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Compétences :
C14.1 Participer à l’élaboration du message
Classe : COM 2
Date : 12.01.2023 entre 13h30 et 17h30
Chargée de cours : Dr. Andrada Dăogaru-Crețanu
Comme on le sait, il existe une très large diversité de stratagèmes concrets de communication
pour promouvoir une marque, pour inviter des donateurs individuels ou institutionnels à cofinancer
des projets d’une association ou d’une ONG, pour convaincre les personnes d’origine culturelle
différente de mieux s’entendre et de mieux apprécier les apports de chacun à la vie sociale
commune de tous les jours, pour valoriser l’expertise et l’excellence scientifique et pédagogique
d’une université ou encore pour faire adhérer des milliers et des milliers d’individus à une idée
politique ou une cause sociale.
Toute cette grande diversité existante de manières, de façons de communiquer relève de types ou
de genres spécifiques. Par « genre », nous entendons d’une manière très générale :
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Il n’existe pas de typologie complète et pouvant être considérée comme définitive de genres de
communication. Mais on a l’habitude de recourir à des formes « standards », typiques pour
préciser le profil particulier d’une campagne de communication ce qui n’exclut pas le fait que
beaucoup de campagnes concrètes montrent une réelle ingéniosité en inventant de nouvelles
formes pour faire passer un message au destinataire, à la cible d’une campagne.
Voici une classification des genres qui possède une certaine utilité et qui a le mérite d’être connue
par tout le monde :
1. La communication de messages sous forme d’un échange oral : conférence, exposé, discussion,
entretien, suggestion, conseil, etc. sous forme d’échanges de face-à-face ou médiatisés à l’aide de
dispositifs techniques (téléphonie, …).
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B. Design des éléments du contenu, de discours et de langage d’une campagne
de communication
1) D’abord, bien sûr, les thèmes qui identifient la spécificité et les atouts de l’objet ou du
domaine de la communication en fonction des parties prenantes (et notamment en fonction du
destinataire, de la cible) ;
2) Ensuite la mise en discours des thèmes sélectionnés sous forme, par exemple, de récits,
d’argumentaires, de mises en scène qu’on déploie dans un univers et un décor (imaginaire, de
fiction, « décalé, « de rêve », ou, au contraire, de tous les jours, professionnels, etc.) ;
La sélection des thèmes à l’aide desquels on construit le ou les messages d’une campagne et/ou
d’une de ses actions particulières s’appuie, bien sûr, sur la description de l’objet de la campagne
de communication. La description de l’objet de la communication essaie d’identifier deux grands
types de thèmes (toujours en fonction des acteurs concernés, de l’environnement et du contexte de
communication donné), à savoir :
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• Les thèmes à l’aide desquels on peut développer, mettre en scène la spécificité de l’objet
de la communication (d’un produit, d’une cause, d’une idée, d’une institution …) ;
• Les thèmes à l’aide desquels on peut développer, mettre en scène plus particulièrement
les atouts de l’objet de la communication – atouts notamment relatifs aux attentes, aux
besoins, aux désirs, aux aspirations du destinataire (de la cible) de la campagne de
communication.
Exemple : le design du contenu dans le cadre d’un projet de promotion d’une nouvelle marque de
vin s’efforcera de spécifier tous les grands thèmes qui seront développés dans la campagne de
communication sous forme de messages publicitaires, d’événements promotionnels chez les
cavistes, d’actions de marketing direct, etc. La nouvelle marque du vin sera probablement
thématisée en référence :
Etant donné l’objectif particulier de la communication à mettre en oeuvre et en tenant compte des
attentes et aspirations du consommateur potentiel de ce vin, thématiser cette nouvelle marque de
vin à travers une ou plusieurs actions concrètes (événements promotionnels, spots publicitaires,
actions de relations presse, …) veut bien dire mettre en valeur certaines caractéristiques de ce vin
en tant que boisson alcoolisée et en tant que produit destiné à certaines pratiques de consommation
Ces exemples ad hoc nous montrent clairement l’importance de la prise en compte du profil, des
attentes et surtout des aspirations du destinataire – de la « cible » - d’une campagne de
communication. On s’interrogera ainsi plus particulièrement :
Exemples : dans le cadre d’un projet de promotion d’une marque de vin, on se posera ici la question
du rôle du vin dans les habitudes de consommation du destinataire ; dans le cadre d’un projet pour
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lever des fonds pour financer des projets humanitaires, on devrait se poser la question du rôle (de
l’intérêt, du besoin, …) de la donation dans la vie personnelle d’un donateur ; etc.
