles du temps et de la voix.
La catégorie du temps est très réduite en ses valeurs grammaticales : on distingue une
forme simple, l’infinitif présent (chanter, partir), et une forme composée, l’infinitif
passé (avoir chanté, être parti). Selon beaucoup de grammairiens, ces deux formes
temporelles de l’infinitif s’opposent sur le plan de l’aspect : l’infinitif présent exprime
l’inaccompli, l’infinitif passé marque l’accompli (voir les ouvrages : M. Riegel,
Grammaire Larousse du XX siècle).
La catégorie de la voix de l’infinitif s’exprime par quatre formes :

voix active voix passive

forme simple forme forme simple forme


composée composée

aimer avoir aimé être aimé avoir été aimé

Il est à noter, que les grammairiens français discutent à propos de la valeur active ou passive
de l’infinitif présent. Par exemple, les auteurs de la Grammaire Larousse du XX siècle, ainsi
que les auteurs de la Grammaire méthodique du français et d’autres, disent, que dans certaines
constructions (du type : une maison à vendre; un texte à recopier; vêtement prêt à porter, de
l’eau bonne à boire, la maison que j’ai vu bâtir, etc.) cette forme a un sens passif.
Juste le contraire affirme Le Bon Usage de M. Grevisse. D’après cet auteur, l’infinitif présent
dans ces constructions “est bel et bien actif’ [Grevisse, p. 745].
En tant que forme verbale, l’infinitif constitue le nœud prédicatif d’une phrase indépendante,
principale ou subordonnée. Il régit les mêmes compléments que la forme personnelle du verbe.
La similitude de l’infinitif et du nom couvre tous les aspects grammaticaux de ce dernier.
Dans la phrase l’infinitif peut assumer toutes les fonctions du nom. Par exemple :
• sujet: Vivre c’est agir.
• attribut: Vouloir c’est pouvoir.
• complément d’objet: J’aime mieux rire que pleurer.
• complément circonstanciel: Il faut souffrir pour être belle.
Une fois substantivé, l’infinitif prend toutes les qualités morphologiques du nom: il exprime
les catégories du genre et du nombre (notez que tous les noms dérivés de l’infinitif sont du
genre masculin), dans le discours il demande l’emploi des déterminants et il peut être qualifié
par un adjectif: un rire clair, son grand savoir, des êtres heureux.
Participe. Cette forme grammaticale du verbe “participe” à la fois de la nature du verbe et de
celle de l’adjectif. Presque tous les grammairiens définissent le participe comme la forme
adjective du verbe. C’est de là que lui vient son nom.
Comme verbe, le participe exprime une action secondaire (simultanée ou antérieure) par
rapport à l’action marquée par le verbe qu’il accompagne. Le participe, de même que l’infinitif,
a deux temps, dont les formes peuvent être actives et passives :

voix active voix passive


participe participe participe participe
présent passé présent passé
ayant été
aimant ayant aimé étant aimé aimé

Le participe présent.
Comme forme verbale, le participe présent exprime une action simultanée par rapport à une
autre action (présente, passée ou future), marquée par la forme personnelle du verbe, jouant le
rôle du prédicat de la phrase: Le vent, soufflant avec violence, arrache (a arraché, arrachait,
avait arraché, arrachera, etc.) les arbres.
Dans sa fonction verbale, le participe présent reste invariable et a toujours une valeur active :
“Il l'imagina, levant très haut ses longues jambes maigres, hésitant devant lés congères,
louvoyant d’un talus à Vautré' (B. Clavel).
Notons, qu’en ancien français, le participe présent pouvait s’accorder en genre et en nombre
avec le terme auquel il se rapportait: “J’aime la bouche imitante la rosé' (Ronsard). “Ces âmes
vivantes d’une vie brutale et bestiale" (Bossuet).

Participe passé.

De même que le participe présent, le participe passé peut être regardé tantôt comme une
forme verbale, tantôt comme un pur adjectif.
Il est considéré comme forme verbale dans la structuration de tous les temps composés (de la
voix active et passive), et aussi employé en construction absolue : Il a lu ce livre. Ce livre est
lu. Ayant lu le livre, il l’a rendu à la bibliothèque. Une fois le livre lu, il faut le rendre à la
bibliothèque. La lecture terminée, il se met à écrire.
Dans beaucoup de ses emplois, le participe passé perd ses traits verbaux et assume le rôle de
l’adjectif qualificatif, alors il s’accorde en genre et en nombre avec le nom qu’il qualifie : Il a
des manières distinguées. La fenêtre est restée ouverte. Souvenez-vous des promesses faites. Un
sourire figé éclairant son visage rond et bronzé.
Il importe de remarquer, que le participe passé employé comme épithète, se place
régulièrement après le nom, qu’il caractérise.

Gérondif.
C’est la forme adverbiale du verbe, qui sert à exprimer certaines circonstances de l’action
marquée par la forme personnelle du verbe : Ils marchent en chantant.
Le gérondif a toujours une valeur active et son action est simultanée par rapport à l’action de
la forme personnelle du verbe : il tombe (il est tombé, il tombait, il tomba, il tombera) en
courant.
Dans l’usage contemporain, le gérondif est régulièrement précédé de en qui est qualifié
tantôt comme préposition [Wagner, p. 314; Grammaire Larousse, p. 348], tantôt comme
particule, tantôt comme un simple morphème, “qui a perdu tout effet de préposition et n’est
plus qu’un indice formel” du gérondif [Chevalier, 1988, p. 374].
L’emploi de en devant la forme adverbiale du verbe s’est généralisé au cours du XVIII
siècle. En ancien français et même dans le français classique, le gérondif pouvait être précédé
de nombreuses prépositions. Il nous reste de cet emploi des expressions : à son corps défendant
(захищаючись, неохоче), de son vivant (за життя), sur son séant (на сідницях).

Questions de contrôle

1. Donnez une définition du verbe.


2. En quoi consiste la différence entre un nom d’action et un verbe?
3. En quels groupes notionnels peuvent être répartis tous les verbes?
4. Quelle catégorie grammaticale se base sur l’opposition des verbes perfectifs /
imperfectifs?
5. Expliquez la différence sémantico-fonctionnelle entre les verbes significatifs et les
auxiliaires.
6. Mentionnez les cas où le verbe être fonctionne comme morphème grammatical.
7. Mentionnez les cas où le verbe avoir fonctionne comme morphème grammatical.
8. Mentionnez les verbes semi-auxiliaires.
9. Expliquez la différence sémantico-fonctionnelle entre les verbes transitifs et intransitifs.
10.Citez les principales caractéristiques des verbes transitifs?
11.Quels verbes sont considérés comme transitifs indirects?
12.Expliquez le sens grammatical des formes personnelles du verbe.
13.Expliquez le sens grammatical des formes impersonnelles du verbe.
14.Expliquez le sens grammatical des verbes unipersonnels.
15.Donnez la caractéristique grammaticale de l’infinitif.
16.Quelles fonctions syntaxiques peut assumer l’infinitif dans une phrase?
17.Quels traits verbaux sont propres au participe?
18.Sur quoi se base la distinction du participe présent d’avec l’adjectif verbal?
19.Quel type d’action exprime le gérondif
LE VERBE
VALEURS MORPHOLOGIQUES DU VERBE

Plan
1. La catégorie de la personne
2. La catégorie du nombre
3. La catégorie du temps
4. La catégorie du mode
5. La catégorie de l'aspect
6. La catégorie de la voix

1. LA CATÉGORIE DE LA PERSONNE

La personne linguistique est une catégorie conceptuelle, composée des êtres qui participent à
l’acte de communication selon différents rôles langagiers. On en distingue trois types :

l) la personne qui parle (locuteur) ;


2) la personne à qui on parle (interlocuteur, allocutaire) ;
3) la personne dont on parle (“délocutif”, d’après J. Damourette et la ‘non-personne”, d’après
Benveniste).

Ce sont les sujets de l’acte de langage, qui s’expriment le plus souvent par les noms ou par
les pronoms. Ainsi, la catégorie de la personne est avant tout la qualité grammaticale des noms
et des pronoms, qui la rapportent dans le discours sur le verbe. La personne du verbe est donc
déterminée par son sujet. Le sujet communique au verbe, dépendant de lui, ses marques
morphologiques de nombre, de personne et de genre.

