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Classe Préparatoire1èreannée ENSSEA 2020/2021

Abderrahim.N et Boutinzar.H

Module : Algèbre 1

Chapitre 2 : Ensembles et relations binaires

Nous allons voir les notions de base sur les ensembles et les relations binaires.

1. Eléments de la théorie des ensembles


1.1. Les ensembles

Définition 1.1.1 :

On appelle ensemble E toute collection d’objets, appelés éléments de l’ensemble E. Si le nombre de ces
objets est fini, on l’appelle cardinal de E et on le note Card (E), si E possède une infinité d’éléments, on dit
qu’il est de cardinal infini et on note Card (E) .

Si un objet est un élément de E, on dit que appartient à E et on note E. Si n’est pas un élément de
E, on note E.

Pour définir un ensemble,

- Ou bien on connait la liste de tous ses éléments, on dit que l’ensemble est donné par Extension.
- Ou bien on connait seulement les relations qui lient les éléments et qui nous permettent de les
retrouver tous, on dit alors que l’ensemble est donné par compréhension.
- Pour représenter un ensemble E, on met les objets qui forment l’ensemble entre deux accolades.

Exemples :

‐ Soit A l’ensemble des étudiants de première année des classes préparatoires de l’ENSSEA (école
nationale supérieure de statistique et économie appliquée). On ne connait pas tous ces étudiants
mais on peut bien les retrouver, donc A est un ensemble donné par compréhension.
‐ Soit . B est défini par extension, car on connait tous ses éléments. Card(B) = 5.
‐ Il arrive de représenter un ensemble par un diagramme de Venn, voir ci-dessous.

L’ensemble B

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L’un des axiomes de la théorie des ensembles, est que : il existe un ensemble, appelé l’ensemble vide et
noté , qui ne contient aucun élément. On a alors Card ( ) .

Un ensemble contenant un seul élément est appelé singleton, donc de cardinal 1.

Définition 1.1.2 : Partie d’un ensemble

On dit qu’un ensemble est inclus dans un ensemble , ou que est une partie de , ou que est un
sous ensemble de si tout élément de est un élément de . On note et on a :

Quand n’est pas une partie de , on note et on a :

L’ensemble de toutes les parties d’un ensemble est noté .

Card ( )

Exemple :

Remarque :

Pour tout ensemble et .

Définition 1.1.3 : L’égalité entre ensembles :

Soient et deux ensembles, on dit que est égal à , on note , s’ils ont les mêmes éléments.

On a

1.2. Opérations sur les ensembles :

Soient et deux ensembles.

- Union :

On appelle union de et , l’ensemble noté , des éléments de et de ceux de .

On a

Exemple :

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- Intersection :

On appelle intersection de et , l’ensemble noté , des éléments de appartenant aussi à .

On a

Si alors et sont dits disjoints.

Exemple :

- Complémentaire :

Soient un ensemble et une partie de . On appelle complémentaire de dans l’ensemble des


éléments de qui ne sont pas dans .

On a

Remarque :

Le complémentaire de dans est noté aussi ou s’il n’y a pas d’ambiguïté.

Exemple :

et

- Différence :

Soit un ensemble, et , .

On appelle différence de et , l’ensemble noté , des éléments de n’appartenant pas à .

On a

Remarques

- se lit moins ou différence ».


- Si alors .
- Pour tout ensemble , on a et . De plus, pour tous ensembles et , on
a si et seulement si
- si et seulement si .

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‐ Quelques propriétés sur le cardinal :

1. Si est un ensemble fini et alors est un ensemble fini et Card Card

2. Si sont des ensembles finis disjoints ( ) alors

3. Si est un ensemble fini et alors Card (

4. Pour deux ensembles finis quelconques :

Card( Card )

est la partie grise

Exemple :

- Différence symétrique :

La différence symétrique de et , notée (lire delta ) est l’ensemble des éléments qui
appartiennent soit à , soit à , mais pas aux deux à la fois. C’est la différence de et de .
On peut l’écrire sous diverse formes :

On a alors : si et seulement si .