• sur le cadre symbolique ou imaginaire plus abstrait qui caractérise les aspirations
axiologiques (de valeurs éthiques, esthétiques, hédoniques, …) du destinataire.
Exemples : dans le cadre d’un projet de promotion d’une nouvelle marque de vin, on s’interrogera,
par exemple, sur le souhait du destinataire visé de se distinguer socialement, sur son goût
esthétique, sur sa sensibilité pour les produits bio, etc. ; dans le cadre d’un projet pour lever des
fonds pour financer des projets humanitaires, on s’interrogera sur les engagements du destinataire
en faveur des causes humanitaires, sur ses convictions politiques ou religieuses, sur son empathie
pour la souffrance de l’autre, etc.).
Eléments de discours
Simplement dit, les éléments de discours recouvrent, entre autres, le choix d’une narration et d’un
univers narratif :
1) Définir la ou les narrations à privilégier dans une campagne de communication veut dire opter
plutôt, pour reprendre l’exemple de la promotion d’une nouvelle marque de vin, pour un récit qui
met en valeur le terroir et le travail soigneux ou plutôt pour un argumentaire comparatif qui
explique la qualité supérieure de la marque par rapport à ses concurrents, etc.
2) Définir l’univers narratif à privilégier veut dire, si on prend l’exemple du récit qui met en
valeur le terroir, décider à la fois de la manière selon laquelle et du « décor » dans lequel ce récit
se déroule : récit grave et épique qui utilise la longue histoire du terroir pour mettre en valeur
l’objet de communication ou, au contraire, récit décalé et drôle qui fait appel à des imaginaires
propres aux groupes de destinataires visés, et ainsi de suite.
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La définition de la narration et de l’univers narratif dont on se servira pour transmettre et faire
accepter le ou les messages dans une campagne, peut être complétée par la prise en compte de bien
d’autres paramètres de mise en discours dont, par exemples, l’usage de figures rhétoriques, d’effets
stylistiques, etc.
Les discours textuels ou visuels connaissent différentes formes d’organisation en fonction de leur
objectif. L’observation de ces formes et des intentions permet d’en dégager cinq types. Le discours
publicitaire utilise fréquemment cette typologie.
Les caractéristiques
L’objectif du discours narratif est de raconter des événements et de les situer dans le temps. Le
discours narratif est souvent constitué de séquences qui forment chacune une unité dans la
narration. C’est ainsi que les contes obéissent souvent au fameux schéma narratif dégagé par
l’école structuraliste : situation initiale, élément perturbateur, péripéties, élément de résolution,
situation finale.
Le discours narratif permet ainsi de rendre compte d’une évolution entre un début et une fin. S’il
ne suit pas toujours l’ordre chronologique, il contient des éléments qui permettent de situer assez
précisément chaque action sur l’axe chronologique : ces éléments sont notamment les temps
verbaux (qui permettent également d’exprimer l’aspect de l’action, duratif ou non, itératif ou non,
accompli ou non…) et les connecteurs temporels avant (que), après (que), pendant (que), tandis
(que), alors (que), la veille, le lendemain, maintenant….
L’intérêt en communication
Le discours narratif a connu une récente vogue dans le monde de la communication sous la forme
du story-telling ou « communication narrative ». Il s’agit de privilégier une approche affective
plutôt que cognitive des problèmes. Dans la tradition de l’apologue (les mythes, les paraboles, les
fables), la narration permet en effet de faire partager des valeurs en jouant sur les sentiments que
peuvent susciter chez le destinataire personnage et événement comme l’espoir, la crainte,
l’empathie, l’identification. Le message sous-tendu peut rester implicite.
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2. Le discours descriptif
Les caractéristiques
L’objectif du discours descriptif est de décrire des objets c’est-à-dire d’en donner les
caractéristiques et de les disposer dans l’espace. La description produit une sorte d’arrêt sur image.
Elle se reconnait à l’utilisation d’un même champ lexical, celui de l’objet décrit, et de
connecteurs spatiaux (à droite, en haut, en bas, plus loin, ici…). La description, ne pouvant jamais
être exhaustive, il convient d’opérer des choix d’inventaire souvent soumis à un choix premier du
point de vue.