Il existe deux types de moyens grammaticaux pour exprimer la personne verbale : 1) moyens
synthétiques et 2) moyens analytiques. Dans les langues dites flectives (comme le latin et
l’ukrainien) la personne est marquée par les terminaisons du verbe: amo, amas, amat / люблю,
любиш, любить. Dans les langues à tendances analytiques (comme le français) la catégorie de
la personne est essentiellement marquée par les pronoms personnels conjoints, surtout dans le
code oral: j'aime, tu aimes, il aime. Mais dans beaucoup de cas cette catégorie verbale
s’exprime par deux moyens à la fois (nous aimons, j’aimerai, tu aimas, ils aimaient). A
l’impératif, en absence de sujet exprimé, c’est la désinence seule qui marque la personne:
aimez!, aimons!

2. LA CATÉGORIE DU NOMBRE

Le verbe tient sa personne et son nombre du sujet, auquel il se rapporte dans le discours. La
catégorie de la personne, tout en exprimant la participation et la non-participation du sujet à la
parole, marque aussi le nombre. Dans la conjugaison, les catégories de la personne et du
nombre sont liées, la première impliquant la seconde. Une désinence indissociable marque
généralement la personne et le nombre : dans chantons, - ons indique la première personne du
pluriel

Les formes personnelles du verbe cumulent les valeurs grammaticales de la personne et du


nombre.

3. LA CATÉGORIE DU TEMPS
Le terme temps sert à désigner la réalité objective (le concept philosophique de temps) et
la forme grammaticale qui l’exprime.
Nous allons considérer le temps comme une catégorie objective qui caractérise la manière
d’existence des éléments du monde matériel, et montre l’évolution et la succession des
événements dans lesquels ils sont impliqués. Le temps objectif (ontologique, physique, réel)
trouve sa réflexion dans différentes unités de la langue. On distingue deux voies de la
présentation linguistique du temps objectif dans une langue : l) voie lexico- sémantique ;
2)voie grammaticale.
L’expression lexico-sémantique de la notion de temps est faite par :
✔ des noms: une heure, un jour, le lendemain, mardi, la semaine passée, le mois
prochain, des années, une éternité, etc.;
✔ des adjectifs: matinal, nocturne, hebdomadaire, mensuel, annuel, séculaire, etc.;

✔ des adverbes: aujourd’hui, demain, journellement, jamais, longtemps, toujours,


souvent, etc.;
✔ des prépositions: après, avant, depuis, ensuite, puis, etc.

✔ des conjonctions: quand, lorsque, aussitôt, pendant que, etc.

L’expression grammaticale de la notion de temps n’est propre qu’au verbe, qui seul possède
la catégorie grammaticale du temps. À l’aide de ses formes morphologiques le verbe énonce à
quel point du temps (présent, passé ou futur) se place le fait désigné par lui.
Du point de vue grammatical, la catégorie du temps est une caractéristique basique du verbe.
Cette catégorie a pour source le temps objectif, adopté aux besoins de la communication et à la
structure grammaticale de chaque langue, c’est pourquoi elle est présentée différemment dans
les différentes langues.
La catégorie grammaticale du temps est souvent définie comme le rapport de l’action verbale
au moment de la parole. Le moment de la parole est une notion purement conventionnelle : il
peut localiser l’action dans la ligne du temps, non seulement par rapport au présent, au moment
où l’on parle, mais aussi par rapport à un autre moment, situé dans le passé ou dans le futur.
La fonction première des formes personnelles du verbe est de situer le procès dans le temps,
considéré comme une sorte de réplique abstraite de l’espace à trois dimensions: présent, passé,
futur. Une même époque temporelle peut être indiquée par des temps verbaux différents et,
inversement, un même temps verbal peut situer le procès verbal dans des époques différentes.
Par exemple, dans la langue française l’imparfait de l’indicatif est destiné pour situer le procès
dans l’époque du passé : Le matin nous allions nous baigner dans la mer. Mais il peut exprimer
aussi l’action, qui se situe au moment de la parole : Si nous allions nous baigner dans la mer ?

La localisation du procès verbal dans le temps peut se faire de deux manières:


1) avec l’indication de l’époque à laquelle il se rapporte,
2) sans une telle indication, alors le procès localisé à une valeur pantemporelle, c’est-à-dire,
concerne toutes les époques temporelles.

Dans le premier cas, la ligne temporelle est considérée comme une succession de trois
périodes distinctes, où l’action verbale peut se situer :
1) période antérieure à l’acte de parole : Il est arrivé hier ;
2) la période qui coïncide avec l’acte de parole : Je travaille;
3) la période qui suit l’acte de parole : Il arrivera demain. Il travaillera ferme.

Dans le deuxième cas, le temps est considéré comme une réalité indivisible, qui couvre
toutes les époques sans les distinguer. Alors le procès se réalise dans toutes les situations, donc
hors du temps (ou dans la totalité du temps). C’est une localisation omnitemporelle (ou
panchronique) du procès verbal.
Le présent actualise sa valeur omnitemporelle:
• dans les proverbes et maximes : Pierre qui roule n’amasse pas mousse ;
• dans les sentences philosophiques et les vérités scientifiques : Je pense donc je suis.
L'homme est mortel. L'eau bout à cent degrés. Galilée a démontré que la terre tourne.
• dans les définitions : étudiant – personne qui fait des études supérieures et suit les cours
d’une université ;
• dans la description de l’état immuable des choses : Sous le pont Mirabeau coule la Seine
(G. Apollinaire). Et plusieurs autres emplois.

CLASSEMENTS DES TEMPS

Dans la littérature linguistique on rencontre le plus souvent des classements suivants:


1. Classement chronologique
2. Classement morphologique
3. Classement basée sur la localisation du moment de la parole

1. Classement chronologique

La chronologie traditionnelle distingue trois époques : le passé, le présent, l’avenir. On


définit ces époques à partir du moment de la parole. Le moment où une personne commence à
parler constitue l’origine du procès. Ce point de l’énonciation fonde la notion de présent. Par
rapport au moment de la parole on distingue l’époque antérieure (le passé), qui montre que le
procès indiqué par le verbe est déjà réalisé, et l’époque postérieure (l’avenir), qui montre que le
procès décrit va se réaliser dans un “avenir” plus ou moins proche.
Théoriquement il ne devrait exister que trois formes temporelles dans chaque langue, mais en
réalité presque dans toutes les langues, surtout dans les langues romanes, il y en a plus. Cela
s’explique par le fait, que les formes temporelles, outre la localisation du procès dans un
moment de la réalité temporelle, ont encore d’autres fonctions communicatives: elles indiquent
certaines valeurs aspectuelles et modales de l’énonciation verbale. Or, dans la langue française
chaque époque est représentée par un système de temps, destiné à exprimer dans le discours
différentes valeurs catégorielles. Par exemple, la distribution des temps du mode indicatif par
époques peut être présentée de cette façon :
Époque actuelle
Époque antérieure Époque postérieure
(moment de la parole)

Passé composé
Passé immédiat
Imparfait Futur simple
Passé simple Présent
Passé antérieur Futur immédiat Futur
Passé surcomposé antérieur
Plus-que-parfait

Telle distribution des temps verbaux ne s’accorde que très imparfaitement avec la réalité
linguistique, parce que plusieurs d’entre eux (présent, imparfait, futur simple, futur antérieur)
peuvent, comme c’est déjà dit plus haut, situer le procès dans des époques différentes. A part
cela, la nomenclature et le nombre des temps que les grammairiens réunissent dans le mode
indicatif, ne sont point stables. Comparez, en forme d’exemple, le nombre de temps, que
comporte l’indicatif dans quelques grammaires dés plus connues :

1. Le Bon Usage. 10 temps (4 simples et 6 composés).


2. Grammaire Larousse du français contemporain : 10 temps (5 simples, 5 composés).
3. Grammaire du français classique et moderne : 15 temps (5 simples, 5 composés,
5 surcomposés).