Exemple :

- Produit cartésien

Soient et deux ensembles. Le produit cartésien, noté , est l’ensemble des couples où
et

Exemples

Remarque :

Si et sont finis alors est fini et Card ( ) Card Card .

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- Règles de calcul :

(On peut écrire sans ambiguïté)

, ,

(On peut écrire sans ambiguïté)

, ,

) et donc

2. Relations binaires :
2.1. Généralités :

Soient et deux ensembles.

Définition 2.1.1 :

On appelle relation de vers la donnée d’une partie du produit cartésien .

La partie est appelée le graphe de la relation .

On dit qu’un élément de est en relation avec un élément de , pour la relation , si le couple
appartient à .

On exprime cette situation en écrivant .

Si (cas fréquent) on dit que est une relation binaire sur .

Exemples :

- La relation d’inclusion dans l’ensemble des parties de : .

- La relation de divisibilité sur les entiers relatifs : divise .

- Dans , et si non nul, on définit la relation de congruence modulo :

est divisible par . On note le plus souvent .

- Sur tout ensemble , on peut définir la relation égalité : .

Le graphe de cette relation est la diagonale .

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- Soit un ensemble fini et une relation sur .

On peut représenter en donnant la liste de tous les couples de tels que .

Voici par exemple la description d’une relation sur .

Ce qui équivaut à :

- Restriction d’une relation :

Si est une relation binaire sur , et si est une partie de , alors on peut définir la restriction de
à l’ensemble .

Le graphe de est l’intersection de et du graphe de .

Par exemple, si est l’ensemble des entiers naturels premiers, la restriction à de la relation de
divisibilité n’est autre que la relation d’égalité sur .

2.2. Propriétés éventuelles des relations binaires :

Définition 2.2.1 :

Soit une relation binaire sur l’ensemble .

- est dite réflexive si : .


- est dite symétrique si : .
- est dite transitive si : .
- est dite antisymétrique si : .

Remarques

- L’antisymétrie s’écrit aussi :

- L’antisymétrie n’est pas le contraire de la symétrie car :

La relation égalité, par exemple possède les deux propriétés.


La relation donnée en exemple sur n’est ni symétrique ( est en relation
avec mais n’est pas en relation avec ) ni antisymétrique (les éléments et sont en
relation l’un avec l’autre, bien qu’ils soient différents.

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2.3 Relation d’ordre :

Définition2.3.1 :

On dit qu’une relation sur un ensemble est une relation d’ordre si est à la fois réflexive,
antisymétrique et transitive. On note une telle relation.

On dit alors que est un ensemble ordonné.

Une relation d’ordre sur est donc caractérisée par :

-
-
- et

Définition2.3.2 :

Soit une relation d’ordre sur .

‐ Deux éléments et de sont dits comparables (pour ) si ou si .


‐ Si deux éléments quelconques et sont toujours comparables, on dit que est une relation
d’ordre total : l’ensemble est dit totalement ordonné par .
‐ Sinon (c’est-à-dire s’il existe au moins deux éléments non comparables et ) on dit que est une
relation d’ordre partiel (l’ensemble est partiellement ordonné par ).

Exemples et remarques :

- Sur les ensembles on dispose d’une relation d’ordre total, notée .

Si et sont deux entiers relatifs, avec , on note souvent .

- Relation d’ordre inverse :

Si est une relation d’ordre sur , on définit encore une relation d’ordre sur , notée , en posant

- On définit une relation d’ordre sur en posant : .

Il s’agit d’un ordre partiel sur , sauf si est vide ou se réduit à un élément.

Par exemple, si et sont distincts dans , et ne sont pas comparables.

- Sur , on peut poser : et .

C’est un ordre partiel : les couples et , par exemple, ne sont pas comparables.

- Relation de divisibilité dans :

On dit que divise (ou que est un multiple de ) si : .