L’intérêt en communication
L’intérêt du discours descriptif est de donner à voir. Il crée une suspension dans le temps, propice
a l’évasion et à un état contemplatif. Il s’adresse principalement à l’affectif et convient
parfaitement aux messages dont le but est de magnifier le produit. Au niveau cognitif, le discours
descriptif permet d’apporter une bonne connaissance et une bonne mémorisation du produit.
3. Le discours argumentatif
Les caractéristiques
Le circuit argumentatif peut rarement (jamais ?) être exhaustif. Aussi l’énonciateur doit-il opérer
un choix dans les arguments et les exemples en fonction de la situation de communication dans
laquelle il se trouve.
Le discours argumentatif peut prendre la forme d’un dialogue ou d’une démonstration. Dans tous
les cas, son organisation est repérée par l’emploi de connecteurs logiques (mais, donc, or, car, en
effet, ainsi, c’est pourquoi, parce que, bien que, tandis que, si…).
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L’intérêt en communication
Les caractéristiques
L’objectif des discours d’exposition, que l’on appelle aussi explicatifs ou informatifs, est de
transmettre des informations. Leur structure emprunte à celle des autres discours. Les pages d’un
manuel sont un exemple caractéristique de ce genre de discours. La plupart des genres
journalistiques s’y rattachent également.
L’intérêt en communication
Ce type de discours est employé en communication pour donner un tour objectif a ce qui est dit.
On le trouvera notamment dans les publireportages. On peut également l’utiliser pour présenter un
produit technique. C’est le type de discours obligatoirement employé dans les mentions légales
devant contenir des informations techniques sur un produit (crédit, automobile, offres de
fournisseurs d’accès à Internet…). Enfin, c’est celui que l’on utilisera la plupart du temps dans les
communiqués de presse.
5. Le discours injonctif
Les caractéristiques
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L’intérêt en communication
Ce type de discours a une fonction conative forte. II est donc particulièrement utilisé dans les
discours politiques (notamment a l’approche d’élections), les slogans publicitaires, mais il peut
également s’exprimer par des éléments kinésiques : regard, doigt pointé… Le danger est que
l’injonction soit mal perçue intrusion dans le libre arbitre, ton moralisateur, accumulation d’ordres
et d’interdits…
Eléments de langage
Par « mise en scène » en entend l’usage de toutes les formes et stratégies d’expression – verbale,
para-verbale, comportementale, acoustique, visuelle, etc. – pour communiquer sur un objet,
sur la vision, le point de vue qu’on en a et qu’on essaie de transmettre en usant de toutes les
stratégies narratives, rhétoriques, stylistiques, etc. afin de faire adhérer les parties prenantes -
notamment le destinataire de la communication - à cette vision.
Sous le sigle « éléments de langage » on réunit un ensemble de choix qui portent sur l’usage
réfléchi d’éléments linguistiques, visuels, acoustiques, comportementaux, etc. pour exprimer,
mettre en scène le ou les messages d’une campagne de communication, pour les partager parmi
les parties prenantes de la communication en question, etc. Il faut distinguer entre :
1. Les éléments de langage qui sont utilisés dans tous les projets de communication d’une
organisation (entreprise, université, collectivité territoriale, …).
Les éléments qui sont utilisés dans tous les projets de communication d’une organisation assurent
ce qu’on appelle l’identité visuelle ou, plutôt, l’identité polysensorielle de l’organisation
concernée dans ses diverses activités de communication.
2. Les éléments de langage qui sont plus particulièrement forgés dans le cadre d’un projet de
campagne de communication particulier.
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Les éléments de langage forgés dans le cadre d’un projet de campagne particulier doivent, bien
sûr, prendre en compte les éléments communs de langage mais leur fonction principale est, bien
évidemment, de mettre en valeur la spécificité et les atouts de l’objet sur lequel on a l’intention de
lancer une campagne de communication.
Il n’existe pas une typologie des différents éléments de langage dont il faut tenir compte – soit en
tant qu’éléments invariants, soit en tant qu’éléments propres à une campagne de communication –
mais voici une liste (tout à fait empirique) d’une certaine diversité de types de tels éléments dont
on peut s’inspirer lors de la tâche du design des éléments de langage d’une campagne de
communication :
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Les fonctions du langage
En 1963, le linguiste Roman Jakobson définit les fonctions du langage, c’est-à-dire les raisons
pour lesquelles l’homme recourt au langage.