2. Classement morphologique
Du point de vue de la morphologie toutes les formes temporelles du verbe se subdivisent en
quatre groupes mais dans un système binaire ; d’un côté les temps simples : présent, futur
simple, imparfait, passé simple, etc. ; d’un autre, trois groupes de temps :

1) les temps composés: passé composé, passé antérieur, futur i antérieur, etc.;
2) les temps surcomposés: passé surcomposé (j’ai eu fait), futur antérieur surcomposé
(j'aurai eu fait), plus-que-parfait surcomposé (j'avais eu fait), passé antérieur surcomposé (j'eus
eu fait),
3) les temps périphrastiques que sont tous les temps immédiats.

3. Classement basée sur la localisation du moment de la parole

Suivant la manière dont les temps situent le procès par rapport au moment de la parole on
oppose souvent des temps absolus (présent, passé composé, passé simple, futur simple, présent
et passé du subjonctif) et des temps relatifs (imparfait, plus-que-parfait, futur dans le passe,
futur et passé antérieurs, l’imparfait du subjonctif et d’autres) [Cette distinction a été proposée
par Girard Vrais principes de la Langue française (1747)].

Le classement des temps en absolus et relatifs est en principe justifié, s’il est fait du point de
vue de la concordance des temps. on distingue deux systèmes de temps : système primaire
(temps réels ou absolus) et système secondaire (temps fictifs ou relatifs).

Le système primaire est constitué par les temps qui ont pour point de départ “le présent réel”,
qui est l’origine absolue des temps : II part aujourd’hui. Il est parti hier. Il partira demain.
Le système secondaire résulte du déplacement du moment de la parole dans le temps. Dans
les systèmes secondaires, les catégories du passé et du futur deviennent celles de l'antérieur et
du postérieur (ou ultérieur). La représentation figurée des systèmes secondaires est dès lors la
suivante:

(1) Antérieur du Passé Passé (Origine des Ultérieur du Passé


temps)
Comme il nl'avait pas qu ’il la reprendrait le
achevé sa tâche, il pensa lendemain. ■
Futur (Origine des Ultérieur du Futur
(2) Antérieur du Futur temps)
Quand il aura achevé sa il estimera sans doute qu’il faudra la
tâche, reprendre.

Les trois systèmes combinés (un système primaire et deux systèmes secondaires) donnent la
figure suivante:

[Абросимова, c. 147].

Vu le caractère fort limité de ce classement, les grammairiens n’y accordent pas beaucoup
d’attention. Par contre, ils s’intéressent beaucoup plus au classement des temps par modes
verbaux.

4. LA CATÉGORIE DU MODE

Le mode (du lat. modus — manière) c’est une catégorie grammaticale du verbe, qui permet
au locuteur d’exprimer son attitude à l’égard de ses propres énoncés.
La notion de modalité. Dans la langue la modalité est interprétée comme l’attitude
énonciative du sujet parlant à l’égard du contenu de son énoncé et à l’égard de celui, à qui il est
adressé. On distingue modalités d’énonciation et modalités d’énoncé. Les premières
caractérisent la forme de communication qui s’établit avec l’interlocuteur. Elles se traduisent
par différents types de phrases : interrogatives, assertives (ou déclaratives) et impératives, qui
expriment respectivement une question, une affirmation ou un ordre, à l’intention de
l’interlocuteur.
Les modalités d’énoncé renvoient au sujet de l’énonciation, à ses sentiments, à ses certitudes,
à ses doutes, à ses appréciations, à ses obligations, etc. Ces diverses nuances de la subjectivité
s’expriment par différents moyens lexicaux ou grammaticaux : Je suis stupide, fit-elle. Je suis
là, à me demander pourquoi tu n ’as jamais rien fait pour elle, mais ça crève les yeux : tu es
trop content ! (B. Clavel).
La modalité est une caractéristique inhérente à chaque énonciation et par conséquent, à
chaque phrase, dont elle constitue le noyau prédicatif – le rapport du contenu de la phrase à la
réalité. La modalité est une catégorie sémantico-communicative de la phrase. Elle a trois plans
d’expression qui se combinent dans le discours :
1) plan prosodique offre à ces fins une intonation, des accents, des pauses, un rythme, etc. :
Toujours à Lyon, la Marie-Louise? Elle est contente, oui? (B. Clavel) ;
2) plan lexical met à la disposition du locuteur des verbes modaux (vouloir, pouvoir, devoir),
des adjectifs (souhaitable, certain, probable, etc.), des interjections (Hélas! Bah!), des adverbes
et locutions adverbiales (vraisemblablement, peut-être, sans doute, certainement, etc.). F.
Brunot appelait ces mots “compléments de modalité”, ils servent à exprimer la modalité de la
phrase sans égard à la modalité du verbe ;
3) plan grammatical propose des formes morphologiques du verbe. La modalité exprimée
par des formes verbales morphologiques s’appelle mode. On voit donc, que la catégorie de
la modalité est beaucoup plus large que la catégorie du mode, elle n’est qu’une partie
constructive de la modalité de la phrase. Mais par analogie avec la modalité, il est possible
d’admettre avec V. G. Gak, que “le mode est une catégorie modificatoire, qui exprime
l’attitude du locuteur à l’égard de la réalité décrite dans l’énoncé”.

On distingue en tout six modes, dont quatre personnels (indicatif, impératif, conditionnel,
subjonctif) et deux impersonnels (infinitif, participe /gérondif).

