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L’OBJET D’ÉTUDE DE LA

PRAGMATIQUE ET SON
RAPPORT AVEC LA
TRADUCTION
LE PLAN:
1. La pragmatique – définitions, objet d’étude;
2. Une brève histoire de la pragmatique;
3. La linguistique et la pragmatique;
4. La nature du sens pragmatique.
5. La pragmatique et la traduction.
QU’EST-CE QUE LA PRAGMATIQUE?
La pragmatique étudie les rapports qui
existent entre les énoncés (toute production
langagière considérée comme le résultat de
l'énonciation; l’énonciation est l’acte
individuel de production, dans un contexte
déterminé, ayant pour résultat un énoncé)
et le contexte extralinguistique.
LA PRAGMATIQUE
étudie le sens des énoncés en contexte.
décrit la fonction de l'acte de langage
réalisé par l'énoncé.
L'unité pragmatique minimale est l'acte
de langage, les autres unités sont
l'intervention (unité monologique
maximale) et l'échange (unité dialogique
minimale).
UNE BRÈVE HISTOIRE DE LA PRAGMATIQUE
 La pragmatique - est née au XIXe siècle aux Etats-
Unis mais elle a commencé à se développer surtout
après la Seconde Guerre Mondiale.
 William James (1842-1910) a développé
une doctrine qu’il a appelé pragmatique (du
grec pragma « action »).
 Charles S. Peirce (1834-1914) a employé le terme
voisin de pragmaticisme, et il a mis l’accent sur
l’activité sémiotique de l’homme, donc sur l’emploi
des signes linguistiques.
UNE BRÈVE HISTOIRE DE LA
PRAGMATIQUE
 La pragmatique a connu un développement important depuis les
années 70.
 L’origine contemporaine de la pragmatique est la philosophie
du langage, avec deux philosophes importants:
 John Austin (1955)

 Paul Grice (1967)

 Austin a donné lieu à la théorie des actes de langage, prolongée


par Searle. C’est le courant dominant dans les années 70.
 Grice a donné lieu à la théorie de la signification non naturelle
et des implicatures. C’est le courant dominant depuis les années
80.
LA RELATION ENTRE LINGUISTIQUE ET
PRAGMATIQUE EST UNE RELATION
CONTROVERSÉE
La linguistique
 La linguistique est la science du langage, qui
étudie les structures des langues et du système à
différents niveaux:
 ❖ phonologique
 ❖ morphologique
 ❖ syntaxique
 ❖ sémantique
LA PRAGMATIQUE
 La pragmatique étudie l’usage du langage en
contexte.
 Les objets de la pragmatique concernent:
 la relation entre sens en contexte et
signification linguistique.
 la relation entre signification et intention du
locuteur.
 les procédures de compréhension des énoncés
(interprétation pragmatique)
 les relations entre énoncé et discours.
CE QUE LA PRAGMATIQUE N’EST PAS
 une poubelle de la linguistique: tout ce qui ne peut pas
être résolu par la linguistique (phonologie, syntaxe,
sémantique) est pragmatique;
 une composante de la linguistique: la pragmatique
est la dernière étape de l’analyse linguistique (après le
traitement phonologique, syntaxique et sémantique).
 une théorie du discours: la pragmatique est une
linguistique du discours et s’oppose (ou complète) la
linguistique de la phrase.
LA PRAGMATIQUE N’EST PAS UNE
POUBELLE DE LA LINGUISTIQUE
 a le but de désambiguïser le message:
 C’est la veuve d’un pianiste mort jeune et célèbre.

 1. attribuer un référent aux expressions référentielles:

 Mon chat est sorti et je le cherche >> mon chat = Perceval, je =


Yvonne
 2. attribuer une force illocutionnaire aux énoncés (réalisé EN
DISANT quelque chose): Veux-tu une tasse de café? >> le
locuteur OFFRE du café à son interlocuteur
 3. attribuer une attitude propositionnelle au locuteur:

 Il pleut >> le locuteur CROIT qu’il pleut


LA PRAGMATIQUE N’EST PAS UNE
POUBELLE DE LA LINGUISTIQUE
 inférences (faire des hypothèses
contextuelles)
Pierre: Veux-tu du café?
Marie: Le café m’empêche de dormir
>Marie ne veut pas de café
>Marie veut du café
LA PRAGMATIQUE N’EST PAS UNE
PARTIE DE LA LINGUISTIQUE