Le linguiste Roman Jakobson définit six fonctions du langage, chacune centrée sur un des
éléments du schéma de la communication.
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L’utilisation des fonctions du langage dans les messages publicitaires
Les messages publicitaires mettent en œuvre bien évidemment l’ensemble de ces différentes
fonctions, de manière combinée. Ils peuvent parfois en utiliser de manière dominante.
a) Le message expressif
Le message expressif met en avant l’émetteur, l’image qu’il veut donner de lui, son système de
valeurs. Cela correspond à ce que la rhétorique classique appelle la preuve éthique. La
communication institutionnelle ou corporate produit souvent ce type de message porté sur
l’émetteur. L‘annonceur peut également utiliser une autre personne célèbre ou reconnue (une star,
un expert…) pour être son porte-parole ou son ambassadeur et placer sa communication sous
l’autorité de cette dernière : on reconnaît ici le fameux argument d’autorité.
b) Le message impressif
c) Le message référentiel
Le message référentiel porte sur le produit à promouvoir, il le met en scène, le décrit. Ce type de
message permet d’être purement informatif ou de transfigurer le produit en le magnifiant.
d) Le message phatique
L’objectif premier est de créer le contact pour que le message soit vu. Le procédé le plus employé
est celui du regard du mannequin qui appelle celui du récepteur. L’originalité du visuel peut jouer
également cette fonction.
A noter que le message métalinguistique est plus rare dans la publicité. Il peut néanmoins être
utile pour donner le nom d’un produit, ou expliquer comment prononcer le nom d’une marque à
consonance étrangère.
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e) Les messages poétiques
Dans le flot incessant des publicités, il faut attirer l’attention de la cible en lui proposant des
publicités agréables, voire belles. Il faut donc soigner la qualité du message et avoir recours à la
fonction poétique. Celle-ci est mise au service de la fonction phatique, mais elle peut servir aussi
à magnifier le produit en le faisant accéder à une dimension onirique.
On peut définir des fonctions plus particulières du langage, notamment dans les situations liées
au travail et à la publicité.
La connaissance de ces trois fonctions et de la manière dont elles sont employées au sein de
l’entreprise est une des clés de la réussite de la communication interne.
On peut en effet assigner quatre fonctions essentielles à la communication commerciale (et une
cinquième plus rarement utilisée) :
• Une fonction phatique : dans le flot d’informations et de messages dont nous sommes
assaillis, il s’agit d’attirer l’attention de la cible, et, pour reprendre un ancien terme de
rhétorique, de capter sa bienveillance.
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• Une fonction cognitive : l’annonceur veut faire connaitre son produit, sa marque, son
activité. Cette fonction recoupe assez bien la fonction référentielle de Jakobson.
• Une fonction affective : l’annonceur veut faire aimer son produit, sa marque, son activité.
Il s’adresse aux sentiments conscients et inconscients de sa cible. Cette fonction recoupe
en partie la fonction conative ou impressive de Jakobson, et la fonction poétique, qui ici
est instrumentalisée aux fins de plaire, de faire naître des évocations liées à l’univers du
produit, d’attirer l’attention ou de favoriser la mémorisation (voir par exemple le fameux
« Dubo, Dubon, Dubonnet »).
• Une fonction conative qui vise à faire agir la cible, à lui faire accomplir l’acte d’achat.
Cette fonction de la communication publicitaire est moins étendue que la fonction conative
du langage selon Jakobson : elle n’en retient que l’aspect incitatif.
• Plus rarement, la communication commerciale jouera sur la fonction expressive : c’est
pourtant le cas dans les messages d’autopromotion, de valorisation de la marque plutôt
que du produit, de construction d’une image de marque. Dans tous les cas, tout comme la
fonction poétique est subordonnée dans la communication commerciale à la fonction
affective, la fonction expressive sera subordonnée soit à la fonction cognitive, soit à la
fonction conative.
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Sources du support de cours :
M.-A. Aitammar, E. Antzak (et all), BTS Communication - Toutes les matières, Editions Nathan,
Paris, 2018, 381 pp.
Peter Stockinger, « Conception et conduite d’un projet de communication : Méthodologie et
exemples », Master : Le projet de communication, Paris, France, 2018, 77 pp.
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