L’indicatif. Ce mode occupe une position centrale dans le système verbal français, car il est
seul à posséder toutes les catégories propres au verbe. Il est aussi le seul mode qui permette,
grâce à son système temporel très riche et varié, de situer le procès dans une des trois époques
et en exprimer des nuances les plus subtiles. Il sert donc à montrer ce qui est (Ils se reposent),
ce qui a été (Ils se sont bien reposés) et ce qui sera (Ils vont se reposer au bord de la mer) “sans
que notre pensée ait à intervenir entre le fait et sa constatation. Il s’oppose en cela au subjonctif,
mode subjectif: Je sais qu’il viendra / Je désire qu’il vienne” [Grammaire Larousse, p. 320].
Le conditionnel. L’étude du conditionnel est liée à plusieurs problèmes posés par son statut
et par ses valeurs grammaticales. Dans plusieurs ouvrages linguistiques de nos jours le
conditionnel, ayant les formes qui coïncident avec celles du futur du passé (ferait) ou futur
antérieur dans le passé de l’indicatif (aurait fait), est exclu des modes et considéré comme une
forme de l’indicatif (G. Guillaume, R.-L. Wagner et J. Pinchon, P. Imbs, R. Martin, M. Riegel
et d’autres).
Le conditionnel est-t-il donc un mode indépendant ou bien une forme temporelle de
l’indicatif ? Est-ce une forme unique à valeurs différentes ou bien s’agit-il de différents
phénomènes grammaticaux ayant la même forme d’expression ? Est-ce une forme syncrétique
mode-temps ou fait-elle partie de la catégorie du suppositif ? Aucune de ces questions n’a pas
de solution définitive dans la grammaire française.
Le subjonctif. Le problème du subjonctif est vraisemblablement un des plus compliqués
dans la grammaire française. Les discussions, que les scientifiques mènent au sujet du
subjonctif, portent sur trois questions, concernant : 1) sa vitalité ; 2) sa modalité ; 3) ses
valeurs fonctionnelles.
La vitalité du subjonctif comme d’un mode autonome témoignent quelques particularités de
son expression, notamment, la morphologie de la conjugaison de plusieurs verbes (que je sois,
fasse, sache, finisse, mette, reçoive, dise, craigne, etc.), et surtout la conjonction que (“particule
conjonctionnelle”, d’après M. Grevisse) qui s’est transformée en véritable marque
morphologique du subjonctif. Notons qu’en français classique l’emploi de que était plus libre.
Son emploi s’est généralisé au XVIII siècle, aujourd’hui le subjonctif sans que est considéré
comme une forme archaïque.
De la modalité du subjonctif. Il ressort de tout ce qui est dit ci-dessus, que le problème du
mode subjonctif n’a pas de solution définitive en français moderne, malgré tous les arguments
qu’on avance en faveur de sa réalité linguistique ou bien contre elle. Nous pensons que le fait
de « son existence indépendante dans le système verbal français et ses conditions linguistiques
du fonctionnement qui, à l’exception des cas, quand le locuteur peut choisir entre l’indicatif et
le subjonctif (type : Je cherche un homme qui peut faire ce travail. Je cherche un homme qui
puisse faire ce travail.), sont différentes du fonctionnement des autres modes verbaux, et
donnent le droit de considérer le subjonctif comme une forme pleinement modale. Diverses
valeurs modales qu’on attribue aux formes temporelles du subjonctif accréditent aussi cette
idée.
Des valeurs grammaticales du subjonctif. En voici les principaux points de vue:
1. Eu égard à l’étymologie du subjonctif, nombreux linguistes lui accordent deux valeurs
capitales, irréductibles l’une à l’autre: valeur de volonté (Je veux qu ’il vienne) et celle de
doute (Je ne pense pas qu ’il vienne).
Ce point de vue s’est formé au XIXe dans les travaux des historiens de la langue, tels que
B. Delbrück et W. Meyer-Lübke [ibid., p. 193-194]. En français moderne il est soutenu
en partie par certains théoriciens (M. Régula, G. et R. Le Bidois, C. De Boer^ et on
l’utilise largement dans les grammaires pratiques en guise de règles expliquant l’emploi
du subjonctif.
2. Le romaniste hollandais W.van der Molen interprétait le subjonctif comme un “mode de
la subjectivité”. Pour lui “le subjonctif est comme la nébulosité vague, faite d’émotivité,
qui entoure d’un noyau lumineux notre pensée conceptuelle et logique” et qui s’exprime
“aussi bien dans la proposition principale que dans la subordonnée” [ibid., p. 201].
G. et R. Le Bidois donnent une interprétation semblable à celle de Van der Molen en ce
qui concerne la valeur modale du subjonctif. Ils voient en lui “un mode de l’énergie
psychique” [Le Bidois, p. 506].
3. Dans la conception théorique de certains linguistes (J. Haas, E. Tanase, F. Brunot, Ch.
Bruneau), le subjonctif est un mode de l’irréalité, de la “non-existence”^ qui s’oppose en
cela à l’indicatif, mode du fait ou de l'action existante”.
Ce point de vue est considéré comme erroné par R. Wagner et J. Pinchon, qui remarquent
dans leur Grammaire du français classique et moderne: “Il est inexact de définir le
subjonctif comme le mode de la non-réalité par opposition à l'indicatif qui serait celui de
la réalité. Le subjonctif évoque un fait réel dans je suis heureux qu ’il soit venu.
L’indicatif n’exprime pas un fait réel lorsqu’on pose, au futur, je crois qu ’il viendra
"[Wagner, p. 318].
4. R. Wagner et J. Pinchon définissent la valeur principale du subjonctif à partir de son
opposition avec l’indicatif. “L’indicatif, — écrivent-ils, - est apte à actualiser un procès.
On se sert de lui pour poser une chose, pour la situer dans l’une des trois époques de la
durée”. Le subjonctif “n’est pas apte aux mêmes fonctions. En conséquence, on se sert de
lui toutes les fois que dans un énoncé la prise en considération d’un fait, l’interprétation
d’un fait l’emportent sur l’actualisation de ce fait”. Les linguistes illustrent leur thèse par
deux phrases:
Voici deux triangles: ce sont des triangles égaux.
Soit deux triangles égaux.
Dans la première phrase, le fait d’existence de deux figures est posé et actualisé d’où
l’emploi du mode indicatif. “Dans la seconde, le fait n’est pas posé mais envisagé,
admis au départ d’un raisonnement ou d’un problème. Ce n’est pas son actualisation qui
compte, mais la suite, qui, elle, sera posée. D’où l’emploi du subjonctif. (...) Le
subjonctif se révèle ainsi propre à exprimer que le procès est présenté comme l’objet
d’un jugement, d’un sentiment, d’une volonté et non comme un fait que l’on pose en
l’actualisant“[Wagner, p. 317-318].
5. Pour J. Damourette et E.Pichon, le subjonctif est “le meuf (mode) de non-jugement”, il
exprime le refus du sujet de la proposition principale de porter un jugement sur le fait
énoncé. Le non-jugement veut dire que l’action n’est pas affirmée comme réelle ou
irréelle : le subjonctif est indifférent à la réalité. Au contraire, l’indicatif désigne le
jugement d’un fait réel, c’est “un mode du jugement d’existence”. Cette valeur est propre
au subjonctif dans la phrase indépendante ainsi que dans la subordonnée [Damourette, T.
5, p. 471].
6. Bien différente est la théorie de valeurs grammaticales du subjonctif dans l’interprétation
psycho-systématique de G. Guillaume. D’après cet auteur “le problème du mode est
essentiellement un problème de visée (момент перехоплення думки y процесі її
творення)” [Guillaume, 1929, p. ЗО], faite au cours de la genèse de l’image-temps dans
la pensée. La genèse de l’image-temps comprend trois instants, qui correspondent à trois
étapes de la réalisation du procès verbal : 1) procès simplement pensé (temps in esse-
formes nominales du verbe); 2) procès “en devenir” (temps in fieri - le mode
subjonctif); 3) procès réalisé dans sa totalité (temps in esse - le mode indicatif). Ainsi,
dans l’opération d’actualisation du procès au cours de la chronogénèse (formation du
temps), le subjonctif occupe une place intermédiaire entre l’infinitif, mode de la non-
actualisation et l’indicatif, mode de l’actualisation achevée. De toute façon, le subjonctif
correspond à une image-temps incomplète, en raison de quoi il est impossible de localiser
l’action verbale opérée dans ce mode [ibid., p. 31-32].
“Partant de la pauvreté morphologique du subjonctif, G. Guillaume dégage une valeur
sémantique de base. Comme le subjonctif est inapte à situer exactement le procès dans
une des trois époques (passé, présent, futur) comme l’indicatif, il ne peut pas saisir l’idée
verbale dans sa complète actualisation, mais envisage celle-ci à un stade antérieur, en
cours de génération. On l’emploie donc chaque fois que l’interprétation l’emporte sur la
prise en compte de l’actualisation du procès, lorsque s’interpose entre le procès et sa
verbalisation l’écran d’un acte psychique (sentiment, volonté, jugement) qui empêche le
procès d’aboutir à son actualisation totale. Dans Je pense qu'il viendra, le locuteur
envisage le procès à venir en soi, dans son éventualité; dans Je veux qu'il vienne, c’est
l’interprétation (ici, la volonté exprimée par le verbe principal) qui passe avant la prise en
considération du fait envisagé” [Riegel, p. 321].

On peut noter que de nombreuses études, consacrées au subjonctif, n’ont révélé que ses
divers aspects problématiques, sans proposer des explications qui soient acceptées de tous les
linguistes. Quoi qu’il en soit, nous sommes certains que le subjonctif est toujours vivant, qu’il a
des formes et des emplois spécifiques dans le français moderne, que ses valeurs modales
s’opposent dans leur ensemble aux valeurs des autres modes verbaux, et que sa nature
mystérieuse n’est pas encore saisie dans son intégrité.

L'impératif. L’opinion des linguistes concernant le statut modal de l’impératif (du lat.
imperativus = commander) est fort contradictoire.
Dans la grammaire traditionnelle l’impératif est considéré, d’une façon générale, comme un
mode autonome, réservé à l’expression de l’ordre, de l’exhortation, de la prière, etc. : Travaillez
mieux ! Aimez-vous les uns les autres ! Passez-moi le sel !