interractionentre connaissances
linguistiques et connaissances
encyclopédiques;
LA PRAGMATIQUE N’EST PAS UNE PARTIE DE
LA LINGUISTIQUE
la phrase est une unité linguistique (la
syntaxe), composée par des
morphèmes(lexicaux et
grammaticaux), eux-mêmes composés
par des phonèmes.
l’énoncé n’est pas une unité
linguistique, mais pragmatique;
PROPRIÉTÉS DE LA PHRASE
laphrase a une ou plusieurs significations
(polysémie, ambiguïté)
1.Jean regarde la fille avec des jumelles
2.c’est avec des jumelles que Jean
regarde la fille
3.c’est la fille avec des jumelles que Jean
regarde
PROPRIÉTÉS DE L’ÉNONCÉ

 l’énoncé est l’utilisation d’une phrase par un


locuteur dans une situation particulière
(contexte)
 l’énoncé a un sens dans un contexte
 1. peux-tu me passer le sel?
 2. es-tu capable de me passer le sel?
 3. je te demande de me passer le sel.
DE QUELLE NATURE EST LE SENS
PRAGMATIQUE ?
Le sens de l’énoncé peut être explicite ou
implicite.
Mais à chaque niveau, le sens est le résultat
d’un processus inférentiel.
Ce steak est cru. – le locuteur veut
communiquer que le steak n’est pas assez
cuit.
Max est un bulldozer. – il veut communiquer
que Max est quelqu’un qui écrase tout sur son
passage.
LE DISCOURS N’EST PAS UNE UNITÉ
LINGUISTIQUE

 le discours n’est pas une suite de phrases;


 le discours est une suite non-arbitraire
d’énoncés;
 un énoncé combine de l’information
linguistique et de l’information non-
linguistique;
 un énoncé = une phrase + un contexte
STRUCTURE DE LA PHRASE ET
STRUCTURE DU DISCOURS

La phrase: Le chat mange la souris.


Le discours:
Max s’est cassé la jambe. Il est tombé
d’une échelle. Il voulait attraper son
chat qui ne pouvait plus descendre de
l’arbre. (on a un contexte)
INTENTIONS LOCALES ET
INTENTIONS GLOBALES
 comprendre un discours, c’est être capable de
reconnaître l’intention globale de l’auteur
via la reconnaissance de ses intentions
locales.
 les intentions locales sont liées aux énoncés.
 l’intention globale est une propriété du
discours.
CONSTRUCTION DE L’INTENTION
GLOBALE
la construction de l’intention globale se fait
par :
1. sur la base des intentions locales (le sens
des énoncés);
2. par des inférences qui portent sur le
contenu des énoncés successifs;
3. par la construction d’hypothèses.
CE QU’EST LA PRAGMATIQUE
étudie l’usage du langage
étudie des mécanismes cognitifs de
l’interprétation des énoncés
 étudie des aspects inférentiels de la
communication verbale: comprendre un
énoncé revient pour le destinataire à faire
des inférences.
LINGUISTIQUE ET PRAGMATIQUE
 Ils vont encore nous augmenter les impôts
 ils = le gouvernement

 pas de règle linguistique identifiant ils au gouvernement

 mécanisme pragmatique permettant d’inférer que ils = le


gouvernement
 mécanismes impliqués dans le traitement pragmatique de ils

 1. communication indirecte

 2. inférences

 3. accès à des hypothèses sur le monde

 « Seul le gouvernement a le pouvoir d’augmenter/de baisser les


impôts »
COMMUNICATION INDIRECTE
Axel
Jacques
Papa, je n’ai pas
sommeil. Axel, va te brosser les
dents
il faut que Jacques attribue à son fils les
croyances suivantes:

On se brosse les dents


avant d’aller se
coucher…

On va se coucher lorsque
l’on a sommeil.
Jacques en déduit…
Axel ne veut pas aller se coucher…

Axel refuse d’aller se brosser les dents.


NATURE DES RÈGLES D’INFÉRENCE
 les inférences sont-elles fondées et sur des conventions
sociales ?
 « On se lave les dents avant d’aller au lit »

 Quelles sont les conventions sociales pour expliquer l’acception


ou le refus du café:
 Pierre : Veux-tu du café ?