On note alors . On définit ainsi une relation d’ordre partiel.

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La divisibilité ne définit pas une relation d’ordre sur ; en effet si est un entier relatif non nul, les
entiers et se divisent mutuellement (le quotient vaut ) bien qu’ils soient distincts, la
relation n’est donc pas antisymétrique.

Exemple d’application :

On définit sur la relation suivante : .

Montrons que est une relation d’ordre total.

Réflexivité :

Montrons que : .

Soit , on a , d’où , donc est réflexive.

Antisymétrie :

Montrons que et .

Soient .

et et .

D’après les deux inégalités on a, , d’où est antisymétrique.

Transitivité :

Montrons que : et .

Soient .

et et .

D’après les deux inégalités on a, donc est transitive.

Conclusion : est une relation d’ordre.

Cet ordre est total car deux éléments quelconques de sont toujours comparables, c’est-à-dire :

soit , soit ( .

2.4 Relation d’équivalence et classes d’équivalence :

Définition 2.4.1 :

On dit qu’une relation sur un ensemble est une relation d’équivalence si est à la fois réfkexive,
symétrique et transitive.

Pour tout de , l’ensemble des éléments en relation avec est appelée la classe d’équivalence de ,
et notée (ou ou :

Conséquences de la définition :

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- La relation étant réflexive, tout élément de appartient à sa propre classe d’équivalence. En
particulier, aucune classe d’équivalence n’est vide.
- Soient et dans : si , alors . Sinon .

Deux classes d’équivalence sont donc ou bien identiques ou bien disjointes.

- Une classe d’équivalence est entièrement déterminée par la donnée de l’un quelconque de ses
éléments (on dira que est un représentant de ).
- Les différentes classes d’équivalence pour la relation définissent une partition de , c’est-à-dire
elles sont deux à deux disjointes et leur union donne .

Exemples de relations d’équivalence :

- Par exemple, si est un point fixé du plan, on définit une relation sur ce plan en posant :

L’ensemble des classes d’équivalence est l’ensemble des cercles de centre .

- La relation définie sur l’ensemble des droites du plan affine par : .

Les classes d’équivalence correspondent aux différentes « directions » de droites.

Exemple d’application 1 :

Sur , on définit une relation par :

est divisible par 4 .

est-elle une relation d’équivalence ? Si oui, décrire les classes d’équivalence.

Solution :

est-elle réflexive ?

réflexive .

Soit . On a d’où .

est-elle symétrique ?

symétrique .

Soient .

est donc symétrique.

est-elle transitive ?

transitive et .

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Soient .

En faisant la somme des deux équations on obtient :

On pose , d’où et donc est transitive.

Conclusion :

est une relation d’équivalence car elle est à la fois réflexive, symétrique et transitive.

Les classes d’équivalence :

Soit .

De même , et .

D’où les classes d’équivalence sont : , , et .

Ces classes sont deux à deux disjointes, de plus , elles constituent donc une partition
de .

Exemple d’application 2 :

On définit sur une relation comme suit :

1. Montrer que est une relation d’équivalence.

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2. Soit .Trouver sa classe d’équivalence. Combien y-a-t-il d’éléments dans cette classe ?

Solution :

Il est très facile de montrer que est une relation d’équivalence.

Soit , déterminons la classe d’équivalence de .

Pour trouver on résout l’équation .

Ainsi .

Si alors .

D’où

2.5 Congruence modulo un réel strictement positif :

Définition (congruence modulo un réel )

Soit un réel strictement positif. Les réels et sont dits congrus modulo , et on note , s’il
existe un entier relatif tel que .

Exemples :

7 11 car

car

Remarques

- La relation de congruence est une relation d’équivalence sur .


- Chaque classe d’équivalence a un représentant dans ou encore dans .
- Pour tout , on a .
- Pour tout réel non nul , on : .
- On a les équivalences classiques suivantes :

Par exemple : ; .

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