La diminution de personnes à l’impératif s’explique par le fait que l’interaction verbale, où


se situe le champ fonctionnel de ce mode, n’est possible qu’entre le locuteur (je, nous) et son
interlocuteur (tu, vous). En plus, le locuteur ne peut pas s’adresser à lui-même à la première
personne du singulier, il fait recours soit à la deuxième personne du singulier (Chante,
Pierre !), soit à la première personne du pluriel (Réfléchissons un peu, Pierre !).
Bien que certains linguistes considèrent l’impératif comme un mode personnel et non
temporel, on distingue dans la grammaire traditionnelle deux temps : l’impératif présent
(chante) et l’impératif passé (aie chanté).
Nombreux linguistes ne reconnaissent pas l’impératif comme un mode autonome en raison
des considérations suivantes :
✔ l’impératif ne possède pas de formes propres, il utilise soit les formes de l’indicatif soit
les formes du subjonctif. Vu ce fait, G. Guillaume disait de l’impératif, qu’il est “plus un
mode de parole qu’un mode de pensée” [Guillaume, 1929, p. 12] c’est-à-dire il n’est pas
un mode de langue.
✔ l’impératif ne possède pas sa valeur modale propre, ses formes ne font que transmettre
les “intentions émotionnelles et volitives”. C’est une forme verbale qui appelle à l’action.
Donc il ne se distingue de l’indicatif que par l’absence du pronom sujet et la place des
pronoms personnels, comparez : Vous le lui dites. Dites-le-lui.
✔ les valeurs qu’on attribue à l’impératif peuvent être exprimées par d’autres modes ou
formes modales, en particulier:
1) par l’infinitif: Ne pas fumer! Agiter le flacon avant de s’en servir ;
2) par l’indicatif: le présent: Tu pars à l’instant et tu me rejoins!; le futur simple: Tu liras ce
texte jusqu’au bout!; le futur immédiat: Tu vas me le faire tout de suite!; le futur
antérieur: 7w auras fait ce travail avant mon retour!;
3) par le subjonctif: Qu’il se retire d’ici!

Ayant examiné le problème de modes verbaux, nous pouvons constater que sur six modes
distingués dans la langue française, il n’y a que l’indicatif et le subjonctif qui confirment leur
autonomie linguistique par des formes, par des valeurs et par des emplois spécifiques. Tous les
autres modes présentent beaucoup de confusions et de contradictions dans l’interprétation de
leur statut modal, de sorte qu’on ne peut ni nier, ni confirmer leur réalité linguistique.

5. LA CATÉGORIE DE L'ASPECT

Tout procès verbal peut être examiné de trois points de vue : 1) du point de vue de l’époque
de son déroulement (la catégorie du temps) ; 2) du point de vue de la manière de le concevoir et
de le présenter par le sujet parlant (la catégorie du mode) ; 3) du point de vue de son
déroulement intérieur (la catégorie de l’aspect). L’aspect, c’est le caractère du développement
de l’action du début à la fin, c’est “l’indication de la phase à laquelle ce “procès” en est dans
son déroulement ; c’est donc, en somme, la manière dont l’action se situe dans sa durée”.
L’étude de l’aspect dans la linguistique française est contrariée par quelques problèmes que
les linguistes n’arrivent pas à résoudre d’une manière appropriée.
Le premier de ces problèmes est la question de son existence en français. De nombreux
grammairiens, comme par exemple A. Meillet, J. Damourette et J. Pichon, L. Tesnière et
d’autres, estiment que la catégorie de l’aspect est étrangère à la langue française, dont le
système verbal diffère sensiblement des langues slaves ou du grec où la catégorie de l’aspect
s’exprime par l’opposition des formes lexicales de verbes: читати - прочитати; робити -
зробити; courir - accourir.
Le deuxième problème qui se pose, quand on procède à l’étude de la catégorie de l’aspect,
c’est la question de sa nature linguistique : faut-il la considérer comme une catégorie
grammaticale ou bien comme une catégorie lexico-grammaticale ? En français, la catégorie de
l’aspect, à quelques exceptions près, n’a pas de support lexical. L’idée, que l’expression de
l’aspect verbal en français est étroitement liée à la catégorie du temps est aujourd’hui soutenue
par beaucoup de linguistes, particulièrement par P. Imbs, V. Gak, J.-C. Chevalier, R. Martin, M.
Riegel et plusieurs autres. En français il devrait être classé comme une catégorie purement
grammaticale, car l’opposition accompli/inaccompli est la fonction grammaticale des temps
verbaux.
Le troisième problème consiste en ce que les linguistes n’arrivent pas à délimiter les valeurs
constituant la catégorie grammaticale de l’aspect et celles qui sont propres au mode d’action.
Et voilà la liste d’aspects verbaux distingués par P. Imbs dans L’emploi des temps verbaux en
français moderne : accompli, inaccompli, résultatif, duratif, momentané, progressif,
imperfectif, perfectif, inchoatif, terminatif, itératif, intensif.

Dans leur ensemble les grammairiens et les linguistes examinent trois espèces de moyens
linguistiques permettant d’exprimer différents aspects verbaux, à savoir: 1) les moyens
grammaticaux (morphologiques et syntaxiques) – l’emploi des temps verbaux, des périphrases
verbales, des verbes semi-auxiliaires, etc.; 2) les moyens lexicaux – l’utilisation des suffixes,
des préfixes, des adverbes, etc.; 3) les moyens sémantiques – la distinction entre les verbes
perfectifs et les verbes imperfectifs.

6. LA CATÉGORIE DE LA VOIX

Dans la grammaire normative la catégorie de la voix est considérée comme une des formes
morphologiques du verbe, qui se manifeste par des formes spécifiques. M. Grevisse écrit, par
exemple : “Les verbes changent non seulement en nombre et en personne, mais encore en
voix, en mode et en temps” [Grevisse, p. 605]. Pour lui “les voix sont les formes que prend le
verbe pour exprimer le rôle du sujet dans l’action” [ibid., p. 606].
Dans beaucoup de grammaires la catégorie de la voix est centrée sur l’étude de la
construction verbale “être + participe passé du verbe conjugué”, destinée à l’expression de
la voix passive. Cependant cette même construction connaît, d’une part, beaucoup de
restrictions, lorsqu’il s’agit de l’expression de la forme passive (seuls les verbes transitifs
directs peuvent être employés à la forme passive, et de plus avec plusieurs exceptions, dues
au sémantisme des actants, par exemple : Ils tremblent de fièvre. Il dévore les livres. Il baisse
la tête.) et, d’autre part, elle est largement utilisée comme forme analytique de plusieurs
temps verbaux (Il est tombé) ou, enfin, comme une construction attributive (La bibliothèque
est fermée le dimanche).
On distingue, en règle générale, trois voix:
1) voix active, qui indique que le sujet est l’auteur de l’action : Les étudiants récitent une
poésie;
2) voix passive, qui indique que le sujet subit l’action exercée par un agent, qu’il est
patient de cette action : La poésie est récitée par les étudiants;
3) voix pronominale, où le sujet est agent et patient à la fois : Les étudiants s‘intéressent
à la poésie.
Certains grammairiens ajoutent à ces trois voix la voix factitive (J. Damourette et E.
Pichon, R. Eluerd, N. M. Steinberg, E. A. Référovskaïa et A.K. Vassiliéva et d’autres), et
même la voix impersonnelle comme dans la phrase : Il est arrivé un train (voir: Eluerd, p.
255; Charaudeau, 1992, p. 375).
Voix active. Cette forme sert à exprimer des rapports sémantico-syntaxiques entre le sujet
de la phrase et son prédicat, à désigner que le sujet est l’auteur de l’action prédiquée : Son
père a construit une belle maison. Elle écrit un roman.
Voix passive. Cette voix a pour fonction grammaticale d’indiquer, que le sujet subit
l’action quelconque : L'étudiant est (a été, sera, était, fut, avait été, va être, etc.) convoqué
par le doyen.
Voix pronominale. La réalité grammaticale de cette voix est fort discutable à cause du
statut grammatical incertain de la forme se + verbe: elle est considérée tantôt comme un tout
morphologique, surtout dans le cas des verbes essentiellement pronominaux (s'écrouler,
s'ennuyer, s 'enfuir, se souvenir, etc.), tantôt comme une construction mi-morphologique et
mi-syntaxique, surtout dans les cas, où le pronom se est considéré comme un complément
d’objet (R.-L. Wagner et J. Pinchon, J. Stéfanini, J. Damourette et E. Pichon, et d’autres).