 Marie: Le café m’empêche de dormir

 acceptation: Marie ne veut pas aller se coucher

 refus: Marie veut aller se coucher

 les inférences ne sont pas basées sur des


conventions sociales, mais sur des croyances
(hypothèses contextuelles)
AXEL: JE N’AI PAS SOMMEIL
 Phrase : je n’ai pas sommeil
 Énoncé : Axel dit qu’il n’a pas sommeil

 hypothèses contextuelles (déductions)

 1. si on va se coucher, alors on se brosse les dents

 2. si on a sommeil, alors on va se coucher

 3. si on n’a pas sommeil, on ne va pas se coucher

 4. si on ne va pas se coucher, on ne se brosse pas les dents

 conclusions implicitées (implications contextuelles)

 5. Axel ne veut pas aller se coucher maintenant

 6. Axel ne veut pas aller se brosser les dents maintenant


LA PRAGMATIQUE AUJOURD’HUI
 La pragmatique voit la communication verbale
non comme une affaire de code, mais comme
une affaire de code et d’inférence.
 Le sens est donc décrit comme le résultat d’un
processus inférentiel.
 L’objet de la pragmatique est d’expliquer la
différence entre ce que le locuteur DIT et ce
qu’il VEUT DIRE (l’intention).
LE MODÈLE DE L’INFERENCE
 Est basé sur deux hypothèses principales:
1. Les énoncés communiquent plus que les
phrases (métaphore).
2. Le sens des énoncés est sous-déterminé par la
signification des phrases.
 Pour comprendre un énoncé, il faut tirer des
conclusions nouvelles, a savoir faire des
inférences.
PAR EXEMPLE:
1. Tu es un petit cochon.
2. La femme est l’avenir de l’homme.
3. Je suis au parking de la faculté.
4. Marie est heureuse: elle a enfin rencontrée un
célibataire.
 Dans chacun de ces exemples, la
compréhension demande d’aller au-delà du
sens explicite.
 En (1) et (2), qui sont des métaphores
respectivement ordinaires et créatives, le locuteur
communique un ensemble d’implicatures.
 En (3), je désigne la voiture du locuteur grâce au
connecteur pragmatique ’’proprietaire de’’.
 (4) illustre un cas de spécification qui permet de
comprendre que célibataire ne désigne pas
n’importe quel adulte non-marié, mais un sous-
ensemble spécifique, celui qui peut rendre Marie
heureuse.
Le sens, qu’il soit explicite ou implicite,
est donc obtenu par inférence à partir d’un
énoncé mis dans un contexte.
La signification linguistique, quant à elle,
n’est que le produit d’information
linguistique portée lexicalement et
syntaxiquement par la phrase.
Dans la communication, le locuteur
montre, par son énoncé, son intention
communicative.
En reconnaissant l’intention
communicative du locuteur,
l’interlocuteur peut comprendre le sens de
l’ énoncé: il doit en plus inférer
l’intention informative du locuteur.
En résumé, le sens d’un énoncé est le
résultat d’un processus à la fois codique
(décodage linguistique) et inferentiel
(pragmatique).
Sur la base des indices fournis par
l’énoncé, l’interlocuteur infère le sens de
l’énoncé, à savoir son intention
informative.
LA PRAGMATIQUE ET LA
TRADUCTION
 l’énoncé - unité de traduction .
 il faut traduire - non pas des segments, même
s’ils ont un sens, mais la totalité de l’énoncé,
à laquelle l’on joint les données extra-
linguistiques.
 En reconnaissant l’intention communicative
du locuteur, le traducteur peut comprendre le
sens de l’énoncé: il doit en plus inférer
l’intention informative du locuteur.
JEAN DUBOIS
donne à l’opération de traduire le
sens suivant : « Traduire c’est
énoncer dans une autre langue (ou
langue cible) ce qui a été énoncé
dans une langue source, conservant
les équivalents sémantiques et
stylistiques ».
LA TRADUCTION EST CONSIDÉRÉE
COMME
une reénonciation d’un message tel
qu’on l’a compris en langue source.
se situe au niveau de la parole (le
message) et non au niveau de la
langue.
doit être considérée comme portant sur
le contenu d’un acte de parole.
LA TRADUCTION EST CONSIDÉRÉE
COMME
est un acte énonciatif (la mise en
fonctionnement des significations
linguistiques ).
une opération de langage, un acte de
communication et non un acte de
comparaison interlinguistique.
LA PRAGMATIQUE DE LA TRADUCTION
l’énonciateur et/ou le locuteur,
le destinataire,
l’objet du message,
 la situation spatio-temporelle,
les intentions du locuteur,
l’implicite,
le contexte cognitif partagé.
POUR EN SAVOIR PLUS…
1. Moeschler J. & Reboul A. (1999), Dictionar enciclopedic de
pragmatica, Cluj, Echinox.
2. Reboul A. & Moeschler J. (2001), Pragmatica, azi, Cluj,
Echinox.
3. Moeschler J. & Auchlin A. (2005), Introducere in lingvistica
contemporana, Cluj, Echinox.
4. Moeschler J. (2000), « La pragmatique aujourd’hui: état de
l’art », disponible à l’adresse
5. URLhttp://www.unige.ch/lettres/ linguistique/moeschler/
publication_pdf/pragmatique.pdf

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