La forme pronominale a quelques fonctions. La première fonction de cette forme est


d’exprimer les voix réfléchie ou réciproque qui peuvent être reconnues également à leurs
transformations possibles. Dans ses fonctions secondaires, la forme pronominale exprime la
voix passive (qui s’emploie surtout dans la construction à deux termes - type : La porte
s'ouvre. Cette étoffe se lave bien), une valeur moyenne (exprimée généralement par l’actif -
type : Il se peigne), et une valeur purement lexicale (verbes dits “essentiellement
pronominaux” - type: Il se tait. Il s'en va).
Voix factitive. Le statut grammatical de cette voix est aussi l’objet de vifs débats des
romanistes. Les uns estiment que la construction faire + infinitif, qui exprime la cause du
procès, a un caractère morphologique et, comme telle, elle est porteuse d’une valeur
catégorielle (N. Steinberg, R. Eluerd). Alors la voix factitive est interprétée comme une
catégorie verbale, qui “indique, que le sujet ne produit pas lui-même l’action marquée par le
verbe, mais pousse un autre agent à la produire, ou bien qu’il est la cause de ce que l’action
se produit : La mère fait faire une robe neuve à fille [Steinberg, c. 165]. Les considérations
de ces linguistes se basent sur les faits suivants :
1) la construction faire + infinitif n’a qu’une fonction grammaticale: elle montre que le sujet
est la cause du procès, mais non pas son agent;
2) la construction garde cette valeur grammaticale (la valeur causative) dans tous les temps
verbaux;
3) cette valeur est spécifique et propre pour tous les verbes, à l’exception des verbes:
pouvoir, devoir, vouloir, sembler, devenir.
4) le verbe faire perd dans cette construction son propre sens, et peut se combiner avec lui-
même: Elle s'est fait faire un shampooing. Dans cet emploi le verbe faire se transforme
en auxiliaire de cause.

Questions de contrôle
1. Quelles catégories grammaticales structurent l’espace morphologique du verbe?
2. Par quelles voies s’exprime la personne verbale?
3. Par quelles voies s’exprime le temps objectif dans une langue?
4. Quels classements des temps verbaux pratique-t-on dans la linguistique française?
5. Dans quels cas le présent actualise-t-il sa valeur omnitemporelle?
6. Caractérisez le classement chronologique des temps verbaux.
7. Quels temps verbaux sont définis comme temps périphrastiques?
8. Qu’est-ce qu’un mode verbal? Quelle est la différence entre le mode et la modalité?
9. Combien de modes verbaux distingue-t-on en français?
10.Expliquez la valeur grammaticale de l’indicatif.
11.Expliquez la valeur grammaticale du conditionnel. Présentez les problèmes liés à l’étude
du conditionnel.
12.Expliquez la valeur grammaticale de l’impératif. Présentez les problèmes liés à l’étude de
l’impératif.
13.Expliquez la valeur grammaticale du subjonctif. Présentez les problèmes liés à l’étude du
subjonctif.
14.Quelle est la valeur grammaticale du subjonctif dans la conception théorique de G.
Guillaume?
15.Expliquez ce qu’est l’aspect verbal.
16.Quels problèmes entravent l’étude de l’aspect verbal?
17.Combien de voix distingue-t-on dans la langue française?
18.Quelles fonctions possèdela forme pronominale?
19.Quelle valeur grammaticale accorde-t-on à la voix factitive?

LE NOM

Plan

1. Généralités
2. La sous-catégorisation sémantique des noms
3. Les catégories morphologiques du nom français
4. Fonctions syntaxiques du nom

1. GENERALITES

Beaucoup de linguistes français préfèrent au terme “nom” le terme “substantif'. Pourtant


ce terme peut induire facilement en erreur. Dérivé du mot latin “substancia” (de sub - “sous”
et store - “se tenir”— ce qui se tient dessous), il fait penser aux objets du monde matériel
qui existent indépendamment de la pensée humaine. Et les notions abstraites paraissent ne
pas appartenir aux substantifs, ce qui, du reste, n’est pas sans fondement, parce que le nom
abstrait n’est pas autre chose que la caractéristique des objets matériels séparée d’eux (abs-
trahëre — tirer à part) par le travail de notre esprit.
Le terme “nom” permet d’éviter cette ambivalence. Ce terme, ayant pour trait distinctif la
notion linguistique de désigner et de nommer les réalités extralinguistiques, peut s’appliquer
à n’importe quelle idée, considérée comme quelque chose de permanent dans l’espace. C’est
ainsi que le nom peut désigner, outre les objets matériels, les propriétés (courage), les états
(fatigue), les sentiments (déception), les procès (lecture), les relations (antériorité,
voisinage), les quantités (multitude, dizaine), etc. En fait, tout objet de pensée, quelle que
soit sa catégorie ontologique, peut revêtir une forme nominale. L’hétérogénéité sémantique
des noms se ramène à un seul dénominateur commun : ils renvoient à des réalités
notionnelles (des concepts) de tout ordre, mais qui ont en commun d’être conçues comme
des objets de pensée que l’on peut évoquer en tant que tels.

2. LA SOUS-CATÉGORISATION SÉMANTIQUE DES NOMS

Il existe dans la grammaire française différentes approches du classement des noms. Le plus
souvent, on commence par distinguer les noms communs des noms propres.

Noms communs Noms concrets Noms abstraits

Noms comptables (nombrables, discrets).

Noms massifs (non-nombrables, continus, de matière)

Noms collectifs

Noms communs. Ce sont des noms (souvent on les qualifie comme les appellatifs) qui
s’appliquent à toutes les entités (concrètes ou abstraites) de la même espèce: étudiant, salle,
exercice, rire, désir, idée.
Chacun de ces six noms sert à désigner tout objet (ou individu) ayant la même nature
ontologique. La totalité des objets auxquels on applique le même nom constitue l’étendue ou
l’extension de sa signification. Ainsi, les étudiants de tous les temps (passés, présents, futurs),
pris ensemble, composent le champ extensif de l’emploi de ce mot.
A l’extension du nom s’oppose sa compréhension. Par la compréhension on entend la
totalité des idées impliquées dans la signification d’un nom. Autrement dit, la compréhension
d’un mot est l’ensemble des caractères qui constituent son contenu sémantique et qui le diffère
d’un autre mot.
L’extension et la compréhension d’un mot sont inversement proportionnelles: plus
grande est l’extension du mot, moins riche est sa compréhension. Par exemple, l’extension du
nom “arbre" est beaucoup plus grande que l’extension du nom “pommier", parce qu’il sert à
désigner n’importe quel végétal possédant trois caractéristiques d’un arbre: a des racines, un
tronc et des branches. Inversement, le contenu sémantique du nom “pommier” (c’est-à-dire, sa
compréhension) est plus riche que celui du nom “arbre", parce que, à part les qualités propres à
tout arbre, il en a d’autres qui sont propres exclusivement à son espèce - fleurir et produire des
pommes, par exemple.
L’extension des noms peut aller d’une seule entité (lune, soleil, nature, eau, patience,
sablé) jusqu’à l’infini. Leur compréhension varie de mot en mot, d’un emploi à un autre.
Du point de vue du sens exprimé les noms communs se divisent en noms concrets et abstraits.

Noms concrets. En principe, ces noms représentent tout ce qui peut être perçu par nos
sens: homme, livre, lettre, son, couleur, parfum, etc. Ils se subdivisent, à leur tour, en quelques
sous-catégories. On distingue:
1. Noms comptables (nombrables, discrets). Ces noms renvoient à des segments
discontinus de la réalité que l’on peut dénombrer: garçon, chaise, livre, etc.
2. Noms massifs (non-nombrables, continus, de matière). Ces noms dénotent des
substances continues (sans limites définies), qui gardent leur homogénéité distributive. C’est-à-
dire, ils ne perdent ni ne changent leur nature, quand on les fragmente en parties.
“Un objet massif est tel, - écrit Robert Martin dans son livre “Pour une logique du sens", - que
ses parties ne sont pas de nature différente de la nature du tout (critère de sous-ensemble): une
partie du sable est encore du sable (alors qu’une partie d’un disque n’est plus un disque). Par
ailleurs (critère de réunion), du sable ajouté à du sable donne du sable (alors qu’un disque
ajouté à un autre disque donne inévitablement deux disques)” [Martin, p. 162].
3. Noms collectifs. Les noms de cette sous-catégorie désignent un ensemble d’individus,
groupés en bloc de manière, qu’aucun des éléments qui le compose, ne peut en être isolé. Par
exemple: foule, humanité, feuillage, paille, clientèle, etc.

Les noms abstraits dénotent des idées se rapportant non pas aux objets du monde
matériel tels quels, mais à la description de leurs différents états (vie, sommeil, lourdeur), leurs
qualités (épaisseur, faiblesse, puissance), leurs relations (infériorité, situation, politesse), leurs
actions (marche, exigence, offense, etc., considérés comme existant indépendamment de leurs
supports matériels.
De par leur nature sémantique les noms abstraits sont syncatégorématiques, à l’opposé,
les noms concrets sont catégorématiques.
Les noms syncatégorématiques se caractérisent par une distribution référentielle
hétérogène. Cela veut dire, qu’ils peuvent s’appliquer dans le discours aux différents individus,
qui se présentent comme son référent. Par exemple, le nom “beauté” renvoie à la manifestation
de cette qualité, faite par une femme, par une fleur, par le ciel, par la nuit, etc. Sans l’aide de
tels repères référentiels, les noms syncatégorématiques ne pourraient pas réaliser leur référence
discursive.
Par contre, les noms catégorématiques se caractérisent par une distribution référentielle
homogène, c’est-à-dire, ils s’appliquent toujours à la même réalité extralinguistique : le référent
(l’objet désigné) du mot “chien” ne peut être (à l’exception des emplois métaphoriques) qu’un
chien.
En théorie “LE NOM PROPRE est celui qui ne peut s’appliquer qu’à un seul être ou objet
ou à une catégorie d’êtres ou d’objets pris en particulier ; il individualise l’être, l’objet ou la
catégorie qu’il désigne: Paris, Molière, Provence, Anglais ” [Grevisse, p. 187].

3. LES CATÉGORIES MORPHOLOGIQUES DU NOM FRANÇAIS

1. La catégorie du genre

La distinction du genre des noms français se fait à l’aide des procédés grammaticaux suivants :
1. Procédés synthétiques :
1.1. Agglutination : étudiant — étudiante, candidat - candidate, ami - amie.
1.2. Déclinaison (changement de terminaisons) : veuf - veuve, époux — épouse, berger —
bergère, directeur - directrice, chanteur - chanteuse.
1.3. Supplétion : garçon — fille, frère - sœur, cerf - biche.

2. Procédés analytiques :
2.1. Mots-outils : cet/cette enfant, une table, un mur, quelle joie, mon livre.
2.2. Mots désémantisés : un ingénieur-une femme ingénieur, un éléphant femelle, une souris
mâle, Madame le Ministre (la Ministre)

2. La catégorie du nombre

Lorsqu’il s’agit d’expliquer la catégorie du nombre, les grammairiens commencent par


distinguer trois espèces sémantiques de noms :
1) ceux qui sont comptés et s’emploient au singulier et au pluriel sans changer de sens:
étudiant (s), livre (s), exercice (s)',
2) ceux qui s’emploient de préférence au singulier, et quand on les met au pluriel, ils
changent leur sens. C’est le cas des noms uniques : soleil, ciel; des noms abstraits: joie, bonté ;
des noms de matière: pain, eau, marbre;
3) ceux qui ne s’emploient qu’au pluriel et qu’on appelle “pluralia tantum”: alentours,
dépens, mœurs, archives.

Dans la langue française, la notion de nombre est constituée par l’opposition du singulier et du
pluriel. Il y a deux moyens de former le pluriel des noms en français :
1. Moyens synthétiques. Le pluriel est marqué par l’addition d’un -s ou -x final à moins
que le nom ne se termine par -s, -x ou -z. On utilise avec cela les procédés suivants :
1.1. Agglutination : livre — livres, jeu — jeux, bijou — bijoux.
1.2. Déclinaison (changement de flexion): corail - coraux, cheval — chevaux.
1.3. Supplétion : oeil—yeux, ciel — deux.
2. Moyens analytiques. Le substantif lui-même reste invariable et son pluriel est indiqué
par la forme de l’article ou d’un autre déterminatif du nom. Par ex: un nez — des nez, un prix —
des prix, mon fils — mes fils.
Dans la plupart des cas, le pluriel des noms, employés dans le discours, s’exprime deux fois :
par la voie analytique et par la voie synthétique : cet étudiant - ces étudiants, une lettre - des
lettres, quel journal — quels journaux, etc.

3. La catégorie de la détermination
Le mot “détermination” est appliqué aujourd’hui à l’étude de la langue dans plusieurs sens
radicalement différents. On l’utilise pour décrire les particularités discursives des noms, pour
caractériser les fonctions déterminatives de différentes parties du discours, pour analyser les
relations syntagmatiques de termes de la phrase, etc.
La détermination en tant qu’une caractéristique grammaticale du nom est aussi diversement
interprétée.
1.La détermination est la restriction de la signification du nom lors de son actualisation
dans le discours. Selon G. Guillaume, elle permet de pratiquer dans la signification virtuelle du
nom (celle qui est propre au nom au niveau de la langue) une “coupure” et par là l’adapter à
l’idée annoncée dans le discours, à l’idée actuelle [Guillaume, 1919, p. 22].
2. La détermination est, au fond, l’individualisation de l’objet de la parole. “Déterminer un
objet ou un acte, c’est lui donner figure individuelle grâce à un élément, explicite ou implicite,
qui le distingue d’autres objets ou d’autres actes du même ordre” [Cressot, p. 115].
3. La détermination est le niveau de la connaissance de l’objet désigné par le nom. “La
détermination qu’exprime le répartitoire d’assiette (категорія предикативної настанови)
indique l’état de connaissance que les interlocuteurs ont de la substance à l’heure où ils parlent,
sans tenir compte aucunement de l’époque de la production du phénomène dans la narration
duquel ils font intervenir ladite substance” [Damourette, T. 1, p. 469].
4. “La détermination désigne le mode d’introduction d’un nom dans le discours par un
morphème qui le précède obligatoirement, le déterminant” [Arrivé, p. 219].
“Il y a indétermination, - écrit F. Brunot, - quand on parle d’êtres ou d’objets quelconques, sans
indiquer quels sont les êtres ou les objets particuliers dont on parle : un soldat, des fleurs. Il y a
détermination en cas contraire : Le soldat en faction à la porte du Ministère des finances"
(Brunot, p. 135].
La catégorie du genre et celle du nombre sont considérées comme des caractéristiques
morphologiques du nom. Mais il n’en est pas ainsi dans le cas de la catégorie de la
détermination. La catégorie de la détermination est une importante caractéristique sémiologique
du nom, qu’on peut l’exprimer soit par l’emploi du nom-même, par sa référence discursive aux
objets désignés, soit par le contenu de l’énoncé, soit par l’emploi de différents éléments
lexicaux (tels que: articles, déterminants, certaines prépositions, noms de nombre, etc.), soit
d’une autre manière.
La catégorie d’assiette de J. Damourette et E. Pichon
Dans leur grammaire “Des mots à la pensée” J. Damourette et E. Pichon ont donné une
interprétation bien originale des valeurs grammaticales de la catégorie de détermination. Les
auteurs de cette oeuvre capitale en sept volumes donnent à la détermination le nom d’assiette
[Damourette, T. 1, § 298]. “L’assiette, - écrivent-ils, - est le répartitoire par lequel sont définies
les conditions plus au moins étroites que le quantum substantiel, dont l’espèce et la quantitude
sont déjà déterminées doit encore remplir pour jouer le rôle que la pensée lui assigne”
[Damourette, T. 1, p. 468]. Les grammairiens délimitent quatre assiettes du nom, actualisé dans
le discours :
1. Assiette illusoire — le nom est employé sans article ou avec la préposition de, qualifiée
comme “article de l’assiette illusoire” [ibid., p. 499]. Cette assiette indique que l’espèce
substantielle, désignée par le nom, est considérée abstraitement, “comme hors du monde réel”
[ibid., p. 350]: Il n ‘apas de cahier. Il a agi en ami Elle est devenue blanche comme neige.
2. Assiette transitoire - le nom est employé avec l’article indéfini ou partitif. Elle montre
que l’espèce substantielle “est conçue comme réelle, et que par conséquent il aurait été ou il
sera possible qu’un individu de cette espèce soit choisi comme convenant à la solution du
problème envisagé” [ibid.]: Un homme entra. Il a acheté de la viande. “Un quantum de
substance, — disent les auteurs, — ne peut être transitoire qu’une fois car dès sa seconde
apparition, il sera absolument déterminé” [idid., p. 469].
3. Assiette présentatoire — le nom est introduit dans le discours par les déterminants
démonstratifs. Cette assiette montre, que l’un des individus de l’espèce substantielle, désignée
par le nom, a été arbitrairement choisi par simple repérage “en dehors de toute condition de
congruence” [ibid., p. 350]: Venez me voir ce soir à cinq heures dans ce salon.
Assiette notoire — le nom est employé avec l’article défini. L’assiette montre que dans
l’espèce substantielle du nom il y a un individu qui, “dans l*Absolu, répond au phénomène
envisagé” [ibid., p. 351]: Le livre de P étudiant Pascal est sur la table. “Le substantif nominal
précédé de l’article le, la, les représente un quantum de substance au sujet duquel il n’y a ni
équivoque, ni choix possible. C’est cette définitude parfaite que nous appelons la notoriété”
[ibid., p. 471].
J. Damourette et E. Pichon distinguent quelques types de notoriété:
a) notoriété générale, qui montre que l’espèce substantielle est prise dans toute sa
généralité: “Toute la dignité de Гhomme consiste en la pensée ” (B. Pascal). “Le substantif
nominal, qui possède la notoriété générale est donc abstrait” - constatent les grammairiens
[ibid., p. 474];
b) notoriété capitale, qui peut être occasionnelle, quand le nom est déterminé par les
conditions générales de la vie: Donnez-moi la clé. Le recteur ne reçoit pas aujourd’hui ou
circonstanciale, quand le contexte “prépare et établit la notoriété du substantif’: Il entra dans la
salle. Les étudiants se levèrent, le professeur se tut;
c) notoriété particulière qui, elle-aussi, se subdivise en notoriété spéciale, et notoriété
intralimitale. Dans le premier cas le nom est déterminé par une subordonnée relative, qui
permet de délimiter dans l’ensemble d’individus d’une espèce substantielle une sous-espèce
particulière: “L’homme qui trahit sa Patrie mérite la mort”; dans le deuxième cas, le nom
devient notoire “dans les limites de l’ensemble défini par le contexte antérieur” [ibid., p. 480]:
Il y avait trois enfants dont l’un était gaucher. Le gaucher aimait se promener le matin dans le
jardin.
À l’idée de J. Damourette et E. Pichon, “la détermination qu’exprime le répartitoire
d’assiette indique l’état de connaissance que les interlocuteurs ont de la substance à l’heure où
ils parlent” [ibid., p. 469]. Les linguistes étudient en détails les conditions discursives de la
formation de chaque assiette nominale et les moyens linguistiques de leur expression dans la
langue française. Toutefois, cette étude ne résout pas le problème de détermination du nom
dans le discours dans son intégrité. Nombre de questions examinées par les grammairiens
restent confuses et/ou contradictoires. Outre cela, les termes, qu’ils utilisent dans la grammaire,
rendent leur théorie de détermination peu fonctionnelle.

4. FONCTIONS SYNTAXIQUES DU NOM


Vu ses propriétés sémantiques, le nom peut remplir dans la proposition n’importe quel rôle
syntaxique, notamment celui de:
1 sujet: Le temps guérit les douleurs (B. Pascal);
2 attribut: L'homme n 'est qu ’un roseau, mais c 'est un roseau pensant (B.Pascal);
3 complément d’objet direct: Le coeur a ses raisons que la raison ne connaît point (B.
Pascal);
4 complément d’objet indirect: Toute la dignité de l’homme consiste en la pensée (B.
Pascal);
5 complément d’agent du verbe au passif: Sa démarche a été approuvée de ses
collègues. L'histoire d’un pays est écrite par son peuple.
6 complément circonstanciel: Il travaille à la bibliothèque depuis ce matin. Le juste agit
par foi dans les moindres choses (B. Pascal);
7 complément d’un nom: La mémoire est nécessaire pour toutes les opérations de la
raison (B. Pascal);
8 complément d’un adjectif: Il est devenu rouge de colère;
9 complément d’un adverbe: Je lui en ai parlé tant de fois;
10 apposition: Paris, capitale de la France. J’assiste, esprit de joie, à ce splendide amour
(V. Hugo).

Parmi les fonctions du nom il faut distinguer celles qui lui sont propres en premier lieu
(fonctions primaires) et celles qui l’identifient à d’autres parties du discours, notamment à
l’adjectif (chien de berger, usine pilote, boîte en métal), de l’adverbe (agir avec courage, agir
par jalousie) ou du verbe (il est écrivain, on naît cuisinier, voici ton livre). Or, les fonctions de
complément attributif, de complément du nom, de complément circonstanciel de manière, de
cause et certains autres sont secondaires pour le nom.
Selon certains grammairiens (V. G. Gak, par exemple), entre différents groupes
sémantiques de noms et leurs fonctions syntaxiques il existe une correspondance fonctionnelle.
Les noms appartenant au noyau de la classe des noms (noms concrets) sont employés, de
préférence, en fonctions primaires, tandis que les noms situés à la périphérie de cette partie du
discours (désignant des notions abstraites, par exemple) sont faciles à employer en fonctions
secondaires.
Questions de contrôle

1. Parlez de la sous-catégorisation sémantique des noms.


2. Expliquez la différence entre l’étendue (l’extension) du nom et sa compréhension.
3. Quelle est la différence entre les noms massifs et les noms collectifs?
4. Qu’est-ce qu’un nom syncatégorématique?
5. Quelles catégories grammaticales sont propres au nom?
6. À l’aide de quels procédés grammaticaux fait-on la distinction du genre des noms
français?
7. À l’aide de quel procédé grammatical exprime-t-on le genre dans ces exemples: une
femme ingénieur, un éléphant femelle, une souris mâle?
8. Donnez des exemples des noms “pluralia tantum”.
9. А l’aide de quels procédés grammaticaux fait-on la distinction du nombre des noms
français?
10. Déterminez les procédés qui ont permis d’exprimer le nombre des noms qui suivent: ces
étudiants, des lettres, quels journaux, etc.
11. Quels sens met-on dans le terme “détermination”?
12. Que signifie le terme “assiette” dans la théorie grammaticale de J. Damourette et E.
Pichon?
13. Combien d’assiettes du nom dans le discours J. Damourette et E. Pichon délimitent-ils?
14. Illustrez par des exemples le rôle grammatical de l’assiette notoire.
15. Quels types de notoriété du nom dans le discours, J. Damourette et E. Pichon distinguent-
ils?
16. Mentionnez les principales fonctions syntaxiques du nom français.

LES DÉTERMINANTS DU NOM

Les déterminants – sont les mots morphologiquement variables qui servent à exprimer
toute sorte d’information supplémentaires, propres aux entités statiques (nombre, existence
réelle ou irréelle, présence ou absence dans la situation, etc.).
Les déterminants précèdent toujours le nom et ont pour rôle principal de
l'introduire dans le discours.
On utilise différents termes pour désigner l'ensemble des mots-outils, servant à actualiser
le nom dans le discours. Leur contenu notionnel n'est pas toujours identique.
Actualisateu Quantificateur Déterminatif
Articles Adjectifs Déterminants
r s s

N. Beauzée N. Beauzée Ch. Bally M. Wilmet V. Gak R. Wagner


H. Weinrich E. Littré A. Marinet J. Pinchon

M. Riegel

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